Dictionnaire de théologie catholique/LAUNOY (Mathieu de)

2. LAUNOY (Mathieu de), controversiste du xvie siècle. — Né a La Ferté-Alais (Seine-et-Oise), il embrassa la Réforme à Genève en 1560, et fut admis au ministère évangélique, après s’être marié. De Thou et Maimbourg semblent dite qu’il avait été auparavant prêtre catholique ; Bayle en doute. Pasteur en divers endroits, à Heidelherg en 1573, puis à Sedan, il dut s’enfuir de cette dernière ville à cause d’une accusation d’adultère portée contre lui ; sa fuite lui valut une condamnation par contumace. Il rentra alors dans l’Église catholique, devint prêtre, s’il ne l’était déjà, et reçut un canonicat à Soissons, les Mémoires de la Ligue disent même la cure de Saint-Merry à Paris. Il fut un des fondateurs de la Ligue et l’un des plus fougueux ligueurs, membre du conseil des Quarante, finalement des Seize ; de Thou n’hésite pas à le rendre responsable de l’assassinat juridique de Barnabé Brisson, président au Parlement de Paris (15 novembre 1591). Obligé de s’enfuir pour éviter les représailles de Mayenne qui fit pendre les plus compromis des Seize, Launoy se retira en Flandre et ne se hasarda plus à revenir à Paris, bien que compris dans l’amnistie proclamée par Henri IV après la capitulation de Paris (mars 1594). On ignore l’endroit et la date de sa mort. Il publia pour justifier son retour au catholicisme : La déclaration et réfutation des fausses suppositions et perverses applications d’aucunes sentences des saintes Écritures desquelles les ministres se sont servis en ces dernier temps à diviser la chrétienté, avec une exhortation auxdits ministres d’en réunir et ramener leurs auditeurs à l’Église catholique, apostolique et romaine…, par Mathieu de Launoy et Henri Pennetier naguère ministres de la religion prétendue réformée et à présent retournés au giron de l’Église catholique, Paris, 1577. Cet écrit ayant amené les calvinistes à soulever sur le compte de Launoy de fâcheuses imputations, le converti répondit par une Défense de Matthieu de Launoy tant pour lui que pour Henri Pennetier contre les fausses accusations et perverses calomnies des ministres, Paris, 1578 ; les extraits qu’en donne Bayle montrent que la défense de Launoy est assez faible. D’une inspiration moins personnelle est la Réplique chrétienne en forme de commentaire sur la réponse tirée de la moelle des saintes Écritures et de toute bonne doctrine et faite par les ministres calviniques, Paris, 1579, in-12 de 1000 pages. Quelques années plus tard, Launoy donna encore une Réponse chrétienne à XXIV articles pleins de blasphèmes et absurdités dressés par P. Pineau, dit Desaigues, prédicant zwin-calvinian, contre l’article de la surnaturelle et miraculeuse transsubstantiation, Paris, 1581, in-12 de plus de 500 pages (la foliotation n’est pas poussée jusqu’au bout).

De Thou, Historia sui temporis, l. LXXXVI, an. 1587, édit. de Francfort, 1658, p. 112b ; l. XCV, an. 1589, p. 280a ; l. CII, an. 1591, p. 441 sq. ; Maimbourg, Histoire de la Ligue, Paris, 1683, p. 56 sq. ; ces deux historiens, nettement opposés à la Ligue, sont naturellement portés à noircir les chefs ligueurs ; Bayle, Dictionnaire historique et critique, édit. de Bâle, 1741, t. iii, p. 60-62, abonde dans le sens des deux précédents ; de même l’art. Launoy (Matthieu de), de l’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger, 1880, t. x, p. 14-15 ; la Biographie universelle de Feller-Pérennes, 1834, t. vii, p. 520, semble admettre la culpabilité de Launoy ; Mgr Räss, Die Convertiten seit der Reformation, t. ii, Fribourg-en-B., p. 195 sq., innocente au contraire ce personnage ; voir dans ce livre des extraits assez copieux, traduits en allemand, du premier ouvrage de Launoy ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 14, emboîte le pas à Räss.

E. Amann.