Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Tome 1/Fascicules

Éditions Édouard Champion (Ip. TM-61).
TABLE DES MATIÈRES




Tome 1


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EDMOND HUGUET
professeur de philologie française
a la faculté des lettres de l’université de paris





DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE
DU
SEIZIÈME SIÈCLE


TOME PREMIER



PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE ÉDOUARD CHAMPION
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES ANCIENS TEXTES FRANÇAIS ET DE LA REVUE DU XVIe SIÈCLE
5, QUAI MALAQUAIS (VIe)
1925
Fascicules 1 et 2


DICTIONNAIRE


DE LA LANGUE FRANÇAISE


DU


SEIZIÈME SIÈCLE




TOME PREMIER


























Copyright by Edouard Champion, october 1925
EDMOND HUGUET
professeur de philologie française
a la faculté des lettres de l’université de paris





DICTIONNAIRE
DE LA
LANGUE FRANÇAISE
DU
SEIZIÈME SIÈCLE


TOME PREMIER


PARIS
LIBRAIRIE ANCIENNE ÉDOUARD CHAMPION
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L’HISTOIRE DE FRANCE ET DE LA REVUE DU XVIe SIÈCLE
5, QUAI MALAQUAIS (VIe)
1925

PRÉFACE




La première idée de ce travail est très ancienne. Elle remonte au temps où j’étais élève de l’École Normale. Dès mes premiers pas dans l’étude du xvie siècle, je m’étais heurté à de nombreux obstacles, et j’avais eu naturellement le désir d’aplanir, pour les travailleurs qui viendraient après moi, le chemin sur lequel je marchais si péniblement.

Mon projet primitif était très modeste, ou du moins je le croyais tel. Je me proposais d’étudier seulement les plus grands écrivains du xvie siècle, une vingtaine tout au plus. Mais dans ceux-ci j’ai rencontré des difficultés qu’il m’était impossible de résoudre. Afin d’en chercher la solution, j’ai continué mes lectures. Pour un problème résolu, plusieurs autres se sont présentés, et, à mesure que j’avançais, je voyais reculer le but que je désirais atteindre. Cependant le temps s’écoulait, m’avertissant qu’il fallait aboutir, utiliser les notes amassées, et façonner tant bien que mal l’instrument de travail que j’aurais voulu beaucoup moins imparfait.

Mes lectures ne se sont pas superstitieusement enfermées entre les deux dates extrêmes du xvie siècle. Il ne m’est pas arrivé très souvent de remonter jusqu’au xve, mais il était indispensable d’entrer à chaque instant dans le xviie, et quelquefois d’y aller assez loin. Brantôme, Étienne Pasquier, Guillaume du Vair, Agrippa d’Aubigné, morts sous Louis XIII, sont bien pourtant, par leur esprit comme par leur langue, des écrivains du siècle précédent. Régnier a près de vingt ans de moins que Malherbe. Son premier recueil de Satires ne paraît qu’en 1608. Malgré la chronologie, je n’ai pu hésiter ni à ranger Régnier parmi les écrivains du xvie siècle, ni à écarter Malherbe, dont certaines pièces sont contemporaines de Henri III, mais dont l’œuvre, dans son ensemble, se rattache évidemment aux temps nouveaux.

En parcourant la liste des œuvres qui m’ont fourni mes matériaux, on pourra facilement constater que les raisons de mon choix n’ont pas été exclusivement d’ordre littéraire. Parmi les textes que j’ai lus, un certain nombre n’ont ni valeur ni notoriété. Mais j’ai eu l’espoir d’y trouver les mots, les expressions qui m’avaient embarrassé ailleurs, et dont je pourrais, par ce rapprochement, déterminer le sens. Au contraire, j’ai laissé de côté certains textes dont l’intérêt littéraire était plus grand, mais qui, par leur nature, ne me donnaient lieu d’espérer aucun éclaircissement nouveau. J’ai recherché particulièrement les œuvres où je pouvais rencontrer des mots populaires, des expressions de la langue familière. C’est dans celles-là qu’il y a le plus de difficultés. Telle locution, très claire pour nos ancêtres, est inintelligible pour nous, si nous n’avons la bonne fortune de la trouver dans plusieurs textes, dont la comparaison nous donne la solution du problème. Je n’ai pas toujours eu cette heureuse chance. Pour plusieurs mots, je ne propose, aucune explication, parce que je n’en ai pas trouvé une seule qui me parût satisfaisante. Peut-être d’autres chercheurs découvriront-ils, dans des ouvrages que je n’ai pas eu le temps de lire, le texte décisif qui m’a manqué.

Les mots qu’on trouvera dans ce dictionnaire sont d’abord ceux qui, employés au xvie siècle, ont cessé de l’être depuis. Ils sont très nombreux. Les uns appartenaient à notre vieux fonds français, soit venus régulièrement du latin populaire, soit empruntés de très bonne heure au latin ou à d’autres langues, et complètement amalgamés à notre vocabulaire le plus ancien. D’autres étaient entrés plus récemment dans notre langue, par un emprunt au latin, au grec, ou à diverses langues modernes. Ils étaient reconnaissables, souvent mal accueillis et repoussés comme des intrus. D’autres étaient nouveaux venus aussi, mais formés d’éléments français, de radicaux familiers, associés à des préfixes et à des suffixes usuels. Faciles à créer, faciles à comprendre, ils naissaient en foule, avec surabondance, et souvent deux, trois ou davantage servaient à exprimer une même idée.

Si beaucoup de nos vieux mots disparaissent, ce n’est pas sans laisser beaucoup de regrets. Ronsard et ses contemporains s’intéressent à eux, s’affligent de leur disparition et tâchent d’en sauver quelques-uns. Puisons dans nos vieux romans, dans nos vieux poèmes, dit Du Bellay l’antiquité des mots donne de la majesté au style[1]. Ne faisons conscience, dit Ronsard, de remettre en usage les antiques vocables[2]. Henri Estienne se plaît à étaler les abondantes ressources que nous offre le vieux langage[3]. Mais lorsqu’un mot a commencé à vieillir, il est bien difficile de lui rendre sa vigueur passée. Les écrivains qui s’intéressent à l’histoire de notre langue, comme Henri Estienne, Claude Fauchet, Étienne Pasquier, constatent souvent que tel ou tel mot d’autrefois s’emploie de plus en plus rarement, ou même est complètement abandonné, et parfois il y a une opposition apparente entre leurs constatations et les faits. Ainsi Du Bellay croit archaïser en employant isnel, et le mot, dans le sens de prompt, rapide, léger, se trouve chez Olivier de Magny, chez Baïf, Amadis Janin, Noël du Fail, Vauquelin de la Fresnaye. Ronsard voit un archaïsme dans hucher, appeler, que tout le monde emploiera encore longtemps après lui. Henri Estienne dit que soulas, plaisir, est vieux et peu usité : cependant le mot reste longtemps encore chez les meilleurs écrivains. Nice, sot, simple, est vieux aussi, d’après lui il se maintient pourtant, au moins chez les poètes, jusqu’à la fin du siècle. Je ne crois pas qu’entre ces constatations et les faits il y ait vraiment contradiction. Probablement Du Bellay, Ronsard, Henri Estienne ne se sont pas trompés en croyant vieux certains mots que nous rencontrons souvent, même après eux. Mais l’esprit qui les poussait à regretter de beaux vocables expressifs, à s’efforcer de les conserver, était sans doute très répandu parmi les poètes et les lettrés. Il est possible que des mots abandonnés par la langue usuelle aient conservé dans la langue littéraire une apparence de vie, qui ne pouvait durer bien longtemps.

Parmi les mots qui allaient disparaître, beaucoup étaient depuis longtemps en lutte avec des dérivés issus du même radical et ayant le même sens. On avait choue et chouette, passe et passereau, ep et avette, qui devait être vaincu lui-même par le mot dialectal abeille. On disait raim et rameau, bers et berceau, haim et hameçon, coudre et coudrier, peuple et peuplier, mu et muet. Comme on peut le remarquer, ces mots étaient condamnés par leur forme même. Monosyllabiques, ou composés d’une syllabe sonore et d’une syllabe muette, ils pouvaient facilement, par leur brièveté, se confondre avec des homonymes de sens tout différent. Une langue ennemie de l’équivoque leur préférera des mots ayant plus de corps, plus de consistance, composés d’assez de sons pour n’être pas confondus avec d’autres. C’est le travail qui s’était opéré déjà en latin vulgaire. Que l’on songe à ce que serait notre langue si des dérivés, des diminutifs surtout, n’avaient pris la place de certains mots classiques que l’évolution phonétique aurait réduits au point de les rendre indiscernables.

Je ne voudrais pas grossir outre mesure l’importance de l’homonymie dans la destinée des mots. Nous avons un grand nombre d’homonymes, encore aujourd’hui, et leur existence ne semble pas menacée, le vocabulaire n’ayant plus autant de fluidité qu’au xvie siècle. Mais le besoin de clarté est si grand dans l’esprit français qu’il a pu quelquefois aller jusqu’à l’exagération, et nuire à certains mots qui ne risquaient pas beaucoup d’être confondus. Son action est d’autant plus forte qu’elle est irréfléchie. On ne peut s’empêcher de remarquer que, parmi les mots qui ont disparu, beaucoup avaient cet inconvénient de l’homonymie. Nous avons eu au xvie siècle couture, terre cultivée, à côté de couture, action de coudre. — Outre le mot grève que nous avons encore, le xvie siècle en avait deux de forme identique, l’un désignant la jambe ou l’armure de la jambe, l’autre la raie qui sépare les cheveux peignés d’une certaine façon. — A côté de notre mot main, nous en avons eu un autre tout semblable, provenant du latin mane et signifiant matin : nous n’en trouvons plus la trace que dans demain. — Parti, enfantement, n’a pu soutenir la lutte contre l’autre substantif part, qui était naturellement d’un emploi beaucoup plus fréquent. — Ost, armée, a fini par se prononcer comme eau, qui pendant longtemps ne risquait pas du tout d’être confondu avec lui la prononciation de chacun des deux mots a évolué de façon à les rendre homonymes. — Past, nourriture, repas, est condamné parce que ses deux consonnes finales sont devenues muettes son rapporte avec le verbe paître était le même que celui de repas (pour repast) avec le verbe repaistre. — Test signifiant pot, débris de pot, crâne, est devenu au xvie siècle homonyme de test, qu’on emploie encore aujourd’hui dans certaines provinces pour désigner une étable. — Le mot plenté, grande quantité, a changé d’orthographe sous l’influence de planter ; mais depuis plusieurs siècles le substantif plenté et le participe planté se prononçaient de la même façon. — Baud, joyeux, disparaît au xvie siècle, du moins dans la seconde moitié : l’e de beau étant devenu de plus en plus imperceptible, les deux adjectifs devaient facilement se confondre. — L’adjectif mane, devenu manque, mutilé, défectueux, disparaît parce que d’Italie est venu le verbe manquer, d’où nous avons tiré le substantif manque. — Ord cesse d’être employé, quoique son dérivé, ordure, se maintienne. — Souef, doux, et soif s’étaient peu à peu rejoints dans la prononciation. De là peut-être la préférence que suave obtient, dès son apparition, au détriment du mot populaire. — Duire, instruire, et duire, conduire, puis plaire, convenir, malgré leur différence d’origine, arrivent à une identité complète et succombent tous les deux, le second se maintenant toutefois dans les composés. — Esmer, esme sont remplacés par leurs doublets, estimer et estime, peut-être parce que dans la forme et dans la prononciation ils sont venus à rencontrer le verbe amer, si différent dans notre plus ancienne langue, surtout dans les formes à radical atone. — Nouer, nager, est tout à fait semblable à nouer venant de nodare. Mais nager, venant de navigare et signifiant naviguer, cède cette signification au mot savant, prend celle que nous lui connaissons, et nouer, nager, n’est plus nécessaire. Rayer, briller, de radiare, est identique à rayer venant de raie : de nombreux synonymes permettent de le laisser tomber en désuétude. Ces faits et beaucoup d’autres que je pourrais citer permettent de croire que, dans le grand travail qui s’est accompli sut notre vocabulaire, le rôle de l’homonymie n’a pas été sans importance.

Une cause de mortalité particulière aux verbes, c’est la difficulté de leur conjugaison. Elle nous a fait perdre beaucoup de vieux verbes qui s’employaient encore au xvie siècle. Un verbe irrégulier court le risque de se voir abandonné, à moins que, comme être, aller, et quelques autres, il ne soit d’un usage si fréquent que tout le monde s’habitue dès l’enfance à ses irrégularités. On hésite à employer une forme dont on n’est pas bien sûr, ou qui pourrait n’être pas reconnue et comprise par l’interlocuteur. On a volontiers recours, surtout dans la conversation, à un verbe plus commode, qui souvent est fourni par le même radical. C’est ainsi que raire, après une longue résistance, finit par être remplacé par raser. Secourir passe à la première conjugaison et devient secouer. Tistre devient tisser et ne subsiste plus que dans son participe passé tissu, ainsi que dans les formes qui lui étaient communes avec la première conjugaison. — Le plus souvent c’est un autre radical qui nous donne le nouveau verbe. Issir est remplacé par sortir : la cause de sa disparition, c’est son manque de consistance, sa prononciation étant parfois réduite à un son unique ; le lien entre les différentes formes n’est pas assez visible. On ne peut plus dire que clore, ouïr soient vraiment vivants. Dans l’usage courant fermer et entendre les ont remplacés et ont abandonné pour cela leur signification primitive. Cuir ne survit plus que dans quelques formes. Traire, dans son sens général, a fait place à tirer, et ses composés distraire, extraire, soustraire, etc., sont, comme lui, dépourvus de passé défini. Occire ne conserve un semblant de vie que dans son infinitif et dans son participe passé : c’est que la conjugaison de tuer est infiniment plus facile.

Un grand nombre de mots, usités au xvie siècle, ont été abandonnés depuis parce que l’on n’avait plus besoin d’eux. C’est le cas des mots qui désignaient des objets qui ont cessé d’exister : le costume, les armes, par exemple, nous en fourniraient une longue liste. Parfois les mots survivent aux choses : ainsi fusil vit toujours, quoique dans l’arme moderne ne se trouve plus la pièce à laquelle l’arme ancienne devait son nom. Le mot cuirasse a subsisté quand l’acier s’est substitué au cuir. Mais le plus souvent le nom disparaît avec l’objet qu’il désignait, et ce sont les faits eux-mêmes qui éliminent de notre vocabulaire une grande quantité de mots sans emploi.

Dans le travail d’élimination qui s’est fait depuis le xvie siècle, l’action de la synonymie a été très puissante. Quand deux mots ont absolument la même valeur, il est à peu près inévitable que l’un soit préféré à l’autre et parfois finisse par l’évincer. Jumeau et besson avaient tous deux plusieurs siècles d’existence : jumeau triomphe, et besson se réfugie dans les dialectes. — Curial, homme de cour, mot savant, d’ailleurs, est vaincu par l’italien courtisan, qui, au xvie siècle, vient prendre sa place. — Créditeur est évincé par créancier, meseau par lépreux, geline par poule. — Jau est déjà dialectal au xvie siècle et le mot habituel est coq. — Devanteau cède à tablier, à une époque plus récente, et lui aussi devient dialectal. — Carole et caroler, bal et baller, danse et danser sont en concurrence au xvie siècle : carole, caroler, baller disparaissent, et bal se réduit à un sens particulier. — Guerdon est chassé par loyer, qui lui-même réduira sa signification quand l’évolution sémantique de récompense aura abouti au sens actuel. — Parmi les nombreux mots qui expriment l’idée de combat, de lutte, de querelle, nous avons pu perdre estour, estrif, riotte, tenon, sans qu’il en résultât pour notre langue un sensible appauvrissement. — Nous avons laissé tomber plusieurs mots exprimant l’idée de tromperie, comme barat, baye, biffe. Il nous en reste encore assez. — Henri Estienne énumère les mots qui signifient avare. Aujourd’hui plusieurs nous manquent, comme eschars, pleure-pain ; d’autres ont changé de sens, comme taquin, vilain, et aussi mécanique, qu’il ne mentionne pas, et pourtant, nous sommes encore très suffisamment pourvus. En général, pour les mots qui viennent à se trouver en concurrence, la synonymie ne date pas de très loin. Souvent même elle n’existe pas encore au xvie siècle. C’est plus tard qu’éclate la rivalité qui doit être funeste à beaucoup de nos vieux mots.

Le désir de conserver toutes les richesses de notre langue ne s’exprimait pas seulement par l’amour de nos vieux vocables. Il se manifestait aussi par une large hospitalité offerte aux mots dialectaux, qui d’ailleurs ne sont souvent autre chose que des mots vieillis, oubliés de la langue commune, et conservés seulement, dans quelques régions. Ronsard, Étienne Pasquier, Henri Estienne, Vauquelin de la Fresnaye[4] conseillent de ne pas négliger ces précieuses ressources. Certainement, ils avaient raison, en principe, de vouloir abaisser ta barrière qui s’élève entre la langue française proprement dite et ses dialectes. Mais l’expérience a démontré que les mots dialectaux ne peuvent guère prendre place dans la langue commune. Ils peuvent s’y faire accepter momentanément pour désigner un objet, un usage particulier à telle ou telle province, quand leur équivalent précis ne pourrait être trouvé dans la langue usuelle. Mais ils restent provinciaux, ce sont toujours des mots de terroir. Un écrivain aimé du public arrive à faire prendre en gré les mots de sa province, on les rencontre chez lui avec plaisir, mais on serait surpris de les retrouver ailleurs. Aussi parmi les mots disparus depuis le xvie siècle nous verrons figurer à peu près tous les mots dialectaux que l’on avait essayé de sauver.

Une large place dans ce dictionnaire sera occupée par des mots d’emprunt qui, après un séjour plus ou moins long dans notre langue, en ont été exclus. Les deux sources les plus abondantes sont le latin et l’italien.

L’invasion du latin savant remonte beaucoup plus loin que le xvie siècle. On la constate déjà dans nos plus anciens textes. Mais à partir du xive siècle surtout, sous l’influence des traducteurs, les mots latins, utiles ou non, affluent dans notre langue. Il est bien difficile d’indiquer avec certitude en quel siècle se produit chaque emprunt. De ce que la présence d’un mot a été constatée pour la première fois dans un texte du xvie siècle, il ne s’ensuit, pas qu’il n’ait jamais été employé auparavant. Beaucoup de textes du moyen âge sont perdus, et nous sommes loin d’avoir étudié tous ceux qui nous restent. Par contre, on peut avoir remarqué l’emploi d’un mot au xive siècle ou au xve siècle sans que cela nous donne le droit de croire qu’il ait été vraiment vivant au temps de sa première apparition. Il a pu se présenter par hasard sous la plume d’un écrivain et attendre un siècle ou deux qu’on eût de nouveau besoin de lui.

Qu’ils soient tout récents ou qu’ils aient quelque ancienneté, très nombreux sont au xvie siècle les mots latins destinés à périr. On latinisait à plaisir, sans la moindre nécessité. Sans remonter plus haut que le début du xvie siècle, on peut voir chez Lemaire de Belges les mots latins jetés à profusion. Pendant longtemps, en vers ou en prose, on parle comme l’écolier limousin. Et ce ne sont pas seulement les gens de Palais, comme Jean Bouchet, qui émaillent ainsi leur style de mots dont la terminaison seule est française ce sont aussi des écrivains qui n’ont jamais passé pour des latiniseurs maniaques, Clément Marot par exemple. Il serait tout à fait injuste de rendre la Pléiade responsable de cet abus, qu’elle a au contraire atténué. Agrippa d’Aubigné, dans la préface des Tragiques, raconte que Ronsard était l’ennemi déclaré des latiniseurs[5]. Déjà, beaucoup plus tôt, l’excès avait soulevé des protestations[6], et, dans la deuxième moitié du siècle, l’invasion est très fortement combattue[7]. On la voit se ralentir de plus en plus, et parmi les intrus beaucoup sont sortis de l’usage avant la grande épuration du xviie siècle.

Les mots latins avaient pu facilement s’introduire dans les livres, à une époque où le latin était familier à tous les lettrés. Mais, évidemment, la plupart de ces mots restaient à la surface de la langue, ils n’y pénétraient pas, et le peuple les ignorait complètement. Ils sortaient aussi facilement qu’ils étaient entrés, sans laisser aucun vide, car on n’avait pas besoin d’eux.

Beaucoup n’étaient que des doublets et n’ajoutaient rien au sens du mot primitif : on voyait côte à côte pelerin et peregrin, sauveur et salvateur, vengeur et vindicateur, étincelle et scintille, cruauté et crudelité, vergogne et verecundie, coi et quiet, tiede et tepide, raisonner et ratiociner.

Ailleurs on peut voir, entre le latinisme et le mot français plus ancien, qui a triomphé, une communauté de radical et une complète équivalence de suffixe. Amaritude, claritude, nobilité, pallidité, castigation, radiation, nutriment, incredible n’ont pu déposséder amertume, clarté, noblesse, pâleur, châtiment, rayonnement, nourriture, incroyable.

Dans d’autres cas le suffixe est le même, et la lutte est seulement entre le radical populaire et le radical savant ravisseur et rupteur ; matinal et matutinal ; nombreux, innombrable, et numereux, innumerable ; ou lieux et oblivieux.

Souvent on avait recours à un mot latin, exactement transcrit en français, alors qu’un autre radical avait déjà fourni à notre langue un mot exprimant la même idée. Le français n’avait aucun besoin du latin incole, puisqu’il avait habitant. Proditeur, prodition ne disaient rien de plus que traître, trahison. A salvateur, déjà inutile à côté de sauveur, pourquoi ajouter encore servateur ? n’y avait aucune raison pour que celsitude fût préféré à hauteur ou à élévation, magnitude à grandeur, contumelie à injure, dormition à sommeil, fallace à tromperie, formosité à beauté, fruition à jouissance, querimonie à plainte, stolidité à folie ou sottise, trameur à crainte, tuition à protection, uberté à fécondité. La plupart de ces mots, aujourd’hui disparus, étaient entrés dans la langue avant le xvie siècle, mais, dès leur apparition, ils avaient trouvé en face d’eux des synonymes, populaires ou savants, bien établis dans l’usage et destinés à durer.

Les mots déjà anciens devaient une partie de leur force à ce fait que, le plus souvent, ils étaient apparentés à d’autres relatifs au même ordre d’idées, tandis que souvent le nouveau venu était isolé. Cruent ne pouvait pas lutter contre sanglant, lethai contre mortel, muliebre contre féminin, crucier contre tourmenter, tenir et tenité contre adoucir et douceur, vulnerer contre blesser. La grande extension d’une famille de mots a certainement été très favorable au maintien de chacun de ses membres. Quelquefois l’isolement a pu nuire à des mots qui peut-être n’étaient pas tout à fait, inutiles. Assentateur n’a pas exactement le même sens qu’approbateur, ni, d’autre part, que flatteur ou adulateur. Laudateur serait l’équivalent de louangeur, mais louangeur ne peut être considéré comme un substantif. Nous avons exhortation, mais nous n’avons plus le mot contraire, dehortation, parce que le verbe exhorter n’a pas comme contre-partie dehorter. Au lieu de dire paucité nous disons petit nombre, parce que le lien de paucité avec peu n’était pas assez visible. Nous ne pouvons exprimer que par des périphrases l’idée contenue dans certains mots empruntés autrefois au latin, comme acquanime, acquanimité, diuturne, revolver. Il ne serait pas possible, cependant, de dresser une très longue liste de mots de cette catégorie. Parmi les latinismes qui n’ont pas vécu, très peu sont vraiment à regretter.

On trouve chez les poètes du xvie siècle un groupe d’adjectifs dont plusieurs avaient existé dans l’ancienne langue, mais dont l’emploi, tout à fait conforme à l’usage latin, n’était pas d’accord avec les tendances du français moderne. Ce sont les adjectifs par lesquels on prétendait. remplacer un complément déterminatif exprimant des rapports assez variés : la matière, ou la ressemblance avec l’objet, désigné par le radical, ou l’essence, la nature, ou l’origine : ardoisin, diamantin, fulgurin, sulphurin, rosin, saphirin, geantin, louvin, tigrin, abeillin. Souvent le mot avait un radical latin anserin, asinin, caballin, vulpin, gigantin, adamantin. Très souvent le radical était français : damoiselin, chevrin, chiennin, coulevrin, cuivrin, sucrin, laurierin : mais le tour était dans tous les cas purement latin. Les latiniseurs n’ont pu faire admettre dans le vocabulaire poétique les épaules marbrines, ivoirines ou churnines, albastrines, neigines, laitines, les cheveux orins, ebenins, les lèvres coralines, les dents perlines. Et pourtant l’autorité des plus grands poètes recommandait par l’exemple l’emploi de ces adjectifs. Marbrin se trouve chez Marot aussi bien que chez Ronsard, qui d’ailleurs, sur ce point comme sur un grand nombre d’autres, a latinisé beaucoup moins que la plupart de ses amis et de ses disciples.

J’ai relevé les mots italiens qui ont, quelque temps figuré dans notre vocabulaire et ne s’y sont pas maintenus. J’y ai joint même ceux qui n’y ont jamais pris pied, et qui ont pu être employés tout au plus par quelques courtisans poussant l’excentricité jusqu’à la déraison. Il est peu probable que jamais personne ait parlé le langage qu’Henri Estienne attribue à Philausone dans la Préface des Dialogues du langage français italianisé : « Ayant quelque martel in teste (ce qui m’advient souvent, pendant que je fay ma stanse en la cour) et à cause de ce estant sorti apres le past pour aller un peu spaceger, je trouvai par la strade un mien ami nommé Celtophile. Or voyant qu’il se monstret estre tout sbigotit de mon langage (qui est toutes fois le langage courtisanesque, dont usent aujourdhuy les gentilshommes Francés qui ont quelque garbe, et aussi desirent ne point parler sgarbatement) je me mis à ragioner avec luy touchant iceluy, en le soustenant le mieux qu’il m’estet possible. Et voyant que nonobstant tout ce que je luy pouves alleguer, ce langage italianizé luy semblet fort strane, voire avoir de la gofferie et balorderie, je pris beaucoup de fatigue pour luy caver cela de la fantasie. Mais… je ne trouves point de raisons bastantes pour ce faire : et au contraire tant plus je m’efforces de luy lever ceste opinion par mes ragionemens, tant plus luy se burlet de moi… En la fin… j’acceptai fort volontiers pour arbitre M. Philalethe, esperant qu’il y auret quelque domestichesse entre luy et ces mots, qu’il oit souvent à la cour et pourtant me feret morte. Mais je trouvay que je m’ingannes bien, car luy, au lieu de me favoregger, faisoit aussi semblant d’estre tout shigotit, et trouver je ne sçay quelle saivatichesse en ce langage escorché. » Il y a chez Henri Estienne une exagération manifesta. Mais nous savons d’une façon certaine combien ont été répandus certains mots italiens qui pourtant ne nous sont pas restés : par exemple acconche signifiant bien vêtu, paré, ainsi que la locution en bonne conche, qui se trouve même chez Ronsard. Baster, suffire, est venu d’Italie avec bastance et s’est longtemps maintenu. Burler, se moquer, n’a pas fait un long séjour dans notre langue, mais nous avons gardé burlesque. Nous avons perdu intrade, rente, faciende, affaire, faciendaire, agent, escorne, affront, menestre, soupe, et une foule d’autres qui seront enregistrés dans ce dictionnaire. Il est nécessaire, en outre, de noter le témoignage des écrivains du temps, quand ils nous signalent comme des italianismes certains mots très heureusement empruntés, à cette époque, qui ont joué immédiatement un rôle important dans notre langue et se sont rendus si indispensables que personne ne penserait plus aujourd’hui à leur origine étrangère si elle n’était sûrement attestée.

Dès les plus anciens temps, le meilleur procédé pour donner à notre langue tous les instruments nécessaires à l’expression de la pensée a été la formation de mots par suffixes. Ce procédé est si essentiel chez nous, si commode, si habituel, qu’il arrive non pas à éliminer les autres, mais souvent à en restreindre l’emploi. Ainsi nous aurons à recueillir un grand nombre de mots qui, de ce fait, sont sortis de la langue ce sont des substantifs tirés du radical des verbes, sans l’addition d’aucun suffixe. Cette formation est toujours vivante, surtout dans la langue populaire, mais dans la langue des lettrés elle n’a plus son activité d’autrefois, et nous avons perdu beaucoup de mots qui étaient usités au xvie siècle. Croist, accroist, decroist, déjà en lutte à cette époque avec croissance, accroissement, decroissance, ont disparu. Achef a cédé la place à achèvement, bat à battement, broud à brouillement, crousle à croulement, débord à débordement, gazouil à gazouillement, trouble à troublement. C’est souvent le suffixe -ation, si lourd, que nous voyons triompher : on dit protestation, prononciation, lamentation, diffamation, stimulation, au lieu de proteste, prononce, lamente, diffame, stimule. Autrefois ni a désigné l’action de nier, et l’on a dit, par exemple, mettre en ni. Cette fois, c’est la trop grande brièveté du mot qui a causé sa chute. Nous avons perdu sert, action de servir. Pille a été éliminé par pillage, fourbe par fourberie, accol par accolade, hant par hantise, cueille par cueillette, gel par gelée. Il nous reste pourtant assez de substantifs ainsi formés pour que nous puissions constater que ce procédé était facile, clair et avait l’avantage de donner à la finale des substantifs une variété de sons très favorable à l’harmonie du langage. Mais, dans la dérivation par suffixes, il se fait une analyse qui est bien conforme au génie de notre langue. Le radical exprime une idée, et le suffixe en exprime une autre qui se joint à la première pour la modifier de diverses façons. Protestation est un mot analytique, proteste était un mot synthétique.

La formation des mots par suffixes était si naturelle et si commode qu’elle était un peu dangereuse. Du Bellay et Ronsard recommandent la modération dans la création des mots nouveaux. Ils veulent que ces mots soient formés selon les lois de l’analogie et conformément aux habitudes de la langue. « Ne crains donques, Poëte futur, dit Du Bellay (Deffence, II, 6), d’innover quelques termes, en un long poëme principalement, avecques modestie toutesfois, analogie et jugement de l’oreille. » Ronsard prescrit la même prudence (Franciade, Préface de 1587) : « Je te veux bien encourager de prendre la sage hardiesse d’inventer des vocables nouveaux, pourveu qu’ils soient moulez et façonnez sus un patron desja receu du peuple. Il est fort difficile d’escrire bien en nostre langue, si elle n’est enrichie autrement qu’elle n’est pour le present de mots et de diverses manieres de parler. » Miais le plus grave danger, ce n’était pas la création maladroite, c’était la création inutile. La langue française était loin d’être pauvre, comme le croyaient ses amis aussi bien que ses ennemis. Seulement sa richesse n’était pas ordonnée et organisée. Personne n’en avait fait un inventaire complet, personne ne pouvait la connaître tout entière. C’est pourquoi l’on créait souvent des mots dont on n’avait nullement besoin.

Suffixes français, suffixes latins, suffixes germaniques, suffixes provençaux ou italiens, tout est mis à contribution pour former des mots nouveaux, et cette création surabondante commence bien avant le xvie siècle. Quand on examine le vocabulaire de cette époque, on s’aperçoit qu’à un même radical se sont joints souvent deux, trois ou quatre suffixes ayant la même valeur, produisant ainsi des dérivés qui font double, triple ou quadruple emploi : esclavitude et esclavage, — lentitude et lenteur, — cultivage et cultivement, — cuisinage, cuisinement, cuisinerie, — nourrissage, nourrissance, nourrissement, à côté de nourriture, — nopçage et nopçailles, — mutinage, mutination, mutinement, tous éliminés au profit de mutinerie, — décevance et décevement, — empirance et empirement, — glorifiance et glorifiement, — jouissance et jôuissement, — mesprisance, mesprisement et mesprison, — desirance et desiration, — tardance, tardement et tardité, — vengeance et vengement, — resplendissance et resplendeur, — terminance et termination, sans compter terminaison, — gentilisme (paganisme) et gentilité, — papalité, papat et papauté, — profondité et profondeur, — purité et pureté, — rarité et rareté, — aveugleté et aveuglement,noireté et noirceur, — tendreté et tendreur, — maigresse, maigreté et maigreur, — lassesse, lasseté, lasseur et lassitude, — lourderie, lourdesse, lourdeté, et lourdise, — grosserie, grossesse et grosseur, employés tous les trois soit au sens de grosseur, soit, au sens de grossièreté, — infameté et infamie, — modesteté et modestie, — declinaison, declination et declinement, dans le même sens que déclin, — agilesse et agilitéaspresse, aspreur et aspreté, — duresse et dureté, — fermesse et fermeté, — grandesse et grandeur, — tristesse et tristeur, — rondesse et rondeur, — subtilesse et subtilité, — parlerie, parlement et parleure, — besterie et bestise, trainement et trainerie, criement et crierie, — couronnation et couronnement, — eclipsation et eclipsement, — effemination et effeminement, exhortation et exhortement, — murmuration et murmurement, — retardation et retardement, — vanterie et vantise, — tremblerie, tremblement et tremblis.

Parmi les adjectifs, nous voyons corrigeable et corrigible, — defendable et defensible, — taisable et taisible, — inflechissable et inflechible, — indigestif et indigestible, — nuisable, nuisible et nuisit, — funeral et funereux, — nuital, nuiteux, nuitier, nuitager, — geantal et geantin, — gigantal et gigantin, — printannal, printannin et printanier, — viperal, viperin et viperique, — racinal et racineux, — nopçal et nopcier, — bruyant, bruyard et bruyeux, — bonteux et bontif, — lamenteux et lamentif, — terreux, terrien, terrier, dans le même sens que terrestre, — estoileux et estoilin, — plombeux et plombin, — pourpret, pourpreux et pourprin, — myrthé, myrtheux et myrtin, — perleux et perlin, — nectaré, nectareux, nectarien, nectarin et nectarique, — celestiel, celestien et célestin, — sepulcraire et sepulcral.

Parmi les verbes : allonger et allongir, — abhorrer et abhorrir, — affoler et affolir, — aveugler et aveuglir, — profonder et profondir, — tousser et toussir, — latiner et latiniser, — favorir et favoriser, — asprir et asproyer, — apostater et apostasier.

Souvent des radicaux populaires sont en lutte avec des radicaux latins : corrompement et corrompure avec corruption et corrupture, — humblesse avec humilité, — meureté avec maturité, — prochaineté avec proximité, — sourdesse avec surdité, — comprenable et incomprenable avec compréhensible et incompréhensible, — corrompable avec corruptible, — voyable avec visible, — chrestienner avec christianiser.

Évidemment, toutes ces concurrences, dont le dénombrement serait interminable, devaient avoir pour résultat une forte réduction de notre vocabulaire. Certains synonymes se sont maintenus en se nuançant. Le plus souvent une sélection s’est faite, au hasard et inconsciemment, sans qu’on puisse distinguer pourquoi tel suffixe a été préféré à tel autre. Quelquefois, trop rarement, ce sont des mots sans suffixe qui ont évincé les dérivés concurrents, et la plupart du temps la langue y a beaucoup gagné.

Les suffixes du xvie siècle se retrouvent à peu près tous dans le français d’aujourd’hui. Mais il en est dont le rôle s’est beaucoup restreint. Ainsi le suffixe -ie existait dans beaucoup de mots aujourd’hui disparus. Déjà, bien avant le xvie siècle, il était en lutte avec le suffixe -erie, créé par une fausse analogie. Chanoinie et chanoinerie sont tous deux éliminés par canonicat. On trouve doctorie et doctorerie, — friandie et frianderie, — gloutonnie et gloutonnerie, — gourmandie et gourmanderie, — clergie et clergerie, — pastourie et pastourerie, — payennie et payennerie, — renardie et renarderie, — sottie et sotterie. Marchandie cède la place à marchandise, couardie à couardise. — Le suffixe -ise a plusieurs fois remplacé -ie et -erie. Il est d’ailleurs encore très vivant maintenant, mais il a perdu un certain nombre d’emplois : nous ne disons plus bigotise, galantise, mignonnise, neantise, opiniasirise, vaillantise, etc. Le suffixe -is a été bien fâcheusement remplacé dans des mots comme brouillis, froissis, gazouillis, soufflis, tremblis, tremblotis. C’est un de ceux dont la perte presque complète nous paraît le plus regrettable quand nous voyons le lourd suffixe qui s’est substitué à lui. — Le suffixe -ance a repris un peu de faveur au siècle dernier, mais nous n’avons plus accroissance, contredisance, demonstrance, nuisance, signifiance, et bien d’autres encore qui vaudraient mieux que les mots actuels.

Parmi les adjectifs disparus, nous en verrons beaucoup formés à l’aide du suffixe -eux. Quoique très vivant encore aujourd’hui, c’est peut-être un de ceux qui ont le plus perdu depuis le xvie siècle. Il était alors d’un emploi extrêmement fréquent pour marquer une qualité, un caractère dominant, une grande abondance : affaireux, animeux, arbreux, areneux, argenteux, astreux, azureux, cedreux, coulevreux, crineux, estoileux, feuilleux, fleureux, flammeux, foudreux, fruiteux, gemmeux, glaceux, isleux, larmeux, marbreux, myrtheux, nuiteux, odoreux, ondeux, pampreux, perleux, plombeux, pommeux, raisineux, soigneux, et une foule d’autres, disparus aussi, peuvent nous montrer quelle a été sa fécondité. — Le suffixe -u était assez productif : il avait donné, par exemple, corporu, crinu, espaulu, griffu, jambu, lainu, ossu, veinu, jonchu. Il y faut joindre des mots comme barbelu, crespelu, fosselu, fourchelu, grosselu, houpelu, mousselu, pommelu.

Nous avons aussi perdu beaucoup de verbes, et des mieux formés, avec les suffixes toujours vivants -er et -ir : comme esclaver, escrevisser, grenouiller, limaçonner ; — asprir, fermir, nettir. Nous avons à regretter nos vieux verbes en -oyer, les uns dérivés de substantifs, comme branchoyer, cendroyer, fabloyer, hontoyer, ombroyer ; les autres dérivés d’adjectifs, comme asproyer, blondoyer, cointoyer, folloyer, jaunoyer, rondoyer.

Les suffixes les plus maltraités par le temps et par le changement du goût ont été les suffixes diminutifs, ceux qu’Henri Estienne et ses contemporains considéraient comme une des plus grandes beautés de la langue française. On se lasse bientôt de ces grâces affectées, et la fin du siècle en voit déjà le discrédit. Alors disparaissent les amoureaux, les satyreaux, les colombeaux, les lezardeaux, si chers à Remy Belleau et à Baïf. Il n’est plus question des amourets, des bergerets, des buissonnets, des poissonnets, ni des abeilleiles, des brebiettes, des cigalettes, des colombettes, des nymphettes, des bouchettes, des gorgettes, des fontainettes, des estoilettes, des cerisettes, des corbeillettes. Les adjectifs diminutifs sont délaissés aussi plus de tresse blondette ou noirette, de nuit fraichette, de feuille largette. On trouve risibles les superdiminutifs, comme angelet, dieutelet, enfantelet, hommelet, ourselet, montelet, livrelet, litelet, ventelet, ou bestelette, boitelette, bouchelette, dentelette, herbelette, larmelette, lèvrelette, nymphelette, ondelette, plantelette. On abandonne argentelet, blondelet, brunelet, fraichelet, grasselet, grosselet, mignardelet, noirelet, rougelet, tendrelet. Ces mots et une foule d’autres semblables étaient le produit d’un engouement dont la Pléiade n’est que partiellement responsable, car il date de beaucoup plus loin.

L’emploi des préfixes a quelque chose de moins conscient que celui des suffixes. Par sa position dans le mot, le préfixe est moins en vue que le suffixe, qui porte l’accent tonique. Cependant, les variations dans l’emploi des préfixes sont nombreuses et importantes. L’usage était beaucoup plus libre au xvie siècle qu’aujourd’hui.

Nous avons perdu beaucoup de mots formés à l’aide de particules, qui n’ont pas été remplacés. Il faut souvent aujourd’hui, pour exprimer la même idée, se servir d’une périphrase. C’étaient des mots clairs et bien faits, dont le radical était connu, et où le préfixe était employé à propos : Tels sont abarbarir, accouardir, acertener, affertiler, ahonter et ahontir, anonchalir et anonchaloir, apoltronnir, apparessir, appoissonner, assauvager et assauvagir, asservager, compartir, decaptiver, declore, demaisonner, deprisonner, desamasser, desangoisser, desaugmenter, desautoriser, desauvager, desorgueillir, dessommeiller, embastonner, emperler, empeupler, engloirer, enjouvencer, enlierrer, ensaigner, ensepulchrer, ensepulturer, entroupeler. De ces mots, les uns étaient, d’un emploi courant, d’autres n’ont fait que paraître accidentellement chez un ou deux écrivains. Mais même ceux-là étaient en général composés d’une manière conforme aux habitudes de la langue, et plusieurs n’auraient pas été inutiles.

Beaucoup de mots, employés autrefois sans préfixe, ont disparu depuis le xvie et leur rôle est tenu maintenant par des composés qui, pour la plupart, existaient déjà à cette époque compagner, complir et complissement, meliorer et melioration, mirable, moindrir, neantir, noncer, planir, plaudir et plaudissement, rondir, saisonner, sermenter, tendrir, tiffer, trister n’existent plus. Mais nous avons accompagner, accomplir et accomplissement, améliorer et amélioration, admirable, amoindrir, anéantir, annoncer, aplanir, applaudir et applaudissement, arrondir, assaisonner, assermenter, attendrir, attifer, attrister et contrister. Le sens du composé n’est pas toujours exactement celui du mot sans préfixe : par exemple, rondin signifiait non seulement arrondir, mais aussi faire une ronde. Nous n’avons plus luire, fiance, miseration, roborer, solider, mais conduire, confiance, commisération, corroborer, consolider. Nombrer, plorabie, rober ont disparu, mais nous avons encore dénombrer, déplorable, dérober. Faroucher, merveiller ont existé à côté des composés effaroucher, emerveiller. Fariner, flammer, gluer, guirlandé, laidir, orgueillir, registrer, sanglanter, sevelir, soleiller, sorceler, vironner ont laissé seuls en possession de l’emploi enfariner, enflammer, engluer, enguirlandé, enlaidir, enorgueillir, enregistrer, ensanglanter, ensevelir, ensoleiller, ensorceler, environner. Nous ne disons plus mercier, semblance, sourdre, splendissant, vendiquer, mais remercier, ressemblance, résoudre, resplendissant, revendiquer.

Au contraire, des mots à préfixes ont cédé la place à d’autres qui en étaient dépourvus ou qui en avaient un de moins. Acommencer, accomparer, acconduire, accourber, aparesser, appalir, assoulager sont éliminés par commencer, comparer, conduire, courber, paresser, pâlir, soulager ; — complaindre, complanter et complant, comprouver, concelebrer, condecence et condecent, condigne, corrival, par plaindre, planter et plant, prouver, celebrer, decence et decent, digne, rivai ; — debriser, dechanter, dechant, echasser, defrauder, degaster, dehacher, delascher, demarcher, deprier, derompre, detrancher, detroubler, par briser, chanter, chant, chasser, frauder, gester, hacher, lascher, marcher, prier, rompre, trancher, troubler[8]. — Embarbouiller, emboisé, emmasqué, emmorceler, emparfumer, empeupler, empoudrer, enaigrir, enargenter, encharmer, enciseler, englacer, engraver, enhuiler, enjaunir, enjoncher, enlier, ennoircir, enrougir, ensucrer ont, été évincés par barbouiller, boisé, masqué, morceler, parfumer, peupler, poudrer, aigrir, argenter, charmer, ciseler, glacer, graver, huiler, jaunir, joncher, lier, noircir, rougir, sucrer.

Ailleurs des composés ont disparu, laissant leurs fonctions à d’autres qui avaient un préfixe différent. Assentir laisse sa place à consentir ; — assoleiller, assommeiller, attrainer à ensoleiller, ensommeiller, entraîner ; — complanir à aplanir ; — conciter, concitation à exciter, excitation ; — confuter, confutation à réfuter, réfutation ; defortune, defortuné à infortune, infortuné ; — se deporter à se comporter ; — deshabité à inhabité, qui ne dit pas du tout la même chose ; — despriser, despris, desprisable à mépriser, mépris, méprisable ; — eslourdir, esplanir, esracher, essourdir à alourdir, aplanir, arracher, assourdir ; — esjamber, s’esvoler à enjamber, s’envoler ; — exanimé à inanimé ; — emparenté, empauvrir, ententif, envilir, envoisiner à apparenté, appauvrir, attentif, avilir, avoisiner ; enhorter, enhortation à exhorter, exhortation ; — emmatriculer, encarcerer, endiner, enfernal, engenieur, enlustrer, envestir à immatriculer, incarcérer, incliner, infernal, ingénieur, illustrer, investir ; — s’entresembler à se ressembler ; — entreregne, entrerompre à interrègne, interrompre. Parmi les mots qui ont disparu et parmi ceux qui ont triomphé, on peut voir que beaucoup ne sont pas des composés français, mais ont été de toutes pièces empruntés au latin.

Il suffit de feuilleter le Dictionnaire de Godefroy pour voir que l’ancienne langue française avait une extrême abondance de mots composés à l’aide de préfixes. Il en restait encore beaucoup au xvie siècle, et même de nouveaux s’étaient formés. Une foule de mots perdus aujourd’hui commençaient par contre : contrebondir, se contrec rroucer, contredefense, contredefier, contregarder, contreharanguer, contreheurter, contre-imiter, etc. Entre marquant réciprocité se trouvait dans s’entrabandonner, s’entraboyer, s’entrattendre, s’entre attirer, s’entrebaiser, s’entreblasmer, s’entreblesser, s’entrecaresserEntre marquant un faible degré dans entredoubter, entremonstrer… — For dans forchanger, forconseiller, forconter, forjurer, forpayser… — Outre dans outrecouler, outrefendre, outrenager, outrenavrer, outrepercer… — Par dans parcroistre, pardurer, pardurable, parlire… — Trans dans transcouler, transfuir, transgloutir… — Tres dans tresluire, trespercer, tressuer… — Mal ou Mau dans malcontent, malcontenter, malgracieux, malplaisant, mal sociable, ou maucontent, maucourtois, maugracieux, maumener, maupiteux, mauplaisant, mauvestu… — Mes dans mesarriver, mesadvenir, mescroire, mescroyable, meschance, meslouer, meslouable

Je ne parlerai que pour mémoire des mots composés forgés par la Pléiade et surtout par ses imitateurs maladroits. Sur ce point l’erreur a été complète. Poètes et théoriciens ont tout à fait méconnu le génie de la langue. Il est inutile d’insister sur les fantaisies de Du Bartas appelant la lune flambeau guide-passant, conduy-somme, aime-paix ; le dauphin aime-naux, aime-humains, aime-vers, aime-lyre. Je n’ai pas cru nécessaire d’encombrer ce dictionnaire de pareilles créations. Mais notre langue avait au xvie siècle certains composés très bien formés et employés à propos. Ils étaient conformes aux différents types familiers au français, et d’ailleurs la plupart n’étaient pas des nouveaux venus dans la langue. Il est fâcheux que nous ayons perdu boutefeu, corneguerre, brouille-papier, gaste-papier, happebourse, happelopin, haussebec, serredenier, boutehors, haut-louer, montjoie, tremble-terre, doux-coulants, tournebouler, tournevirer, et beaucoup d’autres.

Nous avions aussi beaucoup de composés empruntés au latin ou formés d’éléments latins : altiloque, altiloquent, altisonant, grandipotent, dulcifluent, dulciloque, dulcisonant, melliflue, mellifluence, mellifluent, benivolence, benivolent, auricome, matricide, vaniloquence, celicole, Romicole, mortifere, odorifere, pestifere, soporifere, stellifere, armigere, lanigere, altifier, mondifier, nidifier, stellifier, dulcifique, horrifique, miraclifique, odorifique, stellifique, venefique. Ceux-là ne sont pas à regretter. Pour la plupart, d’ailleurs, ils étaient d’un emploi peu étendu, souvent forgés pour la circonstance, ou même par plaisanterie.

Un dictionnaire de la langue du xvie siècle ne doit pas oublier les locutions proverbiales et figurées que nous avons perdues. Elles ont un grand intérêt, car nous y trouvons toute la vie d’autrefois, et nulle part nous ne voyons mieux marqué l’esprit de nos ancêtres. Tout ce qui les occupait, tout ce qui tenait une place dans leur existence avait fourni son contingent. Nous n’avons pas tout perdu d’ailleurs, et ces expressions, que le plus souvent nous employons sans penser à leur origine, sont une des plus précieuses richesses de notre langue.

La religion avait beaucoup donné : vrai comme la messe, vrai comme la patenostre se disait d’une vérité incontestable. Vouloir corriger le magnificat, c’était avoir la prétention d’améliorer ce qui est parfait. Le tu autem, c’était dans une affaire le point important, en souvenir du bréviaire : tu autem, Domine, miserere mei. L’expression estourdy comme le premier coup de matines nous rappelle les moines s’éveillant péniblement pour se rendre à l’office. Se rendre au premier coup de matines, c’était céder à la première sommation ; chanter magnificat à matines, faire une chose mal à propos. Un bénéfice à simple tonsure, littéralement c’était celui qu’on pouvait obtenir sans avoir reçu les ordres, pour lequel il suffisait d’avoir été tonsuré. Au figuré, l’expression à simple tonsure s’appliquait à un personnage de qualité inférieure, et particulièrement à un homme ou à une femme de médiocre noblesse. Mettre quelqu’un ou quelque chose au rang des péchés oubliés, ou des péchés effacés, c’était rien faire aucun cas, ne pas s’en soucier plus que des péchés dont on n’a pas même gardé le souvenir, ou de ceux qui ont été effacés par l’absolution. Vouloir vendre ses coquilles à ceux qui viennent du mont Saint-Michel, ou, par abréviation, vendre ses coquilles, c’était offrir une chose à ceux qui en étaient déjà pourvus, qui n’en avaient pas besoin, vouloir en remontrer à de plus habiles, ou tromper plus fin que soi. Un évêque des champs, c’était un pendu, semblant donner avec les pieds la bénédiction aux passants. Fouetter à double carillon, c’était fouetter à coups nombreux et pressés.

Les jeux avaient fourni de nombreuses expressions. Le mot pelote étant un de ceux qui désignaient la balle au jeu de paume, on disait se jouer de quelqu’un ou de quelque chose comme d’une pelote. Un autre nom de la balle était esteuf, jouer un esteuf à quelqu’un, c’était lui jouer un tour. Renvoyer l’esteuf signifiait riposter ; se jeter l’esteuf, se donner un mutuel appui ; suivre son esteuf, continuer comme on a commencé ; courir après son esteuf, chercher un avantage incertain, ou s’efforcer de ravoir ce qu’on a laissé échapper. Ma droite balle signifiait ce qui me convient le mieux. Le mot chasse désignait le lancement de la balle par un loueur, et par extension la chute de la balle à telle ou telle place ; marquer une chasse, c’était donc noter avec précision une action qui venait d’être faite, remarquer exactement une chose. Une chasse morte, c’était une chose qui ne comptait pas, un coup perdu, une entreprise manquée, un événement qui n’avait pas de suite. On gagnait ou on perdait une chasse selon qu’on lançait la balle avec plus ou moins de succès que l’adversaire gagner une chasse signifiait donc emporter un avantage. Au jeu de boules, tenir pied à boule, c’était tenir le pied posé près de l’endroit où la boule s’était arrêtée ; au figuré, ne pas s’écarter d’un lieu, ou bien rester attaché avec persévérance à une occupation, à un travail. On appelait tablier la planchette servant à différents jeux : échecs, dames, trictrac. Mettre une chose sur le tablier, c’était, au figuré, l’exposer au hasard d’une lutte. Être maître du tablier, c’était être victorieux.

Le commerce, les métiers fournissaient des expressions comme le cours du marché, c’est-à-dire la manière dont les choses se passent ordinairement. Amender son marché signifiait améliorer sa situation. Ne faire d’une chose ni mise ni recette, n’en pas tenir compte, n’en faire aucun cas. Carreler un soulier, au sens propre, c’était y mettre une pièce, un carcel : se carreler le ventre, prendre une carrelure de ventre, c’était faire un bon repas. A triple semelle signifiait au suprême degré, tandis que l’expression à simple semelle indiquait une qualité moyenne : un sot à triple semelle, un avocat à simple semelle. Pour dire qu’un homme était indocile, qu’il se pliait difficilement à l’obéissance, on disait qu’il était difficile à ferrer. Démêler un fuseau, une fusée, c’était débrouiller une affaire compliquée. Toutes les occupations domestiques fournissaient aussi leur apport.

Une des sources les plus abondantes, c’était la chasse. Être bon pour la plume et pour le poil, c’était avoir des aptitudes variées. Conniller, se dérober comme un lapin, un connil, qui se réfugie dans un terrier, user de ruses, de subterfuges pour éviter un danger ou une difficulté. Prendre le contre-ongle de quelque chose, c’était aller à l’opposé, faire le contraire, comme les chiens qui vont à rebours de la piste : nous disons encore aujourd’hui le contre-pied, qui a la même origine. La fauconnerie nous avait donné de nombreuses expressions : par exemple tiercelet, mot désignant, parmi les oiseaux de proie, le mâle, d’un tiers plus petit que la femelle. De là un tiercelet de prince, de gentilhomme, pour qualifier un prince, un gentilhomme de très petite importance. Leurrer quelqu’un n’était pas primitivement le tromper : c’était plutôt l’instruire, comme le faucon que l’on dresse à l’aide du leurre ; c’était aussi l’attirer, comme le faucon que l’on habitue à venir au leurre.

La langue figurée avait une grande richesse de termes pour désigner tout ce que l’esprit populaire voulait rendre avec une force particulière. Pour exprimer l’idée de battre, par exemple, elle avait testonner, tricoter, doler, galer, charpenter, pelisser ou faire un pelisson de coups, bourrer le pourpoint, hausser le menton, trousser en malle, draper, battre à double carillon, carillonner sur le dos, charger de bois, faire crocheteur, se mettre sur la draperie, sur la friperie, sur la mercerie de quelqu’un, en donner tout du long et du large, en donner depuis miserere jusqu’à vitulos, et bien d’autres locutions encore. Pour exprimer l’idée de vol, on pouvait dire faire mitaine de la bourse d’autrui, ferrer la mule, expression réservée aux larcins des valets et servantes, allonger les s, qui se disait d’un compte de marchand quand les chiffres étaient excessifs. Le coupeur de bourses était appelé soldat de la courte espée, chevalier de la petite espée. Un buveur se bridait de sarment, se chargeait à poids de marc, se barbouillait l’armet, coiffait son heaume, ourlait son bonnet.

Les locutions figurées sont souvent très obscures. Même quand le contexte indique clairement le sens, il n’est pas toujours possible de voir quel est le lien entre l’idée et l’expression. Une des causes de cette difficulté, c’est que parfois l’expression est tout à fait déformée, fait fréquent encore aujourd’hui dans la langue populaire et familière. Dans ce cas, le lien se trouve rompu, et il est extrêmement difficile, quelquefois impossible, de le renouer. Ce qui prouve que le fait n’est pas rare, c’est que plusieurs fois, à côté de la locution correcte et logique, on en trouve une autre complètement altérée, dont le sens ne peut, être établi que grâce à la persistance de la première.

Jusqu’ici, j’ai parlé seulement de ce qui n’existe plus. Ce sera naturellement le principal élément de ce dictionnaire. Mais si beaucoup de mots ont été éliminés, un grand nombre aussi ont subi des changements de sens qui doivent être enregistrés. De nouveaux besoins sont nés depuis le xvie siècle. Une partie des mots surabondants sont restés, les uns pour exprimer des idées nouvelles, les autres pour marquer distinctement des nuances qui, auparavant, étaient confondues dans une commune expression. Chaque siècle a travaillé à mettre en œuvre et à bien ordonner tous les matériaux, anciens ou nouveaux. Ce travail, auquel s’emploie toute la nation, dure encore et durera toujours, car jamais une langue vivante n’est immobile et définitivement fixée. Le désir d’être bien compris, d’employer des mots qui correspondent exactement aux choses, qui expriment la pensée sans possibilité d’équivoque, est une force toujours active, qui fait que tous, ignorants et lettrés, remanient sans cesse le vocabulaire, le modifient, le renouvellent, le précisent, toujours à la poursuite d’une perfection qui ne peut pas être atteinte.

Souvent, un même mot se présentant sous deux formes différentes, nous avons gardé les deux formes et nous nous en sommes servis pour marquer une distinction utile. Le xviie siècle disait encore s’asseoir sur une chaire de paille, et le prédicateur monte en chaise. Fantasque et fantastique s’employaient l’un pour l’autre au xvie siècle : nous ne pourrions plus dire aujourd’hui qu’un récit est fantasque, ou qu’un homme est fantastique. Les doublets loyal et legal étaient absolument équivalents, ainsi que loyauté et legalité. Nous en sommes venus maintenant non seulement à les distinguer, mais parfois même à les opposer l’un à l’autre. Nager a signifié naviguer, et quand il a remplacé le vieux verbe nouer, son doublet savant s’est trouvé là pour prendre sa place. On a employé autrefois confidence dans le sens de confiance : avoir confidence au médecin, aux remèdes. La distinction que nous avons établie entre les deux mots correspond bien à une distinction de deux idées. Dans venimeux et vénéneux les éléments sont exactement les mêmes. Vénéneux n’apparaît qu’au xvie siècle : jusque-là venimeux s’est dit des végétaux aussi bien que des animaux et conserve longtemps encore sa signification générale. Attaquer, venu d’Italie, trouve en face de lui le mot français attacher : pendant un certain temps on continue à dire attacher pour attaquer, et attache pour attaque, puis on habitue à donner aux nouveaux venus le sens qui leur était particulier dès leur entrée dans notre langue. Cap, mot d’emprunt, est le même mot que chef. Aussi pendant longtemps on a continué à appeler chef un promontoire, et inversement cap dans le sens de tête se trouve encore dans l’expression de pied en cap. Cueillette a eu autrefois, entre autres sens, celui de collecte, et l’on a dit la cueillette des impôts, des aumônes. Il serait facile d’allonger cette liste, qui pourrait comprendre beaucoup de nos doublets, tous ceux qui étaient encore confondus au xvie siècle et qu’on a distingués seulement après cette époque.

Pendant longtemps, on a vu confondus dans un même sens des mots qui avaient un radical commun.

Jet est le substantif verbal de jeter, et jeton est un dérivé du même radical. Autrefois jet a désigné un jeton pour compter : Je ne sçay conter ny get, ny à plume. Montaigne, II, 17. — Il a aussi signifié calcul, et jeter a signifié calculer, littéralement compter à l’aide de jetons : Cette foie curiosité de mesurer le Ciel… consumer son temps à conter, getter. L. Labé, Debat de Folie et d’Amour, 5.

Negoce et negociation ont eu l’un et l’autre le sens général d’occupation, affaire. Puis l’un comme l’autre a signifié commerce, et le mot negociateur s’est employé pour désigner un marchand, un négociant : Jesus l’estat [de marchand] appreuve En l’Evangile, en laquelle lon treuve Qu’il a loué negociation. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, ix, 1. — Si le gaing des laboureurs est moindre, toutesfois il est plus certain et sans danger, que celuy des marchands et negotiateurs. Seyssel, trad. d’Appien, Guerre libyque, 9.

Olive a désigné l’olivier, l’arbre aussi bien que le fruit. Mais la Paix bien-heureuse a son retour arrive Ceinte tout à l’entour des branches de l’Olive. Ronsard, Poemes, Retour d’Anne de Montmorency.

Chariot et charrette ont été employés dans le même sens que char : Luy mesure monta dessus son chariot triumphal, et alla ainsi par toute la ville. Amyot, Marcellus, 8. — Ainsi a que le ravy Prophete Dans une flambante charette Haut eslever en l’air s’est veu. Ronsard, Odes, V, 4. — Charretier ou chartier a désigné le conducteur d’un char : Juturne… Par terre abbat Methisque le chartier Du Roi Turnus. Des Masures, Eneide, 12.

Change a eu tous les sens du mot changement : Il n’a jamais souci du change des saisons. Ronsard, Bocage royal, 2e partie.

Feinte et fiction pouvaient s’employer indifféremment. On disait les feintes de la poésie, et les fictions destinées à tromper quelqu’un : Vray est qu’en tout trois Graces nous sont peintes Des anciens : mais ce ne sont que feintes. Marot, Leander et Hero. — Il y a bien des gentils-hommes qui aiment sans fiction. François d’Amboise, Dialogues et Devis des Damoiselles, 149 ro.

Soutenance et soutenement ont eu tous les deux le sens de soutien : Mais mon Dieu est ma soustenance Et l’appuy de mon esperance. Th. de Bèze, Ps. de David, 94. — Quel plaisir reçois-tu de ravir de mes bras Le seul soutenement de ma chetive vie ? Baïf, Amours de Meline (I, 17).

Concordance a signifié concorde : Juppiter… Met tout discord en bonne concordance. Lemaire de Belges, 3e Conte de Cupido et d’Atropos.

Déclinaison a signifié déclin : Celuy qui… a mieux sceu escrire la declinaison de l’Empire de Rome, est Zozime. E. Pasquier, Lettres, XII, 2.

Défi a eu le sens de défiance, et défiance a eu le sens de défi  : Il me tient en grand deffy de soy. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, I, 14. — Combatre te veux à outrance. Vien doncques, ne retardes pas… Je t’envoye ma deffiance. Marg. de Nav., Les Marg., Chansons spirituelles.

Jardinage ne signifie plus aujourd’hui que culture d’un jardin ; — mais -age, qui est devenu ainsi un suffixe d’action, a été autrefois, dans ce mot comme dans d’autres, un suffixe collectif et a signifié jardin. Il a désigné, en outre, les produits des jardins : En ce mesme mont… y a des plus beaux jardinages et verglas qu’on sçaurait voir. Thevet, Cosmogr., VI, 14. — Planté de bledz, legumaiges, fruitages, jardinaiges, beurres, laictaiges. Rabelais, Pantagr. Prognost., 6.

Marine a été synonyme de mer : On ne voit plus une Saphon Pour son Paon precipitee : Ny sur la marine irritee… Nouer un Leandre amoureux. Belleau, Petites Inventions, à l’Amour.

Signal et signe se confondaient souvent. Le signal pouvait être le signe auquel on reconnaissait une personne ou une chose, et l’on donnait le signe du combat : On peut connoistre aisément ce garçon Par maint signai à luy voir la façon. Am. Jamyn, Poesies, L. V, 260 vo. — Le signe estant donné, la bataille commence. Du Bartas, Lepanthe.

Entente a signifié intention, et aussi attention : Va, vogue, fuy, persiste en ton entente. Forcadel, Poesies, p. 64. — Croy moy, Princesse, et preste ton entente. Lemaire de Belges, 2e Epistre de l’amant Verd.

On a dit estime pour estimation, évaluation d’un objet, et estimation pour estime, opinion qu’on a de quelqu’un : Il me dit qu’a son advis, vous vous trompiez grandement en l’estime des biens de feu monsieur vostre pere. St François de Sales, Lettres, 853. — Alexandre le grand… l’avoit [Diogène] en telle estimation, qu’il souhaytoit en cas que Alexandre ne feust, estre Diogenes Sinopien. Rabelais, III, Prologue.

Barbarisme a été synonyme de barbarie, cachot de cachette, vacation de vacance : Voyez quelle vertu avoit une telle beauté et telle grâce, de faire tourner un barbarisme grossier en une douce civilité et gratieuse mondanité. Brantôme, des Dames, la Reyne d’Escosse. — Les bestes sauvages laissent leurs cavernes et cachots. Paré, XXIV, 6. — De ce droit d’Investiture vient celuy de Regale, duquel nos Rois jouissent advenant vacation d’aucun Evesché. Fauchet, Lib. de l’Eglise gallicane.

Croisée s’est dit aussi pour croisade, et croisade pour croisement : On tint un Concile à Clermont en Auvergne, auquel fut conclue celle merveilleuse Croisee du voyage de la Terre Sainte. Thevet, Cosmogr., XV, 16. — [L’espalier] traversant aucun desdits Jardins par croisades et autrement. O. de Serres, Th. d’Agric., VI, 20.

Célébrité n’a pas toujours été bien distinct de célébration : Elle s’en alla vers les sages Gymnosophistes… les priant… qu’ilz vousiesent tant faire… que d’honorer la celebrité des sacrifices de leur presence. Amyot, Hist. Æthiop., L. X.

Communion a été pris dans le sens de communauté ; communication dans celui de communion : La communion des femmes et enfans, introduitte en la Republique de Platon. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, II, 2 (titre). — Nausea baille son conseil a Ferdinand de nous conceder la communication soubz les deux especes. Calvin, Lettres, 228.

Compétence s’est dit pour compétition Les Canonistes sont en competence avec nos maistres de Theologie pour la preseance. Marnix, Differ. de la Relig., I, v, Préface.

Acception s’est dit pour acceptation, et acceptation pour acception. Accepter pouvait se dire à la même époque là où nous disons faire acception de : Nostre justice devant Dieu est une acception, par laquelle nous recevant en sa grace il nous tient pour justes. Calvin, Instit., III, xi, 2, — Rendre la justice au peuple, autant aux petits qu’aux grands, sans acceptation de personne. L’Hospital, Reform. de la Justice, 4e partie. — Il failloit à un chascun faire droict, sans varier ny accepter personne. Rabelais, II, 13.

On a employé hérédité dans le sens que nous donnons à héritage, résidence dans celui de résidu, procédure dans celui de procédé : On prioit l’huilier de vouloir rendre l’heredité à tel ou tel. E. Pasquier, Lettres, XIX, 13. — Tout ce qu’il y a de gros et de terrestre dedans le vin… fait une residence de lie. Amyot, Causes naturelles, 10. — Les actions et procedures de cette Providence au regime et gouvernement de ce monde, sont si diverses, qu’elles semblent souvent se contrarier. Charbon, Disc. chrest., I, 9.

Nous voyons souvent leçon pour lecture, et lecture pour leçon : Il… se feit lire devant luy l’Histoire de Quintus Curtius, des faicts et gestes d’Alexandre le grand : à la leçon de laquelle il prit… merveilleux plaisir. Amyot, Vies. Aux Lecteurs. — Un quidam des regens disoit souvent en ses lectures qu’il n’y a chose tant contraire à la vue comme est la maladie des yeulx. Rabelais, II, 5.

Grossesse a été synonyme de grosseur, hautesse de hauteur, largesse de largeur, longitude de longueur : La grossesse de la voix. G. Bouchet, 3e Seree. — Ses cornes donc prisa Pour leur force et haultesse, Ses jambes desprisa Pour leur seiche maigresse. Corrozet, Fab. d’Esope, 36. — Et que soudain la hauteur et largesse De tous les cieux aux abysmes s’abbaisse. Marg. de Nav., les Marguerites, Triomphe de l’Agneau. — Au paravant que la chair fust bruslee, la douleur seroit trop grande, pour la longitude du temps que l’on seroit à la brusler. Paré, XVI, 30.

Chrestienté s’est dit pour christianisme, royaume pour royauté : Ils ne sont point Anthropophages, à cause que la Chrestienté leur a osté ceste brutalité. Thevet, Cosmogr., XIX, 15. — En la Loy ç’ont esté deux choses incompatibles, que le royaume et la sacrificature. Calvin, 1er Serm. de Melchisedec.

Antiquaire signifiait souvent antique : Une lanterne antiquaire, faite industrieusement de pierre sphengitide. Rabelais, IV, 1.

Chaleureux était le synonyme de chaud, même au sens matériel : [Le Soleil] retourne Fraper à plomb nos Chams de ses rais chalureux. Baïf, 1er des Meteores.

On trouvait continuel dans le sens de continu, luxurieux dans celui de luxuriant, oiseux dans celui d’oisif. Il ne voyoit là aucune jointure, ains seulement un enduit continuel. Béroalde de Verville, Voyage des Princes fortunez, p. 782. — Pour abaisser l’orgueil des jeunes et luxurieux arbres, et luxurieux arbres, et hausser le cœur aux vieux et langoureux. O. de Serres, Th. d’Agric., VI, 27. — Que feroy-je en telle saison, Sinon oiseux à la maison… Pres du feu faire bonne chere ? Ronsard, Gayetez, 2.

Originaire se confondait parfois avec original, et original avec originel : Aussi quittons-nous les vieilles traductions, et voulons avoir recours aux livres originaires. E. Pasquier, Lettres, II, 6. — Par maladie, helas, si generale Que presque c’est macule originale Secondement survenue au grand dam De tous tes filz yssus d’Eve et d’Adam. Lemaire de Belges, 3e Conte de Cupido et d’Atropos.

Partial avait entre autre sens celui de partisan. Il signifiait aussi homme de parti, et partialité servait à désigner dans une ville, dans un État, les partis politiques : Je ne suis partial… ne du pape, ne de l’empereur, ne du roy d’Espaigne, ne de la royne d’Angleterre. L’Hospital, Mémoires, II, 255. — Il estoit assez sedicieux et partial. Louveau, trad. des Nuits de Straparole, II, 5. — Or y avoit il dedans Rome deux ligues et partialitez, l’une de Sylla, qui estoit forte et puissante, et celle de Marius, qui n’osoit pas alors lever la teste. Amyot, César, 6.

Social se trouvait dans le sens de sociable, natif dans celui de natal : La vieillesse a un peu besoin d’estre traitee plus tendrement. Recommandons la à ce Dieu, protecteur de santé et de sagesse : mais gaye et sociale. Montaigne, III, 13. — J’eusse laissé le port de ma terre native. P. de Brach, Poemes et Mesl., L. III, S. 9.

Continent, employé comme adjectif, signifiait continental. De même paradoxe, semestre, trimestre s’employaient là où nous dirions aujourd’hui paradoxal, semestriel, trimestriel : Ce que j’ay dict des isles se peult aussi attribuer à la terre continente. Thevet, Cosmogr., IV, 9. — C’est doctrine moult paradoxe et nouvelle. Rabelais, III, 8. — Faire les magistrats semestres, à fin que tous les semblables y ayent part. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, V, 8. — Venons maintenant aux principales pieces de ceste triennale et trimestre publication et negociation. Charron, Disc. chrest., Redemption, 10. Territoire s’employait dans le même sens que terrestre : Es choses territoires n’y a perfection ne felicité. Marg de Nav., Heptam., 19.

Univers, employé comme adjectif, signifiait universel. On disait souvent le monde univers. Université signifiait universalité : Un preux, un conquerent, un pretendent et aspirant à l’empire univers, ne peut tousjours avoir ses aizes. Rabelais, I, 33. — L’enseigne et la marque d’une loy naturelle est l’université d’approbation. Charron, Sagesse, II, 3.

Sanguinaire avait comme synonymes sanglant et sanguinolent : Fredegonde avoit à son service des gens de pareil naturel, et aussi sanglant qu’elle. Fauchet, Antiquitez, IV, 13. — Il fallut de rechef que les Muses cedassent, et Mars cruel et sanguinolent eust lieu en leur endroit. Thevet, Cosmogr., XIV, 19.

Au lieu des adjectifs blanc, blond, brun, jaune, noir, etc., on employait souvent blanchissant, blondissant, brunissant, jaunissant, noircissant : Junon au coude blanchissant. Am. Jamyn, Iliade, XV. — Pourquoy… Arrachez-vous ainsi vos tresses blondissantes ? R. Garnier, Troade, 558. — De ton œil brunissant sort le coup qui m’entame. Magny, Souspirs, S. 96. — Son Cymeterre en arc se flechissant Feut esmaillé de jaspe jaunissant. Du Bellay, Eneide, IV. — Fay luy le cheveu noircissant En longues tresses finissant. Belleau, Odes d’Anacreon.

Egaler, outre son sens actuel, avait celui que nous donnons à égaliser : Il vouloit imiter Solon et Lycurgus, en egalant les biens de ses citoyens. Amyot, Cléomène, 8.

Pendant, substantif, avait souvent, le sens de pente. D’autre part, la parenté entre pendre et pencher se marquait dans ce fait que pendre signifiait souvent pencher : Elle est bastie toute en pendant, et a son Eglise Metropolitaine au plus haut du mont. Thevet, Cosmogr., XV, 1. — Je congnoissois bien à ses responses… pendoit quelque peu de ce cousté là de la religion. Monluc, Comment., L. V (II, 369).

On voit par ces exemples quel travail s’est fait dans notre langue pour attribuer autant que possible à chaque mot son rôle, pour partager de plus en plus les emplois. Malgré la richesse de notre vieux vocabulaire, il a fallu créer beaucoup de mots nouveaux pour arriver à la spécialisation des anciens : par exemple, continental, semestriel, trimestriel ne semblent pas avoir existé au xvie siècle. La formation de ces adjectifs a permis à continent, semestre et trimestre de se restreindre au rôle de substantifs.

Le xvie siècle n’avait pas encore tiré de l’emploi des préfixes tous les avantages que ce procédé peut offrir pour la distinction des sens. On employait très souvent dans le même sens le simple et le composé.

Cumuler, comme accumuler, avait le sens d’entasser : Ces geants… Qui montz sur montz s’efforcent cumuler. Marot, Serm. du bon pasteur et du mauvais.

Prouver, approuver, esprouver, preuve et espreuve confondaient très souvent leurs sens. Ainsi prouver s’employait pour approuver et pour esprouver : Cyrus… prouva ce conseil, et par ce tendit à l’executer. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 79. — Mais moy, qui jusqu’icy n’ay prouvé que la peine… La douleur, le soucy, les regrets, les ennuis… Je vieillis peu à peu sur l’onde Ausonienne. Du Bellay, Regrets, 35. — Approuver s’employait pour prouver et pour esprouver : Quand les Prophetes ont voulu approuver qu’ils estoyent envoyez de Dieu, ils ont dit : Je ne seray point Prophete si ceci n’advient. Calvin, 111e Serm. sur le Deuter. — Le prudent vigneron doibt planter le complant qu’il aura practiqué et approuvé estre le meilleur, sans y entremesler d’aultre. Cotereau, trad. de Columelle, III, 20. — Esprouver pouvait signifier prouver : Dieu leur avoit esprouvé sa puissance, afin qu’ils s’y fiassent. Calvin, 6e Serm. sur le Deuter. — Preuve s’employait pour espreuve, et réciproquement : Il vouloit faire une preuve et une dection des estrangers, pour donner à ceulx qu’il cognoistroit plus gens de bien droit de bourgeoisie Spartaine. Amyot, Cléomène, 10. — Celuy entre les Turcs est seulement reputé noble, qui en faict de guerre a donné plusieurs espreuves de sa vaillantise. E. Pasquier, Recherches, II, 17.

Advenir se trouvait dans le sens de parvenir, de devenir, et de convenir : Le moyen qu’il teint pour advenir à ses fins. Amyot, Alcibiade, 15. — Quand il est advenu Roy, et que les richesses du pais luy sont devant les yeux. Calvin, 106e Serm. sur le Deuter.Ceste livree [de pers et vert] luy advenoit bien, veu qu’il avait esté pervers. Rabelais, II, 31.

Franchir signifiait souvent affranchir : Charlemagne… les franchit, et leur ottroya quilz peussent vivre selon leur mode et leurs loix. Lemaire de Belges, Legende des Venitiens, 2.

Annoter s’employait pour noter : Le vin, comme Aristote annote, s’accommodant à la nature des beuveurs. G. Bouchet, 1re Seree.

Attenuer et extenuer se confondaient : Ilz n’ozoient venir à la bataille, estans leurs hommes si affoiblyz et si attenuez à faulte de manger, que plusieurs en mouraient de faim. Amyot, trad. de Diodore, XIII, 28. — Ceux qui le font ne doyvent point extenuer leurs fautes, ne prendre vaine couverture. Calvin, Que doit faire un homme fidele entre les papistes.

Tirer avait souvent le sens d’attirer : Mais il faut par bien-faits et par caresse d’yeux Tirer en ta maison les ministres des Dieux, Les Poëtes sacrez. Ronsard, Odes, III, I.

On employait complainte pour plainte, compromettre pour promettre, contourner pour tourner, fier pour confier, sacrer pour consacrer, citoyen pour concitoyen : Il execute ses jugemens, quand les povres oppressez luy adressent leurs complaintes. Calvin, Instit., III, xx, 15. — L’alliance et la foi compromise. Des Masures, David fug., 1255. — Malheureux sont ceux qui destournent les creatures de leur Createur, pour les contourner au peché. St François de Sales, Vie devote, II, 13. — Nul ne fie son secret à l’yvrongne, chacun le fie au sage. Montaigne, III, 4. — Belle à qui pay sacré et mes vers et ma peine. Aubigné, Primtems, II, 16. — L’un et l’autre à la fin encourut la haine et malvueillance de ses citoiens. Amyot, Thésée, 2.

Comporter s’employait dans le sens de supporter, se comporter dans celui de se transporter : Je ne scay comment je comporteray la douleur en laquelle vous me laissez. Le Maçon, trad. de Boccace, Décaméron, X, 9. — Quand dans un verger de plaisance Lasse elle alloit se comportant. Buttet, Ode 2. — Porter signifiait souvent comporter, se porter avait souvent le sens de se comporter. Porter signifiait aussi supporter : [Les assiegez] capitulèrent et receurent une composition plus honneste que le droit de la guerre ne portoit. Aubigné, Hist. Univ., XI, 14. — Si par le passé je me suis portée en jeune fille, à l’advenir je me comporteray en femme. Larivey, le Fidelle, IV, 4 — Ne pouvant plus porter cette haine publique, ils se pendirent eux-mesmes. Montaigne, III, 12.

Confluer s’employait pour affluer, conserver pour préserver, consister pour subsister : Tous ceux qui menent ceste vie y acourent, et confluent de tous costez. Amyot, Hist. Æthiop., L. I. — Floride… s’en alla en un oratoire se recommander à Nostre Seigneur… luy priant de vouloir conserver son cueur de toute meschante affection. Marg. de Nav., Heptam., 10. La vigueur de ce corps ne sauroyt consister A peine un jour, si faim vient à le molester. Aubigné, Création, ch. 6.

Delaisser s’employait pour laisser, denoncer pour annoncer : Les jardins et vergers que Caesar delaissa par testament au peuple Romain. Amyot, Fortune des Romains, 5. — Il denoncea et publia par affiches, que ce mesme jour la il vouloit lever gens pour la guerre. Amyot, Camille, 39. — On trouvait dénonciation pour annonce : La rigueur de ma peine n’est que la semonce et denonciation de la leur. Du Vair, Medit. sur les Lament. de Jeremie, 1. — Prononcer aussi s’employait pour annoncer : D’autre costé j’oy la bise arriver Qui en soufflant me prononce l’yver. Marot, Eglogue au Roy.

Descrire se trouvait dans le sens d’escrire, d’inscrire et de transcrire : Tesmoings ces pauvre Coriolanus, Sertorius, Lucullus, Scipion, et une infinité d’autres, desquels les noms seroient trop longs à descrire. Brantôme, M. de La Noue. — Je vous retiens… en estat et office de mes abstracteurs. Par Geber mon premier Tabachin y serez descris. Rabelais, V, 21. — Comme il appert par son Epitaphe… lequel je vous ay bien voulu descrire icy en François de mot à mot. Thevet, Cosmogr., XIV, 15.

On disait très souvent nier pour dénier, pendre pour despendre, route pour déroute : La terre… Nia son vin, ses pommes et son blé, Et de ses fils detestant la misere, Devint marastre en lieu de bonne mere. Ronsard, Elemens ennemis de l’Hydre. — J’ay veu que sous la Lune Tout n’estoit que hazard et pendoit de fortune. Ronsard, Amours diverses, à N. de Neufville. — Les Sicyoniens mesprisans ceulx d’Athenes pour ceste grande route qu’ilz avoient receue pres de Delion, se rebellerent contre eulx. Amyot, trad. de Diodore, XII, 21.

On employait souvent efforcer pour forcer, eslancer pour lancer, espuiser pour puiser, change pour eschange : En parlant et plaidant il efforçoit sa voix. Fouquelin, Rhet. franç., 59 vo. — Le Moenetien… Eslança le premier son javelot luisant. Am. Jamyn, Iliade, 16. — Il espuisoit du vin hors d’un vase profond Et le versoit en terre. id., ib., 23. — Voulez-vous faire change D’un vrai père à un père estrange ? Marot, Colloques d’Erasme.

Nous voyons fermer pour enfermer, trainer pour entrainer, emporter pour comporter et pour importer, enluminer pour illuminer : Ils virent le gouverneur s’estre fermé dedans sa maison avec ses gardes. E. Pasquier, Lettres, XVII, 3. — Aux armes les faultes sont irréparables. Une bien légère traîne souvent après soy une grande perte. Monluc, Comment., L. I (I, 96-97). — Il ne se met point à pari quant à l’adoration de Dieu, laquelle emporte aussi bien les sacrifices. Calvin, Instruct. contre les Anabaptistes. — Il emporte beaucoup… de sçavoir lequel de ces deux langages… approche plus de la perfection. H. Estienne, Dial. du Lang. franç. ital., II, 233. — Une lumiere claire comme l’esclair du tonnerre luy enlumina la teste tout alentour. Amyot, Fortune des Romains, 10.

Veue avait entre autres sens celui d’entreveue : Apres la prinse de Genes et la veue des deux roys à Savonne, celluy de France repassa par sa ville de Milan. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 28.

Informer s’employait pour former, information pour formation, importun pour inopportun : Il est force que quand on approche des choses, on soit si informé et moulé… par icelles. Amyot, Contre Colotes. — Ces deux [la comédie et la tragédie]… tendent plus à la corruption que à la bonne information des mœurs. Des Autels, Replique à Meigret. — Faire testament à ceste heure… me semble acte… importun et mal à propos. Rabelais, IV, 21.

Rompre signifiait souvent interrompre : Pour ne rompre son disner, voyre ny son sommeil. Montaigne, II, 4.

Parfumer se confondait avec enfumer : Le moien extreme est de faire sortir les Abeilles du creux de l’arbre, et ce en les parfumant avec de la fumee de drapeau qui brusle. O. de Serres, Th. d’Agric., V, 14.

On trouve suite au lieu de poursuite, proposer pour exposer, prevoir au lieu de pourvoir : Ainsi est il de Phebus et Daphné : Espoir le rend fort leger à la suyte, Craincte la rend fort legere à la fuytte. Marot, trad. de la Metamorph., I. — Les fouaciers… davant leur roy… proposerent leur complainte. Rabelais, I, 26. — Elle renversa… la table qui estoit chargée de viandes, et… dit qu’elle croit ce fait par mesgarde et voulant prevoir au service. Des Périers, Nouv. Récr., 127.

Ressembler s’employait pour sembler, et réciproquement ; récompenser avait Souvent le sens de compenser, et rarement son sens actuel ; récompense signifiait compensation ; cueillir, dont les sens étaient très variés, avait entre autres celui de recueillir : Il ressembloit comme au dernier souspir Rendre son âme. P. de Brach, Aminte, V, 1. — La beauté semble à la rose vermeille Qui meurt incontinent. Ronsard, Odes, III, 13. — Ceste entrée de guerre eust esté peu heureuse pour eux, si d’autres effects n’eussent recompensé les premiers defauts. La Noue, Disc. pol. et mil., XXVI, 2. — Nature, en recompense de telle difformité, luy donna un don singulier. Corrozet, Vie d’Esope. — Si je suis morte alors qu’arriveras, A tout le moins mes os tu cueilliras. Ch. Fontaine, XXI, Epistres d’Ovide, 10.

On disait remarquer pour marquer, remarque pour marque, regard pour égard : chascun se campant qui deçà, qui delà, De hayes, de buissons remarqua son partage. Regnier, Sat. 6. — La longue chevelure, sous la première lignée de nos Roys, avoit esté la plus signalée remarque de leur Royauté. E. Pasquier, Lettres, XIV, 2. — Il a regard à nostre infirmité ; il nous donne vertu telle qu’il sait nous estre propre. Calvin, 80e Sermon sur le Deuter.

Douter signifiait craindre, comme redouter ; susciter s’employait pour ressusciter, et aussi pour exciter : J’ay peur que vostre amour par le temps ne s’efface, Je doute qu’un plus grand ne gaigne vostre grace, J’ay peur que quelque Dieu ne vous emporte aux Cieux. Ronsard, Elegie 2. — [Jésus Christ] Sa deité monstra par ses miracles… Suscitant mors, imperant à la mer. J. Bouchet, Ep. fam. du Trav., 90. — Les Atheniens… estoyent poulsez et suscitez par les ordinaires harengues de Demosthenes. Amyot, Demosth., 17.

Commander se confondait avec recommander, tourner avec retourner, verser avec renverser, recueillir avec accueillir, et recueil avec accueil : [Jésus-Christ] Son ame à Dieu recommanda, Et a sainct Jehan sa mere commanda. J. Bouchet, Ep. fam. du Trav., 90. — Le roy estant à Carmagnoles, envoya dire au marquis qu’il ne vouloit tourner en France sans le voir. Brantôme, Marquis del Gouast. — [Le comte de Brissac] fut porté par terre de trois coups d’espée et plusieurs hommes de marque versez aupres de lui. Aubigné, Hist. Univ., XIII, 12. — Pourquoy differes tu ? Fus tu mal recueilly lorsque luy presentas le Jugement de Minos ? Marot, Temple de Cupido. Au Roy. — Lors s’y trouva la dame, qui leur feit le meilleur recueil du monde. Marg. de Nav., Heptam., 44.

Souscrire s’employait pour escrire, et aussi pour inscrire : Sus donc, enfant, sus viste va soubscrire En mon livret ce que je vien de dire. Fr. Habert, trad. d’Horace, Satires, I, 10. — J’ay mis sur le front de mon livre Un beau nom pour le faire vivre D’age en age eternellement, Et ores qu’à la fin j’arrive Il faut qu’un beau nom j’y soubzcrive Digne d’un tel commancement. Magny, Odes, II, 242. — Dans ce dernier exemple, il est vrai, souscrire dit plus qu’inscrire : il signifie écrire au-dessous, à la fin. Dans un sens analogue, il s’employait souvent là où maintenant nous dirions signer.

L’usage des préfixes est un précieux moyen de tirer d’un radical un très grand nombre de significations, Aussi, en suivant l’évolution du sens des mots, voyons-nous cet usage soumis à des règles de plus en plus précises. La valeur des préfixes tend d’une manière continue à se mieux déterminer, et la confusion d’autrefois fait place a une répartition d’emplois qui est une des causes de la clarté du français moderne.

Le sujet ne change pas, il ne fait que s’élargir quand nous passons aux mots qui ont des radicaux différents. Là aussi nous voyons des mots qui autrefois ont été synonymes et qui ont fini par s’appliquer à des choses très diverses. La modification du sens des synonymes est un fait très important dans l’histoire de notre langue. Si deux mots ont exactement le même sens, nous éprouvons toujours le besoin de trouver une différence entre eux, et, comme elle n’existe pas, nous la créons. Les deux mots cessent de pouvoir s’employer indifféremment l’un pour l’autre et en viennent souvent à être séparés par une large distance. C’est ainsi que s’imposent à l’esprit des distinctions nouvelles, que l’on aperçoit des nuances longtemps indécises, que l’on analyse les idées avec une finesse minutieuse. L’étude de notre Langage abstrait est à ce point de vue extrêmement instructive. Mais, dans toutes les catégories de mots, on peut trouver de nombreux exemples. D’ailleurs, le travail inconscient de notre esprit s’accorde souvent avec les faits extérieurs qui rendent nécessaires ou du moins très utiles les distinctions qui se font entre des mots primitivement synonymes.

Dans la première moitié du xvie siècle, l’auteur d’un livre pouvait être appelé auteur, comme aujourd’hui. Il pouvait aussi s’appeler facteur, ce mot ayant été pris dans un sens général. Beaucoup plus tard même, saint François de Sales appelait encore Dieu facteur de toutes choses. Dieu était le facteur du monde, et Virgile le facteur de l’Énéide : Il n’est facteur qui sceust en prose ou rime Bien declarer la supernelle grace Que je viz lors en ceste belle face. Michel d’Amboise, Complaintes de l’Esclave fortuné, 33 vo. — Dieu est le facteur et pere de toutes choses. St François de Sales, Amour de Dieu, IV, 8. — L’auteur d’un livre pouvait aussi s’appeler acteur : Je n’ay veu acteur quelconque qui en escrive aucune chose plus avant, sinon Ovide au quatrieme de sa Metamorphose. Lemaire de Belges, Illustr., I, 27. — Avant la fin du xvie siècle, l’usage avait déjà séparé les trois mots auteur, facteur et acteur.

Le mot physicien, avant que les progrès des sciences physiques eussent exigé sa spécialisation, avait été l’un des noms qui désignaient les médecins. Henri Estienne le considérait comme vieux en ce sens, mais Larivey l’employait encore : Le fisicien, ou medecin, par le moyen de ses sirops, pillules et medecines, guarit les corps des fiebvres et autres infirmitez. Larivet, le Fidelle, IV, 1.

Le statuaire s’appelait encore un tailleur, ou un tailleur d’images, bien que le mot statuaire fût depuis longtemps en usage : Phidias, bon et excellent tailleur. Ch. Fontaine, Fontaine d’Amour, Ép. 7. — Deux images d’Alexandre le Grand… l’une desquelles est de Praxitele, et l’autre de l’œuvre de Phidias, deux des plus excellens tailleurs d’images, qui ayent esté en l’antiquité. Thevet, Cosmogr., XVII, 6. — Henri Estienne considérait comme un néologisme l’emploi de tailleur pour couturier.

Compagnon s’employait dans le sens de collègue : les deux consuls étaient appelés compagnons. On l’employait aussi là où nous dirions confrère, en parlant des médecins, par exemple : Il feit elire pour son compagnon au consulat le pere de Lucrece. Amyot, Publicola, 12. — Qui vid jamais medecin se servir de la recepte de son compagnon, sans y retrancher ou adjouster quelque chose ? Montaigne, III, 37.

Le mot coche pouvait désigner divers véhicules. On l’employait souvent pour char : Marc Antoine fut le premier, qui se fit trainer à Rome… par des lyons attelez à un coche. Montaigne, III, 6.

Un godet, comme un verre ou une tasse, pouvait servir de récipient pour toutes sortes de liquides : Enfans, beuvez à pleins guodetz. Rabelais, III, Prologue.

Grange était un des mots qui désignaient une ferme : Il en achapte force mestairies, force granges, force censes, force mas. Rabelais, IV, Prologue. Un granger, comme encore aujourd’hui dans quelques provinces, était un fermier.

Le mot herbe pouvait désigner les légumes, et herbages, avec un suffixe collectif, avait, aussi ente signification : L’artichot, et la salade, L’asperge, et la pastenade, Et les pepons Tourangeaux Me sont herbes plus friandes Que les royales viandes. Ronsard, Odes, III, 24. — Le medecin… luy ordonnoit l’abstinence de vin, vivre d’herbages. F. Bretin, trad. de Lucien, Menteur, 8.

Unguent était synonyme de parfum, venin synonyme de poison : Et en sentant la tressuave odeur De tes unguens. Marg. de Nav., les Marguerites, Nativ. de J. C. — Elle print d’une main asseuree la coupe où estoit le venin, et… avala brusquement ce mortel breuvage. Montaigne, II, 3.

Anatomie était l’équivalent grec de notre mot latin dissection. Mais dissection ne se répand pas avant le xvie siècle, où nous voyons dans Ambroise Paré le pléonasme dissection anatomique. Dissection et anatomie restent longtemps synonymes : Et eusse bien voulu estre en lieu, où l’on eust fait l’anatomie de ce monstre si rare, pour voir ce qu’il avoit dans le corps. Thevet, Cosmogr., IX, 6.

Expedition s’employait déjà au sens militaire, mais on disait encore en ce sens voyage : les voyages de Terre-Sainte, le voyage de Naples. En ce present livre… nous commencerons à ce voyage des Atheniens en la Sicile, contre les Syracusains. Amyot, trad. de Diodore, XIII, 1.

Invasion désignait l’action d’assaillir : Les hostes et amys dudict Alcibiades qui estoient en la cité de Argos furent souspeçonnez de voloir faire quelque invasion sur le peuple. Seyssel, trad. de Thucydide, VI, 10.

Les mots qui exprimaient des sentiments n’avaient pas toujours un sens bien précis. Dédain pouvait signifier colère, douleur, et aussi dégoût, découragement : [Ninus] en prit un tel desdain qu’il luy fit en achapter la reparation par la perte de sa vie. Cholières, 2e Apres-Disnee. — Il prend en soy un tel desdain, il ronge en son cœur et en son ame un tel despit et chagrin. Brantôme, M. d’Aussun. — Il faut choisir ceux… qui n’auront aucune saveur ny goust malplaisant, à fin que plus longuement et sans dedain ils puissent estre tenus en la bouche. Paré, XXV, 36. — [La vigne] estant mal choisie… ne peut apporter que desdain, voiant perdre la despense emploiee à son elevement. O. de Serres, Th. d’Agric., III, 2. — Ire, qui signifiait ordinairement colère, pouvait aussi signifier douleur : Le Roy… se retyra pour souspirer par griefve douleur, en une chambre ou estoit la Royne, auquel elle demanda incontinent l’occasion de son ire et melancolie. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. II, 35 vo. — Courroux aussi avait souvent le sens de douleur, et courroucer celui d’affliger : La Deesse [Venus]… fut si dolente quelle le ploura long temps amerement [Adonis], et desrompit ses beaux cheveux aureins. Et sil ne fust quelle estoit immortelle, elle en fust morte de courroux. Lemaire de Belges, Illustr., I, 27. — On luy dist que sa bonne femme estoyt malade et en grand dangier, dont il monstra estre autant courroucé qu’il estoit possible. Marg. de Nav., Heptam., 71.

Continuel était synonyme de consécutif, qui était probablement assez récent. Il était aussi le synonyme d’assidu : Ces feux durerent l’espace de neuf jours continuels. Amyot, trad. de Diodore, XVII, 5. — Ceux qui… desiroient d’estre continuels aux sacrifices. Calvin, 107e Serm. sur le Deuter.

Haineux était souvent substantif et était plus expressif que son synonyme ennemi, dont l’emploi est trop large et auquel on fait exprimer trop d’idées différentes : Il fit de ses haineux une belle vengeance. Du Bellay, Regrets, 40.

Malencontreux avait souvent le sens de malheureux : Le malheur Que plus je craignois en mon cœur M’est advenu malencontreuse. Belleau, la Reconnue, IV, 1.

Mécanique, adjectif et substantif, se prêtait à des synonymies tout à fait perdues aujourd’hui. Un homme mécanique, un mécanique était un ouvrier : Ils esleurent entre eulz un duc appellé messire Paule de Novy, homme mécanique et de mestier de tainturier. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 27. — Quand les mechaniques parviennent à quelque degré, ou bien deviennent riches, ils haïssent l’art qu’ils ont exercé. G. Bouchet, 15e Seree. — Le mot pouvait être aussi synonyme de mesquin et d’avare : Celuy qui rendoit le Prince chiche et mecanique. Amyot, Galba, 16.

Scientifique se confondait quelquefois avec savant : Platon escript que les choses publiques Heureuses sont quand Roys scientifiques En ont la charge et le gouvernement. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, i, 4.

Timide pouvait signifier effrayé, et par suite timidité se trouvait dans le sens de crainte : Et sus la mer les mariniers timides Font un amas de leurs voile humides. Peletier du Mans, 1er Liv.  des Géorgiques. — Justice nous presse si fort Que sommes en timidité Que ung jour en grant crudelité Porterons sentence de mort. Anc. Poés. franç., XI, 259.

Aggraver s’employait naturellement dans le même sens qu’alourdir. Il signifiait souvent aussi fatiguer : Un corps… saoul et aggravé de nourriture. Amyot, S’il est loisible de manger chair, I, 6. — Je voy leurs piedz de courir agravez. Marg. de Nav., les Marguerites, III, 190.

On employait consentir dans le sens de s’accorder, être d’accord, et consentement dans le sens d’accord : Tous les mesnagers consentent en mesme avis touchant le bestail. O. de Serres, Th. d’Agric., IV, 8. — Ilz ne cessent de calomnier nostre doctrine… Ilz enquierent, s’il est expedient qu’elle surmonte le consentement de tant de Peres anciens. Calvin, Instit., au Roy.

Convenir s’employait dans le sens de s’assembler, et convention dans le sens d’assemblée : Ceste assemblée seroit criminelle de lèse-Majesté, si nous avions osé convenir en ce lieu sans estre asseurez et pleins de nostre droict. Aubigné, Hist. Univ., X, 8. — Il fut… delegué pour aller à la convention des Estats de Normendie, qui se tient tous les ans à Rouen. Vauquelin de la Fresnaye, Orais. fun. de Jean Rouxel.

Deprimer était synonyme d’abaisser, même au sens matériel : Les Evesques deprimans les autres doigts, en tenans ces deux tous droits, signifioient vouloient parler au peuple. Guill. Bouchet, 33e Seree.

Crouler avait le même sens que secourre ou secouer. Escrouler aussi. Croulement pouvait signifier l’action de secouer : Ilz… cueilloient des fleurs, croulloient des arbres fruitiers, et en mengeoient des fruitz. Amyot, Daphnis et Chloé, L. III. — Là estait un Sycomore antique : elle l’escroula par trois fois. Rabelais, III, 17. — L’Eternel qui du seul croulement De son chef rayonneux meut jusqu’au fondement Les montagneux rochers. Du Bartas, Lepanthe.

Despiter pouvait être synonyme tantôt de mépriser, tantôt de défier, braver, tantôt de maudire : Ceulx qui noz voisins sont En opprobre nous ont, Nous mocquent, nous despitent. Marot, Ps. de David, 34. — Jusques au dernier souspir il ne cessa de blasphemer et despiter Dieu. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 26. — Je despite ma vie à souffrir condamnée. Desportes, Elegies, I, 14.

Déclarer, exposer avaient tous deux le sens d’expliquer. Ce verbe avait d’ailleurs d’autres significations perdues aujourd’hui. Déclaration, exposition signifiaient explication : Le Prince, à qui il appartient de declarer ses loix quand elles ont besoin de quelque explication. Du Vair, Arrests prononc. en robe rouge, 7. — Je mettray ses mots pour ceux qui entendent le grec ; et puis les exposeray pour ceux qui ne l’entendent pas. H. Estienne, Conformité, I, 2. — Briefve declaration d’aucunes dictions plus obscures contenues on quatriesme livre. Rabelais. — Tu me pries de t’escrire quelque chose… de quelques passages du Timee de Platon, lesquels semblent avoir besoing de plus diligente exposition. Amyot, Tranquill. de l’âme, 1.

Entailler était synonyme de graver : Car Mulciber, des fevres l’oultrepasse… Y entailla de la mer la claire unde… Et y grava des terres le grand tour. Marot, L. II de la Metamorphose.

Exceller s’employait dans le même sens que surpasser. Tous deux étaient nouveaux venus, et l’ancienne langue aurait dit passer : L’heur de te voir tout l’heur du monde excelle. Baïf, Div. Amours, L. I.

Juger pouvait signifier condamner : Les uns me jugeoyent à estre lapidé, les autres à estre jecté dedans le precipice du Baratre. Amyot, Hist. Æthiop., L. I, 7 ro.

Lire avait souvent le sens d’enseigner, et le mot lecteur désignait celui qui enseignait : Pierre Forcadel, apres avoir leu à Rome quelque temps les Mathematiques… à la parfin a esté digne Lecteur du Roy en l’Université de Paris. Thevet, Cosmogr., XV, 23. — [Polemon] estant allé ouïr une leçon de Xenocrates, ne remerqua pas seulement l’eloquence et la suffisance du lecteur. Montaigne, II, 17.

Porter, supporter s’employaient au figuré dans le sens de soutenir, et support pouvait signifier soutien : Scipion l’Affricain… avoit… esté de tout temps fort aimé, porté et favorisé du commun peuple. Amyot, Paul Emile, 38. — L’un de ceulx qui suyvirent Evander en Italie s’appelloit Patron, lequel estant homme secourable et qui supportait les pauvres et petits, donna son nom à cest office d’humanité. Amyot, Romulus, 13. — Il a le cœur si haut qu’il aime mieux mourir Sans support et sans biens, que de les acquerir Par importunité. Ronsard, Bocage royal.

Preposer et proposer s’employaient tous les deux dans le sens de préférer : Tu ne preposeras à Dieu homme vivant. P. de Changy, Instit. de la Femme chrest., I, 15. — Elle proposa la facture à son facteur, l’ouvrage l’ouvrier, et le subject à son prince. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 243.

Rapporter et retirer étaient synonymes de ressembler : Les Libyens… donnent le Royaume, quand il y a plusieurs enfans, à celuy qui rapporte mieux au pere. G. Bouchet, 23e Seree. — Nostre vie… retire à la grande et populeuse assemblée des jeux Olympicques. Montaigne, I, 25.

Reciter, dont les sens étaient très nombreux, avait entre autres celui de raconter : Adjoustons encore un’ histoire… que Seneque recite en l’une de ses lettres. Montaigne, II, 25.

Reclamer avait le même sens qu’invoquer : Eternel, je te reclame tout le jour : j’estens mes mains vers toi. Aubigné, Médit. sur le Ps. 88.

Repugner était synonyme de résister et de contredire, être opposé, et repugnance synonyme de résistance et de contradiction, opposition : Es queles choses leur a esté bien facile de vaincre ceux qui ne repugnoient point. Du Bellay, Deffence, I, 9. — Combien que ceulx qui estoient descendus les premiers leurs fissent repugnance avec les espées au poing. Le Maçon, trad. de Boccace, Decam., II, 7. — Telle façon de faire repugne à ce qu’ils mettent en avant touchant la gravité de leur langage. H. Estienne, Precellence, p. 45. — Le travail de son esprit bandé… à concilier les repugnances et contrarietez des lois. Vauquelin de la Fresnaye, Orais. fun. de J. Rouxel.

Tourner s’emploie souvent pour changer. Il a aussi le sens de traduire, et tourneur celui de traducteur : Daphné fille de Penee Qui en plante fus tournee Pour te sauver d’Apollon. Am. Jamyn, Poés., L. V, 237 vo. — Garde et regarde que tu ays autant parfaite congnoissance de l’idiome de l’autheur que tu entreprendras tourner, comme de celuy auquel tu delibereras le traduire. Sebillet, Art poétique, II, 14. — Tousjours l’autheur vers soy la gloire ameine, Et le tourneur n’en retient que la peine. La Boetie, Vers franç., à Marguerite de Carle. — Traducteur était alors tout nouveau, et moins usité que translateur.

Rompre était bien comme aujourd’hui synonyme de briser, mais il était aussi synonyme de déchirer : A ses souspirs la bride elle destache, Rompt ses habits, ses cheveux elle arrache. Ronsard, Franciade, 3.

Usité avait le sens d’habitué, exercé, et inusité de non habitué : Les Massagetes… combatent à pied et à cheval, car ilz sont usitez aux deux. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 215. — Un petit sommeil… Coula dedans mes yeux inusitez au somme. R. Garnier, Cornélie, 675.

On verra dans les pages suivantes encore beaucoup d’autres mots dans lesquels s’est effacée la synonymie, car ce fait est un des plus importants qui se soient produits dans l’évolution de notre vocabulaire.

Certains mots se prêtaient aux changements de sens avec une particulière facilité c’étaient ceux qui avaient des significations très variées. La grande étendue de leur sens faisait qu’ils se prêtaient aisément a des emplois nouveaux. Mais aussi la multiplicité de leurs emplois les empêchait de s’attacher solidement à l’expression des diverses idées auxquelles ils répondaient. Le rapport du mot à l’idée se rompait aussi facilement qu’il s’était établi. Le lexique français contient toujours un assez grand nombre de mots de cette catégorie. Quoique notre langue n’ait plus son instabilité d’autrefois, il semble que pour ceux-là le mouvement de va-et-vient n’ait pas tout à fait cessé.

Action, mot encore si large aujourd’hui, a pourtant perdu plusieurs de ses anciens sens, par exemple ceux de contenance, attitude, de cérémonie, de discours : Sa face pleine de Majesté, son port et son action, le feroient assez reconnoistre pour Roy, en quelque solitude qu’on le trouvast. Du Vair, Har. au Parlem. de Bordeaux, 1620. — Ceste action publique que nous celebrons pour honorer la memoire du grand Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur. St François de Sales, Orais. fun. du duc de Mercœur. — Cette singuliere pieté, qui vous a assemblez à ce service et pompe funebre, me donne esperance de vous avoir aussi doux et favorables auditeurs de ceste mienne action que vous estes affectionnez et charitables à la memoire de celle que nous devons presentement louer. Du Vair, Orais. fun. de la Royne d’Escosse.

Entre autres sens, estat avait ceux de condition, de charge, de train de maison, de costume : Ce doit estre quelque gros personnage, et non pas un homme privé, de bas estat. Amyot, Esprit famil. de Socrate. — Il luy vint en l’entendement d’achepter un estat de conseiller en la cour de parlement. Des Périers, Nouv. Récr., 126. — Si luy bailla Menelaus [à Hélène] nouvel estat, et principalement pour ses compaignes et damoiselles dhonneur, deux de ses parentes. Lemaire de Belges, Illustr., II, 3. — Une jeune pucelle… laquelle sembloit etre de grande parenté, selon que son estat et honneste maintien demonstroit. Louveau, trad. d’Apulée, IV, 5.

Ce mot estat entrait dans la locution faire estat, qui elle-même avait différents sens : Faire cas : Il ne fait pas grand estat de l’eloquence de vostre pere au prix de la sienne. Montaigne, II, 10. — Avoir l’intention : Il faisoit estat d’aller luy mesme en personne leur mener la guerre. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 153. — Compter sur : Jamais homme ne se défia tant de sa vie, jamais homme ne feit moins d’estat de sa durée. Montaigne, I, 19. — Être sûr : Faites estat que vous aurez et moy et la royne ma mère pour cruels ennemis. Marg. de Val., Mémoires, p. 84.

Partie avait le sens de parti, de qualité, de compte, de rôle (surtout au figuré), d’époux ou épouse : Ce tyran feit empaler et escorcher plusieurs Chrestiens Grecs et Latins, qui s’estoient rebellez contre son maistre et tenoient la partie des Venitiens. Thevet, Cosmogr., XVIII, 10. — Les principales parties que mon pere chercha fit à ceux à qui il donnoit charge de moy, c’estoit la debonnaireté et facilité de complexion. Montaigne, I, 25 — Je suis honteux des parties que je vous envoie, vous asseurant qu’il m’a plus cousté de choleres en les fournissant, qu’il ne vous coustera d’argent en les acquittant. E. Pasquier, Lettres, XIV, 4. Induciomare tenant les premieres parties entre les Trevires. E. Pasquier, Recherches, I, 2. — Qu’il suyve son train, cognoissant que c’est au nom de Dieu qu’il est marié, et qu’il faut qu’il tiene foy à sa partie, puis qu’elle luy est assignee de Dieu. Calvin, 4e Serm. sur l’Epistre à Tite.

On sait quelles variétés de sens peut avoir encore aujourd’hui le mot bon : un bonhomme pouvait être, au xvie siècle, un homme brave, un homme vieux, un paysan : La meilleure defense des places sont les bons hommes en nombre suffisant. La Noue, Disc. pol. et mil., XXVI, 1. — Feu M. de Montpensier le bonhomme dernier mort. Brantôme, Disc. sur les Duels. — Les gentilshommes n’avoient pas le courage si rabaissé de manger le bonhomme. L’Hospital, Reformat. de la Just., 4e partie.

Gros s’employait dans le sens de grand, un gros seigneur : Vous estes riche, et je suis pauvre ; vous estes grand seigneur, et je suis de travail ; vous voudriez des grosses dame, et je suis de basse condition. Louveau, trad. des Nuits de Straparole, V, 4. — Avoir le cœur gros signifiait être orgueilleux ; et, le mot estomac étant souvent employé alors dans le sens de cœur, Calvin a pu désigner l’orgueil par le nom de gros estomac : De peur d’enfler le cœur à celles qui l’aurayent desja assez gros de nature. H. Estienne, Conformité, I, 2. — Il viendra là jetter ses bouffees et son gros estomac. Calvin, 37e Serm. sur l’Ep. aux Galates. — Gros avait aussi le sens de grossier : Nous disons… il parle du latin de cuisine… les autres disent gros latin. H. Estienne, Conformité, I, 1.

Brave, récemment venu d’Italie, avait des significations multiples. Il signifiait beau : un brave palais, de braves habits : Un brave pavillon de feuillées aimables Treillissé et couvert proprement te feray. Béreau, Eglogue 10 ; — bon, habile, savant : Tous les plus braves medecins y estans appellés jugerent que c’estoit une convulsion de fort pres approchante à l’epilepsie. Paré, XIX, 32 ; — Hautain : Et bref vous me serez ou gracieuse ou brave, Maugré vostre rigueur je seray vostre esclave. Ronsard, Elegie 9. — On trouvait bravade dans le sens de magnificence et d’ostentation : Nous appelons parade et bravade… ce que nous nommions magnificence. H. Estienne, Precellence, p. 351. — Lequel [mot] Petrarque et Boccace ont mis en monstre, en faisans grande bravade. id., Ib., p. 343. — Braver signifiait défier, parler d’un ton provocant : Il brava fort et menaça de tout battre, vaincre et renverser. Brantôme, Marquis del Gouast. — Il signifiait aussi parader, se pavaner : J’en ay aussi veu autres… qui engageoient tout ce qu’ils avoient… pour acheter chevaux et accoustremens afin de braver. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 2.

Defaire avait entre autres sens celui de tuer : Je me rencontray un jour à Rome, sur le point qu’on deffaisoit Catena, un voleur insigne : on l’estrangla sans aucune emotion de l’assistance. Montaigne, II, 11. — Se defaire signifiait se tuer : Dinocrates ne leur donna pas loisir de le faire mourir par justice, car il se desfeit luymesme. Amyot, Philopœmen, 21.

Donner avait le sens d’attribuer : Toute la faute estoit donnée, par preuves evidentes et manifestes, à un Lucien. Louveau, trad. d’Apulée, VII, 1 ; — celui d’admettre : Donnons neantmoins que toutes ces choses se puissent tolerer pour quelque temps. Calvin, Instit., ch. V, p. 349 ; — celui de sacrifier : On donne au privé l’utilité commune. Du Bellay, Regrets, 123.

Coucher avait le sens de placer, poser : Il ne peut si bien coucher ses couleurs que il en avoit jeté le dessein. Larivey, trad. des Nuits de Straparole, IX, 4 ; — celui d’inscrire : Une seule parolle De vous me peult faire coucher au rolle. Marot, Epistre 28 ; — celui de rapporter, d’exposer (par écrit) : Toutes ces choses sont bien à plein et bien elegamment couchees es autres œuvres escrites en François. Lemaire de Belges, Illustr., II, 6 ; celui de rédiger : Sur le poinct qu’il estoit prest de publier l’edict… et qu’il ne restoit plus qu’à le coucher en bons termes. Amyot, Solon, 15 ; — celui de mettre au jeu : Et bien, mon amy, dit-il à ce jouvenceau, voila cent escus, couchez-en autant. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 26. On sait combien ce dernier sens était développé dans le langage figuré.

La restriction de sens est un fait très fréquent, bien connu, qui se produit encore triés souvent à notre époque. Beaucoup de mots avaient au xvie siècle un sens plus large qu’aujourd’hui.

Les gendarmes autrefois étaient simplement des hommes d’armes : Ainsi jadis ces deux fameux gendarmes, Jason, Achille, enfançons de Chiron, Furent nourris en son docte giron. Ronsard, l’Hydre desfaict. — Gendarmerie, mot collectif, désignait, aveu la même extension, l’ensemble des gendarmes : C’est une dispute non encores jugée… sçavoir si la gendarmerie de pied fait plus d’exploit et est plus utile à un conquérant que celle de cheval. Fauchet, Orig. des Chevaliers, I, 1. — Ces deux mots s’employaient aussi avec une restriction toute différente de celle d’aujourd’hui : les gendarmes étaient les combattants à cheval, et gendarmerie était le nom collectif qui les désignait : Cessez, cessez, gendarmes et pietons, De pilloter et menger le bon homme. Collerye, Rondeaux, 96. — Crassus les hastoit encores d’aller, contraignant les gens de pied de marcher aussi tost comme la gendarmerie. Amyot, Crassus, 23.

Un marchand est celui qui fait un marché. Au xvie siècle, ce mot pouvait être le nom de l’acheteur aussi bien que celui du vendeur : L’image, s’il est beau, son marchand trouvera, A quelque pris que soit contant s’achètera. Rimes de P. de Laval, 61. — Marchander ne se bornait pas au sens restreint de discuter le prix, mais avait le sens générai de faire du commerce : Grand joie ilz ont quand ce dont ilz marchandent Fault au pays, parce qu’a lors ilz vendent Tout a leur pris, sans raison ne pitié. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, ix, 1.

Un patient est un homme qui souffre on employait souvent le mot dans le sens de malade : Il commande rien n’estre au medecin… qui puisse offenser le patient. Rabelais, IV, Ancien Prologue.

Un pelerin était un voyageur, que le but d son voyage fût profane ou religieux : Par l’apprehension des calamitez que souffrent journellement les pelerins de l’Ocean. Cholières, 1re Matinée.

Le mot recteur, quoiqu’il fût depuis longtemps employé dans un sens spécialement universitaire, pouvait encore désigner, d’une façon générale, celui qui dirige, qui gouverne : Elle fait Dieu recteur du monde de parolles seulement et non pas de faict. Calvin, Instit., VIII, p. 502.

Un veneur était un chasseur, et non pas seulement un auxiliaire dans une grande chasse : En ce temps là les Princes et les peuples vivoient pour la pluspart de venaison. Si estoient presques tous veneurs plus que laboureurs. Lemaire de Belges, Illustr., III, 1.

Le mot famille désignait tous ceux qui habitaient la maison, les serviteurs comme les maîtres. Souvent, pour distinguer les serviteurs, on leur donnait le nom de grossière famille : Si d’autre part le maistre traicte inhumainement sa famille : c’est larrecin devant Dieu. Calvin, III, p. 160. — Cestui-ci sera pour vostre table, et cestui-là pour vostre grossiere famille. O. de Serres, Th. d’Agric., VIII, 1.

Escadron, mot récemment emprunté à l’italien, signifiait troupe en général. Il s’appliquait aux soldats à pied comme aux soldats à cheval : Les gens de cheval Romains… demeurerent en fin maistres de la place ; et incontinent apres les escadrons de pied se venans à heurter, commencerent une bataille tres-cruelle. Fauchet, Antiq., I, 23. — Le mot servait même à désigner des troupes qui n’avaient rien de militaire : Je semble cil qui nombre Les Cailles, qui couvrant la mer Itale d’ombre, Pour vivre sous un Ciel plus fecond et plus dous Viennent par estadrons passer l’Esté chez nous. Du Bartas, 1re Semaine, 4e Jour.

Faon se disait des petits de toutes sortes de bêtes : J’ay nourry… ces deux enfans dans une caverne, comme la lionne ses faons. Fauchet, Antiq., II, 20.

Les mots concile, congrégation, consistoire n’étaient pas encore restreints à leur sens ecclésiastique. Ils pouvaient encore s’employer dans la signification générale d’assemblé : Jupiter irrité des larmes de sa fille Des Dieux incontinent assembla le concile. Ronsard, Hymne de la Justice. — Les congregations et assemblees des hommes associées par droit, qu’on appelle citez. L. Le Roy, trad. des Politiques d’Aristote, I, 2, Comment. — Cineas… luy dit… que le Senat luy avoit proprement semblé un consistoire de plusieurs Rois. Amyot, Pyrrhus, 19.

Seminaire signifiait au propre lieu où l’on sème. Au figuré, il était à peu près l’équivalent de pépinière : Depuis le commencement d’Octobre jusques à la fin de Janvier… est bon de planter les Oignons… à telle cause doucement les arrachons du seminaire. O. de Serres, Th. d’Agric., VI, 4. — Le collége des advocats est le séminaire des plus grandes charges publiques. L’Hospital, Reformat. de la Just., 4e partie.

Reposoir signifiait, d’une façon générale, lieu où l’on se repose : Au milieu de l’escalier sont reposoirs pour ceux qui montent. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 181.

Rochet, soutane désignaient l’un et l’autre des vêtements longs, des sortes de tuniques que les femmes portaient, aussi bien que les hommes : [Hélène] s’accoustra hastivement dun fin rochet de lin, et partit de sa chambre. Lemaire de Belges, Illustr., II, 16. — La principale [nymphe]… representant Diane… vestue sus la sottane et verdugalle de damas rouge cramoisi à riches broderies, d’une fine toille de Cypre toute battue d’or. Rabelais, Sciomachie.

Un carcan était un collier. Le mot désignait bien souvent le fer entourant le cou d’un prisonnier, mais il pouvait s’appliquer aussi à une parure : Je voudrois estre carquan Qui orne ta gorge yvoirine. Ronsard, Odes, IV, 32.

Estoffe signifiait matière, en général. Il servait à désigner la pierre, le bois, les métaux, aussi bien que les tissus. Estoffé avait aussi une très large signification : Les murailles en seront de bonnes estoffes, bien basties et maçonnees. O. de Serres, Th. d’Agric., V, 1. — Le bouclier luit, estoffé d’airain franc. Des Masures, Eneide, VII.

Eschantilion conservait encore souvent son ancien sens de morceau. Faire eschantillon d’un domaine, d’un royaume, c’était le morceler, et l’on employait dans le même sens eschantillonner : Estant nostre Royaume divisé en eschantillons et parcelles. E. Pasquier, Recherches, II, 18. — Ces nations estrangeres eschantillonnerent en parcelles l’Estat de Rome. id., ib., I, 7.

Estable servait à désigner tous les locaux destinés à loger des animaux domestiques, les chevaux aussi bien que les bœufs et les moutons. Le mot escurie ne s’employait, que dans les maisons des princes ou des grands seigneurs : Il court droit à l’estable où sa main ne dedagne D’equiper son cheval. Montchrestien, Hector, IV.

Manoir, ce vieil infinitif pris substantivement, avait, encore le sens général de demeure, séjour, et n’était pas du tout réservé aux habitations seigneuriales : Où du Soleil voisin les Ethiopes noirs Se deffendent, creusans des souterrains manoirs. Baïf, Eglogue 2.

L’estude était le lieu où l’on étudie, où l’on travaille intellectuellement, le cabinet de travail : Me print envie d’agencer un peu de livres que j’ay en mon estude. Larivey, Trois nouvelles Comedies, Dédicace à François d’Amboise.

Boutique ne désignait pas seulement le lieu où l’on vend, mais en général celui où l’on travaille, où l’on exerce une profession. Un ouvrier, un peintre, un statuaire avaient une boutique que l’on appellerait aujourd’hui leur atelier. On disait même la boutique d’un médecin : Megabyzus… vint un Jour visiter Apelles jusques en sa boutique. Amyot, Comment on pourra discerner le flatteur d’avec l’amy. — Il crioit que la boutique du Medecin estoit l’eschole de Philosophie. G. Bouchet, 30e Seree.

Un ouvroir pouvait aussi être, suivant les cas, un atelier, une boutique, en général le lieu où l’on travaille : Au davant de l’ouvrouoir d’un Roustisseur un Faquin mangeoit son pain à la fumée du roust. Rabelais, III, 37.

Hospital qui, comme adjectif, signifiait hospitalier, avait, comme substantif, le sens de séjour, demeure : De là l’Ambition fit anvahir la terre Qui fut, avant le tams que survindrent ces maux, Un hospital commun à tous les animaux. Regnier, Sat. 6.

Un canton était un coin : Ces supercheries d’armes sont… pires que celles que l’on faict en assassinant les personnes aux cantons des rues ou en un coing de bois. Brantôme, Disc. sur les Duels. — De là était venu déjà le sens de carrefour, de quartier, de région, d’où dérive, par restriction, la signification actuelle : Il eut davantage de difficulté au pays des Eduens, pour autant que ce canton estoit plus puissant. Fauchet, Antiquitez, I, 18.

Destroict se disait d’un espace étroit, resserré. Le mot s’appliquait à un isthme : Les Lacedemoniens… vindrent camper au destroict que l’on appelle Istmus. Amyot, trad. de Diodore, XII, 17 ; — à un défilé : Leonidas… prit son chemin vers le destroict des Thermopyles. id., ib., XI, 1 ; — sans parler des cas où il désignait une région, une division administrative. On sait qu’au figuré il exprimait une situation difficile : estre à destroit de vivres, par exemple.

Linceul conservait encore quelque chose de sa signification primitive, tissu de lin. On l’employait dans le sens de linge, morceau de linge : Autant en est-il du linceul duquel Jesus Christ torcha les piedz de ses Apostres, apres les avoir lavez. Calvin, Traité des Reliques. — Il désignait surtout un drap de lit, d’où lui est venu son sens actuel : Son lict elle brassoit Et les linceux trop cours par les pieds tirassoit. Regnier, Sat. 11.

Idole signifiait image, statue, et d’autre part apparence, fantôme : L’un d’eux avoit de son baston frappé un Gaulois, qui trop privément luy manioit la barbe, pensant que ce fust l’idole de quelque Dieu. Fauchet, Antiquitez, I, 8. — Je m’en vois à la mort : et mon idole errante Sera tost aux enfers parmy l’ombre courante. Nuysement, Œuvr. poet., p. 78. — Mais depuis longtemps le mot était spécialement employé pour désigner les images des dieux du paganisme.

Perruque, emprunté à l’italien, signifiait chevelure, et quand les cheveux étaient postiches on disait une fausse perruque. Dans ce cas, c’est sans doute l’euphémisme qui a supprimé l’adjectif et produit la spécialisation : C’est l’image de Lysander faitte au naturel, ayant une grosse perruque, et la barbe fort espesse et fort longue. Amyot, Lysandre, 1. Au figuré, perruque désignait le feuillage des arbres : Le Chesne remue Sans aucun vent sa perruque menue. Ronsard, Bocage royal.

Crin ne se disait pas seulement quand on parlait de la crinière des animaux. Le mot signifiait cheveu, ou, avec un sens collectif, chevelure : Vous trouverez mille Nymphettes… Les crins épars dessus le front. Tahureau, 1res Poésies, Aux Muses. — Elle avoit les brads nuds à la mode Nynfale, Son crin étoit noué en un neu simplement. Vauquelin de la Fresnaye, Foresteries, I, 8.

Le cuir était la peau de l’homme aussi bien que celle des animaux : Nous viendrons aux remedes particuliers, qui ont faculté de pallier les rides et blanchir le cuir. Paré, XXV, 44.

Affection avait encore le sens de sentiment. Il avait aussi celui de désir, ardeur : Hercules… je ne sçay de quelle affection meu… envahit hostilement la terre de Phrygie. Lemaire de Belges, Illustr., II, 5. — Oncques ne veistes homme, qui eust plus grande affection d’estre roy et riche que moy. Rabelais, I, 1. — Et n’y avoit celuy en sa cour, qui de grande affection ne se meist à l’estude des lettres. Amyot, Dion, 13. — Affectueux signifiait de même zélé, ardent, et affectueusement, signifiait avec ardeur : Le Prince Sophy se monstre tres-affectueux à pourchasser la destruction de la loy de Mahometh. Lemaire de Belges, Syach Ismaïl, 3e partie. — Le gouvernement que Scipion avoit si affectueusement quis et prochassé en Hespagne, luy diminua plus sa gloire, qu’il ne feit celle de Caton. Amyot, Caton le Censeur, 11.

Respect pouvait avoir le sens très large de considération. Il avait souvent celui de cause, motif : L’antiquité a esté en admiration aux uns et en mespris aux autres pour divers respects. H. Estienne, Apol. pour Hér., ch. 3. — Avoir respect à signifiait avoir égard à, prendre en considération : Combien qu’amour soit de telle nature Qu’il n’a respect à la condition, Mais par l’object d’une perfection Où il luy plaist fait sentir sa pointure. Du Bellay, Amours, 8.

Remonstrance signifiait exhortation. Son sens pouvait être rétréci par l’adjonction d’une idée de reproche, mais cette restriction était accidentelle : Pantagruel leurs feist une briefve remonstrance, à ce qu’ils eussent à soy monstrer vertueux au combat. Rabelais, IV, 37.

Une semonce était un avertissement, et particulièrement une invitation : Polyperchon… l’avoit convié à venir soupper en son logis le jeune Prince eut peur, et se défia de telle semonce. Amyot, Mauvaise honte, 4. — Il y a bien pour ce mot une restriction de sens, une semonce aujourd’hui étant un avertissement au sujet d’une faute et une invitation à ne plus la commettre.

La corpulence était la forme du corps : le mot pouvait s’employer même quand on pariait d’une personne maigre : De sa corpulence il estoit maigre, petit et boiteux. J. Bodin, Republique, IV, 6.

Souffrance participait au sens très large de souffrir : il pouvait signifier, par exemple, tolérance : De dire que le Senat disposoit des finances, Il est vray, mais c’estoit par soufrance, et tant qu’il plaisoit au peuple. J. Bodin, Republique, III, 6.

Succes signifiait succession, suite : Voyons maintenant le succez des Empereurs qui ont gouverné test Empire, l’heur et malheur d’iceux, et en quel nombre. Thevet, Cosmogr., XIX, 3. — Il désignait aussi le résultat bon ou mauvais d’une action, d’une entreprise : Je me retireray seulement jusques à ce que j’entende le succez de cecy, qui ne peut estre sinon cruel. Larivey, Tromperies, IV, 4.

Le mot grade n’a ait pas pris le sens restreint, militaire ou administratif, que nous lui connaissons : il avait le sens général de rang : Elle [Catherine de Médicis] sceut entretenir son grade et auctorité si imperieusement, que nul n’y osoit contredire. Brantôme, des Dames, Catherine de Médicis.

Obseque pouvait avoir différents sens : obéissance, service, hommage, etc. : Tu ne le pourrois demonstrer plus grand en auctorité que par ton obseque et service. P. de Changy, Instit. de la Femme chrestienne, II, 3. — Dans le sens restreint que le mot a gardé, Calvin dit : obseques pour les morts.

Domestique, adjectif, signifiait vivant dans la maison, familier, remplissant une fonction dans la maison, et conservait ces significations quand il s’employait comme substantif. Les domestiques étaient les gens de la maison, par opposition aux étrangers : Le chien jappe et est mauvais aux estrangers, et doux aux domestiques. G. Bouchet, 7e Seree. — Aristote nous est donné comme un familier d’Alexandre, et peut-être aussi comme remplissant un emploi auprès de lui : Alexandre le grand, quoy qu’il eust Aristoteles pour praecepteur et domestic. Rabelais, III, Prologue. — Ailleurs le mot désigne plus nettement celui qui remplit un emploi : Quelques domestiques des Bourbons… entre autres le sieur des Cars et Bouchard, chancelier de Navarre. Aubigné, Hist. Univ., II, 14. — Domestiquer signifiait rendre familier, et se domestiquer, se familiariser : Telle monnoye… semble estrange au commencement : puis l’usage l’adoucit et domestique. Ronsard, Franciade, Préface de 1623. — Apres qu’on s’est plus domestiqué avec eux, ils descouvrent davantage les secrets qu’ils n’osent pas si tost mettre en evidence. La Noue, Disc. pol. et mil., XXIV.

Fatal se disait de toute chose marquée par le destin, aussi bien dans un sens favorable que dans un sens défavorable : Permis à moi n’a esté que l’Itale Cercher je peusse et la terre fatale Avecques toy. Des Masures, Eneide, V.

Comme vertu avait un sens très général, vertueux servait aussi à qualifier des mérites très divers. Il était, par exemple, synonyme de vaillant : Pantagruel leurs feist une briefe remonstrance, à ce qu’ilz eussent à soy monstrer vertueux au combat. Rabelais, IV, 37.

Braire avait le sens de crier et se disait au sujet du cri des hommes ou de divers animaux : Dont tous les Senateurs furent si estonnez quilz se prindrent à crier et à braire. Seyssel, trad. d’Appien, Guerre libyque, 10.

Cueillir avait, comme le mot latin correspondant, le sens général de rassembler : Fut ordonné par le Roy Priam, que Hector s’en iroit en la haute Phrygie pour cueillir des gensdarmes. Lemaire de Belges, Illustr., II, 1. — Berthoul fut envoyé entre Seine et Loire, cueillir le tribut des habitans. Fauchet, Antiquitez, V, 2. — Dans un sens moins large, il signifiait recueillir les produits du sol, cueillir le blé, cueillir l’avoine. Récolter, dérivé de récolte, mot d’origine italienne, ne devait entrer dans la langue que beaucoup plus tard : Ne se trouvoit nul qui cueillist du bled pour sa provision. Palissy, De la marne.

Deceder avait bien son sens actuel. Cependant, on lui donnait encore souvent un complément : deceder de ce monde, deceder de la vie, ce qui rappelait sa signification générale : Cleanie… s’abstenant de viande, deceda de ceste vie. Bretin, trad. de Lucien, Ceux qui ont vescu longtemps, 19.

Trespasser, lui aussi, s’employait le plus souvent avec sa signification restreinte. Cependant, on le trouvait, aussi dans le sens général de passer au delà : Ce seroit assez pour me faire trespasser hors les gonds de patience. Rabelais, III, 9.

Fossoyer signifiait creuser [la terre] : Ces dix hommes fossoyoient, et y en avoit d’autres qui portoient la terre. Amyot, Hist. Æthiop., L. IX.

Beatifier s’employait en dehors du vocabulaire religieux. Il pouvait signifier rendre heureux ou proclamer heureux : Tant que nostre cher Prince a esté vivant parmy nous, la Justice… soulageoit et beatifioit ses sujets. Du Vair, Ouvert. du Parlement en 1610. — On beatifie et repute bien-heureux les rois de Perse de ce qu’ils passent leur hyver en Babylone, leur esté en la Medie, et la plus douce partie du printemps en Suse. Amyot, du Bannissement et de l’exil, 12.

Capituler, c’était faire une convention, un traité, en en déterminant toue les articles ou chapitres. Le mot s’appliquait aussi bien à l’acte du vainqueur qu’à celui du vaincu, et s’employait aussi pour deux parties traitant sur un pied d’égalité. Capitulation avait le sens de convention, article d’un traité : Et arriva M. de Savignac… me dire que ceulx chameau se vouloient rendre, et veoir si je trouverois bon que l’on les prinst à mercy, et capitulast avec eux. Monluc, Comment., L. VII (III, 328). — Caesar, Antonius et Lepidus feirent un accord et une ligue ensemble, par les capitulations de laquelle ilz partagerent entre eulx les provinces de l’Empire Romain. Amyot, Marcus Brutus, 27.

Frauder signifiait tromper, quelle que fût la nature de la tromperie. Il signifiait aussi frustrer : Certes tu es le plus cruel amant Qui oncques fut, d’ainsi m’avoir fraudee. Marot, Epistres, 1 — A fin qu’il ne semble… que nous les veuillons frauder du bien que Dieu leur a communiqué. Calvin, Instit., VIII, p. 469.

Outrager signifiait maltraiter, traiter d’une façon violente : [Pompée] fut desloyaument oultragé à mort par ceuix à qui il s’estoit fié de sa vie. Amyot, Compar. de Pompée avec Agésilas.Le pauvre vigneron presagist par tels signes, S’outrageant l’estomac, le malheur de ses vignes. R. Garnier, Hippolyte, 2072.

Revoquer, comme le mot latin, avait la signification générale de rappeler : Ilz furent deliberez de n’envoier plus armee par mer de leur terre… et de revocquer celle quilz avoient desja envoyee. Seyssel, trad. de Thucydide, VIII, 3. — Revocation signifiait rappel : [La Royne Hecuba] conceut adonc certain espoir de procurer sa revocation et remise au nombre de ses freres, en la maison paternelle. Lemaire de Belges, Illustr., I, 23.

Le verbe scier devait à son origine le sens général de couper. Aussi pouvait-il s’employer plus largement qu’aujourd’hui. On disait scier le blé, et le moissonneur était appellé scieur : Par les fertiles plaines On void scier les bledz, et faulcher les avaines. Gauchet, Plaisir des Champs, les Moissonneurs. — A peine avoit encor le glaneur amassees Les reliques des grains par le scieur laissees. Du Bartas, Judith, I.

Certains mots ont subi depuis le xvie siècle un affaiblissement de sens. Le fait provient d’une tendance naturelle à l’exagération. On se sert facilement de mots qui sont trop forts pour l’idée à laquelle on les applique. Cet emploi abusif finit par les affaiblir, par les user. On sait quelle, force avaient encore même au xviie siècle des mots tels que gêne, déplaisir, ennui, et beaucoup d’autres très affaiblis aujourd’hui.

Le mot gehenne était le nom de la torture que l’on faisait subir à un accusé pour lui faire avouer sa faute : Ilz leur donnoyent la gehenne, ilz les detiroyent sur le chevalet. Amyot, Lucullus, 20. — De là le sens de supplice, torture : Il nous commande de craindre celuy qui, apres avoir mis le corps à mort, peut aussi envoyer l’ame en la gehenne du feu. Calvin, Instit., I, xv, 2. — De même le verbe gehenner signifiait mettre à la torture pour faire avouer, et aussi torturer, tourmenter, physiquement ou moralement : Il fut incontinent surpris, et le gehenna lon tout un an durant, pour luy faire declarer tous ceulx qui avouent esté ses compagnons et complices. Amyot, Demandes des choses grecques, 47. — Tenaillez, tirassez, tronçonnez-moy le corps, Gesnez-moy de tourmens, donnez-moy mille morts. R. Garnier, Troade, 864.

Inconvenient avait un sens très fort et pouvait se dire des plus grands malheurs : [Paul Emile] ne se monstra pas de cueur moins grand… en ta patience qu’il eut de supporter vertueusement le dur inconvenient qui luy advint, quand il perdit coup à coup ses deux enfans. Amyot, Compar. de Paul Emile avec Timoléon, 2.

Manie s’employait dans le sens de folie, conservant toute la valeur du mot grec correspondant : Où es tu, Didon ? quelle manie Te change ton dessein… ? Jodelle, Didon se sacrifiant, V.

Aigre et tous les mots de la même famille pouvaient exprimer une idée de violence, de cruauté, de douleur qu’ils ne contiennent plus aujourd’hui. Aigre s’employait dans le sens de violent : Si commença entre les deux parties dure et aigre escarmouche, et en mourut beaucoup d’un costé et dautre. Lemaire de Belges, Illustr., II. — Il signifiait sévère, rigoureux : [Les Venitiens] sont au surplus si aigres et soubdains contre les seditieux, mutins, et entrepreneurs, que pour soupçons legers ont souvent banny, confiné, exilé, emprisonné, et faict mourir plusieurs de leurs principaux gentilshommes et citoyens. Seyssel, Hist. de Louys XII, Vict. sur les Venitiens. — Il signifiait pénible, douloureux : Quand Dieu nous afflige, qu’il nous advient des choses qui nous sont aigres, pour cela nous ne devons point souhaiter la mort. Calvin, 24e Serm. sur le livre de Job. — Aigrement signifiait violemment, sévèrement, douloureusement : Il se courroucea si aigrement qu’il les tua tous deux à coups de poignard. Amyot, Paul Emile, 23. — Philomon, son secretaire, qui l’avoit voulu empoisonner, il ne le punit pas plus aigrement que d’une mort simple. Montaigne, II, 11. — Ceste piteuse mort portale seigneur de Chaumont dedans son cueur aigrement, car il ne vesquit gueres apres. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 40. — Aigreur, aigrir avaient des sens qui correspondaient à ceux-là.

Meurtrir avait le sens de tuer : Il fut traitreusement meurtry par l’un des citoyens de Colongne, qui fit tout aussi-tort present de sa teste à Theodoric. E. Pasquier, Recherches, V, 32.

Froisser avait étymologiquement un sens très fort : mettre en pièces. Au xvie siècle, il s’employait habituellement dans le sens de briser : Tous deux contre un mesme rocher Avons froissé nostre navire. Ronsard, Mort de Marie.

Esgosiller signifiait littéralement égorger : Bogez… ayant ordonné d’allumer un grand bucher, et d’esgosiller femmes, enfants, concubines et serviteurs, les mit dans le feu, et puis soy mesme. Montaigne, II, 3. — On voit ce qui reste de ce sens dans s’égosiller signifiant se rompre la gorge à force de crier.

Detester signifiait maudire : De despit il rompt son espée, la jette contre terre, se maugrée, déteste ciel et terre. Brantôme, M. d’Aussun.

Resver avait le sens de délirer : Je sçay bien que je ne songe pas, car je suis esveillé. Je sçay encores bien que je ne resve point, car je n’ay pas la fièvre. Larivey, le Morfondu, V, 5. — Resverie avait le sens de délire : Ayant une fiebvre violente et une alteration extreme, but du vin, dont il commencea à entrer en resverie, et à la fin en mourut. Amyot, Alexandre, 79. — Il avait aussi le sens de folie : Appellez vous resverye de donner son bien à l’Eglise et aux pauvres Mendians. Marg. de Nav., Heptam., 55. — Un rêveur était un fou. — On voit que dans l’emploi actuel de ces mots il y a plus qu’un affaiblissement il y a aussi l’introduction d’une idée nouvelle. Mais il est probable que l’affaiblissement s’est produit d’abord.

Gaster signifiait piller, ravager : Ilz le veirent avec tout son exercite, gastant et bruslant leur plat païs. Amyot, César, 26.

Beaucoup de mots qui s’emploient toujours aujourd’hui dans un sens défavorable n’avaient au xvie siècle aucune valeur péjorative. Les causes de leur dégradation sont diverses et ne sont pas toujours faciles à discerner. Le plus souvent elle s’explique par une raison psychologique. Un mot est employé par euphémisme ; il fait illusion pendant quelque temps ; mais bientôt il est entièrement pénétré de l’idée qu’il exprimait sous une forme atténuée, et cette idée apparaît clairement sous k mot par lequel on avait essayé de la masquer. D’autres fois un mot nouveau apparaît et fait double emploi avec l’ancien, qui se démode, et devient un terme de dédain ou de dérision. Ou bien c’est notre besoin de créer des distinctions entre les synonymes, qui réduit quelques-uns à un sens défavorable. Dans d’autres cas, le mot perd sa raison d’être, l’objet auquel il s’appliquait n’existant plus. Il survit pourtant quelquefois et sert à nommer une personne ou une chose toute différente de celle qu’il avait désignée primitivement.

Adventurier a eu des sens assez divers au xvie siècle, et l’organisation des troupes d’adventuriers a varié dune époque à l’autre. Nous voyons, en tout cas, que le mot s’est employé pour désigner des combattants souvent très braves et dignes d’éloges : Et qui d’entre eulx l’honnesteté demande, Voyse orendroit veoir de Mouy la bande D’adventuriers issus de nobles gens : Nobles sont ilz, pompeux et diligens. Marot, Epistres, 3. — Le mot, dans cette acception, avait vieilli avant la fin du siècle. Une organisation différente de l’armée en avait hâté la disparition. Dans sa signification actuelle, on peut à peine dire que nous ayons encore affaire au même mot qu’au xvie siècle, tant, l’aventurier d’aujourd’hui, qui vit d’intrigues, diffère de celui d’autrefois, qui cherchait les aventures militaires pour le profit qu’il pouvait en tirer, mais aussi par amour de la bataille et du danger.

Le soudard était simplement un soldat, un combattant recevant une solde, en ancien français une soude. Le mot n’avait rien de péjoratif : Ainsi tousjours la Victoire, Mon Roy, sur tes estendars Se puisse asseoir, et la gloire Sur le front de tes soudars. Belleau, Petites Inventions, Chant de triomphe. — Mais l’Italie nous donne solde et soldat. Devant ces mots à la mode, soude disparaît, et le soudard n’est plus qu’un soldat brutal et grossier.

Coquin désignait un mendiant : Qui fait les coquins mandier ? C’est qu’ils n’ont en leurs maisons dequoy leur sac emplir. Rabelais, III, 14. — Un coquin pouvait, être un très honnête homme. Mais la pitié est voisine du dédain, du mépris, et, de l’idée d’extrême pauvreté, de mendicité, on passe facilement à une idée plus défavorable. C’est ce qui s’est produit aussi pour le mot gredin, qui autrefois a servi également à désigner un mendiant.

Faquin, venu d’Italie, avait apporté son sens italien de portefaix : Vous y voyez plus de mille facquins, portans sur leurs dos pour un liard la charge d’un grand mulet. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. XII (I, 322). — Puis le mot, devenant le nom typique d’un homme brutal, grossier, est un terme injurieux.

Pedant, lui aussi, venait d’Italie et désignait étymologiquement un homme qui instruit les enfants : Des Roys de Macedoine… il s’en fait des menuysiers et greffiers à Rome des tyrans de Sicile, des pelants à Corinthe. Montaigne, I, 18. — A l’idée que contenait ce mot s’ajoutait souvent celle de certains défauts remarqués chez des pédants sots et maladroits. Régnier nous montre que le mot n’était pas encore forcément péjoratif, puisque, dans son portrait du pédant ridicule, il appelle Aristote le pédant d’Alexandre : Un Pedant, animal domestique, De qui la mine rogue et le parler confus, Les cheveux gras et longs, et les sourcils touffus Faisoient par leur sçavoir, comme il faisoit entendre, La figue sur le nez au Pedant d’Alexandre. Sat. 10.

Garse avait simplement le sens de fille : Luy, venant icy, et sa femme, amenerent une petite gare qu’ils avoient prise pour leur fille. Jean de la Taille, le Negromant, I, 2. — C’est par euphémisme sans doute qu’on l’a employé au lieu d’un mot plus significatif, dont il est vite devenu l’équivalent exact.

Antiquaille, emprunté à l’italien, désignait une chose antique, sans aucune idée dédaigneuse : Je me souviens des belles antiquailles, Des beaux tableaux, et des belles medailtes. Magny, Odes, I, 146. — Ici, le suffixe a pu contribuer au changement de sens.

Repaire conservait, encore un sens correspondant à celui du verbe repairer, retourner chez soi. Le repaire était la demeure : Toute la terre est à nous ; Le ciel tant doux Est nostre eternel repaire. Marg. de Nav., les Marguerites, Chanson spirituelles.

Parcimonie était le nom d’une qualité. La parcimonie n’était ni l’avarice ni la mesquinerie. Le mot désignait une sage économie : La vie rustique et solitaire a gaigné le prix, comme maistresse et exemple de toute sobrieté, continence, parcimonie et diligence. O. de Serres, Th. d’Agric., Conclusion.

L’usure était l’intérêt de l’argent. C’était une chose légitime, et l’on pouvait prêter de l’argent à une usure raisonnable. Les deux termes n’étaient pas contradictoires : Les pauvres se contenterent que les usures fussent moderees seulement, sans que les debtes tussent abolies et annullees entierement. Amyot, Solon, 15.

La puerilité était l’enfance : Nous diviserons les aages en quatre, à sçavoir Puerilité, Adolescence, Jeunesse ou Virilité, Vieillesse. Paré, Introd., 5.

Artificieux signifiait agissant avec art, avec habileté, ou fait avec art, avec habileté. Artificieusement avait le sens correspondant. Il n’y avait, dans ces mots aucune idée de tromperie : Nature, sage ouvriere, n’a jamais rien fait sans cause, et sans une grande, artificieuse et admirable industrie. Paré, I, 23. — Ces belles et grandes portes enrichies de tant d’artificieux ouvrages. Du Vair, Medit. sur les Lament. de Jeremie. — Ce qui est plus à admirer, sont les grandes images bien et artificieusement taillées en marbre, qui sont tout autour dudit temple. Thevet, Cosmogr., XVI, 21.

Doucereux avait le sens de doux et s’employait au propre et au figuré sans aucune idée défavorable : L’homme paissoit de glan sauvage Sa faim et de miel doucereus. Béreau, Ode 7. — O que l’homme est bien plus heureux, Qui lient à mépris vos richesses Et jouit du bien doucereux Qu’élargissent les neuf Deesses. Baïf, Tiers Livre des Poemes (II, 162).

Mielleux signifiait relatif au miel ou contenant du miel ; au figuré, doux comme le miel : Toutes ensemble viennent regagner leur ruche, et recommencer leur mielleux travail. Du Vair, Ouvert. du Parlement de 1614. — Bignets ou Buignets. Friands… succrez, delitieux, enfarinez, mielleux. De la Porte, Epithetes. — Les doctes sonantes Sœurs… Dont les mielleuses douceurs Oindront à jamais ta gloire. Tahureau, Premières Poésies, à Mme Marguerite. — Il est probable que dans artificieux est entrée l’idée d’excès d’habileté, dans doucereux et mielleux l’idée d’affectation de douceur, et qu’ainsi ces mots sont venue à exprimer l’idée de fausseté, de tromperie.

Cupide signifiait désireux, et cupidité signifiait désir : Tu n’es pas… plus cupide de m’enseigner et me faire ton disciple, comme je suis desireux d’aprendre. Bretin, trad. de Lucien, Anacharsis, 14. — Cette cupidité qui nous espoinçonne à l’estude des livres. Montaigne, III, 12.

Hautain signifiait haut, élevé, au propre ou au figuré : Antres et vous fontaines, De ces roches hautaines Qui tombez contre-bas D’un glissant pas. Ronsard, Odes, IV, 4. — La vie de M. Regulus, ainsi grande et hautaine que chascun la cognoist. Montaigne, III, 7.

Horrible avait le sens de terrible : Quand l’horrible majesté de Dieu nous vient en pensée, il est impossible que nous ne soyons espovantez. Calvin, Instit., III, xx, 17.

Idiot signifiait simple, ignorant ; imbecile avait le sens de faible, et imbecillité celui de faiblesse ; stupide signifiait frappé de stupeur, insensible. C’est probablement l’emploi par euphémisme qui a déformé la signification de ces mots : Qui est-ce maintenant qui osera alleguer, Ho, je suis un povre idiot, je ne suis point clerc. Calvin, 52e Serm. sur l’Harmonie evangel. — Ne tient-il qu’à mourir ? je rendray tesmoignage Que mon sexe imbecile est pourveu de courage. Montchrestien, les Lacenes, II. — Les uns distinguent les diversitez des couleurs, les autres ne les apperçoivent point, à cause de l’imbecillité de leur veue. Amyot, Contre Colotes, 7. — Tout cela nous ayant rendus stupides aus accidans communs, le vostre nous a reveillés et s’est fait sensible à nostre stupidité. Aubigné, Lettres diverses, 15.

Malostru signifiait littéralement né sous un mauvais astre, et par conséquent malheureux, chétif : Si nous avons à vivre ici bas comme povres malotrus, et que les uns soient affligez de maladies, et les autres de povreté. Calvin, 1er Sermon de Jacob et d’Esau.

Mediocre avait encore un sens favorable. Il s’appliquait à ce qui est moyen, modéré, placé à égale distance de deux extrêmes. Médiocrité a le sens correspondant : Comme en quelque tableau le mediocre ombrage Rend la peinture vive, et releve l’ouvrage. Passerat, Eleg. sur la Jalousie. — En toutes choses il fault garder la mediocrité et mesure. Cotereau, trad. de Columelle, I, 3. — C’est sans doute l’euphémisme qui a rapproché médiocre de mauvais.

Mignard était à peu près synonyme de mignon : Ce sont, Mignarde, tes beaux yeux Qui m’acheminent jusqu’aux cieux. Grevin, l’Olimpe, p. 56. — Il se différencie de son synonyme pour exprimer une idée de recherche, d’affectation, et son suffixe a pu contribuer à lui donner cette acception défavorable.

Monstrueux avait le sens de prodigieux : Les monstrueuses Beautez, Graves, Vertus, et Sciences d’Iocasie, la rendirent admirable entre les Hommes. Mmes des Roches, Dialogue de Placide et Severe. — L’évolution de ce mot a naturellement accompagné celle du mot monstre, qui au xvie siècle signifiait prodige, comme le latin monstrum.

Le sens du mot obsequieux était obéissant, respectueux. Il n’avait rien de péjoratif, non plus que le mot obsequiosité. On peut rapprocher obséquieux d’artificieux, doucereux, mielleux : Faudra il qu’un autre qui ne sera digne de m’entre comparé en amour, en fidelité et en peines, emporte sans beaucoup de mal ce que j’avais legitimement acquis par mon obsequieux service ? N. de Montreux, 1er Livre des Bergeries de Juliette, Journ. II, 105 vo. — [Didon] esprouva la vraye amour, foy et obsequiosité de sa sœur Anne. Lemaire de Belges, Couronne Margaritique.

Specieux signifiait beau, ayant une belle apparence, même si cette apparence n’avait rien de trompeur : Les demeures sont tres specieuses, et dignes d’œuvres royales. La Noue, Disc. pol. et mil., 5.

Trivial signifiait qui est connu de tous : Je maintiendroy volontiers le rang des biens, selon que portoit la chanson que Platon dit avoir esté triviale, prime de quelque ancien poëte : La santé, la beauté, la richesse. Montaigne, III, 12.

Affubler, c’était couvrir, vêtir : Son corps est affublé d’un precieux manteau. Du Bartas, 2e Semaine, 3e Jour, les Capitaines.

Contrefaire s’employait dans le sens de représenter, imiter. [La pierre sanguine] est fort propre pour contrefaire les visages apres le naturel. Palissy, De la marne.

Usurper signifiait employer, se servir de : Ceste sorte de rime est souvent usurpee de Marot. Sebillet, Art poetique, I, 7.

Certains mots avaient au xvie siècle une signification concrète dont ils se sont détachés. Souvent le mot est devenu purement abstrait :

Colere, tout en ayant déjà son sens actuel, conservait encore le sens de bile : Et luy prenoit un tremblement de tous les membres, et par vomissements rendoit grande quantité de cholere. Amyot, Diodore, XVII, 22.

L’allegresse était souvent une qualité corporelle : le mot était synonyme d’agilité. Dans la phrase suivante, disposition exprime a peu près la même idée, et ne pourrait plus l’exprimer aujourd’hui : D’adresse et de disposition, je n’en ay point eu ; et si suis fils d’un pere dispost, et d’une allegresse qui luy dura jusques à son extreme vieillesse. Montaigne, II, 17.

La droiture pouvait être la qualité de ce qui est droit, au sens matériel : Cecum, colon, rectum, dict tel pour sa droyture. Aubigné, Création, ch. 11.

Sentiment s’employait là où nous dirions maintenant sensation, pour un fait, purement matériel : Il receut trois coups d’une main large, comme il en jugeoit au sentiment. Aubigné, Hist. Univ., IX, 16. — Il désignait particulièrement l’odorat, quelquefois le goût : Tout ainsi que le chien a bon sentiment, aussi les Lares odorent de loing les pechez et meschancetez. G. Bouchet, 7e Seree.

Le mot candeur s’employait pour exprimer une blancheur éclatante. Candide se trouvait, dans le sens matériel de clair, pur : L’yvoire non fardé de son front blanchissant Surpasse la candeur d’un lis espanissant. P. de Cornu, Poésies, p. 44. — Desquelles cendres l’on pourra faire dus verre qui sera transparent et candide, comme l’eau congelative restoit avant sa congelation. Palissy, De la marne.

Scabreux avait le sens de raboteux, rocailleux : Aux lieux montueux, scabreux et estroits… la cavalerie est presqu’inutile. Charron, Sagesse, III, 3.

Discourir conservait encore le sens de courir çà et là : Leurs souldars sont espars et discourent par les logis ainsi quilz ont de coustume quant ilz ont la victoire. Seyssel, trad. de Thucydide, III, 5. — Avec un complément direct, discourir signifiait parcourir en divers sens : Les uns discourent le païs, les autres chevalent les voyageurs. La Boétie, Servitude volontaire. — Au figuré, le mot pouvait s’appliquer soit à la pensée, soit à la parole. Intransitivement, discourir, c’était réfléchir, raisonner, méditer, aller d’une idée à une autre ; transitivement, c’était parcourir par la pensée, examiner point par point : Elle qui sent parmy Ses propres os loger son ennemy, Pense et repense et discourt en sa teste Son penser vole et jamais ne s’arreste. Ronsard, Franciade, III. — En discourant plusieurs grandes entreprises, qu’il mettoit en son entendement… il proposa en luy mesme d’entendre premierement à gaigner ce qui estoit le plus pres de luy. Amyot, Pyrrhus, 6. Ainsi le sens propre et le sens figuré existaient l’un et l’autre au xvie siècle. Avec son sens actuel, discourir signifie littéralement aller par la parole d’un point à un autre, à différents points. Nous avons à peu près perdu l’emploi transitif, où discourir signifiait exposer, raconter, littéralement parcourir par la parole : Venant sur la bataille de Dreux, il la discourut et la représenta si bien et si au vif que vous eussiez dict que l’on y estoit encor. Brantôme, M. de Guise.

Discours avait les sens correspondants à ceux-là : action de parcourir matériellement : Il ne cesse de faire ses discours et circuits par la terre. Calvin, 8e Serm. sur le livre de Job ; — réflexion, raisonnement : S’il embrasse les opinions de Xenophon et de Platon par discours, ce ne seront plus lei leurs, ce seront les siennes. Montaigne, I, 25 ; — exposé, récit : Fay moy de sa mort le discours. B. Garnier, Hippolyte, 1982. — C’est beaucoup plus tard que le mot discours s’est réduit au sens dans lequel nous l’employons aujourd’hui.

Navrer avait encore le sens matériel aussi bien que le sens figuré. Il était, au sens propre, l’équivalent de blesser : Un serviteur de M. de Champagne… fut navré d’un coup d’espée à la gorge. Paré, VIII, 31.

Offenser aussi pouvait signifier blesser, endommager matériellement : Ce lyon… s’approcha tout doucement de moy, me presentant sa patte offensée. Montaigne, II, 12.

Outrer signifiait percer d’outre en outre : Mais enfin Arphaxat las de vaincre et d’occire, Outré de mille traite perd sa vie et son ire. Du Bartas, Judith, V.

Préoccuper, conformément à son étymologie, avait le sens d’occuper d’avance : Les Ætoliens avoyent preoccupé toutes les advenues et passages, par lesquelz il falloit passer pour aller en la ville de Delphes. Amyot, Demetrius, 40.

Tracasser, intransitif, signifiait aller çà et là : Je n’ay cessé toute la matinée de courir et tracasser par la ville. Larivey, les Jaloux, II, 1. — On disait aussi tracasser, transitif, dans le sens de porter çà et là : Mourant, il se feit porter et tracasser où le besoing l’appelloit. Montaigne, II, 21. — Se tracasser avait aussi une signification matérielle : Je m’advisay de commander qu’on donnast un cheval à ma femme, que je voyoy s’empestrer et se fracasser par le chemin, qui est montueux et mai-aisé. Montaigne, II, 6.

Feindre signifiait façonner. On feignait une statue de marbre, un vase de terre : L’ouvrier qui feint des Dieux les images aimez, Ou soit d’or ou d’argent ou de bronze formez. Amadis Jamyn, Poésies, L. I, 54 ro.

Liquider se disait dans tous les cas où nous dirions maintenant liquéfier : En la fournaise ardente on ne differe A liquider force acier mortifere. Des Masures, Eneide, 8.

Dans ce cas comme dans les précédents, l’emploi figuré existait déjà au xvie siècle. Les mots énumérés n’ont pas acquis de sens nouveaux, mais ils ont perdu les significations matérielles qu’ils ont eues autrefois.

Certains mots, au contraire, se sont matérialisés. Ils ont passé de l’abstrait au concret. Le rapport entre l’ancien sens et le nouveau peut are de diverses natures. Le mot exprimant primitivement une action, par exemple, il peut s’y développer un sens nouveau qui l’amène à désigner l’auteur de l’action, — ou sa cause, — ou son objet, — ou sort résultat, — ou le moyen de l’accomplir, — ou le lieu où elle s’accomplit. Quelquefois, dans un même mot, plusieurs de ces rapports existent soit simultanément, soit successivement.

Ainsi marchandise signifie littéralement l’action de marchander, c’est-à-dire de faire du commerce. Ce sens était très fréquent autrefois : Vous sçavez… que ma vie et mon estat est de trafiquer et que j’exerce marchandise. Amyot, Hist. Æthiop., VI, 66 ro. — Mais, très anciennement, le mot s’était matérialisé pour désigner ceux qui font du commerce, il était devenu un mot collectif signifiant le corps des marchands : Pleurez, labeur, et pleurez, marchandise. Marg. de Nav., Dern. Poés., le Navire. — Maintenant, le rapport est différent, et le mot matérialisé indique l’objet de l’action, ce qui se vend et ce qui s’achète.

Parlement conservait encore son premier sens, action de parler : Tous ces propos pleurent à ceste Dame, et… continuèrent tous les soirs ces longs parlemens. Marg. de Nav., Heptam., 13. — Mais depuis longtemps le mot avait pris une valeur matérielle et collective, les hommes qui se réunissent pour parler, d’où étaient venus les sens particuliers.

Merveille signifiait encore admiration, étonnement : Qui est celuy… qui ne seroit ravy d’esbahissement et de merveille ? Amyot, Fortune des Romains, 12. — Mais déjà le mot indiquait l’objet auquel se rapportent ces sentiments, la chose qu’on admire ou de laquelle on s’étonne.

Regiment avait encore le sens de direction, gouvernement : Les princes Qui ont le regiment des chrestiennes provinces. Béreau, Complainte de France. — Le mot désigne l’objet de l’action, quand il s’applique à des soldats réunis sous le commandement d’un chef. On sait que ce sens était un néologisme au xvie siècle.

Bastiment signifiait action de bâtir : Le roi ayant voulu bastir une citadelle à Verdun… le duc de Guise avoit empesché le bastiment. Aubigné, Hist. Univ., XI, 18. — Aujourd’hui, le mot désigne le résultat de l’action quand nous l’appliquons à une maison ou bien à un navire.

Le departement, c’est le fait de départir, c’est-à-dire de diviser, de répartir : Il proposoit… des departemens de terre et distributions de bleds. Amyot, César, 14. — Dans son sens actuel, division territoriale et administrative, et dans le sens de fonction, attribution, le mot en est venu à désigner le résultat de l’action.

Fabrique signifiait action de fabriquer, de construire : Les Atheniens estoient à choisir de deux architectes à conduire une grande fabrique. Montaigne, I, 25. — Le mot désigne le résultat de l’action dans l’exemple suivant : Sur la croppe d’un mont je vis une fabrique De cent brasses de haut. Du Bellay, Antiq. de Rome, Songe. Le rapport a changé de nature maintenant, et fabrique désigne le lieu où se fait l’action.

Manufacture, littéralement, exprime l’action de façonner ou d’apprêter avec la main, le travail de la main : Les Delphes s’en servent [d’une coupe d’argent] au sacrifice de leur feste… et maintiennent qu’elle est de la manufacture de Theodore Samien. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 51. — Un métier manuel était une manufacture : Chacun se meit à exercer quelque mestier et quelque manufacture. Amyot, Publicola, 11. — Le résultat de l’action, au xvie siècle, était appelé du même nom : Nous appelions les artisans manœuvres, et ce qui est sorty de leur art, manufactures. E. Pasquier, Lettres, VIII, 10. — Aujourd’hui, comme pour fabrique, le rapport n’est plus le même qu’autrefois, et le mot désigne le plus souvent le lieu où se fait l’action.

Peuplade signifiait action de peupler : La grandeur de laquelle ville [Venise] me donna occasion d’en escrire l’assiette, et le commencement de sa peuplade. Fauchet, Antiquitez, VII, 15. — Le mot avait aussi le sens de colonie et désignait ainsi le sujet de l’action : [Les Romains] envoyerent un nombre de leurs Bourgeois (ils appelloyent cela Colonie, que nous pouvons dire peuplade) habiter Cremone, Plaisance, et autres villes. id., ib., I, 14. — Dans cette phrase, d’ailleurs, le sens est un peu indécis, et l’on peut hésiter entre le sens abstrait et le sens concret. En tout cas, il est certain que le sens concret s’est développé, et que de là provient, par analogie, le sens que nous donnons au mot aujourd’hui.

Amas, c’était l’action d’amasser : C’est à luy un amas qui ne luy apporte ny honneur, ny profit, d’aller ainsi par tout recueillir les fautes d’autruy. Amyot, Curiosité, 12. — C’était souvent l’action de lever des troupes, d’assembler des soldats : M. de Soubize fit son amas, et marcha au devant du Prince de Condé avec sept regiments faisants plus de cinq mille hommes. Aubigné, Sa vie. — Aujourd’hui amas s’applique aux choses amassées, c’est-à-dire au résultat.

C’est encore l’idée du résultat qui a remplacé l’idée de l’action dans le mot eslite. Au xvie siècle, ce participe passé pris substantivement signifiait action de choisir : La prudence… est l’eslite entre le bien et le mal. Montaigne, II, 12.

Le rapport est le même pour le mot confiture qui avait le sens général de préparation : Puis qu’avons commencé à parler de la confiture des olives. Cotereau, trad. de Columelle, XII, 48. — Il s’est produit, en outre, dans ce mot, une restriction de sens.

La complication est un peu plus grande pour le mot dessert. Au xvie siècle, le mot exprimait l’action de desservir : Au dessert du premier metz fut par elles melodieusement chanté un Epode. Rabelais, IV, 51. — Mais déjà il désignait aussi le résultat de l’action, les mots desservis, ce que l’on appelle maintenant la desserte : Le dessert des tables se donne aux assistans, nos repas faicts. Montaigne, II, 13. — L’on trouvait aussi déjà le sens actuel, le dernier service du repas, sens qui s’était formé par analogie. — Le mot desserte était, lui aussi arrivé à cette signification, qu’il n’a pas gardée : Il estoit defendu aux Naucratiens, mesmes és noces, de bailler de la desserte faicte d’œufs et de miel. G. Bouchet, 5e Seree.

Advenue signifiait arrivée : Je vous envoye le double d’un brief que le Sainct Pere a decretté n’a gueres pour l’advenue de l’Empereur. Rabelais, Lettres (III, p. 347). — Le mot se matérialise en passant à l’idée de moyen, quand il désigne la voie par laquelle on arrive : Caesar ayant traversé… un grand païs de bois par des advenues dont on ne se doutoit point, en surprit les uns par derriere, et assaillit les autres par devant au desprouveu. Amyot, César, 53. — Il ne reste plus rien du sens primitif quand le mot s’applique à une large voie, quelle qu’en soit la direction.

Voiture signifiait action de transporter, transport : La voitture des vivres en son camp par la mer estait longue, dangereuse, et de grande despense. Amyot, Marius, 15. — Le même mot s’emploie pour désigner le moyen de transport, quel qu’il soit : Je ne puis souffrir long temps… ny coche, ny litiere, ny bateau, et hay toute autre voiture que de cheval. Montaigne, III, G. — Pendant longtemps encore le mot voiture a conservé ce sens général.

Comme on le voit, ce passage de l’abstrait au concret est fort ancien, et la plupart du temps nous pouvons trouver les mots, au xvie siècle, avec les deux emplois différents. On rencontrerait même à cette époque et l’on a pu voir longtemps après certains sens matérialisés que nous n’avons plus.

Ainsi le mot religion avait pris une valeur concrète en s’appliquant aux personnes qui s’assemblent, qui s’associent pour des pratiques religieuses, pour l’observation d’une règle commune. Il désignait souvent les ordres religieux : Souvent il y avoit de l’envie entre les religions, et principalement entre les Cordeliers et Jacopins. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 36. — Le mot religion avait un autre sens concret : il signifiait couvent : Il s’enquist de sa façon de vivre, et trouva qu’elle alloit souvent aux églises et Religions. Marg. de Nav., Heptam., 16.

Le mot rencontre signifiait bien comme aujourd’hui l’action de rencontrer. Mais il désignait aussi l’apparence, l’aspect, la mine : Un grand riche homme qu’on appeloit Gilbert, fort gracieux et de bonne rencontre. Le Maçon, trad. de Boccace, Decameron, X, 5.

Mariage, outre son sens habituel, a pendant longtemps eu le sens de dot : Quelle femme estes-vous ? — Une pauvre pecheresse qui a trois pauvres filles à marier sur les bras, sans sçavoir où est le premier denier de leur mariage. Tournebu, les Contens, II, 2.

Heritage, en son sens propre, est bien aujourd’hui un mot concret : ce que l’en reçoit par succession. Mais il avait un sens concret plus précis, le sens qui convenait à une époque où l’immeuble était la propriété par excellence, celle qu’on se transmettait de père en fils. Il désignait la maison, la terre, le domaine : O bien-heureux celuy qui peut user son âge En repos, labourant son petit heritage. Ronsard, Poemes, L. II, Disc. au Card. de Chatillon.

Il est des mots dans lesquels le radical n’a pas changé de sens, le suffixe n’a pas changé de forme, et cependant le rapport entre le radical et le dérivé n’est pas le même qu’autrefois. Certains rapports que le suffixe marquait au xvie siècle n’existent plus aujourd’hui. Ce n’est pas que les sens d’aujourd’hui soient nouveaux, la plupart du temps, ils existaient déjà. C’est plutôt que pour diverses raisons le mot a perdu une partie de son ancienne signification.

Bercail, outre son sens habituel, étable à mutons, avait très souvent le sens de troupeau de moutons : Nature a donné ceste faculté au bercail de suivre tousjours la premiere qui marche devant. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, I, 324. — Ce mot semble d’ailleurs n’être qu’une variante dialectale de bergeail, qui, lui aussi, au xvie siècle, signifiait troupeau de moutons.

Corsage a été longtemps synonyme de corps. Le suffixe -age avait la même valeur collective que dans visage : Dame Minerve… A appellé Thelemacque le sage, Semblant Mentor de poix et de corsage. Peletier du Mans, 2e Livre de l’Odyssée. — Le changement de sens qui a fait de ce mot le nom d’un vêtement n’a rien d’extraordinaire. On l’a vu se produire pour le mot corps lui-même.

Librairie ne désignait pas seulement l’endroit où l’on vend des livres, mais aussi l’endroit où sont rangés des livres. Le mot grec bibliothèque avait été employé déjà, mais c’est seulement plus tard que son usage est devenu habituel : J’ay autresfois trouvé en la Librairie du grand Roy François, qui estoit à Fontainebleau, une vieille traduction de la Bible. E. Pasquier, Recherches, VIII, 5.

Indemnité signifiait l’état de ce qui est indemne, sans dommage. Icy ont parfaicte seureté, indemnité et franchise. Rabelais, V, 4.

Asnier, adjectif et substantif, se disait souvent d’une personne ignorante et sotte : Que seroit-ce, si les enfans qui sont de la plus haute reigle, estoyent des asniers, et que ceux qui sont plus bas eussent mieux profité ? Calvin, 5e Serm. sur l’Ep. aux Corinthiens.

Boursier avait souvent le sens de faiseur de bourses, et aussi celui de trésorier. Le mot bourse ayant plusieurs significations, il était naturel que son dérivé pût s’adapter l’une ou à l’autre : Plourez aussi, pauvres boursiers ; De bourses n’avons plus mestier. Anc. Poés. franç., VII, 78. — [Philippe à Alexandre, qui essaie de plaire aux Macédoniens par des présents] : As tu envie que Les subjects te tiennent pour leur boursier, non pour leur roy ? Montaigne, III, 6.

Perruquier, entré sans doute dans la langue en même temps que perruque, avait déjà son sens actuel. Mais on le voyait aussi employé dans le sens de chevelu : O beau Soleil luisant, belle et claire planette, Qui pousses tes rayons dedans la nuict brunette : O grand Dieu perruquier. R. Garnier, Hippolyte, 151.

Le sens le plus habituel de tavernier était, comme aujourd’hui, celui qui tient une taverne. Mais le mot pouvait désigner aussi celui qui fréquente les tavernes : Garde toy d’estre tavernier Ne joueur. Anc. Poés. franç., I, 132.

Memorable pouvait signifier non seulement dont on doit se souvenir, mais aussi qui peut se souvenir, qui se souvient. Encore aujourd’hui beaucoup de mots formés avec le suffixe -able ont le sens actif. Autrefois, certains mots pouvaient avoir les deux, et memorable était du nombre : Et or que le peux, memorable Des feux noirs, breve entre pareils Mesle la folie aux conseils. Luc de la Porte, trad. des Odes d’Horace, IV, 12.

Navigable signifie maintenant où l’on peut naviguer. Dans une phrase de G. Bouchet, le mot peut signifier soit qui peut naviguer, soit au moyen duquel on peut naviguer : Il se trouve des tortues si grandes, que d’une coquille on en pourroit couvrir une maison logeable, ou en faire un vaisseau navigable. 36e Seree.

Le verbe passer ayant toujours eu un grand nombre de sens, l’adjectif passable en a eu lui aussi beaucoup qui ne se sont pas tous conservés. Avec la valeur active, on l’employait avec la signification de passager, qui passe vite : O l’homme miserable Qui aimant pour longtemps Ceste vie passable, Veut vivre beaucoup d’ans. Rivaudeau, Aman, III. — Comme passif, il avait le sens de qui peut être passé, traversé : Les tenebreuses Rives de Styx, non passable au retour. Du Bellay, Antiq. de Rome, 15.

Solvable, avec le sens actif, qui peut payer, avait aussi le sens passif, qui doit être payé : Pour la fondation et entretenement d’icelle donna à perpetuité vingt troys cent soixante neuf mille cinq cens quatorze nobles à la rose de rente fonciere, indemnez, amortyz, et solvables par chascun an à la porte de l’abbaye. Rabelais, I, 53.

Risible signifiait capable de rire. Il avait aussi le sens de riant : L’enfant naissant n’est pas moins risible, encores qu’il pleure… car la capacité et aptitude naturelle y est. Charron, les Trois Veritez, III, 8, Adv. — Veillez en pleurs, et larmes indicibles : Ne ne soyez joyeux, gays, ne risibles. Lemaire de Belges, Couplets de la Valitude. A côté de ces emplois actifs, il avait d’ailleurs la valeur passive, comme aujourd’hui.

Soupçonneux ne signifiait pas seulement porté à soupçonner, mais aussi propre à être soupçonné, suspect : Elle l’alla cacher en lieu qui luy sembla le moins soupçonneux : ce fut dans une Cypsale, qui est certaine mesure à blé. Saliat, trad. d’Hérodote, V, 92.

Empierrer s’employait avec le sens de changer en pierre, pétrifier, au propre ou au figuré : Sans respirer je demeure tout blanc, Palle, empierré, comme une roche dure. Ronsard, Eleg. 5.

Dispenser et dispense contenaient bien, comme aujourd’hui, l’idée de permission ; mais l’idée était positive, tandis qu’aujourd’hui elle est négative. Dispenser quelqu’un de faire une chose, c’était lui permettre de la faire. Se dispenser de faire une chose, c’était se permettre de la faire, et une dispense était une permission : Je veux t’estre agreable et je t’ay dispensee De faire tout cela que voudra ta pensee. Am. Jamyn, Iliade, XXII. — Je vous envoye la lettre qu’il vous escrit sur le sujet de ma negociation, et pour sçavoir plus a plein ce qu’il en esperoit, je me suis dispensé de l’ouvrir. St François de Sales, Lettres, 152. — J’appelle raison nos resveries et nos songes, avec la dispense de la philosophie, qui dit le fol mesme et le meschant, forcener par raison. Montaigne, II, 12.

Se passer, entre autres sens, avait celui de se tirer d’affaire. Un complément, joint à se passer par les prépositions à ou de, désignait la personne ou la chose au moyen de laquelle on se tirait d’affaire. Se passer de pain, pour toute nourriture, c’était s’en contenter, s’en accommoder : Jean Baptiste… se passoit de ces sauterelles et de miel sauvage, et d’eau courante… il ne goustoit point de pain et de vin. Calvin, 42e Serm. sur l’Harmonie evangel. — Puis se passer de prend un sens négatif et signifie se tirer d’affaire sans la personne ou la chose désignée par le complément.

Environner pouvait signifier non seulement être autour de, mais aussi aller autour de, faire le tour de : Il environna tout le Peloponnese, partant du port de Pages en la coste Megarique avec une flotte de cent galeres. Amyot, Periclès, 19.

Savourer avait parfois le sens de rendre savoureux : Au semer des melons, aucuns ajoustent les bonnes senteurs et liqueurs, pour en odorer et savourer le fruict. O. de Serres, Th. d’Agric., VI, 9.

Scandaliser signifiait perdre de réputation, déshonorer. On scandalisait quelqu’un en l’accusant, à tort ou raison, d’une action honteuse, en faisant un éclat à ses dépens : La Dame (combien qu’à juste occasion le pouvoit faire punir…) si ne voulut elle pour ceste premiere fois le scandaliser. Comptes du Monde adventureux, 23. — Maintenant que scandaliser quelqu’un signifie le choquer par l’éclat fâcheux d’une mauvaise action, d’un mauvais propos, l’idée fondamentale de scandale est toujours présente, mais le dérivé exprime une tout autre idée qu’anciennement.

Ailleurs, l’idée primitive n’existe plus. Dans le mot qui l’exprimait, une idée accessoire s’est jointe à elle, puis est devenue l’idée dominante. Désormais, le mot sert surtout, a l’expression de la nouvelle idée. La première peut disparaître totalement le mot lui survit et n’exprime plus que l’autre, à laquelle il demeure attaché. Ce fait, que Darmesteter appelle l’enchaînement de sens, est tout à fait fréquent dans l’histoire de notre langue, et, comme il peut se produire plus d’une fois dans un même mot, on voit quelle est son importance dans l’évolution sémantique.

Marinier est primitivement un adjectif signifiant relatif à la mer, ou plutôt à la marine, puisque marine avait pris le sens de mer. Marinier a d’ailleurs encore cette signification générale. Employé comme substantif, il désignait naturellement, un homme naviguant sur la mer : Là le trouverent des mariniers nouvellement arrivez des isles de l’Ocean Atlantique, que les anciens appelloyent les Isles fortunees. Amyot, Sertorius, 8. — Dans cet emploi, à l’idée de mer s’est jointe l’idée de navigation, qui prend une importance croissante et finit par dominer. Aujourd’hui, l’idée de la mer a tout à fait disparu. Le marinier n’est plus que l’homme qui navigue sur les fleuves et les rivières. Il est tout fait opposé à marin, dont il devrait logiquement être le synonyme, comme autrefois. Mais c’est justement sans doute cette synonymie qui a été cause de son évolution.

Le secrétaire était celui à qui l’on confiait un secret, le confident. Employé au figuré, le mot, pouvait même s’appliquer à des choses : Bois tristes et solitaires, De ma peine secretaires. Du Bellay, Jeux rustiques, Chant d’Amour et de l’Hyver. — Mais le rôle du confident pouvait être aussi de tenir la plume pour celui dont il avait la confiance. Ce second caractère prend la prépondérance sur le premier et finit par l’éliminer.

Un badin était un sot. Le mot était adjectif et substantif, et badinage signifiait sottise : Voilà tant de sottises que mesmes les Payens n’ont esté jamais si lourds ne si badins en leurs superstitions, comme aujourd’huy vous estes. Calvin, 42e Serm. sur l’Epistre aux Galates. — Je sçay bien que les povres Egyptiens d’Hérodote sont fort mocquez quant à leur religion… et ne nie pas que ce ne soit à bon droit, car on y voit de grans badinages. H. Estienne, Apol. pour Hér., au Lecteur. — Mais le badin était, en outre, un personnage de comédie, dont le rôle était de faire rire par sa sottise : En ceste maniere voyons nous entre les Jongleurs à la distribution des rolles le personaige du Sot et du Badin estre tousjours representé par le plus petit et perfaict joueur de leur compaignie. Rabelais, III, 37. C’est par ce personnage que l’idée de faire rire s’introduit dans le mot, domine ridée de sottise et finit par la faire disparaître complètement.

Chere conservait encore le sens de visage, mine : Quand il s’en departoit, elle fundoit en larmes, et avoit la chere triste, la contenance morne. Amyot, Antoine, 53. — Ce sens avait déjà vieilli d’après Henri Estienne. C’est qu’une idée accessoire s’était développée dans le mot, celle de l’accueil qu’on fait à quelqu’un, en lui faisant bonne ou mauvaise mine. Dans cette idée devenue dominante, un élément acquiert une importance particulière : le repas qu’on offre à la personne qu’on accueille. Ce repas prend enfin une place telle que l’idée d’accueil cesse d’exister.

Collation avait encore le sens de conférence, harangue, avec plusieurs autres sens d’ailleurs : Faites en chacun une brieve collation par ordre. Et tu premierement, messire Robert Gaguin… desploye icy la suavité de ton eloquence, pour en dire ton sentement. Lemaire de Belges, Couronne Margaritique. — Le mot désignait, en particulier, une conférence qui avait lieu le soir dans les monastères, et aussi un léger repas qui suivait la conférence. Ce repas prenant bientôt, une importance prédominante dans le sens du mot, collation devient le nom d’un repas léger, quelles qu’en soient les circonstances.

Estape a signifié marché : Il n’avoit pas au paravant une seule ville, une seule estappe, ny un seul port en Italie. Amyot, Fabius, 17. — Les marchands apportant aux estapes ce qu’ils avaient à vendre, il se joint a l’idée contenue dans le mot celle d’un lieu de dépôt de provisions, et les étapes sont des dépôts établis de distance en distance, où les troupes en marche viennent s’approvisionner. De là les sens modernes : lieu d’arrêt des troupes en marche, parcours entre chaque point d’arrêt, et distance de l’un à l’autre.

Foule était l’action de fouler, de presser, et, au figuré, de causer du dommage : Nos Roys sont arrivez à ceste grandeur… sans foule et oppression de leurs sujets. E. Pasquier, Recherches, I, 1. — Quand un grand nombre de personnes se pressent les unes contre les autres, c’est le mot foule qui convient pour exprimer le fait, puis pour désigner les personnes elles-mêmes par une matérialisation du sens du mot. Enfin l’idée de grand nombre devient quelquefois dominante, et, dans ce cas, l’idée de fouler, de presser, a disparu.

Le sens premier de mesnagerie, c’était gouvernement de la maison : Sçaurions nous point dire quel est le faict de la mesnagerie ? dit Socrates… — Je pense pour vray, dit Critobule, que le faict d’un bon mesnager, c’est de bien gouverner sa maison. La Boétie, trad. de la Mesnagerie de Xenophon, 1. — Le sens du mot se matérialise, et mesnagerie s’applique aux moyens de bien mesnager, de bien gouverner la maison : outils, meubles, animaux nécessaires à la vie des champs, au travail agricole. Puis, plus étroitement, il désigne l’ensemble des animaux, et, plus particulièrement encore, les collections d’animaux rares, exotiques, que les rois, les grands seigneurs se plaisaient à réunir dans leurs domaines. Il ne reste plus au mot qu’à se vulgariser pour arriver au sens que nous lui connaissons, si éloigné de celui qu’il avait au xvie siècle.

Le mot parquet, diminutif dialectal de parc, désignait un enclos : A proprement entrelasser les clayes Pour les parquets des ouailles fermer. Marot, Eglogue au Roy. L’idée de lieu clos prend de plus en plus d’importance. Parquet en vient à désigner soit une salle de justice, soit, dans une salle de justice, la partie où se tiennent les juges et les avocats, séparés du public par une barrière : Hante-moy les Palais, caresse-moy Bartolle, Et d’une voix dorée, au milieu d’un parquet, Aux despens d’un pauvre homme exerce ton caquet. Ronsard, Poemes, L. II, Discours à P. L’Escot. — Il n’y a pas loin de ce sens à celui que le mot a pris aujourd’hui : le parquet du procureur de la République. — Mais le mot parquet avait aussi, au xvie siècle, un autre sens voisin de celui d’enclos : c’était le sens de compartiment : Par un mesme moyen, seront formez audit rocher certains parquets, et petits receplacles, pour faire rafraischir le vin, pendant l’heure du repas. Palissy, Recepte veritable, p. 64. — Ce sens nous amène à celui que le mot a pris comme terme de menuiserie, et le passage de l’un à l’autre se comprend facilement quand on pense aux assemblages que formaient les parquets d’autrefois.

Le mot préau a subi une évolution analogue. Au xvie siècle, il conservait un sens conforme son étymologie, d’après laquelle il devait signifier petit pré : Les deux amans entrèrent dans un préau couvert de cerisaye et bien cloz de rosiers et de groseillers tort haults. Marg. de Nav., Heptam., 44.

Le mot potence, étymologiquement, devrait être abstrait et avoir un sens répondant au latin potentia, auquel il est emprunté. Il s’est matérialisé et a exprimé une idée de moyen. La potence était la béquille, qui donnait la force et le pouvoir de marcher : M. d’Auret se portoit toujours de mieux en mieux, et cheminoit tout seul autour de son jardin sur des potences. Paré, Voyage de Flandre. — Une analogie de forme fait que le mot potence désigne aussi le gibet, et, dès lors, le sens de béquille devient rare et finit par disparaître.

Chapeau aurait dû pouvoir toujours être le nom de toutes sortes d’objets servant à couvrir la tête, surtout s’il est vrai que chape puisse se rattacher au radical de caput. Son sens primitif paraît, en effet., avoir été plus large que le sens actuel. Au xvie siècle, on l’employait très souvent dans le sens de couronne, qui n’est qu’un cas particulier, parfaitement d’accord avec la signification générale : Le Dictateur… le couronna… d’un chapeau de branches de chesne, pource que c’est la coostume des Romains que celuy qui sauve la vie à un sien citoyen, est honoré d’une telle couronne. Amyot, Coriolan, 3. — Mais cette acception entraîne le mot vers une autre toute voisine, celle de guirlande, d’où l’idée première est tout à fait absente : Un pont orné de peintures, doreures, de festons et chappeaux de triomphe, et de tapisseries fort exquisement. Amyot, Nicias, 3. — On voit, d’ailleurs, que ce sens analogique n’a pas subsisté.

Un chapelet était d’abord une coiffure ; le mot était un diminutif de l’ancienne forme chapel : Agathocles… se declaira roy : sans toutefois prendre ne porter couronne et dyademe royal, ains se contenta dung chappelet quil, voit au paravant, des quil usurpa la tyrannie, pour quelque religion et sacerdoce : ou comme aulcuns dient, pource, quil navoit pas beaucoup de cheveulx. Seyssel, trad. de Diodore, III, 20. — Comme chapeau, le mot chapelet pouvait avoir le sens de couronne : Que le peuple… De chapelets de fleurs se couronne la teste. Ronsard, Poemes, Retour d’Anne de Montmorency. — Comme lui, il a aussi le sens de guirlande, mais au lieu de le perdre il passe de là à un autre sens analogique : un assemblage d’objets reliés entre eux comme les fleurs d’une guirlande.

On connaît bien l’histoire du mot bureau, qui, au xviie siècle encore, était le nom d’une grosse étoffe de laine, en sa qualité de dérivé de bure : Je changeray voz gros vilains bureaux En tous draps d’or, d’argent, riches et beaux. Marg. de Nav., les Marguerites, Com. de la Nativ. de J.-C. — On sait comment ce mot a désigné les tapis de table faits de cette étoffe, et comment de cette signification sont venues toutes celles qu’il a prises dans le français moderne.

Fusil désignait la pièce d’acier dont on se servait pour frapper un silex et en faire jaillir une étincelle : Celuy que les Muses cherissent Fait avant qu’il soit jour d’un fusil affilé Bluetter le caillou sur le drap my bruslé. Du Bartas, 1re Semaine, 2e Jour. — Le mot avait souvent un sens figuré : Le fusil martelant de mes plaintes n’a peu Du caillou de ton cœur arracher aucun feu. Am. Jamyn, Poes., IV, 206 vo. — Quand cette pièce d’acier, adaptée à une arme à feu, sert à faire sortir du silex l’étincelle qui doit enflammer la poudre, l’arme tout entière, le mousquet à fusil, prend le nom de cet objet caractéristique, et, sans perdre entièrement son autre sens, le mot fusil s’attache particulièrement à ce sens nouveau. Aussi quand le silex et la pièce d’acier disparaissent, le fusil moderne conserve un nom qui n’est plus justifié.

Journal est un adjectif dérivé de jour. Ainsi le travail journal est le travail qui se fait le jour, ou, quelquefois, qui se fait chaque jour : Mais le soleil panchant au temps que le Bouvier Veut du travail journal ses Toreaux desiier, Alors tes Argiens le dessus emporterent. Am. Jamyn, Iliade, XVI. — Le mot s’employait même comme substantif dans la phrase suivante, journal a le sens de tâche du jour, tâche quotidienne : [La mere des abeilles] jamais ne laisse chaumer les mousches à miel, ains envoye à la besongne celles qui ont à faire leur journal dehors. La Boétie, trad. de la Mesnagerie de Xenophon, 13. Les papiers journaux avaient pour objet de relater au jour le jour tous les événements de quelque importance : Au papier journal de sa maison, ou est descrit par le menu tout ce qu’il faisoit à chasque jour, il y a que le dix huitieme de Juin, il dormit dedans l’estuve, pource qu’il eut la fiebvre. Amyot, Alexandre, 75. — Dans les emplois actuels dit mot journal, il reste certainement beaucoup de la signification première. Cependant, l’idée dominante est celle d’une publication qui peut être mensuelle aussi bien que quotidienne et qui n’est pas forcément relative aux événements du jour. On ne voit pas bien quel rapport peut avoir le Journal des Savants, par exemple, avec les papiers journaux de nos ancêtres.

Ramage aussi a été un adjectif et, au xvie siècle, il signifiait encore quelquefois rameux : Moins sont piteulx que n’est la loupe cerve Eschauffée dedans le boys ramaige. Gringore, l’Obstination des Suysses. — Il se disait surtout des oiseaux qui vivaient dans les bois, dans les branches des arbres, et aussi de leur chant : Je m’en allois souvent cueillir le houx, Pour faire gluz prendre oyseaulx ramages. Marot, Églogue au Roy. — Plus à l’abri de l’ombrage Des oyselets aux doux chants On n’oit le caquet ramage. Baïf, Poemes, L. III (II, 128). — L’idée de chant étant devenue dominante, le mot ramage s’est complètement détaché de sa signification primitive.

Le sens primitif de quitter, c’est laisser quitte, libérer d’une dette, d’une obligation. C’était encore un sens usuel au xvie siècle : Ils supplierent la Deesse de les dispenser de leur promesse, et les quitter pour cinq cents chevres qu’ils luy sacrifieroient tous les ans. Amyot, Malignité d’Hérodote. — Par un changement de construction, au lieu de dire quitter quelqu’un d’une dette, on a dit quitter une dette à quelqu’un, et de là est venu le sens de céder, abandonner une chose à quelqu’un : Otanez, l’un des sept qui avoient droit de pretendre au royaume de Perse… quitta à ses compagnons son droit d’y pouvoir arriver. Montaigne, III, 7. — On voit comment des expressions telles que quitter la place à quelqu’un ont amené le mot au sens de s’éloigner de quelque chose ou de quelqu’un.

Dans certains mots, la perte complète du sens primitif est venue d’une erreur étymologique, d’une fausse analogie. On a rapproché le mot d’un autre avec lequel il avait quoique ressemblance de forme, mais qui appartenait à un radical différent.

Tel a été le cas de soufreteux, pour soufraiteux, adjectif dérivé de soufraite, qui signifiait manque, privation, dénuement. On était soufreteux d’argent, de blé, ou bien soufreteux, sans déterminant, s’employait dans le sens que nous donnons à indigent : Le souffreteux est miserable, Et le trop riche est enviable. Pussé-je vivre entre les deux ! Baïf, 1er L. des Mimes. — Soufreteux a été rapproché à tort de souffrir. C’est pour cela qu’il a complètement cessé d’exprimer l’idée de pauvreté pour s’appliquer à une personne maladive, habituellement souffrante.

Habiller avait le sens de préparer, apprêter : [Un Laconien] ayant achepté du poisson, le bailla à habiller à un tavernier, qui luy demanda du fourmage et de l’huile pour ce faire. G. Bouchet, 6e Seree. — Rhabiller avait le sens de réparer : Au lieu de rabiller nostre faute, nous la redoublons. Montaigne, I, 56. — C’est un rapprochement erroné avec le mot habit qui a détourné habille et rhabiller de leur sens normal en y substituant un sens tout différent.

Ces exemples suffisent, pour montrer l’importance de l’évolution sémantique qui a rendu notre langue si différente de celle du xvie siècle, même dans l’usage des mots qui sont communs aux deux époques. Outre les causes de variation que j’ai énumérées, on pourrait en indiquer beaucoup d’autres. Et toutes ces causes se mélangent., s’enchevêtrent, agissent concurremment. Parmi les exemples que j’ai cités, plusieurs auraient pu prendre place dans deux ou trois catégories distinctes. Toue ce travail inconscient a produit dans le vocabulaire des modifications telles que, pour un lecteur mal averti, un texte du xvie siècle dont tous les mots semblent connus est plein de pièges et peut donner lieu à beaucoup d’erreurs.

J’ai fait une place dans ce livre à certains mots qui sont toujours vivants, et dont le sens n’a pas varié depuis le xvie siècle. Ce sont des mots dont j’ai noté l’emploi à une date antérieure à celle qu’on indique ordinairement. En général, j’ai pris pour point de comparaison l’excellent Dictionnaire de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, que l’on consulte toujours quand on veut être informé de l’ancienneté d’un mot. Mais les indications que je donne à ce sujet ne peuvent avoir qu’un intérêt provisoire. Certainement de nouvelles recherches feront reporter plus loin que je n’ai pu le faire le premier emploi d’un grand nombre de mots.

Un dictionnaire n’est pas une grammaire. Je me suis efforcé de ne jamais l’oublier. On ne trouvera pas dans celui-ci les faits généraux qui ne se rattachent à aucun mot en particulier : la prononciation de la diphtongue oi, par exemple, — ou l’emploi des passés définis en -is, comme je trouvis, dans les verbes de la première conjugaison, — ou l’accord du participe passé. Mais il est certains faits de phonétique, de morphologie et de syntaxe qui concernent chacun un petit nombre de mots, ou un mot seulement, et il m’a semblé utile de les noter.

En phonétique, nous sommes renseignés soit par la graphie, soit par la mesure du vers, soit par la rime.

J’ai relevé, par exemple, les cas où nous trouvons e au lieu de a, ou inversement cherge, cherme, guiterre, merque ; — liarre, marle, sarge, sarpe ;

assoudre pour absoudre ; — oscur, ostiné, sutil pour obscur, obstiné, subtil ; — adoter, perentoire, sontueux pour adopter, péremptoire, somptueux ; — ajoindre, ajuger, amonester, aversaire pour adjoindre, adjuger, admonester, adversaire.

J’ai noté les cas où la mesure du vers nous indique une prononciation différente de la nôtre : deux syllabes là où nous n’en comptons qu’une, une syllabe là où nous en comptons deux, comme dans les mots suivante :

Perdreau (3 syllabes) : Le perdreau en sa saison, Le meilleur vin de la maison. Jodelle, Eugène, I, 1.

Aider (3 syllabes) : Mille preservatifs le fresne a de nature, Afin d’en aider l’humaime creature. Passerat, Poésies, I, 61.

Paon (2 syllabes) : Et de Paons couplez, où il le plaist tu guides Ta coche comme vent sur terre et dans les cieux. Ronsard, Eglogue 3.

Viande (2 syllabes sonores) : O doulee mort, par salut manifeste Tu nous repais de viandes celestes. Marot, Traduct., 3.

Fay-neant (2 syllabes) : Par le champ du fay-neant je passe… J’y voy tout en friche laissé. Baïf, 3e Livre des Mimes.

Naif (une syllabe) : Là nous dirons mainte naifve sornette, Chassant bien loin tristes soucis de nous. J. Béreau, Eglogue 2.

Pays (une syllabe) ; paysan (2 syllabes) ; paysage (2 syllabes sonores) : Trouva le tout si tres bien ordonné, Le pays par tout, soit privé ou estrange, Qu’il en donna à sa mere louange. Marg. de Nav., Dern. Poés., les Prisons de la Reine de Nav.Par elle le paisant, quand son Croissant éclere, Cognoist pour tout le mois quel temps c’est qu’il doit faire. Baïf, le 1er des Meteores. — Nous repaissant d’un feint image Ou de quelque estrange paysage. Belleau, Petites Inventions, le Pinceau.

Traison (2 syllabes) : Et voilant sa traison d’un masque d’hypocrite. Du Bellay, Regrets, 73.

Fleau (une syllabe) : L’homme pense eviter les fleaux du Ciel vengeur. Aubigné, Tragiques, V.

Poete (une syllabe sonore) ; poetique (2 syllabes sonores) : Je ne sçay quel Demon m’a fait devenir Poete. Regnier, Sat. 2. — Sentier trop rebattu des poetiques esprits. Desportes, Rodomont.

Des renseignements peuvent être tirés aussi de la rime, et je les ai notés à l’occasion. On verra, par exemple :

Jerusalem rimant avec an : Or, parler veulx à toy une fois l’an, Ainsi que Dieu dict de Jerusalem. Des Périers, I, 141.

Eden rimant avec Adam : Monstrant que fut Eve faite en Edem De chose pure, et de limon Adam. Vauquelin de la Fresnaye, Sat. franç., L. III, à M. de Choisy.

Ancien rimant avec Ocean : Le siecle ancien Nomma le pere et vieillard Ocean Germe de tout. Ronsard, Hymne de la Philosophie.

Accepte rimant avec houlette : Donc, Sauvageot, ces deux vouges accepte, Comme vainqueur : de moi cête houlete. Vauquelin de la Fresnaye, Foresteries, I, 6.

Sceptre rimant avec prestre : Lors Anius le bon Roy portant sceptre Du peuple Roy, et de Phebus grand Prestre. Des Masures, Eneide, III.

Delecte rimant avec violette : Et si l’aller par les champs vous delecte, A chascun pas croist une violette. Melin de Saint-Gelays, I, 198.

Mais il ne faut pas exagérer la valeur de ces renseignements. Les poètes du xvie siècle prennent de grandes libertés tant avec la rime qu’avec la mesure du vers.

En morphologie, il était indispensable d’indiquer les cas où l’usage du xvie siècle est différent du nôtre, par exemple dans la formation du pluriel :

-als : Par petits ruisseaux et canals. Coteareau, trad. de Columelle, I, 2 ; — Qui sont tous signals de bataille. Thevet, Cosmogr., XVIII, 8 ; — crystals, cardinals, cordials, vitals, etc.

-aux (singulier en -al) : Les lieux sont fataux. Aubigné, Fœneste, III, 7. — Leurs pays nataux. Du Bartas, 2e Semaine, 2e Jour, les Colonies.

-ails : Les corails sont plantes lapidifiées. Paré, Livre des animaux, 21. — Jusques à temps que lesdits esmails soient fondus. Palissy, Recepte veritable, p. 60 ; — souspirails, travails.

-aux (singulier en -ail) : Ce sont des espouvantaux de chanevieres. Fauchet, Antiq., IX, 9. — Seras debout devant les grans portaulx. Marot, L. I de la Metam. ; — esventaux, gouvernaux.

Pour le genre les féminins sans e muet : L’escorce vert leur croist autour des aynes. Marot, L. II de la Metam. ; — fort, gentil, grand, etc.

Les masculins avec un e muet qu’ils n’ont plus aujourd’hui : Tout ce qui est terrien et du monde est temporel, et mesme caduque. Calvin, Instit., II, xv, 3. — Il n’est homme si decrepite qui ne pense avoir encore vingt ans dans le corps. Montaigne, I, 19. — Je le trouvay avec une grosse fievre, les yeux fort enfoncés, avec un visage moribonde et jaunastre. Paré, Voyage de Flandres. — Il ne doit se fascher si le publique son De ma trompe luy chante encore une chanson. Ronsard, Bocage royal ; — exacte, fortuite, furibonde, inquiete, saulve, subite, etc.

Dans les verbes, les variations du radical :

Manger : Je bois et mengeue ordinairement chez Mr le Cardinal du Bellay. Rabelais, Lettres, III, 361.

Amer : J’amerois autant mon premier medecin. Beroalde de Verville, Moy. de parv., II, 39.

Esperer : L’en espoire avoir remede, vengeance ou conseil de celuy à qui l’en rescript. Fabri, Art. de Rhet., 1, 232.

Peser : Les maux me foullent selon qu’ils poisent. Montaigne, III, 9.

Veoir : Il estoit aymé parfaitement… de tous ceux qui le veoyent et congnoissoient. Lemaire de Belges, Illustr., I, 21.

Demeurer, plourer : Sur le beau temps ainsi tu partiras, Et en ton lieu regretz demoureront. Marot, Chants div., 9. — Lesquetz… plouroient l’absence de leurs femmes et amys. Rabelais, IV, 21.

Labourer, prouver, souffrir : Qu’il te fait bon ouïr, à l’heure Que le bouvier les champs labeure. Ronsard, Odes, IV, 27. — Il… preuve que bien souvent il fault preferer ce qui est honeste et louable à ce qui est seur et salutaire. Amyot, Démosthène, 13. — Que le corps se meuve et seuffre quand et les eslans des passions, on l’apperçoit evidemment. Amyot, Vertu morale, 11.

D’anciennes formes du passé défini : Finalement ils atteindrent au dessus de la Gaule. E. Pasquier, Recherches, I, 6. — Les princes du sang s’en plaindrent au roy. Brantôme, Disc. sur les Duels. — Je me resolvis de trouver le moyen pour faire travailler les soldatz. Monluc, Comment., L. II (I, 309). — De la les citez s’etablirent : De là les Princes ils élirent. Baïf, Passetems. Au grand Prieur.

D’anciennes formes du participe passé : pers pour perdu : Comme est un homme à chercher fort soigneux son pers thresor, qu’il cuidoit bien avoir. Vasquin Philieul, trad. de Pétrarque, L. I, S. 141 ; — tins pour tenu : Je n’ay bougé de la place où je suis, Où le sommeil m’a tins jusqu’à cette heure. Baïf, Eglogue 10 ; — mors pour mordu : Elle fut d’un Serpent qui vers elle accourut, Morse dans le talon, dont la pauvre mourut. Ronsard, IV, 83, Elegies, l’Orphee.

En syntaxe aussi, beaucoup d’indications ne m’ont pas semblé déplacées dans un dictionnaire.

Par exemple, le genre des mots, quand il se trouvait différent de ce qu’il est aujourd’hui, comme quand on voit masculins les mots ardeur, erreur, horreur, humeur, odeur, ancre, armoire, asperge, base, colere, comete, dette, dent, dot, ebene, encre, enigme, epigramme, epitaphe, epithete, estude, horloge, huile, hydre, idole, image, infortune, limite, Loire, offre, ombre planete, populace, preface, rencontre, tiare, tige, vipere, etc. ; ou quand on voit féminins les mots honneur, labeur, appendice, arbre, art, bronze, caresme, cloaque, comté, duché, evesché, diocese, doute, espace, Evangile, exemple, frisson, guide, interrogatoire, intervalle, masque, mensonge, meslange, modele, navire, negoce, ongle, orage, ordre, oultrage, ouvrage, Peloponnese, Paris, poison, presche, reproche, reste, risque, silence, souspeçon, sort, triomphe, vestige, etc. ;

la construction de certains adjectifs : capable, different, desireux, digne, indigne construits avec la préposition à ; fertile, ingrat, inhabile, pareil construits avec la préposition de : Je lui planteray et enteray ses Arbres, pour les rendre capables à porter abondance de bons et precieux fruits. O. de Serres, Th. d’Agric., Préface. — Ingrate de ce serviteur, elle ne peut plus ouïr seulement proferer son nom. Aubigné, Divorce satyrique ;

l’emploi de celuy, celle comme adjectif, de ceste comme pronom : Le grand pere d’Antonius fut celuy fameux orateur que Marius feit occire. Amyot, Antoine, 1. — Je ne treuve point plus grande raison que ceste cy. Du Bellay, Deffence, I, 2.

Pour les verbes, il était nécessaire de noter des intransitifs comme apaiser pour s’apaiser, appauvrir, attendrir, accroistre, adoucir, affoiblir, amaigrir, amender, deplacer, eclipser, enrichir, escouler, espanouir, espouser (= se marier), equiver, esteindre, esvanouir, exhaler, flestrir, fourvoyer, etc. ;

des emplois transitifs comme ceux des verbes aspirer pour aspirer à, accoustumer pour s’accoustumer à, bruire, crier [qqn], croistre, debattre [qqch = se le disputer], deborder (= faire déborder), decroistre, demordre [une proie, une opinion], deperir (= faire dépérir), douter = douter de), esclater (= faire éclater), eschaper, esclore (= faire éclore), escrier [qqch], escrier [qqn], evader, fier (= confier), etc. ;

des emplois pronominaux comme ceux des verbes s’apparoistre, se blesmir, se combattre à, se condescendre, se consentir, se consister, se craindre de ou que, se deborder, se descendre, se dedaigner, etc. ;

des constructions comme celles des verbes apprendre, s’allier, s’associer, encourager, s’entendre, se fier, penser, renoncer avec la préposition de au lieu de la préposition à : Cestuy Thucydides s’entendoit moins de la guerre que Cimon, mais plus des affaires de la ville et du gouvernement de la chose publique. Amyot, Périclès, 11 ;

comme celles des verbes approcher, cesser, omettre, oublier, se permettre avec la préposition à au lieu de la préposition de : Agis ayant, par despit, omis à faire le sacrifice accoustumé d’estre fait à l’issue d’une guerre, il lui par eulx condamné à l’amende. Amyot, Lycurgue, 12.

Dans beaucoup de cas, d’ailleurs, une différence dans la construction d’un verbe correspond à une différence dans sa signification, de sorte qu’un fait de syntaxe est souvent en même temps un fait de vocabulaire.

J’ai cité beaucoup d’exemples, souvent bien plus qu’il n’en fallait pour déterminer le sens des mots. C’est que mon but n’a pas été seulement d’expliquer. J’ai voulu fournir aux historiens de la langue des renseignements aussi complets que possible sur le vocabulaire du xvie siècle. Tel mot, s’emploie-t-il seulement au commencement du siècle, ou son existence peut-elle être constatée jusqu’à la fin ? Appartient-il seulement à la langue de la poésie, ou se trouve-t-il aussi en prose ? Semble-t-il particulier à telle ou telle province, ou se rencontre-t-il partout, ou du moins dans des régions diverses ? Est-il familier uniquement à un groupe d’écrivains, à une école littéraire ? Est-ce un mot savant, employé par un ou deux latiniseurs, ou est-il plus largement répandu ? Est-il particulier à la langue populaire, familière, ou se rencontre-t-il même sous la plume des auteurs les plus graves ? Voilà des questions auxquelles je voudrais que ce dictionnaire pût répondre.

Dans le classement des sens, j’ai toujours commencé par le sens primitif du mot, s’il se rencontre encore au xvie siècle, ou par celui qui s’en rapproche le plus. Mais il ne m’a pas été possible d’établir toujours une filiation rigoureuse. Il m’a semblé voir, dans l’évolution du sens des mots, beaucoup d’hésitations, d’incertitudes, de contaminations. Entre deux mots très voisins par la forme et par le sens, il n’est même pas toujours possible de discerner auquel nous avons affaire. Dans bien des cas, probablement, l’auteur lui-même ne le sait pas. Quand une difficulté de ce genre me paraît insoluble, je l’expose tout simplement, en faisant connaître toutes les données du problème, et je ne propose une solution que si elle me paraît tout à fait vraisemblable.

Dans la disposition des exemples donnés pour chaque sens, pour chaque construction, j’ai suivi, autant que je l’ai pu, l’ordre chronologique. Je m’en suis écarté pourtant, quelquefois, afin de rapprocher les uns des autres des emplois auxquels ce rapprochement donnait plus de clarté. Mais surtout, je me suis trouvé en présence de difficultés qui rendaient impossible un classement chronologique certain. Comment classer avec une rigoureuse précision les exemples de Ronsard, qui a si souvent remanié ses œuvres et Corrigé son texte ? Comment dater exactement chaque phrase de Montaigne ? On peut arriver, sans doute, à constater, pour chaque mot, dans quelle édition il paraît pour la première fois, mais que de temps il aurait fallu consacrer à cette recherche ! Il ne m’en serait guère resté pour d’autres lectures. Et combien de problèmes se posent au sujet des écrivains qui ont employé de longues années à la composition d’un livre, qui se sont interrompus souvent, qui ont, modifié leur texte, si bien que nous ne savons à quelle date attribuer chaque détail de la rédaction définitive. Noël du Fail publie les Propos rustiques en 1547, les Baliverneries d’Eutrapel en 1549 et les Contes d’Eutrapel en 1585. Comment, savoir à quelle époque chacun des contes a été composé, quelles corrections le texte a subies, et quand ? Des incertitudes analogues se rencontrent au sujet d’Étienne Pasquier, de Vauquelin de la Fresnaye, d’Agrippa d’Aubigné et de beaucoup d’autres. Quand je n’ai pu savoir exactement la vérité, j’ai cherché, du moins, à m’approcher le plus possible de la vraisemblance.

On trouvera plus loin la liste des éditions que j’ai suivies. J’ai eu recours de préférence, entre les éditions sûres, a celles qui sont assez répandues pour que l’on puisse facilement s’y reporter. Le plus souvent je donne la référence d’une façon telle que la phrase citée puisse être trouvée même dans une autre édition pour Rabelais, par exemple, le livre et le chapitre ; pour les comédies de Larivey, l’acte et la scène. Dans certains cas, j’ai cru nécessaire d’être plus précis et d’indiquer la page de mon édition, comme pour Montaigne, qui a quelques chapitres si longs, ou pour les deux Dialogues du Langage françois italianisé, dont chacun remplit un volume. — Pour les traductions d’auteurs anciens, on trouvera souvent des indications de chapitres qui n’existent pas dans le texte du traducteur ce sont les divisions adoptées dans les éditions modernes. D’autre part, la division en chapitres, chez certains traducteurs, ne correspond pas exactement à celle que l’on suit aujourd’hui. J’ai cru devoir cependant la conserver.

J’ai toujours donné exactement le texte de l’édition que je suivais, et je n’en ai jamais modifié l’orthographe, si étrange et contradictoire qu’elle puisse être souvent. Mais je ne me suis pas cru obligé de respecter les fautes d’impression évidentes. Je me suis permis de faire les corrections qui s’imposaient avec certitude. Je l’ai fait très rarement d’ailleurs, car j’ai évité le plus possible de citer comme exemples des phrases où il est indispensable de prendre cette liberté. Je n’ai pas admis certains mots que je n’avais trouvés qu’une fois, et qui étaient manifestement le résultat d’une faute d’impression. Souvent la comparaison avec d’autres éditions m’a permis de constater que mes soupçons étaient fondés et que je n’avais pas à tenir compte du mot douteux.

Il aurait été assez tentant de réunir dans un même article toutes les différentes formes d’un même mot. Je l’ai fait chaque fois que les différences étaient purement orthographiques. Mais je m’en suis abstenu quand les différences étaient plus profondes, comme pour eschelle et escale, escheler et escaler, car j’aurais réuni des mots qui ne sont pas de la même langue. J’ai séparé rochet et roquet, qui ne sont pas du même dialecte. Je n’ai pas osé même confondre annombrer et ennombrer, amonceler et emmonceler, quoique la différence de préfixe ne soit probablement qu’apparente et n’existe pas pour l’oreille.

Lorsque des mots se présentent avec des orthographes différentes, j’ai été très souvent embarrassé pour savoir laquelle choisir comme titre de l’article accommencer ou acommencer, admonnester ou amonnester, dedain ou desdain ? Adopter une règle immuable m’aurait amené à des conséquences absurdes il aurait fallu attribuer à tel ou tel mot, comme orthographe normale, une graphie qu’il n’a pas une fois sur vingt. J’ai cherché avant tout à faciliter les recherches, à économiser le temps. J’ai choisi, comme tête d’article, la forme la plus habituelle, celle que généralement l’on pensera d’abord à chercher. Mais toutes les autres formes figurent à leur ordre alphabétique avec un renvoi à la forme adoptée.

La liste des livres que j’ai lus est, assez longue. Celle des livres que j’aurais voulu lire et que je n’ai pas lus serait plus longue encore. Je crois pourtant que ce travail pourra être utile, puisqu’il facilitera l’étude de tous les grands écrivains du xvie siècle, de beaucoup d’écrivains secondaires, et donnera des renseignements précis pour l’histoire de notre langue. Je continuerai mes lectures tout en corrigeant les épreuves, et, si j’en ai le temps, je publierai un Supplément. En tout cas, j’apporte ma contribution. Que d’autres y ajoutent ce qu’ils pourront. Puisé-je les avoir aidés à faire une œuvre meilleure et plus complète que la mienne.

Paris, 28 mars 1925.

LISTE DES OUVRAGES
AUXQUELS SONT EMPRUNTÉES LES CITATIONS




A. D. S. D. (Antoine de Saint-Denis ?). Les Comptes du Monde adventureux. publiés par Félix Frank. Paris, Lemerre, 1878, 2 vol. in-16.

Alcripe (Philippe d’) (Le Picard). La Nouvelle Fabrique des excellens traits de Verité… Par Philippe d’Alcripe, publiée par G. Duplessis (Biblioth. elzév.). Paris, P. Jannet, 1853, in-16.

Amadis de Gaule. Le premier livre de Amadis de Gaule, traduit d’Espaignol en François par le seigneur des Essarts.

(A la fin du volume : Fin du premier livre d’Amadis de Gaule, nouvelement imprimé à Paris par Denis Janot [1540]), in-fol.

— Le second livre de Amadis de Gaule, traduict nouvellement d’espaignol en Françoys par le Seigneur des Essarts, Nicolas de Herberay… 1541. Nouvellement imprimé à Paris, par Denys Janot, in-fol.

— Le tiers livre de Amadis de Gaule… 1542. On les vend au Palais… en la boutique de Vincent Sertenas, in-fol.

— Le quatriemne livre de Amadis de Gaule… 1543. A Paris. On les vend au Palays… en la bouticque de Vincent Sertenas, in-fol.

— Le cinquiesme livre de Amadis de Gaule… mis en Françoys par le Seigneur des Essarts, Nicolas de Herberay… 1544. On les vend à Paris au Palays… en la bouticque de Jehan Longis, in-fol.

— Le premier livre d’Amadis de Gaule, publié sur l’édition originale par Hugues Vaganay (Société des Textes français modernes). Paris, Hachette, 1918, in-16.

Amboise (François d’). Dialogues et Devis des Damoiselles… A Paris, chez Vincent Norment… 1581, in-16.

Les Neapolitaines (dans l’Ancien Théâtre français, t. VII).

Amboise (Michel d’). Lesclave Fortuné, Le Babilon aultrement la Confusion de Lesclave Fortuné. Nouvellement composé par luy. Ou sont contenues plusieurs Lettres recreatisves et joyeuses. Avecques aulcuns Rondeaulx et Epistres Amoureuses. On les vend a Lyon près de Nostre Dame de Confort cheulx Olivier Arnoullet, [1535], petit in-8o.

Les cens epigrammes avecques la vision, la complainte de vertu traduyte de frere baptiste Mantuan en son livre des calamitez du temps, et la fable de lamoureuse Biblis et de Caunus traduyte Dovide par Michel damboyse dit lesclave fortuné seigneur de Chevillon. On les vend a paris en la rue neufve notre dame par Alain lotrian. Et a la galerie du Palays par Jehan longis, petit in-8o.

Les complainctes de lesclave Fortuné. Avecques vingt Epitres et trente Rondeaulx Damours, Nouvellement imprimez a Paris. Ilz se vendent par Jehan sainct denys libraire : demourant a Paris, in-8o.

Les epistres veneriennes de Lesclave Fortuné privé de la court Damours nouvellement faictes et composées par luy. Avecques tous ses œuvres par luy reveues et corrigees. Premierement les XXXI epistres veneriennes. Les fantasies. Les complaintes, regrets, et epitaphes. Avec XXXV rondeaulx et cinq balades damours. On les vend a Paris en la rue neufve nostre Dame… Et au premier pillier de la grant Salle du Palays en la boutique de Denis Janot, [1532] petit in-8o.

Amboise (Michel d’). Voir Fregoso.

Amyot. Voir Diodore de Sicile, Héliodore, Longus, Plutarque.

Ancien Théâtre français, publié par Viollet-le-Duc (Bibl. elzév.). Paris, P. Jannet, 1854-1867, 10 vol. in-16.

Anciennes Poésies françaises. Recueil de Poésies françaises des xve et xvie siècles, morales, facétieuses, historiques, publiées par A. de Montaiglon (Bibi. elzév.). Paris, Jannet, Daffis, etc., 1855-1878, 13 vol. in-16.

Aneau (Barthélémy). Chant Natal contenant sept Noelz, ung chant Pastoural, et ung chant Royal, avec ung Mystere de la Nativité par personnages… Apud Seb. Gryphium, Lugduni. 1539, in-4o.

Imagination poetique traduicte en vers François, des Latins et des Grecz, par l’auteur mesme d’iceux… A Lyon par Macé Bonhomme, 1552, in-8o.

Lyon marchant. Satyre Françoise, sur la comparaison de Paris, Rohan, Lyon, Orleans… 1542. On les vend a Lyon… par Pierre de Tours, petit in-8o.

Quintil. sur le premier livre de la defense et illustration de la langue Françoise, et la Suyte. (Imprimé à la suite de l’Art Poetique de Sebillet. Lyon, Thibauld Payan, 1556, in-8o.)

Apologue nouveau du debat d’Eole et Neptune. Paris, en la rue Neufve Nostre Dame, à l’enseigne Sainct Nicolas, 1544, in-8o.

Appian Alexandrin, historien grec, des Guerres des Romains, Livres XI. assavoir, le Libyque, le Syrien, le Parthique, le Illyrien, le Celtique, et cinq des guerres civiles ; plus le sixieme desdictes guerres civiles extraict de Plutarque, le tout traduict en françoys par feu M. Claude de Seyssel… a Lyon, pour Antoine Constantin, 1544, in-fol.

Apulée. Luc. Apulée de l’Ane doré, XI livres, traduit en François par J. Louveau d’Orleans, et mis par Chapitres et Sommaires… A Paris, par Nicolas Bonfons… 1586, in-16.

Aristote. Les Politiques d’Aristote… traduictes de Grec en François, avec expositions prises des meilleurs aucteurs… par Loys le Roy, dict Regius… A Paris, par Michel de Vascosan… 1568, in-4o.

Aubigné (Agrippa d’), Œuvres completes [moins l’Histoire Universelle] publiées par Réaume et Caussade. Paris, Lemerre, 1873-1892, 6 vol. in-8o.

Histoire Universelle, publiée par A. de Ruble (Société de l’Histoire de France). Paris, Laurens, 1886-1909, 10 vol. in-8o.

Baïf (Jan-Antoine de), Œuvres en rime publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1885-1891, 5 vol. in-8o.

Belleau (Remy), Œuvres, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1879, 2 vol. in-8o.

Béreau (Jacques). Œuvres poétiques, publiées par J. Hovyn de Tranchère et R. Guye Paris, Jouaust, 1884, in-16.

Béroalde de Verville (François de), L’Histoire véritable ou le Voyage des Princes fortunés… A Paris, chez Guérin, dit Latour, 1610, petit in-8o.

Le Moyen de parvenir, publié par Ch. Royer. Paris, Lemerre, 1896, 2 vol. in-16.

Bertaut (Jean). Œuvres poétiques, publiées par A. Chenevière (Bibi. elzév.). Paris, Plon, 1891, in-16.

Bèze (Th. de). Abraham sacrifiant, tragédie française, par Théodore de Bèze. Genève, J.-G. Fick, s. d.

Vie de Calvin, dans le Corpus Reformatorum, t. XXI des Œuvres de Calvin.

— Voir Pseaumes de David.

Bocace (Jean). Le Décaméron de Jean Boccace, traduit d’Italien en Françoys par maistre Antoine le Maçon, publié par F. Dillaye. Paris, Lemerre, 1882-1884, 5 vol. in-16.

Boccace (Jean). Flammette. Complainte des tristes amours de Flammette à son amy Pamphile. Translatee Ditalien en vulgaire Francoys. On les vend a Lyon par Claude Nourry dict le Prince.

(A la fin du volume se trouve la date d’impression : 1532), petit in-8o.

La Flammette amoureuse de M. Jean Bocace… faicte Françoise et Italienne, pour l’utilité de ceux qui desirent apprendre les deux langues, par G. C. D. T. (Gabriel Chappuis de Tours). A Paris, chez Abel l’Angelier… 1585, petit in-12.

Le Philocope de Messire Jehan Boccace Florentin, Contenant l’histoire de Fleury et Blanchefleur divisé en sept livres traduictz d’Italien en Francoys par Adrian Sevin… 1542… On les vend à Paris… par Denys Janot Imprimeur et Librayre, in-fol.

Bodin (Jean). Les Six livres de la Republique de J. Bodin Angevin… A Paris, chez Jacques du Puys… 1576, in-fol.

Bouchet (Guillaume), Les Serees, publiées par C. E. Roybet. Paris, Lemerre, 1873-1882, vol, in-16.

[Bouchet (Jean)]. Epistres familieres du TraverseurEpistres morales et familieres du Traverseur, Poitiers, chez Jacques Bouchet… Et à l’enseigne du Pelican par Jehan et Enguilbert de Marnef. 1545, in-fol.

Bourdigné (Charles de). La Légende de Pierre Faifeu, publiée par D. Jouaust. Paris, Jouaust, 1880, in-16.

Boyssières (Jean de). Les Premieres Œuvres amoureuses de Jean de Boyssières, Montferrandin… Paris, C. de Montreuil, 1578, petit in-12.

Les Secondes Œuvres poétiques de J. de Boyssières… Meslanges. A Paris, J. Poupy, 1578, in-4o.

— Les Troisièmes Œuvres de Jean de Boyssières… Lyon, L. Cloquemin, 1579, in-4o.

Brach (Pierre de). Imitations de Pierre de Brach. Bordeaux, Millanges, 1584, in-4o.

Les Poemes de Pierre de Brach. Bourdeaux, Millanges, 1576, in-40.

Œuvres poétiques de Pierre de Brach…, publiées et annotées par R. Dezeimeris. Paris, Aubry, 1861-1862, 2 vol. in-4o.

— Voir Tasso (Torquato).

Brantôme. Œuvres complètes, publiées par Ludovic Lalanne (Société de l’Histoire de France). Paris, Renouard, 1864-1882, 11 vol. in-8o.

Bretin (Filbert). Voir Lucien.

Brunot (F.), Histoire de la langue française, t. II, Paris, Armand Colin, 1906, in-8o.

Budé (Guillaume). De l’Institution du Prince, livre… faict et composé par Maistre Guillaume Budé… reveu, enrichy d’Arguments, divisé par Chapitres, et augmenté de Scholies et annotations, par hault et puissant Seigneur Messire Jean de Luxembourg, Abbé d’Ivry. Imprimé à l’Arrivour, abbaye dudict Seigneur, Par Maistre Nicole Paris. 1547, in-fol. (Sauf indication contraire, c’est à cette édition que les citations sont empruntées.)

Le Livre de I’Institution du Prince… faict et composé par M. Guillaume Budé… A Paris, chez Jehan Foucher…, 1547, in-8o. (Le livre est publié par les soins de Richard Le Blanc, et précédé d’une Epistre de R. Le Blanc au duc de Guise. Le texte diffère beaucoup de celui de l’édition imprimée à l’Arrivour.)

Bugnyon (Philibert). Erotasmes de Phidie et Gelasine, plus le chant Panegyrique de l’Ile Pontine : avec la gayeté de May. A Lyon, par Jean Temporal, 1557, in-8o.

Bullinger (Henry). La Source d’erreur, rédigé en deux livres par Henry Bullingere… A Geneve, chez Jean Girard, 1549, in-8o.

Buttet (Marc-Claude de) Œuvres poétiques publiées par Philibert Soupé, Lyon, Scheuring, 1877, in-8o.

Cacochyme ou Catechisme du Docteur Pantalon et de son disciple Zani, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Cahaignes (Jacques de). L’Avaricieux, comédie traduite librement de l’Aulularia de Plaute, publiée par A. Gasté. Rouen, Léon Gy, 1899, petit in-4o. (Société rouennaise de Bibliophiles.)

Calvin (Jean). Joannis Calvini opera que supersunt omnia ediderunt Guilielmus Baum, Eduardus Cunitz, Eduardus Reuss (Corpus Reformatorum). Brunsvigae, apud C. A. Schwetzke et filium, 1863-1900, 59 vol. in-4o.

Institution de la Religion Chrestienne, texte de 1541, réimprimé par A. Letranc, H. Chatelain et J. Pannier. Paris, Champion, 1911, 2 vol. in-8o, (Bibliothèque de l’École des Hautes-Études.)

L’Excuse de Noble Seigneur Jacques de Bourgogne, publiée par A. Cartier. Paris, Lemerre, 1896, in-16.

(Pour les citations de l’Institution Chrestienne empruntées au texte de 1541, les renvois indiquent le chapitre et la page ; — pour le texte de 1560, les renvois indiquent le livre, le chapitre et le paragraphe.)

C. D. K. P. Voir Gelli.

Champ-repus (Jacques de). Œuvres poétiques publiées par Mangues de Champ-repus, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1864, in-8o.

Changy (Pierre de). Voir Vivès.

Chanson (la) de Fifi, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Chappuis (Gabriel). Voir Boccace.

Chardons (les) de la Ligue, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Charron (Pierre). Toutes les Œuvres de Pierre Charron. Paris, Villery, 1635, in-4o.

Chassignet (J.-B.). Le Mespris de la vie et consolation contre la mort, par Jean-Baptiste Chassignet… Besançon, par N. de Moingesse, 1594, in-16.

Cholières (le Seigneur de). Œuvres du Seigneur de Cholières, publiées par Tricotel, Jouaust et P. Lacroix. Paris, Jouaust, 1879. 2 vol., in-8o.

Chroniques Gargantuines. Les grandes et inestimables Cronicques du grant et enorme geant Gargantua, publiées par Marty-Laveaux dans son édition de Rabelais, t. IV.

Colin Bucher (Germain). Les Poésies de Germain Colin Bucher, publiées par Joseph Denain. Paris, Techener, 1890, in-8o.

— Supplément, publié par E. Picot dans le Bulletin du Bibliophile, 1890, in-8o.

Collerye (Roger de). Œuvres publiées par Ch. d’Héricault (Bibi. elzév.). Paris, P. Jannet, 1855, in-16.

Columelle. Les douze livres de Lucius Junius Moderatus Columella des Choses Rustiques, traduits du Latin en Françoys, par feu maistre Claude Coterau… A Paris, par Jacques Kerver…, 1551, in-4o.

Les Comptes du Monde adventureux. Voir A. D. S. D.

Confession generale de MM. les Piliers de la Saincte Union… dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Cornu (Pierre de). Les Œuvres poetiques de Pierre de Cornu, Dauphinois…, A Lyon, pour Jean Huguetan, 1583, petit in-8o.

Corrozet (Gilles). Voir Ésope.

Coterau (Claude). Voir Columelle.

Cresme (la) Philosophale, dans Marty-Laveaux, édition de Rabelais.

Cretin (Guillaume). Poésies. Paris, Coustelier, 1723, petit in-8o.

Delboulle (A.). Notes lexicologiques, dans la Revue d’Histoire littéraire de la France, années 1894 et suivantes.

Deploration et Regrets du Duc de Mayenne… dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Deroziers. Voir Dion Cassius.

Des Autels (Guillaume), Amoureux Repos de Guillaume des Autelz Gentilhomme Charrolois… A Lyon par Jean Temporal, 1553, in-8o.

Repos de plus grand travail. A Lyon par Jean de Tournes et Guile Gazeau, 1550, in-8o.

Replique de Guillaume des Autelz aux furieuses defenses de Louis Meigret, avec la Suite du Repos de Lautheur. A Lyon par Jean de Tournes et Guil. Gazeau, 1551, in-8o.

Mitistoire Barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, trouvée depuis n’aguere d’une exemplaire escrite à la main… On les vend à Lyon, par Jean Dieppi, 1574, in-16.

Des Masures (Louis). Œuvres poetiques de Louis des Masures Tournisien… A Lion par Jan de Tournes et Guil. Gazeau, 1557 petit in-4o.

Tragédies Saintes : David combattant. — David triomphant. — David fugitif, publiées par Chartes Comte (Société des Textes français modernes). Paris, Cornély, 1907, in-16.

Les chiffres renvoient aux vers, qui sont numérotés.

— Voir Pseaumes de David, Virgile.

Des Périers (Bonaventure). Œuvres françaises publiées par Louis Lacour. (Bibl. elzév.), Paris, P. Jannet, in-16.

Desportes (Philippe). Œuvres publiées par A. Michiels. Paris, Delahays, 1858, in-16.

— Voir Pseaumes de David.

Des Roches (Mmes), Les Œuvres de Mes-dames des Roches de Poetiers mere et fille. Seconde edition… Paris, Abel l’Angelier, 1579, in-4o.

Les Secondes Œuvres de Mes-dames des Roches de Poictiers, Mere et Fille. Poictiers, Nicolas Courtoys, 1583, in-4o.

Dictys de Crète. Les Histoires de Dictis Cretensien… interpretees en François par Jan de la Lande. A Paris par Estienne Groulleau, 1556, petit in-8o.

Diodore de Sicile. L’Histoire des successeurs de Alexandre le Grand, extraicte de Diodore et quelque peu des Vies escriptes par Plutarque translatees par messire Claude de Seyssel. Paris, Josse Badius, 1530, in-fol.

— Sept livres des Histoires de Diodore Sicilien nouvellement traduyts de Grec en Françoys [par Amyot]. A Paris, de L’imprimerie de Michel de Vascosan…, 1554, in-fol.

Dion Cassius. Dion Historien Grec, des faictz et gestes insignes des Romains… Premierement traduit de Grec en Italien, par messire Nicolas Leonicene Ferrarois et depuis de italien en vulgaire François, par Claude Deroziers, de Bourges en Berry… Nouvellement imprimé à Paris, pour Arnoul et Char1es les Angeliers…, 1542, in-fol.

Dolet (Étienne). De la Poinctuation de la Langue Françoise. — Les Accens de la Langue Françoise.

(Ces deux traités sont imprimés à la suite de l’Art poétique de Sebillet et du Quintil Horatian. Lyon, Thibault Payan, 1558, in-16.

Dorat (Jean). Œuvres françaises, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1875, in-8o.

Doublet (Jean). Élégies, suivies des Épigrammes et Rimes diverses. Paris, Jouaust, 1871, in-16.

Du Bartas. Les Œuvres de G. de Salustre Sr du Bartas Reveues, Corrigees, Augmentees de Nouveaux Commentaires. Annotations en Marge… Plus y a esté adjousté la premiere et seconde partie de la suitte, avecq l’Argument general et Amples Sommaires au Commencement de chacun livre par S. G. S. (Simon Goulart, Senlisien). — 1611. A Paris, chez Claude Rigaud, in-fol.

Du Bellay (Joachim). Œuvres françaises, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1866, 2 vol. in-8o.

Œuvres poétiques, publiées par Henri Chamard (Société des Textes français modernes). Tomes I-V. Paris, Cornély et Hachette, 1908-1923, 5 vol. in-16.

La Deffence et Illustration de la Langue françoyse, publiée par Henri Chamard. Paris, Fontemoing, 1904, in-8o.

Du Chesne (Joseph). Le Grand Miroir du Monde, par Joseph du Chesne, sieur de la Violette… A Lyon, pour Barthélemi Honorat, 1587, in-4o.

Du Fail (Noël). Les Propos Rustiques, publiés par Arthur de la Borderie. Paris, Lemerre, 1878, in-16.

Les Baliverneries et les Contes d’Eutrapel, publiés par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1894, 2 vol. in-16.

Du Guillet (Pernette). Rymes de gentile et vertueuse dame D. Pernette du Guillet, publiées par J. B. M. Lyon, Louis Perrin, 1856, petit in-8o.

Du Mas. Lydie, fable champestre imitee en partie de l’Aminte du Torquato Tasso… par le S. Du Mas. A Paris, chez Jean Millot…, 1609, in-8o.

— Œuvres meslées du Sr du Mas (paginées à la suite).

Du Moulin (Antoine). Voir Indagine (Jean de), Roquetaillade (Jean de).

Durant (Estienne). Meditations de E. D., publiées par Frédéric Lachèvre. Paris, Henri Leclerc, 1907, grand in-8o.

Durant (Gilles), sieur de la Bergerie. Les Œuvres poétiques du sieur de La Bergerie… Paris, Abel L’Angelier, 1594, in-12.

Du Vair (Guillaume). Œuvres, édition augmentée. Paris, Sébastien Cramoisy, 1641, in-fol.

Actions et Traictez oratoires, publiés par R. Radouant (Société des Textes français modernes). Paris, Cornély, 1911, in-16.

De l’Eloquence françoise, publié par R. Radouant. Paris, Société française d’imprimerie et de librairie, 1907, in-8o.

Du Val (Pierre). Théâtre mystique de Pierre Du Val et des Libertins spirituels de Rouen au xvie siècle, publié par Émile Picot. Paris, Morgand, 1882, in-16.

Ellain (Nicolas). Œuvres poétiques françoises…, publiées par Ach. Genty. Paris, Poulet-Malassis, 1861, in-16.

Epistre du Lymosin de Pantagruel, dans Marty-Laveaux, édition de Rabelais.

Epitaphe de la Ligue, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Ésope. Les Fables du tres-ancien Esope mises en rithme française par Gilles Corrozet, publiées par le marquis de Queux de Saint-Hilaire. Paris, Jouaust, 1882, in-16.

Trois cent soixante et six apologues d’Esope… traduicts… par maistre Guillaume Haudent… reproduits d’après l’édition, de-1347 par Ch. Lormier (Société des Bibliophiles normands). Rouen, Henry Boissel, 1877, petit in-4o.

Estienne (Henri). Apologie pour Hérodote, publiée par P. Ristelhuber. Paris, Liseux, 1879, 2 vol. in-8o.

Traicté de la Conformité du Langage François avec le Grec, publié par Léon Feugère. Paris, Delalain, 1853, in-12.

Deux Dialogues du nouveau Langage François Italianizé, publiés par P. Ristelhuber. Paris, Lemerre, 1885, 2 vol. in-8o.

Precellence du Langage François, publiée par E. Huguet. Paris, Armand Colin, 1896, in-12.

Fabri (Pierre). Le Grand et Vrai Art de pleine rhetorique, publié par A. Héron (Société des Bibliophiles normands). Rouen, 1889 et 1890, in-8o.

Fanfares (les) et Corvées abbadesques des Roule-bontemps de la haute et basse Coquaigne et dépendances, par I. P. A. A Chambéry, par Pierre Du Four…, 1613, in-8o.

Fauchet (Claude). Les Œuvres de feu M. Claude Fauchet. Paris, Jean de Heuqueville, 1610, in-4o

Florès (Jehan de). La Deplourable Fin de Flamete, Elegante invention de Jehan de Flores, Espaignol, traduicte en Langue Françoyse [par Maurice Scève]. Nouvellement imprimee à Paris par Denys Janot…, 1536, in-8o.

[Folengo (Théophile).] Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, prototype de Rablais… Plus l’horrible Bataille advenue entre les Mousches et les Fourmis. A Paris, chez Toussainets du Bray…, 1606, 2 vol. in-12.

Fontaine (Charles). La Contramye de Court, par Charles Fontaine, Parisien. Imprimé par Adam Saulnier, 1543, in-8o.

La Fontaine d’Amour, contenant Elegies, Epistres et Epigrammes. A Paris, 1546. De l’Imprimerie de Jeanne de Marnef, in-16.

Les Nouvelles et antiques merveilles, plus un traicté des douze Cesars… nouvellement traduit d’Italien en François. En fin y a une Ode pour Dieu gard à la ville de Paris… A Paris, chez Guillaume le Noir…, 1554, in-16.

Odes, Enigmes et Epigrammes, adressez pour etreines au Roy, à la Royne, à Madame Marguerite, et autres Princes et Princesses de France. A Lyon, par Jean Citoys, 1557, in-8o.

— Sensuyvent les Ruisseaux de Fontaine, Œuvre contenant Epistres, Elegies, Chants divers, Odes et Estrenes pour cette presente annee 1555, par Charles Fontaine, Parisien. Plus y a un traité du passetemps des amis, avec un translat d’un livre d’Ovide, et de 28 Enigmes de Symposius, traduits par ledict Fontaine. A Lyon, par Thibault Payan, 1555, in-8o.

— Voir Ovide.

Forcadel (Étienne), Œuvres poétiques de Estienne Forcadel, Jurisconsulte. Derniere Edition reveue, corrigee et augmentee par l’Autheur. A Paris, chez Guillaume Chaudiere…, 1579, in-8o.

Fouquelin (Antoine). La Rhetorique françoise d’Antoine Fouquelin. Paris, André Wechel, 1557, in-8o.

Fregoso. Le Ris de Democrite, et le Pleur de Heraclite, philosophes, sur les follies et miseres de ce monde, Invention de M. Antonio Phileremo Fregoso, chevalier Italien, interpretée en ryme Françoise, par noble homme, Michel d’Amboyse, escuyer… A Paris, pour Arnoul l’Angelier…, 1547, in-8o.

Garnier (Robert). Tragédies, publiées par W. Foerster. Henninger, Henninger, 1882-1883, 4 vol. petit in-8o.

(Cette édition contient aussi Bradamante, tragi-comédie.)

Les chiffres renvoient aux vers, qui sont numérotés.

Gauchet (Claude). Le Plaisir des Champs, publié par P. Blanchemain (Bibi. elzév.). Paris, Franck, 1869, in-16.

G., v. Godefroy.

G. C. D. T. Voir Boccace.

Gelli. Les Discours fantastiques de Justin Tonnelier, composez en Italien par Jean Baptiste Gelli, Academic, Florentin. Et nouvellement traduits en François par C. D. K. P. [de Kerquifinen]. A Lyon, à la Salamandre, 1566, in-8o.

Gemiste (Georges). Voir Hérodote.

Godard (Jean). Les Desguisez (dans l’Ancien Théâtre français, tome VII).

Godefroy (F.). Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du ixe au xve siècle. 10 vol. in-4o. Paris, Bouillon, 1880-1902. (En abrégé, G., et G., Compl.)

G. P. P. Voir Horace.

Grevin (Jacques). L’Olimpe de Jacques Grevin de Clermont en Beauvaisis, ensemble les autres euvres poëtiques dudict Auteur… A Paris, de l’imprimerie de Robert Estienne, 1560, in-8o.

— Le Théâtre de Jacques Grevin de Cler-mont en Beauvaisis… ensemble, la Seconde partie de L’Olimpe et de la Gelodacrye. A Paris, pour Vincent Sertenas… et pour Guillaume Barbé, 1561, in-8o.

Les Esbahis (dans l’Ancien Théâtre français, tome IV).

Gringore (Pierre). Œuvres complètes, publiés par Ch. d’Héricault, A. de Montaiglon et J. de Rothschild (Bibi. elzév.). Paris, P. Jannet, 1858, et Daffis, 1877, 2 vol. in-16.

(L’édition est inachevée.)

Gringore (Pierre). Sotye nouvelle des Croniqueurs (dans le Recueil général des Sotties, tome II).

Guéroult (Guillaume). Le premier livre des Emblemes composé par Guillaume Gueroult. A Lyon, chez Balthazar Arnoullet, 1550, in-8o.

Guevara (Antoine de). L’Orloge des princes, œuvre… composé en espaignol par… don Anthonio di Guevara…, traduict en françois [par R.-B. de La Grise]. Paris, G. Corrozet, 1550, in-8o.

Guy de Tours (Michel). Poésies, publiées par P. Blanchemain. Paris, Willem, 1879, 2 vol., in-18.

Habert (François). Deploration poetique de feu M. Antoine du Prat… avec l’exposition morale de la Fable des trois Deesses, Venus, Juno et Pallas. Par Françoys Habert d’Issoudun en Berry. A Lyon, par Jean de Tournes, 1545, in-8o.

Le Voyage de Homme riche…, par maistre François Habert. Troyes, Nicole Paris, 1543, in-8o.

— Voir Horace.

Hatzfeld, Darmesteter et Thomas. Dictionnaire général de la langue française, 2 vol., gr. in-8o. Paris, Delagrave. — (En abrégé, H. D. T.)

Haudent (Guillaume). Voir Esope.

H. D. T. voir Hatzfeld, Darmesteter et Thomas.

Héliodore, Histoire Æthiopique d’Heliodorus… traduite du grec en français [par Amyot], et de nouveau reveue et corrigée. Paris, J. Longis et Robert Le Mangnier, 1559, in-fol.

Hérodote. Les Neuf Livres des Histoires de Hérodote…, plus un recueil de George Gemiste dict Plethon, des choses avenues depuis la journee de Mantinee, le tout traduict de Grec en Français par Pierre Saliat… Paris, Estienne Groulleau, 1556, in-fol.

Heroët (Antoine). Œuvres poétiques, publiées par F. Gohin (Société des Textes français modernes). Paris, Cornély, 1909, in-16.

Hesteau de Nuysement (Clovis). Les Œuvres poétiques de Clovis Hesteau, sieur de Nuysement… A Paris, pour Abel l’Angelier, 1578, in-4o.

Homère. Les XXIIII livres de l’Iliade, traduicts du grec en vers français. Les XI premiers par M. Hugues Salel, et les XIII derniers par Amadis Jamyn… A Paris, pour Lucas Brayer, 1577, in-8o.

Horace. Les Œuvres de Q. Horace Flacce mises en vers françois… Paris, Claude Micard, 1584.

(Les Odes, les Épodes et le Chant séculaire sont traduits par Luc de La Porte, — les Satires par Fr. Habert (traduction publiée pour la première fois en 1549), — les Épitres par un anonyme et par G. P. P.), in-12.

Indagine (Jean de). Chiromance et Physiognomie par le regard des membres de Lhomme faite par Jean de Indagine. Plus dudit, La diffinition des faces des Signes. Reigles astronomiques de jugement des maladies. Lastrologie naturelle. La congnoissance de la complexion des hommes selon la domination des Planetes. Le tout mis en François par Antoine du Moulin… A Lyon, par Jean de Tournes, 1549, in-8o.

Isocrate. Enseignements d’Isocrates et Xenophon… traduictz de Grec en François par Loys le Roy, dict Regius… A Paris, par Vascosan, 1568, in-4o.

Ixion Hespagnol (l’)…, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Jamyn (Amadis). Œuvres poétiques. Paris, Mamert Patisson, 1575, in-4o.

— Voir Homère.

Jeu (le) de l’Afflac, dans Tricatel, édition de la Satyre Menippee.

Jodelle (Estienne). Œuvres et Meslanges poétiques, publiés par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1868-1870, 2 vol. in-8o.

Julyot (Ferry). Elegies de la belle fille lamentant sa virginité perdue : avec plusieurs Epistres, Epigrammes, Instructions et traductions morales, composées par Ferry Julyot. — Réimpression. Paris, Willem, 1873, in-12.

L., v. Littré.

Labé (Louise). Œuvres, publiées par Ch. Boy. Paris, Lemerre, 1887, in-16.

La Boétie (Étienne de). Œuvres complètes, publiées par Paul Bonnefon. Bordeaux, Gounouilhou, et Paris, Rouam, 1892, in-4o.

La Curne de Sainte-Palaye. Dictionnaire historique de l’ancien langage français, 10 vol. in-4o. Niort, Favre, et Paris, H. Champion, 1875-1881.

La Garde (Guy de). L’Histoire et Description du Phoenix… par maistre Guy de la Garde, escuier de Chambonas… A Paris, de l’imprimerie de Regnaud Chauldiere, et Claude son filz, 1550, in-8o.

La Grise (R. B. de). Voir Guevara (Antoine de).

La Lande (Jan de). Voir Dictys de Crète.

La Noue (François de). Discours politiques et militaires… Basle, Fr. Forest, 1587 in-8o.

La Planche (Étienne de). Voir Tacite.

La Porte (Luc de). Voir Horace.

La Porte (Maurice de). Les Epithetes de M. de La Porte, parisien… A Paris, chez Gabriel Buon…, 1580, in-16.

La Ramée (Pierre de). Voir Ramus.

Larivey (Pierre de). Le Laquais. — La Vefve. — Les Esprits. — Le Morfondu. — Les Jaloux. — Les Escolliers. — La Constance. — Le Fidelle. — Les Tromperies (dans l’Ancien Théâtre français, tomes V-VII).

— Voir Straparole.

Lasphrise (Marc de Papillon, capitaine). La Nouvelle tragi-comique (dans l’Ancien Théâtre français, tome VII).

La Taille (Jean de). Œuvres, publiées par R. de Maulde. Paris, Willem, 1878-1879, 4 vol. in-12.

(L’édition est inachevée.)

Laval (Pierre de). Rimes de Pierre de Laval, publiées par G. Hermann, d’après un manuscrit de 1576. Périgueux, 1901, in-8o.

Le Blond (Jehan). Voir Morus (Thomas).

Le Caron (Louis). La Poesie de Loys Le Caron, Parisien, Paris, Gilles Robinot, 1554, in-8o.

Les Dialogues de Loys Le Caron, Parisien. Paris, Sertenas, 1556, in-8o.

Le Houx (Jean). Les Vaux de Vire, publiés par A. Gasté. Paris, Lemerre, 1875, in-16.

Le Loyer (Pierre). Discours et Histoire des Spectres, Visions et Apparitions des Esprits, Anges, Démons, et Ames, se monstrans visibles aux hommes… par Pierre Le Loyer… A Paris, chez Nicolas Buon, 1605, 2 vol. in-4o.

Le Maçon (Antoine). Voir Boccace.

Lemaire de Belges (Jean). Œuvres, publiées par J. Stecher. Louvain, 1882-1891, 4 vol. in-8o.

Leon Hebrieu. De l’Amour [traduit par Pontus de Tyard]. A Lyon, par Jean de Tournes, 1551, in-8o.

Le Roy (Louis). Voir Aristote, Isocrate, Xénophon.

Littré (E.). Dictionnaire de la langue française, 5 vol. grand in-4o. Paris, Hachette, 1873-1892.

(En abrégé, L.)

Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé escriptes premierement en Grec par Longus et puis traduictes en François [par Amyot]. A Paris, pour Vincent Sertenas…, 1559, in-8o.

Louveau (Jean). Voir Apulée, Straparole.

Loyal (Le) Serviteur. Histoire du gentil Seigneur de Bayart, publiée par J. Roman (Société de l’Histoire de France). Paris, Renouard, 1878, in-8o.

Les chiffres renvoient aux chapitres.

Lucien. Les Œuvres de Lucian de Samosate… traduites du grec par Filbert Bretin. Paris, Abel l’Angelier, 1582, in-fol.

Magny (Olivier de). Les Amours, publiées par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1878, in-16.

Les Gayetez, publiées par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1871, in-16.

Les Souspirs, publiés par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1874, in-16.

Les Odes, publiées par E. Courbet. Paris, Lernerre, 1878, 2 vol. in-16.

Dernières Poésies, publiées par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1880, in-16.

Marguerite de Navarre. Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, publiées par Félix Frank. Paris, Jouaust, 1873, 4 vol. in-16.

Les Dernières Poésies de Marguerite de Navarre, publiées par Abel Lefranc (Société d’Histoire littéraire de la France). Paris, Armand Colin, 1896, in-8o.

L’Heptaméron des Nouvelles deMarguerite d’Angouleme, reine de Navarre, publié par Le Roux de Lincy et A. de Montaiglon. Paris, Eudes, 1880, 4 vol. in-8o.

(Le tome IV contient les Farces de Marguerite de Navarre : le Mallade, la Farce des deux filles et des deux mariées, l’Inquisiteur, et la Farce de Trop, Prou, Peu, Moins. A la suite viennent des poésies inédites.)

Marguerite de Valois. Mémoires, publiés par L. Lalanne (Bibi. elzév.). Paris, P. Jannet, 1858, in-16.

Marlorat. Voir Pseaumes de David.

Marnix de Sainte-Aldegonde (Philippe de). Œuvres. Bruxelles, François Van Meenen, 1857-1860, 7 vol. in-8o.

Marot (Clément). Œuvres complètes, publiées par Pierre Jannet. Paris, E. Picard, 1868, 4 vol. in-16.

— Pièces inédites dans l’édition Guiffrey, tomes II et III, Paris, Morgand, 1876, in-8o.

Matthieu (Pierre). Vasthi, premiere tragedie de Pierre Matthieu… Lyon, Benoist Rigaud, 1589, in-12.

Aman, seconde tragedie du même… Lyon, Benoist Rigaud, 1589, in-12.

Clytemnestre, tragedie de P. Matthieu… Lyon, Benoist Rigaud, 1589, in-12.

Michel de Tours. Voir Suétone.

Mollet (Henri). Voir Pseaumes de David.

Monluc (Blaise de). Commentaires et Lettres, publiés par A. de Ruble (Société de l’Histoire de France). Paris, Renouard, 1864-1872, 5 vol. in-8o.

Montaigne (Michel de). Les Essais, publiés par E. Courbet et Ch. Royen. Paris, Lemerre, 1872-1900, 5 vol. in-8o.

(Le tome IV contient en outre les Lettres.)

Journal de voyage, publié par Louis Lautrey. Paris, Hachette, 1906, in-8o.

— Voir Sebon (Raymond).

Montchrestien (Antoine de). Tragédies, publiées par L. Petit de Julleville (Bibl. elzév.). Paris, Plon, 1891, in-16.

[Montreux (Nicolas de)]. Le premier livre des Bergeries de Julliette… ensemble une pastorale en vers François [intitulée Athlette], à l’imitation des Italiens, de l’invention d’Ollenix du Mont-Sacré. A Paris, chez Gilles Beys, 1585, in-8o.

Morus (Thomas). La Description de l’Isle d’Utopie, par Thomas Morus… Paris, Charles, 1550, in-8o.

(La traduction est de Jehan Le Blond dont le nom se trouve dans l’Avertissement.)

La Navigation du Compaignon à la Bouteille, avec le Discours des ars et Sciences de Maistre Hambrelin. A Paris. Pour Claude Micard, 1576, in-16,

Nicolas de Troyes. Le Grand Parangon des Nouvelles Nouvelles, publié par E. Mabille (Bibi. elzév.). Paris, Franck, 1869, in-16.

Nuysement. Voir Hesteau de Nuysement.

Ochin (Bernardin). Dialogue de M. Bernardin Ochin, Senois, touchant le Purgatoire. (Traduction.) Paris, Librairie générale, 1878, in-18.

Ollenix du Mont-Sacré. Voir Montreux (Nicolas de).

Ovide. Les XXI. Epistres d’Ovide. Les dix premieres sont traduites par Charles Fontaine, Parisien : le reste est par lui revu et augmenté de Prefaces. Les amours de Mars et Venus, et de Pluton vers Proserpine, imitation d’Homere et d’Ovide. A Lion, par Jan de Tournes et Guil. Gazeau, 1556, in-16.

Palissy (Bernard). Œuvres complètes, publiées par P. A. Cap. Paris, Dubochet, 1844, in-12.

Papon (Louis). Œuvres du chanoine Loys Papon, publiées par Yemeniz et Guy de la Grye. Lyon, Louis Perrin, 1857, in-8o.

— Supplément. Lyon, Louis Perrin, 1860, in-8o.

Paré (Ambroise). Œuvres complètes, publiées par J.-F. Malgaigne. Paris, J.-B. Baillière, 1840, 3 vol. in-8o.

Pasquier (Estienne). Les Œuvres d’Estienne Pasquier contenant ses Recherches de la France, son Plaidoyé pour M. le Duc de Lorraine… Ses Lettres, ses Œuvres meslées… A Amsterdam, aux depens de la Compagnie des Libraires associez, 1723, 2 vol. in-fol.

Pasquier (Estienne), recteur des Escholes de Louhans. Voir Plutarque.

Passerat (Jean). Poésies françaises, publiées par P. Blanchemain. Paris, Lemerre, 1880, 2 vol. in-16.

Peletier du Mans (Jacques). Œuvres poétiques, publiées par Léon Séché et Paul Laumonier. Paris, Revue de la Renaissance, 1904, in-4o.

Perrin (François). Les Escoliers, dans le Théâtre françois au xvie et xviie siècle, par Édouard Fournier. Paris, Laplace et Sanchez, s. d., grand in-8o.

Pétrarque (François). Toutes les Œuvres vulgaires de Françoys Pétrarque, contenans quatre Livres de M. D. Laure d’Avignon, sa maistresse : Jadis par luy mmposés en langage Thuscan, et mis en Francoys par Vasquin Philieul… En Avignon, de l’Imprimerie de Barthelemy Bonhomme, 1555, in-8o.

Philieul (Vasquin). Voir Pétrarque.

Pibrac (Guy du Faur de). Les Quatrains de Pibrac suivis de ses autres poésies, publiés par Jules Claretie. Paris, Lemerre, 1874, in-16.

Plethon. Voir Hérodote.

PlutarqueLes Vyes de huict excellens et renommez personnaiges Grecz et Romains, mises au parangon lune de lauttre : escriptes premierement en langue Grecque par... Plutarque… et depuis translatees en françois… par feu… George de Selve… Ces livres sont imprimez a Paris par Michel de Vascosan… pour luy, et Jehan du pre libraire…, 1543, in-fol.

Les Vies des hommes illustres comparées l’une avec l’autre par Plutarque de Chaeronée, translatées premierement de grec en françois par Jacques Amyot… et depuis en ceste troisieme edition reveues et corrigees en infinis passages par le traducteur… Paris, par Vascosan…, 1567 6 vol. in-8o.

Opuscules de Plutarche cheronee. Traduictz par maistre Estienne Pasquier, Recteur des Escholes de Louhans. A Lyon, par Jean de Tournes, 1546, in-8o.

Les Œuvres morales et meslées de Plutarque, translatées de grec en françois par Jacques Amyot, reveues et corrigées en ceste seconde edition en plusieurs passages par le traducteur. Paris, par Vascosan, 1574, 7 vol. in-8o.

— Voir Diodore de Sicile.

Pontus de Tyard. Œuvres, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1875, in-8o.

— Voir Léon Hebrieu.

Pseaumes de David. Les Pseaumes de David mis en rime françoise par Clement Marot et Theodore de Beze, avec une oraison en la fin d’un chacun Pseaume par M. Augustin Marlorat… A Lyon, par Charles Pesnot, 1563, in-16.

Vingt Pseaumes de David traduits selon la verité Hebraïque : et mis en rime Françoise par Louis des Masures, Tournisien… A Lion, par Jan de Tournes et Guil, Gazeau, 1557, in-8o.

Les Pseaumes de David et les Cantiques de la Bible, avec les argumens et la Paraphrase de Theodore de Beze, le tout traduit de nouveau de Latin en François. Jointe aussi la Rime Françoyse des Pseaumes. A Geneve, de l’Imnprimerie de Jaques Berjon, 1581, in-8o.

(La traduction est de Henri Moller.)

Pseaumes de David. Les CL Pseaumes de David mis en vers français par Ph. Desportes. Paris, Mamert Patisson, 1603, in-12.

Rabelais (François). Œuvres, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1868-1903, 6 vol. in-8o.

Ramus. Grammaire de Pierre de La Ramée, lecteur du Roy… A Paris, de l’Imprimerie d’André Wechel, 572, in-8o.

La Dialectique de M. Pierre de La Ramée, professeur du Boy, comprise en deux livres selon la derniere edition… A Paris, chez Guillaume Auvray…, 1576, in-8o.

Regnier (Mathurin). Œuvres complètes, publiées par E. Courbet. Paris, Lemerre, 1875, in-8o.

Regnier de la Planche (Louis). Histoire de l’Estat de France… sous le règne de François II. — Le Livre des Marchans. Édition Ed. Mennechet. Paris, Techener, 1836, 2 vol. in-8o.

Rivaudeau (André de). Œuvres poétiques, publiées par C. Mourain de Sourdeval, Paris, Aubry, 1859, in-8o.

Romieu (Marie de). Œuvres poétiques, publiées par P. Blanchemain. Paris, Jouaust, 1878, in-16.

Ronsard (Pierre de). Œuvres, publiées par Marty-Laveaux. Paris, Lemerre, 1887-1893, 6 vol. in-8o.

Roquetaillade (Jean de). La Vertu et Proprieté de la Quinte Essence de toutes choses, faite en Latin par Joannes de Rupescissa. Et mise en François par Antoine de Moulin, Mascannois… A Lyon, par Jean de Tournes, 1549, in-8o.

Rupe scissa (Joannes de). Voir Roquetaillade (Jean de).

Sainct-Gelays (Melin de). Œuvres complètes, publiées par P. Blanchemain (Bibl. elzév.). Paris, Daffis, 1873, 3 vol. in-16.

Salel (Hugues). Voir Homère.

Sales (saint François de). Œuvres complètes, publiées par les Religieuses de la Visitation d’Annecy. Annecy, 1893 et suiv., in-8o.

Saliat (Pierre). Voir Hérodote.

Satyre Ménippée (la) ou la Vertu du Catholicon, publiée par Ch. Read. Paris, Jouaust, 1876, in-16.

Satyre Menippee de la Vertu du Catholicon d’Espagne…, publiée par E. Tricotel. Paris, Lemerre, 1877-1881, 2 vol. in-16.

Scève (Maurice). Eglogue sus le trespas de feu Monsieur le Daulphin. Autheur Scaeve. Ariom. (Dans le Recueil de Vers Latins et vulgaires de plusieurs Poetes Françoys, composés sur le trespas de feu Monsieur le Daulphin, 1536. On les vend a Lyon chez Françoys Juste), in-8o.

Delie, publiée par E. Parturier (Société des Textes français modernes). Paris, Hachette, 1916, in-16.

Saulsaye. Eglogue de la Vie solitaire. Lyon, par Jean de Tournes, 1537. (Réimpression en fac-similé. Aix, Ponthier fils ainé, 1829, petit in-8o.)

Microcosme. A Lion, par Jan de Tournes, 1562, in-4o.

— Voir Flores (Jehan de).

Sebillet (Thomas). Art poetique françoys, publié par F. Gaiffe (Société des Textes français modernes). Paris, Cornély, 1910, in-16.

Sebon (Raymond). La Theologie naturelle de Raymond Sebon, traduicte nouvellement en François par Messire Michel, seigneur de Montaigne… A Paris, chez Guillaume Chaudiere…, 1581, in-8o.

Selve (George de). Voir Plutarque.

Serres (Olivier de). Le Theatre d’Agriculture et Mesnage des champs d’Olivier de Serres, Seigneur du Pradel. 3e édition reveue et augmentée par l’Auteur. Paris, Saugrain, 1605, in-4o.

Sevin (Adrien). Voir Boccace.

Seyssel (Claude de). Histoire de Louys XII Roy de France…, par Messire Claude de Seyssel…, mise en lumiere par Theodore Godefroy. Paris, Abraham Pacard, 1615, in-4o.

— Voir Appien, Diodore de Sicile, Thucydide.

Sotties (Recueil général des), publié par Émile Picot (Société des Anciens Textes français). Paris, Firmin-Didot, 1902-1912, 3 vol. in-8o.

Straparole (Jean-François). Les Facetieuses Nuits de Straparole, traduites par Jean Louveau et Pierre de Larivey (Bibi. elzév). Paris, P. Jannet, 1857, 2 vol. in-16.

Suetone Tranquile, Des faictz et Gestes des douze Caesars [trad. par Guill. Michel, dit de Tours], nouvellement imprimé a Paris, 1541. On les vend a Paris en la grand salle du palais, par Arnoul langelier, in-8o.

Supplément (le) du Catholicon ou nouvelles des Regions de la Lune, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Tabourot des Accords (Étienne). Les Bigarrures du Seigneur des Accords, avec les Apophthegmes du Sieur Gaulard et les Escraignes Dijonnoises. Bruxelles, Mertens et fils, 1866, 3 vol. in-16.

Tacite. Les cinq premiers livres des Annales de P. Cornelius Tacitus… traduictz nouvellement de Latin en Françoys [par Ét. de la Planche]. A Paris, Pour Vincent Sertenas…, 1548, in-4o.

Tahureau (Jacques). Les Dialogues, publiés par F. Conscience. Paris, Lemerre, 1870, in-16.

Poésies, publiées par P. Blanchemain. Paris, Jouaust, 1870, 2 vol. in-16.

Taillemont (C. de). La Tricarite, plus Quelques chants an faveur de pluzieurs Damoêzelles : par C. de Taillemont, Lyonoes. A Lyon, par Jean Temporal, 1556, in-8o.

— A la suite : Conte de l’Infante Geniévre fig’le du Roy d’Ecosse pris du furieus, è fet Françoes par C. de Taillemont, Lyonoes.

Tasso (Torquato). Quatre chants de la Hierusalem de Torquato Tasso, par Pierre de Brach. Paris, L’Angelier, 1596, in-8o.

Testament (le) de la Ligue, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Théâtre mystique. Voir Du Val (Pierre).

Thevet (André). La Cosmographie Universelle d’André Thevet, cosmographe du Roy… A Paris, chez Pierre l’Huillier…, 1575, 2 vol. in-fol.

Thucydide. L’Histoire de Thucydide, Athenien, de la guerre qui fut entre les Peloponnesiens et les Atheniens, translates en Langue Françoyse par feu Messire Claude de Seyssel. Paris, Josse Badius, 1527, in-fol.

Tory (Geofroy). Champ fleury. Paris, 1529, in-4o.

Tournebu (Odet de). Les Contens (dans l’Ancien Théâtre français, t. VII).

Vaganay (H.). Deux mille mots peu connus (extrait de la Zeitschrift für Romanische Philologie, tomes XXVIII et XXIX), 1905, in-8o.

Pour l’Histoire du français moderne (extrait des Romanische Forschungen, tome XXXII), 1911, in-8o.

Variétés historiques et littéraires, recueil de pièces volantes rares et curieuses en prose et en vers, revues et annotées par Édouard Fournier (Bibi. elzév.), Paris, P. Jannet, 1855-1863, 10 vol. in-16.

Vauquelin de la Fresnaye (Jean). Les diverses poésies publiées par Julien Travers. Caen, Le Blanc-Hardel, 1869, 2 vol. in-8o.

Œuvres diverses, publiées par Julien Travers. Caen, Le Blanc-Hardel, 1872, in-8o.

Villeroi (Lettre de M. de) à M. du Vair sur le subject d’un livre intitulé la Satyre Menippee, et Reponse de M. du Vair, dans Tricotel, édition de la Satyre Menippee.

Vintemille (Jacques de). Voir Xénophon.

Virgile. L’Eneide de Virgile, prince des poetes latins, translatee de latin en françois par Louis des Mazieres, Tournisien. Paris, Jean Borel, 1567, in-8o.

Vivès (Jehan-Louis), Livre de l’Institution de la Femme chrestienne… aussi de l’Office de Mary, nagueres composez en latin par Jehan Loys Vives… et nouvellement traduictz en langue Françoyse par Pierre de Changy, publiés par A. Delboulle. Le Havre, Lemale, 1891, in-16.

Xénophon. La Cyropedie de Xenophon… traduicte de Grec par Jaques des Comtes de Vintemille, Rhodien… A Paris, chez Gilles Bobinot [1572], in-8o.

Enseignements d’Isocrates et Xenophon… traduictz de Grec en François par Loys le Roy dict Regius… A Paris, par Vascosan…, 1568, in-4o.






DICTIONNAIRE


DE LA LANGUE FRANÇAISE


DU


SEIZIÈME SIÈCLE


_______________________________________________________________


A


A. Marqué à l’A. De la meilleure qualité. — Quant à ce proverbe, il est des bons, il est marqué à l’A, il sent plus son menu peuple que les autres : il est toutesfois fondé sur quelque raison, ou pour le moins apparence de raison. Car la monnoye faicte à Paris est marquee d’un A… et on ha opinion qu’elle soit la meilleure laquelle opinion vient de ce qu’on pense qu’il y ait plus d’esclaireurs. H. Estienne, Precellence, 147. — J’ay ouy dire maintesfois qu’un homme est marqué à l’A, quand on le veut qualifier très-homme de bien, et, si je sçavois bien que cela estoit emprunté des monnoyes mais parce que Henry Estienne en son livre de la Precellence de la langue Françoise en a fait estat, je ne seray marry d’en faire icy mention. En toutes les villes esquelles il est permis de forger monnoyes, on les marque par l’ordre abecedaire selon leurs primautez, afin que si elles se trouvent trop faibles d’alloy, ou de poids, on se puisse addresser contre les Maistres des monnoyes des lieux. Paris, pour estre la Metropolitaine de France, est la premiere, et pour cette cause la monnoye que l’on y forge est marrée à l’A. Et d’autant que les Monnoyeurs de ce lieu-là peuvent estre enduirez de plus prés par les Generaux des Monnoyes, qui y resident, on y a tousjours fait monnoye de meilleur alloy et poids qu’en autres villes. Qui a donné cours à cest adage. E. Pasquier, Recherches, VIII, 23.

A, préposition. — A s’emploie souvent d’une façon qui s’écarte de l’usage actuel devant certains mots indiquant le temps. — Apres devisoient des leçons leues au matin. Rabelais, I, 23. — Consideroient l’estat du ciel, si tel estoit comme l’avoient noté au soir preeedent. id., ib. — Ung Berger, ramenant au soir ses brebis, le trouva assis parmy les pierres. Marg. de Nav., Heptam., Prol. — Vous… nous lirez au matin de la vie que tenoit nostre Seigneur Jésus Christ. Ead., ib. — Le jour s’esteint au soir, et au matin reluit. Du Bellay, Regrets, 53. — M’esveillant au matin, devant que faire rien J’invoque l’Eternel. Ronsard, Resp. à quelque Ministre (V, 411). — J’ay faict à ce matin, depuis l’aube sonnée. Par le chant de noz coqs, un manche à ma coignée. J. Béreau, Eglogues, 3. — Ou comme l’on voit luire au soir le beau visage De Vesper la Cyprine. Ronsard, Hymne de l’Or (IV, 345). — Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle. id., Sonnets pour Helene, II, 43 (I, 316). — Au lendemain… prindrent chemin Gargantua, son precepteur Ponocrates et ses gens. Rabelais, I, 16. — Caracalia à l’une foys occist les Alexandrins : à l’autre desfit la compaignie de Artaban. id., IV, 36.

A s’emploie dans le sens de pour devant un mot indiquant le but : verbe à l’infinitif, nom ou pronom. — A quoy prouver je vous pourrois renvoyer au livre de Laurens Valle contre Bartole. Rabelais, I, 10. — Nostre ame qui est fort nee à aimer, son affection, estant departie en plusieurs, s’en affoiblit et revient presques à neant. Amyot, Pluralité d’amis, 2. — Nous sommes nais à quester la verité. Montaigne, III, 8 (IV, 18). — N’ayant pas de quoy à se faire enterrer. Brantôme, Cap. estr., Pedro de Toledo (II, 25). — L’insolente main Qui s’estendoit naguere à mandier du pain. Aubigné, Tragiques, I (IV, 36). — Animant… né à paix, non à guerre : animant né à jouissance mirificque de tous fruictz et plantes vegetables, animant né à domination pacifique sus toutes bectes. Rabelais, III, 8. — Ne vois-tu que le jour se passe ? Je ne vy point au lendemain. Ronsard, Odes, II, 10. — Cest animal n’estoit pas nay à un tel service. Montaigne, III, 8 (IV, 29). — J’escris mon livre à peu d’hommes et à peu d’années. id., III, 9 (IV, 94). — Une troupe d’amoureux qui la recherchoyent à mariage. Jean de Champ-Repus, Ulysse, Argument. — Pour autant que leur qualité naturelle est ilz font ce à quoy ilz sont nez, et non pas ce qu’ilz veulent. Amyot, Hist. Ætiop., III (36 rº). — Je ne me pais de l’aure populaire… J’escry à ceux, ceux dy-je, qui vous semblent, Car des sçavans on a la vraye estime. Fourcadel, Œuv. poet., p. 142. Qui ne vit aucunement à autruy, ne vit guere à soy. Montaigne, III, 10 (IV, 126.). — A quoy me tourmentes tu ainsi sans utilité? A. SEVIN, trad. du Philocope d BOCCACE V (98 ro). - Les cm- paignons à chaque morceau le prioient se retirer .qui n'avoient autre response, à quoy in>y ameniez vous? Du FAIL, Bc 1rix. d'Entrapel (1, 27). - Mais à quoy pour les corps ces despences estran es, Si ces corps n'estoient plus que cendres et que fanges? AUBMNÉ, Tragiques., VII 286).

A se place devant un attribut avec le sens de pour, comme, en qualité de. - I l lu y donna femme sa sœur Isis. LE.NIAIRE DE BELGES, nibiliStr., I, 7. - Les humains pourront s'a..sseoir à table avecques nous, et rio Déesses prendre à femmes. RABELAIS, Ili.51 - Le Roy Piolornaeus voulut communiquer l'honneur du diademe royal, et la faire Royne, la demandant à femme. AmyoT, Gracchus 1. - Maint jeune gars à femme me desire. FoRc.An Œuv+ poet., p, 272.. - Drvas.., leur demanda Daphnis à Inary pour Chloé, Amie oT, Daphnis et Chloé, Ill 59 ro). - Irai-je .supplier Pour aux Seigneurs Nomades m'allier, Qu'ai dédaignez i maris si souvent? 1.4;s MA- SURES, Eneide, IV, p. 194. - l'a.voit envoyé pour sçavoir si elle le voudroit à mari. FAUC'EET, II, 17. n nostoc ins- tant furent aussi ii,Taineuz Par ]nea.s Crethon, Orsilochus Lesquels avoient Diocleus pere. SA LM!, Iliade, V, 86 vo. - Cet Alpheus eut ja.dis pour enfant Orsilochus, qui fut Roy triumphant, Lequel apres eut à Fils legitime Diocleus h Prince mal:pardi-ne. Ton pere... Mes freres et mon pere„ eu son injuste guerre, Cruel a faict mourir, pour usurper leur terre : Puis sachant que de droit elle veriolt à niov, A sa bru nie vouloit pour t'en faire le roy. P. DE BRACH, Imitations, Olin-tpe, 63 VÔ. - Affin que tost et sans sejour Cori-vinssent tous ensemb.Ie, pour Choisir à ro:r- celluv d'elitre eulx Qui seroit sen 5 faire faulx tour Le plus triurriphani et pompeux. FIAU.DENt, Apo- logues d'Esope, I I, 22. - [Cae.sail penetra jusques à la grand'iner ()ceane, subjuguant toutes les na- tions qui' paravant ne recognoissoyent point les Romains à seigneurs. 4.zioinroT, César, 12. - Du seul Dieu des Chrestiens humble serf je m'avoue, Et tout autre à. Seigneur que luy je desavoue, Pi- n RACt Plais. de la vie rustique. - Les Sumaritains qui se sont aydez des lettres de Moyse, qui auroient suivy à patron les Chaldaïques. LE LOYER, hris des Spectres, VIII, 7. - J'ay, dit le bon homme, à nom E'.utychus. Amyot, Antoine, 65. Ce Picard a.voit en sa maison une chambrier° assez qui avoit à nom Ali2.011. JEA.N DE LA TAILLE, les Corrivaus, Prologue. - La Royne... enfanta. un fils qui eut à nom j chan, Titr.v ET, COS- Mogr., VII, 2. - Si fut le propos de l'évesque de Grenoble tenu a hon. LOYAL Si•: FiviTEuR, 1- di Bayant, 2. - A l'adventure. que le peuple se voyant victorieux se saoulera facilement de la guerre, et que les Romains.„ auront maintenant a cher un prince dais lxet aimant /a justice. AMYOT, Numa, 6. -- Je n'avois à suspecte ceste prosperité. TillARG. DE VAL 11:1 1S , MértiOireS, p.1 g.


A s'emploie comme de, pour marquer tin rapport d'appa.r Lenance, de possession. - L'espouse a Ju- piter et sa fille Pallas Ont charpenté ma nef. R.ON- SARI),Hymne de t.'alays et de Zethés. - La bien ayinée con nripagne à Pluton estendoit les tendues de toutes parts. LA_RtvEy, trad. de STEAPA.ROLE, Vile Préamb. - Desjà le point du jour peu à peu s'avaliçoiti Et la femme à Tithon son chemin, commençait. DESPORTF.S, Elegies, L. II, Euryks. - Tousjours derriere muy je retourne les yeux, Comme la femme à Lot ayant quitté sa terre, 1n., Sonnets spirituels, 10. Quand la


feutrine à Syphax sans avoir peur des armes Tra- verse librement et soldats et gerisda.rmes. MONT- CH B. P. STIL Nt, la Cartaginoise, III, p..136,. - Maistre ehan je suis le seigneur EL le man.' • Antoinette, BELLEAu, la ReCOn n V - Comme quand fi contreint la main de naine. éprise Du pere aux Dieux soudain son tonnerre laisser. BAÏF+ Ain. Meline, I, A Ronsard (I, 51). - Vous cognais- sez Billette, servante du père à. Susanne. VEY, les Escoliers, I, 2. - Mere à Memnon, ton char d'or jaunissant Arreste un peu. BAÏF, dm. de Meline, 11 (1, 85). - Cette flateresse sacreron'nous en don A la mere à Cupidon? .M.A.GNYt GaydeZ, p. 4. - Tousjours la mere Memnon te caresse. BELLEAU, Bergerie, 2e journ, la Cigale, Fils i D eesse, à ton meilleur avis Que te semble-il maintenant estre à faire? DFs MA- SURES, Eneid-e, I, p. 42. - Consequen-tment louons pour son mente La fille unique a Cesar Ires sa.tré. LET•IAIRE DE BELGES, Chan$0.01S de Na- mur. - Dieu Bard la fille au roy Loys, Qui me re- çoit quand on me chasse. MA ROT, Épiseres, 44. Vien, Prince, vieil : la. fille au Roy de France Vela estre tienne. "ID., Chants. divers, 9.- Europe alors la pucelle tendrette Fille à Phenix dormoit en sa chambrette, BAÏF, PoemeN, L. IX (H, 422}, Voici venir Cassandre la pucelle Fille à Priam. DES MASURES, Eneirde, II, p. 82. - Il n'est pas temps d'ainsi pleurer, Juturne, Ce lui dit fors Jun°, fille à Saturne. ID., ib., XII, p.. 622. - La fille à Pharaon, merveille de son temps, Agençoit ses cheveux. Di BARTAS, 2e Semaine, 4e Jour, Le Magnificence. - La fille àSeianus. MONTAIGNE, III, I (III, 255). - C'est nostre cher, le duc de Nemours, nepveu de nostre prince et frère à vostre royne. LOYAL SERVITE.U.R„ Hist. de Dayan, 54. - Je iuy dy que restois le frère à Marie. LA- RIVEY p le Laquais, IV, 1t - Lune est madame Si- cambrie soeur au Roy Priana... et lautre est ma- dame Theano soeur a la Royne Hecuba. LE Cri AIRE mI BELnES, illustr,, I, 41. - La sœur au Dieu Phebus ne Ille dedaigne pas. B141Eittr, Eglogues, 4. - Madami de Fontaines... soeur à feu M. de Tor- cy. BRANTôer[E, Ca,p. estr., le Conte .e..rliguemone 163). - Aussi fauldra peindre sur ce tumbel L'antique histoire au beau Luciabel. MAROT1 Epi- replies, 10. - Secondement fois l'histoire a Clo- taire, Roy des Françoys. J. BOUCHET, Epistres morales du. Traverseur, 11,11. - Sur la. bouche à Madame... J'alloy cueillant un baiser savoureux. BELLEAU, Petites Inventions, Amour rnetlecin> - on aine} tu te pers, et. t'enfuis esgaree Sur la bouche vermeille à, ma belle maistresse. ID., Bergerie, 2e Journ., Baisers.

A s'emploie dans le sens d'avec, pour marquer l'accompagnement, le moyen, la manière. « Je tire i vous de l'erbalestre, » c'est a dire 7 « Je tire- ray avec vous de l'erbalestre. » FABni, Art de nhe- tor., I, ta. - Themistocles à peu de gens les des- confit. RAD E LAS, II! 2G,- Que] appetit et visage de chasse s'estoit reservé celny de ses ancestres qui Wallon jamais aux champs à moins de sept mille fauconniers? MoxrAtGrit, I, 42 (I, 362-363). Ce que voyans eeulx qui le servoyen.t, le lieront à gros cables. likrumAis, il, 4, - Voyez là les Geans.... Donnez dessus à -vostre mast gualante- ment. ID9 III 29.- On ses ouvroit parie mylieu et fermait à un ressort. In., II, 33. - Le Darda..nois contre ces pars éparses Va de furie. A son glaive inhumain, D'Auxur en bas mite ia senestre main, Et tout le tour de l'écu avalla. DES MASURES, Eneide, X, p, 528, - Les gourmands font leurs fosses à leurs dents. Proverbe, dans H, EsTIENT'llE Preccitence, 211.. - Qui ha mes-0er du feu, à son doit le quiert. Ib., 220.. — A difficulté> seroys je receu en la premiere classe des petitz grimaulx. RABELAIS, II., 8.

Chez certains écrivains gascons, à s’emploie souvent d’une manière explétive, devant des compléments qui, dans l’usage ordinaire, ne sont précédés d’aucune préposition. — Si vous avez envye de me veoir, je l’ay encores plus grande, sans comparaison, de vous veoir à vous que vous à moy. MONLUC, m Lettres, 202. — J’ay prié le sieur de Moreau… d’aller de ma part vers voz Majestés pour vous faire entendre au vray lestai des af- faires de deça… vous suppliant très humblement le vouloir entendre comme à moy-mesmes. ID., ib., 245. — S’il entroiet dens la rue, la compaignie qu’estoiet dens la ville les tliueroiet ou à leurs chevaulx. ID., Commentaires, L. I (I, 117). — Il mlaymoit autant qu’à cappitaine de France. ID., ib., L. Il (I, 253). — Desquels n’y moreust que M. d’Assier, que ra, ymois plus qu’à moy-mesmes. ID ib. (I, 256). Les aultres soldatz appelloinet aux nostres pioniers gastadours. 1 1)„, ib. (I, 210). — Les Huguenotz pensarent en eschapper à bon marché, et que je ne les punirois pas à eulx. ID., ib., L. V (III, 72). — Il me devoit par raison mieulx ayrner que non à ceulx qui le conseilloient de faire au contraire de ce que je luy In., ib., L. VII (III, 340). — Je les vous donne dong ; mais non pas pour les voir Vous tuer comme à moy. P. DE BRACH, Arni5Frir d’Aymee, L. II, S. 16. — Je vous invoquerai, ô saint trou- peau des Muses, Et à toi, Delien. ID., Poernes et Mesl., L. III, Ekg. 1. — faut, il faut qu’aveugle Ion l’appelle, Et non à moy, qui aveugle estimé Du peuple aveugle, aveugle suis nominé. ID., Imitations, Aminte, Prol. — Nous leur donnons [aux animaux] un ires grand avantage sur nous, de faire que Nature par une douceur maternelle les accompaigne et guide, comme par la main, à toutes les actions et cornmoditez de leur vie, et qu’à nous elle nous abandonne au hazard et à la fortune. MONTAIGNE, 11, 12 (II, 171). — Le Latin me pippe par la faveur de sa dignité, au delà de cequi luy appartient comme aux enfants et au vulgaire. ID., Il, 17 (III, 22). — Nous disons d’aucuns ouvrages qu’ils puent à l’huile et à la lampe. ID., 1, 10 (1, 50). — Je hay à mort de sentir au flateur. In., I, 39 (I, 322). — Je le menay [Montaigne] en ma chambre, où j’avais son Livre l ; et là, je luy monstray plusieurs manieres de par- ler familieres non aux François, airs seulement aux Gascons, Un Paie-rostre, un Debte, un Couple, un Rencontre, les bestes nous fiaient, nous requierent, et non nous à elles, ces ouvrages sen.tent à l’huile et à la lampe. E. PASQUIER, _ Lettres, XV1I1, 1.

A se rencontre" devant le second terme d’une comparaison. — Il est greigneur nampas de cor- pulence Mais de sçavoir a Homere et Hortense. MICHEL D’AmB o isE Complaincies de l’Esclave fortuné, 57 y0.

A entre en composition dans des adverbes, des prépositions et des conjonctions :

A bas, V. Bas.

A ce que. Afin que. Et le feray imprizner à ce que chascun y apreigne comme je ay blet. RAB E- LMS, II, 20. — A ceste fin j’ay composé ce present livre. Et premierement Pay mis en latin : à ce qu’il peust servir à toutes gens diestude, de quelque nation qu’ilz feussent. Argum. —Dieu leur a donné quelque petite sa- veur de sa divinité, à ce qu’ilz ne prétendissent ignorance pour excuser leur impieté. ID., ib.,


II, p. 58. — Je rnettray la crainte de mon nom en leurs cœurs, à ce qu’ilz ne se destournent point de moy. ID., ib., p. 75. — Le Seigneur a envoyé à. son peuple de la viande celer te par la main de Moyse, à ce qu’il ne perist point de faim. In., ib, VII, p. 437. — Celuy qui a limité nostre vie… nous a faict prevoir les periiz, à ce qu’ilz ne nous peussent surprendre. ID., ib., VIII, p. 506. — Il est expedient que des bectes si dangereuses soyent marquées, à ce que chacun les congnoisse, de peur d’en recevoir dommage par faute d’ad- vertissement. ID., Contre les Libertins, fi (VII, 161). — J’ay… depesc1i Malicorne : à ce que par luy je soys acertainé d’ton portement. RAB Fi — LAIS, IV, 3. — Les dames… s’esclatterent de rire, et feirent signes aux paiges, à ce qu’ilz houstassent leurs atours. ID., IV, 10. — Pantagruel… corn.. monda… toutes les munitions des naufz estre en terre exposees, à ce que toutes les chorrnes feissent chere lie. ID., IV, 25. — Pantagruel /ours feint une briefve remonstrance, à ce qu’ilz eussent à soy monstrer vertueux au combat. ID.p IV, 37.. — A ce qu’il ne te semble que je parle à credit, je Vallegueray mon a_uilieur. TA I-I UREAU ler Dial. du Democritic, — Les autels et temples ne sont inventez à ce qu’il soit loisible aus meschans d’y tuer les bons. L. LABÉ, Rebat de Folie et d’Amour, Disc. 5. — Comme ceulx d’Athenes eussent con- damné Athenodorus à l’amende… il pria Alexandre de vouloir escrire pour luy, à ce que l’amende luy fast remise. Amyot., Alexandre, 29. — Tu me pries que je te gouverne et que raye coing de toy, à ce que tu ne sois pauvre et souf- freteux de tout point. LA BOÉTIE, Mesnagi de ’Ven., 5. — Voicy le médecin que j’avais mandé à ce qu’il vint voir sa maladie avant qu’elle s’en allant aux champs. JEAN DE LA TAILLE, les Corri- paus, 111, 1. — Jacob servit quatorze ans Laban, fils de Nachor, à ce qu’il peut avoir à femme Ra- die’. CHOLIÈRES, 5° Matinée (p. 199). — En ceste conséquence fut le serpent d’aerain eslevé par v sur un long-boys à ce que ceux qui es- toient mords du serpent, en le voyant seulement, fussent gueris. Du FAIL, Contes d’Eutrapel, 34. — Je diraipareillement quelque chose de la Chasse, et des autres exercices du Gentilhomme, à ceque nostre vertueux Pere-de-famille, en faisant ses affaires, se recree honestement. O. DE SERRES., Theatre d’Agric., Préf. — Licurgus ordonna que les filles vierges fussent mariées sans douaire d’ar- gent, à ce que les hommes les espousassent par leurs vertuz, non pour l’avarice. BRANTÔME, des Dames, II (IX, 698). — Ceux du chasteau… sur la n-uict traittoyent avec le capitaine Caesar, qui estoit en garde de ce costé, à ce qu’il les laissast sortir pour une somme d’argent. AuBiGra, Hist. Unie., III, 1L

A certes, Acertes, Adcertes, V. Certes. A coup, Acoup, Y. Coup.

A dens, A dent, Y. Dent.

A Verte, v. Alerte.

A mont, V. Amont.

A par, v. Par.

A stheure, Asteure, Amure, v. Heure.

A tant,’liant, Y. Tant.

A tard, Atard, v. Tard.

A tout, Atout. Avec (Tout ne sert qu’a renforcer la préposition à qui signifie avec). — Préposition. A tout sert à marquer l’accompagnement, la ca- ractéristique, le moyen.

A tout, préposition marquant l’accompagne- ment. — Elle arriva finablement saine et sauve en la ceste de Bisquaye, à tout trois ou quatre na- vires seulement. LEMAIRE DE BELGES, Couronne Margaritique (IV, 89). — A tout ceste grande, noble et puissante armee, l’empereur Osiris circuyt toute la terre universelle. Id., Illustr., I, 7. — Il partit d’Egypte à tout une grosse armee. Id., ib., I, 8. — Je seray après vous à tout le reste de la compaignie. Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 53. — Pour remuer encor en France avec le prince d’Orange, qui venoit d’Allemaigne à tout une grosse armée. Brantôme, Cap. franç., le Mareschal de Cossé (IV, 88). — Des peaux de vos ouailles à tout leurs toisons espesses et drues, vous ne vous pouvez bonnement passer, Lemaire de Belges, Illustr., I, 22. — De l'espaule dextre luy pendoit escharpe son carquois fait de cuir de bivre à tout le poil. Id., ib., I, 42. — A ce jour la y a plusieurs jeunes hommes… qui courent tous nuds parmy la ville, frappans par jeu et en riant avec des courroyes de cuir atout le poil, ceulx qu’ilz rencontrent en leur chemin. Amyot, César, 61. —Dessus le flanc la belle panetiere A tout le poil, la trompe forestiere Au ventre creux. Belleau, la Bergerie, 1re Journ., la Chasteté. — Puis à tout son baston de croix guaingna la broche qu'avoient faict les ennemys. RRabelais, I. 27. — Estant si fort esperdu de frayeur, que de se jetter à tout son ensceigne hors de la ville, par une canonniere, il fut mis en pieces par les assaillans. Montaigne, I, 17 (I, 76). — Les plus jeunes vont à la chasse des bestes, à tout des arcs. Id., I, 30 261). — Le meilleur sera de les planter à-tout leurs racines, sans rien leur roigner, O. de Serres, Theatre d’Agric., III, 4.

A tout, préposition marquant la caractéristique. — Le noble vieillard à tout sa barbe chenue se jetta aux genoux du jeune Duc Achilles. Lemaire de Belges, Illustr. II, 19. — Sur ceste entreprise Vint arriver (à tout sa barbe grise) Un bon vieillard. Marot, Epistres, 2. — Frerot à tout son accoustrernent de velours incarnat… et Fabritio avecque sa couronne de laurier. Rabelais, Sciomachie. — Là veismes des Procultous et Chiquanous gens à tout le poil. Id., IV, 12. — Voila une description qui retire bien fort à l’equippage d’un homme d’armes François, à tout ses bardes, Montaigne, II, 9 (II. 106), — Le roy de Navarre, qui venoit que de fraiz dresser sa garde, pria Monsieur qu’elle fist la première poincte, qui la fit très-bien ; et la fit beau voir atout leurs beaux mandils neufs de vellours jaune, avec du passement d’argent et noir. Brantôme, Cap. franç., M. Louis de Nevers (IV, 382-883).

A tout, préposition marquant le moyen. —Paris Alexandre voyant le Soleil abaissé… recueillit à tout sa lkoulette ses troupeaux de brebis, chievres et moutons.F.J.sparse Lemaire de Belges, fileeir., 1 35. — Les autres rfemine.s des Cimbres] se pendirent aux arbres prochains, aux timons de leurs chariotz, —voire à tout leurs cheveux mesmes par faulte de cordes. Id., ib., III, — Eu grande peine se °nanan pour prendre tout. ]a. langue quelque lippee. Rabelais, t.t. — Je luy baillis si vert dronos sur les doigts à tout rnon javelot qu’il n’y retourna pas deux fois. Id., II, 14. — Jamais Ma.ugis hermite ne se porta si vaillamment à tout son bourdon contre 1es Sarrazins… comme foist le moine à l’encontre des ennemys avec le baston de la croix. Id., I, 27. — A tout une si faible puissance, qu’il se trouva entre mains à l’entree de ceste guerre… iI conquit de grands pais, et prit plusieurs bonnes villes. Amyot, Sertorius, — Les soldatz… l'emmenerent elle et ses best.us, en la. clia.5sant devant eux à tout de razier, comme on feroit une chevre ou mie brebis. ID., Daphni$ et Chioé, L. II (31 r°).


— Nul ne fui veu., qui n’essaiast en son dernier souspir de. se venger encores : et à. tout les armes du desespoir consoler sa. mort en 1 ; 1 mort de quelque ennemy. Montaigne, 1, 1 (I, 8). — faut retenir à tout nos dents et rios grilles l’usa.ge des plaisirs de la vie, que. nos ans nous arrachent des poings. Id., I, 38 (I, 313). — Ce fut luy [Pornpeiusi… que Sertorius battit en Espaigne à tou.t ces belles armes, qui ont aussi servy Enmenes contre Antigonus. II, 12 (I/, 200). — Nails voyions depuis… Androdus conduisant ce lyon tout une petite. laisse. Id., ib. (tI, 204). — Les Caunieusw prennent armes ers dos… et vont courant toute leur banliene, frappant l’air par-cy pa.r-là, à tout leurs glaives, IL, ib. (II, 282). L’esteuf, il le prend à la main gauche, et In pousse à tout sa raquette. ID., ib. (Hi se2. — Ils onrt une grande abondance de chous cabus, qu’ils hachent menus à tout un instruirient expres. ID., Journal de voyage, p.. 105. — ne font pas tant malitieusement, que lourdement et grosslerement, les ingenieu-x, à tout leur mesdisance. ID., 1, 36. 0, 292).

A tout, adverbe, marquant une idée d’accompagnement. — Et de fait luy osta le demorent de son dra.p et s’en va à tout. Nicolas de Troyes, Grand Parangon, — Ce levrier avait ceste astuce que de la patte il renversoit Ie pot qui bouilloit au feu et en prenoit la. chair, et s’en alWit à tOUt. DES PErliEltS5 Recr.„ 18. — il gaigua un bon butin, et s’en retourna atout en nsle de Samos. AbiYo ; trad. de DIODORE, XIII, VI. Les Beotiens… ayant pris aucunes petites \rillettes, et gaigué grande quantité de butin, s’en retournerent à tout au pa>rs de la Beoce. Id., ib, , XVI, 13. — Theseus et Pirithous s’en allerent ensemble en la ville de Lucedaèrnone, là ou ilz ravirent Helene… et s’en fouirent à tout. Id., Thésée, ai. — Les Vestales… prirent sur elles ce qui estoit le principal et le plus digne, et s’en fouirent à tout le long de la riviere, Caenale, 21. — y en eut soixante el ; dix huit qui ailerent en une rostisserie, ou az saisirent des broches, des coupperets et cousteaux cuisine, et se jetterent hors de la ville atoul„. Id., Crassus, 8. [Alexandre] ayant occis de son espee deux des Barbares qui esloyent couchez a.0 long du ieu, y ravit un tizon, et s’en recourut atout vers ses gens. Id., Alexandre, 24. — Je voyois Chloé à mon aise, et maintenant Lapes qui l’a ravye s’en va à tout. Id., Daph.n et Cht0d1 IV (77 r°). — Si ne me sentoy-je troublé Tant qu’avoy le ventre à la table, Mais je n’ay eu ferme ny stable le pas ny J’esprit atou.t Depuis que ray esté debout. Baïf, l’Eunuque, IV, 5.

A tout, adverbe, se rencontre aussi pour expri-mer ridée de moyen. — Il a esté si fin, QUe de nouer bout contre bout Deux grandes nappes, pour à tout En la cave me devaler. Baïf, le Brave, III, 2.

A val, v. Aval.

Aage. Age. Bas aage. On désigne par Ce nom la jeunesse, et non fi’as seulement la premiére enfance, — Il [Alexandre] commença à ordonner le.s affaires de son estat beaucoup mieux que tout le monde n’esperoit, pource qu’il estoit fort jeune cl peu estimé de quelques uns, à ca.use de son bas eage, _Amy0T, trad. de I)ioDoRE, XVII, 1. — Pres de La.ngres furent vaincuz les Alernans par Constantin le Grand, estant encor de fort bas a.age, TELEVET, Cosmogr., XIV, 19. — Les uns sa, bea.uté meut, les a.utres son ba.s age (de Polyx.éne]… Ma.is tous prisent son cœur si magnanime et fort. R. Garnier, la Troade, 2104. — Ledit Medecin m’admiroit d’estre si adextre aux opérations de chirurgie, veu le bas aage que j’avois. Ambr. Paré, Voyage de Turin. — Ceste reyne fut vesve en fort bas aage, ayant perdu le roy Louys, son mary, qui, fort jeune, mourut en une bataille. Brantôme, des Dames, II (IX, 610).

Hault aage. L’âge qui vient après la première jeunesse. — La fille estoit en hault aage, nubile, cognoissant l’iniquite du père, qui laissoit moisir son pucellage de peur de démoisir ses escuz. Marg. de Nav., Heptam., 44.

Moyen aage. — Il estoit grand personnage, beau et plaisant à regarder, jeune, de moyen aage, et de bien bonne grace. Le Maçon, trad. de Boccace, Decam., II, 2. — Lors elles doivent chercher et accepter telz, ausquelz soyent decentes femmes vesves, hommes de moyen aage, sobres, revereridz, experlmentez, et de bonne reputation. P. de Changy, institution de la femme chrestienne, III, 7. — Jamais Prince ne recent tant d’heurs dés son enfance, ny tant de heurts de fortune sur son moyen aage jusques à la mort, que cestuy [Federic II, né en 1194, favorisé par la fortune jusqu’en 1221, mort en 1250]. E. Pasquier, Recherches, VIII, 56. — Sur mon moyen aage, en l’an 1564, ceste grande et fameuse Université de Paris me nomma… pour plaider sa cause contre vous. id., Lettres, XXI, 3.

Bon aage. — Ces deux dames qui sont ensemble, et se monstrent assez de bon aage, sont tes deux tantes, Lemaire de Belges, Illustr, I, 41. — Zambelle avoit atteint une bonne aage. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. IV (I, 92).

Aage de discours. Age de raison. — Estant parvenu en l’orage rassis et de discours. Trad. de Gelli, Disc. fantast. de Justin Tonnelier, III (p. 87).

Fleur d’aage. — La fleur d’aage se meurt et passe quand la vieillesse survient et la jeunesse se termine en fleur d’aage d’homme faict : l’enfance en la jeunesse : et le premier aage meurt en l’enfance. Montaigne, II, 12 (II, 381).

Bas d’aage. — Par ce qu’est trop bas d’eage (car il n’a encores cinq ans accomplys). Rabelais, I, 50.

Aage. Vie. — Elle passa grande partie de son aage sans estre mariée. Marg. de Nav., Heptam., 40. — Bien loin outre la mer Je veux aller bien loin mon âge consumer. Baïf, Eglogue 2. — Ce n’est rien nostre âge fuiarde : C’est un point, si on la regarde A l’égard de l’éternité, id., Passe tems, L. V (IV, 423). — J’ay passé une bonne partie de mon aage en une parfaite et entiere santé. Montaigne, II, 6 (II, 56). — Nulle vieillesse peut estre si caduque et si rance, à un personnage qui a passé en honneur son aage, qu’elle ne soit venerable. id., II, 8 (II, 80). — Ce sont elles [les lettres] qui… nous guident à passer nostre aage sans desplaisir et sans offence. id., II, 12 (II, 220). — Leur age defaudra plustost que la matiere. Regnier, Sat. 9.

Époque… — Tels estoient les bons Rois de l’âge plus fleurie, Numa le Sacerdote, instruit par Egerie. Ronsard, Bocage Royal (III, 196). — Aristote, Pline, et autres, [disent] que Zoroastre vivoit six mille ans avant l’aage de Platon. Montaigne, II, 12 (II, 339). — L’aage doré. L’âge d’or. — La Vertu, la Pitié, Durant l’aage dorée Hantans ces manoirs bas Ne nous dedaignoyent pas. Baïf, Poemes, L. VIII (II, 402). — Platon en sa peinture de l’aage doré sous Saturne, compte entre les principaux advantages de l’homme de lors, la communication qu’il avoit avec les bestes, Montaigne, II, 12 (II, 167).

Temps, durée. — Jusques à quand as estably, Seigneur, de me mettre en oubly ? Est ce à jamais ? Par combien d’aage Des tourneras tu ton visage De moy, las ! d’angoisse remply ? Marot, Ps. de David, 13. — Diogenes Apolloniates [dit] que [Dieu], c’est l’aage. Montaigne, II, 12 (II, 257).

Génération, ensemble des hommes qui vivent à telle ou telle époque. Apres la mort dicelle, Jauge aveuglee et erronee du temps dadonques, qui estoit prodigue de forger nouveaux Dieux et Deesses par idolatrie, meit et rengea ladite Heleine au nombro et catalogue des Deesses immortelles. Lemaire de Belges, Illustr., II, 24. Tes vertus estincelantes Tout par tout je publiray, Et les Liges renaissantes Parier de toy je feray. J. Béreau, Ode 3. — Que tout cela d’ennuis que les âges passees Ont peu veoir encombrer d’angoisses amassees Les plus chetifs humains tout cela de malheurs, Qui les tirans Gregeois combla de tant de pleurs, Se rue contre toy. Baïf, Poemes, L. III (II, 120).

On trouve encore des traces de l’ancienne prononciation a-age. — Ceste nature ilz tiennent de la race Du grand Hydra, qui au profond de Thrace… Les engendra des l’aage et le temps Du faulx Cayn. Marot, l’Enfer. — Marot ou Clement Disoit bien comment. Et en beau langage, Qu’après son aage Ce don precieux Nous aurions des cieux. Anc. Poés. franç., VII, 36 (texte de 1562).

Aage est souvent féminin. — Virilité tient la voye moienne Entre jeunesse et nostre orage ancienne, J. Bouchet, Epistres Morales du Traperseur, I, 14. — Nombre grand de peuple Outré, de tous sexes, toutes aages, et tous estats. Rabelais, V, 16. — Il avoit fait amasser ceste trouppe de jeunes hommes Persiens tous d’une mesme eage. Amyot, trad. de Diodore, XVII, 24. — Et ces abits seans à ton âge fleurie. Baïf, Amour de Francine, L. I (I, 125). — Il establit les Ephores avec autres personnaiges d’eage meure et rasize pour ayder le Roy au gouvernement de son royaume. Saliat, trad. d’Hérodote, I, 65. — Un desir plus ambitieux que ne portoit l’aage en laquelle il se trouvoit alors, Amyot, Marcellus, 28. — Estant en l’aage, en laquelle quand les hommes faillent, encore leur pardonne lon. id., Agis, 20. — Ah ! j’ay grand’peur que quand l’âge parfaite Au jeu d’amour plus propre t’aura faite, Tu changes ce bon cœur. Baïf, Diverses Amours, L. I (I, 317). — Toutes ages sont bonnes à celuy qui sçait reigler sa vie selon la portee et le naturel de chacune. Trad. de Gelli, Disc. fantast. de Justin Tonnelier, IX (p. 288). — La vieillesse ne merite point d’estre appelee la pire et la plus fascheuse aage de toutes les autres. id., ib., X (p. 318). — Mais ilz seroient heureux, si dés l’age premiere D’un sommeil eterneI ilz fermoient leur paupiere. Aubigné, Primtems, II, 17. Pourquoy l’age craintive ha elle esté sans craincte ? id., Poés. div., 4. — En temps d’Hyver, faut en toutes aages donner plus d’alimens qu’en Esté. Ambr. Paré, VIII, 14. — Or passe-je ceste mienne vieille et plus joyeuse aage, beuvant du pur Nectar. F. Bretin, trad. de Lucien, les Saturnales, 7. — Et l’aage coustumiere Aux folles gayetez n’enst sa vigueur premiere Qu’à consoler les bons, et s’esjouir en Dieu, Aubigné, Trag., IV (IV, 171). — V. d’autres exemples dans les alinéas précédents.

Abac (d’) et d’aboc. De tous côtés. — Sy me croys, tu jouras du croc, Par tout ou tu pouras entendre : Tu prendras d’abat et d’aboc Par tout ou tu le pouras prendre. Moral à cinq personn., dans Du Val, Theâtre mystique, p. 210.

D’abac ou d’aboc. De côté ou d’autre. — Je responds, Si Bon Temps peut passer les pons, Qu’il viendra d’abac ou d’aboc, De deçà ou delà des monts. Anc. Poés. franç., IV, 138.

Abai, Aboi. Aboiement. — L’escolier… ainsi que Clairet faisoit encores : Hap ! hap ! luy va respondre en un abbay de ces clabaux de village : Hop ! hop ! hop ! Des Periers, Nouv. Recr., 54. — Il n’y a non plus de raison en son dire qu’à l’abbay d’un chien. Calvin, Response à un Holandais, (IX, 598). — Tu le fus emportant [un chevreau] Maugré l’abai de Volmont abaiant, Vauquelin de la Fresnaye, Foresteries, I. 6. — Ils circuissent courans çà et là comme chiens affamez et par leur importunité, comme par abay, ils arrachent par force des uns et des autres quelques morseaux pour fourrer en leur ventre. Calvin, Instit., II, v, 9. — Estant descouvert par l’abbay d’un chien, il fut pris. H. Estienne, Apol. pour Her., 21 (II, 15). — Cerbere a retenu Ses esclatans abais, tout muet devenu, P. de Brach, Hierusalem, IV. — Fig. : Le sainct Esprit nous commande de nous reposer sur les promesses : l’authorité duquel doit bien rabattre tous les abbays de ce chien mastin. Calvin, Instit., II, ix, 3.

Abboys du parchemin. Chants d’église. — Matines ayant neuf leçons, plus matin se levoient par raison. Plus aussi multiplioient en appetit et alteration aux abboys du parchemin : que matines estantes ourlées d’une, ou trois leçons seulement. Rabelais, III, 15.

A boys de l’estomach. — Son disner estoit sobre et frugal, car tant seulement mangeoit pour refrener les abus de l’estomach. Rabelais, I, 23.

Tenir qqn en aboy. Lui résister, lui tenir tête. — Ainsi fut levé le siége de devant Maizières, où le bon chevalier sans paour et sans reprouche acquist couronne de laurier car bien qu’on ne livrast nul assault, il tint les ennemys trois sepmaines durant en aboy. Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, 63. — Et ne faut douter que ceste façon de parler, Tenir queleun en abbey (ou en abbay), ne soit aussi venue de la venerie : mais il y a apparence que ce soit des bestes noires plustost que des autres, comme quand un sanglier se laisse abbayer par les chiens, perdans leur peine. H. Estienne, Precellence, 125.

Rendre les abois. Être sans une situation désespérée, renoncer à la lutte, mourir. — S’ell’ ne fait rendre les abbois A Monsieur, je veux qu’on me tonde : n’y a femme en tout le monde Qui se fasche plus aigrement. Belleau, la Reconnue, I, 4. — Aussi tost que ces ad vocas Nous ont empietez une fois, Ils nous font rendre les abbois. id., ib., V. 3. — J’ay porté dans le flanc Le coup d’un trait doré de l’amoureuse trousse, J’ay rendu les abois, comme la teste rousse Qui tache les buissons des marques de son sang. Aubigné, Poés. div., sonnet 9. — Comme les Turcs eussent assiegé la ville de Metelin, et desja les Lesbiens et Genevois fussent prests à rendre les abbois, voyans que la bresche estoit grande, et qu’ils estoient las du travail des combats precedens. Thevet, Cosmogr., VIII, 2. — Si n’oublieray-je pas entre ce peu d’exemples que je veux amener, ces façons de parler, Rendre les abbois, et Faire rendre les abbois. Car c’est un des gentils emprunts que nostre langage ait faict de messieurs les veneurs disant d’un homme qui n’en peut plus, et pourtant est contraint de se rendre, qu’il rend les abbois : ou (comme les autres escrivent) les abbais. Et proprement se dit du povre cerf, quand ne pouvant plus courir, il s’accule en quelque lieu le plus avantageux qu’il peut trouver, et là attendant les chiens endure d’estre abbayé par eux. H. Estienne, Precellence, 124. — Les Saxons furent plusieurs fois vaincus, et autant de fois se rebellerent. N’ayans autre plus signalé entremetteur de leurs rebellions que ce grand guerrier [Witikind]. Lequel ne voulut jamais rendre les abois, quelque victoire que Charlemagne eust obtenue contr’eux. E. Pasquier, Recherches, VI. — Je ne suis François, que par cette grande cité [Paris)… Tant qu’elle durera, je n’auray faute de retraicte, où rendre mes abboys. Montaigne, III, 9 (IV, 80). — Ce que ne peust faire dom Jouan d’Autriche peu devant qu’il rendist les derniers abois fut faict après sa mort. Brantôme, Cap. estr., M. de Bure (I, 318). — Vous eussiez veux icy une infinité d’espées rompre et casser des boucliers, des bras, des jambes, et froisser des espaules. Icy oyoit-on les voix miserables de ceux, qui en grand nombre rendoient les abbois. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. XI (I, 304).

Les derniers abois, les abois de la mort. — retiens l’heure qu’il faille à mon pere mourant, Et aux derniers abbais de la mort jà tirant, Faire pour l’entomber un convoi lamentable. P. de Brach, Poemes et Mesl., L. 1, sonnet 5. — S’acharnerent sur leurs compaignons les plus foibles et alangouris, voire qui tendoient aux derniers abbays de la mort. Cholières, 1re Matinée, p. 22. — Sa vie s’alentist, toujours son mal s’empire, Aux abais de la mort on voit jà qu’elle tire. P. de Brach, Regrets funèbres, Eleg. 1. — Ce qui fit lever et y courir le cardinal de Guise et l’archevesque de Lyon. Le dernier, plus diligent, arriva aux derniers abois et assez tout pour ouïr prononcer : « Traistre roi. » Aubigné, Hist. Univ., XII, 14.

Abalourdir. — Elles… ont rebouché et abalourdi les poinctes des intelligences Royales. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, iii, 1.

Abandon (expression adverbiale ; cf. Bandon). Libéralement, librement. — Vous ne craignez ouvrir bource abandon, Appauvrissant vostre pouvoir, par don. Ferry Julyot, Eleg. de la belle fille, I, 6. — Lecteur amy lis ce livre habandon, Que Julyot te lache sans jactance. Ant. Ludin au lecteur, dans Ferry Julyot, ib.

(Substantif.) Pouvoir. — A la Regnarde elle requiert pardon Pour ses oyseaulx, qui sont en l’abandon Du feu ardent. Corrozet, Fables d’Esope, 55.

Possession. — Dieu facteur de tout ouvrage Accepte bien le verdoiant fueillage De ceux qui n’ont de grans biens l’abandon, Dont ilz luy font en ses eglises don. J. Bouchet, Epistres famil. du Traverseur, 105.

Abondance. — Portons à leur povre mesnage De noz biens à grand abandon. Marg. de Nav, les Marguerites, Comedie de la Nativ. de J. C. (II, 33). — En mon païs croist en grand abandon Trescher encens, dont sort suave odeur, Ead., ib., Comedie de l’ador. des trois Roys (II, 102). — Vous delectez-vous du fruitage ? Et où en est l’abandon, sinon aux Hales, où est le grand jardin de Paris ? E. Pasquier, Lettres, II, 4.

Abandonné, Abandonnée, v. Abandonner.

Abandonnement. Abandon. Pourquoy en matiere de cession de biens l’on fait abandonnement de sa ceinture devant la face du juge. E. Pasquier, Recherches, IV, 10. — Il ne faut point trouver estrange que l’on estimast l’abandonnement de la ceinture, representer aussi l’abandonnement de nos biens. id., ib. — C’est un mot d’abandonnement perpetuel que Dieu fait de telz malheureux. St François de Sales, Introd. à la vie devote, I, 14, — Cest estat du delaissement de soy-mesme comprend aussi l’abandonnement au bon plaisir de Dieu en toutes tentations, aridités, secheresses, aversions et repugnances qui arrivent en la vie spirituelle, id., Entretiens spirituels, 2. — Il faut que vous vous jettiés, avec un total abandonnement de vous mesme, entre les bras de sa providence. id., Lettres, 949.

Abandonner. (Futur sans e) : Je n’abandonray ja ma prise. Baïf, le Brave, II, 4.

Abandonné. Libéral, prodigue. — Un prince doit aimer la jouxte, Estre large et habandonné, Gringore, Sainct Loys, I (II, 6). — J’estoys joyeux, prest à menger et boire, Habandonné, voulant à tous complaire. Anc. Poés. franç., XIII, 5, — Qui veult bien aymer il ne faut point estre chiche de son bien, mais doit on estre large et abandonné. Nicolas de Troyes, Grand Parangon, 51. — Et n’espargne aucun tresor ne richesse, dont il est hahandonné Plus qu’autre prince. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. VI (127, vº).

Femme abandonnée. Femme de mauvaise vie. — Tu ne doibs aller aux convives ne autres lieux de delices ; car c’est affaire a femme abandonnee. P. de Changy, Instit. de la femme chrestienne, II, 3. — O maudite ennemie de toute sapience, ô Femme abandonnee, ô à tort nornmee Deesse. L. Labé, Debat de Folie et d’Amour, Disc. 2. — Adieu vile et habandonnée dame. Comptes du Monde adoentureux, 45. — Les autres ont escrit que ceste Phea estoit une brigande, meurtriere, et ahandonnee de son corps. Amyot, Thésée, 9. — Peu te donneras de peine de ce que j’en escriray, ayant ja fait si grand’bresche à ton honneur, que la plus abandonnée femme du monde est plus soigneuse de son fait et renommée, que toi. E. Pasquier, Lettres amoureuses, 21.

Abarharir. Rendre barbare. — Qui méprise L’honeur› le forfait autorise… Loix et droiture bouleverse : Abarbarist l’humanité. Baïf, les Passetems, au Grand Prieur (IV, 202).

Abas, v. Bas.

Abasac, v. Basac.

Abat. Action d’abattre. — Pepin tout incontinant vint planter son camp devant Pavie n’oubliant les François… aucune espece de cruauté soit d’abats de maisons, soit de feu… pour avec indignitez tirer l’ennemy au combat. Fauchet, Antiquitez, VI, 4.

Abatardir. Déclarer bâtard. — Ce qui ne doit en rien diminuer l’excellence de nostre langue, veu que ceste arrogance greque, admiratrice seulement de ses inventions, n’avoit loy ny privilege de legitimer ainsi sa nation et ahatardir les autres. Du Bellay, Deffence et illustration, I, 2.

Abatardissement. Au grand deshonneur et abatardissement de nostre langue. Du Bellay, Préf. du Recueil de Poesie de 1549.

Abateur. Abateur de bois, abateur de quilles. Faiseur de grandes prouesses. (Même sens libre que joueur de quilles dans Marot.) — Et ne devez point plaindre le temps passé, car jay veu quil nen y avoit que pour vous, rien ne se ternit devant vous, vous estiez le chien au grand collier de tout le païs, et le plus grand abbatteur de bois, qui fust dicy au gué de Vede. Du Fail, Propos rustiques, 5. — Si vous y prenez garde, vous verrez ces grands abbatteurs de bois n’avoir que des filles, et peu d’enfans masles… Que si ces grands abbateurs de bois font force enfans, ils seront de petite complexion, et si la pluspart ne feront que filles là où ceux qui ne vont pas souvent à leurs femmes, feront des enfans forts et robustes, comme sont comnunément les bastards, et plustost masles que femelles. Guil. Bouchet, 23e Seree, (IV, 10). — Ce Jaques dont est question, estoit un grand abateur de bois remuant, et culbuteur de comeres, et n’espargnoit rien de ce qui se presentoit. Beroalde de Verville, Moyen de parvenir, Coyonnerie (I, 318). — Ardez, voire, c’estmon, je me cognois en gens, Vous estes, je voy bien, grand abbateur de quilles, Mais au reste honneste homme, et payez bien les filles. Regnier, Sat. 11.

Abateur de poulx. — Abateur de poulx, abbé de maulgouver, affecté, aliborum. Des Autels, Mitistoire Barragouyne, 5.

Abatis. Action d’abattre, de couper. — Avec le fouet on ordonne l’abatis des cheveux, comme peine extraordinaire. E. Pasquier, Recherches, VIII, 9.

Abay, v. Abai.

Abayer, Aboyer 1 (H. Estienne préfère aboyer à abayer ; Conformité, p, 204, Mots françois pris du grec ; mais abayer est très fréquent.) — On estime aussi voz gardes, voz descouvreurs, et avantcoureurs : ce sont voz chiens loyaux et bien abayans. Lemaire de Belges, Illustr., I, 22. — Ilz [les iniques] oseront abbayer comme chiens. Calvin, Instit., VIII, p. 480. — Tous sont chiens muetz sçachans abbayer. id., ib., XV, p. 735. — Un chien abaye, sil voyt quon assaille son maistre. id., Lettres, 634. — Au tour de luy abayent les chiens. Rabelais, III, 13. — L’un est un fin et cauld Renard ; l’aultre mesdisant, mesescrivant et abayant contre les antiques Philosophes et Orateurs comme un chien. id., IV, Prol. — Les chiens abbayoyent desja bien fort. Amyot, Aratus, 7. — Par tourbillons la vague qui se suit, Contre les bords abaye d’un grand bruit. Ronsard, Franciade, I (III, 36). — Un autre chien estant à la garde d’un temple Athenes, ayant aperceu un larron sacrilege qui emportoit les plus beaux joyaux, se mit à abboyer contre luy tant qu’il peut. Montaigne, II, 12 (II, 201). — Abbayez comme chiens, hurlez en voz. tourments. Aubigné, Tragiques, VII (IV, 303). — V. d’autres exemples dans les alinéas suivants.

(Intransitif.) Fig. Avoir un besoin urgent de nourriture, en réclamer d’une façon pressante. — La faim estoit on corps : pour à laquelle remedjer, abaye l’estomach. Rabelais, III, 12. — Mon stomach abboye de male faim comme un chien. id., III, 15. — Ce leur est tout un quand ils auront bien disné, que leur famille abbaye, et qu’elle meure de faim. Calvin, Serm. sur le Deuter., 146 (XXVIII, 265). — Tu me voudras tantost persuader que quand j’ay l’estomach vuide et abboyand, qu’il seroit plein. Trad. de Gelli, Disc. fantast. de Justin Tonnelier, Disc. 2 (64-65). — Par telle tyrannie le povre peuple abbaye à la faim, et meurt sans miséricorde. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 6 (I, 88-89). — Mon ventre affamé abaye Comme l’oisillon qui bée. E. Pasquier, Jeux Poet., III (II, 878). — Glouton. Paresseux, ventru, engouleur ou engloutisseur… allouvy, voluptueux, abbayant. M. de la Porte, Epithetes, au mot Glouton.

(Transitif.) Aboyer qqn. Aboyer contre qqn (au propre et au figuré). — Chassons ceste petulence de chien, laquelle peut bien abbayer de loing la justice de Dieu, mais, ne la peut attoucher. Calvin, Instit, VIII, p. 508. — Je ne poursuy point ce propos davantage, pource que la calomnie est trop evidente, et aussi que ce nous est une grand gloire d’estre abbayez par ces chiens. id., Epistre contre un Cordelier (VII, 362. — Ou est l’orage tournoyant ? Ou est le froissis abboyant Le sein de Thetys courroucee ? Grevin, Cesar, I (p. 9). — Combattu des vents et des flots, Voyant tous les jours ma mort preste, Et aboyé d’une tempeste D’ennemis, d’aguetz, de cornplotz. Aubigné, Printems, I, 4. — Rendre les abois… proprement se dit du povre cerf, quand ne pouvant plus courir, il s’accule en quelque lieu le plus avontageux qu’il peut trouver, et là attendant les chiens endure d’estre abbayé par eux. H. Estienne, Precellence, p. 124. — Il a abbayé notre Religion et blasphemé contre Jesus-Christ. Le Loyer, Hist. des Spectres, V, 3. — Comme moy. de mon mal mes troupeaux s’amaigrissent, Et mon chien m’aboyant semble me reprocher, Que j’aye ore à mespris ce qui me fut si cher. Regnier, Cloris et Phylis. — Ce sont chiens qui me peuvent abayer, non mordre. E. Pasquier, Lettres, XIX, 6. — Voila un camp maudit, à son malheur planté, Aux bords de l’Occean, abbayant la cité, La saincte Bethulie aux agnelets defence. Aubigné, Tragiques, 230). Mandelot et le comte de Tournon, commandez de le suivre, l’abbayeront cinq jours entiers sans le mordre, et ne meslerent dans la retraitte des siens qu’une fois. id.,, Hist. Univ., XI, 20. — Cette cavallerie espagnole… fut tousjours abayée d’une escoupeterie. id., ib., XIV, 18. — Le Theologal de Xainctes, voyant tous nos dogues abbayer cet ours sans mordre, ne l’osant prendre à l’oreille, a fait pour le moins une gambade par dessus. id.,, Sancy, II, 6.

Abbayer le parchemin. Chanter a l’église, à la synagogue. — Les autres, comme les chanoines et caffars, en abbayant le parchemin jour et nuit, et barbotant leur breviaire, vendent leurs coquilles au peuple. Calvin, III, xx, 29. Ce pauvre Juif fut contraint de demeurer en ce plaisant lieu (sans boire rie manger) par long temps, délaissé des siens, qui alloient abbayer le parchemin en leur sinagogue. Comptes du Monde adventureux, 17. — Cf. Abbois. parchernin.

Abbayer qqch. Le crier très haut. — Je te conseille d’apprendre diligemment la langue Grecque et Latine… puis quand tu les sçauras parfaitement… composer en ta langue maternelle… Car c’est un crime de leze Majesté (l’abandonner le langage de son pays, vivant et florissant, pour vouloir deterrer je ne sçay quelle cendre des anciens, et abboyer les verves des trespa. ssez, et encore opiniastrement se braver là dessus, et dire, j’atteste les Muses que je ne suis point ignorant., et ne crie point en langage vulgaire. Ronsard, Franciade, Préf. de 1587.

(Substantif.) — Ainsi traistre, ton aboyer Traistre m’a rendu le loyer De t’aimer plus cher qu’une mere N’aime sa fille la plus chere. Ronsard, Gayetez, 6 (édit. de 1623). — Car pour ton aheyer je ne perds la couronne De Laurier, dont Phebus tout le chef m’environne. id.,, Resp. à


quelque Ministre (V, 425). En certain aboyer du chien le cognoist qu’il y a de la colere. Montaigne, II, 12 (II, 168. — C’est à l’avanture quelque sens particulier… qui advertit les poulets de la qualité hostile, qui est au chat contr’eux, et à ne se deffier du chien : s’armer contre le miaulement, voix aucunement flatteuse, non contre l’abayer, voix aspre et quereleuso. id., ib., (II, 363).

Abayer, Aboyer 2 (Intransitif.) Abayer à qqch, après qqch. Aspirer à qqch, le désirer ardemment. — [Les Venitiens] ne taschoient fors à nourrir la guerre, et l’inimitié entre les dicts Princes, pour s’agrandir sur eulx, apres qu’ils seroient travaillez et affoiblis, et mesmes en son Duché et Estat de Milan, auquel ils ont tousjours abbayé, sur toutes choses. Seyssels, Hist. de Louys XII, Vict. sur les Venitiens {p. 272. — Ceux cy aiment pour le gain, et ceux la pour Io vertu : et l’un des amans abbaye à l’utile, et l’autre est tout fondé en l’honnesteté. Pontus de Thyard, trad. de l’Amour de Léon Hebrieu, Dial. 2 (p. 282). — Ha, c’est peu d’estre grand, j’en sers icy d’exemple… C’est peu d’abboyer tant à ces honneurs si courts. Jean de la Taille, Epitaphe de Henry II. — Mais quand ces presens ils m’envoyent, C’est qu’apres mes biens ils aboyent. Baïf, le Brave, III, 1. — [Caton d’Utique] dict à ses amys qu’il voyolt abbayer après ses présents… que de leur donner ou permettre prendre soubs sa faveur du bien d’aultruy, ce ne seroit ny son honneur ny la justice. L’Hospital, Reform. de la Justice, 2e part., IV, 101). Entachez d’ung gain sordide et illiberal, après lequel ilz abayent incessamment. id., ib., 4e part. (IV, 327). Feraulez… se delibera de contenter un jeune homme pauvre, son fidele amy, abboyant apres les richesses ; et luy feit present de toutes les siennes. Montaigne, I, 40 (I, 348). — Pythée, Roy des Bithyniens, abbayoit tellement aprés l’or qu’il occupait tous ses sujets à fouir et deterrer tes minieres d’or. Cholières, 1re Matinée (I, 45). — Ma basse fortune, Qui n’abaye [l’aspire ainsi que la commune Apres l’or du Perou. Regnier, Sat. 3. — Ou toutes ces grondeurs apres qui l’on abbaye. id., Œuv. posth., Satyre (p. 200). — Tesmoin le pauvre Cahier, qui a abbayé aprés l’Abbaye promise, et n’en void que l’image. Aubigné, Sancy, I, 9.

Abboyer aux nues. Aspirer à ce que l’on ne peut atteindre. — Je l’ay tousjours aymée, encor que mon frère m’en ait voulu empescher ; le cueur me disoit bien que je n’abboyois pas aux nues. Il me faisoit vieil et cassé ; mais je voy bien ce qui en est, puis que je luy agrée. Larivey, la Vesve, III, 2.

(Transitif, Désirer ardemment, chercher à obtenir. — Estant le Royaume abbayé par plusieurs grands Princes… chaque Duc,.. commença de se faire grand par la ruine du Roy. E. Pasquier, Recherches, 13. — Pour servir à l’ambition insatiable de Lily, qui abayois la papauté, et ton Frère affectant la couronne de Naples et de Sicile. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, I, 319.

Abayeur. Celui qui cherche à obtenir. — Cét heritier… divertit les desseins de ces aboyeurs de successions. Du Vair, Arrests prononcez en robe rouge, 1.

Abbadesque. Relatif à un abbé. Les Fanfares et Corvees abbadesques des Roule Bontemps (titre).

Abbaisser (s’). Baisser, s’affaiblir. — Sur les unze heures… arriva un laquais, luy rapportant nouvelles que Cyrus s’abbaissoit fort, et qu’il estoit besoin, s’il le desiroit voir encore en vie… qu’il s’en retournast promptement. Du Vair, Clodius contre Milon.

Abbander (s’). Se réunir en bandes. — Il conduit aux forests les Dauphins hors des ondes… Et les Cerfs il veut faire en hardes abbander, Pour aller hors la terre en la mer viander. Vauquelin de la Fresnaye, Art poétique, 1.

Abbateur, v. Abateur.

Abbatie. — S’il se trouve quelque abbatie, nous l’adjugeons en forme d’espave à celuy qui en sera le premier occupant, sans qu’il soit tenu de la reveler ou communiquer au gruyer et capitaine de nos forests. E. Pasquier, Ordonnances d’Amour, dans les Var. hist. et litt., II, 183.

Abbattre. (Conditionnel avec –e–.) — [La paix] leur fut accordee soubz condition qu’ilz abbateroient les longues murailles, qui prenoient depuis la ville jusques à la mer. Amyot, trad. de Diodore, XIII, 4.

Abbay, v. Abai.

Abbaye. (La mesure du vers et la rime nous montrent que souvent dans ce mot ay n’est compté que pour une syllabe.) — L’Abbaye en est plus décorée, El reveramment honorée. Gringoire, Sainct Loys, L. IX (II, 306). — Premierement l’estat que je tenois C’estoit saint Marc abbaye en Soissonnois. Colin Bucher, Poésies, 297. — L’autre attendoit vingt ans sans estre contenté, L’attire dix, l’autre cinq : puis au lieu d’une Abbaye ou d’une autre faveur, luy donnoit une baye. Ronsard, Elegies, 21. — Pour avertir ce Prelat que vacante L’Abbaye estoit des mile escus de rente. Vauquelin de la Fresnaye, Sat. franç., L. II, à Malherbe. — Que du deffunct un frere estoit venu, A qui le Prince avoit donné l’Abbaye : Le Gentilhomme alors voyant non vraye L’excuse feinte… id., ib. — Or cette Abbaye alors n’estoit mangee, Et point n’estoit encore vendangee. id., ib. — Que j’aye encor une Abbaye emboisee, Pour rendre aussi ma maison plus aisee. id., L. III, à M. de la Serre.

(Arrgot.) Abbaye ruffante. — Quand il faisoit Froid, nous peausions dans l’abbaye ruffante, c’est dans le four chauld, où l’on a tiré le pain naguéres. Var. hist, et litt., VIII, 151. Cf. 152 et 189.

Abbayer, v. Abayer.

Abbayeur. Aboyeur. — Ils… se retirent serrez, tournans tousjours la teste, comme a acoustumé de faire un furieux sanglier que les abbayeurs poursuyvent. La Noue, Disc. pol. et mil., XXVI, 2 (p. 724).

Abbé. Abbé de Maulgouver, de Maugouverne. Homme désordonné. — Abateur de poulx, abbé de maulgouver, affecté, aliborum. Des Autels, Mitistoire Barragouyne, 5. — Les plus avancez se mettent à toute bride et tout le reste les suit sans ordre, tellement que plusieurs, allans le chemin de Paris, voyoyent chapeaux et manteaux par terre qu’on tre daignoit amasser, les prenoyent ou pour fois venans de Saint Mathurin, ou pour gens qui jouoyent à l’abbé de Maugouverne. Aubigné, Hist. Univ., III, 3.

Abbé de Putigny. — Au monde n’a, se semble, ame sans blasme, Nemo sine labe, s’il n’est l’Abbé De Putigny, qui sois basme s’embasme. Cretin, à Honorat de la Jaille (p. 218).

Face d’abbé. — A propos de proverbes, ces deux là me font souvenir encore d’un autre, qui est Face d’abbé, lequel proverbe estant ancien, me faict croire que desjà anciennement les Abbez eussent les faces enluminees. H. Estienne, Apol. pour Her., 22 (II, 37).

Jurer comme un abbé. — Au lieu qu’aucuns disoyent il y a quelques ans par maniere de proverbe, Il jure comme un gentilhomme… et les autres disoyent et disent encores aujourdhuy, Il jure comme un charretier : On souloit dire aussi, Il jure comme un Abbé, ou Il jure comme un prélat. H. Estienne, Apol. pour Her., 25 (II, 74).

A pas d’Abbé. — Je y recongnu le grand chemin de Bourges, et le vy marcher à pas d’Abbé. Rabelais, V, 25.

Abbegaux. Les masles il nommoit… Abbegaux, Evesgaux, Cardingaux. Rabelais, V, 2. — Le ramage de tous ces Papegaux, Cardingaux, Evesganx… Abbegaux, Moinegaux et autres oiseaux de la forest Papimanique. Ph. de Marnix, Differ, de la Relig., I, i, 3.

Abbegesse. — Les femelles il nommoit… Abbegesses, Evesgesses, Cardingesses. Rabelais, V, 2. — Si ay-je n’agueres icy veu une Abbegesse à blanc plumage. id., V, 7. — Pres luy estoit une jolie Abbegesse, laquelle joyeusement chantoit. id., V, 8.

Abbesse. Prêtresse. — Le temple de Juno qui estait a Argos brula par la faune de Chrysis qui estait lors abbesse. Seyssel, trad. de Thucydide, IV, 18 (152).

Grande prétresse. — Il aposta un des principaux de Delphy… pour gaigner l’abbesse des religieuses d’Apollo nommée Periale, laquelle feroit respondre par l’oracle ce que voudrait Cleomenes. Saliat, trad. d’Hérodote, VI, 66.

Abblandissement. Caresse. — [A des ganis.] Allez d’icy tout d’un pas, Recueillir ses dous appas, Et ses abblandissemens Sa bouche vous baisera, Son nez vous odorera. Ph. Bugnyon, Erotasmes de Phidie et Gelasine, 41.

Abboi, v. Abai.

Abboucher, v. Aboucher.

Abboy, Abboyer, v. Abai, Abayer.

Abbreuver, Abbrevoir, v. Abreuver, Abreuvoir.

Abbreviateur. Abbreviature, Abbrevir, v. Abreviateur, Abreviature, Abrevier.

Abbrier, v. Abrier.

Abdiquer. Abdiquer de soy. Rejeter, détacher de soi. — Tout ainsi, que le vassal ne se peut dispenser de la Foy envers son Seigneur féodal, aussi ne peut le Seigneur feodal abdiquer de soy son vassal sans le consentement de luy. E. Pasquier, Plaidoyé pour le duc de Lorraine (I, 1080).

S’abdiquer. Se démettre. — Fortune… ne l’abandonna pas, apres ce qu’il se fut abdiqué de son magistrat tyrannique. Budé, Instit. du Prince (édit. J. Foucher), p. 160.

Abdit. Caché. — Il ma semblé qu’estois en paradis Des orateurs, ou lon va par abditz Et secretz lieux des muses Sicilides. J. Bouchet, Epistres famil. du Traverseur, 21.

Abécédaire. Appartenant à l’alphabet. — La premiere lettre Abecedaire qui est A. G. Tory, Champ fleury, L. I, 6 vº. — Omega, qui est la derniere lettre Abecedaire en Grec. id., ib., L. III, 51 vº.

Ordre abecedaire. Ordre alphabétique. — Tiers et dernier Livre, sont deseignees et proportionnees toutes lesdittes Lettres Attiques selon leur Ordre Abecedaire. G. Tory, Champfleury, vº du titre. — La lettre E… est la seconde vocale en lordre Abecedaire. id., ib., L. III, 39 rº. — En toutes les villes esquelles il est permis de forger monnoyes, on les marque par l’ordre abecedaire selon leurs primautez. H. Estienne, Precellence, 147.

Qui en est à l’alphabet, aux éléments. — On peut continuer à tout temps l’estude, non pas l’escholage. La sotte chose, qu’un vieillard abecedaire ! Montaigne, II, 28 (III, 118).

Abecher, Abecquer, nourrir. — Sur ce débat quant on a le loysir, Et que oyseaux ont faict assez bon devoir, On les abesches en leur faisant plaisir, Sur le gybier. Cretin, Passetemps des chiens et oyseaux (p. 83). — Celle là qui abecha De froid venin son enfance, Et longtemps d’autre substance Ne cogneut et ne macha. Aubigné, Primtems, I, 91. — Sus, amis, qu’en deux motz Je voie desarmer les Alpes de son dos, L’Averne d’arsenic et la roche où l’Envie Ahecha de serpens ses rages et sa vie ! id., Poes. div. 8 (la Sorciere). — [A la France.] Que si tu vis encor, c’est la mourante vie Que le malade vit en extreme agonie, Lors que les sens sont morts, quand il est au rumeau, Et que d’un bout de plume on l’abeche avec l’eau, id., Tragiques, I (IV, 47) — Le mensonge qui fut vostre laict au berceau Vous nourrit en jeunesse, et abeche au tombeau. id., ib., III (IV, 147),

S’abescher. Se repaître. — Thyestes en repas, Tel s’abesche d’humain qui ne le pense pas. Aubigné, Tragiques, III (IV, 123).

Abedissimon, Reptile. — Aspicz… Abedissimons. Alhartafz. Rabelais, IV, 64.

Abefoing. — Les Aultres [cueillent] des Encholyes, des Soucyes, ou des Abefoings. G. Tory, Champ fleury, Lettres hebr., 67 rº. Cf. Aubefoin.

Abeilher. — L’umbrage ou le inidy, vos aigneaus se someilhent, Les ruches de la cire ou vos mouches abeilhent. L. Papon, Pastorelle, V, I.

Abeillanne. — Une autre sorte de raisin, à laquelle les Abeilles s’attachent comme au Musquat ; à ceste occasion par d’aucuns appellée, Abeillanne, estant, de couleur blanche. O. de Serres, Theatre d’Agric., III, 2.

Abeillaud. — Touchant les Bourdons ou Frelons, qu’en plusieurs endroits de Languedoc l’on appelle, Abeillauds, c’est une espece d’Abeilles naissant avec les bonnes. O. de Serres, Theatre d’Agric., V, 14. — Le plus asseuré est de croire que les Rusches sont pleines, quand les Abeilles chassent opiniastrément de leurs Rusches les Frelonds ou Abeillauds. id., ib.

Abeillette {diminutif). — Ou volez-vous, abeilletes, Baisant ces fleurs Vermeilletes ? Baïf, Amour de Francine, L. IV (I, 260). L’abeillette aime le lin. id., Eglogue 14 (III, 78).

Abeillien. — Mouches à miel. Primtanieres, abeilliennes, bruyantes, amers. M. de la Porte, Epithetes.

Abeillin. L’abeilline liqueur. Le miel. — Et sans souffrir la piquure saigneuse, Qui veut serrer l’abeilline liqueur ? Baïf, Amour de Francine, L. I (I, 127).

Aberger, v. Herberger.

Aberrer. S’écarter [du bon chemin]. — Que valait a nous alleguer oncle ou tante, Si du chemin d’equité aberrons. Michel d’Amboise, Ballades, 149 vº.

Abescher, v. Abecher.

Abesté. — Il fut conté d’un hoste.., qui a nom Mica l’Abesté, ainsi nommé parce qu’il ne vouloit loger que ceux qui estoient abestez, c’est à dire, que ceux qui avaient des bestes, et non les gens de pied. Guill. Bouchet, 11e Seree (II, 240). — Ce Mico… luy demande s’il estoit abesté : ce passant luy respond que non, mais qu’il le payeroit aussi bien que s’il estoit de cheval. id., ib. (II, 241). — Et fusmes contraincts, parce que n’estions pas abestez, de retourner coucher en nostre bateau. id., ib. (II, 242).

Abestin, v. Asbestin.

Abestir. S’abestir de. S’engouer stupidement de. — Le plus souvent les Princes s’abestissent De deux ou trois que mignons ils choisissent, Vrais ignorans qui font les suffisans, Qui ne seroyent entre les artizans Dignes d’honneur, grosses lames ferrées Du peuple simple à grand tort honorées. Ronsard, Franciade, L, IV (III, 168).

Abeston, v. Asbeston.

Abetissement. Action d’abêtir. Abetissement d’enfans, par tyrannie des magisters. B. Aneau, Imagination poétique, 43.

Abborrable. Qui excite l’horreur, qui doit être abhorré. — Pour celuy [le nom] de Furstemberg, il estoit trop hay et ahhorrable aux François. Brantôme, Cap. estr., Guill. de Furstemberg (I, 352). — Ce qui est ahhorrable et leur revient à une honte fort infame, id., Cap. franç., Charles IX (V, 244). — Les lansquenets jurent estrangement aussy. Bref, tous s’en aydent, et principalement les Italiens ; car ils prennent Dieu, la Vierge Marie, et tous les saincts et saincts par le haut, par le bas, par le mitan, que c’est chose fort abhorrable. id., Sermens et iuremens espaignols (VII, 200). — Tels ingrats faillans ainsy sont abhorrables partout. id., M. de Noue (VII 236)

Abhorrant, Abhorrent. Éloigné. — La chose est… tant abhorrente de sens commun, que à peine peut elle estre par humain entendement conceue. Rabelais, I, 31. — C’estoit le pourtraict de justice Grippe-minaudiere, bien abhorrente de l’institution des antiques Thebains, id., V, 11. — Heraclitus tant abhorrant du propre humain, qui est, rire. id., V, 24. — Cela n’est-il oculairement abhorrent de toute marque de verité ? E. Pasquier, Monophile, L. I (II, 747). — Posé qu’aucuns leur tournassent à impropere les sacrifices dont ils usoient, comme peut-estre trop cruels et abhorrens d’une commune humanité. id., Recherches, I, 1. — Contre… la substance de la religion Chrestienne, l’on objecte l’estrangeté extreme et du tout incroyable, abhorrente de tout sens commun. Charron, les Trois Veritez, II, 12. — C’est une opinion… excogitee par esprit privé, differente et abhorrante de la commune et universelle. id., ib., III, 8. — Une hirondelle ne fait le Printemps, et le naturel d’un seul individu abhorrant des autres, n’est le juge certain de la nature generale. Le Loyer, Hist. des Spectres, I, 6. — Institution impie, abhominable, et ahhorrente de nostre Religion Chrestienne, E. Pasquier, Recherches, VIII, 20. — Plusieurs choses que le peuple dit ordinairement, sans sçavoir ny quoy ny comment, lesquelles toutesfois ne prindrent jamais leur origine, que de personnes abhorrens du tout de nostre Christianisme. id., ib., VIII, 33.

(Sans déterminant.) Déraisonnable, absurde, inconvenant. — Lisans ces motz, vous mocquez du vieil beuveur, et reputez l’exposition des couleurs par trop indague et ahhorrente. Rabelais, I, 9. — Il estima la promesse tant abhorrente et impossible, qu’oncques l’aureille praester ne luy voulut, ne donner audience. id., III, 16. — Je vous menerois à logicalement inferer une proposition bien abhorrente et paradoxe. id., III, 19. — Combien que pour lors nous semblassent ces propheties aulcunement abhorrentes et estranges. id., III. — Affin de remettre leurs sens… effarouchez par affections abhorrentes, en bonne et philosophicque discipline. id., III, 45. — Au Roy sembloit indecent que en sa cuisine le Poete faisoit telle fricasses. Le Poete luy remonstroit, que chose trop plus abhorrente estoit rencontrer le Roy en cuisine. id., IV, 11. — Chose griefve, abhorrente, et desnaturee est perir en mer. id., IV, 22.

Abhorrer. Abhorrer de. Ne pas s’accorder avec. — L’usage, qui est religieusement gardé par toute la chrestienté, à nommer les jours de la semaine par le nom des planetes, monstre tres evidemment que l’influence celeste n’abhorre de la pieté chrestienne. Cholières, 8e Ap. disnée (p. 316).

Abhorrer une opinion. La repousser. — Afin que desormais n’abhorrez l’opinion de Platon, Anaxagoras, et Democritus (Furent-ils petis philosophes ?). Rabelais, 9.

Abhorrir. Abhorrer, avoir en horreur. — Plusieurs… ont abhorry le nom de servitude, quilz reputent deshonneste, et ont mieulx aymé endurer le nom destro veincuz. Seyssel, trad. de Thucidide, V, 12 (181). — Le jeune Antiochus… congnoissant et abhorrissant la temerité de ses folles amours, ne sen osait descouvrir à personne. id., trad. d’Appien, Guerre Syriaque, ch. 7. — Les anciens Rommains… abhorrissoient les usures, ainsi que faisoient les Grecz. id., trad. d’Appien, Guerres civiles, I, 7. — Iceulx fuyez, abhorrissez, et haïssez autant que je foys. Rabelais, II, 34. — [Les moines] de tous sont huez et abhorrys. id., I, 40. — Prendre ce que les autres saiges abhourrissent. Maurice Scève, la Deplourable Fin de Flamete, 8. — Amour… les plus meschans recoit, et les desirez abhorrist et dechasse. id., ib., 16. — Quant tu seras a ta bonne congnoissance retournee, tu loueras ce que a ceste heure tu abhorris et desprises. id., ib., 19. — Meilleur, ô Cœur, m’est d’avoir chaste esté En si pudique, et hault contentement : Et abhorrir pour vil contemnernent Le bien, qu’Amour (Amour lassif) conseille. id., Delie, 28. — Elle ha en soy linfluence de Jupiter, du Soleil et des Planettes, desquelles les diables abhorrissent linfluence. Ant. du Moulin, trad. de la Vertu de la Quinte Essence, 127-128. — ilz abhorrissent de frequenter la compagnie des hommes : et ayment les lieux secretz et ombrageux. id., trad. des Complexions des hommes, 281. — Exaltant la virginité jusques au ciel… abhorrissant et refuyant au contraire tout amour, toute feste, et tout plaisir nuptial. Amyot, Hist. Æthiop., L. II, 30 vº. — Toute chose qui délecte noz sentirnens materielz, tombee à l’accomplissement de celuy qui la desiroit, est naturellement plustost, abhorrie qu’aymee. Pontus de Thyard, trad. de l’Amour de Leon Hebrieu, Dial. 1 (p. 4). — Les autres vivent chichement et durement, abhorrissants les sumptueuses et lascives voluptez. Le Caron, Dialogues, I, 2 (72 vº). — Ceulx qui souffroyent de faict tout ce que font les Roys à leurs subjets, detestoyent et abhorrissoyent encore neantmoins ce nom de Roy. Amyot, Antoine, 12. — Il y en a qu’ils refuient, et abhorrissent, et quelques uns mesmes qu’ils ne daignent pas saluer. id., Comm. Concept. contre les Stoïques, 10. — De celle qu’au paravant on aborrissoit, on en cherche si curieusement la figure si que l’on la trouve par tout. St François de Sales, Defense de la Croix, II, 7. C’est cela mesme qu’ilz rejettent et abhorrissent le plus. id., ib., IV, 15.

Abhorrissement. Horreur, action d’abhorrer. Dont je croy qu’il te viendra une si grande repentence et abhorrissement, que je crains fort que de tes propres mains tu ne te tue, Maurice Scève, la Deplourable Fin de Flamete, 20. — Ne vueillez vous delecter longuement en ung vice, speciallement a cestuy cy, dont la grand continuation faict abhorrissement. id., ib., 26. — On ne se peut contenir quelquefois en des accidens si dignes d’abhorrissement. St François de Sales, Lettres, 496.

Abhourrir, v. Abhorrir.

Abigoti. Devenu bigot. — Ce moine [Jacques Clément] ayant donc esté receu du roi, comme estoyent les moines de cet esprit abigoti. Aubigné, Hist. Univ., XII, 22.

Abiller, v. Habiller.

Abîme, v. Abisme.

Abis. Abîme. — Les yeulx pouvans enclumes amollir, Et les abys de lumieres remplir. Vasquin Filieul, trad. de Pétrarque, L. I, S. 128. — Metz moy au ciel, aux abys, ou en terre, En haut coustaut, en vallée ou maretz. id., ib., L. I, S. 142. —— Et s’il est vray que si grand ton credit Soit es abis et aux cieux comme on dit… Reprens à Mort ce que Mort nous a pris. id., ib., L. II, chant 4.

Abismal. De la nature de l’abîme. — L’Ouest bruyant aux Gouffres abismaulx, Faisant aux Nefz inestimables maulx, Vint campeger devers la Picardie. Apologue du Debat d’Eole et Neptune. Car c’est un creuz abismal de grand mise, Le Fons duquel au certain on n’advise. J. Bouchet, Epistres morales du Traverseur, II, vi, 6.

Abisme. Entre l’abiene des yeux. Être l’objet de la contemplation. — Tu es à son gré la personne De la Cour qui danse le mieux, Tu es l’abîme de ses yeux, Tant tu vas propre et bien en poinct. Melin de Sainct-Gelays, Chansons, 9 (II, 230).

Abisme est souvent féminin. Cestoit une abyme de doleance, un gouffre de pitié. Lemaire de Belges, Couronne Margaritique IV, 40). — Il entendoit combien estoit grande l’abystne de noz pechez. Calvin, Instit., V, p. 321. — En attendant qu’il te plaise choisir Mon cœur au fonds de ceste abysme noire, Et luy donner de ton eau vive à boire. Marg. de Nav., les Marguerites, Oraison de l’aine fidele (I, 106). — Les haults rochers des monstrueuses undes Se sont cachez es abismes profondes. Apologue du Debat d’Eole et Neptune. — On l’eust jugé a l’ouyr et le veoir Une profunde abisme de scavoir. J. Bouchet, Epistres familieres du Traverseur, 68. — Là de la terre, et là de l’onde Sont les racines jusqu’au fond De l’abysme la plus profonde de cest Orque le plus profond. Ronsard, Odes, I, 10 (II, 126). Il sernbloit que les ondes Taschassent de ravir aux abysmes profondes Ceux qui s’estoyent sauvez de la Troyenne cendre. Jodelle, Didon, III (I, 201). — Amour darde ses trains jusqu’au plus creus des ondes, Il balance son vol dessus le vol des nues Et se fait mesme craindre aux abysmes profondes. id., les Amours, Chapitre d’Amour (II, 31). Donques jouis des rayons du Soleil, Et sans descendre en l’abysme profonde Demeure vive hostesse de ce monde. Ronsard, Franciade, III (III, 112). — Il y a de grandes abysmes en ce Bosphore. Thevet, Cosmogr., VIII, 8. — Et les corps engloutis dans l’abysme profonde Furent faits la victime et Le tribut de l’onde. Nuysement, Œuv. poet., 73.

Abismement. Action d’abîmer. — Et voudroyent… avoir perseveré en ce meslange, ou plustost abismement d’eux mesme en Dieu. St François de Sales, Amour de Dieu, L. VI, 1re rédact. (V, 412).

Abismer. Faire disparaître, anéantir, effacer. — Je congnoy bien la tienne affection, Qui est d’Amour la Foy en ton desir, Pour abismer l’ennuyeulx desplaisir Qui te detient pour ung tien amy mort. P. du Val, Dial. du Contemnement de la Mort (Théâtre Mystique, p. 133). — Je ne pouroys sans Grace aulcun bien faire En tant que Grace abisme les forfaictz Des vrays croyans, en vray amour refaictz. id., Morallité à six personnages (Ib., p. 137). — En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux, et donner festins publiques, il abysma, par maniere de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoyent efforcez d’en faire auparavant. Amyot, César, 5.

(Intransitif.) S’abimer, s’engloutir. — Si que les nefz sans crainte d’abismer Nageoient en mer à vailles avollées. Marot, Ballades, 7. — Mais si d’un œil foudroyant elle tire Dessus mon chef quelque traict de son ire, J’abisme au fond de l’eternelle nuit. Du Bellay, l’Olive, 81. — Et quelqu’autre bien loing, en danger d’abysmer. id., Regrets, 34. — Voyant mon cher Seigneur au danger d’abysmer, me p]aist de courir une mesme fortune. id., ib., 49.

Abismeux. De la nature de l’âbime. — Lieux abismeux, en cavernes retretz. Anc. Poés. franç, XI, 210. — Averne. Profond, obscur… abysmeux, ou abysmant. M. de la Porte, Epithetes. — Leur nef or par les flots jusques aus cieux touchoit, Et or jusqu’aus enfers abismeus se cachoit. P. de Brach, Imitations, Olimpe. — De l’abismeux enfer la part plus reculée. id., Hierusalem, XVI, 15 vº.

Abject. Qui est de basse condition, qui est dans un état d’abaissement. — O toy… non de trop haulte condition, ou appelé au reine publiq’, non aussi abject et pauvre. Du Bellay, Deffence, II, 5. — Mon Roy ne doit nourrir ny picques ni discordes, Rancueur ny deffiance entre ses vrais subjects, De peur de l’estranger, ny les tenir abjects. Jean de la Taille, le Prince Nécessaire, II. — Les Apostros, simples et abjects, confondirent la sapience de ceux qui estoient reputez sages et prudens. Larivey, trad. des Facetieuses Nuits de Straparole, IX, 5. — Il ne me semble point, que les plus abjects serviteurs facent volontiers pour leurs maistres, ce que les Princes s’honorent de faire pour ces bestes [les oiseaux, les chevaux et les chiens]. Montaigne, II, 12 (II, 180).

Humble, modeste. — Il se rendoit si treshumble et abject. Qu’il ne sembloit estre Abbé, mais subject. J. Bouchet, Epistres famil. du Traverseur, 57. — Avez le cueur tant bening et humain Qu’estes tousjours la premiere au service, Abjecte et humble autant qu’une Novice. id., ib., 115. — Elle [l’Ecriture Sainte] requiert un cueur humble et abject, A vanitez et abus non subject. Fr Habert, Deplor. de Du Prat, Epistre. — Certainement si Dieu n’est point, mocqueur, Il prend en gré l’abject et humble tueur. id., Exposit. morale.

(Prononciation.) — Comme personne abjecte, En t’adorant me jette En terre soubs ton pié. Marg. de Nav., Les Marguerites, Com. de l’ador. des trois Roys (II, 123). — Qui de rateaux rompt les motes abgettes, Et va trayant les clayes de vergettes. Pelletier du Mans, trad. du 1er livre des Georgiques.

Abjecter (s’). S’abaisser. — Or en Jesus nul au vray ne se fie, Sinon celuy qui sous son bras puissant En tous endroits s’abjette et humilie. Marot, le Riche en Povreté. — Que dictes vous, Madame ? est-ce une chose honneste vous objecter aux façons d’une becte ? R. Garnier, Hippolyte, 536.

Abjection. Action d’abaisser, de mépriser. — Sainte Elizabeth, toute grande princesse qu’elle estait, aymoit sur tout l’abjection de soy mesme. St François de Sales, Introd. à la vie devote, III, 1.

Humilité. — La vraye vefve est en l’Eglise une petite violette de mars, qui respand une suavité nompareille par l’odeur de sa devotion, et se tient presque tous-jours cachee sous les larges feuilles de son abjection. id., ib., III, 40.

Abjurer qqn. Rejeter par serment son autorité — Les Flamands… déclarèrent le roi d’Espagne descheu de sa seigneurie et principauté des Pays-Bas… A cela fut adjoustée une forme de serment pour abjurer le roi d’Espagne. Aubigné, Hist. Univ., X, 22.

Ablatif. — Or, de ses sirophs laxatifz, Ne dyarondon ablatifz, Ne d’herbes, ne d’electuaires, De telz fatras n’ayez que faire. Anc. Poés. franç., II, 115.

Ablativo. Ablativo tout à un tas. Péle-méle. — Ce maistre Tasteur ne laisse pas de les mettre ablativo tout à un tas : en cependant telle en patira quy n’en pourra mais. Var. hist. et litt., II, 40.

Able. — L’Olme, le Chesne, l’Able en ce lieu escarté Pourront seuls tesmoigner la misere infinie. Mmes des Roches, Poesies, à Charite.

Ablottir (s’). Se blottir. — Là tout caché, de brossailles couvert, Ou ablotti derriere un gazon vert, Coy j’attendray l’heure de sa venue. P. de Brach, Imitations, Aminte, II, 1. — En fin lasse et debile à bas s’ablotissant, Ces propos elle dict d’un parler gemissant id., ib., Olimpe, p. 83.

Abluer. Laver. — O Roy des Cieus… J’ay ferme foy Qu’il est en toy D’abluer nos vices par don, Ph. de Brugnyon, Chant panegyrique.

Abnegation. Action de rejeter, de nier, de renier. — Ainsi… mettons nous neutre on Medicine, et moyen en philosophie par participation de l’une et l’aultre extremité par abrogation de l’une et l’aultree extremité Rabelais, III, 35. — S. Pierre… aiant par trois fois renoncé Jesus Christ… aurait esté… descheu de la prerogative, à laquelle le Seigneur avait appellé ses Apostres… Il falloit que, pour le restablir en sa premiere dignité, il effaceast la tare de ceste triple abnegation, Ph. de Marnix. Differ. de la Relig., I, ii, 3.

Aboi, v. Abai.

Aboissonner. Abreuver. — Cruels ils m’ont offert du fiel pour nourriture : De vinaigre en ma soif (si douce est leur nature) Ils m’ont aboissonné. Desportes, Ps. de David, 68.

S’aboissonner. Être arrosé, imbibé. — Jadis de Joricho la terre salpetreuse, Pour ne s’aboissonner que d’une humeur nitreuse, Avortoit de ses fruicts, et ses mal saines eaux Vuidoient d’hommes la ville, et les champs de troupeaux- Du BARTAS, 2e Semaine, 4e Jour., k Schisme- Abolir, Détruire„ anéantir, effacer. — Ce sont les propres pierres, m.oyenan.s les q_u.elles Deuca.- lion et Pyrrha restitueront le genre humain aboly par le deluge Poetique. RABELAIS, rii, S. Ceste unique faute doiht estre abolie, extaincte, et absarbee en la nier immense de tant d’equi- table_bs sentences qu’il a donné par le passé. ID., III, 42. Abolissetnemit. Destruction, anéantissement, abolition. — Nul ne peut nyer qu’un tel abolys- sement de 1a chair, ne soit mort. CA_Lvrri, 1 nstit.., 26•. — Si pour rabolissement du ciel et de la terre les fideles ne laissent point d’estre establiz devant Dieu il s’ensuyt que leur salut est Donjoinct avec son eternité. ID., ib., Tot, p. 446. — Job… ne prend la mort que comme u.n abolissement de toute sa vie, ne regardant point à ce qui s’ensuit apres. hiStriiei. contre ICS Anabaptistes (V11,139). — Ils sentiront leurs concupiscences se diminuer aucunement de jour en jour, jusqu’à ce qu’ils seront parvenuz où ils tendent : c’est assavoir au dernier abolissement de leur chair, qui sera parfait en la fin de ceste vie mortelle. ID., litait., IV, — Aussi leur advient aux cuisses un refroidissement et abolis- se.ment de sentir et mouvoir. AMBH. PARÉ, 15. • Jusques à l’entier abolissement des noms, et ancienne cognoissance des Ueux, s’est estendue la desolatiou de cette conqueste. MoNTA.Pc : NE, 18.111,67). — Calvin… ne vise qu’à l’abolisse- ruent de l’observation des conseilz evangeliques, st Femeçois DE SALES, Controverses, I, HI, 11. — Mercure Trisrnegiste n’est il pas lamentable, do lamenter et plaindre si laschement l’abolisse- rftent de l’ido-latrie… ? ID., Amour d-e Dieu, I, 17. Abominer (subst), — Ces prestres abominoient le poisson, de sorte que quand ils vouloient es- crire le hayr, et l’abominer, ils peignoyent un poisson. (WILL. BoLICHET, 318 Seree (TV, 297). Abondant. &Ire abondant de. Abonder en. — Touchant conseil et science, il est assez divulgué par les histoires de Troye communes, que Hele- nus en estoil abondant plus que nul autre des en-fans de Priam. LEMAIRE DE BELGES, III, 1. Diabcnda.n.t.. En outre, par surcroît. — Quand doriques le bon Patriarche Noë eut ainsi envoyé ses gens peupler le monde, et que d’abondant il Leur eut promis de leur mener par luy inesines des gens de renfort… il divisa ce qui luy restait de peuple en deux parties. LEMAIRE DE. BELGES, Illustr., I, 4, — Il {Chiron] institua le noble en- fant Achilles, en icelle art de medecine. Et d’abon- dant luy aprint à toucher de la harpe. ID., ib., I, 26. — une mesme heure avons retrouvé rostre Inilz (si longuement perdu) et avec luy dabonclant une belle fille. ID., ib., I„ 44. — Son seul disciple me a contenté et m’en a plus dici que n’en de- mandas, d’abundant m’a ouvert et ensemble solu eraultres doubtes inestimables. RABELAis, If, 20. —Il luy donnait sept cens mille et troys Philip- pus… et d’abondant luy donnait la inestayrie de la Pomardiere. In. l, 32. — Là se sont trouvez vingt cen et deux s mille chameaulx, et seize cens El’- phares… et d’abcfndant eustes toute la 0-a_rava_ne de la Meeha. ID., 1,32, — Je… vous rends francs et liheres comme par avant. D’abanda_nt serez à l’yssue des portes payez chascun pour troys moys. ID., I, 50. _ Ce ne fut pas encorE.1. assez au juge- ment de la mère, si, après l’arbre inanimé et la chienne morte, elle Woliençoit d’abondant son nia.ry en quelques personnes des plus cheries de luy, DES PERIERS, _MÉRU). Rett..1 127. — Par ta bonté eternelle ilz sont tiens, Et d’abondant par achapt ils sont miens. MArtc. Ù E Nklar." ks Mar- guerites, Triomphe de rAgneau (III, 59). — Pa- nurge respundi que son anly Xenomanes leurs su croit. et d’abondant deliberoit… prendre quelque docte et utile Lanterne. 1-ZABELAis, 47. — Hz ne se contentent de santé d’abondant ilz soubbaytent guaing. 1V, Prol. — Pyrrhon estant en pareil dangier que nous sommes, et \rayant un pourceau pros l rivaige qui mangeoit de l’orge espandu, le declaira. bien heureux en deux qualitez, savoir est qu’il a.voit orge à foi- son, et d’abondant estait en terre, ID., 1V, 18. — Je vouldrois estre la dorure, Que sir vostre chef vous portez… Je vouldrois estre d’abondant, La perle que je voy pendant Au bout de vostre belle oreille, MAGNY, Odes, de ses Deeirs (Hl 162). — Bref. tout cela qu’enseigne l’Aretin, Je le sçavoy : et sçavoy mettre en œuvre Tous les secrets que son livre descœuvre Et d’abondant mille tours inc-agneus. Du BELLAY, Jeux Rustiques, la Vieille Courtisarene. — Les principaux du Senat luy en- vieront ceste gloire, estais marris qu’il ne se con- ten toit pas deta.nt d’honneurs qu’il avoit niaisque d’abondant il voulust encore avoir l’honneur de ceste dedicatiori. Amvor, Publicola, 14, — Nos Jesuites… font les trois vœux ordi naires, et un quatriesme d’abondant qui est superlatif. E. PASQ U1ERy Recherches,.111,44. — Je protesteray ne vouloir m’aider de oo mien traitté, sinon ainsi que d’une piece que je pro- duirais (comme d’abondant) apres toutes les autres. ESTIENNEe 1}FeCe1kneep 34— 5e Abonder (transitif). Rendre abondant en — Les brebis alaictanies seront mieux Irai- tees que les autres.., polir les abonder en laid. 0, DE SERRES, Theatre treAgrie" Difb Aboulai (81, Devenir bon. —Vin s’abonist en fraisehe cave, BAÏF, A I bnes, L. 1I (V, 70). — Vous faie tes, en ce faisant, profiter les troupeaux, a.c- croistre les fumiers des laboureurs, qui s’a.bo- nissent par la fiante de ces animauls. Var. hist. et lat., III, 315. Abord. Lieu où l’on aborde. aucrate es- toit anciennement le seul abord d*Egypte, ou se faisait et menoit le trafic. SALTA ; trad. dIFIÉRO- DOTE., .179. — Plusieurs ports et abords de mer, ou se fait grand trafic, lD.7 ib., 111,5 — Athenes, qui estait un port de mer et abord do marchands forains qui y venoient de toutes parts. LE LOYERe Hist. d-es Speares„ V11.I. 3. — Le Roy… le comble [Phermitage onneurj de toutes les singularitez dont il se peut aviser, l’ayant fait un abord do toutes sortes de gens d’honneur. BEROALDE DE VERVILLE, Voyage des Princes fortune.z, s22. Abordade. Action d’aborder. D’abordade, prerniere abordade, de prime abordade. Au premier abord, du premier coup, dès le commencement. — Il donne donc si vaillamment dedans les enne- mis, que d’abordade il tue de ses mains ro alles don Hernando Castriota. BRANTômE, Cap, franç., le grand roy François (111,1, 41.). — D’abordade, et siavança.nt des plus avantz, il receut une grandi harq-uebuzade au corps. 1D., Rodomontades espai- gnalles (VII, 90-91 # — Et d’abordade allèrent assiéger NI a rseille. I „ Betra icteg de guerre (V117 269). — Les Gascons et Provençaux eurent pour département les fauxbourgs de Sainct-Jean et de Bourgneuf, qu’ils emportèrent d’abordade, quoi que bien retranchez. Aunicrd, Hi, t. Unie., IV, 14. — Toutefois les Troyens d’abordade premier° Les Gregeois aux yeux noirs chasseront en arriere. AMADJS JAmy ry, trad. de lit acte, XVII. — Ces braves et déterminez soldats donriareut la teste baisses dans les retrenchements, en criant : San- tiago ! Santiago ! Hespaiial ll’espafiai et de prime abordade clonnarent a celtty que tnnoient quelques six cens François. BRANTÔME Cap. estr., don Sanche Avilla (II, 185). Abordee. Abord. — Le port de ceste Isle s’ap- pelle Asedegan, où. la ville est bonne et mar— chande, et de facile abordee. CIVET, COSinagr., XI ! 20. —— Ce Gap de Four est de difficile abordee. ID., ib., XV, 12. — Vers le Sudoue.st voyez deux roches haultes et larges, lesquelles sont d’abordee tresdangereuse. 11).1 ib., XX1, 2. D’abordee, de preiniere abordee, de prime abùr- (ire. D’abord, au premier abord, dès le commen- cement., du premier coup. — Les Barbares se ruerent sur eulx, et d’abordee en tueront un bon nombro. A m-yorr, Sertorius,. JCe promu r` Ange s’obstina. d’abordee en sa videuse volonté_ MONTAIGNE ! trad. de RAYMOND EBON, cha.p. 243. maistres… se jettent d’abordee dans la fran- chise de la coustume Fa ils s’enflent, et triomphent à bon compte. ID Ess., I, 22 0, 135). — C. Popilius arriva à luy de la part du Sena, t et. d’abordee, refusa de luy toucher à la main, qu’il n’eust premierement. leu les lettres qu’il luy ap- portoit. lu., II, 24 (In, 94). • Un de ces jours… se vint, de fortune, adresser à moy par la rue un grand vieil homme fort maigre et pasle… qui me demanda d’abordée si i’esioit pas moy qui avoit imprimé le Catholicon.. Sat. Mén., 2e advis de — Je partis à l’heure rnesme et arrivay le lendemain à Paris, mais je rnladvisay de n’estaller d’abordée ma m.archandise et me con tenta de recongnoistre le cours du marché. Lettre de VILI.EROY àDu Vair, dans Tricote !, éAil, de la Sali énf, 1I, 157. — Juppin doncq co- pnoissant qu’il avoit deruandee Une telle faveur, s’en mocqua d’abordee, L’Ixion hes pa gnol, dans Tricote’, II, 245. — Je marchera y pre.mierement contrieux, et m’addiressera3.’d’abordée aux Atheistes. LE LOYER, Hist. des Spectres, 1, 2. — il avoit des le commencement laissé perdre la vigueur de son armee, à faulte d’avoir vivement ale premiere abordee couru sus aux ennemis. AmyoT, 21. — S’il se met quasi de pre- miere abordee luy manifester son amour. FRAN ÇOIS D’AMBOISEe Dia. !. des Damoiselles, I, 88 vo. — Si de pren-tkore abordee il veut monstrer… la qua- lité et grandeur de son affection. IDd7 ib., I, 127 vo,. — L’une partie ira, ruer sur ce Grandgousier… Par icene sera de prime abordee facilement des- confi. RABELAIS Ir 33.. Abordement. Action d’aborder. — Jusques au merveilleux na, uffrage et abordement en Engleterre du feu ro y Philippes. LE MAIRE DE BELGES, Chronique annale. — Nous estaus sus le moule, et de ]oing 1.-oyans les mariniers et voya- giers dedans leurs naufz en haulte mer… bien prions pour leur prospere abourdement. RARE- i. ms, III, 2L Si dés l’abourdernentqu’en ces rives Troïques Se jetterent dehors ces troupes Ar- goliques. Jori ELLE r les Discours de Jules Cesar, 257. Attaque. — La guerre est une mer commune Pour s’enrichir en un moment : Il ne faut qu’un abordement, Un sac, un dé, une ruine. BELLEAU ia Reconnue, V, I. Aborder. Arriver, venir. — Fu ceste vostre maison journellement abourdent gens de toutes pars. RABF.r…us, W, 12, — Wautant que la daine estoit fort maladive et su.bgette aux médecins et apoticaires, il en y abordoit ordinairement Ians. BRANTÔME, des Dames, II (IX, 566). S’aborder. Aborder. — Mais quand ma nef de s’aborder est preste, Tousjours plus loin quelque horrible tempeste La single en mer, tant je suis Ar malheureux. ReNsAnn, A. de Cassa.redre (I, 59), S’aborder Él qqn. Aborder qqn. — Le Roy scella appuyer sur une fenestre… et in Mayne avec’nye Chacun aussi des Princes print sa chacune : et chacun des gentilzhommes saborda à quelque dame ou damoiselle. LEMAIRE DE BEL G E St I, 44. — II faudra que la damoiselle à qui se seront abordez tels mignons, serve de conte à un chacun. FRANÇOIS D’AMBOISEe Dial. des Dan2oiselles, I, 126 ro. Aborder (subst,), — Paris à ! aborder… meit à mort et navra tant de ces grosses gens rustiques et barbares. LE TAIRE DE BELGES 1-11148ihi I ! 23. Les camps s’entreheurterent A l’aborder de divers lieux. IloNsAHD, Odes, I, 10 (II, 129)1, — A l’instant mesme du peril arriva en la ville Gon- gylus qui venoit de Corinthe avec une gaiere, l’aborder duquel estant incontinent tout le peu- ple… accouru à l’entour de luy, il Leur declara que Gylippus arriveroit bien tort. AMYCIT1 ieia, s, 19, — Ayant dés l’aborder ! la pieç.a mis au poing leurs tren.chantes espees. Jonams, Discours de Jules Cesar (II, 264). TfuEnTREA(.5 cite aborder comme un mot à la mode. ler » i d. du Der rite, p+ 34. Abornement. Convention pour le paiement d’une redevance. Aprts que le-s parties eurent escrit d’une pari et d’autre, et les deffendeurs ve- ri fié leur aborne ment contre la pretention des six et deux deniers par an, areguée par le Pro-cureur du Roy, les defendeurs gagnerent leur cause, et furent condamnez pour une fois payer le, s dix sels, quoy leurs predecesseurs avoient esté abornez. E. PAsQuiER, Recherches, IV, 7. Aborner. Fixer. — Nous sommes mariez, part pour avoir lignée, Part pour entre en nous deux nostre foy abornée. E. PASQL/lER Jeux Pst., 30 part., Eleg. à sa femme. Enns aborné à faire qqch. En avoir une habitude invincible. — Accoustumance telz gens a subor- nez, Voulans dire qu’ilz sont tous abornez A re. nier et blasphémer la loy.el- , RING0.RE ! les Folles Entreprise$ (I, 130). Aborner, s’abonner. Faire une convention au sujet du paiement d’une redevance. — Borne ou Bonne… De ce mot nous avons le verbe Aborner MI Abonner, L composer avec le fermier. M. DE LA PORTEe pi S. Ciestoit un. draie que plusieurs Evespies et Abbez devoient à nos Roys, quand ils passoient sur leurs Eveschet ouAb- bayes, qu’ils appelloient… droiets de Ciste.,. Et quelquesfois les Eglises s’abornoient à une fois payer ce droict, soit que les vinssent visiter ou non. E. PASQUIER, Recherches, III, 35. — Les Abonnez (que je pense devoir entre dictz Abornez} sont ceux qui par une longue prescription et laps de temps, ou par des contra.cts se sont abornez avecques les Seigneurs à certaines tailles an- nuelles. ID., ib.> 1V1 5.— Nous disons s’abonner avec un Seigneur de Fief, pour les droits et de- voirs Seigneuriaux, ou avec un fermier du huic- tiesme pour le vin qu’un Bourgeois vend eu de- tai], pour s’aborner, c’est à dire se borner par con- vention, soit avec le Seigneur ou fermier, de ce que l’on leur doit payer. ID., ib., VIII, 62. — V. Abrenement. Abornement. Action d’abhorrer. — Et qui, honte du Ciel, des Dieux, et d’Amour mesme, Devroit d’aborrernent et contre-cœur extreme NOUS faire oster le feu qui de l’Amour nous vient. JoDELLs, la Riere-Venus (II, 95). Aborreur. Action d’abhorrer. — De nos faits la refile certéne, C’est aler droit où pousse et méne, Ou l’aborreur ou le desir— BAÏF, efierneS, L. VIII (II, — Je maintien que la vie hu- maine Tout-par-tout de travail est pleine, Qui s’entremesie de plaisir : u i n’est pas un seul, mais se change Selon que chacun se meslange lie Paborreur et du desir. ID., Passetems, L. IV 378). Aborrir, v, bhorrir. Aborrition. Action d’abhorrer. — Le vray contraire de desirer, c’est avoir en horreur, et il est tout. evident que icelle _.iborrition est une mesme chose que la haine. PONTUS DE TYA_RD, trad. de l’Amour de LEorq HE.B.RiEu, Rial, (p. 74) Abortif. Qui meurt en naissant. — Ses vers naistront inutis, Ainsi qu’enfuis abortis Qui ont forcé leur naissance. HoNsAno, Odes, 1, 10 (II, 136). — Le rossignol ne contraint son ramage ; Mes vers aussi rie sont point abortifz. rrAHUREAU, Poesies, sonnet 75. — Je ne veux toutesfois qu’un bon esprit se fiche A faire un Anagramme, à faire une Acerostiche D’un travail obstiné ce sont fruioth abortifs Dont la semence vient des povres apprentifs. VAUQUELIN DE LA FHESNAYE, Art Otique, I, v. 381. Abortivement. — Si par fortune en ses tra- verses lourdes Ne Fast ma joye abortivement née. MAunicE ScÈsE, Delie, 13’2. Abosme. Abomination, horreur. — A Dieu en vint si gant abosme Que pour ce G-omorre et So- dome I t fist toutes ardoir en cendre, J. BoUCUET, les Regnars travers. (G.), Aboth. Officier de Quinte-Essence. — Ses Abs- tracteurs… Sotrins, Alma… et autres siens offi- ciers. RAIBELAIS, V ? 19. Abouchement. Conversation, entrevue, ren- contre. — Les autheurs susdictz ont au meclitin l aile advertissement, particulier des parolles, propolis, abouchemens, et confabulations, qu’il doibt tenir a.vecques les malades. RABELAIS ? IV, à Odet de Chastillon. — C’est… une cerimonie ordinaire aux abouchemens de tels Princes, que le plus grand soit avant les autres au lieu assigné. MOHTAICNE, I ? 13 {I, 63). — IL introduisit Pa- nurge, parler sept ou huit langages divers au pre- n-lier abouchement de lui avec Pantagruel. E. PASQUIER ? ReeiterChe$, VII’, 59, Aboucher. S’aboucher. Se pencher en avant, abaisser le visage, approcher la bouche. — Des- sus le lict je me baisse et nea.bouche : Puis de nies pleurs estant pleine la couche, Lui vais criant. CIL FONTAINE ? trad. des Epieres d’OvinEr 10. — Des cerfs.., longuement pourchassés et malme- nés… s’abouchais a une claire et fraische fon- taine tirent a eux la fraise-heur de ses belles eaux. SI FRANÇOIS DE SALES ? Amotr de Dieu, V, 1. Abouché. Penché en avant, abaissant ! e visage, approchant la bouche. — Lon voyoit clu.n costé Antoine tout sanglant et à demy mort entre tiré tontremont par une corde, tendait les mains contre la Reyne… Et de l’autre costé icelle Hoyne abouchee sur la fenestre qui sefforçoit de tirer la corde. SEYSSELe Extraiet de PLUTA RQ [JE, ti — Cesar… monta en un Tribunal qui estoit là et voyant tous les Citoyens a.bbouchez en terre, leur commanda quilz se levassent. ID. ? — Sur son ventre abouché à la fraisehe fontaine Sa soif seiche il tain t,. MAURICE SCÈVE ? Microcosme, L. I. p.19. Aboucher (in trans.). Arriver. — Car je jouys du sainct a.dvenement De ce grand Pape abouchant à Marseille. MAURICE SCÊvE, elie, 28. (Tra.ns.) Aboucher qqn. Adresser la parole à qqn, avoir des pourparlers avec qqn. — Un bon Religieux, nommé Colombain… le vint. aboucher, et lu y reirnonstra rudement quel tort il se raison tant envers Dieu que le monde, par la continue de ses paillardises. E. PAse.E£R, Recherches, V, 8. — Si je vous avois abouché, je ferois voir que fa modestie de vostre Roy remittit dornui Auslriacrie novissimos casus. AURIU rd ? Letires et Mém. d’Es- tat, 5. —•— Vous aurez seu… la volonté du Roy d’y aller… pour aboucher le Duc de Bouillon ; et cela pour la paix. ID., 1’6..5 — Les assiegez ne se firent pas prier deux fois de faire sortir Maninville accompagné de La Vallée : Ces deux abouchèrent troc si et Pui-Gaillard au bord du canal d’Yers. IDee 1Jist.LIPLiP., VIII, 18. Abourdeler, cité comme vieux mol par EST1ENNEr Preceiience, 187. Abourdement, Abourder, y. borde nt, Aborder. Abouter (trans.). Conlio.er à. — Cestui Nep- tune estoit alla grand’erre Jusqu’aux_ lointains Ethiopes. épars Et abouttans les hommes tics deux pars. PELETIER DU MANS, tract. du L. I de l’Odyssée (p. 12). — La posterité… blasmeroit nostre ingrate mescognoissance, de n’avoir par nos plumes testillé le grace que Dieu nous fait de vivre sous la douce subjection « .un tel Monarque, que les nations qui aboutent les frontieres de Scy thie, ont ambitieusement recherché pour mestre. R. GARNIER, Tragédies, au Roy de France et. de Polongne. Aboutant. — Voye OU Voie. Frayee, spa.- tieuse… aboutante ou aboutissante.. M. DE LA PORTE, Epithetes. Aboutir (trans.). Confiner à, — Aux mon- taignes voisines, et qui aboutissent ce Lac. E- VET, Coemogr., VI, g, — Les.A, Ifemagnes bornent. et aboutissent les terres du grand seigneur vers l’Orient. AuDiGNÉ, Hi st. Unw. AboFair qqch. ER former le bout. — Sçauroient ils avoir… Rubis si precieux que ceux qui abou- tissent Tes totons qui poupins en leurs rab., s’es jouyssent… ? GUY DE TOURS ? Souspirs amoureux, L. I (I} et). Abouti de, abouti en. Terminé par. — il [l’Amour] cache son carquois sous l’enfleure ju- meile De ce marbre abouty d’une fraize nouvelle.. BELLEAU ? Bergerie, Ire (I, 256). — On le ceint par k corps d’un tissu de maille, qui est abouti dune chaîne. BEROALDE 13E VEE.VeLLI.E1, Voyage des Princes Fortunez, p. 762. — On voit… deux Tritons eslevez par dessus les autres, qui embouchent leurs conqu.es, tortillees et. abouties en pointes. BELLEAU, Bergerie, lre Alun. (1, 278)- — Ceste terre… est terminee de delicieuses monta- nettes abouties d’innumerables petites collines. BEROALDE nEVERVILLE, Voyage des Princes For- tunez, p. S’aboutir de. Se terminer par. — Ses mains sont aussi délicates Que du satin et ses dix doigts, Dignes du seriprrd. de nos rois, S’aboutissent de dix agathes, Gu.  » F. Tin uRs, Souspirs aintkureul, 55). Aboutter, Y. Abouter. AbDy, Aboyer, V. A bai, Aboyer. .bradent {de abradere, râcle0. — Melandeolie iibradente, — Tout qe. la melancholie ne se peut tirer du corps qu’ilbien grande. difficulté : aussi les pa.ssions de rame qui sont causees par la melancholie abradente ne sont pas faciles’appai- ser. J. BODIN, RepUbliqiCet V, 1. • Ge qui leur advient à cause de la nie me melancholie spu- meuse, et abradente. ID., i.b. — Les Meridionaux sont paillards, à cause de la inela.ncholie spu- meuse, abradente, et salace, comme il se.-voicl aux lievres, et cruels, parce que cette melancholie abradente presse violemment les passions et la vengeance. CHARRON, StEgC33d5 I, 4`2.. Abraham (prononcé Abram.). — Je passe Id.fesse, Amide, et Nisible, et Carne, Le Men-heureux sejour de vostre ayeul Abram. Du 13AltTA.S, Judith, V. — Noé, Moyse, Abram, qui pas- seren t és champs, Laboureurs, ou Bergers, la plus part de leurs ans. ID., ite Semaine, 3e Jour, — Sur toy monta.ignette sainte, Le bon Abram list sa plainte. H. GA_IINI.E11.5 leg Juifves, S 2. —— Qu’au sein d’Abram par vous elle soit transportée.. MoNTGlin.EsTIEN, la. Reine d’Escosse, IV (p. 101), • (Prononciation de —anz.. — Me sembla voir le

second Abraam, Qui vray David eestoit monstré

l’autre an.Midair… uc ÎAV..les Marguerites, Epistre au Roy PU, 203). — Quo y que Pua fast hideux, enluminé pour cstre Seiche’de feu, de soif, de peines et d’ahan, Et l’autre rajeuni dans le sein d’Abraham. AUBIGNg„ Tragiques, VII {IV, 306). Cf. alinéa. précédent. Abramien. La race Abrandenne. La race d’Abraham. — Afin qu’à l’avenir la terre Egip- tienne Nourrice. eecueillist la race Abramienne. Du BAirrAs, lre Semaine, le Jour. Abre, y. Arbre. reger. Accourcir. — Le bran de Dieu est il donc abrogé Par qui estait le martir soulagé ? MARG. DE NAv., Dern. Pros.., les Prisons de la Reine de Nae.b, , p, 255. eabreger. Se-hAter. Printes vous pointjour de conseil ? Resistés vous si de ]épier ? Vous semble il, en cas pareil, Que ont se doive. tant. habregier ? ne. Poés. X, 157. — En bas, Seigneur du Pont, Alletz, Abrege toy tost, et te haste. GRINGORE* Prince des Sotz, Sotie (I, 208). — Sire, c’e.st raison que je face Vostre plaisir. — Abregez-vous faictes tant que devers nous Noz bons Prelatz soient ramenez. ID.., Sainte Loysi Li, III (I I, 93). .10 lu y voys tresîbereer le tueur Sans espera.nce de confort. — Ahrege toy. Le vella mort. ID., L. V (II, 169). —’Bourreau, il te lima delivrer, Abrège toy, fais la justice. ID., ib., L. VI fII, 213. Abrenuntiation. Renonciation, — Il a fanii qu’eux mesmes agent fait confession de leur foy, abrenuntiation de leur ordre, protestation, et agent esté Traietés, comme purs lais. CHA.R.RoN MN Trois T’eritez1 ILI, 13, Adv. Abreuver qqn. Le pénétrer profondément [grume croyance, d’une opinion, (Fun goût, dlun sentiment, d’un usage]. — Quand il s’encline de- Vante pour luy faire honneur, desja il est abbreuvé de quelque superstition. CAuvrei, Instit., III, p. 132. — Ce ont esté les Theologiens Sorboniques qui ont abreuvé le inonde de ceste faulse opinion, qu’on tient communement. ID., ib, , V, p. 356. Pense donques, je te prie, Lecteur, quel prix doiikTent, avoir, en l’endroit de celle tant docte et ingenieuse nation italienne, les ecriz d’ung petit ina.gister, d’un conard, d’un badauit, et. autres inignons de telle farine, dont les oreilles de nostre peuple sont si ahbreuvées, qu’elles ne veillera au- jourd’Iluy recevoir aultre chose. Du f3ELLAY 2.0 Préf. de — En_ tout cc] pais on est abreuvé de ceste endiablec ceremonie, que d’im- moler les hommes à Sellai’. THEvET, Cosinogr›, XXII, 15. — Plusieurs sont abrevez d’une opi- nion fausse, disant que les coquilles réduites en pierres ont esta apportées au temps du deluge… jusques au sommet des montagnes. PALissy, Cop- pie des— escriis (p. 361). — Tel qui rapporte de sa maison la douleur de la goutte, la jalousie, ou le larrecin de son valet, ayant toute rame teinte et abbreuvee de colore} il ne faut pas doubter que son jugement ne s’en ancre. MoNTAIGNE, II, 12 (H, 326). Abreuver qqn de qqch. L’en informer, hd en parler. — Vous ne trouverez quo tous ces bons vieux Peres qui ont traité de nostre Histoire Françoise !, en agent jamais parlé.„ Gaguin, pres- que nostre contemporain, est le premierui nous en a abreuvé. E. PAS-Q.151ER, ReeherdieS, III, 7. — Ce qui, n’estant pas approuvé par Havart, fut nuisible au comte ; car l’amiral en abreuva le con- seil d’Angleterre. AuBtirm g., Hist. Unip., X IV, 27. demandoit à Monglar quelqui-s ad- verlissemens : Vert sçay un (dit Mongrar)qui vaut cent millions d’or, c’est une confiscation de la- quelle l’arrest a esté donné trois ou quattre fois ; l’Italien ayant abrevé de cela. le Ma.resclial d’An- cre, On pressa lielonglar de s’expliquer. ID..e Traiité eur les guerres cieites, 4. Abreuver qqn que. Faire savoir à qqn que. —Je cognois un gentilhomme., lequel, voulant abre- ver le monde qu’il estoit veau amoureux dune belle et honueste darne que je sçay, fit un jour tenir son petit mulet avec deux de ses laquais et pages au devant sa porte. BRANTÔDIEe des Dames, II (IX, 122-124L &Ire abreuvé de qqch. En avoir connaissance. Les gentilz hommes… montèrent tous ou pres- que tous à cheval pour luy aller au devant, tant grand désir avoient de le veoir, car chascun estoit desjà abreuvé de ses vertus. LOYAL SERVITEUR, Hist. de Bayari, 9. — Jà estuit. l’armée des Fran- çois.à. dix ou douze milles de Milan., qui e-stoît toute abreuvé, e de ceque le bon chevalier estait pris. ib., 15. — Voila qui viendrait bien à point et aussi que le monde n’en fut point abreu- vé, ii vaudroit mieux que cela se fit elle= vous, à tout le moins personne n’en sana jR rien. Nico- LAS DE TROYES, Grand Parangon, 35. — Quand je nie trouve seulet et que je voy que personne ne me peut ou2Frr, je me prens à dire à. part moy tout. ce que j’ay sur le crieur, et vu de ainsi mon flux de ventre, je vous dy de langue, sans que le monde en soit abreuvé. DF : s PuRIERS, Cymbalum, Dia !, fi. — Elle leur conta de bout en bout tout ce beau conte. Ces femmes le dirent à leurs maris, et à d’autres femmes, et ceux-là à plusieurs autres : et ainsi en moins de deux jours Venise en fut toute abreuvée. LE MA_ÇON trad. de Bo ccAcy.., Décaméron, IV, 2. — Je ne vous escri, Siret que le bruit commun, mais dont trop de gens sont ab- brevez. CALVIN, Lettres, — S. Luc adjoins Le que chacun a esté abbruvé d’un tel bruit. ID., Serin. sur I’llarinun. Evangei., 2.5 (XLVI, 307). Si qu.elque preude femme leur a fait cet honneur que de les recevoir en sa compagnie, il n’y aura celuy qui n’en soit abreuvé, les petis enfaiis en iront incontinent à la moutarde. TAnuRsAu, ier Rial. du. Democritie (p. — Le bruit de ce qui a esté fait perse toute la Grece, et n’en est aucun qui n’en soit abreuvé. J. Dy. LA LANDE, trad. de DICTIS D E CRETE, L. I, 9 vo. JNostre France est trop abbruvée De vostre feinte con trouvée. GREFIN les ESbahiS, V5 4. — Pour cestP en treprinse le Roy avoiet dressé une des plus belles armées que raye jamais veu… Mais l’Espaignri es toit toute abreuvée de son entreprinse. I o riî L U c, Commentaires, L. I (I, 138), — Je demanderais volontiers à_ ces gens là s’ilz pensent que ces cliozes tramées par le commandement de l’Empereur et Roy des Romains, puis dix ans en çà, avec le Grand Seigneur, soinct si secrettes que la plus grande partie de la Chresllenté n’en sojot a_bhreu vée. lu., ib., L. I (I, 144). — Il ne me sera hors de propos… de m’enquerir qui est ceste nation Turquesque… et d’où elle est venue car de par ier de sa force, grandeur et richesse, ce sema dire ce dont tout le monde est alibreuvé. TlIEFET1 Cosmogr., XI, 1.. — Je suis bien deliherée de ma rier ma fille… avant que le monde soit a.bruvé de reste histoire. TouRNEBu, les Con.iens, V, 2. — Quand vous devriez attacher au pied des mouches quelques billets où vous escririez les confessions les unes des autres, le pays seroit abbreuvé de vos vies et deportemens. Criouhus, 5e Ap. Dis née (p. 210).

Abreuver. Persuader faussement. — Je veux que nous simulions une dispute vous et moy, et quit nous sortions les portes pour nous battre affin que tout le monde, et entre autres Gin the en soit abreuvée. N. DE MONTREUX, fer Livre des Bergeries. de Juliette, fourn. 1, 44 va. — Il [César] respondit qu’il oe vouloit pas que seulement son lict fust taché de ce crime, mais exempt de toute suspicion. Cela estoit bon pour en abbreuver ainsi le monde ; mais dans son aine il sçavoit bien que vou]oit dire Cela. BRANTÔME, dee Dames, II (IX, 27). — II falut faire une confession de foi des églises françoises, pour ce qu’on avoit abreuvé. les Aliemans d’une autre confession contrefaicte. AuniwiÉ. Hist. Unie., III, 10. — Toute l’arrnép fut abruvée qu’à la mort de ce pape estoit arrivé presque chose pareille que l’on conte d’Alexandre sixième et autres, qui avoyent rait marché avec le diable pour la durée de leur règne. ID., ib., XIII, 8. — Perez… déclaré innocent pa.r ce sénat, est attacquo d’une autre sorte, accusé d’hérésie et demandé par l’Inquisition ; estant le peuple abru vé qu’il estoit magicien. ID., ib., XIII, 29.

Estre abreuvé de qqn. Se laisser tromper par qqn. — Il n’est pas possible que sa Majesté ne pippee et.abreuvée de quelques gens qu’elle a.voit auprès delle. Mornuc, Com.rnen taires, VI (III, 93).

Se laisser abreuver de. Se laisser amener à. On a murmuré ces jours de quelque appoincte ment. Il fauldroit de merveilleux massons pour le bastir. Mais je crains que les, rostres… ne se laissent a.bbreuver dentrer en propos. GALii, liN, Lettres, 861. Abreuvoir. A breuooir à mouches. Plaie, où les mouches peuvent s’abreuver, — Vous le reco gnoistrez à. ses grandes moustaches noires, re troussées en dents de sanglier, et à un grand abreuvoir à mouches qu’il a sur la joue gauche. ToultNED LF les Contens, III, 1. — Certain baste leur., jouant Ajax le furieux devint au milieu de la Tragedie si esgaré de ses sens, qu’il ne feignoit plus le furieux, aires l’estait sans feinte. A ses compagnons bas ieleurs il rompait la robe… à


Urysses il alloit faire un abbreuvoir à mousches sur la teste, si le chapeau dont il estoit affublé n’eust porté le coup. LE LOY ER, Hist. des Spectres ! II, 5. Abreviateur. Celui qui abrège. — Pleust Dieu… fust premier President de Paris. Vertu goy, mon arny, quel expéditeur de causes, quel abreviateur de proces, quel vuydeur de de bats… quel minuteur d’escritures ce seroit. RABELAIS, VI 27. Celui qui écrit les brefs apostoliques. — Gens soubzmis… à Jupiter} comme Cagotz. Caffars, Bo tineurs, Porteurs de rogatons, Abbreviateurs, Scripteurs, Copistes, Bulistes, Dataires, Chiqua rieurs, Caputon.s„ Moines, Dermites. RA.BELAIS1 Paniagriieline Prognost., 5. — Bollistes, copistes, scripteurs, abbreviateurs, referend aires et da taires, In., II, 9. Ahreviature. Abréviation. — Q, est bien mis aucunesfais tout. seul en abreviature, quant il signifie Quintus, Toav, Champ fleury, Il, 12 vg. — A l’imitation des Grecs et des Latins nous usons aussi Dabreviatures par seulles lettres en Noms propres, et ce en no signa manuelz. ID., ib., III, 50 v°. P. en abreviature Latine, signifie autant que Publius. ID.i ib, , III, 53 r°. — Les Modernes esc.rivains… escrivent encores en lettre courant c, et t, en une lettre quon dit Abrevia jure. 1.1)., i, , III, 59 ro. Abrevier. Accourcir, abréger {dans la dimen sion ou dans la durée). — De bled en herbe vous fait te belle sauf ce verde.,. Laquelle… dilate les vases sperrnaticques, abbrevie les cremasteres. 2, — Les goutes froydes, les goules chauldes qui abrevient et retirent les nerfz sensitifs et narcolitz, fine, Pois. franç., IV, 274. Il ahriève que en 9. TABOUROT DES ACCORDS1 Bigarrures, 1, — Tous les filtres du droict s’abréiiient de ceste façon ; connue Si ter. pet-, si cerium. pampa.. ID., ib., I, 21. —Puis que Digestis est un nain pluriel, il fauldroit, à la maniere an tique d’abbrevier, deux DD. trenchez ou non. DES AUTELS, Mitistoire Harragouyne, 15, Dictes ce que vouldrez et abreviez, sans rien t011 testoys laisser de ce que servira au propo.s. RABE LAIS, H, 11. — Afin d’abbrevier, ce que nous en avons dia cy dessus peut suffire pour solution de leur —][r.gu.ment. CALVIN, Instruct. contre les Ana baptis-tes (VII, 132). —Que si ces longs parleurs se faschoient autant de parler, que les auditeurs s’eunuyent d’escouter, ils ne foraient leurs orai sons si longues, et abbrevieroient. leur QuangE.É.a.rin., OLTILL. BOUCEIET 12e Seree (il, 267). — Plustost pour leur abbrevier la vie que pour l’augmenter. lifkunicE SCÈVE, Deplourable Fin de Flamete, 21. Les jeunes femmes ahrevient plu tiostla vie aux jeunes et vieux, que les vieilles. Girn., L. Boa cHET, 5e Seree (I, 229). — Il n’y en a pHs ung d’entre eu lx [les procureurs] qui reàyrne nrieulx avoir beaucoup de procez que peu, qui ne desire plustasi de prolonger que d’abrevier, et encore moins de terminer ung ; affaire. L’HOSPITAL, fie format. de la. Ju-st., IVe part, (IV, 257). — En inten-. tien… de couper la racine des procez et pour abrevLer, pensait on, la justice. In., ib. (IV, 258). — Au lieu d’abbrevier les procez… il les a fa ict multiplier par milliers. ID., ib., Ve part. (V, 20). ikbrezer. eahrezer. S’embraser. — Le feu qui s’abreze en son centre Par orage, ni ventz, ne [a eut mettre en cendre. L. PAPONi Pastorelle, A brez…é. Excité. — De la plage Maltoyse ou ses chiens abrezés, Ayans honteusement levé siege inutile, Bruyoint de revenir pour invahir cet ysle. Id., ib., V, 1.

Abric, Abril, Abrit. Abri. — Je m'en allayt eulx rendre à. l'abri t. RABELAIS5 1Ii 32. — Ce pe.sseau ou eschallat doibt estre tellement mis qu'il serve d'abril et appuy contre le froid et. la bise. COTETIF.A11, trad. de CottuaY,LLE, IV, 16- — De son fruict se repaissent les ouailles du Sei- gneur, et a rabril de ses feuilles., elles sant gar- dees et du chaud et du froid. St FRAI...10LS DE SALES, Sermons autographes, 3 (VII, 631. —lia reyne qui u l'honneur de porter vostre nom soit tousjours à l'abrit de vos saintes faveurs. ID., ib., 61 (VII, 462). — Geneve s'en va un bon ahrie. AUBIGNÉ, Lettres irait. personu., 8. A_bricotier (adjectif). D'abricot. — Dur, pruneux, olivier, abricotier, peschifir, ger- meux, serisier, a.rnandeu.x ou amandier, dactier. M. DE LA PO rlT E, Epithetes. Abrier 1. Abriter, couvrir. —FI les pendoit [des tableaux d'ardoise] ans arbres de son Bôquet, si bien les abriants, que les tempêtes et grélies ne les eussent peu effacer. VAtiQt1 DE LA. FRESNAYE, FOreSterieS„ II, 9. — A ceste heure qu'enimeine La poulie mere au bic accoustumé De ses possins le trou.ppeau bien aimé, Les abriant de son aisle trenihiarde. J. BÉREA_U„ Rayisseneent d'H (p, .140). — Et n'oubliasi de rejetter ma robLe sur son net, en maniere qu'elle les abria_st tous deux, MONTAIGNE, Il 20 (I, 110). — Les acconstremens 110US esf..,haufierd non de leur cha- leur, niais de la ncstro, laquelle ils son l, propres à couver et nourrir : qui en abrieroit un corps froid, il en tireroit mesme service pour la froi- deur ainsi se conserve la neige et la glace. ID., I, (T, 349). — A ceux qui chantent tes louanges Ton visage est leur ciel, leur chevet ton giron, Abriez de tes mains, les rideaux d'environ Sont le camp de tes Anges. AlLfB1GNÉ„ Poesies reli- gieuses (iii, 'OO). Gaesar volant, semant sa poictrine blessee.... Par honneur, abbria de sa robbe percee Et son coeur céffencé et sa grue offensee. ID., Tragiques,. IV (IV, 157), — Que -voy-je? L'Ocean à la face inconnue, Qui en con- trefaisant la nourrir iere nue, D'où le desert blan- chit par les celestes dons Veut blanchir le rivage abrié de sourdons, In., ib." V (IV, 230). — Sept casemates... abriées de ruine ou aveuglées. 1»., ist. Unie.? ., VI, 10., — Les assiégez... atérière.n I.. le rouage de fascines gouldronnées, et, entretenans une escoupeterie, y mirent le feu. In., ib., XII, 2t. — Ce pont devoit, sur la fin, estre abrié de terre. ID., ib., 1:3. S'abrier. S'abriter, se couvrir, — Je leur donne loy [aux medecins] de me commandt.I.T de m'ahrier chauldement. -11rIONTAICTifE, Il, 37 (III, 230). — Un maneuvre des miens, avec ses mains, o! ses pieds, attira sur soy la terre en mourant. I.:.-Atoit ce pas s'ab•ier pour s'endormir plus à son aise? 1»., 111,12 (IV, 185). E. Pasquier reproche à Montaigne l'emploi du mot alirier Tout de ceste niesme façon s'est-il dispensé plusieurs fois d'user de mots inaceoustu- mez, ausquels, si je ne m'abuse, malaisément bail- lera-Vil -vogue ; gendarmer, pour braver ; ..Abrier Pour mettre â liabry ; Silence rarlier ; reduit en En- fantilla.ge, PMU' Ce que nous disons> au rang d'en- fance ; Asture, pour J cette heure, et autres de mesrne trempe : pour le moins rie voy-je point., que jusques a In y, ils soient tombez en commun usage. Leures, XVIII, L Abrier 2,, V. Arbrier.


Abrieux, Exposé au soleil. — Faune qui cours fuiantes Les Nymphes, amoureu.x, Marche cloulx par mes sentes, A mes champs ahrieirx. LUC DE LA PORTE, trad. d'IIonAcr,, Odes, 111,18 (champs abrieux traduit aprica ru.ra.). Abril, v+ if bric. Abrissean, Arbrisseau. — Une pierre en ma- niere de caverne faicte d'herbes, de mousse, de eueilies et de petits abrisseaux. LouvEml, trad. II, 1, Abrit, y. Abrie. Abrogation. Ion-vt.r:-,:vIllen ti — Pisander+.. faisoit -voluntiers tout 1... qu'il entendoit servir à lextinction et abrogation de lestat populaire. SEYSSEL„ tra..d. de THUCYDIDE, VIII, 10 (p. 267). Abroguer. Abroger, abolir. — Combien que le Sabbath soit abrogué+ Cm.v1N, instit., ch. III, p. VO. •- Elles 1[1e2. ceremonies] devolent avoir lin, et estre 11"... ib., eh. VII, p. 4Z8. — Ce n'est pas sans cause que nostre Sei,gneu_r winiit ordonné telle forme pour un temps, a fin qu'elle min!. fin et. feust abroguée quelque fois. ID" Sainete Cone (V, 455). — 12Apostre parlant du serment... ne dit pas que l'usage en soit a.bro- gué mais le nomme fin et. decision des contro- versies humaines. lu., Instruct. contre les ibia- lioplisles 0:1 I, PA). — 11 [César]. kit publique- nient d ecern tir la guerre contre Cleopatra, et. ubro- guer la puissance et L'empire.. d'Antonius. AanyoT, •.ntoine, 60. Abrouti. [Taillis] dont les polisses ont été broutées. — Soit menagoant en nos Forest Nor- mandes, Soit en fieffant de nos bois abroutk, De niers d'entree à prendre entants subtils. Vx Qui> LM DE LA FRESNA.YE, Sot. franç., à M. de 'ilron. Ici tu ne verras que des plaines desertes, Que des bois ahroutis sans fleurs ni feuilles vertes. ID., Divers sonnets, ruver, V. Abreuver. Absenter, y.Absenter. Retranchement.— Fon faisant inci- sions, et, abscisions de membres. BUDÉ, Insiit. du Prince {édit. J. Foucher), ch. 44. Chose retranchée,por — Zonon,.. dit que la semence humaine pleine d'humeur et d'esprits faitpa.rtie de l'Aine, et est un meslange confus, et cornme une abscision de la semence de nos pores, voire aveux et majeurs. LE LOYER, Hie. des Spectres, V, 2.

Absconcer, v. beconser.

Abscondre. Cacher. — A &scons. Caché, secret, mystérieux. — 11 est bien mestier de ramener' Iilmiere toute ces le belle antiquité, laquelle ha osté absconse et celee jusques present à la plus-part des hommes.. LEMAIRE DE BELGEs, É, 1, — La nudité de ses beaux bras... faisoit foy du resté- de sa 1,eenuste corpulence. Laquelle neS- toit absconce du regard de Paris, sinon par Enter- pos dune houpelande tenue e L dellee, telle que les Nymphes et Fees ont accoustumé de porter. ID., I, 24. — As tu le tueur plus endurcy quo pierre De me laisser en cestuy boys absconse? Epistres, 1+ — Le chant du coq la !miel point ne prononce, Ains le retour de la lumiere absconse. ID., .Epig..r., 35. — Ily avoit six ans en- -Gemment Que sceu navoys rien de son porteinent Et sa santé pour lors hies toit absconce. M'eu EL D'AMBOISE:5 iteS Cent Epigrahrumes„ 9 Yo. — En icelle bien aultre goust trouverez, et doctrine pins absconce, laquelle vous revelera do treshaultz sacremens et mysteres horrificques, RABELAIS, I, Prologue. L’homme ancien doit estes liheral Sans rien monstrer de son naturel mai, 17.’it vice abscond, qui est comme on devise Crainte de perdre, et sotte convoitise, J. BCFCCHET, Epi5.tres morilles du Travers., 1, 14-— Pour sçavoir sur ce quel est son plaisir, ne fault entrer en descspoir, comme de chose absconse, et pour laquelle en- tendre, fauldroit consulter son conseil priivé. RA- BELAIS, Hl, 30. — Les nations que Nature sem- bloit tenir absconses, impermeables, et incon- gneues. In., III, 1, — Est ce… quelque vertu latente et proprieté specificque abseorice dedans les. marmites et contrehastiers… ? Is), IV, 11. Aussi (hry respondirent ses compa.ignons, tu as une jambe de Dieu. Comme si quelque divinité feust absconse en une jambe toute spbacelee et pourryi.. ID, IV, 50. • Les gens saiges et stu- dieLIX 110 se doibvent adonner à la Musique tri- viale et vulgaire, mais à la celer te, divine, ange- ligue, plus absconse et de plus loin g apportee. In., IV 62. — Dieu souverain, lequel jadis les Egip- tiens nommoient en leur langue l’abscond, le rnussé, le caché. ID., V, 47. — Les archers, tous dressent leur Ilesehes en un blanc, non tant à cause de ce blanc, qui de soy est bien peu de chose, que pour autTe. plus grand respect, qui est (’honneur lequel ils tiennent abscons dans leurs P. PASQuIER, le Monophile, L. I (II, 729). Allez, mes vers, allez, n’y faillez pas, Droict agi rocher, qui mon thresor aiiscond. VAsouIN WEILL, trad. de PÈTRAKQuE, L. Il, S. 65. — [Nep- tune] Qui au festin cependant Entre dans la sale asconse, Dessous Ponde s’épandant Sur une vous te de ponce. 8 ï r. Poemes, L. (11, 138). Dans l’enclos de Bethieem on voit plusieurs grot- Lesques… Or y en a il une entre Welles, en la- quelle… se tint absconse et eaehee la vierge Marie avec son enfant. TnEvET, Cosmogr, „ VI, 10. Des rochers qui sont abscons dans les vagues es- cumeuses de la mer. ID., ib., X, 4. S’Erbstiondre, Se cacher. — Lors Melibee a la doute facunde Vernon plus quautr’e en son parc bourbonnoys Affin que riens d son œil ne s’abs ’bonde. LEPLAIRE DE BELGES, le Temple d’Honneur et de Vertus. Voix absconse. Voix profonde, caverneuse.. La propriété et nature de linterjection est. (rostre pronuncee dune voix absconse et stomaqueuse. G. Ton+, Champ fleur. L. III, 32 r°.

Absconser. Cacher. — I1 ha fallu_ pour ceste crainte que je me soye obligee par promesse et serment inhumain, de te deffaire et absconser en tenebres mortelles. LEMAIRE DE BELGES, Illustr., Il 20., — Icelle sublime Trinité, en laquelle sont abseonsez tous tresors de beatitude. P. DE CHAN- Gy, De l’Office da Mary, ch. 14. — Car les ]taux faictz du temps, et des gtans princes Sont abs cousez aux gens simples et minces. Jr. BoucnET, Epistree familieres du. Traverseu•, 42. — Et aultres cas ilz font pour absconser Vices latens. ID., Epistres moraies du Traverseur, II, x, 10. — Ainsi que ces choses se disoient, et se faisoient, le Su- la absconsé entierement en son giste fyrdinaire, fist celuy entremoyen du jour et de la nuict, que nous appelions entre Chien et Loup. AcrivoT, ist. "Ethinp, , L. V, 60 ro. —— Elle est absconsee des yeux de tous les vivans, et aussi est celee aux oiseaux du ciel. CALVIN, Serin. sur le livre de Job, 102 (XXXIV, 507). — Lors que les yens qui du Pon.ent enfonsent Parmi Piver les étoiles absconsent, Dis MASURES1 Eneide,. V, pi 214. Le vulgaire,.. distingue le jour et la nuict par le sentiment de la voue et des yeulx, prenans pour le commancement du jour, quand le Soleil com-


mance à se lever, et pour le comrnancement de la nuict, quand il est de tout poinct absconsé. AMYOT, Demandes dee choses romaines, 84. — Tout ror et l’argent, que les avares a, voient. absconse sou.z terre. THEVET, COSin-Ogr., fi, Absconse si tu veux, grand Dieu porte-lumiere, L’infatigable Eton dans l’onde. mariniere. Du MAs, ŒuQres aras es, 2.25. Enfoncer entièrement. — A travers le corps Lao rude glaive Ence lui enforise Et tout entier au dedans il l’absconse. DES MASIJP.E.S Eneide, X, p— 545, — Les Gentilshommes… ont dagues presque toutes absconcees dans leurs fourreaux. THESET, Cosmogr., XIX, 12. — (Cf. le premier et lo dernier exemple de l’alinéa précédent). S’absconser. Se cacher. — J’attens nia paix du repos de la nuict, Muid, refrigere a toute aspre tristesse:i lais s’absconsant le Soleil, qui me riuyj, Nec avec soy ce peu de ma liesse. MAU- RICE SCEVE, D 1 e, 106, — Le chariot du Pole Arctique s’absconsoit, tant Hz estoient Ares de FONTA IN P., IVO.r..Welles et Art- ligue Merveilles. — Le soleil disparant de, son lieu s’absconsa. SALTA.T, trad. d’ElÉe.opoTE„ VIL 37. Avant. qu’obscur en l’Ocea.n se bagne, Et sur la nuict s’absconse le soleil. DES ! l’USURES, Dapid triomphant, 1548. — Quand Orion rude et cruel enfonse, Et. parmi l’onde hybernale s’a_bsconse. DES MASURES, Eneicle, VII, p. 376. — Tout le haut ciel s’absconsa en tenebres. In., ib., XI, p. 564. — Les Mathernaticiens tous d’un accord disent, que ce que tous les mois elle {la Lune] &absconse est par ce qu’elle se vient joindre au Soleil, de la ]iuniere duquel elle est toute olTus- quee. ArsiyoT, Opinions des Philosophes›.II, 29. Il fault qu’ils passent par le pais mesure} où ces subtils rechercheurs des secrets de Nature veulent que le Nil se perde et s’absconse, THEFEr, Cos- onogr., II, 7. S’enfoncer entièrement.. — Amour si fort son arc roide enfonsa Pour esprouver dessus moy sa puissance, Que quand le traict delasché s’abs- corisa. Au fond du cœur d’eutiere congnoissance, a poincte entra au dur de rosistance. MAURICE SCEVE, Delle, 145. .Absccnser (substant.). — De l’Orion l’abscon… sein et la sourse Des sept Trions que ne baigne Tethys. DES MA.SURI1S, CEuv. poet.„ p.. 11. Absconsion. Le fait d’être caché. — Ils nom- ment son abSCOnSien e t cacherneat [de la Lune] les Calendes. AMYOT, Demandes des chose » ro-; II utines, 24. Abseynee, y. Absinthe. Absent. E’iloigné, séparé. — Absent de qqn, de qqch. — Par le moyen de la nos tre arnytié Qui veldt aussi que la moytié je sente Du deuil quia, u+ rez crestre de moy absente, MAROT, Elepies, 3, Ce que je sen’, la langue ne refuse Vous decouvrir, quand suis de vous absent. Du BELLAx, 28. — Quand je suis absent de toy, Mon Dieu, r11011. Dieu., quel esmoyi TA II 1J Pi F.. A LI Po es, , Ode 7. Quand du long de tes bords l’herbe verte elle presse, Seulete rechantant les vers de son amant, Qui comme moy se plaint absent de sa tresse. B.OF, Amour de Francine, L. I I (I, 187, Je veux chanter en ces vers ma tristesse Car sans pleurer chanter je ne pourrois, Veu que je suis absent de ma maistresse. RONSARD,. Amours de Marie, Chanson (I, 137), — Mais moy absent d’une Bene maistresse je ne vis, las, qu’en pleurs et qu’en. destresse. JEAN DE LA TAILLE, Elegies, 6.. — Or’que je suis absent du bel œil qui me tue, Cet heureux souvenir le presente à ma veue, Desportes, Elegies, I, 3. — Phylis, comment veux tu qu’absent de toy je vive… ? Regnier, Cloris et Phylis.

Absentement. Abse.nce, éloignement. — A tout le moins vostre consentement Soit de sentir nia peine aussi presente Comme fasch.eux m’est vostre obsentern.ent. N’ULM’DE SAINCT-ŒLAYS ? Œuy, poet., II, 125, var. — Le propos que j’ay autrefois ouy toucha.ut ceste fuyte et cest absentement est tort merveilleux et estrange. Ara YOT, lies Oracles qui on.1 cessé, 15. Absenter. Éiioigner, séparer. — L’on envoye ees nouveaulx mariez veau leur oncle po-u.r les absenter de leurs femmes, RABELAIS ? III, 6, — Je cogneu lors combien m’estoit nuysante La Volupté., qui de son doulx venin, Avec un bien tost passé’, DCWS absente D’un eternel, inflny et MICHEL D’AMBOISE, trad. du Pleur d’He- racIite, ch. 12. — Puis que mon fier destin d’avec- que vous m’absante. BAÏF, AMOUr de Frannine, Li, II (1, 190). — Ah chetifsi ne sentés-vous pa.s La. pale mort triste-riante Qtli vous talonne pas à pa.s, Et de tous vos biens vous absente ? ID., Poemes, L. III (II, 162). — Quand le Soleil ardent. veut un chemin choisir Qui l’absente de nous. Am. JAm y N Focs., L. IV, 107 ro. — M’absentant loin de toi, affin que ton absence Absentast ta beauté loin de ma souvenance. P. DE BRACH ? Amours d’A yrnée, Li. 1 Eleg. 3. — Afin d’aller veoir mon. espoux, que tu as desja absenté de mes yeux. N. bE \Iii\-TnEux, ler Livre des Bergeries de Ju- liette, ourn, J, 50 ro. —— La mort ta ravy au plus beau de ton aage, et ta cruellement absenté de mes yeux. 1D. ? ib., fourn. H, 100 re. —Sentant la ilere rnort pour jamais m’absenter De toy. BER-TAUT ? Sur la Mort de Caleryine (p. 185). — Quel sujet t’a de nous si long temps absenté ? De quel lieu reviens-tu tant de moi.s „souhaité ? ID., tra, d. du Liv. II de I’Eneide. A bsenté. Éloigriés séparé. — Tout me desplaist, -mais rien ne. m’est si grief Qu’estre absenté des beaux yeux de rna Dame, RONSARD, Amours de Cassandre (I, — Plaintes d’amy absenté de sa darne. VASQUEN PHILIE tra.d. de Pi’JTRAR- QUE, L. I, chant 14, Argument. — Et si de. vous après je me trouve absenté, Uri de.sir importun dans moy Ia peine augmente. BAÏF ?..-lni.our de Francine, L. I I (I, 152).. — Comme qui est dor- mant du songe espov ; _titté Se reveille en sursaut joyeux d’estre absenté Du peril entinent, où perdu cuidoit estre. MAURICE SCÈVE, MitrOCCieriie ? L. I, p. 18. Absenter qqn ou qqch. S’en éloigner. —Ou rnen- voyez voz membres alligeres Pour absenter ces puantes Tnegeres. MICHEL 10AreinülSE ? Babilon, 23 — Mais sil te plaist tant de grace me faitz Que briefvement ceste prison Pimente. ID.., ib., 85 v°. — Si tu m’absentes, 11113 laisseras en di- verses et variables pensées et solicitude_s. A. SE-trad, de BoccAckl, le Philocope, 5 vn, — Superbe cloitirt j’absenteray, aussi Ses grands bom- bons, et son ambition. Miai[M, DiAPili3OYSE5 tralt du Pleur de lieraclite, ch. — Depuis le temps que nous a.s absentez, Ne. sommes poirit des Eques demontez. Epistre du Lenosin, dans RA_BELAIS, jii, 277. — N’ayant tant de regret de me voir desseicher Mourant, que d’absenter cest œil qui m’est si cher. BELLEAU ? la Éergerie, 2e Journée (Ji, 50). — Trois fois, pour absenter ceste ingrate lu- rniere, Je me voulu plonger dans Ponde mari- niere. R. GARNIER, Cornelie, 411. — or lueurs donc, Cleopatre, et plus long temps n’absentes Antoine, qui t’attend aux rives palis8antes. Marc Antoine, 1904. — Son père et luy avoyent de Iong-temps absenté le pays.. RE ritietER DE LA, PLANCItE Hist. PEstat de France, I, 342. — Le mal que je souffre en moura.nt FA’si le reg„ret que ray, que mon œil vous absente. N. DE. MONTREUX, ler Liv. d-es Bergeries de Juliette, Journ. I V, 197 vp. — Mais je sçay plus que la grand’fermeté Qui dedans vous tient la meilleure place, Vous fait aimer, servir, suivre à la trace, sans absenter d’un pa.s vostre bonté. BRANTÔME, Poes. .(X, 434). — Consitifirez. mon cœur, vous le verrez dissoudre, S’escoulant de regret d’absenter vos beautez. BERom., DE DE VERVILLE ? Voyage des Princes falunez, 379. .S’absenter. S’éloigner, se tenir éloigné. — Il esioit au conseil venu, qui tant d’années au para vant s’estuit absenté de toutes compagnies. RA- BELAIS, IV, Anc. Prol. — Et pourtant se donne bien garde. cest amant, qui par un long trait de temps se sera absenté de sa Dante, de la raccoster puis aprés que bien peu. E. PASQLF1ER, le. Mono- L, II (.1 1, 4781). — Ainsi quand par fortune, ou quand par maladie Je m’absente de vous, ma. Muse est refroidie. noriis.iiitu, Elegies, 1. — t’absente, hastif, des faveurs de. ton P..oy. BEL-L E U Discours de M Vanité, S. S’absenter. S’écouler. — Sept ans peurent s’ab- senter Ains qu’elle Fust accouciree Du Élls, dont je vais chanter La. louange non touchee. RoNsAnn, Odes, 111, 3. Absenter (intrans.). S’absenter. — Je seray bien a.yRi-L vostre curé absente, car il est de ceux la desquelz la residence est plus nuysible aux brebis que l’absence. S1 FHANçots SAL4s, Lettres, 986. Absinthe. On trouve aussi d’autres formes Absince ou Absynlhe, DE LA Po R T Ep thetes. L’absint de ces mesla.nges. L. PAPONe Ilyenne Marguerite. Cf, alinéa, s suivants. Absinthe s’empli : pie comme symbole d’amer- tume, — Faisant deluger mes deux yeuix, Je masche Abstynce en mon piteux affaire. MAU-RICE SCÈVE, Delie, 50. — Si tu dis Miel, ton pen-ser est Absynse. FORCADEL, CEItv. pŒg. ? 1.69. — Il suerolt son absynthe, et sous un doux visage Ilecelloit la rigueur de sort mauvais courage. DES- POR.TÊS„ Elegies, 1, 8. — La Joneou.r d’une a.b- sen.ce est. bien pleine dia.bsinthe. BERTAUT e Com- plainte sur une absence (p. ai9). — Ma.riage sacré, source du genre humain, Qui rends doux les tra- vaux du cœur et de la main, Qui detrempes l’ab- sinthe au miel de tes delices. MoreTcHBF…sTTF, N, David, 1I (p. 213). Absinthe (masculin). — Boire je veulx le calipce et la. couppe Que m’a. donné le pere, et dans l’ab- sine° Très fort amer je trarnperay ma souppe. MARG. D E NAV., Dern. Pois., le NaPire, p. 406. — Voilà l’autel tout prest de gazons façonné ; D’al- pie et (l’absinthe blanc il est environné. D’Es-poRT Elegies, L. II, lct Pyrontance.

Absoet. Ce mot semble correspondre au latin absit, soit absent. — Moes absoet tel vein lôs, car nul obscur eface Ce qe si cléremant se manifeste aus Cieus. TAILLEMONT, la Tricarite, p. 62.

Absolu. Achevé, accompli, parfait. — J'ay le desir content, et mon temps absolu, Dist le vie] Symeon de poil chanu velu. B. ANEAU, Chant natal — Comme si je n’eusse aultre thesor en ce monde, que de te veoir… absolu et parfaict, tant en vertu, honesteté et preudhommie, comme en tout sçavoir liberal et honeste. RABELAIS, 11, 8. — Pourtant reste à ces vaticinations somniales interprete, qui soit dextre, saige, industrieux, expert, rational, et absolu Onirocriles et Oniro- pole. ID., III, 13.

On trouve souvent. absolut, absolute, absolit. — Ceste absolute maniere. FABRI, Art de lehetor., 1, 84. — Ung mot signifiant puissance absolu te. PB. DE MARN1X, Ecrits polit. et histor., p. 196. — Elle a plaine et alsoIute authorité, Io., Diger. de la &lig., 1, Iv, Préface. — Pour en faire la reigle absolute de nostre Foy. 1D, , Lb., I, iv, 20. Jeudi abeolet. Jeudi saint.— Un Cordelier.,. un jour de jeudi absolut preschant de l’agneau pas chat. H. ESTIENNE Appl. pour er., ch. 36 {II, 265). — Et oignent l’enfa_nt de saint Chresme, consacré le jour du Jeudy absolu t. TilEvÉT, Cos- ’mgr., XIX, 19. — Le jour qu’on soiernnisoit la benediction du Chresme, qui estoit 1 Jeudy absolu. LE LOYER1 (JIU Spectres, VI I I, 3,.Le Jeudi absolu on fait le creseté, BEROILDE nr VERNILLEI Moyen de parvenir, Ordonnance (H, 251), — Nous faisons la communion le jour de Pasque, et, non du Jeudy absolu. E. PASQUIERe Lou a, IX, 9. — Estant allée le jeudi, qu’on ap- pelle absolu, pour accomplir les cérémonies de ceste journée.. AUBIC ri, Hist. Uniei., XV, 3, _ Aleolutement. D’une manière absolue. — Lequel se conferme en deux manieres absolute- ment et assumptiveme.nt. FAEUU, Art de Rhea., I, 83. — Nous respondismes, absolutement et reso- lutemen L. PH. u E MARN E X. ECrieS piqiC et hIstar., p.2171 — Si l’Elglise peut absolutement defaillir et apostater de son chef Jesus Christ. ID., if fer. de la Relig., I, iii, 3. — Si la doctrine et foy de sahicte refera Egiise Catholique Romaine se peut absolut(menl, trouver es livres des anciens Peres et. Docteurs de l’Eglise. ID, , ib., I., vt 1 aitre). — Le souverain Pontife est a.bsoluternent par dessus les Conciles, ID., ib., 1, y 2. Absolutoire. Qui porte absolution. Ice- lus_ eut bien ]audace de prononcer la sentence absolutoire en faveur des dessusdictz. SEYSSELI [rad, d’APPlEypi, Guerres civiles, IV, fi. — Des ta- blettes diversifiees de couleurs, et de lettres abso- lutoires, ou condamnatoires. J. BORIN, Terint- Nique, IV, 6. Absoudre. Détacher, libérer, Car ce, qui deust le rond lyer, le soult Ce, qui devroit bien fort contraindre, absoult, Rymes de PERNETTE Dur GUILLETe r)4. Dégager, délier [deuil serment, d’une promesse]. Et tous ceulx, qui sont joinctz a luy Par foy serraient a.ujourduy, Vabsouz de tour foy et que plus Ilz nobeissent an surplus A ieel]ui comme Empereur, OrmuoRP., Sainct Loys, L. III {II, 103). • il leur remonstra que ce avoit esté de gratis, et de sa liberalité, par laquelle ilz D’es- toient mie absoubz de leurs promesses. RABE- LAIS, I, 20. — Lycurgus… resolut de mourir, à Jin que ses citoyens ne peussent jamais estre absoulz du serment, qu’ils a.voyent fait entre ses mains. Am-yoT, Lycurpe, 29.. — Le presbtre Augure estant lié et obligé de tresgrands sermens, quil rie re..vellera jamaisles secrets des sacrifices, ils ne le veulfm tpas absoudre et dispenser de ces sermens la, en le de radant de presbtriso et le rendant homme privé. ID.., Dern.a.ndes des choses romaines, 99. — S’il advenait… que je faussasse mon serment, je vous absous tous de la foy que me devez. J. ion Iv, Republique, I, 8, L’air promené des vents, la marine orageuse, Le ciel tristement sombre et la terre espineuse, Comme absous du serment de leur fidélité, Ven- gent sur luy l’honneur de la Divinité. Du BAR- TAS1 2e Semaine, fer Jour, les Furies.. Pape… acquitta et. absent les Arra.gonois du ser- ment de tridenté. E. P.AsQuiER, Recherches, 111, 15. — Si tant est que nostredit decret ne les a peu ab- soudre du serment de fidelité et obeissance na_tu- relie quo les subjects doivent à leur Prince. Sat. Men, liar. et. Recteur Rose (p.1, 14). Libérer [d’une force, d’une puissance, d’une au- torité]. — Sainct Paul, apres..+ avoir d’et que nous sornines quittes et absoulz de la subjection de la Io y, nous ramene neantmoins puis apres à la doctrine d’icelle. CALVIN, Contre les Libertins, 19 .(V11, 207). — Par la prochaine session duquel estoit de l’obeissance qu’il a naturellement à l’Aimant absout et dispensé. RABELMS, y, 36. — Entrons en cette dignité [de Patrice), par le teneur de leur privilege, ils estoient absous et affranchis de la puissance de leurs peres., E. P.A.SQUIE R, Recherches,. II ! 9. — Ce fut luy [Bo- leslas] le premier, qui entre Ies Princes PoIacques porta le nom et Couronne Royale, à. luy octroyé par Othon troisieme, Empereur… tellement que Boleslas fut absout de l’hommage qu’il faisoit à l’Empire. T HF..VET„ Cosinogr., _XX, 3. Dispenser. — Les gensdarmes… se mutinerent, demandais estre absoulz de ! a gendarmerie. SEys- sEL, trad. d’APPIEN, Guerres civiles, V, 13. — Je vous absoulz de pain et de so-uppe, et vous dis- pense de ne valoir jamais rien. RABELAIS,.1..0 O. Jesus Christ ne leur est qu’un idole, pour les transporter, à lin qu’Ai se facent à. croire qu’ilz sont quittes envers Dieu et. le monde, et absoulz de faire aucun bien. CALVIN, Contre les Libertins, 17 (VII, 19S). — En Lacedemone, il Y avoit une loy, laquelle declaroit. les enfa, ns absouls d’aider à leurs peres en vieillesse, quand ils avoyent este nonchala.ns de les faire instruire en jeunesse. LA Nou EI Dise. pot. et mit., Vpf 138). Libérer [d’une dette], dispenser de la payer, Cculx qui luy demander nt des are absoulz de leurs debtes, quilz avoient faictes pour cause de la guerre et des séditions. SEYSSELI trad. d’AP- NEN, Guerres civiles, II, — A quoy s’accorde l’exhortation contenue au Pseaume 82, de faire droict au povre et. indigent, d’absoudre les povres et diseteux, et retirer les débiles et les povres de la main de l’oppresseur. C.ALviri, Instit., IV, xx, 9. Les articles principaux estoyent, Que ceulx qui devoyent fussent entierement absouls de leurs debtes. AMYCIIT, Agis, Dispenser de subir une condamnation. — A la requeste de tous il fut mis en liberté, et absous de cette condamnation. MONTAIGNEe II, 12 (II, 204). (Prononciation.) — El trouvera moyens Vous desiver de tous lyens, Et vous a.ssouldra par par- dons. ixiNooRE, le Prince des Sotz, Sottie (1, 234). Il fait., deffait, excommunie, assoult. ID., l’Es- poir de Paix (I, 176). — Ne croyez ja ce qui l’a contrainte de venir, que ce soit pour se faire souda de quelques homicides. JEAN DELA TAILLE, Ncgromant} Prologue. (Formes.) Indicatif présent. — Je vous abso- luz, et. delivre, et vous rends francs et liberes comme par avant. RABELAts, I, 50 (Il faut pro- bablement lire abenaz, comme dans ildition (le 1535 et l’édition sans lieu de 1537. L’édition anté- rieure à. 1535 donne absoubz). — La conscience testille avec les hommes, quand leurs pensées les accusent ou almoudent au jugement de Dieu. CALVIN, Instith, III, mx, 15, — La conscience atteste aussi avec les hommes quand leurs pen- sées les condamnent ou absoudent devant Dieu. ID., ib., IV, x, 3, Imparfait. — L’un les adrnonestoil de leur salut, les conressoit, et absouloit. RABELAIS, Scio- machie (111, 408). — Les voix des juges qui le condarnnoyent, estoyent une de plus que celles qui l’absouloyen t. Am Y OT, Caton d’thique, 16. — On trouvaqu’il avoit plus grand nombre de ceulx qui le absouloyent [Clodius] que d’autres. Cbcérnn, 29. — Caesar… declara publique- ment qu’il absouloi L. le peuple, et leur pardon noi l’offense et ]a felonnie qu’il z avoyent commise f : kil ceste guerre. ID., Antoirer, BO. Passé défini, — Balbinus rneu de pitié absolvit la femme ris Ia plrigerie_ SESSSEL, trad. d’Ar- FiEri, Guerres civiles, IV. 6. — Si firent tous deux grosse en queste de celluy traieté… Mais estant in- formez quil ny avoit eu aulcune chose mauvaise, ains que cela avoit esté controuvé.’pour le bien de la cité, absolurent tous celui \…PI sen retournerent. ID., trad. de TruuCYD1DE7 (256 vo).— Non seulement il absolut les A thenins de tout ains leur conseilla et les admonesta davantage qu’ilz eussent l’œil aux alTaires. M’on o.r, Alexan- dre, 13. — Le peuple non seulement l’absolut de toutes les charges el imputations que lonproposa contre lu y, ains conhinua davantage à l’honorer tousjours comme devant.. Ti, ,. Dérnmsthène, 21. [Les juges] n’abandonnerent point Demosthenes à ses ennemis… ains l’absoIurent. ID., ib., 24. Le peuple Thebain… ayant mis en Justice d’ac- cusation capitale ses Capi bines, pour avoir conti- nua leur charge outre le. temps qui leur avoit esté prescript et. preordonné, absolut à toute peine Pe- lopidas.MoriTAIGNE, I, 1 (I, Subjonctif présent. — Feu.,. monseigneur le conte de Ligny vostre dict cousin (que Dieu par sa grace absoille). LEMAIRE DE BELGES, le Temple ’Honneur et de Vertus (IV, 185), — A fin de ra, - mentevoir la memorable integrité du tresnoble Roy Charle.s. buitieme, que Dieu par sa grace ab- soulle. I n Legende des Venifiens, 2. — Il occit uostre ayeul de bonne memoire le Roy Laorne- don, que les Dieux absoullent, ID., If, 5 Les Epitaphes des feuz. boys Loys, unziesme de ce nom et de Charles son filz, VII I de ce nom, que Dieu absoille. Arc. Poés. franç., VIII, 91. Ne pensons point que Dieu nous alsoue, quand nous aurons encores un tel regret en nous, et que nous garderons l’offense qui nous aura esté faite. CA LVI N Serm, „sur le Douter., 122 (XXVII, 669). Imparfait du subfoncid. — Elle requist agi Sainct Père qu’il la Guye en confession et, l’abso— t de ses péchez. BRANTÔME, Des Dames, part, I", Jehanne Reynie de Naples (V1II, 166). — N’est ce pas plus d’avoir laissé la puyssance d’absouvre en l’Église, que de n’en avoir point laissé ? St FRANÇOIS DE SALES, Conleoverses., 11, vnt, 4. Absourde, v. Absurde. Absoute_ Absolution. — Puisses-tu forcené courant de terre en terre Durant ta vie errer pour ton absoute qu.erre. Poemes, L. III (II, 122). Abstenence, y. Abstinence. Abstenir (tram.). Tenir éloigné_ Mais plain- dre ce beau poil qu’au lieu de le retordre, Elle laisse empestrer sans ornement, sans ordre, sans presque en abstenir les sacrileges mains. JiaDELLEI Didon, IV (I, 206, Retenir, empêcher. — [Mon pere] A peine sceut abstenir son courage Que de ses mains ne fisc sur lm outrage. 0.. DE St GELA S et CII. FO NTA1 trad. des Heroides d’OVIDE, it (Intrans.) S’abstenir. — Vous perdrez temps, et la chandelle, Mieux vous vaudroit d’en abste- 9.2 114% DES AMIELS,.Pues. (1550) Autre dialogue MO- rai, p. ta6. (Prononciationi) — Ains Venjoincts pour ta pe- ’liter « que par trois vendredis consecutifs, si tu n’as de la chair, tu Vastienne d’en manger_ LA il I- E Y, trad. des Facetieuses Phi iCtS de S Ti ft A P B. 0 E XIII, 1.. (Formes.) Passé défini. — Les dames s’abstin- &en t de rire le mieux qu’il leur fut possible. ID., ib., XII, 2. Participe passé. — La recordation de la charité et bienveillance de ceulx à qui tu as hien faict Va_porte plus de plaisir, que la volupté que tu eusse prince en ton corps de laquelle tu te es abstins. J. Le BLONDI trait de Tu. Montrs„ l’Isle d’Utopie, L. II, 60 ro. Absterser. Nettoyer. — La sainte huile do- rée, laquelle comme un excellent. savon et pre- deux baume, est de si grande vertu et efficace, qu’il n’y a peché ny meschanceté si grande qui n’en soit obstersée et honnestement buandee. PH. DE l’IrlAnNIX] Dijjer. de la I I, iv, 22. Abstinence. Abstention, a.ction de s’interdire un acte. — La reste et solennité d’Apollo Tym- bree approcha. Et furent donnees treves et absti- nence de guerre dun costé et clautre, pour vaquer à icelle. LEMAIRE DE BELGES, J fa r., IL 20. Homme de grand intégrité et non hay des Fla- rnengz à cause de sa preud’hommie et abstenence de pillaige. ID-1 Chronique annale (IV, 49’0. Estans adoric rapportees ces choses à Antoine… commanda à ses gens quilz feissent abstinence de guerre. SEyssEL, tra.d. d’APPIE Ni Guerre Par- thique, ch. i. — Les armees dun costé et.autre es- toient en silence et. abstinence de guerre, atten- dons la respon.se. ib., Gu-erres civiles, Ti 11 Après toutes ces choses passées, y eut quelque abstinence de guerre entre France et Espaigne. LOYAL SERVITEU Re Hist. de Bayart, 26.— Ils sont esehappez outre ceste borne, quand ils ont ordon- né l’abstinence de mariage à leurs prestres. CAL- VIN, inStit. au Roy de France. — L’abstinence de faire est souvent aussi genereuse que le faire. MONTAIGNE III, 10 (IV, 15 ! } Désintéressement. — Le plus grand los que km donne aux Gracques, d’abstinence, de ne point prendre argent, est qu’en tous leurs magistrats et en toutes leurs entremises des affaires publiques, iiz eurent tousjours les mains nettes. AMYOT, Compar. de Tibérius et Cajus Gracchus avec Agis et Cléomène, i. Abst ! ner (s"), S’abstenir. Semblablement s’abstiner de manger Frians morceaulx. J. Bou-CH ET’Epiare5 morales du Traverseur, I, 6. — Ce- luy qui s’enyvre Par ehaseun jour et lu y mr.àsme se livre A s’enyvrer, sans vouloir s’abstiner, Ne de ce cas tant vilain decliner. Plus on se destine A mai qu’a bien, nul est qui s’en abstine. ID., ib., I, 14. — Un des grands biens qui en un Prince soit… C’est quand des biens de ses subjectz s’abstine Prendre sans cause. hi., ib., II, 11. — S’il fault deux jours de quaresme jeuner, Ou de manger de la chair s’abstiner. lui., ib., II, vin, — Ne controuvez vestemens dissolutz… Abstinez vous, et sur ce faictes pause. ID-, ib-, Abstract. Tiré hors, séparé. — Que toute am e ne survit, ains l’intellect, et que les intellectz abs- tra.ctz sont coëternelz avec Dieu. Lotus LE Roy, tra.d. des Politiques d’AntsloTE, I, 3. Commen- taire. — Dieu… ne peut en aucune façon estes co- gneu ny apprehendé sinon dune une abstracte, et retirée de. la contemplation de toutes choses terriennes. Pu. DE MAftNIX, Differ. dela Religbili, 1, 2. Abstracteur. Abetractear de quinte essence. Celui qui e-xtrail la_ partie la plus subtile d’une substance. — Pa_ntagruel, Roy des Dipsodos, res- titué à. son naturel, avec ses faictz et prouuses es- poven ta_bles composez par feu M. ideofribas abs- tracteur de quinte essence. RA PI ELA IS, L. Il, titre. — La vie treshorrificque du grand Gargantua… jadis cornposee par M. fiLlcofribas a.bstracteur de quirite essence. 1D, , L. I, titre. — Se, s Abstrae- teurs, Spodizateurs, Massiteres, Pre.gustes… et autres siens officiers [de Quinte Essence]. In., V, 19. — Je vous retic : ns presentement en estat office de mes abstracteurs. ID., V, 21. (Pa.r analogie.) Ceux qui enlèvent. de la subs- tance les accidents. — Oyez doncques que c’est de certains, purs, vrais, s ;…iinctz et justes elemens que je veux dire, lesquels les ahstracteurs, faid ficat.eurs, brouillons et hypocrites ont gasté… En-faUt— il VOUS a.dvertir touchant. les abstra.c- teurs, d’auta_nt qu’il y en a une sorte : on m’a dit que les plus subtils sont à. la Rochelle, pource que c’est une ville ti me, et que là sont les abs trac- teurs cerimonies qui se parent bravement de leur subject, comme entendus Philosophes, qui levent les aceidens de leur sustanee. BEROALDE VERVEL de par’Jen.ir, Notice (I, 160). Abstractil. — Je ne quiers pas par €…spesse d’envie… Surpa.sser tous en science abs- tractive. LErmAARE. DF, BEI.cE.s„ Oraiion (IV ! 326). — Par laquelle il differe des substances intellec- tuelles et abstractives, qui sont formées sans raa- tiere. Burd, instit. du Prince, 20. Abstraction. Enlèvement. — Achilles tenant à grand injure lahstraction de sa concubine Bri sets„. en conceut en son courage une terrible indi- gnation contre les Grecz. LE.MAIRE E BELi ; ES> 11, 15. Abstractiveiment. Abstraitement. — La, Prin- cesse Marguerite nest pas seulement moderee con- cretivemen t., à fin que je use de term.es de. logique, mais est mesmes icelle propre moderation abs-tractivement. LEMAIRE DE BELGES, Couronne Margaritique (IV, 67). A.bstraindre. Abstrainet. Resserré, réduit. a.0 dénuement. — Le rov mon oncle me presse tous les jours de. donner 1.aL’bataille, et eroy qu’il m’en presseroit eneores plus s’il sçayoit comment no-us sommes a.bstrainetz de —vivres. Loy AL SE RFTTE FI Hist. de Beyart, 54. S’aMtraindre. Se retenir. — Je— me, suis abs- trainct le plus que ray peu de rien luy respondre à toutes ses menteries. FABRE, Art Rhet., L, I, p. 262. Abstraire.. Enliwer. — La noble pucelle Cas- sandra se veit abstraire par force et violence, hors du temple de Minerve, où elle estoit courue à re- fu.ge. LEM A IP E DE BELGES, Ill ! IStr., I I 23. — Es- prit abstraict, ravy, et ecstatic, Qui frequentant les eieulx, ton origine, As delaissé ton haste et. do- Triestic, Ton corps conconds. RA RELAIS, L. III, à l’esprig de la renync de Na9arre. — En tel person- ’laie studieux vous voirez su.spendues toutes les facu.ILez naturelles… vous le jugerez.., estre hors soy abstraiet par ecstase. In, , III, 3.1. Extraire. — Un sommaire, qui est comme un elixir et quinte-essence, tirée et abstraiete, non seulement des harangues, mais aussi des inten- tions et pretentions des prineipa_ux personnages qui jouerent sur cest eschaffa.ut. Satyre Menippee, la Vertu du Caiholieon, Absumer. Absorber, consumer.— En roborant ilz [les cauteres actuels] absument et desseichent les superfluitez imbibées en la substance de l’os. MUR. PARÉ, XVI > 33, var. — Fa.ult eviter la te- meraire application des medicamentz cha.uidz et acres, apres que nature aura exfolié et jecté l’os carieux, de paour qu’ilz nlabsument la chair re- generee pour la munition de l’os et instauration de la perdue. ID., XVI, 34, var. Absumption. Absorption. — Par tel moyen evacuation et absurap Lion d’icelle [sa- nie] se fera beaucoup mieux. Am DRe PARÉ, IX, 6, Absurde. On trouve aussi absurd et a/moud-61e. Dnndelot avait tenu quelques propos ab-surclz di— la messe. BRANTÔME> Couronnas fran- çois CO, 26).. — Et pour epistre inelegante et lourde OU nulles sont. museynes mesures, Nulles doulceurs mais toute chose absourde. GER COLIN Bunit ft à. J. Bouchet, dans les Epi.56(res the. Traverseur, 66.. (Subst.) Chose absurde. — Il n’est aucun ab. surde, selon nous, plus extreme, que de maintenir que le feu n’eschaulte point, que la. lumie-re n’es, claire point,. MONTAIGNE, II, 12 360), Absynse, Absynthe> v, A bsinlhe. Absynthien. De l’absinthe. — Aneeptume. Sa, lee, acre, mal-plaisante… absynthienne. M, DE LA. E Ep ithetes. Abundance. D’abundance, En outre.— Notez uncores d.abundance que la lettre 0 est lettre La- tine. 0-, Tony, Chu.inp fleury, III, 54 vo.. Abundant, v. Abondant. Abundantement. Abondamn-tent. — Comme jay— dict et tosrnoigné tresabundanternent en plu- sieurs lieux de tout nostre Œuvre. O. Tom, Champ fleurg, 79 vo. Abus. Erreur ilans une croyance, dans une opi- nion, — umbroth, filz de Cam, regna_ Be- lus son qui fu.t surnommé Jupiter et deïfié par son filz, dant tout l’a.bus des ldolatres print ori- gine. LEMAILIE DEB EL G ES I I I „ — Ne me parragonnez poinci icy la Salamandre, c’est abus, Je confesse bien que petit feu de paille la vegele et resjouist. Mais je vous asceure que en grande fournaise elle ost comme tout auitre suffocquée, et consumée. RADUAIS, 111, 52. — Quand l’imaginant je m’oublie Cet abus con- forte ma —vue : Et ! ors l’aperçoy si belle en tan t. do lieux, Que si l’erreur duroit, je ne voudroy pa.s mieux, BAïlz, Amour de Francine, L. IV (I, 2.1")2). — C’est abus de pen.ser qu’une immortelle peur Allie tousjours frappant d’un riche homme le cœur. RoNsAEo, Hymne de l’Or {IV 1350). — Si nous cuidons estre eschappez quand nous aurons surmonté un mal, c’est un abus : car Dieu en aura incontinent une centaine. CALVIN5 Seren. S’Ut le Denier., 156 (XXVIII, 38kil. — Si par nostre or- gueil et n.os despitemens nous cuidons fouller Je- sus Christ au pied, et le tenir sous terre, c’est un abus. ID., Sertie. sur ia prophét. du Christ, 2 (XX IV, 614). — C’est merveille comment un abus si lourd a peu tomber en la teste des anciens Doc- teurs, veu que.ç’ont esté gens de. bon jugement, et qu’il y avoil beaucoup de raisons au contraire à ce qu’ilz ne s’abusassent point ainsi. CALVIN, inS- tit, , Per, XII, 20.— Or est ce bien un grand abus, s’on cuide Que d’inventer la fontaine soit vuide. LA Bo ETIE, Vers franç., à Marguerite de Carle. — Voyla.mon naturel, et si trompé. je suis, La faute vient d’Amour, non de rnoy qui ne puis M’eslon- gner de l’arcieur de te revoir presente : Si je suis abusé, mon abus me contente. RoNsARD, Elegies, Disc. 2 42). — C’est un ex treme abus, une ex- treme folie De croire que la Mort soit cause de la vie. ID., Elegies, II, texte de 1623 (VI, 311). — Ce seroit abus de penser que Charlemagne eust voulu avoir pour Pairs ou semblables à soy, ceux qui totalement despencloient de son a_uthorité et puissance. E. PAsQuiEn, Recherches, IL 9. — La folle au bruit qui de joye s’espasme Guide premier que ce soit son Pyrame : Mais son abus elle co gneut apres Que ! e Lyon elle apperceut de pues. BAÏF, Poses, L. IV (il, 174). — L’un pense avoir la raison, et.. s’abuse : Ment. et ne sait que l’inno- cent accuse : Le mesme abus qui jetta dans la mer Son frere a rn cestui-cy fait armer. ID. ! lb., L, V (II, 255). — C’est ung abus de penser qu’ung monarque se puisse. garantir et saulver son estai par la force. L’HOSPITAL, Reform.. de la..1 us- tirP., 2e part, (IV, 83). — L’ireur du paganisme-. laissa tomber cette grand. ame [Platon]..e en cet autre voisin abus, que les en fans e i. les virillars se trouvent plus susceptibles (le religion, comme si lao naissoit et tiroit son crédit de nostre imbecil- lité. l’iloYrAiGNE, II., 12 (IL 150). — Quels abus, quels mescontes nous trouverions en rostre pau- vre science I ID., ib. iil, 286), — C’est un abus de penser que ia force seule face les grands effects, LA NOUE, Disc. pûl. et mil., IX (p_ 226). — Il le fut [religieux], et fort bon catholique, encore qu’aucuns ont eu opinion contraire, mais c’es- toient abus. BRA NTÔNI El, Cap. frane., le prince de /a Roche sur Von (V 26), — Aucuns crurent que c’estoit un diable ainsi transformé, c’est un abus_ In., Disc. s’if les Duels (VI, 459). Erreur en ce que l’on dit.. — 0 beau Paris, je ne croy pas qu’llelaine… Fust de beauté autant. que ma_ maistresse ; Si on le dicl, certes ce sont abus. MAPOT, Epistres, 1. — C’est chose superstitieuse : et n’est que abus ce qu’en script Serapion Ascalo- nites. RABELAISt III, 13. — C’est abus dire que ayons languaigre naturel, In., III, 19+ — C’est abusque Pluton ait ainité. Proserpine, Si doux coing n’entre point en si dure poitrine : Amour regrée en la terre et non point en enfer. RorisAHD, Amours de Marie (I, 173), — Des vains destins de Francus je n’a,.y cure : Tels sots abus ne me vien- nent piper, ID., Franciade, 11 (III, — Il fut filz naturel du grand empereur Charles, et d’une grand dame… et non point d’une boullengère de Bruxelles ou lavandière (comme la pluspart du commun l’a. dict ce sont abus. BRANTÔME, Ga- estrang., Dom Juan d’Autriche (II, 139). — Aucuns en ay-je voit en Piedmont qui ont. creu et affermé que le diable le vint presser de ! a mort et remporta, Mais ce sont abuse ID., Capit, franç., M. de Sagvoyson (nr, 97). Erreur en ce qu’on fait, — Si les vers ont esté Palme de ma jeunesse, Les vers seront aussi l’op- puy de ma vieillesse. Du BELLAY, Regrets, 13, — ’as tu rien fait entendre à Fleurdelis de ma part ? — Nenny certes, Filadelfe car je sçay bien que, si je lui vouloir parler de vostre amitié, ce serait abus, elle ne s’y arresteroit jamais. JEAN DE LÀ TAILLE, les Corrieaus. I, 3. — Ha Sarmates ra- sez… Que] abus vous poussa pour venir de si’oing Priser ce mesprisé— ? g, Tragiques, II (IV, 92). Tromperie. — Fille, soyez en. habit cointe, Et vous parez de grands vertus Sans (aulx semblant, ne ris, n’abus Faire à eeuix dont estes acointe. A nt. Poés. franç., II, 19. — Cy n’entrez pas, Hy- pocrites, bigotz… Tirez ailleurs pour vendre VOL.Z. abus. RABELMS, I, 54. — Je ne l’eussepas creu : et me I’eust dit Phcebus, J’eusse dit son trepied et lui n’estre qu’abus. RONSARD, POditieS„ L. Il, Disc+ au car d. de Chastilion, Abusat. Abusé. — Il y en aura bien d’ahusats. PH. DE MARNIX, Differ. de la Relie., Additions. Abusement. Ce qui trompe. — Mon enfant, n’abuse jamais Ton cueur en ces orduremens Mon- dains, qui sont abusemens. Anc. Poe. franç., II, 240. — Leurs gestz ne sont qu’a, busemens Dont troublent voz entendemens. lb., V, 183. — Com bien d’a.busemens Font aujourduy plusieurs sup. postz d’eglise. J. BoicnET„ Epistees nun-aks.da l’raperseiir, III V„ 22. Abuseux. Trompeur. V. A busil. Abusif. Trompeur. — Les Lacedernoniens… porterent avec eu x grande quantité de menottes de fer, se confians en l’oracle abusif, qu’ilz prendroient les Tegeates prisonniers. SALIATI trad. d’HÉRODOTE, I, 66. — Enchanteur. Abusif ou abuseuxi M. DE LA_ PORTE, Ep iikete9. — Ce sont fables abusives, Mme ? DES ROCHES, Secondes Œuvres,. Rial, de Placide el Sei.5ere. Abusif de. Qui abuse de, ou qui trompe au moyen de. — Antigonus congnoissant le person- nage, ou la maniere de ces philosophes simulés, et abusif de l’habit et profession. Buné, ! neje, du Prince, édit. J. _Foucher, ch. 36, Abusion. Abus, usage impropre [d’un mot]. — Quelquefois on donne le nom de beau aux testes, aux fleurs, aux pierres, aux metaux et autres sem- blables : mais trop improprement et. par abusion. LE CARON, Diaiogues, 1, 5 (152 va). — Lorsque nous leur attribuons ta.ux éléphants] religion, nous ne la prenons pas en. sa propre signification, mais par une maniere de dire, et par abusion de lan- gage, et. par comparaison. AMER. PARÉ, Livre des Anifraanx, 45 (III, 768). Erreur, illusion, folie. — En reprenant rostre conclusion, Ou avez dit que œil faict plus qu’ouye, Touchant cela c’est tout abusion. Guitt. CRET1N, Debat sur te passetemps des chiens et oyseaux. — La première voye, Qui tent venir par sotte abusion A heresie, est la presumption Du propre sens de l’homme, qui pense estre Trop sain et cler de soy mesme et congnoistre Plus qu’il ne doit. GRINGIRE, Blazon des Heretiques (I, 297). — Ne faire pas comme plusieurs, lesquelz ayant quelque bon moyen deulx sauver quant ilz se voient hors desperance apparente, se retournent a aultres in- certaines abusions, comme sont veuz, divinemens, oracle. SEYSSEL, trad. de THUCYDIDE, V, 12 (18O r°). — Parquoy concludz que c’est abusion D’estre amoureux. MAROT, Rondeaux ; 10. — Jusques à quand emprises vaines Sans fruict, et d’abusion pleines Aymerez vous et chercherez ? ID., Ps. de David., 5. — Et de ces troys seigneurs ont faict yfiole, Estimant sens leur sotte abusion. MARC. DE NA17„ Dern. Poés., les Prisons de la Reine de Nav. iCp. 171). — Le vice est plus loué que la vertu, Tarit des humains le faux jugement em, ,. Jusques à quand, bon Dieu, souffriras tu Demeurer telle abusion sus terre ? Dis AUTELS, Repos de plus grand frayait, 5— 6-— Vierge com- bien de larmes Ay je faict pour aliarmes Pleine d’abusion I AsQurN PH[LEETL1L, trad, de PÉ- TRA11.QUE„ L. IL chant 9. — Ils entretiendront le povre inonde en telles abusions. CAT….viN> Serm.. sur le Deiftpr., 8I (XXVII, 161). — Plusieurs Maho- metans, qui eussent bien desiré entre en la liberté que j’estois pour se chrest.ieriner, et qui dotes, taxent du tout l’abusion de la reigle Alcoraniste- TnE-vvr, Cosmogre, III, 9. — Les Prestres, qui Ies tenoient en ceste abusion, estoient toue enchanteurs. ID., ib., XIX, 10. Tromperie, mensonge. — se dit aller raire le partage dune grand succession en Crete, Je croy que toutes ces choses sont paraboles et abusions. LEMAIRE DE BELGES, III, 7. — Il les tien- dra [les faux monnoyeurs] en telle subjection Qu’ilz n’a_uront ca_use de faire abusion. /Inc. Pciési franç., IV, 72. — Qui vouldra donc des nouvelles sçavoir, Qui ne sçaura des follies cent mille, Qui ne sçaura mainte abusion vile, Sans trop picquer l’en ferons souvenir. MAROT, BaltadeCI 2. — Apres que Mehemet eut ga.sté le monde avec ses a.bu- skons. THEVETI, COSffiCegr. VI, 2. — Un homme… qui n’estoit pas peu rusé à. telles abusions. F. BRE-TIN, trad. de LUCIEN, les Fugitifs, 1. Abusoire. Tromperie. — Suivant comme les autres les belles abusoires de ju.risdiction, et pos- session. ReCitliSe. BEROALDE DE VEE.VILLE5, Moyen de parvenir, Notice (1, 161). Abuter. Diriger vers un but. — 11 n’en fanon esperer que rentier rabaissement de la France, laquelle., estant de naturel martial et rernua.nt, aya.nt perdu ceste belle escolle martialle ou pepi- niere de guerre, ne se contiendroil jamais en paix si elle n’avoit quelque visee ou a.butter sa valeur et sa vertu. Du VILLARS, YfeYneireSi X (C1.)i Siabuter. Se diriger vers un but. — Il semble que rame esbranlee et esmeue se perde en soy- rnesme, si on ne luy donne prinse : fa.ut tous- jours lu y fournir d’object où elle s’abutte et agisse, MONTA IGN E7 I e 4 (I, 25). — Qui fest polir les ma.ux des mizeres humaines, Ne se doit abuter aux prosperes effetz. PAPONe 1a Constance. Abuter. Prendre pour but. — Avisez quelle cel- lule vous desirez abuter, car on n’en ouvre qu’une à la fois. BEPoALDF. oE VERVILLIii Voyage de$ Princes fortunez, 505. Fixer d’ava.nce tune date]. — Un Luncly matin qui estoit le jour abutté, nos estions tous à regar-der. BEROALDE DE VERVELLE,.4loyen de parereniej Enseignernent (I, 100). Assembler, réunir. — Quand iceux os sont tel- lement a.buttés et alliés, qu’entre iceux se voit quelque chose de diverse nature. AmBrL PAttÉ, L, IV, Table des arlieulations. — Ces lettres lettes et clese..hirees par Aubain, les pieces furent recueil- lies par un Gentil-homme amy de Garnier, qui les abute avec de la cire, et y ayant, trouvé la mort conjurée contre Iuy, tout aussi-tost Ies luy ap-porte. E. P.AsQurEn, Recherches, V, 8, Ad.clitionner. — Recueillez, par parcelles, tou- tes les sommes mentionnées pa.r cest article, o I les abutezi avertmes les dix ans vous trouverez les quatre mille ma.res. E. PASQUIER, Recherches, IX, S6. (1ntra_ns.) — Le Roy de ce pays-là. a tellement accommodé les passages, qu’il faut que tous voya-geurs viennent abuter à 1111 palaiSi qu’il a fait bas-. tir aupres des chemins.. BERICIA.LBE DE VERVILLF.1 Voyage dee Princes fortunez, 317. Abyame, v. Al.èie, A bisme, Acabrer (si). Se cabrer. — Un meschant che- val malheureux, un jour en s’acabrant villaine-ment, se renversa. sur moy. BRA A NIMPiEl Cap. franç., le mareschai Bellegkarde (V, 211), Acacia, Aeaele. — Suc de acacie.. m isn. R VIII, 25. Acacia (féminin). — L’Aca.cia blanche se pou.r-ri t. en l’eau. Du PIN F.-T trad. de PIAN E.p XIII, 9. (G.) Acadcralé. — Tournant ainsi à toutes legeretez et conseilz, on demeureroit assez perptex, confus, et academié pour ne rien entreprendre. DU FAIL„ Contes diEutrapel., 27. — Cou.rbet traduit p4 : u. assoié. M. Philipot —voit dans acadeinié : un em- prunt à l’argot du jeu : confus, déconfit comme quelqu’un qui vient de se faire décaver dans une aca.demie de joueurs. » Di ; e pourrait-on pas. plutôt voir dans ce passage un souvenir de la 2e Acadé- mie, celle d’Arcésflas, et de la. 36 Académir, celle de Carnéa.de, puisque l’un et l’autro professaient le scepticisme et niaient la possibilité d9 la eer- titu.de ? Aeadernien, Disciple de Platon. — C’est Ia. vra.ye Psycogonie de Platon, tant. celebre< ! par les Aeademiens. RABELAIS’V, 35. Academique (subs0. Philosophe. — Mais si cela seulement pique Quelque petit Academique, Laissés aller les corramtans. PASSERAT, PeeSieS% 166. — (Dans cet exemple comme dans les deux suivants, académique, académiquement me sem- blent employés da.ns un sens. élargi.) A l’académique. A la manière des discussions philosophiques. — Il nous faut en eecy proceder l’Academique, je veux dire monstrer par bio.nnes lAables raisons ce qui n’est pas, et timidement asseurer qui peut estre. P4sQuiER, Re- cherch-es, Acaderniquement. la ma_nière des discus- sions philosophiques. — Ce qui n’est que proposé, secoué, et disputé problematiquement et acade-miquement. CEA ri HoNe Sage : 5Se7 Préface. Académiste. Chien acaclémi.gte. Chien. savant. 31.1.nge-loup, chien a.cadémiste, Chien assez sa-vant alchimiste. Var. hist. et IV, 265, Acagnarder. Accoutumer à la paresse, à rina.ction, — Il n’y a rien au niroiric… qui acan- gnarde plus les gens que les jeux, voire jusques à tenir leurs sens captifz, comme une espece de sor-cellerie. CA.L’ItiN 5 Lettres, 3i51/— Jusques à quand, fils d’Hector, sans rien faire Nous tiendras-tu sur ce bord solita.ire, Acagnardez en paresseux sejour, A boire, à rire, demener l’amour’? HoNsA, RD, Francia*, 11.5. S’acagnarder, S’accoutumer à la paresse, à — Voila un homme que s’il se voidoit advancer, est assez sage, mais il est trop non.- cha.la.nt, il ne demande qu’a, s’a.ccaig, narder là sans se mettre a.0 hazard. CALVIN, Serm. sur le de Job, 20 (XXXIII, 253), — En ce-pendant par soins et pa.r labeurs par travaux aiguise nos cœurs Diversement, de peur que nostre vie Ne s’accagnarde en paresse engourdie. RoNsARD, Poemes, L. I, à Jea.n de la Peruse (V, — Tels que. sont quasi les corps des femmes,. qui s’accai-gna.rdent et moisissent sous rombre. F. BBETIN trad. de LAuc.J ENI A nacarsi.5., 25. — Il n’a garde de s, 5acaigno.rder en oysivetté, ny aux plaisirs do sa court. B RA NT13111 E, CaP. este., Charles-Quine (I, 29). Aeagnardir (s’)i S’accoutumer à la paresse, à l’inaction. — Avez vous eu Ta_ moindre raison de VOUS estre plustost acagnardis ouir le bailetrient de, vos troupeaux, qu’il_ vous jetter en guerre avec nous.,. ? Tu. DE BkZ.E7 Canti9ue de Debora, Para- phrase. — Ces Gaulois siestoicnt tant acanihardis après les femmes et les richesses qu’ilz avoient gaignées, qu’ilz entrarent en peur n’ausofen sortir de la ville. I’Vfoinuc, Comment., L. VI (III, Aeaignarder, Acagnarder, Acancer (7), — Mance ma. Carite a son pied de Pegaze L’escarpe blanc-tiré, qui en-ayie sa baze. L. PAPoN, Disc, à’line Painphiie 31)). — (Peut-être faut-il lire ajance.)

Acangnarder, A.cagnarder.

Acanihardir (s'), v. Acagnardir (s').

Acantonner (s'). S'établir. — Si le roy leur hailloi L [aux huguenots I à choisir pour s'acanton- ner au. royaume clo France, ilz n'en pussent sceu choisir Ling plus à leur commodité et adva.nlaige qu'estilyià [le port. La Hi.-}chelle]. I'vloNLuc, Comment., L. VI 011, 166). — Que si ledit I sei- gneur de Guyse n'eu.st. faict ce qu.'il list [en défen- dant Metz], l'empereur se feust aquantond dans lo coeur de la Fra.nce. ID ., ib., L. VII (III, 467). Acappaye. (Commandement nautique.) — Han amure, amure bas. 1-1 au Uretacque, Cap e.n houlle. Desmanche le heai,iline. Accapaye. flA.1312,- LAIS, IV, ap. Accapaye, hall , s'escria Jamel maistre pilot, accapaye. 1D., ib. — dans son Co66aire Nautique, décla.re n'avoir ja.- mais vu ce mot que chez Rabelais : « H est difficilP de préciser le sons que. l'auteur de Panteign.rel vou- lut donner à ce terme ; tenir la cape, ou poui'.;ser le cap en. ko lie. -à-dire piquer au vent et affronter la lame? Probablement. c'est 'apayer qu'a. voulu dire le curé de Meudon. II Acaration, Confron La Lion. — Confrontations, nenni:ions, 1 ih Ill s, aluns iules, letres royauls, com pulsoires, declinatuires, RABF.LAI, 111, 39. Acarer. Confronter. Acariastre, aucuns le (let-luisent de ze4-1, c'est à ffire. test( eomme aussi ce qui se dit en quelques lieux, tarer des te,s.-moins, semble venir de la. I-I.. EsTIE NENE, Con.- tormité> 'Vols jranfois pris du grec. — envoya prier ln rune de ne raire mourir ce malheureux qu'il ne Pu st premieremen L acaré à luy et affronté, pour le faire desdire des menteries qu'il di. oit de luy. BRANTÔME" Cap. franç.., Al. de Guyse (IV, 25a). Acearer à qqn une arquebuse. Lui tirer un coup d'arquebuse en face. — Buzarto le tua c•uelle- ment, luy a.ccarant une grosse arquehus de qua• libre dans sa cuirasse. BRANTffirt F..5 Cap. frane... Al. de la Pallice (II, 3'79). Acariastre. Fout privé de raison. — Gens soullzmis... à la Lune, comme... Foiz L'cervelez, Acariastres, Esve.ntcz. R4ÉkBELA15" Pantagr. Pro- gnost., 5. — De telle maniere de gens sont venuz cn avant je ne sexy quelz accariastres, lesqueIz pro tendent orguilleusement la doctrine de l'Es- prit, inesprisan quant à eulz toute lecture. CA I.- VINi InStit. p. 24. — JE rie ver lx point.. pour- suyvre tous les Lesmoignages que 1-os accaria.stres Sorboniques prennent inconsideri.ment ç et là 11e l'EscriilIFICI POUF batailler contre nous. ID. VI, p. IA304 — Mais ces accariastres [vertigi- nosi] imaginent bien une tkuLre chose, que n'a pas (lire sa.inct. Luc. li),, Contre tes Libertins, 21 1217). — Quand on a dict que S. Acaire gua- rissoit les a.ca.riastres, je ne doute point qu'on n'ait regardé à l'origine de son nom. IL ESTI E N N Apoi. pour Her., 28 (Il, 312). — n'a trouvé ne veu vine ny village en ces païs !à, oit il n'y ait belle troupe. de ceste parenté, marquez pour estre cogliPuz tds qu'ils sont, à sçavoir fois et LI.Ce- riastres, d'un Turban verd. TitKvET, Cosmogr., \T I, 5. — Noll pas que je suis si accariastre de soickriir cc! qu allegue Gesnerus, savoir qu'en ces luik •-L des Indes lesdits moutons, brebis et chevrys, xcedenl, on grandeur le.-s asnes d' Egyp te, ib„ XI, 20.— En nostre apprenons un se- cret, C'est quo celuy qui se croie. plus discret Que la commune, est. un acariastre.11.„ PfiksQuIEB, Jeux poetiquAe, II, 10. — Quo veut dire que Bacchus a fait ses guerres et conquestes aussi bien avec des femmes qu'avec des hommes? et que ses restes Orgiennes estoient celebrees de trois ans en trois ans, par des femmes folles et a.cariastres, avec des hommes? OUILL. BoucnET„ lre Seree 1'7), — Les choses es tans telles que dessus, je trouve- rois trés-estrange, que k commun peuple n}eust esti provenu de ceste malheureuse opinion mais encore le trouverois-je plus estrange, après m'avoir tout au long ouy, y per-sistoit, et esti- me.rois celuy qui serait frappé à ce coing, non seu- lement opi niastre, ains acariastre, E. PAser Lettres, XI C, I . — Ils nous aideront hien et einpes- cheront bien que ces meschants Huguenots aca- riastres n'entrent aux Estes- Men., Har. M. le Lieutenani (p. 881; — Lesquels miracles no peuvent estre mis on doute, sans faire. l'aca- riastre, et dementir les livres, les histoires, 1a foy et creance de tout le monde. CliARRON, le.5' Trois Veritez, I, S. — Il s'a.git d'un nostre ['rue qui ne soit ni paye.n ni publicain, mais sous la, discipline et correction de I'Eglise, et neantmoins n'est pas inconvenient quil soit reprouvé, acariastre ef obstiné. SI. Fru Nçors DE SALES. Controverses, 1, 11, 2, ileasaner (e). S'établir, s'habituer à rester chez soi, dans l'inaction_ — Les Normands, qui encor portent le nom de leur païs, s'estans accasa- nez en France, se sont aussi arrestc . en un lieu. froid, el. bon pour les pasturages. TITEVET Cos- mogri, IX, 2, — Faut-il quo PI thaquois, après tarit de vacarmes, D'escarmouches, d'assauts, de combats et d'alarmes, Soit désormais domt par un sommeil flateux? Faut-il que la vertu d un prince belliqueux S'acasane si tost...? J. B E ilijiANP-RE'P(15, Ulysse, I (p.1.6. ne permet que leurs. esprits s'abastarclissent ou accasanent en veduptez et exercices de nonprix. E. PASQUIER1 Pour-parler du Prince (I, 1031). oasaaé. Habitué à ne pas sortir de chez soi, à rester dans l'inaction. .' A present et l'un et l'a.utre peuple sont accasa_ne.z, et ne se soucient que bien peu de la marine. THEVET, Cosenogr., I, 12, — Quelques ignorans, accasa nez en France, qui ne voyageront jamais. ib.., IX, 8. — Quel honneur peut avoir cil qui accasané N'a jamais rait essa.y du sort ou il est na y.„? NuysE- Œuvr. poet., 13 -vo. Acaser (BI). S.Y„itablir, s'installer_ — 0 pie ces 1.Fauvres Anglois, qui s'estoinct a.c.casés (lespuis trois cens ans dans la ville de Calais, dolveril, maudire la lascheté et poltronnerie de celuy qui si laschenient laissa perdre une si bonne place ! MoN- Luc, Comment., L. III {H, 113). — [Le Loth] S'acase aptes en Gaule r et chassé de Oascorigno, S'arreste en Portugal, Castille et. Catalongne.Du I3,é1/4,wrASI 2e' Semaine, 2,e Jour, les Colonies. —Tout ainsi !es ma,çons de la superbe Tour S'en vont es- parpillez, acazer à l'entour de Mesopotamie. ID., ih. — La prodigue moisson et l'onde qui ruisselle Par cent mille canaux au long d'un si beau lieu Qu'il seinhle estre moulé sur le jardin de Dieu, Troublent ton jugement, et Le font miserable, Acaser au milieu d'un peuple abborninable. 3e1Jour, la Vocation.— On n'oust jamais pensé qu'il (Birague] deust abandonner Thurin, d'où il estoit premier président, où de longue main il S'eSt accasé et habitué. B aA N Tô isl Ei Iran t71- le ,ie.a.resehal de Bourdillon (V, 178. — Le roy René de Scicifie, duc de Lorraine et d'Anjou, airnoit fort les Gascons... et s'en servit fort, si bien qu'il y en eut quel quel u.ns qui s'y accazèrent. In., Dise. sur les Duels (Vl, 235. — Jehan de Bourdeiile_ s'en alla après aux guerres de Naples d'alors sous Charles, duc d’Anjou, et s’y acaza. In., Or. Pin. rie R4 Bourdeille (X, 66). Acaeé. — Vous ne treuvez pas que les nymphes fussent. accasées entre l’onceine I des mu- railles d’une ville.. leur séjour n’estoit qu’aux fo- rk-sts, aux fontaines, aux monta.gries. CnoLIÈRss, Re Matinée, p. 276. Estant à’Purin, je passay par devant. la boutique d’un courdonnier… lequel s’e9pelloit maistre Blaize, de la Réole, mais acasé a Turin. BRANTÔNIE, Couronnele fronçons (VI, 156). S’aca-ser. so fixer [près de qqn]. — Un Gentil homme de nos parents… lequel depuis quelque temps s’est aceazé et servilement attaché à une Damoiselle de beaucoup moindre, condition qui) luy. AuFnuiÉ, Lettres de poiriers de seiridre, ri37), Acaste. Agate, — sarde, crisolicte Louable, .Amatiste, jaspe ou acaste, Et ligure t’est convenable.., inc. Foies. franç., X I I, 281. Acatalepsie. — Qui a esté. cause… aux Pyrro- niens de mettre ces opposez entre les arguments de leur* acatalepsie, c’est à dire inco.mprehensibi- lité. LA RAMÉS, DiCtiediépe, 1, 44. Accablement. Éc.rasement, — Ayant veu à Six_ l’espouventable et irreparable accablement survenu il y a quelques années par la (-Meute d’une piece de montagne. St FRANÇOIS DE, SALES ; Lettres, 714… Accabler. Écrmer. — Il ne dura en son regne non plus haut de huiet mois, estant subitement anc..ablé en la ville de Viterbe de la ni— d’une chambre qu’il y faisoit..bastir. Pn. DE MARNIX, if fer, de la Religi, I I, 17, 3. Précipiter. — 0 champs plaisans et doux ! ô vie heureuse et sainte ! Où, francs de tout soucy, nous n’avons point de crainte D’estre accablez en bas, quand phis ambitieux Et d’honneurs et de biens, nous voisinons les cieux !.D E SI’0 RIES, Bergeries. D iscours (Intrans.) Succomber. — J’accable saufs ceci fk grand faveur que vous me faites… je suis si débile, que je ne puis soustenir le grand faix de Pesperance que me donnez. LARIVEY, les Tromperies, V, 3. Accagnarder, Accaignarder, v. Acagnarder. Accaler+ Sorte de bateau. — 2-’iLvecques ria5- selles, barques, gondoles… accalers, piragues, ca.- rabes, canoues, Li LOYER, Hist. des Spectres, IV, 1’7, Accapi. — Quand donc un homme se sentira en tel trouble, qu’il ne pourra point arracher un seul mot en priant Dieu, qu’il sera là accapi„ et. qu’il ne sçaura par quel bout comnencer, 5. ; 1 faut-il enc.orP1.--. prier quoy en soit. CALVIN, Serin. sur k Can.- tique d’Ezeeleias, 2 (XXXV, 545). Accarer, v.. Acarer. Ac ruer(sl. S’acharner. Ni °ru :. aux Loupz ceste coustume Ne fut, ni aux Lions, Que sur leur dispareille plume De s’accarner Pelons. Luc DE LA PORTE, tract d’HortA_cE, Epodes, 7. Accasaner, Accaser, v. Acasaner, A raser. Accatz. Afeure aceatz. Rendre confus. — Ce qu’il y a n’est qu’un trop petit cas, Pour en parler entre les rhetoriques, Entre sçavans, procureur± :… advocatz, Et. gens lettrez : test seroys mis acca.tz De, rio vanter devant les theoricques Et gens parfaietz, en carmes heroïques. Bounn G N Pierre Faiteu, Enpow en maniere de ballade. Acceint. Enceinte. — C’est chose estrange, que Dieu ait esté courroucé jusques-là, que d’avoir… ACCEPTATEUR abandonné aux mains impures et pollues des peuples infideles son sainct Temple… avoir logé ceste impure nation dans ce brave, rnag, ni fiqu c., et religieux acceint, r(Imme dans les tentes d’un camp. Du VAin,..11.-dit. sur les lanient. Éle Jere- mie, 2. _Accenser 1. — L’aulx° par trop les oreilles m’offc…noe Quand pour allu me a voulu dire nreense. Cir. FONT.AINV” dais MA ROT ! Upstres, 52. Aceenser 2, Assenser. enser, donner à ferme. — Tov qui ton hien a : -.7.ense et. terre, A quelcun qu’est rnaulvais payi ! _1r, A luy te fauldra, avoir guerre. Ane. Pois. franç., Il, 74. — M. de Sainct Paul nie dit que M. l’Abbé. avoit laissé d’ae censer l’abbaye, selon qu’il rn’avoil. donné pa- roule, pour quelques pa.rolles laschees de voire Bart, qui estonnerent les fermiers qui sioffroyent. FraNçois DE SALES, Lettres, 202. Acceptable. — Qui rne sera un plai- sir acr..eptable rra voir 11.amo-nr d’ung tel soigne : lu notable. Ft COLLERYE Epistres, 20. — Cies- toit un Refuge amyable, C’estoiL un Refuge parfaict, C’estoit ung Refuge acceptable.. CfmtpiaineteS, 1. — En ce faisant, il z obe.yssen I a son commandement et volurité : et font chose ag- greable devant luy : d’autant qu’il denonGe qu’il n’a. chose plus acceptable que obeYSSanee. CAL- VIN’InSat. 5 X, p.. 528. — Nous sommes… con- damnez et convaineuz dovani Dieu, auquel rien n’est acceptable sinon jusLice, innoe.cnce et pu- reté.. ID., ib., XI, p. 588. — Ils allumerent sur les autelz de Marmorine devotz et. a.cceptabIes sa- crifices au souverain Juppiter. A. SzviN, trad. de BoccAcE, h Philocope, L. IV, 92, — 11 n’y a riens plus precieux ny plus acceptable à Dieu que distribuer aux po-vres de la labeur de. ses mains.. P. DE CHANGY1 Instit. de la femme chrestienne, I, 8. Aulcun chien blandissoit A son seigneur, et lu v applaudissoi t., Quand le voyait notamment en Pi table, Dont en effeet estoit fort acceptable son seigneur, ainsi comme a eeluy A qui don- noit passe temps non ennuy. EldkluDENT, Apo- topées d’Esope, I, 121E. — ensemble appeliez Mon peu….1iinchise, en priere acceptable. D e i..\- -u-REs, trad. de l’Eneidie, VII, p. 336. — L’amour 1..st souhaitable et acceptable de soy sans lis autres ehoses, et nulle autre chose n’est n3.— plai- sante ny aggreablt.i ! sans l’amour. MoNTA[Griz, -trad. de RAYMOND SudioN, ch. 111). — Les arbres ne nous donnent pas seulement les fruicts, niais.. ils nous ]es donnent meurs, plaisons et accep- tables. 1D., ib, , ch. 11/d. — Et ne m’est jamais tombé en fantasie… que ]es services d’un homme qui a dix mille livres de rente, ou qui a pris Casai, ou derendu Sicne, luy soyent commodes et plus acceptables, que d’un bon valet et bien expe- rimen té. In., Ess., I, 42 {I, 364). — 0 que mon allie est satisfaitte de l’exercice de penitence que nous avons fait ces jours passés, jours heureux, et ac- ceptzd)les, et enemorables1 St ii’RANçois DE SALES, Let ires, 288. — Ceste excellence qui les rendoit acceptables, multiplioit en elle le desir de leur donner rentree plus. familiere qu’aux autres. BE- RoALDE DE VERVILLE.5 1.70ya5e CIÉS PrifteeS nez, p. 232. .acceptateur„Acreptateur cfc persemizes. Celui qui lient compte clesconsidérations depersonnes, qui fait acception de personne. — Dieu n’est point acc.eptateiir des personnes : niais en toute nation ceIlly qui fait justice luy est plaisant. CAL- VIN, Instit., I, p, — Dieu n’est point ac- ceptateur de personnes, pource qu’il ne discerne point entre le Grec et le Juif, pour en avoir l’un aggreabie et rejetter l’autre, seulement à cause de la nation.. ID., ib., VIII, p. 484. Acc eptation. ccep lion, action de tenir compte des considérations de personnes. — Sans accepta- tion de personnes quiconque est Advocat ou Procu- reur au Parlement, il jouit de c.e bene lice. E. PAs- Qu’ER, Recherches, II, 3. — Il condamna par con- tumace tous les coupables, sans port, fabveur ni acceptation d’aucuns. L’II osrrrAL Reforne.. de la Justice, 2e partie (IV, 149). — Rendre la justice au peuple, autant aux petits qu’aux grands, sans acceptation de personne. ID., ib., rie partie (IV, 369). — Fais et garde justice, sur toutes choses, aux pauvres comme aux riches, aux estrangers comme ait x privez, sans avoir acceptation d per- sonne. AUBIGNÉ, Hist. Unie., V III, 1. Accepter. Faire acception de, tenir compte des considérations de personnes. — I] (M’oit à un chascun faire drain, sans varier ny accepter personne. RABELAIS, II, 13. — Compte rendront. devant Dieu de leur faict, Et. ce, stuy la lequel aura m.ieulx faict, Noble ou Justin sans accepter per. sonne Sera sautvé. J. Boucius, Epistres’morales du. Traverseur, II, in, 6. — Il est dit, Qu’il n’ac- cepte point la personne des rans mais que sans considerer les riches ne tes povres il met la main sur tous. CALVIN, Ser. sur je liv. de Job, 131 {X XXV, •63-1611). — Nous demandons Veu que Dieu n’accepte point les personnes, pourquoy pardonne-il plustost à. l’un qu’à l’autre ? ID., ib.., 134 (X X XV, 105). — Sire, le Seigneur vit, qui n’accepte personn.e. Et n’estime les traits dont ! e corps se façonne. DES MASURES, David combat- if-mg, 1340. — Dieu, qui n’accepte l’apparence des personnes, a ses esleus par toutes les nations du inonde. E _ ? IViA n NI X Corresp, etMelange$„ p. 405. — Dieu est juste, et n’accepte point l’ap- parente des personnes, ni des tiltres, mitres, digni- tés, eathedres ou siegcs+ 1n., Dinar. de la Relig„ I, nt,’7. (Proncincia.tion,) — CELTOPH. Or a, puis qu’on Affettio.re pour A ffeerion, aussi dit on Accater, pour AecEpter el. pareillement Acceualion. pour Acceptation ? — PunAus. Vous 11’011 devez point douter : car nous suivons la prononciation Ita- lienne aussi bien en l’un qu’en l’autre. ff. Es- TLENSE, 2.0 Dial. du, long. franç. ilatian. (II, 250, -Vauquelin de la Fresnaye fait rimer accepte avec houlete, dans les Foresteries, 1, 6., et avec einplaite, dans les Sa. franç., L. III, à J.-A. de. Baïf. Accepter (subst.). — Comme le donner est qua- lité ambitieuse, et de prerogative, aussi est. l’ac- cepter qualité de soumission. MoyrAiGNEI HI, (IV, 75). — Le determiner et le distribuer appar- tient à la maistrise„ et à la rege.nce r comme it la subjection et apprentissage, l’accepter. In., III, 11 (IV, 155). Accepteur. Accepteur de personnes. Celui qui tient compto des considérations de personnes, qui tait a_cception de personne. — Paris… n’est point accepteur de personnes, rie sousteneur de querelles iniques. LE MAIRE DÉ BELGT.1 1, 30. —e Les graves do Dieu ne se donnent poinc.t.. aux ilomin.es pour leurs noblesses et richesses, mals selon qu’il plaint à sa bonté, qui n’est poinct accepteur de personne, lequel eslit ce qu’il veult. MARG. DE NAV" HepiCtin., — Dieu en vou.i- droict, saulver Et l’autre aux tourmens re server, Sans quelque esgard aux œuvres bonnes Ou bien mauvaises qu’il prevoyt En nous, pe- cheurs ? Dire il fauldroyct Qu’il hi st accepteur d c. personnes, —11brai à cinq personnages, dans P. Du VAL, Théâtre mystiqu£, p.11, 7, — Dieu, qui de tout. ordonno Selon sa saincte volonté, En justice, graco et bonté, N’est poinet accepteur de per- sonne. Ib., p. 182. — S’il eslit ceux que bon lui semble, il est, a.ccepteur de personnes. Pourquoi pIustost l’un que l’autre ? CALV[N, Serm, sur le liv. de Job, 49 (XXXII !, 616). — Si on dit, Et il sernbleroit donc qu’il fust accepteur des per- sonnes. Non est, car il n’cslit point les riches pour laisser les povres,.. On ne dira donc pas qu’il y ait acception de personnes en Dieu. Jr,. Serm. sur l’Ep. aux Ephesiens, 2 (LI, 266). — Dieu n’est pas accepteur de l’apparence des persones, mais en toute gent celuy qui le craint et fait justice, il luy est aggreable. ID., Bible franç., Actes des Apostres, 10 (LVII, 322). Acception. Action de recevoir, acceptation. Dorme faveur et ]e support à filtre D’acception à ceste mienne Epistre. CuETIN, Poes., au Nom de le _Royne Marie. — Les tresors mobiles, portatitz et transitoires des Empereurs Phelippes, et ! ac- ception diceux par le Pape Fabian, causerent le premier SCII/SMC. LEMAIRE DE BELGES, SehiSirteS Conciles, ro part. 111.1, 252). — le receoit et embrasse comme nouvelle creature, avec les dons de son Esprit. Ceste est l’acception de la- quelle parle Sainet Pierre. CALvIbt, p. 4O7. — Nostre justice devant Dieu est une ac- ception, par laquelle nous recevant en sa grace, il nous tient pour justes. ID., ib., III, xi, 2. — Les fil:tees sont justes devant Dieu, non point par leurs œuvres, mais par acception gratuite. ID., xi, 22. — Les saisons n’y font quières rien ; ny leur acception ny election n’y a pas grand lieu. BRANTÔt1rEE, Dee Dames, part I (IX, 227). De grand’aeception, De. grand prix, — Je ne te scat’(monsii-mr) ny gré nt’grave D’avoir obtins a la presente place. C’est ascavoir ta benediction Vau quel’ne m’est de grand’acception Pourtant que sI elle oust vallu de sot’Un seul dernier’, ne l’eusse eue de. toy. HAUDENT, Apologues d’Esopc, Il, 103. Pretendre acception. Faire accepter. — Puis, c..ela fait, luy pria par amour Se transporter, sil avilit_ le ioysir, Chez un brodeur avec. luy, pour choisir Aucun chasuble, en donnant à. entendre A ce monsieur, auquel voulut prétendre Acception, que les parroissiens Et thresoriers jeunes et an- ciens D’un certain lieu luy avoien t donné charge D’acheter un chasuble beau et large Pour leur curé. Aile. Pus. franç., VI I, 184. Avoir acception.. Faire acception, tenir compte. — Maisqu’ils soient gens de bien, je n’a y accep- tion De leurs estats, cela List en leur option. E. PASQUiEft, Jer.12. peet, , III, Elegie. Accès. Assistance. Si sa menterie Faiet perdre a l’un des plaidons son proces, Sera dam- né, sans y trouver acces. 3. BOUCHET, Epistres mordes— du Traverseur, II, v, Ft. — Compte en rendront devant Dieu, sans acces. In., ib, II, IT, 16. Accessenr, v. Assesseur. Accession. Augmentation, addition. —La sa- gesse divine, et l’humaine sagesse n’ont autre dis- tinction, sinon que celle-la est éternelle. Or la du- rée n’est aucune accession à la sagesse. Parquoy nous vola compagnons, I’dorarrAiGNÉ.1 I I, 12 1(II, 218). — Laquelle louange, puis que nous ne la pouvons incorporer en luy [Dieu], d’autant qu’il n’y peut avoir accession de bien, nous l’attribuons à son nom. ID., II, 16 (III, 1). — Nulle sagesse ne va si avant, de concevoir la cause d’une tristesse, si vive et entiere, par jugement, qu’elle ne souffre accession par la presence, quand les yeux et les oreilles y mit leur part. III, 4 (III, 309-310). Addition, chose ajoutée. — Si penda.nt que l’œuvre s’imprime, it m’en survient quelqu’un des oubliez, ou que l’on m’advertis.se d’a.ucun nouvel ouvrage, nous ferons imprimer à la fin du livre une accession, ou il sera mis. Du VERDIEfil Bi- Prét. (G.), Attaque d’un mal, accès. — De la il alla tout- jours do pis eu pis, niant toutz les jours quatre accessions aveques paroxisrnes subintrants, qui commençoit par rigueur et finissoit par sueur. Texte de 1562 dans G. — Quand le fehricitant a esté purgé par le conseil du Medecin, tous les fris- sonnemens, alteraticFns, degoustemens, lassitudes de membres, et autres telles accessions s}en vont au moyen d’icelle medecine„ Du FMI), Contes trEutrapel, I. Accessoire. Situation difficile, fâcheuse ; em- barras, malheur ! danger, — Lin chascun d’eulx (comme la coustume est en tel accessoire) estait diligent pour soymesrnes, sans prester l’aureille aux ailmonitions dés capitaines. Trad. des cinq premiers livres des Annales de TACITE, I, p. 9. — [Les Syracusains] sa_ultoient à la foule dedans lps- vaisseaux des ennemys, et environnans les Bar• bares, estonnez et esperduz de se venir en telle accessoire, les mettaient salis mercy à l’espée. AislyoT, trad. de DunDom, XIV, 18. — Apperce- vant que ceux qui estoient d’autre faction que mn y en la Republique, me dressoient des em buselies… je trouvay ceste seule eschappatoire et seureté e n tels accessoires. F.. BRET1N, trad. de Luci.EN, Phalaris, I,. 2. — Combien qu’au Roy et au Parlement demeurant la victoire, comme il eS- toit raisonnable, toutesfois ne desirant plus reve- nir en cet accessoire… jamais on ne parla depuis delta reforrnation des entreprises que l’on faisoit à Rome sur les Ordinaires. E. PAsQuini., Re- cherches-, 111, 28. — C’est un mal commun à tous boys, de ne recognoistre jamais leurs fautes, que quand ils sont visitez de Dieu, et tou- tesfois en tels accessoires., quand ils commencent d’avoir recours à luy, par une contrition de cœur, ils sont ses mieux aimez. In., Lettres, X1.1, 7. — Et doit le sage en tels accessoires esquiver le plus qu’il peut, tout ainsi que le Nautonnier cale le voile à la tempeste. ID., Recherches, VI, t 1, – Nous Nrisincs.„., la Picardie pillée et ravagée par l’Anglois, le Languedoc et la Provence par les Im- periaux, secondez par les Adventuriers François. Car en tels accessoires, le soldat qui delîend ne fait pas moins de clegast que l’assaillant. ID.,. ib., VI, 12. — Le D u.ché de Milan serviroit deplanche et passage, et en tel accessoire y avoit danger qu’en passant, le Roy de France ne s’en voulust faire croire. ID., ib., VI, 28. Emre, , Fe irŒiWr, tomber cri accessoire. — Ji.- pense bien que ledict M. de Bressuire fut en gra.nd accessoire, après ceste lettre receue, pour attrappr ledict M. de Sainct-Lou ; car s’il y manqua, ne fautpoint doubter qu’il [Louis XI] n’entrast en mediance de luy. BRANTÔNic, Cap. franç., le roy Louys Xi (II, 342). — L’homme se trouvant en telles accessoires de visions, si pour se resoudre i] n’a du conseil, il est en douer de souffrir naufrage et perte de son âme. Lit Loir E D.5 Hist. des Spectres, VIII, 12. — Quand Us rencontrent quelque païs estrange, ils sont à deviner, et tombent bien sou- vent. en tel accessoire, que de douze ou quinze Navires, • qu’ils tireront de leurs ha.vres, s’ils voyagent longuement, il n’en reviendra pas six bon port. TFIEvRT, Cos, nogr, , XI 5’14 : — Com- ment. estois-tu si sot, puis que comme homme de cerveau tu ponvois discerner aisément que Pori- gine de ton mal-heur provenoit de tes richesses, que tu ne les abandonnois, premier que de tomber en tel accessoire ? E. PASQUIER, Pour-parle• de la Loy (I, 1051). — Les Italiens craignans de tomber au mes me accessoire qu >a u p aravan t, si on élisoi t un François, jettoient toutes leurs opinions sur cri qui Fust de leur Nation. ID., Recherches, III, 26. — -N’attendons doncques point cille nous tombions en tels accessoires. ID., Lb., HI, — ceste mesme facilité le fit tomber en un accessoire de plus dangereuse consequence. In., LettreS, VII, i0. Uii M. Bûver, Advocat, mien voisin, es- tant._ tombé en pareil accessoire de maladie, où les Medecins sernbloient avoir perdu leur latin, luy convié de son instinct, avoit par la malvoisie, retrouvé sa santé, ID.„ ib., XI Xe 16. Meilre, réduire en accessoire. — Adva.nturiers, que la picque on manye Pour les choquer et mettre en accessoire. MAROT, Ballades, 9. — Cette sienne proposition, pour avoir esté un peu trop largement et iniquement intorpretee, le mit au- trefois et tint long temps en grand accessoire à l’inquisition à Rome. MON TAIGN E, I, 25 (I, 183), — Ce pli nous acquierera force lions amis Catho- liques,.. qui l’ern.pescheront bien de leur ccFsté [l’hérétique] et le mettront en grand accessoire. i : SnÉLÉ. Men., I ! ar de Al. le Lieutenant (p. 86). Encore ne seeust.es-vous les empescher [les Reis- tres] de passer, et, s’il n’y eust eu que vous et les vostres qui vous en fussiez rueslez… ils fussent venez boire nostre via jusques à nos portes et vous eussent mis en merveilleux accessoire, Ib., Har. de Al. d’Aubray (p. 206). — Si fut la ad verty que Craterus estait bleeé à_ mort, et s’en alla en diligence la part où il gisolt… et en plorant chauldes larmes, luy prit la nain droitte, detes- tant et mauldissant Neoptolemus, par lequel il avoit esté reduit à_ si piteux accessoire. AmYoT, Er.unène, 7. — Croyez que me reduisez en un es- trange accessoire ; car de vous desobeïr, ce m’est conscience, et en vous abeïssant, je crains tout. E. PAsguiER, Lettres, XII, 10. A.ccessoire. Faute. — Ceux qui ont icy escrit, ne tomberont jamais en l’accessoire du Cordonnier, lequel aprés avoir controllé ses souliers represen- tez dans un tableau d’Apelle, voulant outrepasser ce qui estoit de son art, fut arresté5 tout court, par ce grand Peintre. E. PASQUIER, Lettres, VIII, IO. — Charles… respondit… que c’estoit contre tout l’ordre ancien de Rome, et de la France, que le Roy ordonné de Dieu pour reformer toutes les fautes de ses sujets, permist que eeluy eust re- cours à Rome, qui avoit esté condamné par un Synode Provincial en presence de son Metropoli- tain, et que jamais ses predecesseurs Roys de France, n’estaient tombez en cet accessoire. ID., Recherches, III, 12. — Les Chirurgiens furent citez pardeva.nt la Faculté de Medecine, à certain jour, sur ce qu’ils ordonnoient des clysteres, apo- sumes et Mederines, tout ainsi que les Medeeins… et sur les remous trames à eux foictes, promirent._ qu’à l’avenir ils ne tomberoient plus en cet accessoire. ID., ib, , IX, âl. Accherement. Mine. — Visage, et acchere- ment asseuré, plein de mansuetude, et auctorité. BUDÉ, ÉM. Prince, édit. J. Foucher, ch. 8. Accident, Aventure, événem.ent. Ilarius… ordonna par escript en langue Grecque les acci- dens du jeune roy Fleury et de la rogne Blanche- fleur. A. SEviri, trad. de BoccAcE, le Milocope, L. VIE, 174 ro. — Le jugement qu’elle fit des pre- miers Essays… et la vehemence farneuse dont elle m’ayma… sur la seule estime qu’elle en print de moy… c’est un accident de tres-digne conside- ration. MoriirrA.PGINTE, 1I, 17 (III, — J’advoue- ray n’avoir jamais esté. proche dr. : quelques signa- . lez accidens, ou sinistres ou houreuN, que je Ifell a.ye. e.0 quelque advertissement, ou en songe ou autrement. MARC. DE VALOIS, ildinOireS, p. 43. Malheur. Il {Sénèque condamne. à mort] se (lestourne sa femme, et l’embra.ssant estroitte- men t„ comme par la pesanteur de la douleur elle diUtilloit de cœur et de forces, la pria de porter un pli plus patiemment cet acciderit. MON TAIGIbi E5 Il, (II1, 183).— On le condamna à estre pendu et estranglé publiquement… Accident horrible et inouy. In., III, 6 (111, 412). Accidentaire. Qui n’est pas essentiel.. — La e.xprirne la sustance de la chose défi- nie, et le naturel fond d’elle. Et la. description peint. et colore seulement la chose descrite par ses propriétés et qualité ?. occidentaires. SEBILLFTI, Art poétique, 10. — Pour oster de J’impression des gens, que (i.k.stk.. appeience charnelle n’estoit la cause dont nous a.ymons, avi. : 4 voulu mairitenir •, estre unecallse accidentairu, PASQUIEFII Mond- , p hi L. 1 732). — Les autre.s differenees sont casuelles, et accidentaires. J. publi que, I, 6. — cathedre Ifentre pas en la definition de l’Eglise., n’estant qu’une simple circonsionr.e RI-Titien-taire. Pu. DE MARNIX ! Dif fer. de la 1, 1, 8. — On peut bien suppléer ce qui est acciden- : taire en lino chose. Du lierm.F1— A rrests pron. en. robe rouge, 6. — Le moi equivoque se prrind tousjours en sa_ principale significa.tion quand il est mis seul et sans limitation, et. non jamais pour les ca.tions accidentaires et moins principales. St FRANçois DE SALES1 Def. de ta Croix, 1V - . Dieu a princireale.raent establi le Mariage pour la production et honne.ste nourriture des ennuis, et c’est sa premiere fin. La seciionde est accidentaire. ID., Vie devote, II I, 38. Qui arrive fortuitement, qui n’a qu’une exis- . tence temporaire. — Car si le ciel csmeut pa_r son cours circulaire La Flamme, l’Air et Mau, c’est chose accidentaire. J. nu CHESNE, Grand Miroir du Monde, L. V, p. 160. — Car la Fia.mme n’est rien qu’accidentaire feu Qui su.bsiste en Uri corps. ID., ib.., L. V, p. 168. — Endurans avecques pa- tience et longo.nimité le mal venant à cause de leurs peehez qui ne peut estre pour tousjours, n’estant qu’ateidentaire et. diabolique. LE LOYEll* des Spectres, VIII, (En médecine.) — Lo. resolution d’une partie CRUSO CüilVtliSiOrt neeidentaire à l’autre. Amurt, PA ne., VIII, 11. — Reste à parler hriefvemeni de fuivre accidentaire. ID., XX, 1, 25, var. — Icelles evacuations ne sont pas tousjours cri- tiques, mais symptomatiques ou acciclentaires. In., XXIV, 40. Aecidental. Qui n’est pas essentiel. — 11 est uxpeclient (le monstrer icy, non seullement quelles sont Ies indulgences, comma ils en usent : mais du tout que c’est à les prendre en leu.r propre et meil- leure. nature, sans quelque qualité du vice occi- dental. C’ALvui, V, p. 33-1. — Si 1a mort ayant son origine. de la clieute Photrime est oc- cidentale, la restauration acquise par Jesus Christ appartient. aux rnesmes corps, qui sont devenus mortels par le pc.., chÈ.i. ID., ib., 111, xxv, 7.— Le donner a.ctuel est. plus grand que le pu t-ntiei, J’in- terieur que l’exterieur, le substantid que l’acci- dental. MONTAIGNF..„ trac], de R..’,..ym.0, : “." SEB0N1 — Cette cy [la spirituelle beauté] estoit icy principale : la corporelle, accidentaie et se-conde. ID., Ess., 1, 27 (1, 233). — L’esprit a_ ses maladies, ses defauts… les uns sont accidentaux, et qui luy arrivent d’ailleurs.. CnARRoN, Sagesse, Qui n’est pas habituel, qui se. produit fortuite- ment, par accident.— En ces tenebres parfondes, et en maintes autres bru’i'nes occidentales, le Ires- resplendissant Escarboucle de SOn experieni., L.„ ha surmonté lespesseur des noires ombres de toutes ses adversitez. LEDITAIRE DE. BELGEs, Cou.- roilne Margaritique (IV, 151). — La disposition occidentale qui luy estoit o.dvenue par trop hu-. mer de puree Sep tenibraie. RAI% F A.LS II 7, — Si l’empeschernent de la langue ne vient. point d’un vice naturel ou occidental, mais d’une obstina- tion de ne vouloir respondre, je m’efforceroy par tous les moyens (le ce monde qu’il parle. Lo uv EAU. trad. des Facetieuses Nuits de ST RA.ÉFA ROLE, IV, 1. — Une mort non occidentale ou fortuite, mais premeditee, pourpensee et deliberee. MoriTAEGNE, trait de RAY mem) SI : BON, ch. 259. — ri se faut servir de ces commodite.z accidentales et hors de ni e n e : n tant qu’elles nous sont plaisantes, • mais saiLs en foire nostre principal fondement. ID., Essais, I, 38 (I, aos). — [Le.s Stoïciens] res- pondent, que ce mouvement de Pame est extra.or- dinaire et de.sregié, venant en nous d’une impul- sion estrangere, occidentale et fortuite. ID" II, 14 (Il, 393). — Pour éviter les autres incommoditez accidentales, que le mespris des hommes luy pour- roit a.pporter. ID., II, 16 (III, 3). — Je corrigerois bien une erreur occidentale, de quoy je suis plein, ainsi que je cours inadverternment mais les im- perfections qui sont. moy ordinaires. et cons- tantes, ce seroill, trahison de les osier. In., III, 5 (111, — Soit sur les ordinaires necessités, soit sur les aocidentales. O. DE SERRES, Theatre d…4- Vl 14. Accidentalemelit, Pa.r l’effet des événements extérieurs, et non par l’effet de la nature. — Bien que Ie.s hommes soient uns et pareils., quant à leur nature, si reçoivent-ils occidentalement. de rine- qualité en —valeur et en. pris. Mo NTA [Ut’E, trad. de ftiii.Thickxn SE, e0N, ch. 61. — Ce n’est donc pas proprement, mais accidentalement, qu’elle nous cause ce vertueux desir de profiter en vertu. FRA ri-çois D’AmBoisE, Dial. et Devis des Damoiselles, 11, 262 ro,. Relativement à te qui n’est pas essentiel. — Considerez accidentalement ils se peuvent appel- ler drogues Rui guerissent les estourdissemens de l’ame. LA NOUE,. Diec. peA. et mil., XVIII, {P. 397. _Fortuitement.— Depuis, Henry prospera telle- ment, Qu’o.ut Acquitaine accidentallement. BoucnET, Epietres familierce Traverseur, 1. — Et si perdray tout net l’usag„e des vrayes utili- tez, qui accidentalement la suyvent par fol& ? lef r>rir — T II, 16 (HI, 13). pluspart desquilles maladies [des vignes] viennent acLidentaluinent, ou du temps, ou d’imprudence. O. DE SE" ELRZSI Theatre d’Agric., 5. Aceidieux. Insouciant. — [La Mort] Adverse, ague, ardante, agonieuse, Accidieuse, avare, am- bicieuse. Anc. poe. franç, , XIII, a92. Accipe. Maistre Accipe (nom donné par plai- santerie à celui qui veut prescrire comme un mé- decin). — Dictes-vous vray, maistre Accipe ? — Pour mieulx &mener bonne vie Vous serez gail- lard assouvye prenant ce bon recipe. DE CoLLEmY rd, Dia1. de deue eniaris (p. 104). Accipier. Recevoir (mot forgé pour-railler les latiniseurs). — Les unes, pour tes divices, pre- tendent raccipier pour cenjuge. Epistre du Ly-mosin, dans RABELAIS, III, 275.

Accognoistre, Faire accognoistre. Faire con- naître, faire savoir. — En quel lieu peult e.I encore estre? — Je vous le Leray acongnoistre Devant que de moy separer. Sotties, II, U3. — Et de sa part, ll me fart accognoistre a ii..-oluntÉ, son pays, et son estre. F. HABEB.T, Voyage de oinine riche. — l Iês puis d'un puis dia.utre fera Jupitêr, ohé vrenourri, Peurs' oz uméins mortéls ne se têt ako- noêtre sa pa.nse. BA.ir, fié Bezognes d'Eziode (V, 342)+ Accointahl ee Accueillant, aimable, gracieux.— J e me sça.urois bien rendre à. chascun accointable, Et fa.çonner mes n-kœurs aux mœurs du temps qui court. Du BELLAY, Regrets, — commencea à devenir presumptueux, et à tenir plus de gravité qu'il ne souloit auparavant, sortant. des termes de Prince' courtois et accola la_bie à tout le monde, AblyoT, Romulus, 6. — [Aristides] se monstroit le phis familier et le plus gracieux qu'il pouvoit envers e-ulx, rendant semblablement son com- pagnon accointable à tout le monde, ID„ A ris- tide, 23. — Si estoye-nt les Capitaines d'Othon plus accointables et plus gracieux à, traitter et parler aux villes et aux hommes privez et particu- liers, que n>estoyen I. pas ceulx de Vitellius. ID., OthOne 6. — Il n'y aura point un despit pour nous estranger de nos prochains : mais... nous serons faciles et accointables, (.ALVIN., Sem. sue rEpisÉre aux Galafes, 317 (LI, 48). Cretee, ami aux Muses accointables, Tousjours aimant les carmes de]ec- tabics+ Dis MASUnE5-1, Eneide, p. 487. — Or n'oust il de rien qu'il eust ainsi esté gra- cieux, accointable et humain, s'il eust eu aupres de luy un chien qui eust effroyé et chassé ceuIx qui eussent voulu recourir en franchise à luy., Agi ici, Demandes des choses romaines, – Estre sobre en habits, estre Prince accointa.ble, Et n'ouïr ny fia-Leurs ny menteurs à la table. RorisAnn, Bocage royal (III, 202). — Un coeur femiriin, Qui doit estre tout benin, Humain, cour- tois, accointable. P. DE BRACII, Foui es s_Med., L. I, Ode. — Accointables nymphettes Et en toutes beautez uniquement parfaites. Guy OE TOURS, Paradis d'Amour (II, 20). (En paillant des manières, de la mine.) — L'unie luy mimes'. une bea_ulté notable, Ung clair esprit, une grace acointable. AILe. Poe.. franç,, I, 231. — Te voyant ]'autre jour chez mon pore à la table, Sans barbe et chevelu,. de visage accointabIe„ Jeune, doux et courtois, tu me guignas le coeur. RoNsmili, Hymne de l'Esté (IV, 306). — Ou bien soit vostre, maintien Difficile, ou accointable, Tonsjours, Dame, je vous tien Beaucoup craintes et. plus amiable. PONTUS DE T À Rli, Nota). ŒL(1), Chançun_ (p, 173), — Tant me plaisoit, son acueil accointable, Tant la douceur de sa grace traitable. BAÏF, Poeme$, L. IX (II, 423). — Elle a sa race amiable. Sa façon est accointable, P. DE BRACH, POelneS, 1J+ He Ode de la Paix. Mal aecointable. Dépourvu de bonne grâce; — Sa cholere qui estoit impatient», et sou obstination inflexible de ne vouloir jamais ceder à personne, le rendoyent mal accointable, et mal propre pour vivre et converser entre les hommes. Am Y OT, COTiOtall.1 t.— Quant à Nicias ses richesses le rendoyent envié, et trouvoit on sa maniere de vivre trop estraq,re, d'estre ainsi mal accointable, et si peu populaire comme{il estoit. ID-1 Nking, t t. — Combien qu'il fus!. fort doulx mai et fort hun de sa nature, st est-ce qu'à le voir au visage, il monstroit estre austere et mal accoin- table. ID., Phocion., 5. — II n'y a rien si contraire à l'amitié!, rie si mal accointable, que liestre fas- choux, chagrin, tousjours reprenant, et Lousjours se plaignant, ID.} Comment discerner le flatteur d'avec l'amy, , 2. — I IS prennent... un visage refron- né qui ne rit jamais, austere, mal-gracieux et mal-accointable. In+, De l'Avarice et conorg'ie ise d'avoir, 7 . Accointance. Connaissance, Kquentation, -- Ceste Thargelia e,stant belle de visage, et ayant borine grace, ONee Un esprit vie, et. doux langage, eut, l'accointance de plusieurs grands per- sonnages de la Grece. Amy eT Péri sr24. - Mon pore..+ rechercha. avec grand soin et despence Fac- .cointance des hommes doctes. MONTA1GN E I 1,12 (11, 14'2). — Nous voyons les cheva_ux prendre. certaine accointance des uns aux autres, jusques nous mettre en peine pour les faire vivre ou voyager separernent. ID.. ib. 01, 104). — Le grand sultan Soliman... J'envoya recherchez. d'ami- tié et a.c.cointance. linANTôm.F..., Cap. franç., l'ad- mirai de Chastillon (1-V, 207). Accointe. Amie, amante. —lF Ille, soyez on habit courte, Et vous parez de grands vertus Sans faulx semblant, ne ris, n'abus Faire à ceulx dont estes aceinte. Ane. Poés. franç., 11, 19. — Dame Venus ton accointe lita rait faire. ceste, nuict un beau chef d' oeuvre. LEMAIRE DE BELGES, ililter.7 8+ — Elle [Venus] est trop amoureuse et ac- cointe de Mars, le grand Dieu des batailles. ID., Concorde des deux Langages, Prolôgue. (Adj.) — Union. Concorde, simple..+ frater- nelle, conjointe ou accointe. M, DE LA Po Epi- Accointé (subst.). Ami. — Ce petit amas de rymes... lequel, en le lisant> sera suffisant,., de la faire regretter non seulement a ses accointées, relais aussi à toute personne de. vertu+ l'ou•oiNE n u Mo u rr1N# au.A! Dames Lyonewises, Préface des mes de Pernett.e du. Guillet. Amant. — Apollo envieux de lhonneur de Ve- nus, et pour causer despit et stomachation à elle et à Mars son accointé... refit signe de la main pour obtenir silence. LIEllpfAIRE DE BELGES, Iiiusfr., I, 34. Aceointement. Liaison. — Le venir} l'ouyr, Je parler, le touche.r Finoient le but de mon conten- tement, Tant que le bien qu'Amantz ont sur tout cher N'eust moques liou en nostre accointement. -1‘1_ AuRICE SIC:EFE7 Deir, Accointer (trans.).. Aborder, fréquenter. — Dante Prudence print la ires sale duchesse parta main, et dame Espe.rance acointa sa tres cluiere Mlle} e L toutes les aultres vertus les suivirent deux a deux. LEMAIRE DE BELGES, le Temple d> Honneur et de Vertus (IV, 235). — Ses meurs aiii,Yoyent de nature une certaine haultaineté et austerité ma- laisetr à abborder e t malgracieuse à accointer. AMYOT} Dion, 8. — Je peregrin.e... non pour cher- cher des Gra.scons... je cherche des Grecs piustost, et des Persans : j'accointe ceux la, je les considere. MoNTA.icru.., III, 9 (IV, 99). — n les fuyoit comme personnes excommuniees.„ personne ne les saluoil ni accointoit. ID., HI, 12 (IV, 193). — je ha y ceux qui su.ivent. le vice, Et leur deffe.ns de m'accointer. DE.srioaTEs, P.F. de David, 100. Se lier avec. — Ledict Seigneur de Bonnivet accointa peu à peu ce Gentil homme par telle doulceur et finesse qu'il ne s'apperceut de liocca.- s'on, mais l'aima si pa.rfaictement qu'après sa Dame c'estoit la créature du monde qu'il aimoit le plus. M4RG. DE NAV" Heptane" 14. — En sa jeunesse accointa le Capitaine Chabrias, et le suyvit., apprenant de iuy beaucoup de choses appartenantes au faiet de la guerre, et reciproquement aussi le corrigeant de quelques imperfections qu’il avoit de nature. Am vo.r, Phocion, 6.

— Amy, qu’en la prime jeunesse Vacointay chez le bon l’usait. Poemes, Li. IV (II., 202). Se familiariser avec. — Il appartient : à un seul ocrates, d’accointer la mort d’un visage ordi- naire, s’en apprivoiser et s’en jouer. MoNTA1GNE, III, 4 (III, 303). — Peu y a qui considerent les .maux en eux mesmes, qui les gour Lent et accointent, comme fit Socrates la mort. CHARBON, Sa- gesse., III, 29. (Dans ta phrase de Montaigne, accointe, — peut aussi bien signifier aborder, mais Charron, qui imite Montaigne, donne au mot le sens de se familiariser avec.) Avoir des relations d’amour avec qqn. — En tel païs portent pour marque d’honneur autant de belles hou pes frange.s au bord de leurs robes, qu’elles ont accointé de masles. MorvrArcm., 1, 22 (I, 131).. Disposer. — Si faut il, troupe eshaudie, Que je die Noir m3.-steres esba.udiz, Les celebrant sur ]a • harpe Weil écharpe Phebus m.’acointa jadis. O. Dr. MAe : NY, Gayete2., les Martinales. S’accointer de. S’approcher de, s’unir à.— Et la Veau se joint à un Amant Comme le fer s’ac- cointe de l’Aimant.. J. PAssERAT, Œtw. poet., I, 3-1. Aborder, entrer en relations avec, fréquenter. Cestuy marchant print dévocion de faire dire une messe toutes les !.iepmaines, et s’accointa d’ung prestre, appellé Jehan, qui luy di- soit sa messe tous 1*. ; samedis. Nrcoi..A.s TROYÉS, Grand Parangon, 30. — Et tu eusses suie y peut entre Non une fois, mais raille fois, Les Cours des Papes et des Rois, Sans t’accointer d’un si bon maistre. RoNsA.Rni Odes, V,. 24, — En disant. que Job s’a.cointe de Dieu, il entend qu’au paravant il s’es estoit retiré. CA.Lvms, Serin. sur le liv. de Job, 86 XXX IV, 315). — Depuis qu’il eut esté esteu capitaine, jamais il ne se trouva au conseil avec ses autres compagnons, ny jamais rte s’approcha ny ne s’accointa d’eulx. MelYoT, trad. de Di000ftE., XIII, 29. — Caton… s’accointa de Antipater Tyrien„ philosophe Stoïque… embra- sant l’exercice de toute vertu, avec une si grande, affection, qu’il sembloit proprement qu’il y Fust poulsé par quelque divine inspiration. ID., Caton d’Utique, Ii. — D’ernbas la troupe saincte autre- fois an-to-ureuse, Nous honorant sur tous, Viendra nous saluer, s’estimant bien-heureuse De s’ac- cointer de, nous. Ro Ns rup _Amozirs diverses, Chan- . son’à (I, 3fi5), — Hante les bons, des meschans ne Vacointe. PIBIIAC Quatrains, 35. — Une femme… s’estant à son lever accointée de ses voisines comme de coustume, leur laissa couler quelque mot de recommendation de ses affaires, TA rGNE, II, 29 (III, 122). — Et des trompeurs qui masquent leur courage, Je n’a voulu tant soit Peu m’accointer. DEsPort.TEs, Ps. de David, 25. — Fig.. : [Euripidesi conseille et commande aux gou- verneurs de fouir l’ambition comme une trespes- tilente et mortelle furie à cent’qui s’accointent d’elle. A m YOT, Sylla, 4, l’1"14-1CCUinter de. Avoir des reia.tions d’amour avec. — La 1)te.sse Venus daigna bien sacoirder de Iuy, tant quil engendra en elle le tort Eneas. LEMAIRE DE BELGE, 5, Ji/ 11, st r I, 22. — Celui pre- "nier qui de moy s’acointa., Avec.’sa mort mes amours emporta. Du BELLAY, Eneide, IV 342). — Ii s’accointa de ceste Laurentia, et l’aima tel- . lement, que depuis venant à mourir, il la laissa son heritiere de plusieurs grands biéns. AmyoT, Roneuly_s, 5, — Ln premiere Dame de qui Alexan- dre s’accointa en _Asie, fut Barsine, fille d’Artaba- zus, de laquelle il eut un fliz qui fut nommé Her- cules. ID., Eumène, 1. S’accointer à. Se familiariser avec. J’a y au moins ce profit de la cholique, que ce que je n’avoy encore peu sur moy, pour me concilier du tout, et m’accointer à la mort, elle le parfera. MoNrAiGNE, II, 37 (Hi, 201). Accoisement Apaisement, calme. — Fo cœurs, par les promesses sacrees que la divine Bonté nous a faites, demeurent tout à fait a.ccoi- sés. Et cet accoiseinent est la racine de ta tres- saincte vertu que nous appelions esperance. st FRANÇOIS DE SALES, Amtir de Dieu, II, 16. — Par un certain accoisement et repos que leur es- prit prend en elle [la présence de la personne ai- niée]. In., ib., VI, 8. — Toutes Ies puissances de nos aines entrent en un aggreabl.e repos, avec un accoysernent si parfait, qu’il n’y a plus aucun sen* tinrent que celu y de la volonté. ID., ib., VI, 9. — c sacrifice a esté appellé le sacrifice d’accoise- ment et de pacification. ID., Sermons recueillis, 30 {IX 28n Ac viser. Apaiser, calmer [au sens matériel’. — A ces chansons les chesnes °Teillez Abaisseront leurs chefs esinerveillez.„ Et par les prez les es ton- nez ruisseaux Pour t’imiter avcoiseront leurs. eaux. R.oNsAan, Pocme8, L. II (V, 262). — Le Beril que je chante, est une pierre fine, Imitant le verni— gay des eaux de la marine, Quand les fiers Aquilons mollement accoisez Ont fait place aux Zephyrs sur les flots reposez. BELLE AU AMOUrS des Pierres pretieuses, le Ber i1. — Calmez la mer, accoisez la tempeste„ Et ma navire avoyez d’un bras fort. _BAÏF, Poeines, L. II (II, 85). — Et toy, Perec Eternel, qui d’un mot seulement Accoises la fureur de liondeux Eiement. Du BARTAS, ire Se- "naine, 5e Jou’, — Visitez ceste mer par mes chants acoisee. ID., ib. — I uL pren pour m’asservir cet arc tant. redouté, Qui de Jupiter mesme accoise la tempeste. DESPORTES, Amours dllippoiyie, la. — (Au sens moral.) Tou Sour et tous ours j’aper- çoy Une grande tourbe apres toy Tachant d’apai- ser ses querelles. 0.. DE, MAGNY, OdfM I, 87. — Encores vous faut.-il d’un courage adcloucy Com- ploter quelque fin à ce discord icy Vous devez accoiser ce turbulent orage, Et sauver par pitié le reste du naufrage. H.. GARMER, Forcie, 875. — Accoisant et flattant les Mens felonnes Des Tigres affamez, et des ileres Lyonnes. BELLE AU, itenours des Pierres precieuses, les A MOILFS de — Le priant [Dieu)… D’accoiser en nos cœurs les passions diverses Qui naissent du limon de nos humeurs perverses. DU HANTAS, 1 Se- maine, 4e Jour. — La France en partis divisée Sent enfin sa rage accoisée. DESPORTES., Diane, L. Complainte. — Il nous faut la triste chan- son Dont accoise son marriçon La gente Philo- mele. R. GA a ritEn, Marc Antoine, 328. Mais tout cela ne peut accoiser les regrets Que j’a y de veoir un Juif grimper sur les degrets De ce Palais Royal. P. MArrumu, Aman, 111 (p. 72). — S’il est expe- (lien t. do vous plaindre à quelqu’un, ou pour rente- dier à l’offense, ou polir accoiser vostre esprit, ïl faut que ce soit à des anges tranquilles et qui ayment bien Dieu, St FRANÇots DE SALES, Vie devole, III, à. S’occulter. S’apaiser, se calmer. — Le doux Ze- phyre un doux souspir de.s.serre, Et tous muets s’a.cco.isent les ruisseaux. RONSARD, Arneurs 67— cassandre. _ Pa y donc, fay donc, Amour, qu mes douleurs s’apaisent, Que mon feu eamortise et mes 5011SpirS S58.CeoiSerit. BELLE A Ui BergeriA 2C fourni, Eclogue sur la guarison d’Amour. Le murmure des eaux leurs cours arnmoncelans Par les champs ravagez, ne bruit de telle noise Que ce chaos bouillant q-ui dans rnoy ne si’accoise. Am. JAMYN, Poesies, L. V, 165 vo. — Mon coa.ur s’esgaye et ma bouche n’est close, Voire rua ch.a.ir s’accoise en seureté. DESPORTES, PS— de David, 15. — L’ante recueillie en son Dieu, pou rquoy, vous s’inquieteroit-elle ? n’a. elle pas sujet do s’ac- coiser et demeurer en repos ? St FRANçois DE Sm, Es, Am-our de Diee..e, VI, 9. — La. guerre d’Ita- lie, par les grandes despense.s intérests des princes, s’accoise. AuBLoNÉ, Hist, Univi, I, 13.. Accoit. Acquiescement. — Combien que cha- cun des autres pays y— eust donné liberallernent son accoit, neantmoins les deputez de Flandres… de- mand.erent jour de retrette sur le fait de la re- cel : ilion de raadicte dame. LEMAIRE DE BELGES, Chronique annale (IV, 491). .A.cicoI. Accolade. — Mon col, qui eut Paccol de chevalier, Est aceollé de trop mortel collier. N[A- ROT, Etegies, 22 (C’est Jacques de Semblançay qui parle). Accolement, Accoler, v. Aecollemeul, Ac- Accolerye. Embrassement. — Relever fault son amy quant il elle, De cu.eur entier 4-bn doulce a_ccolerye Raison me rneult. R. LIE C01.1 n Ej Ron-deaux, Accollée. Accolade, embrassement. — Frere Ja.n de pari le diable, l’acollee, mon arny. A mu y la brassee… que je te esrene d+, — force de Vacoiler. Ii.AnELAis, I., 39.— Mille bons jours viendront de tous coste7….. Lors que de chere et grandes &cep- lees. MA Poo-r, Epistres, 43. — celle fin que… Ca- nope je puisse estre accollant, Qui en ta lettre est. pa.r toy recollée, Et que par toy j’aye son accollée. Jr Bo irCHET, Epistres lame. du Traverseter, 65. —- Par trois fois ressayay d’arrester vollee, Luy donnant de mes bra.s une estroite accollee. BER-T A UT tra_d. du 2e livre de 1’Eneide (p. 280). (Spécialement.) L’accolade die la chevalerie. — Ce Prince Sarrazin desira d’avoir Paccollee, par la main de ce vaillant chev.dier Chrestien. FAU-CH F.Ti Origines des chevaiiers, 1, 1. Acconement. Embrassement. — Venez, venez plustost donner contentement Par un plus dou- cereux et long accoliernent. GREvIN, l’Olimpe, p. 12. — Tousjours je desire Appaiser ce plaisant martrire, Qu’elle pourroit aucun.ement Contenter par accollernent, L. II de l’Olimpe, p. 263. — Approcha.nt de Monfort, les citoyens venoient, Qui d’un accolement Saluste bien-venoient. P. DE BRACIT Paernes et Mes-1., L. 111, VDyage en Go, 1/47- cogne. — Alors que tu entortilles Mon. col où tu. te pandilles D’un folastre accollement. GUY DE TOLIRS Mignardises amoureuses (11, 37). — Me proposant aller a.ux desirez accollemens, aux chers ernbrassernens de ma très douce amie. LA Fu-VEY le Fidelle, IV, Li. Aecolier> Embrasser en mettant les bras au- tour du. cou ou du corps. — Les meres larincly.rins de joye non esperee, coururent aux colz leurs treschers enfans, pour les baiser et bienveignier et les pucelles accollerent doucement leurs ires- desirez amis. LEMAIRE DR BELGES., I, 23. — Comment te va ? — Pa.r le corps bleu (beau sire) Je ne te le daignerois dire Sans t’accoller. Çà ceste eschine De l’autre bra.s que je Ves.chine De fine force d’accola_des. MA ROT„ Die de deux amou- reux, — Theagenes bouillon d’ardeur, et enra- geoit de combatre, de sorte que Chariclea, et [’Roy, eusrnes bien à faire à le retenir, en l’acconnt. yoT, H ist. 2Ethiop., L. V, 59 1.70. — 11alicorne feta de tous festoyé, salué, et. accollé à double rebras. RABELAIS„ IV, 4. — Ainsi tout mignard l’enfant nice Entre les bras de sa. nourrice La baise et l’a_colle cent fois.. BA : iie, Aïnou, de Francin, e, L. IV (I, 268). — Tousjours il m’accoloit d’une chaude ambrassée. Rom A RD Hyrnne de l’Esté (IV 205). — Si fut un spectacle fort. plaisant aux yeulx de ceulx qui ; y turent prescris de voir… les entre- veues et caresses des a.mis qui s’entrembrassoyent et accoloyent arnia.ble.ment. /es uns les autres. Amïo’r, Antoine, 35. — 0 la_ pitié de voir les meres desolees, De leurs piteux enfans tendre- ment acoIee.s, S’en aler d’huis en huis leur vie que- [’m'Ader. BAÏF, Poemeg, L. V {II, 226). — Ceste Andromache, à. qui l’estomac fend D’aise et de crainte, accolloit son enfant A plis serrez comme fait le lierre Qui bras sur bras les murailles en- serre. RoNsAlt.n, Franciade, L. I (III, 33). — A quoy cet euil qui luit S’il ne eaproche ? à quoy ces bras s>ilz ne m’accolon I ? A I_FBi(.. ; rd, Prirntems, 40 (III, — ào me dresse la teste, et mes deux bras je rue Pour cuider rembra.sser, niais l’ombre disparue Me frauda. tromperesse, et l’accolant souvent Je me trouvay tousjours n’accoler que du vent. H. GARNIER Cornelie, 706, — Je vouloyluy respondre alors qu’il s’envola, Et mon embrasse- ment rien que vent n’accola. 1)E…s’ion-Es, Elegie.s., L. II, Cleophon, — Thcoxena… aceolIa_nt cl-ea.u- de.ment son mary Suyvons ces garçons, mon ainy, et jouyssons momie sepulture avec eux. Et se tenants, ainsin embra.ssez, se precipiterent. MoNTAIGNE., II, 27 (III, 113’. — La comtes.se… remercia le roy, et puis vint. devant. tout le mande baiser et accoler de bon cœ.ur sort filleul. BRAN- riiÔfin Fi, Dise. sur les Duels (VI, 248). — Quiconque, viendra à ma porte m’annoncer la guérison du roy mon frère, tel courrier, fût-il Ias, arassé, fangeux et malpropre, je Pyray baiser et accoller, comrae le plus propre prince et gentilhomme de France. I)es Dames, part. I, Marg, , reine de Nay. (V111, 119). — Lors se tournant vers mov, Wang : plie à tour de bras, et tout petillant. Doux comme une espousee, à la joue il me baise. REGNIE.B., Sat. 8. — Les _bras qui son col plus n’ai.— coIent„ Tragiques., 1 rIV 45). (Au figur6..) — Aussi affin qu’encor un coup raccolie La court du Roy, ma maistresse d’es- colle. MAROT ! Epistres, 43. — Je ne te prie pa.s de me faire enroller Au rang de ces messieurs que la faveur accolle. BELLAY, Regreis, 96. — Si tu n’accroies la mort, au moins tu luy touches en pa.urne une fois le mois. MONTAIGNE, 13 (IV, 2FÉ7). — Jà la vigne amoure.use ;..lccole en mainte sorte D’un bras entortillé son mary qui la porte. Du BAHTA$., ire Semaine, 3e Jour. — [Le herre I corrompt et ruyne la paroy qu’il accole. MON- TAIGNE, I ri 10 (IV, 1-26). Accoler qqn de qqch. Lui en entourer le cou. — C’est le sainct nom du pape, qui accolle Les chiens d’Enfer (s’il luy plaist) d’une estolle. MARCFT, l’Enfer. Porter sur le cou. — S’il me faloit acoller un joug si rude, quo d’estre tousjours occupé apres toy en ces spiritualit.ez, je ne le porterois gueres loin sans le. secouer, et gagner les champs. Trad. de GSLLL„ Disc. fantast. de /cadi ?. Tonnelier, Disc. 10 (p. 335). Acconetter. Prendre par Ie conet.— Ung des miens accolletta celuy qui portoict l’enseigne, mais il se deffict bravement de lu : ±, r, et sauta dans le ChOlnin. MONLUC, CoMenenli, Li II (I, 425).

Accolt, v. Accort.

Accombler. Combler. — Ottroye moy, je te prie, ô Boy Jupiter, que cestuycy qui rra ha accom- blé de tant de maux, soitpuny selon ses d01.1-w- rites. LEta A IRE D F.. BE ToriES, IlietStr., I I, Porter au comble. — Je vous supp.ly, accornblez vos effors A ce coup ey. COLIN BucatEn, Poesies, .107. Acconibié. Rempli+ — Si Mort est Here, et ses faits desreiglez, Si est Amour dangereux et fa- rouche, Et tous ckux sont d'inconstance. accomblez. LE mAIRE. _lit BEt.GEs, let Conte de Cit,pitk et d' Atropos (III, 42). EsÉre accomblé de ses souhaits. Les voir accom- plis. — Or estoit oile [Hélène] alors... toute envi- ronnee de pompe et de delices royales, accomblee de tous les souhaits que femme de prince sauroit demander en ce monde. LEMÂ1PLE DIE BI.ILGSSI ilittStr., II, 4. Accommencer. Commencer.— Je seray forcé e recepvoir la mort ja acommencee, MAuRicE SCÈVE:, let Deplourable Fin de Fia effet eh. 43. — Si les oeuvres sont. esthnées en elfes-rnesmes, elles ne m.enaceront pas moins l'homme de rire de Dieu par leur imperfection, qu'elles luy tesmoignwiont sa benevolence par leur pureté tellement quelle- ment accommencée. CALvIN, VI, p. 290. Les fideles, cependant qu'ilz sont environnez de leur chair mortelle, sont encares pecheurs, et leurs œuvres seulement acommencéese ID-1 ib., \fi, p. 408. — 11 semble aussi qu'il vous ait reservé les aultres moic.ns d'amener à perfection ce qui] luy a pieu d'accommencer. I D lf.ttres, 3950. — J'acommence mon oeuvre par l'exalta- tion d'aucuns grands capitaynes. BRAN7ÔNEI Cap. estr., Charles (pin, Cl, 9, var.). — Il delria et fit signe de la main avec. le gantellet, et de la voix, au capitaine La Mole., d'acconilnencer le combat avant les autres. ID., Cap. estr+, Alislterand Man- druzzo (1, 347-348. — Ainsi ledict prince accorn- mença la guerre. Ire., Cap_ /rami., le mareschal de Vieilleville (V, 52).. — Elle accommençoit ses pro- pos toujours par l'amour de Dieu. ID., des Dames, part. II (IX, 582). iAvers un infinitif complément). — Fiamette... acommença a regarder, MAuRICE SCÈVE r la Deplourable Fin de 'lao te, ch. 17. — Quant. ilz acommencent a aymer. ,, ib., ch. 19_ — Eux se mirent à. luy jettera force 1..au béniste... et accom- mençarent après à faire hiurs exorcismes et orai- sons. BRANTÔ/i1E, Cap. este., le moresekal d'Es- trozze (1I, 256). — Souvent en vers j'aceommençay d'eserire. VAsQuir.; PHILIELTI trad. de PETHARQUE, L. 1, S. 5. (Sans complément.) —I l faut maintenant ve- nir à nos braves François.... Et pour mieux accom- mencer, je viens a nostre brave et gentil Foy Charles VIIIe du nom. 13n.ANTibIE, Cap. cari, le mareschal d'Eserozze (li, 282). eaccornmeneer. Commencer. — Là_ où s'aceorn- mança. un grand combat et si furieux, qu'on oust digit que ce fût esté à bon escient. BBA rirrô M ri, Cap. franç., te grand roy Henry11 (III, 255 Accommodeible. _.4e-columodable à. — Que l'exercice soit un, accommodable à plusieurs et à tous, qui. est le propre office de la gymna.stique. L. LE Roy, trad. des Poliliques d'ArusTorE, IV, L — Le proffiet et Putilité luy est accommodable [à la créature], non pas l'honneur. MONTAIGNE, trad. de RAYMOND SE.noN, ch. 181, — Plutarque a les opinions Platoniques, douces et accornmo- clables à la société civile. ID., Ess›, I I, 10 (11,115). —Chacun i qui mieux mieux, va plastrant et con- fortant cette creance re.ceue, de tout ce que peut sa raison, qui est un mil sou.pple contournable et accommodable . toute figure. In., II.. 12 (II, 290), — [La raison] C'est un instrument de plomb et de cire, a.longeable, pioyabie, et accommodable à. tout biais et à toute mesure. IDi, il?. 01,ue), Accommodateur. — Quant. à ceste accommo- dation d'oreilles, dont vous avez parlé naguore, comment se fait-elle? y a-il maintenant en la cour des accommodateurs d'oreilles?... Ou bien ceste accommodation d'oreilles se fait-elle point par le moyen de quelques pendants qu'on y attache? H. ESTIENNE:, 2e Die du Lang. rai ç. (11, 26•). Accommodation, v. Accommoder. Ac commodément. Dune. façon appropriée, convenable, commode. — Proprement et accom- modérnent parler des choses basses et petites. BuD E, Instii. du Prince, ch. 15. -- Il ne fault pas requerir d'elle Pa science harmoniqu el, qu'elle donne la cognoi7-sa.nce, et qu'elle puisse discerner, si. le poëte a biF.ri pris proprement et accommo- deement pour ex_emple en musique, la mode Hy- podoriene en. son entree. AMYOT, .De la Mzdisipe„ 33. — Nostre vertueux pere-de-fa.mille se main- tiendra gaiment en son mesnage, y vivra accommodérnent. O. DE SERRES5 Théâtre d'Agric., 'III, 17. _-grippa d'Aubigné blâme l'emploi de ce mot Encores voudrois-je, disoit maistre Gervais, que cette Grammaire Fust chastree d'une grande quanti Le d'adverbes, comme... spirituellement, ineffablement, accommodement... cet. accommo- dement est ternie de haute voilerie ou de gibe- ciere, ou style de bourreau pour raccommode- ment de la corde au patient. Faeneste, 11E, 22. Accommoder. Disposer en vue de la commo- dité ou de la beauté, rendre commode, — Pour accommoder ma maison, jé di liberlé dedans huic- laine dernolir iceluy figuier, RATIELÀ15 IV, An- cien prologue. — Je. luy dy... qu'il luy sieroit mieux.„ de laisser à son fils sa maison principale, car il n'avoit que celle-là de bien logée et accom- modée. MoNTLEG.Ne., I1, 8. (II, 84.). — J'accom- rnodois nia grave, agençois mon visage... Je von- lois sembler belle. Ft.r.GNIER, Phylis. Accommoder qqn de qqch. Lui fournir qqch, mettre( midi à sa disposition. — Themistocles... s'enfouyt une 'valet du royaume des Molosses, avec leport et aide du Roy qui le feit accommo- der de toutes choses. Amyot, trad. de DlorioRE, XI, 22. — J'en ay escrit à ceulx de Lectoure... et aultkes villes de mon gouvernement, qui sont sur son chemin, le recevoir et traiter humainement et l'a.ccomm.oder de ce qu'il auroit besoin. MoNwic., Leures, 140. — Ceulx de Tarbes ont grand ne-. cessité de pouldre.„ Je vous prie, Monsieur, les en ii•oulioyr taire accomoder de quelque quantité, laquelle Hz veuillent bien payer. iD„ ib., 239. — L'Empereur Claude... List Faire le canal Fncia, pour accommoder la ville de bonnes eaux. J. Bo- n [Ne RepUbliqUej VI, 2. — Voulons nous entre ay- rnez de DOS enfans?... accommodons leur vie rai- sonnablement, de ce qui est en nostre puissance. MONTAMNE, II, 8 (II, SI). — Il... pria ce jetu garçon de l'accommoder de papier, plume, ancre, cire et, cachet, pour faire une couple missives à quelques-uns de ses amis. Var. hiet. e tin., II.7g• Quant au Basteleur, i1 fut prouvou d'un estai plus honorable et fut accommodé de biens. BE- ROALDE rr EVtnvitts, Voyage des Princes tortu- nez, 52.

Accommoder qqn de qqch. Le lui prêter. — Ceux qui accommodent autruy de leurs biens, en de- n'eurent tousjours seigneurs, et possesseurs. {{sc| J. Bodin, Republique, I, 9. — Va-t’en chez mon cousin René, et luy dis que je, le prie bien fort qu’il m’accommode pour une heure ou deux de son pourpoint et chaus, - ; iLs de. satin incarnat. et de son manteau de tafias, il qu’il te les baille tout à ceste heure. Tou R.Nu.si.ti, les Contens> II, 6. — J’ay envoyé pa.r toute la. Sicile chercher argent d’em- prunt aucuns desquels nous en ont liberaleniient accommodé. F.. BRET1N, trad. de Lucurq, Epistres de Phalaris, 62. — Il s’advisa. d’escrire à M. Lain- pas, son cousin… et le pricit bien fort de l’accom- moder de son coche pour deux ou trois jours, T A — DOUROT DES ACCORDS] Apophthegmes die sieur Gaulardi I 1111, 143). — Je vous prie 111 acco 111 — modcr de dix escus, attendant mes coffres qui , sont encore sur le Rhin. Du FAIL, Contes d’Eie-irapel, 18. Accommodé.. Muni, pourvu. — [la No- blesse] en seroit plus aceonirnodee d’argent, et moins endettee. NCI.L1E] Disc. pol. ei IV, p.. 113. — A eur retour ils trouvent leurs maisons -vagues, desertes, ruynè.’, es., où il n’y a phis qup. les murailles, au lieu qu’ils les avoient laissées riche- ment meublées, et accommodées de toutes choses. Sali Men. 2e Ati’..ii.g ; de l’Imprimeur. — L’on s’en sert [de Phydromei.1 en plusieurs endroits iriesme vers les Ardennes et par tout generalernent, où (lentillons les Vigiles, l’on est a_ccommodé. de miel. O. DE Sliline.S, TieMere d’Agric., III, 15. Accommodé (sans déterminant). riche. — Je te mis entre mains tous tes biens, et Vay en fin rendu si accommodé e.t si aysé, que les victorieux sont envieux de la condition du vaincu. MoN- TkiGNE, I, 23 U, 148). S’aceotreinoder.. Se rendre semblable., se confor-mer. — Il n’y auret ordre de. tenir suspectes toutes celles qui. se fardent veu que plusieurs. ne le font que pour s’accommoder aux. a.0 tres. — ne se pourroye.nt elles passer de ceste accommo-dation ? ESTIE N N Dial., du Lang. franç.. ital›, I, 240. —-— C’est tou.chant u.ne chouse qu’il faut sça.voir, si vous voulez VOUS accommoder à la civi- lité qui est maintenant en vogue. — 11 y a trov.-..- jours de l’Accommoder en vos propos. ID., 11, 106. (Par eupliérnisme. S’aceomertoder de inch. Se l’approprier, le voler.. — J’attens qu’on face la lessive, Où, avec une main hastive, Je. grappe ce dont j’ay besoin… Je n’y songe point en malice, Car ce n’est que m’accommoder. Anc. Pués. franç., I, 97. — Chacun siaccomrnode de ces nouvelles gentillesses de langage comme bon Wy semble. — CELTopii. Commen.t entendez vous ce mot de S’accommoder ? — J’ay voulu dire que chacun s’en sert à sa poste. Or sçachez que ce mot s’accommoder, est aujourd’huy accom modé à toutes choses., On dit s aceninmoder de la bourse de queleurd., quand on y met les quatre doits et le pouce pour y pescher à bon escient. On dit, eactommader des habiis de quelcun. : s’accom-moder du cheoal de quelcun. Mesraes on dit s’ae-cominoder de la femme de relcu.n. Il. EsTgENNE, ler du. Lang. jranç. zial., I, 136. — On ne parla que des gens de guerre, veu que du temps de nos seditions civiles… il n’y avoit heure au jour qu’on n’entendist parler de leurs depori…riiens, et si n’y gueres personne. qui n’ait e, J. : Iit_lrimenté leur pillerie, qu.’ils appellent s’accommc•der.Grilm. BoucHET, 2.5e Seree (IV, 97). A ecommoder et. accommodation on t été des m.o ts à la mode. (cf. les deux alinéas précédents), CEL- 70PH. A ce que je voy, il y a beaucoup de nouvelles sortes d’accommoda_tions. — PalLAUS. Encores , y en a il une outre ceste-cl : quand on dit, l’a bien accommodé, e.n parlant crun que quelcun a_ura bien batu. Mesmernent se dira quelquesfois quand il l’aura_ tué. — Voila. une ocrornmodation horrible.. H. ESTIENNE, Die du Lang, franç. I, 137. — Ne vous ay je. pas dict par ci-deviant que ce mot Accoeremoder servet maintenant à tout ? ID., ib., 115 88. — CE LTOPH.’espererois bien me’J'OU- voir façonn.er. Il falet dire, Me pou- voir accommoder. Ne vous souvient il desja plus de ce mot, qui a esté tant de fois repeté ? 11›., 10’..). Accoramuniquer (e) de. Se mettre en rela- tions avec.— „Ainsi que les Litopiens s’accommu- ’liguent de gens de.. bien desquelz usent, aussi s’allient ilz de ma.uvais guarnement de quoy ilz abusent. J. LE BLOND tra.d. 1111 MORUS] l’Isle tri’Utopie, L. Il, 83 vo. Accompagnable. Sociable. — Jay perdu toutes les recreations et plaisirs du monde, en delaissant tous açcompaignables desirs. 11i1A URICE SC É.. F., la Depirmrable Fin de Flamete, ch.. 25. Lieu accompagnable. Lieu fréquenté., où l’on s’assemble. — Le bal, les festins, et les tables, Et sa. propre. maison, Les ris, et les jeux_ delectables, EL les lieux plus accompagna_bles 11 hait comme poison. ButrEr, ler Livre de8 Vers, Ode 22. Mal accompagnable. insociable. — QUE’. Si je per.siste à. entretenir ma sineerité., je suis dict mal plaisant ci, mal accompagnable. F. BRETIN, trad. de Lu ci N I)e ceux qui vif.rent à gages, ao. Accom.pagner. Associer, u.nir. — Il a accom- paigné la Divinité avec rhu.manité à fin de .soubzmettre l’imbecillité de l’une, pour endurer la peine de mort : en la. vertu de l’a.utre batail- ler à l’encontre, jusques à ûbtenir victoyre. CAL- v IN Instit., IV, p. 2e.14. — Toul ainsi que la femme est venue de l’homme… aussi les hommes sont maintenus par les femmes, Dieu les a tellement accompagnez, qu’il faut qu’ils se.nour- rissent en concorde aminble. lo., Serin. sur la pre- miere à Timothee, 18 ? L’II, 217). — Les Pa.yens qui estoyent du tout rejettez et profanes, sont accompagnez avec. les anges de Paradis. ID., ib., 28 (LE( F, 330). — Je pensois estre accompagnée avec une beste, mais vous m’avez donné pour mary le plus beau, le plus sage… et le plus ver- tueux jeune fils qui soit en ce monde, Loi %. trad. des.Facétieuses Nails STRAPARÇ>LE, 11, 1. Ëgaler, — Ils arnenoient de Troye a.vecques eux des feMmes que ies Grecijues n’accompa.gnoient ny en. grate ity en beaute. JEAN DE LA LAND131 tra.d, de DICTliS DE Cfri.-rt, L. VII, 133 ro. Accompagner de. Unir à.. — Je faisois a.ymer les jeunes pucelles, les jeune.s hommes j’accornpa- gnois les plus jolies des plus beaus et plus adroits, LouisE LAI% É 5 Debat de. Folie et d’Amour, Dise. 1. S’accompagner à. Se joindre à. —Celuy fuyant le triste oubly Au lac de Lethe ne se bagne, Mais aux immortels s’accornpa.gne I mrnortellement e.nnobly. BAÏF, Poemes, L. IV (I !, 219-220). S’égaler à. — _A_yant subjugué la plus part il est a croire qu’ilz [les Athéniens] prendroient encores plu..6. ; mal en gré que nous voulsissions reputer egaulx à eulx aux affaires comtnuns, et que nous seulz voulsissions nous accompaigner a eulx la ou tous les aultres leur obeissent. SEYssEL, trad, de TnucyniDE, III, 2, 81 ro. S’accompagner de qqn. Prendre qqn pour com- pagnon, pour compagne. — N’as tu daigné Vac- compaigner de moly, Qui suis ta sieur ? Du. BEL- LAY, trad. du tie Liv. de. l’E.n..eide {I, 372). — Ainsi le Preux s’acompagnant d’Orphee… pressé le rocher Thracien. BAÏF, Poemes, L. (il, F12). — C’est aussi une espece de lascheté, qui a introduit en nos combats singuliers, cet usage, de nous accompaigner de seconds, et tiers, et quartl. ;., Iu N- TAIGN E. II, 27 (III, 105). — Le roi de Navarre… s’estant accompagné… de quelques vingt-cinq gentilshommes, part avant jour du logis. Au in- IGNÉ„, Hist. Unie., XII, 22. S’accompagner dc. S’unir t — Si peut entre il esc-et que portant bien, bon amour à une. fille de basse estofe… je m’accompa.gne delle en mariage., ne dira soudai rli-rmint ce peuple, en ce par moy avoir esté commis un exemple de vraye folie ? PAsQui£R, le M..nophile. L. I (II, 711). S’accompagner avec. qqn, Se joindre à qqn comme compagnon. — Il rencontra quelques gens à cheval… avec. lesquelz, sans y penser, il s’accompaigna en devisant. LE Màço : rii, trad. de BoccAcE, Decameron, II, 2. — Le p, : entilhomnie faisant le guet., aussi test que Messire Rogier sortit de la ville, il s’accompagna. fort dextrement avec lu y. Io., ib., X, 1. — Selon sa grave infinie, il [J. C.] s’accompagne avec nous qui sommes bas et contemptibles, CALviN, II, mn, 2. — Regardez à la vertu invincible de tant de martyrs qui nous ont. esté donnez en exemple, et prenez courage a vous accompagner avec. si belle bande. Leilres, gI. — J’aperceu… deux compa- gnons avec iesquelz je m’a.compagn.ay faisant le troisiestne. LouvE.Au, trad. d’Apui… I. 1, — 11 vint à passer un fort beau jeune fils, monté sur un gentil cheval riehenv..nt equippé —, et ayant raid une grande reverence à Guerrin, te salua gracieu- sement en luy disant : « Certes, gentil chevalier, si c’estoit vost.re plaisir, je n.-Caccompagnerois volon- tiers avec. vous. 1 »., trad., des Facetieu_ses Nuits de STS.AipArtott., V, 1. S’accompagner. S’unir par mariage. — Cin- thien espousa en secret Liaikrinie, et en secret s’acca.mpagnerent. JEAN DE LÀ TAILLE,. le Negro- rnant, I, 2. — cognoistras urr jour que c’est se marier sans entre aymé… cherche t’accompagner avec qui L’ailne.-LATUVEY, la Vefre, I, 5. — Je serois hier aise que… allassiez pensant de vous accompagner avec une belle et bonne femme, pour vivre avee icelle et les enfans qu’il plaira à Dieu par sa grave vous donner. luk., la (’onsiance, III, 6. Accompagner intrans.). S’unir. —’Foy mosme, Jupiter…ayant accompagné. avec. los lilles et. femmes di ! inurtelle È,…ondition. F. BRETINe trad. de. Lucurq, Assem-biée des Dieux, 7. Accomparable. Comparable, —— 1l n’est Dieu à toy semblable Ny R loy accomparab.k. MAROT, Ps. de David, 35, — [Pandare et Hicias] en grau- Jour àdrnirables, Aux paternels sapins a.ecompa- raNes. Dis MAsuriEs, Eneide, IX 4.). 480). —-- L’homme qui est en honneur favorable, S’ii ne l’entend, il est accornparable A la jument qui meurt pour tout jamais. ILL, Ps. de David, 49. — Sa semence à tousjours liendray seure et durable : Et du ciel aux longs jours Son throno accompa- ih., 89.. — C’est mon Neoptoleme ae- comparable au x Dieux. A. JANly Iliade, XIX, Vi7 — Puis en ses riions vains Le soir est au matin en force accomparable. BUTTETI Tombeau de Marguerite. — Beautez à i na beauté en rien accomparabies, Fuyez, vaines douceurs, d’auprez rlrk ma. douceur. Auste ; NÉ, Printems, L. II, Qua- drains, — [La racine de buis] est bouillie dans l’ea.0 claire en grand chauderon.,. preparation accomparable au rouir ou naiser des 12.hanvres et fins., O., DE SERPLES„ Thé ore d’Agric., Vil. 10. Accomparager. Comparer, égaler. — Nul ne peut (, siire aceomparaigé au Roy Louys. rognant. SEYSSELe Louys XII, p. — Le Roy Pepin scat, t Cha.ries son fils._ sont dignes d’estre mis au rang, et aceouipa.raigez au Roy Lonys à prescrit rognant. In., ib, , p. 31. — Jupiter Ro boit point de nectar meilleur. — Ce vin est bon ; mais il ne fault pas aeomparager le vin de ce inonde au nectar de Jupiter. DES PERIERS, CymbaluM, Dial. t. — On Taie trop d’honneur à noz forces, les aceoraparageant à un roseau. CALli1N H. p. — Sainct. Augustin aeomparage en quelque lieu la vol un de l’hoinme à un cheval.., accomparage dlauitre part 1)ie.0 et. le Diable. à des chevaucheurs. ID., ib., II, p. 85. — C’est deshonorer la majesté. de Dieu… si on accompa- rage son essence infinie à une petite pieee de boys, de pierre, or ou d’or nt. Tin., ib., III, p. 129. — La parabole est vraye : où il l’aeomparage [l’Église] el un retz, lequel attire toute maniere de poissons. In., ib., IV, p. 274. — Sainct Augus- tin parle tres pro liribinent, quand il accornparage la vie de tenes gens ù une coursF3 esgaree. Io., i(i1 VI, p, 376. — I l n’est pas digne d’estre accom- paragé à un poulx, à un ver, ou quelque autre vermine… ID., ii.1 : ervn. $rir.r le liv. (le Daniel, I 395). — Mais plustost est. de leur rage Très-douce l’occasion Si quelqu’un racornparage A ma triste passion. RivAuDEAu, (Er19r. L. I, Corn- plaincte 4.. — Telles gens… sont bienhureux, car il z sont ancomparagés à Jésus Christi Mo 1, 11 Ce COMM.-Cni, e Préamb. — Quant. aux metaux, il n’y a nunc raison de les accomparager aux Fruits d’autant que leur corps et leur eft’i..et est insen- sible. PAussY, Di.wour$ admirableb.., Melau.z. et Alchimie, p. 902, — Quelqu’un accompara.gca les babillards et grands parleurs… aux flustes : que si vous en estez la langue, tout le reste sera inutile. GU1LL. BOUCHET ? 12e Seree (I I 258). — On ac- comparage le soleil avec le cœur humain. CHO’AÈRES, ire Illatin..ée (p. 51), S’accomparager. Se comparer, s’égaler, être comparé. — Qui est aujourd’huy ]e Prince., qui soy presurne acconaparaiger i lu y, soit de puis- sance, de gloire, ou de prosperité ? SEYSSEL, Louys XII, p. 148. — Nul des bien heureux, ny fortunez d’amours, ne se pela acompa.rager à vous. MA US10E SCÈVE, la Deplourable Fin de _Ma- inate, ch. 15. — Menecrate… s’accomparag, eoit au Roy Philippes, et disoit… que Philippes estoit ltoy de Macedoine, mais ln y qu’il estoit Iloy de la Medueine. GuiLL. Bouclier, 10e Seree (II, 206). — ’J’oiseau se peut aceomparager au cheval en bea.u- coup de sortes. SALUT, trad.. d’HÉRopoTR, 1V, 132. Acecunparee. Comparer, égaler. — Aucun ne doit en riens Accomparer ses faietz (l’armes aux miens. MAitot, ii.egemeni de Minos. — Trop gran- dement erre Qui Vaccompare aux femmes de la terre, Yeu que tu es, à bien te visiter, Toute sem- blable aux filles Juppiter. ln., Leander et _Hers, —- Quand seroit question de accomparer telles compagnies aux synagogues des Juiz, je Grain- drois fc…re injure à costes ey en ne les pre- ferant aux autres : ou pour le moins. en les postposant. CALviNi Leiires, 90 (I,’1, 1, 39). —Ides bonnes œuvres sont accomparirjes’à richesses : ü8- quels il est digit que nous jouyrons en la betati- tuile future. In., Instit., V1, p. 425. — A grand peine en trouveroit on un en l’Eglise Chrestienne, qui soit digne d’estre accomparé à Abraham en fermeté de Foy. In., ib, , VI, p. 459, — Qui est-ce qui souffriroit que telles manieres de gens feussei r t nommez Apostres’et feussent accomparez aux _A postres de Christ ? In., ib., XII I, p. 702. — En l’un de ses sermons il accompara les femmes aux Diables, disant que ee sont les deux plus grands ennemis de Phomm.e. MAm.G.. DE NAV., Heptam.., 46. — Veufve maison des beaux yeux de ma. Dame… Je Vaccompare à quelque pré sans fleur, A. quelque corps orfelin de. son ame. RONSARD Â UrS de Cassandre (I, 89). — [Le poêle Theo- pornpus] accomparoit les Lacedaemoniens aux taverniers, clisa.nt qu’ilz a.voyent donné à taster akIX Grecs du doulx breuva.ge de la liberté, et puis y avoyent meslé du vinaigre. Amyor, Lysandre, — Moneses… eut recours à Antonius, qui le recueillit et accompara sa fortune à. celle de The- mistocles, et l’opulence et magnificence sierie à celle des Roys de Perse. Io., _Aneoine, 37. — Les anciens ont aimé la beauté, haulteur et droic.ture de cest arbre, mesrnement Homere, qui accom- pare la beauté de Na_usicaa a.0 tronc et tige d’un beau palmier. ID. ? Propos de Table, VIII, Li. — „Paccompare daine au iqerpent, furieux, Que le divin Thebain surmonta par la Étame. DEs onTEs, Diane, I, 67, — Pauvre et chelive Jerusalem… à quoy accomparera.y-je la gra.ndeur de ton afflic- tion ? Du VAIR,.41e.rdii. sur les lainent. de „I ereinie 2. —On se met à compter des folies et bouffonneries des rustiques et ruraux, qu’on estime lourdaux accompa.rez à. ceux des villes.. GUILL. BO Cli ET, 34e Seree (V, 66-67). — Innocent III,.. dit que, cotrime Dieu a foie d.eux grands luminaires a.0 ciel.,. a.insy en a-t-il faict deux en l’Eglise, l’un pour les aines, qui est le Pape, qu’il accompare soleil, et l’autre pour le corps, qui est le Roy. Sa& Men, Har. de M. d’Aubray (271-272. — Voylà quelle fut la court de ce grand rov, et son regne, qu’on. pouvoit ae.omparer l’em.’pire de Caesar A NTÔM E Cap. franç., te grand Roy Henry 11 (III, 280). Accomparé de. Comparé à. — Nui ne se.L. pense malheureux Qu’accomparé d’un bien-heure-ux.. R.. GA FI N I E Rt la Troade, 2002. Slai : comparere, Se comparer, s’égaler ; être com- paré, être égalé. —— Voila flanc Job qui se pouvoit bien accomparer’à un blanc. a.uquel on tire. CA T.- VIN, Sem. sur le liv, de Job, 63 (XXXIV, 16). —• • Le mortel ne se doit accomparer aux Dieux. Ro N- sAnns Rummel…on ei Ca1iiree (is 233). — De là est venu le chastiment de tant de planeurs., qui vou- laient raire les galants et s’accomparer aux prin- ces, Sat. Men., 1-far. (le 51. ie Lieutenant (p. 73).. — rne sembloit rhose bien sotte qu’on deust croire que celle liberalité se. peust accomparer à ceste ! cy, LE MAçori, trad. de BoccAc.E.., Decame- ron, X, 5. — [tien icy bas ne s’accompare A l’equi té dont se repare Un Roy de prudence vestu. ll., oNsiinD, Odes, I, I. — Aussi n.ul chant ne s’ac- compare Au chant courageux de Pindare.. ib„ V} 2. — temperance et netteté de mains pour ne se laisser point corrompre pour argent, il se peut accomparer aux plus vertueux, plus nets et plus entiers des Grecs, A NI Y 0 T Alcibiade et Corio- lan, Comparaison, 5. Aceompliment, Action de mettre à exécu- tion, d’accomplir. — Proceder à Paccornpliment de ma promesse.. MAunicE SCÈVE Deptourable Fin de Flainetc, ch.. 33. — Puisque de ta promesse L’entier accomplyment Ociroye à ma. vieillesse Parfait contentement. DES PER1E11.51 Cantique dc Simenn. — Or à present sera L’acompliement Quu Grestienté recouvre son office.. Ane. Poés. franç, , I, 201. — Lu. promesse demande l’accompliment, et l’accompliment presuppose la promesse. MO N- TA LIGNE, trad. de Ilis_ymoND SEporir, ch. 270. Action de rendre complet, parfait. — Il faut que ceste retribution finale, qui doit estre l’ac- compliment. de toutes choses, se ra_pporte conve- nablement et à Dieu, qui la doit faire., et à nomme pour qui elle sera faicte. MoNTAicrie, trad. de R.AY MOND sSEBON ch. 322. État de ce qui est complet, parfait. — [La créa- f ore] N’ayant pas attaint à sa perfection, bonté interieure et propre accompliment, pourneant met elle en que.ste d’un bien exterieur. ID.., ib., ch. 189. Ce qui sert à rendre. complet., parfait. — Toute chose qui se donne ou acquiert, est… le bien inté- rieur de celuy à qui elle est attribuee, et… elle est paiconsequent son secours, son « compliment et sa perfection. ID., ib., ch. 189, — L’am.our et la charité c’est l’accompliment de la bonté. 1D., ib., ch. 288. — Le sacerdotat ou Ia prestrise c’est le dernier but et fin des ordres, mais on leur sur- adjouste par maniere d’embelissement et crac- compliment l’opiscopat, l’archiepiscopat, le pa- triarchat, le cardinalat et le papat. ID., ib., ch. 312. — Tous les jours viennent a 11 dernier comme à leur fin, perfection et aceomplirnent. 1D., ib., ch. 328.. Accomplir. Pourvoir, munir complètement. — Furent les galeres a.ccomplies du nombre d.e gens propices à la rame. Si ne restait que les capitaines et gens de guerre !, lesquelz arriverent à chef de piece, LE M A IRE D E B EL G ES, MUSir..„ 11„ — 11… rit un soir.„ un beau festin, a_ccomply de plusieurs choses plaisant-es. LE M A ÇO N, trad. de BoccAcE, Derameron, I I, 7. — 11 n’y a ny statues… ny cou- lorunes… qui puissent combattre la duree d’une Histoire eloquente, accomplie des qualitez qu’elle doit a_voir. _Amy orr, Hommes illustres> a_ux Lec- teurs. Compléter. — Ne cognoissez-vous doncque quelle perturbation introduisez par vostre raison, accomplissa_nt vos larcins d’un homi- cide… ? E’. P.A_SQ U JE Monophile, L. — En quoy m’efforceray de faire mon devoir… priant toutesfois le.s Ie.cteurs de m’excuser si quant aux noms des saincts et sainctes je n’accompli le role de la Kyrielle. II. ES TIENNE, 41 ; b0i. p0 tir Her., ch. 38 (II, 306-307). — Quand sera… cette heu- reuse journee„, que le ciel accomplira tant de graces desquelles il vous a comblé, par celle sans laquelle toutes les autres sont ruineuses, à sçavoir par vostre reconciliation à l’Eglise catholique,.. ? Aumiud, Leure rie piété ou de théol., 7. Accomplissement. Qualité de ce qui est ac- compli, parfait. — La. duchesse… l’admira fort, tant pour sa beauté que pour sa belle fa_çon, qui monstroit à plain Ia vaillance qui estoit en luy, qu’elle €….stimoit bien autant crue les a.utres vertus e.t accomplissernens et perfections.BRA_N T lE Des Dames, part. II (IX, 38q.. Accompiissear. Celui qui accomplit.. — 0 Par- menon que j’aime tant, De tout mon aise et mon bon heur Entrepreneur et moyenneur, Accom- plisseur de mes desirs. BAÏF, l’Eunuque, V, 9. — Monsieur le Pape… estant le souverain et univer- sel pa_steur, prince, pontife, chef, espoux et pere, illuminateur, et parfaict accomplisseur, PH. D E MA RN IX, Dif fer. de la Relig., I, 8. — 11 est juste envers Dieu, et legers impletor, c’est à. dire, accorn- plisseur de la. loy. ID., ib., II, iv, 11, Accomposter une terre. La travailler.— QUiDy me seront ces novanes ostees Qu’en leurs saisons j’ay tant accompostées ? VA U QU EL IN DE LA FRE S-N A T E idinies et Pastorales, I, 80. Accompter. Compter, faire entrer en ligne de compte— — Pour ne perdre telle graisse (accom.p- tee pour notable article de profit en ceste nourriture. O. de Serres, Théâtre d’Agric., IV, 13. — Le grand estai que les Antiques taisoient de la bouqueterie, des chapeaux— de fleurs… montre accomptoienl pour article notable, ces ex- cellentes rnatieres. ib.., VI, 10. — [La saffra- nière] est fauchée à la fin de mai, et aceompté le foin qu’on en tire, en augmentation de revenu. ID., ib., VI, 28. Attribuer. —Il reçoit. la Predestination, sans rien Recompter à la foy, ou TE EV ET Cosenogr., VI, 5 Aecoirepter à. Considérer comme. — Ils n’en esperent que la mort, laquelle ils acompte-nt a grand honneur et gloire., l’ayanS recolle pour cestAL querelle. THEVET„ Comogr., XII, 15. — A tres- bon marché les nourrit-on [los a_beilles]… estant si peu de chose ce que parfois on leur donne, que cela est plus à accompter à rnedecine ou à plaisir, qu’à necr…ssité de nourriture. O. DE. SE mars, héâtre. d’A grie., V, 1 fi. Accomple• entre. Compter parmi. — Par son facile accroist, cent. Arbre-ci {le Prunier] est ac- e.ompté entre les plus communs. 0. DE’SERRESs Théâtre d’Agric., VI, 26. IS’accompier à, pour. Être considéré comme. — Pour tres-grand ornement desquels s’a.ccompte le bon voisin, à cause des infinies commodités qu’on reçoit de sa douce et vcrtuouse conversation. 0+ DE SERRES, Thatre ri Agric, , 1, 2. — Aussi s’accorni à commodité, de ce que les bleds et pailles ne !.— :.ont en danger d’entre m.ouillez en cam- pagne par les pluges, dont le mesnager est des- chargé de grand pansement. ID., ib., I I, 6. Acconeevoir. Atteindre [ce qu’on poursuit]. — Cestuy, quant l’eut ne..oneeu, lei getta a terre et. le tua. FADnr, A ri de Rhet., L. 1, p. 92. —— A icelle [perche] se pendoit par les mains, et d’icelle alloit et venoil sans des pieds à. rien toucher, que à grande course on no l’eus peu aconcepvoir. RA- riELAis, I, 23. — Les autres bergiers… les suy- virent a grands coups de pierres… Finablement les aconceurent, ID., I, 25. — Joseph dit à celuy qui estoit cons bitué sur sa maison, Leve-toy, lesces personnages… Et le maistre d’hostel ies a, cconeeut. G L V I Bibfe franç.., Genese, 4. (L I, 70). — En tesmoig.nage, sont les champs en l’Isle de Samos dits Panerna, c’est à dire tout san- glant, auquel Bacchus les Amazones a_cconceut, fuyantes de la contree dr~s Ephesiens. RABELAIS, V, 38, — n est poursuivi par quelques gens de cheval, qui l’accoaceurent aux campagnes de Je- ric.ho. R, GArtNiErt.„ ire Juilees, Argument. Acconehe. Élégant, bien vèLu. — Pour te mot I calierAeconcio, les uns disent IL esi en bon conche, ou en bon.ne « aiche : les autres, Il esi bien de conche les autres, Il est bien en *mec d. aucuns aussi, H est bien inconche : et quelques uns, le fai sans phis court que tous les autres, Il est bien conelee, — Et vous comment. ? Je croy que vous dites, E est bien acconche. Ou y. EST1FNNE, Dia. du Lang+ franç. ital., 1, 69. — Plus Iuy plaist l’or pour sa seule valeur. Et si Vill-an liriiteux en est teint, Il est acnnclie, il vole droit ut coint. FORCA D EL e C`sic. pool., p, 135, Mal aconche. Mal vè Lu, de mauvaise apparence. L’ho.stesse le voyant [Philopérneni si laid et mal aconche, presurna que ce fut queleiin des gens du capitaine, qui oust esté là, envoyé devant. CHOLIÈ R ES, 5e Matinée (p..189). Tahureau cite accouche parmi les mots à hi. mode : rx A celle fin d’estre estimé mieux parlant, il ne c.h.erhera autre chose qu’à trouver le moyen de faire venir n, propos aucun de ces mots, comme folâtre, fai, acoster, il n’y manque rien, escorte, en. durer une bravade, aconche, galante. I.> Dial. du Dernocritic, p. 34. Accouché. Paré, bien vêtu. — Je veux plus- tost arner une, belle naturellement, non adjen- cee, qu’une curieusement acconciee, non belle. Pobnrus Nr TY A RD, tra.cl. der~ P.inetriue de LEAN HERMErit Dial. III, 412-413. — Ce scret une dis. cortesie de passer par la con tracte où est Ia case des dames que savez, sans y faire une petite stance, et. toutesfois, je ne suis pas maintenant bien acconché +pour comparoir devant elles. EsTirpirNE, Dzat _die Lang. franç. 1, 51. Qui a l’esprit vif. — Octavius entendant.qu’il lui ressembloit en tout et par tout, le fit appeller, lir, v demandant si autrefois sa more estoit venue à Rome Pespondit que non fort accoriement, il estoit gaillard et aconché, trop bien son pore y entre diverses fois venu. Du FA ni, C’ondes d’Eutrapel, 33. Dans le mrme conte, Du Fe signale acconch comme un mot d’emprunt : « Vous avez parléi de je rte say quels a.cortement et a.conché, mots quo -veritablement je n’entens point… et n’a y encore aprins si cela est bien fait, changer et invertir les noms de nostre pa.ys, pour en aller emprunter Jù Acconduire. Conduire, amener. — Vous pour.- rez tout. en ceilly qui vilus fortifie. Quant il vous auroit aconduyt jusquos icy, vous verrez l’ad- dresse quit vous donn•ra. CALVIN ! Lettres, 1084. — C e n’est pas pour exclure la rnisericorde de Dieu, mais plustost c’est pour nous amener et Re- conduire. In., Sem. sur la prophetie de Christ, 6 X XV, 667). — Stil y en a gtiChqlles autres [reli- gions] meilleures, et que Dieu approuve plus, il prie que sa bonté face, quil en ayt la cognoissance, et. quit est. prest et appareillé de stiivir… de(1110- que costé que ce soit ou il se praist aconduire et diriger. J. LE Moro, trad. de TH. Morus, d’Utopie, L. I I (100 vo). — Lequel propos se ti- rant file à file plus loin g, les acconduisit finale- ment en la question de Platon, quand il dist que les Republiques seroient, bien heureuses, esquelies Roysphilosopheroient, ou bien les Philosophes trouveraient lieu de régner. E. PASQU1EFie Pourparler du Prince (I, 11)18). — ou s preniieres [les Lettres], le monde estant. encore brusq’, pontes nos esprits, premieres nous acconduites a vertu, induites à conversation mutuelle les hommes es- pars çà et.. là. In., ib. (I, 1020). — Et ne sera ton opinion moins d’efficace pour acconduire le vi- cieux à son vice, comme le vertueux à la vertu. ID., ib. (1, 103M, — Puis apres fut sa Majesté lever par PArchevesque de Griesne, Primat de Polongne, et ledict Evesque Prie Cracoviej, qui Pacconduirent pres de l’Autel. TIIESET, Cosmogr., X X, — Il se reprit et retourna. à la Fée, qui l’avoit acconduit jusques à dix pas de là. BE rioALDE DE VER : VILLE, Voyage des Princes tortu- nez, 734. S’acconduire à, en. S’engager en. — Guischardi sous ombre de porter faveur à nostre Chrestien té, s’aceonduit à cette entreprise, avec un vent si propice, que au grand plaisir de tout le monde, il recourutide la rnaia des Sarrazins toute la Pouille e t Sicile. E. PA s ut s R ReCherChes I, 12. — Com- bien que… je me deusse plustost coniniender un silence, que par presomption trop hardie eac- conduire d-ri longue estendue de propos. 1D., Pourparler du Prince (1, 1019). iteconsuiere. Poursuivre. — Encoe que le chasseur et la becte courent, si le chasseur atrape la beste c’est autant quo si l’un et l’autre nleust bougé : pource que la vitesse du cheval aconsui- vant la beste, fait sembler les choses arrestées. J, DE ViNTEmirtLE, trad. de la Cyropedie, IV, 8. Atteindre, — Ilz se sauverent ergGa.scongne, ne les peust Charles Martel aconsuivre.. LE MAIRE E BELGES, IlittStr., III, 3. — le poursuyvit le chemin de sept journees, et Pacconsuyt en la mon- tagne de Galaad. CA LV il’lb Bible franç., Genese, 31 (L I, PIS). — C’est le cheval guerrier qui sous un Roy vaillant. Acconsuivit ta teste en ses mem- bres tremblante, BAÏF, Pocres, L. I I (11, 96). — Il fut bien aisément apres acconsuivy par ceux qui le poursuivoyent. MoNTAIGNE, I, i8 (1, 403).. — Les derniers levriers ardents à son dommage L’acconsuivent enfin et d’un brave courage L’arrestent tout à coup. GAucHEY, Plaisir dee champs, Chasse du Loup, p. 323. Cours ardemment et visternent, car, dequoy vous servira de le suivre, si vous n’estes si heureux que de l’aconsuivre ? t FB.ANÇOIS DE SALES, AMUI’de Dieu, III, 1. Égaler. — Divin Ronsard, de France le bon- heur… Je ne pretens d’a.consuivre tes graces, Mns pas à pas sans plus suivre tes traces. E. PASQ1i [ER ! Jeux poéliques, II, 6 — Quoyque te Traitté… suive de bien loin tous ces exceliens livres, saris espoir de les.pouvoir aconsuivre. St FRA. : NçO15 DE SA LES, moeir de niee, Préface- 1.7Jxprimer, représenter clignement. — Ainsi que le Timanthe, aussi tout. le plus beau De toy nous le tenons caché sous le rideau, Ne le pouvant au vif de la plume. aconsuivre„ E. P. sQur lit Epi- taphes d I, 931). — Amy, je ne sçauroy aconsuivre en parlant. La merveille et beauté de test, ouvrage grand. RivAuDE.Au, Aman, III Cp. 1.08). Obtenir par ses efforts. — Il demeure court en la course, et D’ors qu’il est sur le pojnt d’acon- suivre et gainer le prix de la gloire par le mar- tyre, il sabbat malheureusement, St FR A NÇOU u } : SALES* A mour de Dieu., X, S. Arriver à comprendre. — Le peuple ne sçau- reit distinguer ou entendre la n’oindre sillabe dF, ce qu’ils disent., tant— s’en faut qu’ils puissent ac- consuivre le sens des paroles qui y sont recitées. D E MARNIX ! Der. de la Relie., II, 3. Atteindre en frappant. — avoit… lespieu trenchant sur lespaule, et les dards affilez en la dextre, pour aconsuivre, retenir et enferrer toutes les bectes rousses et noires, LE MAIRE DE BELGES" _MUS& r I, 23. Le mot pourrait signifier aussi pour- suivre, ou atteindre à la course.) Suivre [dans le temps]. — Le. malheur accort- suit souvent nos bonnes fortunes. E. PASQUIERs Lettr, esy I I, 10. (Autre forme de l’infinitif.) — Ganirnedes ceci nous fait apprendre Qui, par trop fort se meiraire ou mesprendre, Voulut Phebus par force aconsuyvir. Anc. Pués. franç., II, 260. Aecoquiner. Habituer à rne.ndier. — On ne fera point mesmes le profit de ceux à qui on don- nera : car on les accoquine, ils s’accagna.rdent… et en la fin ils se plaisent en leur mendicité. CA.I.V1N, Serre. sur le Deuter., 95 (X XVI I, 341). S’aecoquiner. S’habituer` à mendier. — Beau- coup s’accoquinent,.. et les plus grands criars em- porteront ce dont les povres devroyent astre nourris et substantez. tavi x, Sem. sur te Deuier, , 95 (XXVII, 340). Accord. Habile, sage., , Accort. Accordable., Disposé à accorder. — Deux hommes imbuez de vice… A Juppiter ont faict priere… Le ciel ont rendu accordable. HAuDENT, Apologues d &ope, 1, 195. Accordance. Accord [entre les personnes], — Les deputet des pays, disans nen avoir charge sy non donyr et de rapporter, ne firent lors nulle accordance, ains prindrent terme à respondre. LEMA[RE DE BELGES, Chronique annale (IV, 517), — J’en Ry lessé une autre à qui j’a-voe accor- dance pour vous prendre. NicoLAs E TrtoYes, Grand Parangon, 52, — Et parce donc. serchez ceste accordance, Paix, et amour, sans bruyt ne discordance, BQUerrET, Ep astres morales du Traveriwur, I, 9. — Quand une telle accordance règne erutre le chef et les membres, ilz sont invincibles. BRANTôTilE, Cap,. franç., l’admirai de Cha.s/ilion, IV, 325. Accord [entre les choses]. — Jen dirois aucunes differences et accordances. G. ToRY, Champ fieury, I, 5 re.— II faudroit que ce mot d’abomina- tions fust au singulier, autrement il seroit con- jOillet avec le mot de desolation, et il n’y pour- roi’avoir accordance, comme sçavent ceux qui entendent la langue. CALvirle, Serin. sur le de Daniel, 28 (XLI, 626). Accord [en parlant de musique, de poésie., de danse]. — Et inesmement apprendras Paccor- dance Et la façon de me suyvre à la danse. MA.- ROT, le Bdiadin„. — Et puis cha.ntez en commune accordance : Gloire à Dieu seul, paix en terre aux humains. » I i `hants divers, G. Relus, c’estroient des coptes, mais sans danses ; C’estoit un lict, mais lict sans accordances D’hymnes chantez. In., Leander et Hem— — Au temps de ver qung chascun prend plaisance A escouk7Lr la mu- sicque accordance Des o•sillons. l’iefrcum. D’Am- Bois E, Complainde$ de PESC142Ve fortuné, I ro, — Que ce troupeau, trop ententif au bal, Laisse soubdain ceste gaillarde danse, Et de leurs voix en dolente acordance, Plaignent de nous le malheur inegal. O. DE MAGNY" les Amours, S. 83. De pareille accordance Diane moine et duit L’as- semblee et la danse. DES MAsunts, (Eue. pst., p. 38. — Qui ensemble à la danse Le gai Pearl chantent par accordance. ID., Eneide, VI, p 309. — La docte Polymnie acorda la cadance, Polym- nie à tous chaos a j eusta l’acorda.nce. BAÏF, Pas- setems, L. IV (1 V, 395). — Je veu donner aux François un vers de plus libre accordance. ID" Poemes, L. 11 (II, 62). Dune accordante. D’un même accord. — Voir- ray je point la danse Et les sonneurs tous deux d’une accordanse ? MAROT, leBc1iadrrr. — Un branle doux Dont tu refiles la cadance Avec nous d’une a.ccordance, BAÎF, Diverses Amours, L, III (I, 385-386). — Sus, toutes d’une accordance Re- doublons de danse un tour. DES MASCRESI David triomphant, 1602. — Les filles ont. chanté toutes d’une accordance, Que Salai a tué sansplus mille ennemis, Et que David a mort dix milliers en a mis. 1DIh., 1 5Qn • Dans la phrase suiva.nte, accordanee est pris à la fois au sens général et au sens restreint:n les vernit danser tous deux en la grand’salle du bal d’une belle accordance, et de vollonté et de dance. BRANT Des Dames, part. I, Marguerite reine de France et de Navarre (V111, 73). Accordant. Qui est en bon accord, qui s’ac- corde. •— Quelle prodigieuse ronscience se peut donner repos, nourrissant erg mcsrao giste, d’une société si accordante et si paisible, le crime et le juge ? ; MONTAIGNE ! I, 56 (I, 437). — Il faut ordon- ner à’lame, non… de rites priser et abandonner le corps…, nais de s’allier à luy, de l’embrasser… à ce que leurs effectsn e paroissent pas divers et con-

traires, ains accordons et uniformes. In., II, 17 (III, 30). Accordant à. Qui est d’accord avec, — Leur façon n’a pas esté a.ccorclante à la reigle du Sei- gneur. CALVIN, I ksi IV, tr, 8. — Mes conditions corporelles sont en somme tresbien accordantes à de l’aine. MONTAIGNE, II, 17 (III, 34). Accordement. Accord. — Yver, nous ne de- estriver longuement.. Mais ensemble soyons, faisant accordement. Anc. Poés. franç., VI, 195. Accorder (intrans.). S’accorder, être d’accord. — Sainct Jean et les Apostres ont. consenty accordé en une mesrne doci rine. CA L111 •Xl„ p. 585. — Platon et Aristote difterent eu ce que Platon mesle l’oligarchie avec. la democra- tie, Aristote. les separe… mais accordent— aucu- nement. en la meslanqe de ces tonnes. L. LE Roy, trad. des Politiques d’ARIsToTE, 11„ 41 COmmen- taire, Accorder à, avec. Être d’accord avec. — QuP nous n>emouvions point contention contre celuy- qui n’accordera point nostre sentene.e, CALVIN, niait., III, p, 123. — Je n’ay pa_s tousjou, rs Re- cordé à ceulx qui a_sseolent jugernens temeraires. 1D LeurPs, 147, — Pourquoy combatons-nous .contre ! es Papistes, sinon (l’autant qu.e nous n’ac- cordons point à leurs tromperies ? In., Serin. sur ta 2e à Timothée, 2 i(LIV, 24). — Outre ce profit, qtee je tire d’escrire de moy, j’en ay esperé cet autre, que s’il advenoit que mes humours pleus- sent et accordassent à quelque honneste homme, avant mon trespas, recherdleroit de nous joindre, MONTAIGNE, II [, 9 (1V, 92). — Je n’ac- corde point avec ceulx, qui en ce là prennent •Hypostase pour Essence. CALverii, Instit., IV, pi 232. — Et. ne doubte pas, que ceux qui exami- neront la chosc. de pres n’accordent moy. ID., ib., IV, p. — Il ne talait aucuneffiiint doub- ler que n’aciintions tresbien avec Mese, si en tout et par tout. nou.s nous rendons obeissans à_ Dieu, In., ib„ XIV, p. 731. — La plus grande partie des hommes n’af….c.ordera pa.s en cela avec- ques toy. TAIIIIREAti, 2e Mal. dte Demoeritie, p. 167, Concorder avec,. — Le grand dOrinelir M’a donné sens d’eslire En ces livretz tout ceIa qui accorde AUX sainctz escriptz de grace et de con- corde. MARoT, Epistres, 42. — Ceste description convient tresbien et accorde avec celle qu.e nous avons dit apparoistre en la figure universelle du monde. CALviN, Instit., I, p. 28. — Je m’en- quiers seulement à toy, pour voir si ce qu’on dit de luy Accorde à cela qu’aujourd’huy On m’a par missives mandé. J’ouf…1, LE, Eugène, II, 2.. Accorder. Conclure un accord. — Il n’a peu ac- corder avecques le Pape par ce qu’il luy deman doit excessive somme d’argent pour l’investiture de ses terres, RABF.LAIS, Lettres (III, 363). — [Les Grecs] comrnencerent à entrer dedans le pays de le Medie, de laquelle estoit gouverneur Tiribazus, qui Recorda avec eulx, et Ies laissa. passer comme bons arnys. ArgYoT, trad. de DcoDop.E., XIV, 2, Accorder à. Consentir — Or voila le carquois que je mettray pour gage, Si tu restes vainqueur’ ce sera ton partage, Regarde si tu veux accorder à ce poinet, BELLEAU, Bergerie, ire fourn. (1, 296). Accorder à on avec (au sens musical). — De ce lieu trais tant excellent et cher N’insolent pasteu.rs ne bouviers approcher, Mais mainte Muse et Nymphe seulement, Qui (te leurs voix accordoient doulcement Au son de l’eau, MAROT, trad, dos Visions de PÉTRARQUE. — Sur l’arbre sec s’en complainct Philomene ; L’aronde en faict cris pi- teux et trenchans ; La tOurterelte en gemit et en meine Semblable dueil, et j’a_cooride à leurs chants.. In., Complaintes, 4, — Moy j.’accorclray au son De ton flageol ; toy à ma chalemie, BAÏF, Egtogue (111, 59). — Les feuilles lors, d’un doux mur- mure, Au vent matineux accordoient, 1.r.N DF. LA FRESNAYE, Itialie8, II, 55, — LaInlyre à l’impulsion des vents mouvens les chordes accor- doit harmonieusement avezques le chant. RAB E-Lmsi IV, 55, Accorder q ?…te. Convenir par un accord que, — tie Senat mesme cstoit courroucé contre lu.y pour l’accord. qu’il reit avec Hannibal touchant les pri- sonniers de guerre car il accorda que ion eschan- geroit les prisonniers en rendant homme pour homme, ArinroT, Fabius, 7, — Maclian….. et Bou- dic, deux Comtes de Bre.taigne, a, voient entrieux accordé que coluy qui survivrait son pair et com- pagnon, serviroit de pe.re aux enfans du mort. FAUCHE’re Anliquifez, 111, 18. Conclure [Un traité]. — Le Roy François pre- mier… fut conseillé.., de se confederer avec Sultan Soliman… et fut le traitté accordé environ l’an mil cinq cens trentecing„ LA NOUE1 Disc. pol. et rniL, XXI, p, 447, Terminer par un accord. — Archidaenus Roy des Lacedaemoniens feit tout ce qu’il peut pour accorder la plus part de ces differente. Ahn-o-r, Périclès, 29. .Vaccorder à. Donner son assentiMent, son ap- probation. — A tout ce qu’on disoit rioucet m’accordois. REGNIER., Sag. 2. S’accorder de. Cons.entir — Une Maistresse est bien dure et cruelle, Qui ne s’accorde à lu. fin de promottre Le {leu loyer d’un serviteur fidelle, BAÏF,.Diverse..5. Amours, L. 11 (I, 332). Convenir de. — Estans en quelque contraVerZe de science, ils s’accorderent d’entrer tous deux dans le feu, en presence fie tout le peuple, pour la. verification chacun de son party. MONTAIGNE, II, 29 (11i, 126). — Pour Toulouze, fut notamment dit que nul des reformés ne seroit contraint d’y plaidoyer, mais que les parties s’accorderoyent d’un autre parlement. Aunicrid, Hist. Univ., 23. Accorder tes ileutes, les quintes, 1es v. Meute, Quinte, Vielle. Accorné (terme de bla_son). accorné. Animal représenté avec. ses cornes.(La.curnO. — Un Comte cle Foix… print pour blason de ses Ar- moiries, deux va, ches de gueulles en un champ d’or, eampanees,.aceornees, et à ongles d’azur. ET, COMI.ogr., XV, 6. Accort. Avisé, habile, ru.4, qui a respri I. vif. Il estoit si accort et si inventif qu’incontinent qu’il fut à. deux jectz d’arc de la ville, trouva façon d’a_voir une jument d’un povre homme qui s’en retournoit dessus en son village. DES PÉ- RIERS, Nor.ev, Récr., 23. — Le roy Louis onzies- me… aymoit ceux qui estoient accortz et qui res- pondoyent promptement. Iu., ib., 51. — Co- gnoissa.nt qu’il auroit affaire à. homme accort. et de bon entendement, il joua ceste firieSSf. SALUT’, tra.d, d’HF : utorloTE, III, 123. — Encores nous oyons les furies d’Ajax, Et les cris depiteux de l’accort Promethee. BAtie, Passetems, L. V (IV, 444), Itz ne so.nt pas si accortz que je n’aye hien descou.vert leurs menées. Morimic, Lettres, 41. — Si le chef des ennemys est accord et pratic en tels affaires, comme il cognoistra vostre vantaige, il prendra son avantaige. ID., ccrn- ment., L. {HI, 4_72), — [Les insulaires de Chi- tate] sont pour le jourdhuy des plus a.ccorts en matiere de cognoistre les Simples, que ies plus subtils drogueurs seroient bien empe-schez à leur en apprendre quelque chose. THEVET, Cosmogr., , 11. — Que me sert avoir esté prudent et accort tout Te temps de ma vie, si ores que j’avois plus besoin de sagesse j’ay esté moins advisé ? LARI- VEY, le Laquais, V, 1. — Louyse est trop a.ccorte pour faire un contract si peu à l’advantage de sa fille. TouRNEnu, les Conten-s, I, 7. — Le Libertin Courtisan… est si accort, qu’il n’oublie aucun. ar- tifice, pour c..ouvrir ce qu’il sçait. bien que plu-sieurs rePr011Vent. LA NOUE, Disc. pol. et mile, XXIV, p. 609. — Luy, qui estoit accord et fin, Affin de rompre tel dessein, Dessus le champ vous fit entendre Que vous pouviez avoir pour gendre Un lequel avoit bien du bien. JEAN GODARD, les Desgutsez, V, 3. — Aux os et à la mémoire de dom Petro de Navarre, Biscin, rusé’, accort et re-nommé à prendre. villes et places. BRANTÔME, Cap. estr., Done Pedro de Navarre {I, 161). — Comme [Louis XI] estoit Prince accort qui sçavoit aussi dextrement choisir ses advantages pour les mes- nager StIr du parchemin, quo ses predecesseurs par les armes, il estima ne devoir laisser envoler l’occasion qui se presentoit. E. PASQUIERI Re- cherches, V I, 11. — Mais vous devriez, nia fille, en l’âge où je vous voy, Estre riche, contente, avoir fort bie-n dequoy, Et pompeuse en habits, fine, accorte et rusée, Reluire de joyaux ainsi qu’une espousee. REGNIER, Sat. 13. (En parlant des choses.) — Je te conjure, Amour,. par les traits que tu portes, Par le flam- beau doré que tu tiens en ta main, Par le voile sacré qui couvre ton beau sein, Ton visage, tes yeux, et tes ruses accortes. BELLEAU, Bergerie, 2e Journ., Baisers. — Je veux parler d’une sub- tile et accorte invention des dames… je parle de l’invention des ma.sques. H. ESTIENNE, Diai. dli Lang. frareç. ital., I, 219. — Il sera reconnu du vieux Prince Nestor… Et rapporté du double et cauteleux Ulysse Dont on craint moins le bras que l’accorte malice. MONTCHRESTIEN, HeCtOr, (P6 34). ACCOM à. — Mais pour soy nostre Prince a re- tenu la Terre, Terre pleine de biens, de villes et de Forts, Et d’hommes à la guerre et aux Mitses ac- corts. RoNSARD, Hymne de Henry II , 194). — N’estant donc igndrant soy mespne, ains accort AUX affaires d’Estat. JEAN DE LA TAILLE, le Prinee Nécessaire, II. — C’est bien le plus grand mal qu’un homme puisse avoir Que servir une femme accorte à. decevoir. ROPITSIRD, Amours de Marie, Elegie à son livre. — Vous diriez à le voir [le chien couchant} et qu’il est, raisonnable, Et qu’il a jugement tant il est admirable En son mes- lier appris, et accort à. fleurer Les perdris, et les faire en crainte den-teurer. ID.,.Poernes, L. I, ta Chasse (V, 41). — Il faut, que les Pilotes bien ex- perimentez soient accorts à recognoistre ces Pro- montoires, riviercs, et lieux dangereux. TilEvET, Cosenogr., XXIII, 1. Accort de.’labile à. — Ilz sont tous accorts de faire leur profit de tout. DEs PÉRIERS, Nouy. Récris, 79. Md accort, Malavisé, inhabile. — Tout ainsi moy, qu’Amour blessa d’un beau visage —(Dont rosay, mal acort, dans mon cœur recevoir Le por- trait mon meurdrier), je ne puis me mouvoir, Que n’avise par tout ce qui fait que j’enrage. BAÏP, Amour de Francine, L. 1 (I, 114). — Luy estant expert aux choses mechaniques, n’estoit point, ignorant des dlimensions Geometriques : et n’a point esté mal accort aux harmonies musicales. F. BRETIN, trad. de LUCIEN,. Hippia$, 3. Accort est plusieurs fois cité comme un mot à la mode, emprunté à l’italien. — A celle fin d’estre estimé mieus parlant, il ne cherchera autre chose qu’à trouver le moyen de faire venir à propos aucun de ces mots, comme folâtre, fat… l’escarpe, acort. TAHUREAU, ler Dial. du Deinoeri- tic, p. 34. — J’ay usé de propos deliberé en c…e lieu de ce mot Accort, qui est emprunté de l’Italien aussi bien que Reussir, mais le temps nous les a naturalisez. E. PAsQuiEn., Lettres, II, 12. — Nous avons depuis trente ou quarante ans emprunté plusieurs mots d’Italie, con-ime Contraste pour Contention, Concert pour Conference, Accort pour Advisé. ID., Recherches, VIII, 3. (Déformation du mot.) — Parcidevant je vous ay parlé de ceux qui pour Accort disent Excort, Escort : mais je ne vous ay point. Faict mention de ceux qui disant Accolt, tout ainsi qu’aucuns Galbe pour Garbe. H. ESTIENNE, Mal, du Lang. franç. ital., I, 165. Accortement. D’une. manière avisée, habile,. avec esprit, avec ruse. — Car j’ay accortement acquise la richesse Par nion subtil esprit. Anc. Poés. franç., II I, 324. — Il [Mahomet] se porta si accortement (car c’estoit un des plus rusez hom- mes de l’I_Tnivers) que son maistre estant clececié, il espousa la verve. THEVET, COSMOgr., VI, 3. — Entre tous les seigneurs qui descouvrirent plus ac- cortement ces menées et. entreprinses, l’admirai fut des premiers. REGNIER DE LA PLANCHE, HiSt. de l’Estai de France, , 1 a6. L’escu ver repour- prant un peu sa face blesrne, R’asseeure accor- teillent et sa beste et soy-mesme : La meine ores au pas, du pas au trot, du trot Au galop furieux. D u_r BARTAS,. 2e Semaine, 2e Jour, les Artiftees. — II[Salomoni sçait accortement tirer rame des loix, En affaire douteux, prudent, il subtilize, Et des plaideurs rusez les cœurs anatomize. ID., ib., ’rie.10UP, ta Magnificence. — Octavius entendant qu’il lui ressembloit en tout et par tout, le fit ap- peller, luy demandant si autrefois sa mere estoit ve- nue Rome : Respondit que non fort accortement, trop bien son pere y estre diverses fois venu.. Du Ktn„ Contes d>Eutrapel, 33. — Les La.e, edemo niens perniettoient de desrober, à charge que ce fut a.ccortement et finement. CIIOLIRES, 6e Ap. Disreee (p. 256). Aceortement est signalé’comme mot d’em- prunt par Noël du Fail, Contes d’Eutrapel, 33. Accortesse et Aecortise. Qualité de celui qui est a.ccort. — Si est-ce que vivre ainsi, Ce leur semble, c’est d’ici tà la cour] La vertu seule, l’hon- neur, L’accortesse, et le bonheur. JODELLE, les Amours, Chanson (II, 78). — Je sça_y aussi Fort mauvais gré à ceux qui ne se contentent d’user de quelques mots italiens, qui en la lin ont été ren- dus familiers au langage _François : mais de ceux- la font venir d’autres, qui luy sont a.ussi estran- ges, comme ceux-la luy sont familiers. Pour exemple, ceux qui ne se contentent pas de dire Ac- cort, et Accortemene, mais disent aussi Accoroise, et Accortesse. Et un certain personnage a passé en- core plus outre. Car ne se contentant pas de ces termes, y a adjousté Accortiser, pour dire faire devenir accort. H. ESTIENNE, Die. du La..rig. -franç. ital., 1, 129, Accortisere v. Accoete.5se. Accostable. Accueillant, bienveillant, affable. — Approchons, 011 Bellini les dieux sont a.ccos- tables. BELLEAU, Bergerie, ire Joiern.  ? 56). — Il veit la majesté de son port venerabie, Ses graces, son parler, sa façon accostable. 1D„ ib., 2e Journ. (Il, 20). — Allons tous, dru et espais, POUP luy demander la paix : Nous irons jusqu’à sa table, Tant il est Prince accostable. Sat. Men., Har. de M. d’Aubray (p. 284). — Elle estoit fort aceostable, et qui gagnait bien le cœur des per- sonnes pour les belles partyes qu’elle avoit en elle. BRANTômE, de.5.Daile-es, part. I, Marguerite reine de Navarre (Vin, 122). Mai accostabir_ — Et fut si bien chas- tià ce peuple feian et mal accostahle, que sur le champ de bataille y demeurcrent plus de cent cinquante mille des ennemis. Cosmogr, 11, 1, Accoster, Être à coté de, — Il ny aura aucun qui teme.raire.ment attaque ce riche en debat q’uand il apperce\rra cestuy cy qui l’accoste.. BR I i 2 r,.rad. de LuelE ri, du Cercheur de repue franche, 59. Être accosté dr. Avoir près de soi. — Aptes es- toient ordonnez Trezeniens, acostez de deux cens Lepreates, que quatre cens Myceneens et Tirynthiens adossaient. SALUT, trad. di HÉ Ro- DoTE, IX, 28.

Accoster qqn de.. Lui donner pour compagnon. — Pour me guider en ces lieux inconnus II m’accosta d’un homme de Lycie Qui me servoit de seure compagnie. Am. JAMY N Poesies, L. V, 57 Te.

isi’accoeter de.. S’approcher de, aborder. — Ayant rencontré par le chemin un. gentilhomme Fia- mend allant en Angleterre, et s’en estant accosté, en se disant. entre der mesme pays, picqua avec luy jusques au lieu où il fallait passer la Liner. FI. Es. TrENNE5 Apol. pour lier., ch. 15 (I, 235). — En nous en retournant ce gentilhomme s’accosta do moy, et nie dict : « Jésus ! cappitaine Monluc, en quel pull a esté ceste bataille d’estre perdue ! 1) Momiue, Comment., L. Il (I, 282). —Junia, verve de Scribonianus, s’est.ant accostée d’elle famille- renient, pour la societé de leurs fortunes, elle la repoussa rudement avec. ces parolles. 1VioNTAlc. "MT H, 35 (III, 180). — D’une ville qui peut jetter trois mille soldats en une sortie, Ion ne s’en peut accoster pres qu’avec peril. LA N E r Disc. Foi. et mil., XXVI 1 (p. 692). Nostre nouveau venu s’accoste d’un vieillard, Et pour en prendre langue il. le tire à I’escarl. AuBTGNÉ, Tragiques, (IV, 105). — [Bradamante I tira son es- pée pour se tuer ; mais un meilleur esprIt s’ac- costa soudain d’elle, et. la fist recoudre de s’en aller au camp. Bp„fracrômE, Cap. franç., le roy Charles (V, 264).

Entrer en relations avec., se lier avec. — Si tu veulx vivre en Court (Dilliers) souvienne toy De t’accoster tousjours des mignons de ton maistre. Lira BELLAY1 Regrets, 13.9 — Depuis estant venu à Paris s’a.ccosta d’un prestre nommé messire Hector" ESTIENNE, AFol. pour Her., II, 61. — Je m’accosto.y des principaux du peuple et leur monstray co qu’il failloict fere. Moriurc, Com-- L. IV (il, 170). — M’ayant deiaissee, il s’acosta de Tais, l’amie de Larnprias. F. BRETirq, trad. de Lova EN, Devis amoureux, 3. Commencer à con.naitre. — A peine encor, du vulgaire écarté, Je m’acostoy de Virgile et d’Ho- race, Quand la beaulté d’une quatriesme Grade Emprisonna ma franche liberte. N Y,’ous- Fies, S. 126.

S"aceoster à Accoster, aborder> — J’avois grand desir ce matin de m’accoster vous, pour entre participant de vos devis. L CARON, Dtalopee..5, 2 (44 ra).

S’accoster avec. Entrer en relations avec. — Ayant eu l’interpretation des Grecs insulaires, avec lesquels je m’accostais tousjours, pour avoir l’intelligence des mots. THEFET, Cosme XV III, Accoster est un mut à la mode. — A celle fin d’estre estimé mieux parlant, il ne cherchera autre chose qu’à trouver le moyen de faire venir à. propos aucun de ces mots, comme foleitre, accoster, aborder. TAHUREAU, ler Dial. du Demcritic, p. 34.

Accostoyer. Placer à côté. — Cestuy qui pendent sa faveur avoit pris la hardiesse d’accostoyer sa statue de celle d’un Roy de France, au Palais Royal de Paris. E. Pasquier, Recherches, VI, 43.

Accoter. Soutenir. — Ce fut le propre jour que le Retail nerveux Accota de son bras tout un mur ruinoux, Comme on voit accoter à Paccotte puis. sa_nte D’une vieille maison la muraille pendante.. Ane. Poés. franç., VI, 31 4.

S’accoter. S’appuyer. — Car heurtant une porte en pensant m’accoter, Ainsi qu’elle obeit je viens à culbuter. REG-NIER, Sag. 10.

Accotte, v. Accoter.

Accouarder. Rendre couard. — Et. du front m’a.s ost6 L’honneur, la honte et Pa.u.dace pre miere, Acou.hardant mon ame prisonniere, Serve à ta volonté. RONSARD} Amours de Marie (1, 191). S’accouarder. Devenir couard. — me fe- roi L. beau voir ores rn’accoua_rder, Et contre Go- liat ne m’oser bazarder. P. DE BRACirl, Poe mes et Meslanges, L. 1, Mononuichie de David et de Go- nfla. — C’est la gayeté et ale vesse qu’eut Saül, allant combatre contre Iiennemy, d’avoir moins de courage qu’une femme… de donner place en son cœur au desespoir pour faire clesesperer et acon. harder les siens. LE LovEn, Hist. des Spectres, VII, 13.

Accouardir. Rendre couard. — Vrayment la Françoise noblesse Fait tort à la belle jeunesse Dialorrer des Muses le fruit:Croyant à sa honte et dornage, Qu’elles abatent le courage, Acouhar- dissant qui les Suit. BAÏF, Fasseterres, L. V (IV, 44 2). S’accouardir. Devenir couard. — A fin— que par tel moyen ils s’acouardissent et desesperassent de leur victoire. TIIEVET, Cosmogr., XIX, 8. Accouardi. Devenu couard. — Les Troyens ac- couardiz pour l’inutilité de ceux qui les condui- saient, rompirent leurs ordres… et tournerent le dos. LEMAIRE DE BELGES, LitliStP., 11, 19. — Pe- Mort, Enfer, jadis Feurent hardis De nous assaillir et. prendre; Or sont ilz aceuardis. MARG. DE NAlLt les Ilikieguerites, Chansons spiritueiies (III, 146).. — Car ce n’est moins entre les pots D’enhardir par vineux propos Un homme pares- seux à boire, Que pour gaigner une victoire, Rendre à la bataille hardi Un’Capitaine acou- hardi> ItorisA RD, Odes, V, 15. — Vost.re vertu à nulle autre seconde, Jadis l’effroi et de Home, et du monde, Vous lairra elle ainsi accouardis ? BuT- TE’T's l’Amaltkide, 154.— 0 peuple dIsrael ! ô gent accouardiel Est-il nu] entre vus d’emprise si hardie, Qui m’ose regarder ? DES MALSURE2r David combattant, 285, — Alors des Lyciens mesme les plus hardis Ne tindrent plus, ainçois fuyoient acouardis. Am. JANY :’q", Iliade XVI (92). Rendre acouardi. — Ou bien si le desir genereux et hardy, En tieschaufrant le sang, ne rend acouar- dy Ton cœur à mespriser les perils de ! a terre, Pren les armes au poing, et va suivre ! a guerre. RON- SARD, Poerne L. Il (V, 176). — FIeureuse aussi la voix qui rend accouardis Les propos plus hautains bis parleurs plus hardis. VAUQUELIN DE LA ARES* NATE 5 Divers Sonnets, 49.

Accoubler, v. Accoupler. Accouchée. Mettre.aux nouvelles des accou- chées. — Je ne voudrois estre compris au kalen- drier des bestes humanisees, pour voir cependant quelque autre en possession de mon cerveau, avec le sien, lequel me teint tous ours sur les rangs, et me mit aux nouvelles des accouchees, Trad. de G E irL f, Di sr. lantast. de Justin Tonnelier, Disc, IV, p.101. (Cette expression est peut-être une allu- sion aux nouvelles qui se disalent dans les visites aux accouchées.) Accoucher (in bans.). Se coucher, s’abattre. — Ou Paguilion de dure et fiere touche, Les tueurs navrez si tresfort picque et touche. Que le plus sain par tristesse en acouche. CRETIN. Complainte sur la mort de Guill. de Bissipat. S’accoucher. S’abattre. — La mer par fois souffle si fort. et boult Qu’il n’y a sens qui tont ne s’en farousche Ne si bon cueur qui de peur ne s’acouche. GERMAINCOLIN à Jean Bouchet, dans les Epistres Familieres du. Traverseber, Accoucher. —— [Des pays] oie les femmes s’accouchent sans pleincte et sans effroy. N TA I G NE, I, 22 (I, — s’accolée/ter — Elle s’accoucha en la prison d’un beau. fils. Amyivr, Dion., 57. — Hercules… emmena quand et luy (lalicia dedans ses vaisseaux, laquelle s’accoucha d’un beau —fils. In., Demendes des choses grecques, id. Accoucher (subst,). — Et laissez la vieille pins- cher Ailleurs, plustost qu’à l’accoucher De cette pauvre jeune femme. Du PÉMERS, trad. de rl’Ë- RE ricE, 1’And•ir, I. ri, Accoudière. Parapet. — 11 Rassoit à cheval sus les ponts de Sey près d’Angiers… II dorme de l’esperon à son cheval et le fait sauner par dessus les aceoudiires dedans Loyre. DES PÉRlEB.S, NO W). Réer., 55. Accoudoner. Parapet.. — Puis me conta qu’ayant achepté une carpe toute vive, et que voulant remettre le retour de son argent en sa bourse, ii avoit mis sa carpe sur les accoudouers du’pont, et qu’elle avait pas si tost esté, que faisant le sala de la carpe, elle n’eust saint é en la riviere. GuiLL. Bouctuur, 6e Seree OH, 24), —Ily a cent tours fort hautes, toutes de porphyre, Les fondements sont de bronze… et tout le haut qui est en accouldoir, de pur or, au dessus duquel on voit continuellement voleter des enseignes, es- quelles sont brodées des Aigles griffonnées. Trad. Foi.p.Noo, Merlin Cocca.E.t-…, L. XV (II, 3.1). Appui (au figuré.) — L’acodouoir de vieillesse. RABELAus, II, 7. Accoudoyor (e). S’accouder. —I le s’age- nouille, s’aceoudoyant sur un billot, estimant de- voir estre executée avecques une espée à lai Fran- çoise, mais le Bourreau._ lu, y fit mettre la teste sur ce billot, et la luy couppa a.-vecques une doloire. E. PASQUIER, Êecherdzes VI, 15. Accouer [des chevaux]. Lier la queue de celui qui précède au cou de celui qui suit. (H. D. T.). — Fi g.) Arcoités. Liés étroitement" — Nous n’avons pas faict marché, en nous mariant, de nous tenir continuellement accouez l’un à l’autre. MONTAIC rE, HI, 9 {IV, 85). Accouler. Affluer. — Et si d’aventure i/ y ac- coule force humeur, vous laveres le lieu commode- ment de —Yin blanc fort cler. rrA.:AuLT, dans G. Et espuisois avec certains grands esquifs et l’or et l’argent, qui perpetuellement recroissoit, et amplement accoulloit. F. BRETTri, trad. de LUCIEN, k Songe ou le Coq, 12. Accoulper. Accuser. — Si nous voyons qu’ils ayent cheminé en bonne conscience, et qu’on tes a.ccoulpe, et qu’on les tourmente, voire pour avoir servi à Dieu, que tout cela soit pour effacer les opprobres du monde. CALVIN, Serin. sur la 2 a Timothée, 4 (LIV, 43.). — Si tes couraux leurs em- bamés Zephyrs Par tes baisers dans nia poitrine versent, Ne faccoulpant des maux qui me ran- versent, Je me dedi de tous mes repentirs. Bulr- TE, L’Amok/Wei 8. — Pourtant a ajousté trois feuilles tant. pour les raisons susdictes quia.ussi pour respondre à quelques objections légères, ce qu’il a esperé vous devoir estre fort arable, d’autant que ne voudriez aucunement qu’il fust a.ccoulpé des fautes que pourrez voir audit exern- plaire qu’il vous présente. H. EsTiENNE, Apol. pour er., Supplication (I, p. XX HO. — Je ne dis pas tee y pour les accoulper, car je sçay tresbicri que les expions de guerre ne se jecteut pas en moule. PK. DE MA a ri [ x errrituolitique$ ei hit ; Ear„ p. 280. • Vous m’acoulpez de m’apprivoiser avec ma mmer. Cmor..U.REs, 5 Ap. Dienee 21M. Accouplable. Qui peut s’accoupler, s’unir. — Ces deux fruits; dont la provision est aggreable pour leur utile nouveauté, contentement accou- plable avec la plaisante odeur des belles plantes du Jardin. 0, DE SERRES, Théàire d’Agric., V1, 1 D. Accoupiage. Accouplement. — Les courages s’; _u_molissent et divertissent par Faccouplage des femmes. A1ONTAIGNEt II, 8 (II, 82}. —Hrt croi- rons nous cestuy-la Quehr.urtz igitur causa quis diaerit effecturn esse enundurn ? Eortan scilicei ani mantium, que ratinew ittuntur. Hi scat dii et hoiries, quili us pro cet& n l’ha est meurs. Nous n’au- rons jamais assez bafoué l’impudence de cet ac- couplage. ID., II, 12(I I, 164). — Tout le mouve- ment du monde se resoult et rend à cet accou- plage. ID., III5 5 (III, 337). — Je hay ce sot ac- couplage, d’une Deesse si saine et si alegre, avec ce petit Dieu indigest et roteur. ID., III, 13 UV, 261i). — Tout le mouvement du mande se resoult et se rend à cet accouplage de ruade et de fe- melle.. CHA.RRON, Sagesse, 1, 22. — Nos hommes vont à l’estourdie it cet accouplage, poussez par la seule volupté. ID., ib. Accouple. Accouplement. — Ayant inedeciné nos corps, vous ordonnez Vos saincts status no- tiers. les reigles vous donnez Quand, comment, avec qui, Pac.couple conjugale Se fait, et ne se fait. Bonnet du Seigneur de 1410NTEssuY, dans Cholires, Maginées (p. 11). — Par l’accouple du niasle la femelle reçoit un naturel accomplisse- ment.. CHOL1ÈRES, 2e A ite.. Disnée (p, 79). — Non point qu’ils eussent à mespris une si saincte et le- i lime accouple qu’est la maritale. I o ib (p. 109). — Les bestes brutes, dés qu’elles sont empreintes, sont exemptes de ces accouples. ID., 5C Ap. dis-née (p. 223). Accoupler. Atteler d’un couple. — Pline es-. crit que Neron accoupla., son coche de juments qui estaient Hermaphrodites. Gym,. BOUCHET, 20e Seree (fil, 261). S’accoupler de. S’unir à. — L’homme s’accou- plera de femme, qui ne soit de vile, vilaine et lasche condition. CHARRoN, Sagesse, (Prononciation.) Accoubler. — Puys les acoubla [les mains] de mode que le pouf e. dextre 1.01J- choyt le ga.usche. liABELms, I I, 19. • Excepté le pculte et it doigt indice, des. il acoubla mol- lement les deux ongles ensemble. ID., I 1.11 20.. — Avec.ques lin style feist hastivement certain nom- bre de poinctz divers, les accoubla. par Geoman- ID-I Ill, 25.— Le maistre des cerirnonies… les accoubla tous deux, M. de Montluc et do Vassé, pour aller et marcher ensemble aux cérimonies. BetAr TliME, Cap. franç., M. de lassé (IV, 94). Accoura.ger, Encourager, exciter, — Par ces romonstrances et exhortations furent les soul- dars… enhardiz et accouraigez. SETssEL, Succes- seurs d’Alexandre, IV, 10. — Tout ce qui pout servir à nous accota rager quand il est question de prier Mou, nous est enseigné en ce ; ivre. CAL- VIN, ComineFee, sur le livre des Pseaumes, Préface (XXXI., 18). — Encore espoir un bien. peu m’ac- > courage. VASQUiN Birrr..iEULI trad. de PËer.R.A.RQu Ei L. I, S. 193> — Il monstre quelques e.xemples com- bien il est. liberaI à pardonner, afin que les ficleIes soyent tant mieux accouragez à corriger leurs fautes, ,.ALVIN, Instit., III, Hi, 25. — Le Rhin en est tesmoin, qui en Pa_spre furie De Mars, accou- rageant ta grand gendarmerie, Te vit, et te con- nut au front de tes aieux. BUTTE’rt ter Livre des Vers, Ode I. — Ainsi tous jours ta faveur In’ac- courage., Tousjours sois tu le confort de mes maux ID., rizehée, 242. — Et sa compagne aupres, qui au travail l’incite, S’essaye ensemblément sa peine soulager, Et par propres raisons à mieux racourager. MA.unicE SckvF., Micreereeme, L. p. 19, — La gloire du labeur les va acourageant. In., ith., L. II, p. 45. — Craignant qu’entre les -mauvais hommes,. A mal faire on les a.ccourage. DEs Moisna.gs, David combattant, 1093i — Ce loyer conviendroit Justement et de droit Aulx hommes dont la rage Anime et accourage Le Roy encontre lui. David fugitif, 702. — La su- . perbe et. la rage L’un et l’autre soldat tellement accourage Qu’à peine peuvent-us attendre que le cor, lie fifre, la cimbale, et la trompette encor Denoncent la bataille. Du BARTAS, J udith, , V, Les gallères ennemies._ vinclrent à une porte d’arquebusade de nous pour nous envestir ; et lors le chevalier, allant depoupe en proue, accou- ragea tout le monde. lieloriLuc, Coriernentaires, Li. III (III 129). — A la. fin je donitay couraige à noz gens, et les faisois remonter les eschelles, ac- couraigeant les uns et menassant les autres. ID., ib., L. {If, — Combien pensés-vous que cela accouraigera Ie peuple, quand il verra ceulx qui ont puissance.sur leur bien et sur leur vie, prendre les armes pour leur deftense ? ID.’ib., L. VI (III, — Vous entendriez crier et hurler ces paillards Sodomites d’une grande demie lieue, a.ccourageans les soldats pour les faire Yirvainc•e. TuEVET, Cosmogr., XI, 7. — J’ay bien. voulu dire cecy en passant, à celle fin d’accoura_ger noz Rays, et Princes de leur sang, à l’advenir laisser apres leur mort quelques tesmoignages de leurs prouesses et vertus. ID., ib., XIV, 17. — Car Jamais un coup tu ne donne Que la trompette avant ne sonne, Qui sert. et de t’accourager.., Et d’aussi fanfarer ta gloire. P. u s BRACS, ter L. des Amines, 11 Airnee. — Bref les attraits de ta mi- gnarde grace… Par leurs apasts accouragent mon cœur. P. IIFF. Caariu, CEuv. poet., p. 25. — Mais rien ne m’esjouit, et rien ne m’accourage. ID., ib., p. 26. — Mies se mettent à travailler dés leur arrivee dans la Rusehe, et ce par le plus haut en- droit (1 icelle, lequel se rencontrant pointu, est • par consequent rempli dans peu de temps ; dont • les Abeilles accours regs s’a_rrestent volontiers en tel lieu. O. DE SErirtts, Théâtre d’Agrée, V, S’accourager, S’encourager, s’exciter. — Les affligez prenans exemple en rnoy s’aecouragerorit pour dresser leurs yeux vers luy, TH. DE BÈZE ? P. de David, 34, Paraphrase. — il faut, cruels, au sang s’accourager, Quand nous voudrons com- battre l’estranger. P. Dt BRACH,. Mesian.ges, na va, Accoureement. Accourcissement — Car h mort est fin et accourcement De tout ennuy, mi• sere, mal et peine. HAUD NT, Apologues d’Esope 11, 74. Accourcissear. Aceoureisseur da pendule. Coupeur de bourses. — Atez Larrons Vous, a.c, courcisseurs de pendans, Qui estes as pros à Io pince… Le beau licol qui colite un mince Vous servira de contrepoix, Ane. Pdés. frapr„ VII, 83, Accourir, Accourre. (Formes.) — Tou tep deux à moy accourirent… Mais, aussi lost me veircint, Elles (burent clesconfortées„ Anc, Pué :  ?, f ranç., 1. X, 144. Voicy des filles la brigad( Aux crins nouez, en simple verdugade… Et te pi, gna.nt accourre tu les vois. BAie, Poemes, L. I (II, 423). S’accourir. Accourir. — Les hyvers en font courir plusieurs aux grandes source ! d’honneurs et de biens… C’est à ce jeu que nous avons pris Morla.s, qui ne pouvant mettre d’ac, cord la b ; P.isesse de sa naissance et l’elevation d( son esprit., s’accourut aux sources alleguees. Au, cncrid, Sancy, I, 9. Accours, Affluence. — L’on ne sçauroit cou• cher en carmes, Papiers et encre seroient couru Qui vouldroil mettre tout l’acours u : ricin peuple et toutes gens. AiriC. Poés. /rafle., I, 145 — I l commença… a blasmer les empeschement5 qu’on avoit en la ville, les ; accours du peuple, et la multitude de c..eulx qui de toutes part.z aborcloienl le Prince_ Trad. des cinq premiers livres des An• nales de TACITE, L. IV„ p…154. Ac courser, Accourcir. — D ionysi us… (piani il estait constreinct accourser ses cheveulx lei bruloit a lentour avec du feu. SEY55EL, trad. (h DioDonE, III, 23. Accoursier, v. Acoursier. Accousiner qqn. Le. traiter de oousin, se lie’ familièrement avec lui. — En un festin de ce paye. où il avoit appellé trois Ducs ses cousins, un nia, çon… le tira par les chausses au sortir du disné, et lui dit u Mon cousin, j’aurois lien à cetti heure affaire des huiet livres que vous touchas tee pour moi, quand nous travaillions à Brissac. » Lee. Dues qu’il avoit accousinez n’empescherent poinl IF : is premiers coups de poing du cousinage nou- veau. AuBiGra Filent : me, III, 18. — Dès —là nom estions fart renduz privez et acousinez. BRAT1— TÔME, Cauronnels franeaig, , 392. S’accou_siri, er de qqn. Le traiter de cousin. — Cyrus voiant d’avanture present un gentilhomme Merle, qui autre fois s’estait acousiné de luy. J. DE VÉNTEMILLE trad. de la Cyropedie, 3, — Apres lu y Artabaze, qui s’estoit jadis acousiné de Cyrus. In., ib., VI, t. Accoustre (mot d’argot). Préparer [à manger]. Var. hist. et liit., VI11, 170. Accoustrement. Vêtement, costume_ — Tout son a.ccoustrement estoit riche et pompeux oultre mesure, pour denoter quelle [Junol est Dresse de toute richesse et opulence. LEMAIR E. n E. 13ELG 11-luser., I, 31. — La noble dame Andromacha donna à son neveu’enfant Ascanius>.. plusie.urs nobles acccfustremens tissuz et ouvrez de ses propres mains. ID., ib., 11r, I — Ces vesternens tant propres et accou.stremens tant riches. RABE- Lms, I, 56. — Les Romains estoient discernez des Grecz par diversité d’acoustrernens. CALvinir, Instit., X, p. 573. — Pourquoy il de beaux acoustreniens D’or et d’argent., rubys et dia- rnans ? MARG. DE NAV., les Marguerites, Com. de la Nativ., de J.-C. (II, 4S). — Elle aymoit si très fort los acoutremens falloyt des plus beaulx et riches qui fussent en la Court. E.A.n., ilePtarn.1 59. — [Lysandrel… ayant quelque tyran de Sicile envoyé plusieurs accoustremens precieux, pour servir de lustre et, pa.ra.de à ses filles, les refusa sa- gement, adjoustant… qu’en telles façons de robes gisoit plustost leur deshonneur que l’ornement. PASQUIER, le Monophile, L. (II„ 766). — Voyia einqu.ante eseuz que je vous donne, afin qu’ayez moyen de porter accoustremens propres pour estre remarqué entre les plus braves. Comp- tes du Monde adventureuz, 52. — Ou pour broder au mestier proprement D’un nouveau Roy le riche a.ccous trement. RONSARD, Hynate de la Fectnee (VI, 150). — Au surplus, un accoustre- ment De crespe, mis si proprement, Que du tra- vers de sa vesture Les flots de sa blanche char- nure L’on. entrevoye. BELLEALlt Odes d’Anacreon (I, 25).•— Les alliez emportoyent… force beaux et riches a.ccoustremens de pourpre à. la Persiene. AMYOT, Cimon, 9. — Ilz [les lioina.insi n’ont pas accoustumé de prendre ieurs bea.ux accoustre- mens sur leur harnois quand ilz veulent seulement cheminer par les champs. ID., Lucullus, 27. — 11 : Pompeiusl despouillant à grande haste sa cotte d’armes et son accoustrement de Capitaine, ves- tit une rbbbe convenable à sa fortune. ID., César, 45. avoit accoustu.iné de porter un accoustre.ment riche au combat, et d.e. couleur es- clatante, pour se faire remarquer. MoNTAiGNis, 34 (Ill, 173), — L’empereur… les haut, loua, et fil donner à. ch.ascun un accou.strement. de vel-lours cramoisy. BRA, NTÔMEr Rotioznont. espaign. (VII, 45), — Le Roy… vestu d’un accoustrernent broché d’or, Trad. de FOLENGO, Merlin Coccaie, L. I (I, 23), Accoustrentent de la Mec. Coiffure, — L’acous- trement de la teste estoit selon le, temps, En hy- ver, à la. mode Françoyse. Au prin temps à l’Es- pagnole. En esté à la Tusque, RABELAIS I 56. AccoeiMrement de tegtic. Casque. — Ils [les Par- thes1 avoient des accoustremens do teste si pro- prement a.ssis… qu’il avoit moyen de les asse- ner que par des petits trous ronds, qui respon- doient à leurs yeux. MŒNTAIC (II,. 105). En ce sens, aceoustrement de teRie était une ex- pression à la mode. — D’un heaume luy fut appris un arrnet, une bourguignotte, un acons- trement de teste. Du FAIL, Contes d’Eutrapel, 33. ecoustrer. Bien disposer, arranger, prépa- — Il faudra cultiver les vigiles, il faudra ac.- trer le.s prez. CALvi Nt Serin. S’Ur le Deater., 76 V11, 10.4), — Comme un laboureur, quand semer, il faut qu’il face passer ia. cha.rrue de-

;, il faut que la terre soit accoustree,

sur le liv. de Job, 15 (XXXIII, 191). — amis… a. commandé qu’on leur accoustrast Dgis icy au plus pres. isiniyoT, Hist../Ethiop., 11, 77 vo. — Il feit aussi accoustrer et fortifier et de Piraee, ayant consideré la. commodité [eu, pour du tout appliquer la ville. à la ma, — Thémisiocle, 19. — L’argent que lori luy it contribuer à. force pour les affaires de la re coutre les Barbares, nous l’employons à dorer, einbellir et accoustrer nostre ville, ne ne moins qu’une femme glorieuse. i D " rë- g, — Les Syracusains reprenans cueur s’en urnerent de rechef à Catagne, là où ilz pil- d et gasterent tou.t le pla, t pais, et bruslerent imp que y avoyent accoustré les Atheniens. Nitici-g, 16.. — La charge en laquelle il ein- .a. plus de diligence et de solicitude, fut. à dres- 7.4 accoustrer les grands chemins. In, „ Ccaus Gracchus, 7. — Ilz ordonnerent (111E. le derriere du temple de Minerve, , , luy seroit prcpiaré et &mous- tré pour son logis. ID, , Démétrius, 23. — Mais aussi e.stoit ce une honeste et loua.ble clespense celle qu’il faisoit à recouvrer et faire accoustrer des livres car il en assembla une grando qua.n- tité, et de fort bien escripts. ID„ Lueidiets, 42. Prépa.rer [un aliment, une drogue]. — Le tout n’estoit que chair de porc., laquelle estoit ainsi di- versifiee de plusieurs sauce.s et differentes ina.- nieres de raCCOUStFer. AMYOT, Flaminius, 17. — Lon servoit tousjours de toutes sortes de viandes exquisernent accoustrees, Lucullus, 40. — 11 faisoit dresser ses tentes et pavillons à l’oree de quelque vert bocca.ge…… lâ ou on luy accoustroit son disner sumptueusement. In., Anteinre, 9. — Atree De ses neveux a la chair accoustree, Pour le disner qu’à son frere appresta. FoRcADEL, Œup. poet., p. 51. — Pour empescher que le pois- son ne face mal… Il le faut faire bouillir et accous- teer a.vec du vin. WALL" Bouciirr, 69 Seree (11„ 12). — Elle a des cuisiniers Qui dans les plats fu- mant accoutrent les gibiers, VA iiQuELIN DE LA. FRESNAYE, Satyres jrançoiscs, L. V, à M. Bertaut.. — On les convioit de se raffraischir et faire la. col- lation, que don Sanche avoit falot très bien ac- coetrer. BRArcrômEl Cap. estr., (loin Sanche d’il- 11, 185. — Aux viandes nouvelles que /eues sçavent très-bien accoustrer. In., De3 DaieleS, part, .(1X, 221). — 11 accoustroit à rnanger pour les Religieux. Trad. de FoLEN Merhn Coecaie, L. X (I, 269). — Le medecin, mary de \rostre Lucresse… m’a donné charge aller aujourd’huy accoustrer ses vins. Or, j’ay pensé vous desguiser tonne-lier, et vous Encrier al, rec- ques moy en la cave. LA.ILIV EY les Escolliers, L — pauvre femme… le contraingnit [i’apo- thicairel d’accoustrer ceste poudre et en print ce qu’il Iuy en faisoit de. mestier. MARC-, DE NAV-5 H ep ta in. _ 68. Hien disposer, proprement, élégamment [la barbe, les cheveux]. — Or avoit il laissé croistre tousjours sa barbe depuis sa desfaitte sans l’ac- coustrer. AmvOTI Antoine, 18. — Et disoit davan- ta.ge Caesar… que ceulx qui leur feroyent la guerre seroyent un Ma.rdion Eunucquei un Photinus, une Iras, femme de chambre de CIeopatra, qui luy accoustroit ses cheveux.. ID., ib., 60. Panser. — Voya.ns ceste jeune pucelle parée de vesture si exquise… qui n’entendoit à autre chose, qu’à curer et acoustrer les blesseures du jeune damoyseau, Amyor, Hist. iEthiop, , L. I, 3 ro. Orner, décorer. — La. littiere fut tantost preste et a.ccoustree de royaux a.ornemens. LEMAIRE D E BE bC ESs 17. — [AEmylius] luy mesme venoit apres, monte dessus son char triumphant, accoustré et orné tresmagnifique- nient. AMYOT,. Paul Emittcf, Vêtir. Accoustré. — Ce faict, estoit ha- billé, peigné, teslionné, ac-coustré, et. parfumé. RABELAIS, It 23, — L’Ange… qui appa.rut aux femmes pries du sepulchre, estoit accoustré d’une robbe blanche.. CALVIN, Instruct. conbie les Ana- baptistes (VII, 116). — Ils trouverent Cleopa.tra roide morte couche° sur un flet d’or, a.ecoustree de ses habits royaux, A.wroT, Antoine, 85. — Les pages d’honneur tif-Ili-nient accoustrez, et bien pi- gilez testonnez. LouvEku, tra, d. Une 1, — Au jour sacré de la Royale entrée, Que la Princesse, en drap d’or a.ccoustrée, Brave appa- roisse. RoNsARD, Poèmes retranchés (VI, 203), ileceitstrer qqn de qqch. Préparer qqch pour qqn. — Les vieux ou vieilles qui excéderont l’aage susdict demeureront aux maisons de leurs maistres, pour les accoustrer de manger et garder la maison. Mornuc, Comment., L, III (II, 50).

S’accousirer.. Se vê., tir. — La Nymphe saccoustra de ses plus riche.s habillemPns. LEMA3RE DE BEL.— CF, , Se Illusir., I, 29. —Comme. une jeune fille, à fm de plaire mieux Aux yeux de son a my, par un soin curieux Siaccoustre et se fait RoNsARD, Hymne du Printeenps (IV, 303). Vests toy de ta force, Sion accoustre toy des vestemens de ta Jerusalem. CALVIN inStite, IV, lie 17. ..1.1"aecoustrer de qqch. S’en servir, s’en accommo- der. — Je sçay que tu scez qu’elle est louchk.J, Mais je te vekix dire comment Elle l’est si horri- blement, Et de ses yeux si rnal s’acoutre, Qu’i) vaudroit mieux, par mon serment, Qu’elle fust a.veugle tout outre. MARoT, Epigri, 204. — L’eclipsement nouveau des dix jours du Pape, m’ont prins si bas, que je ne m’en puis bonnement accoustrer, MONTAICNE„ 10 (IV, 132). Accousturnanee. Action de s’accoutumer, ha- bitude, — Aux bonnes choses conviendroit S’oc- coustumer lors adviendrait Qugon verrait la chose en usance Qui estoit hors d’accoustumance. MAROT trad. de deux Caoques f. D’avantage vostre peuple pour la longue accous- turaance, e…t pour l’accroissement. qu’il a re.ceu des armes, ne demande autre chose que la guerre, AMVOTe Numa, 5. — Il ; y eut un Romain qui prit cognoissance et accousturnance de s’a.pprocher et deviser farnilieremcnt avec un de ceux de la ville.. ID., Camille, 4, — L’accoustumance oste beau- coup de la trayeur et terreur aux choses, qui de leur nature sont verita.blement effroyables. ID., Marius, 16. — Aucuns, ou pour estre collez au vice d’une attache naturelle, ou par longue ac- coustumance, n’en trouvent plus la laideur. Mûri"- TAicreE, III, 2 {ln, 272). — A UTIO miserable con- dition, comme est la nostre, ç’a esté un tresfa.vo- rable present de Nature, que l’accoustumance, qui endort nostre sentiment à. la souffrance de plusieurs maux. ID., III, 9 TiT, 77). — L’accote- tumance est une seconde nature. ID., 111, 10 (.1Ve 131).. Accoustuzué subst.). Ce qu’on a coutume de faire, — Harpagus contre son accoustumé avoit mandé le berger. SA.LIAT trad. dinéRoDoTE, I, 111. — Comme le berger voulust faire son acous- turné, et eust ouvert l’huys pour entrer vers les enfans, ilz turnberent tous lieux à ses piedz. ID., ib., II, 2, Accoestumée (subst.). Ce qui est habituel. — Je vous mandois par ma derniere que Monsieur se trouvoit mal ; vous saurez par ceste-si sa. bonne santé ; par la grasse de Dieu, est remis à son accousturnée. AuBIGNÉ, Lettres de sources diverses, 24L. (Accoustumée pourTait aussi se rapporter à, santé.) A ro.ceoustionée. Selon l’habitude. — 0 Dieu tu es mon Roy, aide à. l’accou.stumee A Jacob ton servant. DESPORTFLS, Ps. de David, 43. — tes pro.- ŒSSiOnS.-— Se rirent et se parachevarent fort dévo- tieusement et quietternent, sans désordre et tu- multe ny insolance aucune, à Paccoustumée. BRANTI5M E, Cap. franç., M. de Ge.dise, — Je. veux respondre, quoy cjue couramment à mon accous- tutnee, aux dermeres lettres que j’ay receu de vous. St FRANçois SALESe Lettres, 704. Accoustumer. S’accoutumer à. — Elle exerça dès sa tendre jeunesse masle tait des armes aux tournoys, Acoustumant la lance et le pavoys. BAÏF, Poentes, L. V (II, 264), — Aprenons à, re soustenir de pied ferme, et le combatre (l’enne- mi qu’est pour l’homme la mort],.. Ostons Iuy restrangeté, pratiquons le, accoustumons le, Mow- TA ro ih.[E, I, 19 (I, 90). — Nous nous durcissons à tout ce que —nous accoustumons, ID, „ III, 9 (IV, 77). — luy raison. accroyre que rea.0 de la, ri- viere de Séne les amaigrissoit ainsi [des chevaux] jusques à. qu’ilz l’eussent accoustumée deux MOi.S. BRANTÔME, Cap. estr., Ie ereareechal d’Es-trozze, 265. aecoeislumé. Avoir l’habitude. — Les An- ciens pour confirmation de leurs appointemens, a.voient aeousturné de tuer une truye. CALVIN, instit., X, p. 567. — — Incontinent qu’il fut arrivé à Athenes, voulut commander et ordon- ner, conime il avoit occoustum.é. ArieYoT,. Thésée, Senat a tousjours accousturné de se por- ter moclereement et gracieusement envers ceulx qui ont à besongner et traitter a-vecluy. ID., Alci- biade, 14. — Ceste forest est celle mesme où… toutes les deïtez forestieres ont accoustumé de faire leur retraitte. BELLEAU, 1-a Bergerie, ire Jour- née (I, 265). Les os et reliques des personnes d’houn.eur, nous avons accousturné de les tenir en respect et reverenee. MOridTAIGNE„ III, 8 (Il, 80). — Je luy dy un jour un peu hardiment, comme ray accoustumé, qu’il luy sieroit mieux de nous. faire place. ID" ib. (II, 84). Ciceron reprend aucuns de ses arnis d’avoir accoutumé de mettre à l’as- trologie, au droit, à la dialectique, et à la geome- trie, plus de temps que ne rneritoyent ces arts. ID., II> 12 (II, 246). — Il [César] avoit accoustumé de dire qu’il air.noit mieux la —victoire qui se conclui- soi t par conseil que par force. ID !, 34 (HI, 169 ecoustumer qqch à qqn, Le lui rendre habituel. - [ies vers à soie] seront cha.udem.ent tenus durant quelques jours, pendant lesquels leur ac. cousturnerés l’aer petit à petit. O. DE SERRES, Théâtre d’Agric., V ! 15. — Comn-ke aussi se plai- sent-ils [les vers à soie.] à la, senteur des pourreaux, des aux, des oignons, si la leur accoustumés dés le.ur jeunesse, In., ib, Aceraser. Écraser, frapper violemment. — Air, où rescrvois-tu des boulets foudroyans’Tant et tant de milliers" quand aux Arnorreans Par les fils de Jacob mis en route et en fuite, Tu fts les a.ccrasant si mortelle poursuite ? J. DU CHESNE „ Grand Miroir du Monde, L. I, p, 16. — Or Dieu, qui ses enfans d’un ceil piteux regarde, En-voye à leur secours. cinq archers de sa. garde, Cinq Che- valiers divins, qui vola : ns par les airs, Dardent sur l’ennemi tant de foudreux esclairs, Qu’ils ont en un moment de leurs aspres tempestes Accrasé des Pa.yens plus de vint mille testes. , , ib., L. p. 64. — Quels foudres, quels esclairs, queile.s aspre.s tempestes, Quels vents tourbillonneux, acrasant plus de testes D’Aphricains ennemis, que tout le bataillon Que leur mit au devant le preux Tym.oleon… ? ln., ib., L. V, p. 196. — [A Cathe- rine de Médicis] Quand l’edi lice haut des superbes Lorrains, Maugré tes estançons, t’accablera les reins, E’t par toy eslevé Vaccrasera la teste. Ar.7- MIMÉ, Tragiques} I (1V 53). — La fortune de Despian tombera sur vos testes et vous occrasera, ID., Letires diverses, 23 ge 515). AccravanterlAggravanter. Écraser. — Une piece de la rnontaigne eslancée par un trem- blement de terre, a.gra-vanta partie des a.ssaillans. FAUCHET, Antiquitez, I, 10. — Ils avoient fait passer des chariots chargez sur d’autres, arrestez avec. des pieux au travers des chemins, afin de miserablement les faire mourir accravantez. ID., ib., III, ft, — Encores que des monts Pyrenees il roulast de grands quartiers de pierre, qui accra- vantoyent les hommes et le bestial. 1D., ib., III, 20. — Durant 1eur sejour en Constantinople, estoit survenu un erousle… par lequel plusieurs edi- fices de ladite ville et d’au. tres Citez furent abatus et les hahitans agra, vantez dessous. 1D.5 ib., III, — Nos gens preparereni… des Mangonneaux (qui estoient des instrumens à jetter grosses pierres de faix) pour agravan ter les taudis et man- telets des Danois. ID., ib., X, 18. — Que la terre s’affaisse tant qu’elle voudra, qu’elle en- gouffre, atterre, accravante et ensevelisse les pauvres pionniers. CuoLIÈRES, 1 re Matinée, p. 52. — Nous la poussons en bas [une tour] : elle adonne qui se suit, Traire apres sa ruine un grant et son- nant bruit, Et de Ra chute esparse en tombant en- sanglante Force rangs ennemis que son faix ac- cravante. BERTAUT, trad. du 2e liv. de 1 Eneide (p. 264). — Le Prestre,.. descend en la fosse, mais il ne fut si tostparvenu où estait le coffret, que la terre ne tornbast sur Iny, et Paccravantast. LE LoyER, Hist. des Spectres, 1V, 12. — La pauvre femme fut de rnesme avec luy occise d’un coup d’espée à travers le corps par un centenier, et sa fille brisée et accravantée contre une muraille, qui ne pou•oit mais de la meschanceté de son pere.BRANTômE, Des Dames, part. Il (IX, 334). — Celuy qui d’un canon foudraiant extermine Le rempart ennemi, sans brasser sa ruine, Ruine ce qu’il hait, mais un mesme danger Accravante le chef de l’aveugle estranger, Grattant parle dedans le vengeur edifice, Qui fait de son meurtrier en mourant sacrifice, AuitiG Ni Tragiques, I (IV, 55). Fouler aux pieds. — Tout ainsi coleré, j’ay pressé furieux Leur col aecravanté du pied vic- torieux. R. GARNIERi Forcie, 1058. — Tout ainsi ray foulé leur teste a.cravantée Sous mes piedz mottez. J. DE CHAMP-REPLFS, Ulysse, I. 11). Abattre. — Ores les esclandres durs De la tem- peste fatale Qui accravante les murs De nostre ville royale, R. GARNIER, la Troade, 1230. — Les Perrieres et Mangoneaux c’estoient. instruments de guerre pour baterie). estoient prests de batre les murailles, et d’agravanter les maisons de la cité. FAUCHET, Antiquite.z, If, 20. Briser en précipitant en bas. — Le Ciel ne de- voit pus Pardonner à si lasche teste, Ains il devon de sa tempeste L’acravanter à bas. RONSARD, Odes, Il, — Ayant pris dedans [la tour de Montbrison] cent ou six vingtz tant soldez qu’autres par composition et sur sa foy, il les fit amprés tous précipiter du haut en bas et acra- vanter. BRANTÔmE, Cap. franç., le baron des Adretz (IV, 32). Étouffer. — Ce fort Thebaini.. Qui dans ses bras Anthee ocrava.nta. RONSARD* Amours de Cassandre, Elegie a Muret (I, 113). — [Antée] qui se travaille D’eschapper hors du pl y de si rude te- naille, Enfle ses nerfs en vain, et tout a.cra-vanté Encor’sur un genouil, mal-, leur se tient planté. ID.1 Foetus, L, I, Harangue du due de Guise (V, 24). Charger lourdement, écraser sous le poids. Las ! voudriez-vous bien voir vos sepuleres cavez, De nostre humide sang incessamment lavez Et vos corps inhumez dans leurs urnes fatales, Ac- cravantez du poix de nos charongnes palles… ? R.. GARNIE Re _POrtie, 256+ — Ores ]es mesmes champs, qui sous leurs corps gemirent, Dessous les corps Romains accravantez soupirent. ID., Cornelie, 1894. — Il ne voit esgorger une foiblette enfance, Et les Rois giesastrez en rniserables serfs Couchez dessus la paille a_ecravanter de fers. In., les Juiftes, 1574. — Les roues et potences ne sont accravantées que du poids de ces charongnes. Var. hist. et Ur, 11. [e 230. Frapper violemment, foudroyer_ — Tous jours Ce Tresorier jaloux Nous acravantera de coups. GREvrN, la Tresoriere, IV, 4. — D’autres fois il survient qu’aussi tost que la nue Par un secret. effort en gouttes d’eau se mue, Que de l’air du mi- lieu l’excfissive froideur Les durcit en boulets, qui tombans de roideur Quelquesfois, ô pitiét saris faucille moissonnent, Vendangent. sans cousteau, les ! miniers esbourgeonnent, Desnichent les oy- seaux, des-honorent nos bois, Acravantent nos bœufs, et fracassent nos toieLs. Du BArtrAs, 1 re Semaine, 2e Jour. — Leur vignoble est meurtri de gresle et de terapeste, Et la pierre de glace acravante la teste Du sauvage figuier de tout point saccagé, DESPGRTE.S] PR.. de DaPid, 77. Icy gist un toreau par l’ora.ge malté, De’à. gist un enfant. du foudre acravanté. Du BARTAS, L. II. — La dextre tonnante De Jupiter qui oc cravante D’un rocher Pindorntable flanc. R. OAft- NIER, Marc Antoine, 13O6. — (Fig.) Je provo y ja mainte tempeste Et maint orage menaçant, Pour nous accravanter la teste, S’aller dessur nous es- lançant. I D-1 Hippole, 1537. Accabler sous la défai te, la fatigue, le malheur. — Cesar, qui a dom té tout cela que le Ciel Enelost sous sa youture, et s’est fait immortel Par la MOlit d’un radie, a_ccravan tant ]’audace De son gendre orgueilleux. GREVIN, Cesar, I (p. 3). — En somme ce Tyran croit que la saincte race Crevant sous ! e fardeau demouroit sur la place, Ou qu’Isac pour le moins accravanté de maux, De veilie.s affoibly, tout cassé de travaux, Avec le cours du_ temps se rendoit inutile Aux baisers amoureux d’une Vpnus fertile. DU BA.RTAS, 2e Semaine, Lay. — Helas ! quelle tempeste Du non couipable [saac accravante la teste ! hi, ib., 4 Jour, (es Trappes. — Que tout le malencontre et le cruel rnechef Qu’un ennemy souhait t te accravante mon chef. R. GAR.NiElil la Troade, 880. Accabler sous la tristesse. — Si ne seront point ces peines Egales au dur ennuy Qui par traces inhumaines Me rentraisne avecques luy, Et qui d’un faix inconstant Me va tout accravantant, TAUD REALI, Poésies, Ode 6.— Soit soit tousjours ton cœur de dueil agravan té. BAÏF, Poenees, L. 115). — Soit égallement D’ennuis agravanté, quiconque ma simplesse D’un ma_chineur engin epoint faussement blesse. ln., ib. (II, 127). Mais d’or vient que la Royne est si tost retournee Quand elle a sceu d’Ilemon la dure destinee, Sans faire aucuns regrets, sans avoir lamenté, Sentant d’un si grand dueil son cœur accravanté ? R. (4 Ail R — N É ES. Antigone, 2603. eaccravanter. S’abattre.—Niais ainsi que la Palme est propre à resister Aux fardeaux onereux, sans point s’acravanter. J. DE CIIAMP-FLEPUS 1yssc, IV (p. 50.). A ggravanté. Malade_ — Soit à ton los man can- tique chanté, Car par toy e.st l’aise doulx enfanté ; -Par toy la vie en corps aggravanté Est restaurce. DIA ROT} Chants divers, 1.0. Acore/alti V. Accroist. Aecresté. Qui a une crête. — Il porto on teste un heaume accresté, et la visiere fermée. Trad. de FoLENGo, Merlin Coccaie, L. XV (11, 28), Dressé comme une crête. — Les aultres en- floyent en longueur par le membre, qu’on nomme le laboureur de nature en sortequ’ilz le avoyent merveilleusement long, grand, gras, gros, vert, et acresté, à la mode antique. R, ABELMS, ILL Hautain, fier. — Il avait une aultre poche pleine de alun de plume, dont itgettoit dedans le doz des femmes qu’il voyon les plus acrestees_ RABELAIS, 16. VraYenlient tu es bien acresté à ce matin tu rnmigeas hersoir trop de mil. ID., 1, 25. Malveillant, méchant, hostile. — Ceux, qui par trop a.cerestés mesdisans, tascheroient à me bles- ser du venin de leurs langues mordantes et pesti- feres. P. D E eEtivr. poet, Advertissement. au Lecteur. —Desübeissance. Itee eue, inofficieuse, mutine… actrestée. M. D E LA Po RTE, Epitheles. Accrester (81). Lever la crête. —— Lest Animal tant furieux [le lion l… craint de voir un coq qui s’accres V et se gendarme :, et plus encores quand il chante.r) , 1T PINETt trad. W PLINE, VI II, 16(04 — Le Coq naturellement fait peur au Lyon, quand il eaccreste et se gendarme, mais plus eucores quand il chante. M, D E LA PORTE, Epitheles, 93 ro. Accreusement. — Esprit parfait, dont en terre tenu Accreusement, pour enter retenu Est, comme on voit, le corps essencieux. Anc. Poés. franç.., XIII, 407-408, Accroc. Ce qui accroche. — Celuy qui veut monter à la montagne, il faut qu’il soit despouillé de toute Vanité et Menterie : car tels haillons trouvent. trop (l’accrocs qui les arrestent. Du VAIR, Meditai. sur sept ps. de la Consol. de David, Ps. 13. — Ceux qui montent par un aspre et e.spi- neux precipice, quand ils viennent à se picquer quelque ronse, ou escorcher contre quelque cail- lou, levent de douleur la main de dessus les cram- pons et accrocs qui leur aident à monter, et in- continent bouleversent en bas. lu., Ps. 52. Accrochage. Action de s’accrocher, — Je lasche mon limier dans l’espesseur du bois, Et moy de pieds et mains, non saris quelque accro- cha.ge, Je nie trahie attravers le plus fort du hos- cage. CL. GAUCHET, Plaisir dee erEmps, Chasse du Cerf (p. 183). Accroche. Ce qui accroche. — Sans les avoir armez et mains et d’accroches, De petits hame- çons, de secrettes approches, Des traits mesme d’Amour, pour attirer à soy Le ter opiniastre et lu y donner la loy. BELLE A. L, Amours des Pierres précieuses, hiPterre d’a mi (II, 180). — Les mariniers ont accoustumé de bien fourbir et ra- cler les parois de la navire, pour en os ter toutes accroches des herbes, d’algue, et de la mousse, qui s’y attachent. AmToT, trad. des Propos de table, il, • (Au figuré :) Juges, où seront lors voz fui ttes, vos accroches, Voz exoinés, delaiz, de chi- cane les tours ? AUB1GNÉ Tragiques, III (IN, 137). Accrocheraient. Action d’accrocher. — Lancre signifioit plustost fermeté que detentian ou ac- crachement. SE Y ssEi„ trad.d’APPIENr Guerre •S’y- riaque, 7. — La plus part de leurs façons de com- battre sont prises ou vrayes ou feintes, accroche- mens et mesuremens de l’un à l’autre. Amvor, trad. des Proios de table, III, 4.— Les saisies, ac- crochernens et prises de ceux qui lu.ictent, ont be- soin de poussiere esparse sur leurs mains pour les rendre plus fermes. In., ib, , IV, Proeme, — (Fig.) La belle Venus ne s’accoupla elle pas avec le bon Irieillard Anchises… et de test. accroche- ment 2Enea n’en fut il pas basty ? CilomènEs, 7e Matinée (I, 255). Voylà derechef un autre au-FI : tellement— PIE. DE MAaNtx, Differ. de la Re- Préface. Acerocheter. Accrocher, arrêter. — Son Al- tèze mit en avant de traiuter sur ce plus amplt-- ment avec les estez, pour ne demeurer icy a.cro- chetez. Pu. D E MARNIX7 EcriÉs polit. et hist., p. 199. — Le lendemain… arriva le sr J oly temps, avec les ratifications de’rostre traicté de par les provinces contractantes, et pouvoir ide faire et recepvoir le serment ce que facilita grandement la fin de nostre traicté, pour ce questions lors accroche- tez proprement sur ce point.. lu., ib., p. 230, Sacocheter. accrocher. — Il y a une i r nfi- nit é— de ces atomes galopans continuellement en Vair et s’acrochetans l’un l’antre. PH. DE l’IrfA Rmx, Differ. de la II, t, 11. Accroire. Prendre à crédit. — De sorte qu’on tend Faire le prest, c’est chose bonne à croyre, Que qui peult bien payer, ne doiht accroire. CRE- TIN, à François Charbonnier. Faire crédit., donner à crédit. —— Sang Meut tu err auras a.utant. ; Vela comment il failli. accroire, — Accroire ? I1 twill payer comptant. Sotties, II, 193. — Plus n’avons pistoletz ni’escus ; Le tavernier digit Rien n’accrois. A 11 C. Poés. /ranç, , VII, 77. Prêter. — Puis il lu y fait à croire Que des libvres il s’estoit fait à croire, Et d’autres cas dont il avait mestier Pour soir servir. BOURDIGNË, Pierre Faifeu, 3. — Il demeure encore gros de- niers quiilz mettent en leur thresor publicque, si d’adventure ilz ne les ayment mien prester et accroire au peule de ce pays. Ln lhoriin, trad. de Tri. Priorats, 1’Isle d’II copie, L. II, 8 ? roi. Estre accreu. Avoir du crédit.. — (Ironiqu.e- men t. Et tous estoient sans denier et sans maille, Et n’eussent sceu trouver qui leur en baille, Tant ilz estoient bien par la ville acreuz. BouRDIGNÉ, Pierre Faifeu, 13. S’en faire accroire. Faire ou faire faire ce que POLI veut, agir à son gré, imposer sa volonté. — es deux jeunes Empereurs défaillans de ga.rends à leurs sujets, la plus grande partie des villes et citez… s’en firent accroire elles-mesmes, et à leurs propres cousis et despens, sous tindrent le deffroy de la guerre, s’affranchissons par ce moyen… de l’ancienne oheissance qu’elles avoient en leurs Empereurs. E. PASQuiErto Recherches, I} 7. Comme M. de Tavanes vo]sist passer, M. de Bar- bezieux ne le vouloict permectre.., mais, quo y qu’il teust, ii s’en fis I accroire ot passa le guichet. 1V1 o N- L Uc : 1 one nt., Lb I 115-116). — A la fin le Roy s’en fit accroire, ayant M, de Guise et M. le mareschal de Sainct André de son cousté. lu., ib„ L. f I i (I, — Bien peu de jours après, m’ar- riva le don que le roy m’avoit laid de la campa- nye de gens d’armes, pour la mort de M. de la cocas ta prou au imy de se pouvoir des- meller des traverses que l’on me donnoit à m.e garder de l’avoir ; touteslois le roy s’en tee ac- croire plus par colère qu’autrement. ID, j ib., L, IVI1, 32, 1). — Depuis cette constitution ainsi faite l’on n’a point veu que les Papes n’ayent eu très-grande puissance temporelle dans Rome, dessus les Empereurs et encores que les aucuns leur voulussent envier cette grandeur, si est-ce que les Papes s’en sont fait accroire, quelque re- s’embu que l’on Leur ait faite. E. PASQUIER, Re- cherches, III, 4. — Geste deffence dura prés de deux ans, et leur lia si bien les mains, qu’ils ne s’osèrent jamais rien demander, car le roy s’en faisait estrangenient hien accroire sur l’observa- tion de ses loyer. BIIANTÔM E, Disc, sur iCS Duels (VI, a » ). — Et aiant la régence de co roya.ume..i s’en fit bien accroire sur le roy de Navarre, qui, comme prince premier du sang, vouloit œstre ré- gent en sa place. ID., Des Dames, part. I, Cathe- rine de Me.dicis (V11, 351-352). — La reyne sa mère In_ vautrait fort marier à Charles d’Autriche, despuis empereur ; et si elle eust vescu. cella se fût faict, car elle s’en raison accroire quelques fois par dessus le roy son mary, ID., Des Dames, part. I, Claude de— France (VIII, 11 : 16).

Accrois (subst.), v. Accroist.

Accroissance. Croissance [des êtres vivants]. - La forent prent sa verde robe neufve, La terre aussi, qui n’aguere etoit veufve, Promet de fruictz une accroissante pleine. Du BELLAY, l’Olive, 88, - Autant puisses-tu avoir De.vertueuse accrois- sauce Que le ciel nous a fait voir De bon heur à ta naissance. ID., Ode sur la naissance du duc de Beaumont. —— Et vous Nymphettes Lorraines, Caressez à qui mieux mieux… Ce Roy vertueux et sage… Qu’heureuse en soit Paccroissance Au doux repos de la France. BELLEAU, la Bergerie, Ire.cura. (I, 287). — Du Lentisque trois fois la fleurp rend sa naissance, Et son fruict trois fois Pan prend nouvelle accroissance. ID., Prognos- tiques et. Presages, 11, 349. — Les arbres et les plantes succent la terre pour leur proufit, et en tirent l’humeur qui sert à leur accroissance, 1 O N- TA.IGN EI trad. de RAY MON D SEBOC’i, ch. 66. — Le Soleil chaut qui toute chose esclaire, Luy donna [à une plante] l’estre, accroissance et vigueur. RorisAan, F•anciade, III (III, 110). — Le jardi- nier curieux de ses fleurs, De jour en jour beant leur accroissance, Ardent les voit, et les espie. Au- BIG NÉ, Printems, 1, 76. — Là prend accroissante et vie La violette, encholie, Marjoleiine, tims, per- silz. ID., ib., 111, Ode 23. — Vierge qui tout fais naistre, et donnes accroissante Par ton humeur divine à ce qui prend naissance. PASSERAI", Poés., Prière à Lusine (I, 115). — Et tout ainsi que le chaud du soleil Donne estre à tout, le feu de son bel œil Me donne force, accroissante et la vie. Ouï DE TOURS, Souspirs ainuureux, L. I (I, 6). Accroissement, élévation, augmentation. — Ceulx je repute dignes D’estre elevez jusques aux courts divines Par bon renom, qui de basse nais- sance Sont. parvenuz à haultaine accroissance. MkuoT, Jugement de Minos : — Croyez que je suis faicte exprès Pour vous porter obéissance Qui tousjours prendra accroissance A mesure que je croistray. In., Epistres, 36. — Mais si ce beau ung fol dezir m’apporte, Vostre vertu, plus que la beauté forte, Le coupe au pié : et veult qu’un plus grand bien Prenne en mon cœur une accroissance pleine. Du BELLAY, l’llonneste Amour, 3. — [L’Amour] Prenant tort accroissance, Acharné dedans nous, il nous deehirera. BAÏF, Amour de Francine, L. IV (I, 24, 3). — Si Dieu pourvoit ima- giner quelque augmentation à son pouvoir ou ac- croissance, il auroit quelque chose de plus grand en son intelligence qu’en sa puissance. MO N- TAIGNE, trad. de RAY MOND SEBON, ch. 42. — Il faut que, rostre ame soit rendue si contente, que son aise ne puisse recevoir aucune accroissance. In., ib., ch. 154. — Nous appelions aggrandir rustre nom, l’estendre et semer en plusieurs bouches : nous voulons qu’il y soit receu en bonne part, et que cette sienne accroissance luy vienne à pro fit. I D., Essais, Il, 16 12). — Quand je pense à croistre, c’est bassement, d’une accrois- salue contrainte et couarde : proprement pour moy : en resolu.tion, en prudence, en santé, en beauté, et en richesse encore. ID., III, 7 (IV, 2). — Le sçavoir, l’artifice avec l’experte usance, Don- nent en quelque temps au rènom accroissance. VAUQU ELIN nE LA FR ESNAY E, Art Poetique fran- çois, IL — C’est en cette accroissance que les pe- tits fiefs de France sont aujourd’hui Baronnies… les Baronnies Comtez… les Comtez ruchez. AuBIGNÉ, Faeneste, IV, 20. Crue. — L’eau du Nil arrousant et rendant fer- tile le païs d’Egypte par son desbord et accrois- sauce. THEYET, COS.M0 Kr., V, 6. Aeeroist. Croissance [des êtres vivants]. — Nature empIoye la nourriture qu’ils prennent, tant en leur nourriture qu’en Faceroist de leurs parties corporelles. CHOLI RES, 7e Ap. Disnee (p. 285). — On bordera ses allees d’arbres, de ceux qui seront de plus facile accroist et de plus grand profit et plaisir. O. DE SERRES, Théâtre d’Agric., — Llivroie prend sa naissance de la seche- resse, et son accroist de l’humidité de l’Hy ver suyvant. ID., ib., II, 2. — Si \rostre climat rouf-. frant l’accroist de la Vigne, est plus froid que chaud, plantez à. l’aspect du Mid, ID., ib., 111, 2. — [Les œillets] veulent estre arrousés, mais mo- derément le peu et le trop d’eau leur estans pre- judiciables, l’un en l’accroie, l’autre en Podorement. ID., ib., VI, 12. Accroissement, augmentation. — [R.ibaudise] Aux haulx tousjours aeste et braist ; En maintz tormens faict son accrest. Sotties, II, 59. — Ainsi le tres clair honneur, par repercussion nwer- berce se redouble, retournant avec accrois de resplendeur à celluy duquel il est procedé. B. ANEAU, 1 nzagination poétique, Dédicace. — Il est parlé de l’accroist de l’ire. de Dieu. CALVIN, Serm+ sur le liv. de Job, 14.0 (XXXV, 278). — Je ne veux pourtant dire que ceste mer soit si pro- fonde comme elle a esté, veu que tousjours il s’y fait accroist et de limon et (Pareille. TH EVET, Cos- mogr., VII1, 12. — L’aceroist de la puissance de lehemet vint des Chrestiens mesi.nes. In., ib., VI, 4. — Je laisse aux anciens Historiens à vous déduire l’accroist et diminution de ceste vite, ID., ib., XVIII, 10. — FerauIez, qui avait passé par les deux fortunes, et trouvé que l’a_ccroist de che- varice n’estoit pas accroist d’appetit. MONTAIGNE, I, 40 (I, 348). Crue. — Ces deux fleuves sont posez soubz mesme radiation perpendiculaire, jaçoit qu’ils sourdent en plages et regions diverses, ayans mesures causes de leur accroist et decroist. TRE- VET, Cosmogr„ II, 10. J’ay parlé de l’accroist et decroist du Nil. ID., ib., X XII, 9. — Comme on voit bien souvent une eau foible et debile, Qui du cœur d’un rocher goutte à goutte distile… Par l’accroist d’un torrent plus ficre et plus hautaine, Emporter les maisons, noyer toute la plaine. DES-PORTES, Amours d’H ippolyte, Stances. (En parlant des phases de la lune.) — La mer s’enfle et se diminue Par Paccroist et decroist de 1’Estoille cornue. Du BA RTAS, Ire Semaine, 4e Jour. — La nier s’enfle et se diminue par l’accroist et decroist de la lune. CliGLIÊ RES, Se Ap. Disnée (p. 294). Profit, gain. — Dieu n’a point defendu tout gain… Mais il a defendu le profit ou l’accroist qu’on rend à celuy qui baille le sien sans son dom- mage, et cependant veut sucrer la substance d’au- truv. CALviN, Ami.. sur le Deuter., 134 (XXVII !, 117). — C’est une sottise trop lourde, quand on voudra dire que l’usure n’est sinon en l’argent car nous voyons que Dieu l’a estendue à toutes espaces de profit que quand nous prenons ac- cruist en bled, ou en vin, tousjours nous sommes usuriers. ln., ib. (XXVIII, 118). Aecroistre (intrans.). S’accrois ire, croistre. — Ton bien acroistra d’adventaige, RABELAIS, III, 28. — Sa gloire en accreut tellement, qu’elle s’es- pandit partout. A m Y oT, Pélopidas, 30. — Si toute. fois cette fauce opinion sert au public à contenir les hommes en leur devoir… qu’elle accroisse har- diment, et qu’on la nourrisse en nous le plus qu’on pourra. MoDurmeNs, II, 16 (Ill, 16). Si vous voyes que neanmoins la tentation persevere ou qu’elle accroisse, coures en esprit embrasser la sainte Croix. St FRANçois D E SALES, Vie devote, IV, 7. — Ainsi devint et accreust jadis. Rome par les ruynes de la ville d’Albe. BRAI’llTiblE, Cap. eer., Caesar Borgia (11, 206). Accroupir, Mettre dans un état de paresse, frina.ction, — Le mariage… apoltronit ou accrou- pit les bons et grands esprits. CHARRON, Sagesse, I, 46.. S’accrûupir. Pare en éla.t. de stagnation.— A fin que. le venin, si aucu.n avoit on n.ous, se puisse evaeuer sa.n.s s’y acc.rou.pir aucunement. _A NIBR. PARÉ :, XXIV, i0. — (Fig.) : Je voudrois sans nous accroupir de paresse… que nous nous exposa.s-sions, pour le bien de nostre pays, volontairement aux dangers. E. PASQUir R, Potir-piirler du Prince (1, 1028). Accrioupi. Qui est dans un état de stagnation, d’immobilité. — Le souverain remede… est de faire des esgouts pour tirer toute l’humidité de-hors, ei toutes les eaux qui y sercFnt accropies. COTEREAU, trad., de COLI_TMELLE, 11, 9.. — Astre luisant, avant qu’aucune chose Du vieil chaôs en-core (list déclose, Qua.nd mer et feu, ciel et terre acroupis D’un noir brouillas languissoyent assou- pis. BA.-iF, Poones, L. II (II, 77), — Si en ce que je vou.s envoye. vous trou-vez clequoy contenter vostre esprit, vous ne me l’imputerez, ains à vous, qui sçavez remuer en moy des humeurs sourdes et accroupies. H. PAsQuiE Ri Lettres, V111, a. — Jusques au temps que soyons deerepitz, Pre_s d’estre mis en terre et acropiz. J. BoucitET, Epis-ires morale.9 du Travereete, 1, 1.1. Accrouppir. Pencher en arrière. — Je lui ap-pris… à. relever sa ceinture à la. fosse de l’estomac, comme le petit Auger, barbier de Paris, à faire accrouppir le chappeau et les perruques. AUBI-GNÉ, Santy, II, 1. Aecueil. Lieu de réunion. — Grece, qui a esté la pepiniere et accueil de toutes gens insignes en toute doctrine et science, Bu-ré,.Prinee, 10. Aspect. — Que,. pleust à Dieu ne t’avoir jamais veue, Ou que ma vie encores fust rourveue De sa franchise, ou que ton propre vueil Fust ressem- 111 : 1 t à tOD Si bel accueil. MAnoTi. Eiegia 2. l’n.sence, — Si c’est à mon cueur advantage lie ce que son noble corsage Gist en-vers loin.g de mon

; Car si j’avois V811 son sercueil, Ma grand’

douleur cleviendroit rage. [D., Chanson 6. Accueillance, Accueil. — Telz mes engins et Meg arts e.n, toy furent, Ores desdains. puis be t’igue accu.eillance. Viksguiri PniLiEuL, trad. de PÉTRARQU L. IV, Trioraphe de..lelort, 2. Accueillir. Cueillir, couper. — Cavaiiree ac- cueillit de ceste herbe. BEROA_LD E DE VERVILLE1 Voyage des Princes Will/nez, p. 122. — AVOC montant que je tiray d’une petite couchillade, elle alla si advant dans le fond de Ia mer, qu’elle proffondit l’enfer 0-ù là j’a_ccueilly et coupé la poincte dt-…4 la naze à Pluton. BI-11.A NTM.1 MAO-mem. espaign, (V1I, 24).. Amasser. — Par ce prit le verveux, et le jecta si à propos, qu’il accueillit grand nombre desdietz poissons et les tira à terre, SALIATI trad. d’flÉno- DOTE) I, — Ces trois ou quatre nourris en la lecture de quelques livres particuliers, ont accoustuiné d’estre distribuez par le General de leur Ordre aux Provinces esquelles l’on veut commencer de planter un College de Jesuites.. Là Ils debitent le peu de sçavoir qu’ils ont accueilly de long-temps. E. PAsQu iErt, Recherc.hes, 111, 44.— Je veux un peu aller vos gras dormeurs, les- quels vous prisez pour la. gra isse qu’ils s’accueillent diDrrnant. RE 52 re Ap. Disnée (p. 26). — Ceux qui sont près de luy [le Royl, tournent toutes leurs pensées à nouveaux Edicts : chose qui aC. — cueille en luy une haine. estrange de son peuple.. E. PAIQUIEli, Lettres, I, 3.— En pe.u. de temps i1 accueillit el le mescontenternent des plus grands, et la haine des moyens et petits. ID., ib., XIV, 2. — Il a.voil. accueilly la haine publique des Fran- çois, pour s’estre rendu imperialiste en scul Du- ché. ID-1 &cherches, V, 3. — L’assassin commis en la personne du Duc d’Orleans estoit abominable devant Dieu et devant les hommes. Toutesfois haine publique que la ville. de Paris avoit accueil- lie contre luy… fut de tel effect, que le Due d() BOUrgongne… fut. grandement loué. Ib., ib, , V 1, 3. — Ceux-Ià., avec leurs superfluitez, a_ccueillent les maladies, dont ma sobrieté me garentit. ID., Lettres, XVIII, 3. Joindre, réunir. — Certes je ne doibs pas Estre accueilly avec toy au. supplice Ny danger, H A.UD EN T Apologues d’ESOF-e, 65. — Si je vois onc avecques blanches rozes Vermeilles estre en coupe d’or encloses… Je cuiday voir trois graces a.ceut.i I I ies En ce beali chef, VAsQuiri tra.d. PÉTRARQUE5 L. I, chant 15. — Et Jes beauttv. accueillies en elle. ID.„ ib., Li II, S. 11. — ’Foutes ces particularitez accueillies ensemble, me semblent assez suffisantes pour faire croire. qu’il y a beaucoup de la fable en cette Jeanne Papesse’. E. PASQUIER, Lettres, XII, — Isra.ël est alliigé par les Balaams.accueillis pour le maudire. par Ies Jasons, pa, r les Alcimes.. ALIBI Él Médit. sup ps. 84 E, 139), Assaillir, — S’il est tout seul et soit aucune- ment De plusieurs chiens acueilhy, sagement En sa meute tournera, querant change _De cerfz, bis ches, qu’essaye subtillement Bailler a.ux chiens. ORiNconp., la Chasse du cerf des cerf (1, 162). — En tra.versant la mer, il Eut accueilly d’une tour- mente, qui luy noya. taus les batteaux plats, AMYOT" trad. de DIODORE, XI, 5. — En chemin ii. fut a.ceueilly d’une tourmente si violente, qu’elle emporta partie de ses vaisseaux. ID., — Ayant proposé d}escrire toute l’histoire Ro- maine__ il rut surpris de plusieurs affaires et acci- dents publiques et privez, qui l’accueillirent oultre son gre. iDei Cicéron, — Laisse ce froid mestier, qui jamais en a.vant. N’a poussé l’artizan, tant fust-il bien sçavant a.vec sa fureur qu’il appelle divine, ldeurt tousjours accueilly d’une palle famine. RONSARD, _Poones, L Disc, à P. L’Escot rifr, 175), — [la France] semble au rria.rchand accueilli de malheur, LeflueI au coing d’un bois rencontre le volle.ur. ID.. r’unginuat. du Dise. dee miseres de ce temps W1 337ji. — Ce beau temps que tu voy nous ne voyons l’ail/7w ; Jamais icy le froid ne nous vient accueillir. CL. GAUCHET, Plaisir des Champs, le Printemps, Songe. — Et dehors et dedaris ma maison, je fus aocueitly d’urie peste, vehemente au prix de toute autre. ! iitoN- rrAIGN5, , II], 12 (IV, 1K3). — Le jus de l’herbe de souci exprimé dans le mortier avec de l’eau chaude, beu demi verre, lors qu’im se. sent ac- cueilli de la Pe.ste, enipeschera que le venin) no -touche au cœur. O. S É HE S, Théâtre d’Agric., VIII, 5.

S’accueillir. S’amasser. — Alors veritablement n’en docroistra mon Arnour, ains s’accueillera tristt-..sse dedans moy, que vivant sur terre, je rnourray de cent et cent mille morts. E. PAs- QUIER te Menophile, L.. I (II, MO. — Ce scroit chose inutile et trop vaine lie labourer le gravier l’araine, Ou tous les jours eau se vient accueil-iir. CH. FONTAINE., trad. de 21 Epistres d’Ovide, 16. — Et ont certaines compositions qu’ils met- tent avec ces vesternen.s, de peur que les vers s’y accueillons ne les gasten.t. T 11 E V ET, COSMO gr. XIX 515.— Les vices se coulent peu t peu, comme les mauvaises humeurs qui s’accueillent inse.nsi- blement au corps humain jusques à ce qu’il soit plain. J. Bo DIN, epublique, IV, 3. Se joindre, s’assembler. — A Aubigné s’ac- cueillent trente gentilshoinmes ou capitaines, des autres qui couroyent parmi la forest, il en arresta et mit ensemble le plus qu’il put. AuBIGNÉ, _Hist., Univ., X, 15. — Les Anges s’accueilioyent à si haute entreprise, Si ton ame oust esté du feu d’honneur esprise. In.„ Discours par slancee, — Les vents s’accueillent et assemblent trestous en ce destroict„ EvET, Cosen.ogr, , IV, 1. Se consacrer. — Vous verrez que je n’a y pas rompu paille avec la biensea.nce en m’a.cuilIant au service de la verit + A u ur i N É# Lettres ele.moires d’Estai, a, — Je reviens à ce siecle où nez tnignons vieillis, A leur dernier mestier vouez et accueillis, Pippent les jeunes gens, gaignent, les cour- tisent. ID., Tragiques, r 1 (IV, 110), (Formes.) — Indicatif préseni. Sy pouvreté ou mal l’amant acqueult, Veu que des biens ou fruictz d’amour ne queult, Eispoir luy dici : « Ne laisse d’y pretendre….1ruArg Co uPPELI d.ans le Théâfre mystique, p. 42. — Quand le yens)es ac- cueilt, il les love aussi facilement, qu’un tourbillon de vent emporte et espand une molle de foin. TnininT, Cosmogr., X, Cl. — Vous serez bien empescliéi. de recevoir les bonnetades d ca- resses de ceux qui vous accueillirent. E. PASQUIERI Lettres, VI I, 5. Acculer. Renverser. De sa lance… rompoit un huys, erkfonçoit un harnoys, aceulloyt un arbre} enclavoyt un.aneau„ RABELAIS, 1, 2.2. Tenir en échec, repousser, annuler. — Un homme de robbe longue seulement, nommé Ta- verny, accon-Lpaigné d’un sien serviteur, a acculé la popula.ce devant sa maison, l’espace de huict ou né.-ilf heures… jusques à ce qu’es tant destitué de tout. aide, il fut Lue. combattant vaillamment. PASQUI.Ektp Lettres,. V„ il.-11 luy conserva [à Henri II] la ville 11.. Mets contre un long et obs- tiné siege de l’Enippn.ur Charles einquiesme, ac- culant toutes ses victoires de telle façon que hon- teux d’avoir failly à une promesse qu’il avoit faicte en une diette. aux Princes d’Allemaigne, de ne lever jamais le siege qu’il n’eust pris la ville, il se despouilla des ornements et joyaux de. l’Iran- pire, choisissant une vie solitaire et privée. 10.7 ib. IV, 20. Éculer. — Tousjours se vaultroit par les a.culoyt ses souliers. RABEL.ALS, 1, 11. Nous n’avrians point eu de bien depuis que les ta- lons des souliers ont esté acculez. BE ROA Lui VE RV1LL E Moyen de parpenir, Tome {I} 231).. S’acculer. S’asseoir. — [Argus] occupe et gaigno Legerement le "Inuit d’une mon taigne Assez lining- laine, où se sied et. acide, Et là séant en toutes parte specule. 11A SOT L. I de la Metamorphose (111, 193). Accu in u ler. Combler, remplir.— Es profondes tenebri…s De cas divers, violents et funebres, Pleins d’infortune, accumulez do deuil, Lardez de pleut.% farcis de larmes d’œil. LEmAuu- ?, DE BELGES, COU- ronfle Margaritiques Prologue, — Si leur fut ot- troyé benignement leur congé par le Roy Priam… Et les accumula de gratis dons, par toute nia.niere deliberalité royale. ID., niustr., 1, 44, — Hippotes gentilhomme Troyen, embarqua_ sa belle fille Egesihe, accurnulee de pleurs et de regretz, en


ACERA1N une petite nasselle, souz la misericorde de mon oncle Neptune. ID.., ib, * AccusabIe. Qui pe ut é Leo accusé. —Du non pou- voir vous serez excusables, Et du rens seriez ae- cimalles. J. Bo ucu ET Epistres morales du Traver- seur, 1, 11. — Lors i bon droit se rendroit-il re- prehensible et, aceusable, comme peu ou du tout nonchallaut de sa maistres… E. PAsQujER, AlOnophibli L. I (H, 720). N’oins, à mon avis, se rendroit la veufve ac, cusable en coist habit im- modeste, que la fille ou ta femme,. ID., ib., (II, 767). _ Et discret, j’ay ouy l’accusable se- cret P. l’ipLii_rniuu, Aman, I. Accusatif. Accusateur {adj. et su.bst.}. De se venger du moyne accusatif, Qui saige n’est, mais fol supeilatif, Danger n’y a, ains doibt estre lardé. R. n 1. COI, LERTE HandeaUXe 78. — Trop Me repens d’avoir esté datif Du leurre fin, qui os- toit riche et bon, Car Faulx-Raport est mon accu- satif. Anc.. Poés. franç., XII, 294. Accusatoire. Qui accuse. L’un et l’autre tenant Dedans sa main. son livre accusatoire, Tous fhNlx font crainte et peur diffamatoire A tous larrons. HABER1-, trad. cl’HoRAT.E, Satires, En la confession ni..sure il y a quelque— chas- Lim ont du peché, à cestk.’lause plus elle est accu- satoire, plus elle est penible et honteu.se, plus elle satisfaict pour la peine et pour la coulpe. MONTAIGNE trad. de RAYMOND SEBoN, ch. 295.. Apre.f. ; sa mort [de Domitien] on trouva en un pe- tit eserin secret de son cabinet le libelle accusa toire dressé par Ca.rus contre Pline son ennerny papi ta) LE LOYER, Hi st_ des Spectres, ivi Accuseront, Accusation. — Catus,., avoit ap- pasté Libo par ses embusches, et depuis par son accusement avoit esté cause de sa ruine. Tract, des cinq premiers liv. des Annales de TACITE, IV, p. 148.— Le riche dessous toy ne craint point que son bien Par taux accusement ne demeure plus ien. Ito N S A 11.I1 Hnillfeiene de Henry 11 (IV, 100). Leur langue à Jupiter accusa Promethee De la flamme du feu qu’il luy avoit estée et adonques ce Dieu. pour les recompuLns De tel accu..sement, ne peut jamais penser Plus grand don que la Mort, et leur en fit largesse. ID" Hymne de ita Mort 11V, 371). .PAecuser_ Accuser qqn que, — L’on m’a voulu accuser que j’ay pille les finances du roy. MoN- Luc, Commentaires, L.V (II, 356), — Or ne m’oc- cuse.z point que je sois temeraire, Presurnant vous aimer. DEspoRTEs, Amours d’Hippolyte., Stances. Les autres… m’ateu.sent, ou que j’a y ignoré, nu que j’a y mesprisé les regles qu.’Aristote et Horace proposent aux Pontes Heroyques. L ra BAR- TAS, ire Semaine, Advertiss. — Qu’un resveur insolent d’ignorance m’accuse, Que je. ne suis pas net, que trop simple est ma Muse, Que j’ai rhu- lueur bizarre, inégal le cerve.an. R NIER, Se, 12. Accuser pour. Désigner comm g.. — Il n’estoit point humain, le geste et ie. port L’accu- soient pour un dieu.. DESPORTESe Epitaphes, Acensement. Établissement d’une redevance pour une terre. — Par cet ace nsement (comme je pense) fin inventée Geometrie. trad. d’HÉRoboTE, 11, 109. A.censif. — Pensant, pensif, perplex, du poux passif, Premeu, poussif, près pris, préecessif, Par acensif pur, povre, precensif. Anc, Poés. franç_, XIII, 388. A ce que, 1, 7, 4. Acerain. D’a.cier. TQuant a certains mots aussi, qui sont adjectifs, servans quelquesfols d’epithetes, ils les ont tellement exprimez, que tout en un coup ils ont monstre’leur hardiesse au langage estranger, et ont bila grand honneur au leur. J’enter’comme quand pour purpureus ils ont dict pourprire pour ixzarnoreus ils ont dit mar- brin, et pa.reillement du mot acier ont faiet ace- pain duquel ils ont usé souvent avee ce mot branc. 1-1. EST1EN ru, Preeeieenee, p. 186. — Cf. Acerin. Acerbe. Qui cause de la douleur. — Par mes acerbes et poignans souhdains Bars J’en fais meur- trir et mourir griefvernent— A rrr. Poés. franç., X, 176. Méchant, — Se garde bien un Roy d’estre su. perbe, Fier, arrogant, et d’avoir cueur acerbe. J, Bo ue il ET, Episires morales du Tra verseur, I1, I, 7, Triste, pénible. — Et qui pis vault, veu avons la demeure Du noble Pan en ceste annee acerbe, Ardoir en feu qui tout MN et deveureb LnitimEtE IP E B (. ; Es, le Temple d’Honneur et de Vertus (1V, 208). &eerber i si). Devenir acerbe, s’irriter. — s’acerba grandement, et avecques paroles d’ai- greur leur enjoignit. grés-expre.., : iinent qu’ils eus- sent à proceder à la verification de ces lettres,. E. PAsQuiE R5 Pour-parler du Prince (I, 1043. Aceré, Assorti. L’acier, garni d’acier, dur, fort comme l’acier. — Adoncques.,. dressent un grand boys, auquel y pendirent une selle d’armes._ des esperons, un hau.bert, un ha.ult appareil assere. RABELAIS5 I I r — Pour tors vivoit entr’eux Un appellé Ereuthalion, preux Et redoubté, ac- coustré des armures D’Arithous, ace rees et dures. SALe.1., trad. de l’Iliade, VIL — Breton estoit gorgiasement armé, rnesrnement de gretves et solleretz asserez. RÀBELArst IV, 11. — Dieu 5çait comment Ouclart y operoit, couvrant de la man- che de son suppellis le gros guantelet asseré, ID, IV, 12. — Il en persoit brancs d’assier, boucliers espoys, plastrons asserez. In., IV, 84. — Dessus uu aceré Pesant et grand bouclier. JODELLE, Discours de Jules (….esar, II, 264. — A coups de lance et masses asserées. Anc. Po à. franç., Vil, 62. — Cela que les soudars aux espaules ferrées, Que ies chevaux flanquez de bardes acerées Ne peut faire par force, Amour le fait seulet. R.oNsARD, Bocage royal (III, 191). — Ils portent quand et soy, et le feu et la mesche, Lance, pistole, escus, et harnois acerez, E. PASQUi i R, Sonnets dieJers 11, 921). — 11 m’en faut faire un aceré et asseuré bouclier. Du VAiR, Medit. sue Sep, P. de la Consol. de David, Ps. 48. —.— Francine, en vain je cherche en toy pi- tié,.. Tu as la poitrine aceree De diamant ton , sœur est rem paré. BAÏF, Amour de Francine, 14. 1I1 (I, 229). — Donne ]’archet d’airain et la Lyre ferrée, D’acivr donne la corde et. la voix ace- rée— RoNsAuD, Hymne de rEternité OV, 160). —- La meditation et le discours est ce qui donne la trempe à l’âme, qui la prépare, l’affermit contre tous assauts, la. rend dure, aceree, et impene trahie à tout ce qui la veut entamer ou fausser. CHAR- RON, Sagesee, 11, I). — Cette vertu [la vaillance] est le rempart imprenable, le harnois complet, l’annure aceree et à respreuve à tous accidens. I D., /9- Socrates par sa sobriété avoit une santé forte et aceree. In., ib, i I l l a ao_ , ocrer, Rendre dur comme l’acier. — Ainsi tu vois que henin est mon cœur, Le tien de fer aceré de rigueur. RorasARD, PŒMest L. 1, Paroles de Calypso (V, 69). — Tcby qui pour guarentir ton Lac de la rage Dupeuple circoncis, auras le cou- rage De la foible Judith d’une macle vigueur. Du BARTAS, Judith, L, L — Et ne voudroic opposer à tous leurs argumens rien autre, que les simples clefs, qui sont d’un t.rempe si forte, el si bien ace- ree, que je m’asseure que noz Fluguenauts n’ont garde de les faulser ou rompre. PH. D E MARriux, Di/fer. de la I, iv, 15. A, eerin (cité comme vieux mot). — 11[Iluon de Merl] appelle en un endroit les espees aeerines, qui est un epithete assez bon. FAuTHET, Langue et Poesie franç., 11, 13.

Acertener qqn. L’informer d’une façon cer- taine ; Acertené, sûrement informé, sachant d’une façon certaine. — Lors Priam acertené de son meschef, fut plus a.ngaisseux que devant. LE- MMIU DE BEL CES nieter., I, 20. — Le tresbea.0 Paris acertené de son origine, à peine se savon contenir de Iiesse+ ln, , ili, , I, 2/4, —Œnone… assez nen pouvoit estre acertenee, si elle mesures ne les- prouvoit par son regard. Et se meit sur un haut tertre pour choisir de plus loin, In., II, 12. — Ausquelles guerres, celle année, en moins de huict mois, il despendit comme je suis acertené, outre la soulde ordinaire, plus de trois millions de livres tournois. SEYSSEL, Hist. de Lorty$ p. 135. — De toutes ces parolles estoit bien ad- verty le bon chevalier, et aussi estoit. acertené comment les bons e.appitaines mares oient pour parachever l’entreprise. LOYAL SERVIT E de Bayart, 5g. — Elle bailla Ce corbillon en garde Entre les mains de trois pucelles nées Du roy Ce- crops, sans ce qu’acertenées Pallas les eut de l’es trange m.erveille Qui enfermée estoit dans la cor- beille. MA Ro T, trad. du Liv. I I de la Metanzorphose, Sainct Paul, les voulant acertener, comme ilz estaient receuz en la COMID1111i0I1 du peup.le d’Israël, leur dit que l’empeschement, qui estoit auparavant pour les diviser, a esté osté1 CALviN, 111, p. 185. — Les reprouvez… ont esté plus clairement acertenez qu’il ne leur pouvait rester aucune esperance, ID., ib., IV, p, 256. — Elle ha promesses tresclaires, par lesquelles Jesus Christ l’a acertenee, que la presence de son Esprit re lu y defaudroit jamais. In., ib., p. 727., — Le seigneur Alexandre Schivanoia… expressement envoyé de la part de sa Majesté, pour acertainer le Pere saint… de ce que dessus. RABELAis, la Sciomachie (111, 394). — J’ay… depesché Mali- corne : à ce que par lu y je soys acertainé de ton portement. ID., IV, 3+ — Si l’oiseau qu’on voit amener En fuyant le temps qui ennuye, Peut de ses cris aceriener Du prognostique de la pluye. Ro N SA e Dl Odes, II, 11. — AcerteJLé Petrarque ce pendant qu’esta, en Italie de la mort de sa Dame, il en faict ses admirables lamentations. VASQLUN PlIlLiEtrirt trad. de PÉTRA RQUEe L. 1 I„ titre du S. — Morfé prenant pitié de ma dou- leur, Wa.certenoit de mon proche malheur. BAïlii Diverses Alreours, L. 1 (I, 290). — Estans desja acertenez du fruict que produict vostre Secte, pa.r les exemples familiers qui se presentent devant vos yeux. E. PAstiumn, Recherches, 111, 44. — lis s’alleren t resenter devant les faux-hourgs de Paris, bru ans tn village et des moulins à vent a la voue de la vine, pour les acertener que tous les Fluguencits n’estoyent pas morts. LA N’ou E Disc. Fol. et mil., XXVI, 2 {p. 742). — Je suis fort asti que vostre fils soit de retour… il y a si long temps qu’on disoit qu’il estoit mort que c’est merveilles, vous-mesmes rreen avez acertené plus de cent fois, LAR1VEYI, les Escaliers, IV,. 2.. Je suis re- solu de persister en la iidelle volonté que je vous proteste afin que par mes comporiemens, vous soyez acertenee que vous estes rr1011 unique flambeau. Beroald de Verville, Voyage des Princes fortunez, p. 463.

Acertener qqch. Le certifier, l’affirmer d’une façon certaine. — II y a plusieurs autres raisons-- par lesquelles la majesté’et dignité de rEscriture non seulement peut estre acertenée aux cœurs des

mais aussi puissamment maintenue

contre la malice des calomniateurs. CALVIN, MS- tii., I, p. 24. — Les seaulx qui sont mis et ap- posez aux lettres et instrurnens publiques, prias par soy ne sont rien… Et neantrnoins pourtant ilz ne laissent point de confirmer, acertener, et rendre plus autentique l’Escriture qui est conte- nue dedens les lettres. ID„ ib., X, p. 566. — S’il nous est licite de promettre, il faudroit •alle- guer raison pourquoy c’est que nous ne pouvons acertener nostre promesse avec serment, quand la necessité le requiert. ID., insirelaion contre les Anabaptisi$ (V l I, — Ces mots finis acene- nard son dire, Trois doux souspirs de son cœur elle tin’. BA-ire Poeerees, L. IV (II, 170). — oilâ jusqu’où s’estend la superbe fureur Des hommils aveuglez d’ignorance et d’erreur, Qui, comme sials avoyent mille fois calcinée Ira matiere d’en- haut, dune langue effrenee Osent acertener, sans preuve et sans raison, De quel bois l’Eternei char- pen ta sa maison. Du BAR TAs, lre Semaine, 28 Jour. — Vous ne m’acertenez pas que cet amour est tant doux. — 11 est ainsi, et te l’acertène par la croix que voilà. LA Riv EY, le Fidel’III. L — Les rnernoires du Da.ulphiné et de Vivarets me contraignent d’apposer ici, à mon long refus et contre ma coustume, deux contes merveilleux, que j’ai esté contraint d’accepter par l’authorité de ceux qui les ont assertenez. AuBIGN É, Hist. Unip., XI, 11. Dans certains cas, quand un pronom peut être aussi bien complément indirect que complément direct, il est impossible de voir si acertener signifie iniormer sûrement, Ou certifier. — Quant au tra. vail, bien je vous acertaine Que incessamment y seray exposé. MArtor, Epigr. 66. Lequel me respondit, que je relourneroy en mon pays.. Toutestois, il ne me voulut point acertener dans quel temps yy pourrois estre. F. BRET1ri, trad. lie LuiciEN, la Fraye histoire, II, 2’2. S’aceriener. S’informer dune façon certaine. Il nous en faut mieux informer. — D’où sien peut on mieux informer que de moy, qui avec mes propres oreilles ay ouy, et veu de mes propres yeux, qu’en reste maison vostre Cinthien a et femmes et enfans ? — Je m’en veux acertener un peu mieux. ITEAN DE LA TAILLE, le Negromant, V, • . A_ certes, y. Cerses Acetable. — Par la traduction et Iesion des veines, et arteres nominées par cy devant cotili- dones, ou acetables. AN BR. PARÉ, Manière d’ex- traire les enfan.s (II, 630). — Iceux orifices ont esté appellés des Grecs (potyledons, et. des Latins Acetables. 1D., XVII1, 6. Acetabulaire.— Par l’ouverture de certaines veines acetabulaires. AMBR+ PABÉ, XVIII, 6. Aceteux. Acide. — Toutes ces choses ace- teuses sont fort louées„, parce qu’elles irritent. Papeétit. AMBR. PARA, XXIV, 22. Sirop aceteux.— Syrop rosat ou violat, aceteux, de limons. Arica. PA et1 : — :, VI, 387. — Le patient… prendra du syrop mat, ou de l’a_ceteux, ou de celui de coins. O. DE SERRES, Thiyitre d’Agrie„ VI II, 5. — On facilitera le vomissement, faisant boire au malade syrop aceteux avec eau tiede. ID., i19. — Quatre onces de syrop aceteux de liib. mons. ID., Aceteuse. Oseille. — L’eau d’aceteuse, autres semblables. AMBR. PARÉ, XX„ CSubst.). de roses, et 11 6. Acetosité. Acidité. — Laquelle [eau d’oseille] garde de putrefaction par son acetosité. AMBR. PA FI X_XIV 8. — Quand on sentira au Bous ter que Pacetosité ou esprit viendra. In., XXVI, 8. Achairer (s*. Se mettre en face. — Venus… ne marche point communement pour soy mons- trer par ettect, si elle n’a en sa su te ses darntry. selles d’honneur, c’est a dire la grave et faveur du monde, pour soy confronter et achairer à tous personnaiges. B u n É, Instit. du Prince i( édit. J ehan Foucher), ch. 46. Achalandé. Etre achalandé à. Fréquenter comme chaland. — Les jeunes de ce temps sont tOUS achalandez Aux boutiques des jeux de cartes et. de dez. VAUQUEUNT DE LA FRESNAYE, fat. franç., L. IV", à Guillaume Vauquelin. Achaptable. Qui peut être acheté. — Par multitude de pectine souvent les ennemis me.smes sont achaptables. J. LE BLOND, trad. de Tu. Ma-RUS, tilde d’Ulopie, L. II, 53 ru. Achapter, Acheter. (La forme ancienne avec a subsiste pendant tout le siècle à cité de la forme moderne). — Les ungs pour vendre leurs mer chandises, les au]tres pour achatter. SEYSSELI trad. de DIODOPLE, 11, 45. — Nous en avions bien a.ultresfoys refusé de bon argent de ceuix de Londres en Cahors… qui les voidoient achapter. RABELAIS, I, 19. — CommentOra.nelgousier pour achapter paix feist rendre les fouaces. ID., te 32 (titre). • Et ne doibt estre estimée une chose de legiere importance:laluelle nous voyons avoir tant cousté â Jesus Christ. C’est à savoir` laquelle il n’a point achaptée par or ne argent mais par son propre sang. CALvirii instit., XIV, p. 718. — Achaptant cher, vendant à bon marché, et man- geant son bled en herbe. RABELAIS, HI, 2. — Rien plus, ô Juppiter, que ma coingnee, ou de- niers pour en achapter une autre. IV, Pro- logue, — Les premiers par qui nous sceusmes rupture du pont, ce feust par des pouvres gens qui allaient aclapter du sel au bout dudit pont. Mornuc, Comment., L. VII (III, 376). —Je n’ou- bliois pas ta prudence Qui est de vendre ta beauté Autant que tu as achaté Le blanc cheuz un apo- ticaire. A TJ GN É., Printems, III, Ode — Vous rtesavez pa.s..f quels deniers j’ay desboursé pour achater ces livres. Cri OLI, RES, Se; Ilatinée.(p. 292). — on achaptnit le turion blanc gravé à bon compte. BRANTÔME, Couronnels françois (VI, 79). — Et par ce moyen falloit-il achapter ia paix. ID., des Dames, part. 1, Marg. de France (VIII, 132). Conditionnel. sans e.— Quand un, qui n’a sil- ion ni terre, Charrue et bœufs qui hait. la guerre, Une armurerie achetroit. BAÏF, Mielleg, L, I (V, 50). (Subst.). — Ce a esté bien tard et fort long temps depuis, que le vendre et rachepter sont entrevenus es elections des magistrats. AmvoT, Coriolan, 14. , A.chapteur. Acheteur. Un homme, il n’y a pas long temps, Qui de sa femme eust sept en- Vendist le plus jeune à la forte… Et jura a son achateur Que des sept c’estoit le plus sage. &m’es, HL 67. — il a chassé du Temple les vendeurs et achateurs. CALV[N, XI/re p. €88. — Et pour tromper l’achapteur ignorant., Feront lu pris de la chose bien grant. J. Bouchet, Epistres Morales du Travei-sear, 1I x x, 111 — 0 le va.Plant achapteur de moutons. RABELAIS, IV, CL

— Le laboureur gardera. ces reigles, commc Cer- taines et notoires a. tous achapteurs de œufs. TEREAtre trad., de COL(MaLLE, VI, 1.

Acharner, Acherner. Remplir de chair, garnir de chair. — Mais aniinon ces bouteilles, ’s corbeilles Achernon de ja.mhons gras, De pa- tez, de pain (l’épices, De saussisses, I)e boudins, de cervelas. RONSARD Voyage d’Hercueii, var. (V, 465). — Deja, deja, mon relieur prend l’essor Loing de toy, Soubs un vent plus tranquille il va planant de reale, Rodant pour fondre au poing d’une dame plus belle, Qui acharne son leurre et le reclame à soy. P. DE BRACiL Amours di Aymée, 1_1, 23. Acharné% Attaché à la chair. — Lta partie irrai- sonnahle 5e ressentant du corps, en estant arrou- see et acharnee, Iuy ramenait la memoire du corps. AMYOT, Pourquoy la Justice divine differe, 22.

Acharner. Exciter au meurtre. — Ceulx des halles, et signa_mrnent les bouchers acharnez et nourris au sa_ng, favorisayent Bourgoigne.. Loys te Ro Y, trad. des Politige.tes d’ArtisToTE, Préf. du L. 1 — On les menoit au supplice sans leur prononcer en public aucune sentence… Le roy et ses jeunes freres comparoyssoyent à ces spec- bachs, comme qui les oust voulu acharner. Regnier de la Planche, Hist. de l’Estat de France, I, 152. — — Donne courage à tes satellites, et a Les bourreaux… arme les, acharne tes. Mn I_N-rAiGNE, II, 2 {II, 22). — [A propos de la Saint-Barthé- lemy]. Il ne faict pas bon d’acharner un peuple, car il est aspre apre,…s plus qu’on ne veut. BRAN- TôME, Cap. franç., k maresehal de Tavannes , 119-20). (Dans un sens plus large). Exciter. — [Les bons Capitaines] les sceu rent bien en temps et lieu mettre devant leurs ennemis, comme d bons le- vriers laschez a propos, in t puis les retirer seure- ment a_pres les avoir acharnez en leur faisant un peu us ter : ~ l’aise et le fruict de la victoire. Am Y o4r, Pélopidas, 15, — [Les Iliz de Pyrrhus] en- core que de race et d’inclination de nature ilz fussent, Martiaux, furent encores par luy nourriz aux armes, et des leur riais, sance agni nez et achar- nez à cela. ID., Perhu-s, 9. — Qui nous pourrait joindre à cette heure, et acharner aune efitreprise commune tout rostre peupler nous ferions refleu- rir nostre ancien renom militaire..140 ? 6, 1TAIGNE II, 7 (II, 71). — On les leurre en somme, et acharne (les femmes], par bous les moyens. Nous eschauf- lions 01 incitons leur imagination sans cesse. ID., III, 5 011, 3U). (Prononciation), Acherner. — C’est le comble de toute impiété, quand les hommes s’achernent ainsi contre les Propholes. CALviN, Serm. sur Vilar-mon. Evangel., 52 (XLV1., 646). — Cf. le ler exemple. Acharni. Acharné. — Les autres estoient si os-chauffez et. acharniz au combat, qu’ilz ne sen- toien t point leurs bleceures. vOT, trad. de Duo- Dorin, : III, 2.6.


Ache, v. Hache.

Achée. Ver de terre.. — Lombriz de terre aultrement ditz achee. J. CŒunoT, dans Del- boulle, Notes texico1. — LA l’Alouette.] Puis d’enhaut tu te laisses fondre Sur un sillon verdi soit pour pondre, Soit, pour esclorre, ou pour cou- ver, Soit pour apporter la bechée A tes petits ou d’une achée, Ou d’une chenille ou d’un ver. fteN SARI-15 Odes, IV, 27. — Mais tu vis par les sillons


verds De petits fourmis et de vers : u d’une mousehe, ou d’une aehee Tu portes aux tiens la bechec. t i. Gayetez, l’Alouette. Ache ?. Action d’achever. — Et puis quelque lourdault, pour achef de dommage, Vient à rom- pre un beau plat. TIAREnT, trad, II, (Paraphrase).

Acheminé (bien), — I1 estoit riche, bien ache- miné et expert en plusieurs choses.. LE MAÇON, trad. de BoccAcr, Décaméron, IV, Préambule.

Achenal Chenal. — Ceste langue de terre… environTP’o. par tout de la mer et des achenaux, istoit iqiisjours preste pour un puissant ennemi I torii lier en deux mois. Atari] I. ;. : % ; É, Hist, VIII, 16+ — Un capitaine… s’estant tait passer l’achenal, par intelligence qu’il avoit au pays, ar- riva dans SaugeorL ID.., ib., VIII, 17. — La ’Treille rie passoit à. nage que le bras de mer de Charante, les aehenaux des marais et le havre de Brouage." ID., i&, —VI I Pour rendre compte de cequi pouvoit venir en la ville par les ache- naux et marais de ce costé-là jusques à la mer. ID., ib1. X, 1.

Achept, v. Achei.

Acherner, v. Acharner.

Achesme. Parure.— Tant suis le chef des peu heureuses fem mes, Sombre (.4 piteux en doulou- reux achesmes Sans or, sans pourpre et pre- vieuses gemmes. LEMAIRE DE BELGES, Reg•etz de la Dame infortunee 011, 188). — Si vostie diffe- rent gisoit sans plus en’estimation de la res- plendeur des bagues et joyaux dont vous vous parez, ou en la lauenge des façons de voz riches habits, et aches mes, ar.mes, joyaux et autres acoustremens, je diroye que ne prinssiez pas la peine de mettre jus voz nobles vestemens. In., IllusÉr., 1, 2à.

Achesmé. Paré. • Fin son chef achesrné dun tresriche atour de-ifigue, elle [Junon] avoit sa couronne de si grand excellence, qu’il est impossible de la specifier. LEMA[RE DEI BELGES, I, 31.

Achet. Achat. — Ainsi que don s’extime mieulx que achept, La main gni signe excede le cachet. Cr. urire, Epistre à. M. r Adeniral. — Dieu monstre que les Juifs n’ont point eu ceste terre, comme l’ayant ccFnque-stee par leur force et vertu, qu’ils ne Pont point eu d’heritage, qu’ils ne l’ont point eu par archet, ni par donation humaine. CALVIN, Serin. sur 1-e Deuter, 145 (XXVIII, 2414+ I1 y en a assez de semblables, qui souvent trompez d’une vaine espérance courent ou font Coicourre, ]a postepour acheter un parchemin si cher d’un tel achet trop tard viendra le repentir. Comptes du Monde advenleirelez, 9, — Ils voyoyent marchandise entre faite du salut de leurs onces : que Pachet de Paradis estoit taxé à certains de- niers+ CM VIN, Instit., 111, v, 1. — Avez vous point fait quelque bon a.cliel ? — ! n’y acheté ce mulet que vous voyez. LouvEATLI, trad. des Facé- tieuses Nuits de STRAPABOLE„ I, 3. — Quand je vous di leurs cheveux, j’en ton les cheveux qu’elles ont, soit do nature, soit par achet… Car ce qu’on a bien payé on le peut dire entre sien. H. ESTI E N NE, Mal. dr4lang, franç. ital., 1, 126. — Acheter une lamproye trente uu quaran Le estas, encore ne seret. ce rien au pris diz lar despence qu’ont. faict aucuns lion-mains, et. Apicius entre autres, en l’achet de quelques poissons. ib., II, 33. — Il n’est rien la femme "Ne surpasse en misere luy faut grands biens mettre En rachept, d’un mary, qui soit de son corps maistre. Guil. Bouchet, 5e Seree (I, 234 Celuy qui peut, par Io bionfait des Rois, Un bel office attra_per quelque-fois, Ou par achet..V.A.ugtrEure 111E LA FRESNAYE, Gal. L. I I, à. C. d’Auberville. — Les bonnes œuvres qu’ils auront raidies, et celles dont Ils a_u- ront esté pa.rticipans, soit en tiltre d’achet, ou de don, ou autre. PH. DE l’elARN1X„ Differ. de la Relig., I1, ni, 17. Faire un fol ache — II me souvient, de la locu- tion de laquelle on use quand on parle de quelque chose qui ne va pas ainsi qu’on voudrolt : comme, Ne m’en parlez point, vous avez faict un fol achept. FI. EsnaNNE, Conformité, Il, 2. Achever (intrans.). S’achever, se terminer. — A ceste. année a.ussi achevent les Chroniques que Theopompus natif de Piste de Chio a escriptes des faits el gestes des Cr’recs. AtiriYo-r, trad. de Dm- DoRE., XIV, 22. — Ce naistre n’acheve jamais, Pt jamais n’arreste., comme e.stant à bout. Mo N-- TA.Teri F..e If, 12 (IL, 380). — NOUS commericeron.s. te cours d— i.cste vie immortelle., qui n’achevera jamais. 1)11 VAIR, la Sainte Philosophie, p. 28, Acheper peindre, v. Peindre., (Forme). Conditionnel sans e. — Et que puis qu’il avoit tant poursuivy le compte, qu’il le achevrolt. Du F.ATL, Propos nustiquess 6. Acheveur. Celui qui achève.— Luy, qui estoil. homme colère, en pensant à l’achevement ceste oreille, donna par fantaisie plu.s de cent coups de dagues à l’aeheveur.. DEs PÉRIERs, Now,. Récr., 9. fikehevissance. J.iiiceomplissernent.— Conduite louable, Deduction prospere, et Glorieuse ache-vis,.sance, LEMAIRE DE BELGES, Ilite3tr., 1, al. .Argurnelit invincible, auquel on ne peut. rien op posor. — Si vostre s’en trouve hien, aussi faict uostre faculté, quae comparata est jun-te.ntis insiipientibus, et similis racla est eis, psalmo nescio quo, si l’avoys je bien quollé en mon paperat, et est unum bonum Actinies. ItliBE- LA is, Is 19, — Depuis cette prédication il fut ad- verly que les femmes faisoient leur Achilles de ce qu’il avoit filet et que Jes maris ne pouvoient plus chevir d’elles. M A C D E A V Hepta.m., 46. — Pour authoriser vostre dire, sans chercher exemples forains, vous deviez seulement vous mettre en champ et pour exemple, afin de con- fondre l’opinion de ceux qui si tem.erairement vilipe.ndent vostre sexe. Car en ce eussiez servy d’un. bon Acbilles pour toutes les autres. E. PAS- QUIER1 Monophile, L. I (II, 740). — Si les témoi- gnages que. vous a_vez jusqu’ici allégu.és, desquels vous en faites vos Achilles, sont plustost contre vous que. pour vous, que peut-on espérer des autres ? BERNARDIN °cuire, Dile touchant le Pur- gatoire, p. A.S. — Pour m’arres ter aux exemples de qu.elques sottes ou malicieuses allegations… je parleray de certaines qui sont rnesmernent auto- rimées par un con.eile, auquel les prélats falsoyent d’icelles leur achilIes pour soustenir les grands coups qu’on vouclroit ruer contre /es images, EsTir.Nrig, Apol. pour iler., eh. 32 (II, 168}. — Au lieu qu’ils adjoustoient foy aux livres de naly, lesdits livres el. sa doctrine furent du tout renversez… Tellement que l’Empereur esta.nt adverti des blasphemes injures que ion faisoit alendroit dudit. Haly, souve-rain Achilles du peu- ple Persien„ il commanda de prendre et se saisir desdits Ministres. TIR EVET, COSMOgr., V„ — Tant s’en fa.ut que telles façons de parler aillent jusques à la. cour, qu’aucunes d’icelles ne passent pas l’université de Paris : non plus que Faire argument in barocho Item _11 est ineschant per Œrnnes casus item, Il en fait sen Achillese H. ES* TIENNE, Dial. dEJI.1-ang. franç. ital., II, a07. — Ve. nons maintenant aux raisons par lesquelles il pense destruire ma principale dernonstration,. laquelle par moquerie il appelle mon Achilles. Am 13 PARK, Itépl. pour le Dise, de la Licorne CUI, 5147). — Voila leur dire bien au long : voila beur grand Achilles, et dequoy ils font. bouclier à tous propos. CHARRON, les Trois Veriiez, III, 9, — En. voyla asses pour mon dessein, mais semble qu’une solemnelle objection demeure encor sus pied, qui peut arrester te cours de la creance Catholique. C’est l’Achilles des novateurs, il la. faut f long faire pour par apres la desfaire. FRANçois DE SALES, Défense de la Croix, L. IV (II, 379, var.). — Magister noster Joannes Eddie en fait [d’un argurne.nt] son Aehilles pour les Cathone- ques Romains. Pn, PlefA RNix, Dif fér. de le. Re- lig., I, iv, 11. — Un des plus notables parens eut ilarge de l’aller inviter, lequel le fit, et le Moine lui promit., moyennant la comroodité de monsieur son fourneau, qu’ils nomment athanor, dont les fouis alquemistes font un grand Achille.z, ayans trouvé en. Neemie ce mot Atanoruin. i. des four ne.aux. BP.ROA.LDEVRVERVILI.F.„ Moyen_ de parve-nir, Mappe-inonde (r, 77). Acb.oison. Occasion. —Simpbe vergongne hon- neste D’en dire plus en rien ne m’admonneste. Par quoy toy en laisse Fachoison, Qui sçais où sont les termes de raison. DÉIAROTI Jugement de — Cetuy par fer, par cordeau ou poyson C.herche de mort volun taire a_choyson. Du BELLAY, Vers lyriques, 12. — say com- ment ni à quelle achoison Tu te. blessa.s un pie.d. FoNTA.1NE, trad. de 21 Epistres d’OvIDE, 13, p. 249. — Et cha.que accroisse- ment [du. fruit du lentisque, qui mûrit trois foisl nous monstre la saison De prendre la charrue, et cn quelie 0.choison. Car il fa.u.it trois labeurs, et trois. façons entieres. BELLEAU, PrOg1103tiqUeS Preagee (1I„ Sei9) — Q111 est celuy qui venoit dans Paris,. S’il ha renom d’honorer le Parnasse, Que tout soudain cf" Brinon ne. l’embrasse, Ne le caresse, et trou-ve achoison De le traicter dans sa douce maison ? BAFi Poemesi, L. Il 89)1. — [Saint Jerome] escrivant à. la vierge Demetriade Padvertissoit que sou-vent elle arma, st son front du signe de la. croix ; afin, dit-il, que le Diable ex- terminateur des premierz nez d’Egypte ne trou- vast achoison de luy nuire. LE Loi( Eu„ Hist. des Spectres, V111., Caue, motif, raison, — Car point n’est mort d’achoison violente, Ains est seiehé par langueur longue et lente, Qui ha matté ses beaux membres massifz L’an de son aage environ trentesix. LF, rin A "IR DE BELGES* Pkinte du Desiré (Ill, 166).— J e ne sçay pour quelle a.choison A grumeller on conseil/e. GRINGORE, Prince des Rob., Sottie (1, , — Vous, seulle estiez toute mon esperance…. Parquoy je dis que n’avez l’acboison’De me ban- nir et mectre en oubliance. COLLERYE, _Rondeaux, 17. — La. volunté, c’est un leger mouvement qui a.dvient au coura.ge et au corps par aucune achoison, si comme ieesse, convoitise, paour, cou- rouit. FABitt, Art de Rhetorique, L. I, p. 90. — Si aue.un est venusie, Prudent et beau, gorgias et robuste. Plus que nul autre, est ce pas bien raison Qu’il en soit fier, puis qu’il a. l’a, choison ? MARoT, Oraisone, 1. — Quand je regarde à ma rusticité, Passer ne puis la première cloison, Disant, en moy qu’ay meilleure achoison Me déporter qu’il n’en soit plus nouvelle. DES PÉRIERS, Etriltade à la Roy. « de Navarre (I, 139). — Vars de phis fort sans novelle achoison. Delie, 115. — Ovide composa ung livre de l’Art d’A mours, dont à juste achoison il fut mis en exil par les Senateurs de Romme, P. DE CHANGYe Inst de la lemme chresdenne, I, 5. — L’essence est immortulle et trespure Dont procede, et pour ceste achoison, Ce sainct Amour eternene- ment dure. MICHEL D’AMBOYSE, trad. du Hi5 de Democrite, ch. 9. — Dieu sourdre fait. de la guerre achoison Quand ruiner il veut une maison. AMYOT, CornmenÉ il faut lire les poetes, 2. — Je m’en des- tourne choses récentes], content de repre- sen.ter cell1.- ; de nos vaillans et loyaux predeces- seurs, franc de toute passion de faveur ou de haine, dont je n’ay aucune achoison. FAIrcimT, Aniiquire :, Avant-propos. — A fin d’oster toute achoison cle querelle et niatiere de guerre. 11).e ib., V, 15. — 11 ne faut pas que les Rois pour petite achoison, laissfflit passer les bonnes olive : dures et moyens de paci Iiiir leurs querelles. ID., ib., IX, 9, — En mesure Umps, s’esmeut une grosse que- relle.. et ce pour bien petite achoison. ID., XI, 5.. — Quelle ac.hoison a peu avoir le Diable de tenter le fils de Dieu ? LE LovÉrt, des Sper ires, VII, 16. Situation, état. — Si bien depuis il Nasale Pin- constance Du sort auteur de tant aspre a.choison, Rien ne lui vault de ses cris la. foison Pour repa- rer ceste aigre violence. MA.GNy, les Amou rs, 14. — Aveugle Amour, si tout aygre poiyson Le pins souvent tu changes en douceur, Et du plus doux te monstres effaceur, Le relu, rsant en amere achoyson. In., ib., S. 29. — Chasqu.e membre a son office, Les mains, l a bouche, les dents, Pour voyeuses du dedans, N’apportent rien davantage Que requiert mon achoison. E. PASQUAER„ Jeux Poedques, III (Il, 878). On peut encore trouver le sens de situation, d’état, dans les exemples suivants, où le mot achoison désigne, [Lou pas une action., mais l’état qui en résulte. — Et en ce corps ha rit et droiti composé Le ciel transmit un esprit bien posé ; Puis le reprint quand par grefve. achoison Ferraroys lui donna la poison. MA ROT, Cimetiere, 22. •— Cela devoit surlir à ta cruelle rage, Rome, sans me livrer par mortelle achoison, Spubs le miel d’une.fabie une arnere poison. PIBRAC ! Poé- sies, Dido (p.107), • Pour chanter dignement les gTandes escarmouches D’un long siege de Troye, et la dure achoison Dont se plaignoit Medee en- contre de Jason. AUQUEL IN DE LA FRESNAYEe Sat. franç., L. V, à Ponthus de Thiard. Dans l’exemple. suivant, achoison indique l’el.Tet d’un poison, c’est-à-dire encore l’état qui en ré- sulte, — Quelqu’un de ton parentage, Brinon, dés le premier âge Que le Ilous fut transformé, En prit. un sien ramé, Et le planta tout sus l’heure Au jardin de la demeure., Pour divertir rachoison De toute estrange poison Qu’un ver ou qu’une arai- gnée Y povirroit avoir trairïée. RONSARD, P Me. L. II, le.hrou…x. De grand-e « cloison. — Tous les peuples qui de- Puis en ce grand débord se liguerent contre les Romains, le firent par une necessité d’eschanger leurs terres pierreuses et sans fruit, en lieux de plus grande achoison, , E. pAsQuiEsi &Merdes, I, L Achommer (s’). Rester inactif.— Le paillard.++ se retira, disant ne se pouvoir achoinmer davan- tage. Du FAIL, Contes d’Eu.trapei, 33. Action. — En Auvergne, Bourhonnois, et Fo- rest, une coignée s’appelle Action. FAucllEii, An— Liquirez, HI, 8. Achopper (intrans.). Se heurter à un obstacle qui arrête ou qui fait tomber. — Rostre raison et intelligence… achoppe à tant d’empeschemens„+ qu’elle est bien Ioing de nous diriger certainement. CALVIN, Insgit., ch. II, p. 64. — C’est mer- veilles quand tant de personnages qui n’estoyent point autrement mauvais ont achoppé à ce festu. ID., ib. 1.1.56CF), Il, ni, 12. (Trans.). Heurter, arrêter. — Que celluy qui voudra entre enseigné au present livre se rende docile, excusant ce qui le pourroit achopper, i passer tousjours plus outre, pour estre conduict droyt à la pure venté de Dieu. CALVIN, Préf. de la Somme de Melanchthon (IX, 850). S’achopper (mime sens qu’achoppe• intrans.). Estans sortis des limites de l’Escriture, nous cheminerons hors du chemin et en tenebres : et pourtant ne pourrons sinon errer, treb-uscher, et nous achopper ù rhascun pas. CALviN, Ir tiL. VII I, p.. — Nous sommes cause par nostre ii ! merité qu’un homme infirme s’achoppe pour irehuscher en ruine, ID.e Que doit faire 7..in homme fiele entre les papistes (VI, 563). — Nous voyons que les poivres Papistes sont esgarez, chu’ils courent à travers champs, et cependant ne tien- nent nul chemin, ils clochent, ils tombent, ils s’achoppent, et le tout à. leurruine, 1D, Serin— sur le Deuter„ 52 1XXV1, 514). — Nous devons adresser les aveugles, de peur qu’ils ne s’aehop- perd, ou qu’ils ne s’esgarent en leur Chenlin. ID., „ 151 (XXVIII, 324), — Dieu ne permettra point que ses lideles s’achoppent, qu’ils tombent en sorte qu’ils ne puissent se relever. ID., Serin. se., er le Ps, CXIX, 21 (XXXII, 734). — Il nous faut garder du scandale, auquel ils [nos prochains] se pourroyent achopper, ID., Sernt, sur l’Epistre aucc Corinthiens, 9 (XLIX, 688). Achotter (si). nchouer. — Le gra.nd flot, qui estoit le principal a.ppuy et fondement de son desseing, s’est achoué en terre, si bien que de long temps on ne sein pourra servir. Dans Pu. nE MA RN] Xt Ecrits polit_ et hist., p. 309. Achoyson, v. Aelboison. Achrimafie. Manque d’argent. — Nous [quel- ques courtisans lettrés] avons tiré [du grec] ce. rtains mots, qui nous servent comme d’un jer- gon entre nous, pour n’estre point entendus,. Je commencera y par le mot. d’A chrirnatie. Car quand nous voulons parler de queleun l’argent duquel est cape, nous disons, Il est malade d’achrimatie. EsTiEriNE, Dia/. du 1-an.g. franç. a1.t II, 209. Acier. Casseur d’acier, Ni.. Casseur. Acircdogia (&)ttple, lourd, gauche, sot). — Il est une malle appropriation de termes.. qui s’ap- pelle acirologia, comme : t J’ay ma] a dent, des- quelles j’espoire avoir grain douleur, » fespoire pour je craings. FARM,. Art d.e Ehet., , II, 118. Aellner (s1). S’adonner. — Si vault. mieux que je m.’a.clin Aux viandes et au bon vin. Anc. Pués. franç., III, 88, AcIoure. Fermer. — Faisons acloure la bar- riere Du paliz.’Rouies, II, 90. Acmastique (daptsvrrtx, qui est dans toute sa force). — Que si elle [la fiè-vre] garde un mesme degré de chaleur et de vehemente depuis le com- mencement jusques à la fin, elle est appellée brommone et Acrizasiique. AMBR, PA.Ftg, XX, I, 8. Acodouoir, v. Accoudir. ooinetant. Disposant. à ]’amour. — Tout le parfum contemneras, Car il est par trop acoinc- tant, El, neantmoins sentir pourras Lavande et souchet, dont est tant.. Aitir. Poe. franç., VIII, 294, Acointable, Acointer, Acoiser, Acollee, Acoller, v. les mêmes mots écrits avec ace.

Acointhe. — Messieurs les Papes, avec la suitte innombrable.. de leur saincte Cour. Entre lesquels il y a Mansionaires, Acoluthes, Regionaires. PH. DE MA B.ri x Deller. de la Reliff., r, 5. — 11 devint Acoluthe, c’est-à-dire Page, ou Portecierge. ID-1 ib., I I, i i, 2.

Acombler, Acommencer, Acompagner, Acomparager, Acomparer, Aeompter, Aconcevoir, Aconche, Aconché, Aconduire, Acongnoistre, v. les mêmes mots écrits avec ace.

Aconite. Aconit. — Un certain usaige, lequel plus est. abhorré et hay des larrons plus leurs est contraire et ennemy, que ne est,.. le Aconite aux Pards et. Loups. A B N, afA iS, 51. — Et la _ma- ratre injustement. cruelle A son beau fils l’aconi le ne melle, Mortel bruvage. Poemes> les bles Fertunees„ var. (V, 458). — La terre par le ciel encor’oies toitmaudite : Son sein ne produi- soit encores l’Aconite. ID., Eglogue I (III, 3711). — Itilarastres qui couvrez l’aconite de miel. Au BIC N É, Prinitern$1 I 4. III, Quadrains (III, 116). — Ceste eau diversement conduite, Fait croistre icy let, là le froid, aconite. Du 13ARTAS, « Sena ne, 6e Jour. • Le Mercure broyé, et la froide Cicue, Et l’Aconite noir, qui plus promptement tue. Pi- BnAc, Plaisirs de ta ruseieille, p. 122. — Ces vais eau venimeux, de ces liqueurs si bacs Font l’aconite noir et les poisons mortelles, AuEtwNÉ1 Tragiques, ti (IV1 74). Aconite est masculin ou féminin. — Mais au de- dans secrettement habite L’amer venin de la froide a.coni te. Am. JAM N Poesies> L. V, 263 vo. Aconsuivre, Acordanee, v. ACCOMSUifrere Ac- cordance. Acorus, — La racine… de la. cul de rivieres, dit accrus. ÀNT. otr Mouliaril, trad. de le Vertu de la QUinte Essence, p, Acoste-noua~ — En la cuysine a point bien ordonnée Est de besoin g avoir la cheminée Pleine (le feu et garnie de chenetz, D’acoste-potz et de grilz assez uetz. Ane. Poés. franç, , VI, 238. Acoster, y. Accoster. Acotte. Appui. — V. Accoter, Acouardir, Acoubler, Aconha.rder, Acouiper, v. Accouardir, Accoupler, Accouaraifir, Accoulper. Acoup, V. Coup. Acourager, vi Accoura.ger. Aeourbé Aeourbi. Courbé. — Leurs yeux soyent obscurci afin qu’ilz ne voyent point, et acourbé (var, acourby tousjours leur dos, CA L — I IN franç., Epi isl{e aux Romains, 11 i LV I I, 402)., Acoursie, v.Coursie, Acoure, v. Accours. Acourserie. Clientèle. — Les vieillars… Ont tousjours apres les serviteurs Et de paier font presspr les club Leurs, , Scavent garder les grands acourseries. J. 130tIGHET5 Epistres M’orales du Trewerseur, I, lit. — Par ce les bons perdroient„ Et les mesehans auroient l’acourserie. Io, , ib., 11, lx, 1. Aeoursier, Client [d’un haut personnage]. — Cestuy eistoit un des accoursiers et favorite de Perides. Arinorr, Instruet. pour’ceux qui manient affaires d’Estai, 15. Client [d’un marclu sud ]. Ilz [les rnarcha.nds avides] scavent bien par doulx parler a_ttraire Leurs acoursiers, et d’eulx leur argent traire. J. BOUCHET, Epistres morales du. Traverseur, I I, lx, i. .A.eousiner, v. A ccousiner. Acouater, Acouter, Acousteur. Écouteur. — La cité… se met en dangier, dont vous aultres estes cause, qui avez maulvaisernent introduyt ces disputations, et avez accoutumé d’estre regardeurs de pa.rolles et acousteurs de faictz, vous persuadant que les choses doibvent advenir ainsi que vous persuade celluy qui parle le mieulx. EY SSELI trad. de THU- CYDIDE, lïl, 6.(89 ro). Acoustre_ment, Accustrer, Acoustunié. Aeoustumer, v. les rui.’mes rues écrits avec arc. &Douter. Écouter. — Sil estoit dit que celuy qui a.couste et se laisse persuader, fast aussi bien puny que celuy qui parle et parsuade, certaine- ment vous jugeriez plus modestement et plus rai- sonnablement. SETssEL, trad. de TnucyDiDE, III, 7.(91. vo). Acouter, de 4 ; 40.5E.tv„ si on ne l’aime mieux deduire de auscultare. Plusieurs usent plustost de eseouter. H. ESTIENNE, Confor- mité, Mots trançois pris du grec. — Acoutet, mes- sieurs, accoutez un peu, je vous dira y un conte pour vous apaiser.. BtrioALtlt DE VERVILLEi Moyen de parvenir, Reprise (II, 243). Aeoustrenient„ v. Accoustrement. Aeouver. — Une ouaye fut, en ceste année._ Tout auprès de Nogent-le-Roy, Pour sa beaulté fut a.cioluvée..4.rkee Poés. franç., X, 161. Acquenee, v. Haerpienee. Aequereur, Conquérant. — Ta conscience en la fidélité Du Roy ton frere, et son humanité T’ont faict en France acquerir en un moys, De- dans trois jours, sans souldars n i harnoys, Plus due Gesar, des Ga.ulles acquereur, le premier es Romains empereur N’avoit acquis en huict eu neuf années Accompaigné de legions armées. MA ROT} Chants dioers 5 17. Acquerir, Acquerre (Formes). — Préseni de l’indicatif el du subjonctif. — En.cores qu’il re- coure à nostre puy et qu’il acquérisse une grand renommée et réputation à jamais. Mo ri LUC Lettres, 122. — De suivre les cappitaines ver- tueux et vaillans, vous apprennés et aquérissés tout honneur et réputation. ID., Cfmtment.., L. I (I, 30). Pais é défini. — Tous ces 9uatre seigneurs qui Oint gouverné deux Poys n acquérirent jamais tous ensemble dix mil livres de rente. MoNLivc, Comment., Préamb. (I, 11-12). Maur. — En cecy… consiste la renommée et réputation qu’il acquérera par tous pays. Mari- Luc, Lettres, — Ce qui nous acquierera forte bons amis Catholiques, Apostoliques et Romains. Sat+ Méo., Har. de M. le Lieutenani (p. 861. — Ce ne sera pas petite loange à vous… et acquérirez pour vostre particulier l’amytié et obligation de dix mil gentilshommes. MONLUC, Lettres, 63. — Mais toutesfoys il m’est prins voul- lenté De visiter encor la saincte terre. — Vous y povez honneur et bruit arluerre. GRINGORE, Vie aie Sainct lys, L VIII (II, 257). — Je ne t’escry ne d’armes ne de guerre : Tn voys qui peuh bien ou mal y a.cquerre. 1 I A R O T, Epistres, 11. — (Pay fait grand cas des biens de ceste terre, J’ay désiré honneur et gloire acquerre. MARC. DE NAY" les Marguerites, l’A doragion des trois Roys {11, 74), — Et meilleur est a soy franchise acquerre Que /a. tollir a. aultruy, ou sa. terre. J. BoucHET„ Epistres morales du Traper$eu.r, II, I, 1. — Revien en grau a_vec, ton chef de guerre, Qui desirant ta bonne grace acquerra Te faite’, par nous offrir et presen- ter Tous les beaux dons que je le vois conipter. SALEL, trad. de J’Iliade, 1X. — Mais, las ! il faut que chacun pense Que tou.sjours telle recompense Suit chacun des forfaits, qui traine Pour s’ac- guerre sa propre peine. JODELLE, Eugène. 3.

— Par mes vers je ne veux autre couronne aquerre. Amour de Francine, L. I (I, 102). — Le vieil cheval se void à la fin deslier Pour rie perdre l’haleine ! ou qu.elque honte acquerre. Du BELLAY ? RegfrtS, — L’homme en vain s’ef- force d’acquerro Mille vains honneurs sur la terre. GrirY Odes, 1, 108. — Je pensois, bon Gênie, QT..te Ia mort eut seigneurie Sur ceux qui vont seu- lement Par la. mer avarement, Et sur ceux qui pour acquerre De l’honneur vont à la guerre. RONSARD’EpiiCipheS (VI, — Co-urant terre en terre Par les citez pour le sçavoir ac-guerre. BAÏF, Poètrees, L. (II, Si). — Vous y pourrez, sans crime, acquerre 1111 diadème. PL. GARNIER., Antigone, 886. — Roy, non. un graveur, cest honneur doit a, cquerre. PASSEE.AT ? Paesies, II, 77. — Il ieur falloit combattre contre les Gaulois, non pour acquerre gloire et honneur, ains pour sauver leurs vies, FAUCH ET, Antiquitez, I, 12. — Il vaut, mieux conserver ce qui est sien, que pensa.nt acquerre I’autruy, le tout haza.rder. ln., ib., III, S. Acquest. Acquisition ; ce qu’on acquiert.. — Car des Françoys, assubjectiz par force En leur pays, ne conquist que l’escorce ; tu as eu par un don liberal De leurs francz cueurs un acquest general. Chants divers, 17, — La seule liberté, les hommes ne la &sirent point, non pour autre raison, ce semble, sinon que s’ils la desi-roient, ils l’auroienl. comme s’ils refusoient de faire ce bel acquesi, seulement par ce qu’il est trop aisé. LA Bo ÉT1E Sen’Ede volontaire, p. 12. - Je me suis consumé d’une vaine despense, Et n’ay fait autre acquest que. de mal et. d’ennuy. Du BELLAY, Regrets, 4.5. — Les afflictions, les dou- leurs, leur viennent à profit, employées à racquest d’une santé et resjouyssance etornello. MON- TA1.1.— : NE, I, 38 CI, 311). — y a. tant de sortes de deffa.uts en la vieillesse… qu.13 le meilleur acquest qu’elle puisse faire> c’est l’a.ffection el amour des siens. li)., I, 8 (II, 86). — Nostre foy ce n’est pas Hostre acquest, c’est un pur present de la Iibera- d’autruy. ID., II, 12 (II, 235). — Cette his- toire d’un fameux et grand philosophe nous re- presen tem cette passion studieuse, qui nous a.muse à la poursuyte des choses do l’acquest des- que.nes nous sommes desesperez. ID, ib. (II, 250). Profit. — Qu.e fait une fenime avec toy, De qui la. force et la puissance Prend de jour en jour d_e- croissance. ? \Trayaient, il y a_ de racquest. GRE- VIN, ks Esbahis, V, — Pendant ceste trefve , re-ssayay, mais en vain, d’estre courtisan ; feuz toute rna vie mal propre pour ce inestier : suis trop franc et trop libre, aussi y trouva.y-je fort peu d’a(xplest, MONLUC ? Comment, , L. (I, 131). - La confusion de l’ordre et mesure dis pechez est dangereuse. Les meurtriers, les traistres, les tyrans y ont trop d’acquest. ? vioNTAiGN Es 2 (II, 12). —— Tout l’acquest qu’il a retiré d’une si longue poursuite, c’est d’avoir appris à recognois, tre sa foiblesse, ID, II, 12 (II, 235). — y— a peu d’ac- quest desrober la matiere de ses inventions [de Cicéron]. IB., ib. (II, 296). Acquester. Acquérir. — Si on me mettait au choix, fauroye plus cher acquester u.n bon arny que tout l’or du roy Darius. DES PÉRIERS, trad, du Lysis do PLATON (I, 22). — Doilbvez vous tous- jours à. quelqu’un ?… tousjours nouveaulx eredi- teurs vous acquestera… RABELAIS, 111, 3. — Celuy qui est riche n’estimera pas que le, bien luy Fion venu du ciel, ne que I)ieu y ait mis la main : niais il dira. que le tout’t’y est venu d’herit.a.ge et df.’succession, ou qu’il l’a acquesté par Sen CALvtbr, Serin. SU"’le DeCaer., 61 (X XVI, 626). Sapphon la docte (.1-reeque, à qui Phaon vint. plaire, Chantant ses fous, de Muse acquesta. le surnom. JOD ELLE, les Atm-Hers, S. fil. —11 y a bien peu de Conseillers et Présidens sui ne pos- sèdent quelque morceau de bénéfice qui aide à en- tretenir les dorures et accoustrernens, banquets et menus plaisirs. de la maison, voire pour acquester avec le temps quelque place noble ou office de plus grand honneur et authorité, PALIss-y, Re-cepte verirable, p. 98. — Mais qu’avons au monde acquesté, Qui témoigne qu’ayez esté. ? BAÏF, Poemes, L. HI (TI, 162). — L’un veillant des biens à la queste, Sans borne tous les jours ac- qui-_— !.ste. ID., ib., VIII (II, 885). — Il s’acquesta. ceste p.auvre maison, JEAN DE LA TAILLE, le Pie- gromant, I, 2. Tu eusses plus heureuse, et plus digne du nom De —tes braves a.yeux, acquesté le renom De. femme magnanime. IL GARNIEne Cor- nelie, 258. — Peu sert le hien que pa_r force On ac- queste. RONSARD, Sonnets et ileradrigals pour As- free (I, 252). — L’orgueilleux Phaâton… Far, — questa le surnom d’arrogant et iqnare. NOYSE- E NT ? CabiJr. pŒt. ? 80. — Et ri a voulu faire comme… autres favorys roys, qui se sont plus délectez à avoir et acquester belles places. BRANTÔME ? Couronnels françois .10( ». Acquesté (subst.). Ce que l’on a acquis. — Gar- der bien l’aequesté n’est une vertu moindre Quiacquerir tous les jours, et le nouveau ad-joindre.. AUBIGNÉ’, Tragiques> Il (IV, 90).. Acquesteur. Celui qui acquiert. — De ce bon bruyt a.cquesteur te sera lipion long sejour, liwircHEL Dl’AMBOISE, _Epistres vieneriennes, 17. Aequieecer. Se reposer, a.voir l’esprit tran- quille, — La n’ot On rien, que plaisance et liesse… T’out à soulas dednit a.cquiesce. LEMAIRE DiE BEIdG’ES, Concorde des deu-lt lo..ngages, I (111, 112). -Il se moque des fol ; d’autant qu’ib. 5ie reposent et acquiescent en leurs plaisirs mondains, qui sont transitoire.s. Cm.vire, Instit„ ch. V1I, p. — Il aura un soulagement, où pourra mieux acquies- cer, que en toutes les richesses et honneuni du inonde… C’est qu’il reputera toutes choses esti.° ordonnées de Dieu., comme il e, st expetlient, pour son salut. ID., ib., ch. XVII, p.798.— En cela aP- paroist sa joye et lyesse, si estant na.vré de tris- tesse et douleur, acquiesce neantmcdns en Ia con- solation spirituelle de Dieu. ID., ib., p. 807. — A fin qu’llz n’a-spirent point d’une trop grando cupi- dité aux richesses caduques, ou acquiescent en celles qu’ilz possedent., il les redige en indigence- ID., ib., p. 811. — J’ay„, hors de ma maison chasse..i un tas cle villaines, immondes, et pesti- lentes besles„, les quelles… nie evocquoient du doulx pensement on quel je acquiescois contP.m.- pl an t, et voya.nt et j a touchant et goustant le bien felicité, que le bon Dieu a praeparé à, ses ildeles et esleuz. RÂBELAIS, III., 21. — Et fa.cilement ac- quiesçoys en la doulce recordation de vostre au- guste majesté. ID., IV, Acquiescer de. Consentir — Ilz ayment si sou- verainement cette souveraine volonté, que son vouloir arreste le leur et le contentement divin les contente, acquiesçons d’estre bornés en leur amour par la volonté mesrrie de. raquAle la bonté est. Pobject de leur amour. Se FRANÇOIS DE SALES, Ainolif de Dieu., VI, 13. Acquisitif, Qu’on acquiert. — Veniie, car tous noz amys, Plus les parens que acquisitifz, Nous delaissent sans ayde aucune. Ane. Pod.. franç., XI, 256. (Subst.) — Ce fut… une princesse d’un très- grand esprit et fart habille, tarit (Ie son naturel que de son acquisilif. BRANTÔME., des Dames, pa t. Marg, reine de Nay. (VIII, 15)+ A.cqulsitive (subst.). — Oul Ire les trois parties de l’wcortornie predittes, est, adjoustee une qua- trieme di tte a.cquisitive, c’est à dire la faculté d’aequerir biens servans a rentretenement de la maison et de la Cité. LOYS LE "Rov, trait des Poh- tiques d’ALRISTOTP, I, 3, Comment. — L’acquisi- tive mi art d’acqucrir biens dilTere de ces deux facilitez. I D., il, , , — Lon pourroit demander pourquoy l’acquisitive est partie de l’œconornie, /a medeeine non. ib., I, 7. Acquit. Action de s’acquitter d’une obligation, d’une dette. — Puisque si avant me solicitez orî ra.cquit. de ma promesse, je cornmenceray mon propos. E. PASQUIERr Monophile, L. I. J-leur semble…qu’on les doit bien louer, quand ilsIl n’ont pas refusé audience si quelcun estant grevé est venu faire sa plainte„ s’ils Font oie, et qu’ils agent rai t. sembtan t de luy a.yder, fileur semble que voila un acquit. CALVI Sur Deuter., 120 (XXV ri, 642). — Combien que nous facions sem- blant d’a.voir grant zele de cercher la vie ceIeste, nous monstrons par cela que nous n’en tenons conte et que ce n’est quia.cquit et corvee de tout ce que nous en faisons. ID., Serm+ sr..irr. rEpitre au.x Epitesiens, 35 (LI, 692). — Me voici prest, grand Roy, D’employer cette main a l’acquit de nia foy. N MOTC:Il 11. E S T N leg Lacérer, r),.165). — Si Fon a à contester avec son naturel, et le forcer pour le service et acquit de la fonc.tion et charge que l’on prend. CiiArinoti,’Sagesse, II, — Vostre com- mandement… me fait esperer une chose dont je nie suis vanté à tous mes amis… c’est de donner, avant mourir, une bonne journee à l’acquit de ce que je doibz à feu M. de la Trimouille, Aunie.rii É, Lettres de sources diverses, 11 (I, 563). — Je n’ay cessé de méditer comment je pourra.y donner mes veilles, mes labeurs, et enfin ma vie à l’acquit de vos bienfaicts. ID., 27 (I, 583). Ordre de paiement donné par mi trésorier, — Je vous supply (très noble Pré seelez Le mien acquit pourquoy n’est il sellé ?… Mais si je touche argent par la seelleure, Je beniray des foys plus de sept l’heure Le chancelier, le seau et le seelleur Qui de. ce bien m’auront pourchassé l’heur. MAROT, Epistres, 25. — Brie f, Monsei- gneur, je pense que c’est là Qu’il failli sceller, si jamais on seella; Car vous savez que tout ae- quiet sans seel Sert beaucoup moins qu’un potage sans sel. ID., ib. — Plusieurs auparavant appor- toyeat au bureau des Questeurs, des lettres,.t acquits RU trelllent faicte qu’ilz ne devoTent., A), 0T, raton d’Utique>.17. Lever lee acquii, s. — Les grans trésors n’ay en ce monde acquis.. Par quo trie ratât entre chiche et testant Et non contrainct d’en lever les acquis. R. DE COLLERYE, Renutea titx, t5. Jouer d. l’acquit. Jouer à. qui paiera tout. —


ACROMION En acquit. En don gratuit.. — Voy3a dont vient ’Imputation de justice sans œuvres, dont il est. si so.uvent parlé:c’est que Dieu nous alloue en ac- quit la justice qui se trouve en n’astre Seigneur’JCSIIS. CALVIN, XVIII, 5. D’acquit, par Négligemment. Uainoureux langage Que nous soulion.s tenir en nos devis premiers, Se tournoit en propos com- muns et familiers, Tels qu’on tient aux amis qua.nd d’acquit on devise, Et que. le feu d’amour les courages n’attise. Ro N.Si►RD, Etegie (IV, 56). Large-Marie, à la nouvelle des forces du roi qui approchoyent, se jetta dans Langon, g…i.rdé par racquist comme i la première fois, démantela la ville et se retira dans Aillas. AUE ÏGNÉ1 if.). Xlx. Acquiteur. Celui qui perçoit les droits d’en- trée. — lis veolent… que le pain et le peu de bien qu’Us ont pour vivre ne vient pas {_le vostre bien- f-aici, ni de vostre vaillance, mais d la liberalitédu Biarnois e t, de son bon naturel, ou do l’avuice des a.c, quiteurs qui en tirent tout le profit. i44 ; •-ii. Men, Harangue du reelf.u ? naze (p. 153). Acquitter. Dégager. — Le Pape… acquitta el, absolut les Arragonois du serment. de Mente.. Ellà PASQULER, ReehereheNj 15. S’acquitter de qqn, S’acquitter de son devoir en- vers qqn, — Le Pasteur doit son parc revisiter, } Ou aultrement ne se peult acquitter De son Ire-peau. C; 11R I ri GO FE, ieS Folles Entreprises (I, 70). Aer, a-vanter, v. A ceravanter. Acrldophage. Mangeur de sauterelles. — Con- sidérons donc sans passion que nous dirions si Hérodote ou quelque alltre historien ancien nous racontoit qu’en quelquF’pays les hommes seroient théophages (c’est à (lin. ma.n.gedieux), aussi bien qu’ils racontent de quelques anthropophages, élé- phantophages, acridophages, plithirophages, et autres. Il. Es..ri EN NE, Apol. pour hrer., Au Lec- teur (I, 14). Acrimonie. Acreté. — Acrimonie s’enlend des choses mordicatives, qui piquent la langue : comme aucunes especes de sels, comme la coupe- rose, eFu vitriol. PALISSY, Disc. ternir., Explica- tion des mots plus difficiles. — Les viandes sur lesquelles on mettroit du sel à. grosses Poignées seroyent deagreables à cause de leur acrimonie. st FnAnois DE SALES $ Entretiens spirituels, IV (VI, 9). , A.crimonieux. Acre. —C’est un vinaigre proce- dan t d’un bon vin, un sang acrimonieux d’un sang chaud. LE tiO vEa a Hist. des’, Spectres, 11, 2. Acritude, Acreté. — Aucuns [fruits] ont le suc froyt., l’autre aygre ou de chair rude, Aucuns semblent bien beaux, ruas plains frilrIC acritude. Creation, (Ill, S5’..1). Acroamatique (à.xpnevenzz.i ensei- gnement donné à des auditeurs). Diogene Laërem raconte jusques à CCC. volumes par iny composez en toutes sciences : dont les uns es- toyent appelle..z Acroamatiques, les. autres Exoteriques. Lots LE Roy, trad. des Politiques d’AlirsToTE, el de ses (clercs. &crocheter., V. Aecrocheter. Acrochordon. Acrochordon est une verrue pendante. AMBR. PARI, VI 21. &croire, Acroissance„ Acroistre, v. Accroire, Accroissance, cent ire. Acromion. — Le moyne avec son baston de mion. RA.BELA15.5 lia. Entre la partie superieure et laterale l’os Sternon et l’Acromion do l’Omoplate. Ambr. Paré, II, 5. — Or a Nature machiné deux productions d’os, j’entens l’Acromion… et le Corae.dide. id., ib., IV, 19.

Acropi, v. Accroupi.

Acrostiche (féminin). — Je ne veux toutesfois qu’un bon esprit se fiche A faire un Anagramme, à faire une Acrostiche D’un travail obstiné. Vauquelin de la Frenaye, Art poet., L

Acrostiché. — la croix acrostichée, qui commence à la 18e lettre. TAtotleoli rets Ac-tom », Bigarrures, I, 15.

Acroué. Accroupi. — [Aeditue] nous dist Papegaut estre pour reste heure visible : nous mena… droit en la trage en laquelle il estnit acroué. RABELAIS, V„ — Apperteusmes un vieil Evesgaux à teste ve-rde, lequel estait ii-teroué accompagné di— trois Onocrotales oiF., eaux joyeux et ron-floient SOUS. une fueillade. id., ib.

Acroupi, v. Accroupi.

Acte. Discussion universitaire faite en public. — A La.nt je. redigeray par escript. ce que avons dict et resolu,.. et bien humblement vous remercie de l’honneur que nous avez faict à cest a.cte. RABELAIS, II, 20. — Le tousseux, glorieusement, en plein ar..te tenu chez les Mathurins, requist ses chausses et saulsices. id., I, 20.

Autodafé. — rit faire un amas de tous les prisonniers, en divers endroicts de l’Espagne, pour le faict de la religion, les fit assembler en deux actes (comme ils appellent), le premier desquels fut exploité à Valladolid. Au Eue Hi$1. II, 30. — L’acte de Séville… eut pour spectateur le Roi mesme… marchèrent, après les enfaris du collège, plusieurs prestres vestus de surpelis, Après eux les pénitenciers et moins criminels, qui s’estoyent desdits de peur du feu. id., ib. — A ce second acte furent bruslés Jean Ponce, de Léon, fils de Roderic, comte de Baylen, Jean Gonzalve, théologien de Séville, ses deux sœurs brusIées avec lui. id., ib.

(Féminin). — Lesquels furent presents et complices à la destrousse de Laceclemone, quand Heleine fut ravie, et à toutes les autres bonnes actes que Paris feit CIL SOT" premier voya.ge. Lemaire de Belges, fileter., HL 1.— Vous estes de cautelles plainctz, Et voulés ravir ses deulx Par vos actes ordes villes.. Sotties, IlI, 94. — Afin d’aller, acte perilleuser Au roy Henry faire d’estranges tours A Sainct Quentin. Anc. Poés. franc., IV, 317. — Quant et quant ladicte acte. Pei. DE 1VIARNIX, Écrits. polit. et hist., p. 231. — J’ay quis par mes actes printannieres beaucoup de gioire et de reputation. DE MONTREUX, ler Liv. des Bergeries de Juliette, Joitrn. 2 (92 el).

Acteur. Auteur (au sens général). — Icy resplent hors d’obscure souffrance Le chief dhonneur : les delices de France, Lacteur de paix : le pere du pays. Lemaire de Belges, le Temple d’Honneur et de Vertus (IV, 2U). — Le noble Duc, fremissant du coup dont il ne voyoit point lacteur, jetta un grand souspir. id., Couronne Margaritique (IV, 27). — Devocion soy voyant ravaller, Print couraige, commença à parler A ces bigotz et ces reformateurs, En soustenant qu’ilz sont de maulx acteurs. Gringore, les Folles Entreprises (I, 101). — Que sauroit le sens de l’homme produire sinon choses charnelles et folles, et qui vrayement monstrent de quel acteur elles sont venues ? Calvin, Instit., ch. XV (p. 747).

Auteur [d’un livre], écrivain. — Car sans mentir le tien escript dist stile De si friande et gorgiase touche, Que acteur ne sçay qui plus gentement touche Le maternel, soit en prose ou en mettre. Cretin, à maistre Massé de Villebresne (p. 209). — Le surnom de l’Acteur sera trouvé par les premieres lettres de ce couplet. Gringore, les Folles Entreprises (I, 144). — Lacteur dessus-nommé… pretend a layde de Dieu faire demonstration certaine de la signification du tiltre de ce volume. Lemaire de Belges, Illustr., I, 1. — Silz veulent avoir consideration à trois poinctz principaux, Iesquelz ont esté motifs de mettre la main à ce labeur, liz auront semblable affection à le parlire, comme Lacteur ha eu à lentreprendre. id., ib. — Voyons donques que nous dira lhistoire de Berosus de Chaldee, acteur tresancien et tresrenommé, lequel flourissoit avant le temps d’Alexandre le grand. id., ib., I, 2. — Un acteur nommé Iginius, en son livre d’Astronomie, met ledit Hercules entre les Images du ciel. id., ib., I, 11. — De luy [Belgiusl est denommee la grande et noble et populeuse province de Gaule Belgique, dont lacteur de ce livre est natif. id., ib., I, 13. — Je nay veu acteur quelconque qui en escrive aucune chose plus avant, sinon Ovide au quatrieme de sa Metamorphose. id., ib., I, 27. — Or treuve je peu d’acteurs qui ayent escrit des gestes et aventures de ladite Heleine et de son mary Menelaus, apres les faits de Troye. id., ib., II, 23. — Cessez, acteurs, d’escrire en eloquence D’armes, d’amours, de fables et sornettes. Marot, Ballades, 12. — S’il y a rien mal ordonné Au traicté dont est question, Qu’il soit à l’acteur pardonné. Anc. Poés. franç., XII, 166. — Et s’il advient et que bon luy semble Que le propos et l’escriture ensemble Devant le Roy puisse estre descouvert, Seure je suis qu’ayant le livre ouvert, Regardera les poincts où le lecteur Se doit monstrer advocat de l’Acteur. Marg. de Nav., les Marguerites, la Coche (IV, 255). — Mais le reprenois sur toute chose, de ce qu’il estoit mort avant qu’avoir esgorgé premier que soy l’escrivain et acteur de telle fable. F. Bretin, trad. de Lucien, Comment il faut escrire une histoire, 26.

Auteur, écrivain (considéré d’après la valeur de son témoignage), autorité. — Desquelles choses je prens à tesmoings trois bons acteurs, cestasavoir Xenophon en ses equivoques, Isidore en ses etymologies, et saint Hierome, sur les interpretations des noms Hebraïques, Lemaire de Belges, Illustr., I, 2. — Cicero, acteur tressuffisant, en son livre de Devination, recite que la Royne Hecuba… veit un songe en son repos, par lequel il luy sembla quelle enfantoit une torche alumee. id., ib., I, 20. — Je ne vueil ensuivre sinon la pure verité antique, et lordre historial de Dictys de Crete, et de plusieurs autres acteurs tressuffisans. id., ib., II, 5. — Je marreste plustost ausdits deux acteurs tressuffisans Dictys et Virgile, lesquelz joints ensemble sont à preferer à un tout seul. id., ib., II, 22. — Et pour ce prouver mettoit en avant plusieurs acteurs renommez et autorisez, si comme Dante, Petrarque, et Bocace. id., Concorde des deux Langages, Prologue. — Par très-grant peine et grant labeur On vient au dessus d’ung affaire. Virgille le dict ; c’est ung bon acteur, Et pour ce nous le fault tous croyre. Anc. Poés. franç., XI, 130.

Demandeur [en justice]. — Que lacteur par soy ou par son procureur face promptement et sur le champ sa demande a la premiere assignation moiennant que ma partie adverse se trouve la pour respondre. Calvin, Ordonnances (X, 1re part., 135). Actif. Dettes actives. Celles pour lesquelles on est créancier. — [Le roi] leur code encores les biens meubles et dettes actives du defunct. EL PASO.] r E R, Lettres, III, 9. — Le Senat craignoit les registres et enseignemens publiques, qui decouvroient les biens d’un chacun, et les debtes actives et passives. J. Bo D Republique, VI, L

Lettre missive active.— Tout se peult reduire en deux manieres de lettres missives : les unes mis- sives actives, les autres miss.ives responsives. FABRI, An de Rhetorique, 1, 197.

Chants actifs. — Les chants sont ou moraux, ou actifz, ou raviss ans. Moraux, qui imitent les meurs et affections, et appartiennent à la disci- pline. Actifz, au repos et plaisir à. fin de recreer Pesprit, et reposer le corps pour retourner plus vigoureux au travail. Lors LE Ro Ti trad. des Po- litiques d’AlusToTe, VIII, 7, Commentaire.

Action. Droit que Von peut faire valoir. — Les Venitiens firent venir le Due René de LOT- naine.., avec grands promesses cestasavoir de le mettre en possession. du Royaume de Naples, au- quel il discit avoir action, à cause de la maison d’Anjou, LEMAIRE IDE BELGES, Legende des Veng- tiens, 3 (III, 3S’).

Droit de faire condamner pour un crime. — Plusieurs tiennent que._ les loix nous redeman- dent compte de nous, pour leur interest, et ont action d’homicide contre nous. MONTAIGNE> II, 3 (II, 27).

Plaidoyer, discours — Si quelqu’un a une cause à deduire, il s’en ira demander qu’on luy forrne son action, Tfon luy donne couleur, afin de declarer tant mieux son droict. CALVINe Serin. Sur l’Epistre à Tite (LIV, 539). — Comme je vins au Palais, le plus estimé esteit feu M. de Pibrac lors advocat du Roy.„ Toutesfois les deux actions in-iprimees que nous avons de me diminuroient de l’opinion que j’ay de son merite. Du VAIR, Eloquenee française, p. lm. — Qui pourvoit supporter en de grandes et celebres actions des esprits si dissoluz et incurieux, qui, pendant qu’il s’agist des biens, de l’honneur et de la vie des hommes, s’amusassent à esplucher des parolles… ? ID., ib., p. 166. — Ceste singulière pieté, qui vous a asserablez à ce service etpompe funebre, me donne esperance de vous avoir aussi doux et tavora_bles auditeurs de ceste mienne ac- tion que vous estes affectionnez et charitables à la memoire de celle que nous devons presenteinent louer. ID., Or. fun. delaa Rogne Escosse (Ac- dore et Traictez oratoires, p. 2). — Quel chant de triomphe est plus glorieux que ce doux murmure qu’on oit se le-ver en ce barreau en l’applaudisse- rnent dune grande et genereuse action ? ID., Ouvert. du Pari. de la St Remy, 1602. — Si Dieu me donnoit autant d’esprit pour discourir et force a bien dire que j’en desirerois maintenant, pour le service de ceste action publique que nous celebrons pour honnorer la rnemoire du grand Phi- lippe Emmanuel de Lorraine duc de Mercœur… je ne pourroispas pourtant ni ne devr j ois vous repre- senter… la justice du regret que nous avons pour son trespas. St FRANÇOIS DE ALES, Serin. auto gr., 59 (VII, 400). — (Dans cette phrase, le mot a cer- tainement un sens plus large, et désigne non seu- lement l’action oratoire, l’oraison funèbre, inai aussi l’ensemble de la cérémonie.)

Meure en anion. Attaquer en justice, mettre en accusation. — L’Evesque… demanda qu’en con-P sideration du bon jour prochain, il fe lais.sast aller : et que la restépassée, s’il le mettoit en. ac- tion, il luy respondroit. FAUCHET, Antiquitez, IV.

Action. Attitude, contenance, gestes. — Ceux qui les peignent [des prisonniers.] mourans, et qui repre1entent cette action quand on les as- somme, ils peignent le prisonnier, crachant au visage de ceux qui le tuent, et leur faisant la moue. MoNTA[GNE„ I„ 30 (I, 268). — Quand on monte en un theatre, il faut ssestu.dier d’avoir bon pie voix, bonne action… et bien jouer son person- nage. FRANçors D’Am BOISE Di al. et Devis des Da : moiselles., I (21-22). — Enfin J’un deux, qui ven son action Trop desplorable, en eut compassion, Prend son pourpoint, dessus le dos luy jette. Var. hist. et Mi., VIII, 89. — Sa face pleine de Ma- jesté, son port et son action le feroient assez re- connoistre peur Roy, en’quelque solitude qu’on le trouvast. Du VAIR, Harangue au Pari. de Bor- deaux en 1n2o,

Actional. Agissa.nt. — Puis que tu dis que la chaleur de la marne, des fumiers et de la chaux n’est pas la cause actionale des vegeta Lions serni- nales, donne-Trio y donc à entendre par quelle vertu la marne pourroit actionner ces terres infer- tilles. PALISSY, Disc. admir., de la marne (p. 332).

Activité. Activité. —— Au visage de De.mos- Eir..nes ou lisoit tousjours une activeté, un cha- grin resveur et pensif qui ne le laissoit jamais. AMYOT, Compar, de Cicéron avec Démosthène, — 11 avoit une activeté tris vehemente, un coing pressant et diligence continuelle aux affaires. Io., Démétrius, 2. — L’activeté du Roy de Navarre Pestonne. MorirAiGNE, III, 10 (IV, 135q. — Il n’est rien qu’on doive tant recommander à la jeunesse, que l’activeté et la vigilance. ID., I II, i a 17252).. — Son activité et puissance à plaire ou deplaire, contenter ou mescontcnter. CF1A R R 0 r, Discours chretiens, II, X1V„ 10. — Je me prometz que vous m’aymeres au travers de toutes les dis- tances du monde, lequel n.’est pas assez grand pour borner Pactiveté de rostre amitié. St FRAN- çois DE SALESe Lettres, 161. — Leur amo, pour appliquer sa vertu et activeté plus entierenient et attentivement a. ce divin object, la retire et ra- masse de toutés ses autres facultés, pour la con- tourner de ce costé la. In., Amour de Dieu, I, 10. — N’est ce pas une forcenee impieté de penser q-u.e, tu ayes donné la sainte, efficace et vive acti- veté à l’inspiration divine, parce que tu ne la luy as pas ostee par ta resistence ? ID.§ ib., 1V> 6,.

Actuel. Effectif, réel. — Mais pra_ndre Amour, qui est spirituel, Pour ung travail visible et actuel, Que contenter lori peuh d’argent ou d’or, Il ne se doibt. IIAaui. DE NAV., Gera. Pois.} Distinction du teray AMOUr (p. 304). — C’est bien raison qu’un cliacu.n de nous soit prest, non seulement à vendre mais à perdre ce qu’il a, pour l’honneur de Dieu… Mais nous voyons bien que la vendition actuelle n’est pas requise de tous ceux que rostre Seigneur instruit à perfection chrestienne. CALVIN, Contre les Libertins, 21 (VII, 217). — C’est que nous vivions aujourd’huy en toute humanité avec nos prochains, ayans tous meurtres et tous outrages en horreur et non seulement les meurtres ac- tuels, mais aussi la haine qui condamne pour meurtre devant Dieu.. ID, , Sem. sur le Deuter., 19 (XXVII, 289), — Il advint du temps de sainet Gregoire, que les gouverneurs des biens Eccle- siastiques se mirent par force en possession ac- tuelle de quelques biens qui appartenoyent à l’Eglise, mettant l’armoirie en signe de vendica- tion, à la coustume des Princes. ID., Ltistit., IV, x1, 111. — La divine nature… est doncq necessaire- ment actu_ellement infinie ; car il n’y a rien entre la puissance et Ileftect : ny entre l’infinité par

  1. « Uze de motz purement francoys, non toutesfois trop communs, non point aussi trop inusitez, si tu ne voulais quelquefois usurper, et quasi comme enchasser ains qu’une pierre precieuse et rare, quelques motz antiques en ton poeme… Pour ce faire, te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françoys, ou tu trouveras un ajourner pour faire jouranuyter pour faire nuytisnel pour leger, et mil’autres bons motz, que nous avons perduz par notre negligence. Ne doute point que le moderé usaage de teh vocables ne donne grande majesté tant au vers comme à la prose ainsi que font les reliques des sainctz aux croix et autres sacrez joyaux dediez aux temples. » Deffence et Illustration, II, 6.
    « J’ay usé de galées pour galleres : endementiers pour en ce pendant : isnel pour leger : carrolant pour dansant : et autres, dont l’antiquité… me semble donner quelque majesté au vers, principalement en un long poème, pourvu toutesfois que l’usage n’en soit immodéré. » Deux Livres de l’Eneide de Virgile, Epistre à J. de Morel.
  2. « Je t’advertis de ne faire conscience de remettre en usage les antiques vocables, et principalement ceux du langage Wallon et Picard, lequel nous reste par tant de siecles l’exemple naïf de la langue Françoise, j’entends de celle qui eut cours apres que la Latine n’eut plus d’usage en nostre Gaule, » Franciade, Préface de 1587. — Ronsard avait dit déjà dans son Art Poétique : « Tu ne dois rejetter les motz de noz vieux Romans, ains les choisir avecques meure et prudente election. »
  3. Précellence, p. 184 et suiv.
  4. Depuis l’achevement de mon Livre, Lecteur, j’ai entendu que nos consciencieux poëtes ont trouvé mauvais de quoi je parle (comme ils disent) mon Vandomois, écrivant ores charlit, ores nuaus, ores ullent, et plusieurs autres mots que je confesse veritablement sentir mon terroir. Tant s’en faut que je refuze les vocables Picards, Angevins, Tourangeaus, Mansseaus, lors qu’ils expriment un mot qui defaut en nostre François, que si j’avoi parlé le naïf dialecte de Vandomois, je ne m’estimeroi bani pour cela d’eloquence des Muses, imitateur de tous les poëtes Grecs qui ont ordinerement écrit en leurs livres le propre langage de leurs nations, » Ronsard, Odes, texte de 1550, Suravertissement au Lecteur.
    « Tu sçauras dextrement choisir et approprier à ton œuvre les vocables plus significatifs des dialectes de nostre France, quand ceux de ta nation ne seront assez propres ni signifians, et ne se faut soucier s’ils sont Gascons, Poitevins, Normans, Manceaux, Lionnois ou d’autre pays, pourvu que ils soyent bons, et que proprement ils expriment ce que tu veux dire, sans affecter par trop le parler de la court, lequel est quelques fois tres-mauvais. » id., Art poetique.
    « Je suis d’advis que cette pureté [de la langue] n’est restraince en un certain lieu ou païs, ains esparse par toute la France. Non que je vueille dire qu’au langage Picard, Normand, Gascon, Provençal, Poitevin, Angevin, ou tels autres, sejourne la pureté dont, nous discourons. Mais tout, ainsi que l’Abeille volette sur unes et autres fleurs, dont elle forme son miel, ainsi veux-je que ceux qui auront quelque asseurance de leur esprit, se donnent loy de fureter par toutes les autres langues de nostre France, et rapportent à nostre vulgaire tout ce qu’ils trouveront digne d’y estre approprié. » E. Pasquier, Lettre, II, 12.
    « Ainsi que les pactes Grecs s’aidoyent au besoin de mots peculiers à certains pays de la Grece, ainsi nos poetes François peuvent faire leur proufit de plusieurs vocables qui toutesfois ne sont en usage qu’en certains endroits de la France. Et ceux mesmement qui escrivent en prose, peuvent quelques fois prendre ceste liberté. » H. Estienne, Precellence, p. 168.

    « L’idiome Norman, l’Angevin, le Manceau,
    Le François, le Picard, le poli Tourangeau
    Apprens, comme les mots de tous arts mecaniques
    Pour en orner après tes phrases poétiques. »


    Vauquelin de la Fresnaye, Art poétique, I, 361-64.

    Mais Vauquelin n’admet pas les mots du Midi, qui appartiennent vraiment à une autre langue. Voir Art poétique, II, 903-910.

  5. « Le bonhomme Ronsard… disoit quelquefois… : Mes enfants, deffendez vostre mere de ceux qui veulent faire servante une Damoyselle de bonne maison. Il y a des vocables qui sont François naturels, qui sentent le vieux, mais le libre françois, comme dougé, tenve, empoour, dorne, bauger, bouger, et autres de telle sorte, Je vous recommande par testament que vous ne laissiez point perdre ces vieux termes, que vous les employiez et deffendiez hardiment contre des maraux, qui ne tiennent pas elegant ce qui n’est point escorché du latin et de l’italien, et qui aiment mieux dire collauder, contemner, blasmer, que louer, mespriser, blasmer ; tout cela c’est pour l’escolier de Limosin. » Les Tragiques, aux Lecteurs. — Comme le remarque M. Brunot (Hist. de la langue franç., II, 225), les trois mots blâmés par Ronsard avaient été employés par Marot. Ils l’ont été aussi par beaucoup d’autres écrivains : blasonner est dans Lemaire de Belges., le Loyal Serviteur, Baïf, etc ; collauder dans Collerye, Rabelais, Marguerite de Navarre, Baïf, etc. ; contemner dans Gringore, Calvin, Amyot, Pasquier, etc.
  6. On sait que, plusieurs années avant Rabelais, Geofroy Tory, dans son Champ fleury, tournait en dérision une phrase que nous retrouvons dans le discours de l’écolier Limousin : « Quand Escumeurs de Latin disent Despurnon la verbocination latiale, et transfreton la Sequane au dilucule et crepuscule, puis deambulon par les Quadrivies et Platees de Lutece, et comme verisimiles amorabundes captivon la benivolence de lomnigene et omniforme sexe feminin, me semble quilz ne se moucquent nullement de leurs semblables, mais de leur mesure Personne. » Je pense, comme M. Brunot, que Rabelais n’a pas emprunté cette phrase à Tory, mais que tous deux reproduisent une parodie dont nous n’avons pas d’autres traces et qui prouve qu’on se moquait couramment des latiniseurs.
    Sagon, dans le Rabais du caquet de Marot par le page de Sagon, reproche à Marot humile, expellé, fulgente, pharetre « et mille Que en son stile Marot usurpe cent fois ». Marot, il est vrai, avait commencé par reprocher à Sagon d’écorcher le latin. Sagon aurait pu noter dans Marot beaucoup d’autres latinismes : buccine, curvature, labilité, malivolence, mortifere, pristine, increper, etc.
  7. « Et n’y a rien qui nous perde tant en cela, sinon que la plus part de nous, nourris dés nostre jeunesse au Grec et au Latin, ayans quelque asseurance de nostre suffisance, si nous ne trouvons mot apoinct, faisons d’une parole bonne Latine, une tres-mauvaise en François : Ne nous advisans pas que ceste pauvreté ne provient de la disette de nostre langue, ains de nous mes-es et de nostre paresse. E. Pasquier, Lettres, II, 12. — Pasquier n’a contre le latin et le grec aucune hostilité de parti pris. Mais il veut qu’on en fasse un usage modéré. Nous devons, dit-il un peu auparavant, dans la même lettre, « nous aider mesmes du Grec et, du Latin, non pour les escorcher ineptement, comme fit sur nostre jeune aage Helisaine, dont nostre gentil Rabelais s’est mocqué fort à propos en la personne de l’escolier Limosin, qu’il introduit parlant à Pantagruel en un langage escorche-latin. Mais avec telle sobrieté, que… nous digerions et transformions doucement en nostre langue ce que trouverons pouvoir faire du Grec et Latin, et ce qui sera insolent, que le rejettions liberalement. »
    Henri Estienne se plaint très vivement des écorcheurs de latin : « Mais encores tout cela n’est que sucre, au pris de l’affectation qui se voit ès mots qu’on arrache du latin, desquels on ne sçauroit dire le nombre ; car chascun descharge sa cholere sur ce povre latin, quand il ne sçait à qui s’adresser : de sorte que je m’esbahi comment il est encores au monde, veu les coups de taille et d’estoc qu’il reçoit tous les jours. Voire n’est-il pas jusques aux femmes, qui ne se vueillent mesler de l’esgratigner, faulte de luy savoir pis faire. » Conformité du lang. franç. avec le grec, préface, p. 43.
  8. Dans ces verbes, de marquait soit une idée de point de départ, soit une idée de renforcement, et nous ne devons pas les confondre avec ceux où de ou des servait à former un mot exprimant l’idée contraire à celle que contenait le radical, comme un autre déprier, qui signifiait détourner par prière.