Dictionnaire de la Bible/Tome I.2.b BAAL-BERZELLAI
seulement au pluriel : ḥammânim), Lev., xxvi, 30 ; II Par., xiv, 4 ; xxxiv, 4, 7 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; Ezech., vi, 4, 6 ; le dieu lui-même est appelé souvent dans les inscriptions (Gesenius, Monumenta Phœniciæ, p. 171-172, 349 ; P. Schröder, Die phönizische Sprache, in-8°, Halle, 1869, p. 125 ; Corpus inscript. sentit., t. i, part. i, p. 154, 79 ; cf. M. A. Levy, Phönizisches Wörterbuch, in-8°, Breslau, 1864, p. 19) Ba’al hammân, « le Seigneur du soleil, » de ḥammâh, nom poétique du soleil dans Job, xxx, 28 ; Isaïe, xxiv, 23 ; xxx, 26 ; Cant., vi, 10 ; cf. Ps. xix (hébreu), 7. Les ḥammânim étaient des cippes ou colonnes de forme conique ou bien pyramidale, destinées à représenter le soleil sous la forme d’une flamme. Hérodote, n°44, raconte qu’il y en avait deux dans le temple d’Héraclès, c’est-à-dire de Baal, à Tyr. Une inscription de Palmyre, la plus ancienne de toutes les inscriptions religieuses (M. de Vogüé, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1868, 123 a, p. 73), mentionne l’érection d’un חטנא, hammana’, au dieu Soleil, [א]שטש. Des monnaies romaines de l’époque impériale nous ont conservé l’image du cippe de Baal (fig. 390).
389. — Le dieu Baal.
Stèle phénicienne. Musée du Louvre.
D’après les renseignements fournis par l’Écriture, ce cippe était en pierre ou en bois, IV Reg., x, 26, ou même en or. Ose., ii, 10. Cf. J. B. Pocari, Dissert. de simulacris solaribus Isrælitarum, dans Ugolini, Thesaurus antiquitatum sacrarum, t. xxiii, 1760, p. dccxxvii-dccl ; J. Spencer, Exercitatio de Tyriorum Gammadin et Hammanin, ibid., p. DCCXLIX-DCCXCII.
Certains commentateurs tirent une preuve du caractère solaire de Baal du texte IV Reg., xxiii, 4 (cf. v. 11), qu’ils traduisent : « Josias fit périr les prêtres qui brûlaient de l’encens à Baʿal-Šéméš, » c’est-à-dire à Baal-Soleil. Les auteurs classiques identifient aussi Baal avec le soleil : « Dieu s’appelle Bal en langue punique, dit Servais, et Bel chez les Assyriens ; il est tout à la fois Saturne et le Soleil ». Commentar. in Virgilium, In Æneid. , i, 729 ; 2 in-8°, Gœttingue, 1826, 1. 1, p. 109. Cf. S. Isidore de Séville, Etymol., viii, 11, t. lxxxii, col. 316. Voir W. Baudissin, Baal und Bel, dans Herzog, Real-Encyklopädie, 2e édit, t. ii, p. 30. Comme dieu solaire, Baal est « le maître des deux », Baal-samin, titre qu’il porte dans l’inscription d’Omm el-Aouamid (M. de Vogüé, Inscriptions phéniciennes de Cypre, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, 1868, p. 53), et qui se lit aussi dans les vers puniques du Pœnulus de Plaute, Balsamen, v, 2, 67, édit. Lemaire, t. iii, . p. 79, comme dans saint Augustin, Baalsamen Quæst. in Jud., xvi, t. xxxiv, col. 797), ainsi que dans Philon de Byblos, qui dit expressément : « ils considéraient le soleil… comme le dieu qui était le seul maître du ciel (μόνον οὐρανοῦ κύριον), l’appelant Béelsamen (Bεελσάμην). » Histor. græc. Fragm., édit. Didot, t. iii, fragm. 2, n° 5, p. 565-566. Cf. P. Martin, Discours de Jacques de Saroug sur la chute des idoles, dans la Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft, t. xxrx, 1875, p. 131 ; D. Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. i, p. 373 ; t. ii, p. 158-159.
Baal-soleil est bienfaisant comme l’astre du jour qu’il personnifie, mais il est aussi malfaisant, parce qu’il brûle et tue. Il est d’abord la source de la fécondité et Je la vie ; ses tièdes rayons réchauffent la terre et lui font porter ses fruits.
« Je suivrai ceux qui m’aiment, » c’est-à-dire Baal, dit la fille d’Israël infidèle, dans Osée, ii, 5 (hébreu, 7), « parce qu’ils me donnent le pain, l’eau, la laine, le liii, l’huile, la boisson. »
390. — Cippe de Baal.
AΥT KAI MAKPINOΣ ΣEB. Tête diadémée de l’empereur Macrin. — ɧ IEPAS BYBΛOY. Temple. Cippe de Baal, au milieu d’une cour, derrière le temple.
Les adorateurs du dieu lui attribuent la fertilité de la vigne et du figuier ; cf. Ose., il, 12 (hébreu, 14) ; c’est pourquoi les monuments votifs de Carthage représentent ce dieu entouré de fleurs, de grappes et de fruits, symboles de sa force fécondante (fig. 391). Cf. Gesenius, Monumenta Phœniciæ, Numid., pl. 21, 22, 23.
391. — Stèle punique consacrée à Baal.
D’après Gesenius, Monumenta, pl. xxiii, n°60.
Elle porte l’inscription suivante :
- Image de Šeotbal, ton serviteur, juste, considéré devant
- Baal, fils de ton serviteur Ḥikamṭʿal, seigneur du royaume du peuple des Massaliens,
- [consacrée] à Baal solaire, le Seigneur qui a écouté la voix du peuple.
De même les médailles nous le montrent sous une forme humaine, assis et ayant devant lui un épi et un raisin (fig. 392). Mais Baal était le dieu de la mort en même temps que le dieu de la vie. Sa chaleur est souvent funeste à l’homme comme aux plantes et aux animaux, surtout dans les pays brûlés de l’Orient, et c’est pour cela que les classiques grecs et latins, qui avaient reconnu en lui à juste titre le soleil, l’assimilaient aussi à Chronos ou Saturne, le dieu qui dévore ses propres enfants, comme nous l’avons vu dans le texte de Servius. Il inspirait ainsi la terreur à ses fidèles, qui honoraient ce dieu cruel par des actes de cruauté, et cherchaient à se le rendre propice par l’immolation de victimes humaines, en particulier d’enfants. Jer., xrx, 5 ; xxxii, 35. Voir de Baudissin, lahve et Moloch, 1874, p. 39, 50-53. Le rite sanglant par lequel ses prêtres se blessaient et se meurtrissaient eux-mêmes, III Reg., xviii, 28, se rattache vraisemblablement à ces sacrifices inhumains.
III. Culte de Baal chez les Israélites. — 1° Histoire.
— Les enfants de Jacob, fort enclins à l’idolâtrie, adorèrent Baal même avant d’entrer dans la Terre Promise.
391. Le dieu Baal sur une monnaie de Tarse.
Buste de Pallas, de lace, coiffée d’un casque à triple aigrette. — Baal de Tarse, assis sur un trône. À gauche, dans le champ, épi et grappe ; à droite, feuille de lierre ; au-dessous du trône, T, marque de Tarse.
Le nom de ce faux dieu apparaît pour la première fois dans l’histoire de Balaam. Balac, roi de Moab, conduisit ce fameux devin aux bamôṭ ou hauts lieux de Baal, d’où l’on voyait l’extrémité du camp d’Israël. Num., xxii, 41. Peu de temps après, le perfide devin conseilla au roi Balac de pervertir le peuple de Dieu à l’aide des filles moabites. Num., xxxi, 16. Un grand nombre d’Israélites succombèrent, et leurs séductrices les firent tomber dans l’idolâtrie et adorer le dieu Baal sous une de ses formes particulières, c’est-à-dire comme Baʿal Peʿôr (voir Béelphégor). Num., xxv, 1-3. — Quand les Israélites se furent emparés de la terre de Chanaan, ils ne tardèrent pas à rendre un culte à Baal, qu’ils considéraient comme le dieu du pays. L’auteur des Juges le leur reproche dès le commencement de son livre. Jud., Il, 11, 13. C’est parce qu’ils servent Baal et Astaroth que Dieu les livre entre les mains de Ghusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, Jud., iii, 7, 8 ; des Madianites et des Amalécites, Jud., VI, 25-32 ; des Philistins et des Ammonites, Jud., x, 6-7, 10 ; cf. Jud., viii, 33 ; ix, 4 ; I Reg., vii, 3-4 ; xil, 10. Lorsque, par suite de l’établissement de la royauté, les enfants de Jacob eurent moins de rapport avec les Chananéens, Baal n’eut d’abord parmi eux qu’un petit nombre d’adorateurs ; mais, après le schisme des dix tribus, sous Achab, roi d’Israël, son culte fut plus florissant que jamais. Ce prince avait épousé une Phénicienne, Jézabel, fille d’Ethbaal, roi de Sidon et prêtre d’Astarthé, III Reg., xvi, 31 ; elle était passionnée pour la religion de sa famille, et elle la propagea avec ardeur à Samarie et dans tout le royaume des dix tribus. III Reg., xvi, 31-33. Baal eut alors en Israël jusqu’à quatre cent cinquante prêtres, et Aschérah quatre cents. III Reg., xviii, 19, 22. Il ne fallut rien moins que le zèle du prophète Élie pour empêcher la perversion entière du royaume du nord, ffl Beg., xviii, 16-40. Le texte sacré ne compte que sept mille hommes qui n’eussent pas fléchi le genou devant Baal. III Reg., six, 18. Ochozias, fils d" Achab et de Jézabel, continua à servir le dieu phénicien. III Reg., xxii, 54. Son frère Joram, qui lui succéda sur le trône de Samarie, détruisit les emblèmes (maṣêbâh) de Baal élevés par son père, IV Reg., iii, 2 ; mais il ne déracina pas complètement son culte, qui ne fut aboli que par Jéhu, le destructeur de la maison d’Achab. IV Reg., x, 18-28. La ruine du royaume d’Israël fut la punition de son idolâtrie. IV Règ., xvii, 16, 18.
Le royaume de Juda n’avait pas échappé lui-même à la contagion. Athalie, la fille d’Achab et de Jézabel, introduisit à Jérusalem le culte de Baal ; cf. IV Reg., viii, 27 ; elle lui fit élever un temple dont Mathan était le grand prêtre. IV Reg., xi, 18. Le temple, l’autel et les objets idolâtriques qu’il renfermait, furent détruits par le peuple à l’avènement de Joas, IV Reg., xi, 18 ; II Par., xxiii, 17 ; mais Achaz, roi de Juda, adora Baal, comme l’avait fait la maison d’Achab. II Par., xxviii, 2 ; cf. IV Reg., XVI, 3-4.
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392. — Hercule tyrien.
Tête laurée d’Heroule, à droite. — S). TTPOT IEPAS [KAI AjSYAOT. Aigle, à gauche, avec une palme. Tétradrachme frappé entre l’an 136 et 57 avant J.-C.
Son fils Ézéchias détruisit l’idolâtrie dans son royaume, IV Reg., xviii, 4 ; elle reparut de nouveau sous son successeur Manassé, qui dressa des autels à Baal et releva les hauts lieux renversés par son père.- IV Reg., xxi, 3. Josias s’efforça d’anéantir son culte. IV Reg., xxiii, 4 5. Cependant le dieu chananéen eut des faux prophètes et des adorateurs dans Juda jusqu’à la captivité de Babylone, comme nous l’apprend Jérémie, ii, 8, 23 ; vii, 9 ; ix, 14 ; xi, 13, 17 ; xii, 16 ; xix, 5 ; xxiii, 13, 27 ; xxxii, 29, 35 (Cf. aussi Ezech., viii, 3, « l’idole de jalousie », c’est-à-dire Baal, d’après saint Jérôme, In Ezech., viii, 4, t. xxv, col. 78, et un certain nombre de commentateurs). Ce n’est qu’à partir de la captivité que le nom de Baal disparaît de l’Ancien Testament ; cf. Soph., i, 4 ; il n’est plus qu’un souvenir dans le Nouveau, Rom., xi, 4, et, pour les Juifs contemporains de Notre -Seigneur, le Baal qu’avait envoyé consulter Ochozias, roi d’Israël, IV Reg., i, 2, Ba’al Zebûb, dieu d’Accaron, est devenu Béelzeboul, un objet de dérision et un terme de mépris. Matth., x, 25. Voir Béelzébhb. (Le dieu phénicien est mentionné, il est vrai, II Mach., IV, 19, mais ce n’est plus sous son nom indigène de Baal ou Melqart, « roi de la cité, » c’est sous celui d’Héraclès ou Hercule (fig. 393), avec qui les Grecs l’avaient identifié. Voir Hercule.)
2° Rites et cérémonies du culte de Baal chez les Israélites. — On adora Baal dans un temple, à Samarie, III Reg., xvi, 32 ; IV Reg., x, 21-27 ; à Jérusalem, IV Reg., XI, 18. Cf. Jud., IX, 4. Mais on lui rendait surtout un culte sur les hauts lieux, bamôṭ, c’est-à-dire primitivement sur les montagnes et les collines, puis sur des tertres artificiels. Jer., xix, 5 ; xxxii, 35 ; cf. III Reg., xviii, 20. Là, on lui élevait des autels, Jud., vi, 25 ; II Par., xxxiv, 4 ; Jer., xi, 13, au-dessus ou auprès desquels étaient dressés ses hammânim, cippes ou colonnes, II Par., xxxiv, 4 ; IV Reg., x, 26 ; on lui offrait des sacrifices de taureaux, III Reg., xviii, 23, et d’autres victimes, IV Reg., x, 24 ; on brûlait des parfums en son honneur, Jer., vii, 9 ; xi, 13 (qattêr labbaʿal ; Vulgate : libare, « faire des libations, » mot qui ne rend pas le sens de l’original) ; IV Reg., xxm, 5 ; on fléchissait le genou devant lui, et l’on baisait ses statues ou ses emblèmes en signe d’adoration et de ment que deux noms bien connus : Bersabée (Bîr ei-Sébâ) etMolada (Khirbet el-Milh) ; il est donc très difficile de l’identifier. Knobel cependant propose de la reconnaître dans le village actuel de Deir el-Belahh, Â^Ji ji, « le couvent de la Datte, » situé sur une petite hauteur, à quelques heures au sud-ouest de Gaza, et dont le nom se rattache à un couvent chrétien détruit et à de belles plantations de dattiers. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 223-226. Il n’y a là qu’un rapprochement purement accidentel entre les mots, et cet emplacement nous reporte bien trop à l’ouest, jusque sur les bords de la mer, dont Deir el-Belahh n’est éloigné que de dix-sept cents mètres. Les possessions israélites n’allaient
pas si loin.BAALAM, ou plutôt Balaam, comme le portent communément les éditions de la Vulgate (hébreu : ffil’âm ; Septante : ’Ity&luâv), ville de la tribu de Manassé occidental, assignée, avec ses faubourgs, aux fils de Caath. I Par., vl, % (hébreu, 55). Elle n’est mentionnée qu’en ce seul endroit de l’Écriture. Dans la liste parallèle de Josué, XXI, 25, on lit Gethremmon ; mais il est très probable que c’est une faute de copiste : celui-ci aura, par distraction, répété le dernier nom propre du verset précédent, où Gethremmon est, comme dans Josué, xix, 45, rangée parmi les villes de Dan. Les Septante ont mis’îeSetBi, peut-être pour Uêalâ. On croit généralement que Sil’âm n’est autre que Yble’âm, Jéblaam, indiquée, Jos., xro, 11, parmi les villes de la tribu de Manassé. C’est, en effet, le même mot oïba, moins le », yod, initial, dans les Paralipomènes. Les Septante, du reste, ont ici traduit par’UftêXattN ; Codex Alexandrinus : I6Xocâu. Voir Jéblaam.
BAALATH (hébreu : Ba’âlâf ; Septante : FeëesXdiv,
Jos., xix, 44 ; BaXrie, III Reg., ix, 18 ; BaXaàô, II Par.,
▼m, 6 ; Vulgate : Baalath, III Reg., ix, 18 ; Balaath, Jos.,
xix, 44 ; II Par., viii, 6), ville de la tribu de Dan, Jos.,
xix, 44, rebâtie et fortifiée par Salomon. III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6. Malgré une légère différence de nom dans les versions grecque et latine, due probablement à une simple transposition de lettres, il s’agit ici d’une seule et même localité. Le texte original, en effet, porte partout Ba’âlâf ; et les deux récits parallèles, III Reg., ix, 18 ; II Par., viii, 6, indiquent une seule ville sous la double dénomination de Baalath et Balaath ; enfin plusieurs manuscrits de la Vulgate donnent, pour Jos., xix, 44, Baalath. Cf. C. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatæ latinæ, Rome, 1864, t. ii, p. 63.
D’après l’énumération de Josué, xix, 41-46, où elle est mentionnée entre Gebbéthon et Jud, Baalath semble bien appartenir à la frontière septentrionale de Dan ; mais son emplacement est difficile à déterminer. Jud (hébreu : Yehud) est généralement identifiée avec El-Yehoudiéh, à l’est de Jaffa. Cf. V. Guérin, Description de la Pales’Une, Judée, t. i, p. 321-322 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 99. La situation de Gebbéthon (hébreu : Gibbepôn) est plus problématique ; mais on peut, avec les anteurs anglais, ouvr. cité, p. 69, la reconnaître dans le village actuel de Kibbiéh, au sudest d’El-Yehou(héh. Cest donc entre ces deux points ou dans les parages voisins qu’il faut chercher notre ville. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 291, pense qu’elle se retrouve probablement dans Deir Baltouf, y^J « Ji, formant triangle, au nord, avec les deux idéalités précédentes. « Ce n’est plus actuellement qu’un village de cent cinquante habitants au plus. Autrefois, à en juger par l’étendue des ruines qui couvrent la colline où il s’élève, ce devait être une ville véritable. La plupart des maisons étaient construites avec des pierres de grandes dimensions, soit polygonales et assez mal aplanies, soit rectangulaires et régulièrement taillées. » V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 130. À propos de cette identification, M. Guérin ajoute : « Le mot arabe Balloulh, qui signifie chêne, n’a aucun rapport de signification avec le mot hébraïque ou chananéen Ba’alath, qui semble faire allusion au culte rendu jadis en ce lieu au dieu Baal. Mais ce n’est point là une objection péremptoire contre le rapprochement de ces deux mots, les Arabes, en effet, ’ayant pu faire subir au nom antique, dont ils ne comprenaient pas le sens, une modification légère, qui le transformait aussitôt en un terme arabe, qui leur était très familier. Une objection qui me paraît plus forte que la précédente, c’est que la ville de Ba’alath est assignée, par la Bible, à la tribu de Dan, et que Deir Ballouth me semble plutôt, par sa position, appartenir à l’ancien territoire de la tribu d’Éphraïm. » Cette difficulté n’est pas si grande que le suppose le savant explorateur, et. nous ne voyons rien qui nous empêche de faire rentrer ce point dans les limites de Dan. Voir Dan (tribu et carte). Van de Velde, en proposant cette identification, distingue cette Baalath de celle qui fut fortifiée par Salomon, III Reg., ix, 18 ; II Par., viii, 6, parce que Deir Ballouth n’est pas situé près d’une grande route, nécessitant une place forte. La distinction, que n’autorise point le texte sacré, nous paraît inutile ; il semble que, par sa position sur les premiers contreforts des montagnes, au-dessus de la plaine de Saron, cet endroit devait avoir une certaine importance, comme le conjecture du reste M. Guérin, d’après les ruines actuelles.
Cependant Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 1, place Baalath plus bas. Reproduisant le récit de III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6, il nous dit que non loin de Gazara (Gazer) Salomon bâtit deux autres villes, dont l’une s’appelait Br, Tx<ip « j et l’autre Ba)16. Gazer est Tell Djézer, à droite de la route de Jaffa à Jérusalem, et Betchora semble bien correspondre à Béthoron, ï'nri n>3, Bê{ffôrôn, une des deux villes de ce nom, situées un peu plus haut, à l’est. Baleth est la Ba)16, BâW, de l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 237, 239 ; la Baaleth, Ballath, de saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxili, col. 883, 884, et Deir Ballouth ne peut évidemment en marquer l’emplacement, d’après l’indication de l’historien juif. Mais son expression où irôppw 8'aO>Tr<ç, « non loin d’elle [Gazara], » n’est-elle point une conclusion personnelle et trop absolue de ce fait que Baalath est, dans le texte sacré, mentionnée avec Gazer et Béthoron ? Si elle était basée sur la tradition, on pourrait alors suivre l’hypothèse des explorateurs anglais, Names and places, p. 21, qui croient retrouver Baalath dans Bel’aîn, un peu au nord-ouest de Béthoron inférieure.
Parce que Baalath est citée avant Palmyre, III Reg., ix, 18, quelques auteurs ont voulu l’assimiler à Baalbek, remarquable comme celle-ci par ses merveilleuses ruines. Cette opinion n’a aucun fondement ; car, dans le récit parallèle de II Par., vill, 4-6, elle est séparée de Palmyre, et l’ensemble des deux passages favorise plutôt sa proximité de Béthoron. D’après le Talmud de Jérusalem, Sanhédrin, I, 2, Baalath était située sur la frontière entre la tribu de Juda et celle de Dan ; les maisons étant de Juda et les champs de Dan. Il confond Baala de Juda avec Baalath, et son assertion est absolument fausse, puisque Baala appartenait à l’extrémité méridionale de la Palestine. Voir Baala 3. « Les Talmuds, dit A. Neubauer, se mettent facilement en contradiction avec la Bible, lorsqu’il s’agit de trouver un texte à l’appui de leurs explications soit dogmatiques, soit agadiques. » La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 99, 100.
BAALATH BÉER RAMATH (hébreu : Ba’alaf Be’êrRâmat ; Septante : BaXÉx Tcopeuoiiévwv Bajj.É6), ville
située sur la frontière de Siméon, vers le midi. Jos., xix, 8. Dans la liste parallèle de I Par., IV ; 33, elle paraît sous la forme contracte Bâ’al. Faut-il considérer ces trois mots comme formant un seul mot composé ? Rien de plus confus que les renseignements fournis à ce sujet par le
texte et les versions. L’hébreu porte : Ba’âlaf Béer.
Râmaf Négéb, que la plupart des auteurs modernes
expliquent ainsi : Ba’âlaf Béer, ou Râmaf du midi.
Outre le changement des mots Ba’âlaf et Râmaf en
BaXéx et BajiÉO, facile à comprendre par la confusion
de certaines lettres en hébreu ou des fautes de copistes
en grec, les Septante ont dû lire ma, bâ’é, « les venant, »
au lieu de 1N3, béer, « puits. » Pour Béer Râmaf on
lit Bêf Râmaf dans quelques manuscrits hébreux seulement.
Cf. J. B. de Rossi, Scholia crilica in V. T. Ubros,
Parme, 1798, p. 34. La version syriaque donne de même :
Béer, et correspondrait à Ramôf-Négéb, Vulgate : Ramoth
ad meridiem, une des villes auxquelles David envoya des
présents, après sa victoire sur les Anîalécites. I Reg., xxx, 27.
Baalath Béer ne saurait être confondue avec Baalath de
la tribu de Dan ; voir Baalath ; mais elle est peut-être
identique à Baloth (hébreu : Béalôf), située à l’extrémité
méridionale de la tribu de Juda. Jos., xv, 24. Sa
position est inconnue. Il est impossible de l’identifier
avec Ramet el-Khalil, ocalè qui se trouve à une heure
au nord d’Hébron : la tribu de Siméon ne s’étendait pas
si haut. Quelques auteurs assimilent Rarr&th Négeb au
Djebel Araïf, montagne qui s’élève à environ huit heures
au sud de Ain Qadis (Cadès), et séparée du Djebel
[Image à insérer] 394. — Vue générale des ruines de Baalbek.
« Be’afBêf —Rama, qui est au midi. » La paraphrase
chaldaïque reproduit plus exactement le texte original : Ba’âlaf Be’êr Râmaf Ddrôma’, ce que la version latine de la Polyglotte de Walton rend et ponctue ainsi : « Baghalat, Beer-Ramath au ïnidi. » Enfin nous lisons dans l’arabe : Bâ’al-Bab et Rama du midi. La Vulgate offre autant d’incertitudes ; quelques éditions distinguent les trois mots : Baalath, Béer, Ramath ; d’autres suppriment toute ponctuation ; d’autres portent : Baalath, Béer Rameth, ou Balathbeer ramath, ou Balaad Bercameth. Cf. C. Vercellone, Varim lectiones Vulgatie latin », Rome, 1864, t. ii, p. 57.
L’interprétation la plus naturelle est, croyons —nous, celle-ci : « Baalath Béer, » c’est-à-dire « Ramath du midi ». Ba’âlaf Be’êr signifie « la maîtresse » ou « Baalath (divinité parèdre de Baal) du puits. » Dans cette contrée méridionale de la Palestine, aride et désolée, l’Écriture mentionne plus d’un puits sacré : Be’êr lahaï rô’î, « puits du Vivant qui me voit, » Gen., xvi, 14 ; Be’êr Sâba’, Gen., xxi, 31, ou Be’êr Séba’, Gen., xxvi, 33, Bersabée, « puits du Serment. » Râmat Négéb ou « la hauteur du midi » serait ainsi un autre nom de Baalath el-Makhrah par une large dépression de terrain. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 125. Si l’on admet cette identification, on pourrait alors chercher Baalath Béer dans la vallée qui sépare les deux montagnes, près des sources appelées Biâr Mâyin, dont l’eau est réputée excellente et « douce comme les eaux du Nil ». E. H. Palmer, The désert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 345. Van de Velde la place à Tell el-Lekîyéh, au nord de Bersabée. Reise durch Syrien undPalâstina, Leipzig, 1856, t. ii, p. 151-152 ; Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 342. Voir Ramoth Négeb.
- BAALBEK##
BAALBEK, ville de Syrie, située dans la partie moyenne de la grande plaine de Cœlésyrie (El-Beqâ’a des Arabes), entre le Liban et l’AntiLiban, au pied des contreforts occidentaux de cette dernière chaîne, sur le seuil de partage à peine marqué qui sépare le bassin du Léïtani et celui de l’Oronte. Elle n’appartient point directement à l’Écriture. Cependant on l’a identifiée avec plusieurs villes mentionnées dans la Bible : pour cette raison, de même que par sa position aux confins de la Terre Sainte et la splendeur de ses monuments, elle
mérite une étude spéciale. Malgré l’éclat qu’elle a jeté à une certaine époque, une assez grande obscurité enveloppe son nom, son origine, son histoire.
I. Nom. — Baalbek est l’ancienne Héliopolis de l’époque des Séleucides et des Romains, dont parlent Strabon, xvi, p. 753 ; Pline, H. N., v, 18 ; Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 2, et Ptolémée, v, 14, Le nom d"H), ioÛTCoXi ; , « cité du Soleil, » indique bien le culte auquel la ville, comme son homonyme d’Egypte, était consacrée ; mais est-il la traduction exacte de l’ancien nom sémitique, Baalbek, qui reparut avec la conquête musulmane et seul a survécu ? Quelques
occùfenfal
Ruines
de
BAALBEK
(HELIOPOLIS)
et’aprèsW Joyctu.
— Echella
SS5. — Plan des ruines de Baalbek
auteurs le pensent et prétendent que Ba’albek, arabe tiLAxj, veut dire en syriaque « ville de Baal » ou du Soleil. Il est certain qu’il y a correspondance entre Ba’al et t)Xco ; : le dieu suprême commun aux peuples syrophéniciens, et particulièrement le dieu chananéen, était Baal, qui, primitivement peu distinct de la nature créée, devint le dieu solaire, et comme tel est appelé, par exemple, dans l’inscription d’Oiimm el-Aouamid, Ba’al Saræn. Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, Paris, 1881, part, i, t. i, p. 30. Mais la seconde partie du mot n’est pas aussi facile à expliquer, et l’on n’a jusqu’ici trouvé aucune étymologie bien satisfaisante. D’après A. Schultens, bek viendrait de la racine arabe bakka, "i[£, « être pressé » comme dans une foule. Cf. Freytag,
Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830, t. i, p. 144. Baalbek signifierait ainsi « presse, c’est-à-dire foule ou assemblée de Baal » ; la ville de la Mecque, Mekkah, est parfois aussi appelée Bekkah. D’autres font de la syllabe bek un mot égyptien baki, « ville, » et alors Baalbek serait le correspondant exact d’Héliopolis ; mais la formation de « es mots hybrides est contraire au génie des langues
sémitiques. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 524, note 1 ; Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, note 1, p. 409. Les formes talmudiques du nom de Baalbek sont tsnbya et pa’jya, Mischna, Maaserolh, i, 1 ; Talmud de Babylone, Aboda zara, 11 6 ; Midrasch, Kohéleth, rx. M. Renan, Mission de Phénicie, in-4°, Paris, 1864, note 3, p. 320, croit que ce mot est simplement une corruption de nypa-Sya, Ba’al-biq’ah. C’est aussi l’explication de Pu 3&tt. — Colonnes an granâ temple de Baalbelx.
sey, qui voit dans ce « Baal de la vallée » un contraster avec le « Baal Hermon » voisin. Voir Aven.
II. Identifications. — Les cités bibliques avec lesquelles on a voulu identifier Baalbek sont les suivantes : — 1° Baa~ lath, ville fortifiée par Salomon en même temps que Palmyre, III Reg., ix, 18 ; Il Par., viii, 6 ; telle est l’opinion de Benjamin de Tudèle, regardée comme acceptable par M. Guérin, La Terre Sainte, Paris, 1882, t. i, p. 448, et combattue par Robinson, Biblical Researches, t. m r p. 519, et d’autres. Voir Baalath. — 2° Baalgad, point extrême, vers le nord, de la conquête israélite, Jos., si, 17 ; xii, 7, « au-dessous du mont Hermon, » Jos., xiii, 5 ; ainsi pense W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1890, p. 233 ; de même Iken, Michælis, Rosenmûller et Ritter, cités et réfutés par Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 519, 409, 410. Voir Baalgad. — 3° Baal-Hamon, lieu mentionné une seule fois dans l’Écriture, Cant, viii, 11, comme vignoble de Salomon ; J. Wilson, The Lands of the Bible, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Voir Baal Hamon.— 4° Thébath (hébreu : Tibhat), I Par., xviii, 8. Cf. Chabas, Voyage d’un Égyptien*
p. 100- Hl ; G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, ie édit., p, 191. Voir Thébath. — 5° Aven [Biq’at-’Avén, Vulgate : campus idoli), Amos, I, 5. Cette dernière opinion compte un assez grand nombre de partisans, parmi lesquels des savants de mérite. Voir Aven. Cependant aucune de ces hypothèses n’est complètement satisfaisante, comme on peut le voir aux articles qui concernent chacune de ces villes.
III. Description. — Baalbek n’est plus aujourd’hui qu’une bourgade, située à 1170 mètres d’altitude, et comptant de trois à quatre mille habitants, métoualis,
qui existent au monde, » dit, après M. Lortet, E. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 785. En visitant nousmême les monuments que compare Robinson, nous avons trouvé à Karnak une masse plus imposante et des dimensions plus colossales ; à Baalbek un ensemble plus parfait comme matériaux, richesse de détails, harmonie des proportions ; à Athènes une beauté plus sévère.
Les ruines de Baalbek, dont nous donnons une description sommaire en suivant le plan de M. Joyau (fig. 395), sont en majeure partie contenues dans une enceinte entourée de hautes murailles et orientées de
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897. — Murs de l’Acropole de Baalbek.
musulmans, maronites, grecs unis et grecs schismatiques. Elle occupe à peine le quart de l’emplacement que remplissait autrefois l’antique Héliopolis. Elle est entourée d’une vieille muraille ruinée de trois kilomètres de circuit et flanquée de tours carrées. Un ruisseau venant de l’est, le Ras el-Aïn, l’arrose et s’échappe vers les ruines des grands temples, pour aller rejoindre le Léontès. Les monuments qui font sa gloire s’élèvent à l’ouest (fig. 394). « Ces temples ont fait l’étonnement des siècles passés et continueront d’exciter l’admiration des siècles futurs, jusqu’à ce que la barbarie et les tremblements de terre aient accompli leur œuvre. Par la grandeur du plan, le fini et la délicatesse de l’exécution, ils semblent surpasser tous les autres dans l’Asie occidentale, l’Afrique et l’Europe. Ils ressemblent à ceux d’Athènes par la légèreté, mais ils les surpassent en grandeur ; ils sont vastes et massifs comme ceux de Thèbes, mais ils les surpassent par la légèreté et la grâce, s Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 517. « Ce sont les plus belles ruines peut-être
l’est à l’ouest. Par sa disposition générale, cette enceinte a une assez grande analogie avec l’Acropole d’Athènes, bien qu’elle n’occupe pas comme celle-ci le sommet d’une colline : de larges propylées, deux vastes cours, l’une hexagonale, l’autre rectangulaire, aboutissent au grand temple, comme les propylées d’Athènes conduisent au Parthénon ; puis, vers le sud, le temple de Jupiter est placé à peu près comme l’Érecthéiori. Des murailles en pierres énormes, les plus grandes qu’ait jamais remuées l’humanité, supportent ces gigantesques terrassements et ces magnifiques débris (fig. 397). Au nord de l’enceinte, on trouve beaucoup de pierres qui ont neuf mètres de long : six de ces blocs constituent à eux seuls un mur de soixante mètres de longueur, et ils paraissent encore petits à côté de ceux du mur occidental (H). Là, en effet, trois gigantesques monolithes, le fameux trilithon, reposant sur des assises de moyenne grandeur, ont 19 m 09, 18 m 80 et 19 m 31 de long sur quatre de haut et autant de large. Placées à sept mètres environ
au-dessus du sol, on a peine à comprendre comment des masses aussi colossales ont pu être transportées et montées à une pareille hauteur. Sous la grande cour quadrangulaire s’étendent d’immenses galeries souterraines, voûtées en très bel appareil romain, mais ayant pour base une masse de construction composée de blocs beaucoup plus forts et plus anciens.
Un escalier monumental, actuellement détruit, mais dont on voit encore quelques restes, donnait, vers l’est, accès aux propylées (A). Ce portique avait 54 m 86 de long du nord au sud, sur 14 mètres de large de l’est à l’ouest.
d’édifices richement ornés, formant une espèce de galerie avec des chambres semi-circulaires (f) et en carré long ( h). Elle devait offrir un coup d’œil très imposant avec les riches décorations prodiguées par la sculpture, et les nombreuses statues qui la peuplaient, placées dans des niches arrondies vers le sommet en gracieuses coquilles ou surmontées d’un fronton triangulaire. Au centre (E), une élévation de niveau paraît être le reste, d’une esplanade portant un autel.
Cette cour conduisait au grand temple (F), probablement le temple du Soleil, qui consistait peut-être eu
— Petit temple de Bafilbek.
Il était orné de douze colonnes corinthiennes, dont les bases sont encore en place et portent des inscriptions latines avec les noms d’Antonin le Pieux et de sa mère Julia Augusta. Il était flanqué à droite et à gauche de deux pavillons carrés (B), ornés extérieurement de pilastres corinthiens, et renfermant à l’intérieur chacun une grande chambre, richement ornée de frises et de niches sculptées. Des propylées on entrait par une triple porte dans une première cour hexagonale (C) de soixante mètres de diamètre, encadrée par des constructions symétriques ou chambres analogues à celles de la cour rectangulaire. On distingue des traces de niches alternativement cintrées et à fronton, dont les colonnes brisées jonchent la terre de leurs débris. Sur la face occidentale, une porte monumentale, accompagnée de deux autres plus petites, ouvrait sur une seconde cour beaucoup plus vaste, affectant la forme d’un parallélogramme (D), et mesurant cent trente-quatre mètres de long sur cent treize de large. Celle - ci est entourée au sud et au nord
un simple mais majestueux péristyle, long de quatrevingt-neuf mètres sur quarante-huit de large. Il n’en reste plus que des substructions, et descinquante-quatre colonnes dont il se composait (en défalquant les colonnes d’angle : dix de front et dix-neuf de côté), six sont seules debout actuellement ; mais elles sont incomparables et provoquent l’admiration par leurs dimensions colossales, la perfection de leur poli, la beauté de leur chapiteau corinthien et la magnificence de leur entablement ( fig. 396). Mesurant m 34 de haut, 7 m 04 de circonférence et 23 m 06 de hauteur totale, entablement compris, se dressant dans les airs sur une plate-forme, elle-même très élevée, ces colonnes se voient de fort loin, et sous les rayons du soleil, à son lever ou à son déclin, aussi bien qu’aux clartés de la lune, elles produisent un effet des plus saisissants. A quelque distance, au sud, se trouve le petit temple (G), ainsi appelé par comparaison, car il est plus vaste que le Parthénon d’Athènes ; malgré les ravages qu’il a subis, c’est un des monuments les mieux conservés de la Syrie
( fi g. 398). « Entouré d’un beau péristyle, il mesure 67 m 70 de long sur 35 m 66 de large. Les colonnes du péristyle étaient au nombre de quarante-deux ; dix-neuf sont encore debout, couronnées de leurs chapiteaux corinthiens. .. Entre le temple et la colonnade régnait un admirable plafond à caissons, dont il subsiste des portions considérables, présentant aux regards des losanges et des hexagones dans lesquels se détachent en relief des têtes d’empereurs ou de divinités, qu’environnent de charmantes guirlandes de fleurs et de fruits. » V. Guérin, La Terre Sainte, t. i, p. 462. Le pronaos, du côté de l’est, contenait de plus, sur un second et un troisième rang, plusieurs colonnes cannelées. L’intérieur de la cella répondait par
Tour du monde, t. xliv, p. 392. C’est par un procédé de ce genre que lès Égyptiens et les Assyriens transportaient des blocs énormes. — Les mêmes collines d’où ont été tirés la plupart des matériaux qui ont servi à bâtir l’antique Héliopolis ont été percées également de nombreuses grottes sépulcrales : souvent même les excavations pratiquées par les carriers ont été transformées en chambres funéraires.
IV. Histoire. — La ville célèbre, dont nous venons de parcourir les ruines si remarquables, a une origine incertaine, et son histoire est pendant de longs siècles enveloppée de la plus grande obscurité. La Bible et les monuments antérieurs au christianisme ne nous fournissent
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399. — Monolithe des carrières de Bàalbek.
la richesse de son ornementation à celle du dehors. En face du pronaos, on voit un bâtiment carré (K) qui paraît avoir été une église chrétienne.
En dehors de l’enceinte, au milieu des jardins, s’élève le gracieux petit édifice connu sous le nom de temple circulaire. À l’ouest et au sud - ouest de Baalbek, d’immenses carrières ont été creusées dans les flancs rocheux de plusieurs collines, et c’est de là que les anciens habitants ont tiré les monolithes monstres qui ont servi à élever certaines parties de la muraille de l’acropole. Un de ces blocs, le plus gros, est encore en place, tout prêt à être transporté. Les Arabes le désignent sous le nom de Hadjar el-qibléh, « la pierre du midi. » Il mesure 21 m 35 de longueur sur 4 m 33 de haut et 4 mètres de large (fig. 399). M. de Saulcy a calculé qu’il pouvait peser quinze cent mille kilogrammes, et qu’il faudrait pour le mettre en mouvement l’effort simultané de près de quarante mille hommes. Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 637. Mais il n’est pas nécessaire d’admettre en fait une telle multitude. « Il est probable, dit M. Lortet, que [les anciens] employaient des instruments fort simples : une route planchéiée de madriers, des rouleaux de bois dur, et, comme instruments de traction, de simples cordes mues par des treuils. » La Syrie d’aujourd’hui, dans le
aucun renseignement. Strabon, xvi, p. 753, la cite comme étant avec Chalcis sous la domination de Ptolémée, fils de Mennaîus. Pline, H. N., v, 18, la mentionne incidemment comme située près des sources de l’Oronte, entre le Liban et l’AntiLiban. Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 2, nous dit que, à l’époque de la conquête romaine, Pompée, en marchant sur Damas, traversa Héliopolis, déjà soumise, ainsi que Chalcis, sa voisine. Jules César l’ayant transformée en colonie, elle portait sous le règne d’Auguste, comme le témoignent les médailles, les titres de Colonia Julia Augusta Félix Héliopolis. Plus tard, Antonin le Pieux y éleva un grand temple en l’honneurde Jupiter. On trouve, sur des médailles frappées à l’effigie de Septime Sévère (fig. 400), l’image d’un temple avec un portique de dix colonnes, et celle d’un second temple avec un péristyle soutenu par de nombreuses colonnes : tous deux semblent correspondre à ceux de l’acropole dont nous venons de parler. Cf. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 6-19 ; pi.. Macrobe, dans ses Saturnales, i, 23 (collection Nisard, 1845, p. 216-217), donne de très curieux détails sur le culte et le simulacre du dieu Soleil, adoré à Héliopolis sous le nom de Jupiter, sur l’origine égyptienne de sa statue et les fêtes qu’on célébrait en son honneur. Vénus y recevait aussi d’im
pures adorations sous le titre de’HSovrj, « la volupté. » Constantin y mit un terme en introduisant le christianisme dans la cité du Soleil et du plaisir, et en y construisant une grande basilique. Cf. Eusèbe, De vita Conslantini, m, 58, t. xx, col. 1124. Enfin, dans la première partie du vn= siècle, Héliopolis, avec toute la Syrie, tomba au pouvoir des Arabes, et c’est alors qu’elle perdit son nom grec pour reprendre celui de Baalbèk.
Si les monuments littéraires gardent un tel silence sur l’origine de Baalbek, ses magnifiques monuments de pierre ne nous ré vêlent-ils donc rien sur son existence dès la
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400. — Monnaie de Baalbek.
DrVO SEVERO. Buste de Septime Sévère. — fy COL. HEL. Temple vu d’en haut. I. 0. M. H.
plus haute antiquité ? Voici la réponse de quelques savants. « L’espérance de trouver à Baalbek dès monuments syriens antérieurs à l’époque romaine est assez faible, dit M. Renan. Baalbek eut un temple antérieur à l’époque romaine, nul n’en peut douter, puisque l’auteur du traité De dea Syria donne à l’Septiv égyptien qu’on révérait l’épithète âpxaïov. Or, quand ce traité fut écrit, les temples actuels étaient à peine bâtis. Néanmoins Baalbek n’eut une importance du premier ordre que depuis qu’elle fut devenue colonie romaine. » Mission de Phénicie, p. 319-320. Après lui, M. Perrot regarde comme très douteuse la conjecture d’après laquelle les substructions énormes qualifiées de murailles cyclopéennes dateraient d’une époque bien plus ancienne que les temples qu’elles supportent. Et la raison qu’il donne, « c’est le fait que ces blocs prodigieux sont établis sur des assises d’un appareil beaucoup plus petit et très régulier, appareil que l’on hésiterait fort à faire remonter au delà de l’époque des Séleucides, s’il se présentait seul. C’est ainsi que, dans la partie incontestablement romaine des constructions, il y a des matériaux de très grande dimension, comme, par exemple, les jambages monolithes de la porte du temple rond, qui est un édifice de décadence s’il en fut. » Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1885, t. iii, Phénicie, p. 105-106, note 2.
D’autres regardent certaines parties de l’acropole comme très anciennes. « Les substructions en gros blocs de la muraille cyclopéenne, dit M. E. G. Rey, ont évidemment appartenu à une enceinte sacrée ou t ! |a£voc, remontant à une haute antiquité. L’enceinte sacrée de Jupiter Baétocétien à Hosn Souléiman nous offre le plus beau spécimen d’édifice de ce genre conservé en Syrie, et nous permet de restituer par la pensée les parties disparues de l’édifice primitif de Ba’albek. La coutume d’entourer de la sorte les lieux de dévotion ou de pèlerinage paraît originaire de l’Asie, d’où elle fut importée en Grèce ; car Pausanias mentionne fréquemment sous ce nom les enceintes sacrées. Dion Cassius, parlant de la prise de Jérusalem par Caïus Sbssius, désigne le Haram et le temple par le mot de Téjievo ; . Même observation pour le Haram d’Hébron. » Rapport sur une mission scientifique accomplie en 1864-1868, dans le nord de la Syrie, in-8°, Paris (1867), p. 8. « Les pierres elles-mêmes, ajoute M. Guérin, sont là qui attestent l’existence de monuments ayant précédé par de longs siècles l’âge des Antonins. La vaste plateforme, par exemple, destinée à soutenir le grand temple..,
semble proclamer, par les dimensions colossales des matériaux employés pour la construire, surtout à la face ouest et à la face nord, que c’est là un travail remontant à la plus haute antiquité. » La Terre Sainte, t. i, p. 458. Quoi qu’il en soit, nous conclurons en disant avec M. Lortet que « son importance commerciale a dû toujours être très grande. Ainsi que Palmyre, bâtie en plein désert, c’était une ville d’entrepôts, un vaste caravansérail pour les commerçants, un lieu de transit pour les marchandises de l’Asie orientale et de la Syrie ». La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 387. Outre les ouvrages cités dans cet article, voir Wood et Dawkins, Ruins of Baalbek, in-f>, Londres, 1757 ; J. L. Burçkhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 10-16 ; Volney, Voyage en Egypte et en Syrie, 2 in-8°, Paris, 1825, t. ii, p. 111-123 ; A. Chauvet et E. lsambert, Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 610-621 ; Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1882,
p. 518-526.- BAALBÉRIT##
BAALBÉRIT (hébreu : Ba’al Berît ; Septante : BocaX6epiG), nom d’un Baal particulier, adoré par les Israélites et spécialement par les habitants de Sichem du temps d’Abimélech, fils de Gédéon. Jud., viii, 33 ; IX, 4. II est appelé, Jud., ix, 46 : ’El Berît, « le dieu de l’alliance » (Vulgate : Dei sui Berith). Ba’al Berît signifie « le seigneur de l’alliance ». On l’a comparé avec le Zsù ; Spxioç des Grecs et le Deus fidius des Latins, honorés l’un et l’autre comme le dieu protecteur des serments, présidant aux traités et aux alliances ; mais le Baalbérit sichémite semble être plutôt le Baal qui avait fait lui-même alliance avec ses adorateurs. Cf. Jud., ix, 46 (Vulgate). — Bochart, Canaan, xvil, p. 859, suivi par Creuzer, Symbolik, ii, 87 (cf. Etienne de Byzance, au mot BépuTo ; ), suppose que Ba’al Berît désigne le Baal adoré à Béryte (aujourd’hui Beyrouth), comme Ba’al sôr, Ba’al Tars, désignent le Baal adoré à Tyr et à Tarse ; mais on ne voit pas pourquoi on aurait adoré Baal à Sichem sous le nom de Baal de Béryte. — On ne peut reconnaître non plus dans Berît la déesse Bérouth (BripoùO) dont parle Philon de Byblos, Historié. Grœc. Fragm, ii, 12, édit. Dïdot, t. iii, p. 136, car son association avec Baal serait inexplicable dans le texte des .Juges.
Nous ignorons quel caractère spécial distinguait Baalbérit du dieu Baal, dans la manière dont on les représentait l’un et l’autre ; nous ne savons pas davantage quelle était la forme propre du culte qui lui était rendu. L’Écriture raconte seulement qu’après la mort de Gédéon les Israélites adorèrent les Baalim et « se firent pour dieu Ba’al Berît », ce que la Vulgate traduit, en paraphrasant : « Ils firent alliance (fœdus, traduction de berîi) avec Baal, afin qu’il fût leur dieu. » Jud., viii, 33. Au chap. ix, 4, l’auteur sacré nous apprend que Baalbérit avait un temple (bêt ; Vulgate : fanum) à Sichem, Les Sichémites, après s’être révoltés contre la tyrannie d’Abimélech, y cherchèrent un refuge. Jud., îx, 46. La Vulgate, au texte original, qui porte simplement : <s Ils entrèrent dans le temple du dieu Bérith, » ajoute ici l’explication suivante : « où ils avaient fait alliance avec mi, et c’est de cette alliance qu’il avait reçu son nom. »
F. Vigouroux.
- BAALGAD##
BAALGAD (hébreu : Ba’al Gâd, c’est-à-dire lieu où : Baal est adoré comme Gâd ou dieu de la fortune, cf. Is., lxv, 11 ; Septante : Ba51ayâ8, et, Jos., xiii, 5, Va-(iX), ville chananéenne. Ce nom ne se lit que trois fois dan » l’Écriture, dans le livre de Josué, xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 5. C’est le point le plus septentrional qu’atteignirent les Israélites à l’époque de la conquête. Le fruit de la victoire remportée près des eaux de Mérom contre les rois chananéens du nord fut la soumission de tout le pays jusqu’à Baalgad. Le livre de Josué, xi, 17, décrit la position de cette ville en disant qu’elle est située « dans la plaine (biq’âh) du Liban, sous le mont Hermon ». Cf. Jos., xii, 7, et
xiii, 5. Mais que faut-il entendre par cette « plaine du Liban », et sous quelle partie de l’Hermon était Baalgad ? Les avis sont très partagés.
1° Les uns entendent par la plaine du Liban la vallée qui s’étend entre le Liban et l’Antiliban, connue sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse,-xoiX-J) Eupii, et appelée encore aujourd’hui par les indigènes clxJt ijbjl,
ard el-Beqa’a ; ils supposent, en conséquence, que Baalgad est la fameuse ville de Baalbek. Iken, Dissert, de Baal-Hermon et Baalgad, dans ses Dissertationes philol. theoX., n » 15, la Haye, 1749, p. 237 ; J. D. Michælis, Suppl. adLex. hebr., p. 196 ; Rnsenmûller, Biblische Alterthumskunde, t. ii, p. 280 ; J. Kitto, Cyclopœdki of Biblical Literature, 1862, t. i, p. 272 ; Thornson, The Land and the Book, 1890, p. 233. Cette opinion est inadmissible, parce que Baalbek n’est pas « sous le mont Hermon », comme le dit expressément le texte sacré, Jos., xi, 17 ; xiii, 5 ; de plus, c’ette ville est à une trop grande distance de la Palestine, et rien n’autorise à penser que Josué ait poussé si loin sa conquête, puisque pour arriver jusqu’à Baalbek il aurait dû s’emparer d’une grande partie du Liban. Voir Baalbek, col. 1326.
2° Certains exégètes, tels que Kneucker ( Schenkel’s Bibel-Lexicon, t. i, 1869, p. 331), pensent qu’il faut chercher Baalgad à Hasbéyia, sur le flanc occidental de l’Hermon, dans Pouadi et-Teim, où se trouve la source la plus septentrionale du Jourdain. Voir Hasbéyia. Mais on ne s’explique, guère pourquoi Josué aurait porté si loin ses armes et, d’après Josué, xiii, 5, Baalgad semble avoir été situé au sud de l’Hermon et non à l’ouest.
3° L’opinion la plus vraisemblable place Baalgad à l’endroit qui porte aujourd’hui le nom de Banias, et qui est connu dans le Nouveau Testament sous le nom de Césarée de Philippe. C’est le site qui paraît le mieux répondre aux données du texte sacré. Josué devait poursuivre ses ennemis jusqu’en ce lieu, au pied de l’Hermon, qui se dresse immédiatement au-dessus de la ville et forme la limite naturelle de la Palestine au nord. Il y a là, au-dessus d’une des trois principales sources du Jourdain, une grotte qui, au commencement de notre ère, était dédiée au dieu Pan, et s’appelait Panium. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 3 ; Bell.jud., i, .xxi, 3. Le culte de Pan avait pu remplacer en ce iieu celui de Baal-Gad. La plaine qui s’étend au sud et au sud-ouest de Banias, « sous l’Hermon, » peut être appelée « la plaine du Liban ». Jos., XI, 17 ; XII, 7. Cf. E. Bobinson, Biblical Researches in Palestine, nouv. édit., t. iii, p. 519. Voir Césarée de Philippe.
4° Plusieurs géographes croient que Baalgad s’appelait aussi Baal Hermon. I Par., v, 23. Voir Baal Hermon.
F. Vigouroux.
- BAAL HAMON##
BAAL HAMON (hébreu : Ba’al Hâmôn ; Septante : BesXajjuôv ; Vulgate : ea quse habet populos), endroit où Salomon possédait une vigne. Cant., - viii, 11. Ce nom, qui veut dire « heu de la multitude » (Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 225), ou « Baal de la multitude », ne se trouve qu’en ce seul passage de l’Écriture, d’après le texte hébreu. Les versions ont presque toutes pris ses deux éléments pour des noms communs ; Aquila traduit be-Ba’al Hâmôn par èv’éxomti n’kffioc, « dans celui qui a une multitude ; » la Peschito : « et ses fruits sont abondants ; » la Vulgate : « dans celle qui renferme un peuple nombreux. » Certaines éditions grecques portent : è-u xù> 8e<tj « Stï| toO ô’xXou, « dans le maître de la foule ; » le Codex Alexandrinus donne un nom propre, èv BeeXafjuiv, et est suivi par la version arabe : Ba’al -’Amoûn. Il ne s’agit pas ici, comme l’ont cru quelques auteurs, . du dieu égyptien Ammort, dont le nom hébreu est Pdn, ’Amon. Nah., ni, 8.’D est tout naturel, d’après le contexte, de voir dans Baal Hamon un endroit de la Palestine ; mais la difficulté est de savoir où le placer. Tirin, Commentarius in
S. Scripturam, 1 in-fol., Lyon, 1723, t. i, p. 319, l’assimile sans raison à Engaddi, ville située près de la mer Morte et célèbre par ses vignes. Cant., i, 13. « On pourrait peut-être dire aussi, ajoute Calmet, que c’était Baal-Méon, au delà du Jourdain, dans un pays de vignobles, entre Jazer et Abel et autres lieux célèbres dans les Prophètes par leurs bons vins. » Commentaire littéral sur le Cantique des cantiques, Paris, 1713, p. 275. Me’on, I’itd, ’Num., xxxii, 38, est un mot tout différent de Hâmôn,
rion. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit.,
Gœttingue, 1866, t. iii, note 4, p. 351, regarde comme vraisemblable l’identification de Baal Hamon avec Hamon de la tribu d’Aser, Jos., xix, 28 ; il y aurait dans Josué une abréviation pareille à celle de Baalsalisa, IV Reg., iv, 42, en Salisa, I Beg., IX, 4. Il y a cependant une légère différence entre Hâmôn, par un hé, et H amm ôn, fian,
par un heth. D’autres ont vu dans Baal Hamon la ville de Baalbek ou Héliopolis, dans la plaine de Cœlésyrie. J. Wilson, The Lands of the Bible, 2 in-8°, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Rosenmûller, après avoir, dans sa Biblische Géographie, partagé cet avis, avec Iken et Michælis, se range à l’opinion suivante, la plus commune et la plus simple, dans ses Scholia, Leipzig, 1830, p. rx, t. ii, p. 425. On ne comprend guère, en effet, selon la remarque de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519, comment Salomon aurait choisi Baalbek comme endroit favorable pour ses vignes, surtout pour des vignes dune telle étendue et d’une telle valeur (chacun des gardiens qui les louait devant lui payer mille pièces d’argent. Cant., viii, 11).
On rapproche généralement Baal-Hamon du lieu mentionné dans le texte grec de Judith, viii, 3, BaXan<iv, qui semble bien une contraction de Ba’al Hâmôn. Il est dit dans ce passage du livre sacré que le mari de Judith fut enseveli avec ses pères èv tùàfplb ta àva[A£<rov Aa>6ai’[i xat BaXafioJv, « dans le champ qui se trouve entre Dothaïm et Balamon. » Or Dothaïm ou Dothan ( hébreu : Dôfân ou Dôfain, Gen., xxxvii, 17) se retrouve aujourd’hui avec le même nom à Tell Doutân, au sud et non loin de la plaine d’Esdrelon. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 219-222. On pourrait donc reconnaître Balamon dans Khirbet Bel’améh, ruines couvrant un petit plateau au nord-est de Tell Doutân, au sud de Djénin, et où plusieurs auteurs placent aussi Belma, Judith, vii, 3, et Jéblaam, Jos., xvii, 11. Voir Belma,
JÉBLAAM. A. LEGENDRE.
- BAALHASOR##
BAALHASOR (hébreu : Ba’al Hâsôr, « maître » ou « lieu du douar » ; « village de Baal, » suivant plusieurs auteurs ; Septante : BeXamJp), localité de la Palestine, où Absalom possédait un domaine avec de nombreux troupeaux, et où, dans un grand festin donné à l’occasion de la tonte de ses moutons, il fit tuer son frère Amnon, pour venger l’outrage fait à sa sœur Thamar. II Reg., xiii, 23. Cet endroit, d’après le texte sacré, se trouvait « près d’Éphraïm ». L’expression hébraïque Hm-’Éfrâim correspond bien à celle qu’on lit Gen., xxxv, 4, ’im Sekém, « près de Sichem ; » Vulgate : post urbem Sichem, et indique la proximité d’Éphraïm. Mais ce nom ne désigne pas l’une des douze tribus d’Israël ; on y reconnaît plutôt généralement une ville nommée Éphron (hébreu : i"nsy, ’Éfrôn, au kefib ; T>n3y, ’Éfraîn, au qeri), dans II Par.,
xiii, 19 ; Ephrem, dans l’Évangile de saint Jean, xi, 54 ; ’Eçpatfi, dans VOnomasticon, Gœttingue, 1870, p. 257, et identifiée avec Tayyebéh, au nord-est de Béthel, par Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447, et V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47. Or, au nord-nord-ouest de Tayyebéh se trouve Tell Asour, en arabe jja2* Jj, Tell’Asour f avec aïn et sâd, suivant Robinson, édit. de
1841, t. iii, append., p. 232 ; ..-A Jci, tell’Azour, avec
aleph et zâ, suivant M. Guérin, Samarie, t. i, p. 209, dont le nom, surtout écrit de la première manière, correspond bien à la seconde partie de Baalhasof, hébreu : Tisn,
- 4jwr. C’est une colline élevée, du sommet de laquelle
on embrasse un magnifique horizon depuis la vallée du Jourdain à l’est jusqu’à la Méditerranée à l’ouest. Les vestiges des maisons qui la couvraient autrefois ont complètement disparu sous les vignes rampantes qui y croissent actuellement. — Plusieurs auteurs seraient disposés à placer également à Tell Asour la ville d’Asor, habitée par les Benjamites après leur retour de la captivité. II Esdr., xi, 33. Nous avons déjà dit que ce site nous paraît moins conforme aux données du texte sacré que Khirbet Hazzûr.
Voir Asor 6.- BAAL HERMON##
BAAL HERMON, BAALHERMON (hébreu : Ba’al BJermôn ; Septante :-ro ô’pot ; toû’Aepjioiv, Jud., iii, 3 ; BaâX, ’Epjxwv, 1 Par., v, 23). Ce nom se lit deux fois dans l’Écriture, Jud., iii, 3, et I Par., v, 23. Dans ce dernier passage, les Septante et la Vulgate divisent Baal et Hermon et en font, mais sans raison, deux noms propres distincts. — 1° Dans les Juges, il est dit expressément que Baal Hermon est une montagne. Elle tirait probablement son nom de quelque sanctuaire de Baal et faisait partie de la chaîne de l’Hermon. Il est impossible de l’identifier avec certitude. Si Baal Hermon est synonyme de Baal Gad, comme le croient beaucoup d’interprètes, dont l’opinion s’accorde bien avec Josué, xi, 17 ; xii, ’7 ; xiii, 5, cette montagne serait la pointe méridionale de la chaîne de l’Hermon, ce qui convient parfaitement au contexte, qui indique la frontière septentrionale de la Palestine. — 2 U Dans les Paralipomènes, Baal Hermon n’est pas qualifié de montagne, et un certain nombre de commentateurs pensent que ce nom désigne une ville qui, d’après la plupart, est la même que Baal Gad, Jos, , xi, 17 ; xii, 7 ; xm, 5, c’est-à-dire probablement Banias ou Césarée de Philippe. Rien ne prouve cependant que le Baal Hermon des Paralipomènes ne soit pas une montagne comme celui des Juges. Mais du reste il importe peu de trancher cette question, car si Baal Hermon était une ville, elle était certainement située au pied de la montagne de ce nom, et l’indication géographique de la frontière occidentale de la demi-tribu de Manassé, qui nous est donnée par l’historien sacré, reste la même dans tous les cas. Voir Baalgad. F. Vigouroux.
- BAALI##
BAALI, mot hébreu, avec le pronom possessif de la première personne, ba’âlî, conservé dans la Vulgate, et signifiant « mon seigneur, mon maître », Ose., ii, 16 (hébreu, II, 18). Dieu dit dans ce prophète : « En ce jourlà, [Israël], tu m’appelleras’îsî (mon mari ; Vulgate : vir meus), et tu ne m’appelleras plus ba’âlî. », ’jifî est sans doute une expression plus tendre que ba’âlî, quoique ba’al s’emploie aussi, dans l’Écriture, pour désigner le mari. Exod., xxi, 3, 22 ; II Sam. (II Beg.), xi, 26 ; Prov., xii, 4 ; xxxi, 11, 23, 28 ; Esth., i, 17, 20 ; Joël, i, 8. De plus, ’îsî a l’avantage de ne rappeler aucun souvenir idolâtrique, tandis que ba’âlî peut faire penser au dieu Baal. « J’ôterai de sa bouche les noms des Baalim, » continue le Seigneur. Ose., ii, 17. Cf. ii, 8, 13.
- BAALI À##
BAALI À (hébreu : Ba’alyâh, « Jéhovah est maître ; » Septante : BaaXiâ), un des guerriers de Benjamin, habiles à tirer de l’arc, qui vinrent rejoindre David à Sicéleg. I Par., xii, 5.
- BAALIADA##
BAALIADA ( hébreu : Be’élyâdâ’, s le Seigneur connaît ; » Septante : ’EXcaôé ; Codex Alexandrinus : BaXXiaSi), fils de David, un des treize enfants qui lui naquirent à Jérusalem, IPar., xiv, 7. Dans II Reg., v, 16, il est appelé Élioda (hébreu : ’Élyâdd’) ; dans I Par.,
m, 8, Éliada ; la version syriaque et les Septante (Codex Vaticanus) et même un manuscrit hébraïque ont également Éliada dans I Par., , xiv, 7 ; cette substitution de Ba’al à’El dans le nom hébreu de ce dernier passage est donc due probablement à une faute de copiste.
E. Levesque.
- BAALIM##
BAALIM, forme plurielle de Ba’al, conservée dans plusieurs passages de la Vulgate. Jud., ii, 11 ; iii, 7, etc. Dans le texte original, ce mot est précédé de l’article hâ, de même que le singulier Ba’al, toutes les fois qu’il est pris comme nom propre désignant la divinité chananéenne. Les Baalim, d’après quelques-uns (Ort, Dienst des Baal in Israël, Leyde, 1864), sont les diverses formes du dieu Baal ; d’après le plus grand nombre, ce sont ses représentations ou ses emblèmes, les /yammânîm et les massebôt. Ce sens est incontestablement celui de plusieurs passages, I Reg., vii, 4 ; II Par., xxviii, 2, et il n’y a pas de raison d’entendre ce mot autrement ailleurs.
- BAALIS##
BAALIS ( hébreu : Ba’âlîs, « fils de la joie ; » a, abréviation de p, Bén-’âlîs ; Septante : BeXe « r<ra), roi des
Ammonites, à l’époque de la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il envoya Ismaël, fils de Nathanias, pour tuer Godolias, mis par le vainqueur à la tête des Juifs laissés à Jérusalem. Jer., XL, 13-14. Une vingtaine de manuscrits hébraïques, un du Targum et Josèphe, Ant. jud., X, ix, 3, lisent ba’âlîm ; le ii, mem final, se confond facilement avec le samech, d. E. Levesque.
BAALMAON. La ville ainsi appelée par la Vulgate, Jos., xiii, 17, est appelée ailleurs Baalméon et Béelméon. Voir Baalméon.
- BAALMÉON##
BAALMÉON (hébreu : Ba’alMe’ôn, ; Septante : BeeXjiEiov), ville à l’est du Jourdain. Elle est appelée dans la Vulgate Baalmaon, Jos., xiii, 17, et Béelméon, I Par., v, 8 ; Ezech., xxv, 8. Le texte hébreu la nomme Bêt Baal-Me’ôn, 30s., xiii, 17, et Bêt-Me’ôn (Vulgate : Bethmaon), Jer., xlviii, 23. Cette ville était dans la plaine de Madaba et faisait partie du royaume amorrhéen de Séhon, roi d’Hésébon. Conquise par Moïse et les Israélites, elle fut, ce semble, détruite d’abord, puis relevée par les Rubénites, à qui elle avait été donnée en possession. Cf. Num., xxxii, 38 ; Jos., xiii, 17 ; I Par., v, 8. Dans la suite, les Moabites s’en emparèrent, et elle devint l’une de leurs places importantes. Jer., xlviii, 23 ; Ezech., xxv, 9. Ces deux prophètes lui annoncèrent qu’en punition de la joie à laquelle elle s’était livrée avec les principales villes de Moab, à l’occasion de la ruine de Juda, elle serait détruite avec elles.
Au IVe siècle de l’ère chrétienne, Baalméon était redevenue une grande bourgade. « Béelméon, au delà du Jourdain, dit Eusèbe, que rebâtirent les fils de Ruben, est un très grand village, près de la montagne des eaux thermales, en Arabie ; elle est nommée Béelmaous, et est au neuvième milliaire (13 kilomètres et demi) de Jébus (Esbus, Hésëbon). C’est la patrie d’Elisée. » Faire de Baalméon la patrie d’Elisée est une erreur, et Béelmaous est sans doute une prononciation ou une transcription à l’usage des Grecs et des Latins, comme Esbus pour Esbon. Saint Jérôme traduit ce texte en le modifiant un peu : « Béelméon, dit-il, … près de Baaru, en Arabie, d’où des eaux chaudes sortent naturellement de terre ; elle est nommée Béelmaous et est à neuf milles de Besbus » ( a Besbus, sans doute pour ab Esbus. Voir Hésébon). Liber de situ et nom. loc. hebr., t. xxiii, col. 880.
On reconnaît généralement le Baalméon de l’Écriture et des Pères dans le Ma’in d’aujourd’hui. Cf. Kiepert, Neue Handkarte, 1875 ; de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. i, p. 288 ; Bædeker, Palestine et Syrie, p. 322 ; Joh. Fahrngmber, Nach Jérusalem, t. ii, p. 132 ; Riess, Bibel-Allas et Biblische Geogr. ; an de Velde, Map of the Holy Land, 1865, etc. Le dernier cependant place Ma’in beaucoup trop près de Hesbân.
Ma‘in est évidemment le nom biblique de Ma‘on, partie essentielle de Baal-Ma’on. Ma‘in est à trois lieues sud-sud-ouest de Hesbân, l’antique Hésébon, à deux lieues sud du Djébel-Néba, sur une large colline, vers l’extrémité sud-ouest de la plaine de Madaba, et domine la profonde vallée appelée de son nom Zerka Ma’in, que l’on voit s’enfoncer à quelque distance. C’est près des bords du Zerka, à quatre heures de Ma’in, que sortent les sources chaudes nommées aujourd’hui Hammâm-ez-Zerka, « les bains du Zerka, » connues jadis des Grecs sous le nom de Callirhoë, et chez les Juifs, selon Josèphe, Bell. jud., VII, vi, 3, sous celui de Baaras, le Baaru de saint Jérôme. Ma’in n’est aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines d’environ deux kilomètres de pourtour. Le sol est perforé de nombreuses et grandes citernes, la plupart taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens. On remarque au sud une vaste piscine à l’apparence également antique. Au milieu des habitations ruinées, cinq ou six chambres à voûtes demeurent debout. Deux ou trois ont le linteau de pierre de leur porte orné d’une rosace dont l’étoile se rapproche de la figure d’une croix. Autour d’une grande construction située au nord-est, dont il reste quelques chambres, et dont les pierres des angles sont taillées en bossage, gisent, au milieu des autres débris, quelques tronçons de colonnes et des chapiteaux. Ma’in sert quelquefois, pendant la nuit et aux jours de pluie, de refuge aux troupeaux des tribus errantes de la contrée et à leurs bergers. Ce sont ses seuls habitants.BAAL PHARASIM, BAALPHARASIM (hébreu : Ba’al-Perâṣîm ; Septante :Ἐπάνω διακοπῶν, II Reg., v, 20 ; Βαὰλ Φαρασίν, Διακοπὴ Φαρασίν, I Par., xiv, 11), localité où David, peu de temps après son sacre comme roi d’Israël, remporta une victoire sur les Philistins, II Reg., v, 20 ; I Par., xiv, 11. Le nom lui-même, qui doit son origine à ce fait historique, a son explication dans ces paroles du saint roi, après son triomphe : « Jéhovah a brisé (pâraṣ) mes ennemis devant moi, comme un torrent (péréṣ) d’eaux [qui brise tous les obstacles sur son passage]. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Baal Pharasim. » Les Septante, en traduisant Ἐπάνω διακοπῶν, « au-dessus des coupures, » ont dû lire ma‘al, מַעַל, au lieu de ba‘al, בַּעַל. C’est probablement cette même localité que mentionne et à cette même victoire que fait allusion lsaïe, xxviii, 21, quand il montre Dieu se tenant debout sur le mont Perâṣim, « mont des divisions. » Cet endroit, qui jusqu’ici est resté inconnu, devait se trouver non loin de la vallée de Raphaïm, puisque c’est là que les Philistins étaient venus déployer leurs troupes, II Reg., v, 18 ; I Par., xiv, 9. Or la vallée de Raphaïm est aujourd’hui la plaine qui s’étend au sud de Jérusalem, sur la route de Bethléhem.
BAALSALISA (hébreu : Ba‘al Šâlišâh ; Septante : Βαιθαρισά), localité mentionnée dans le IVe livre des Rois, iv, 42, où nous lisons que, pendant que le prophète Élisée se trouvait à Galgala, un homme de Baalsalisa vint le trouver et lui apporta « des pains des prémices, vingt pains d’orge et du froment nouveau, dans sa besace ». Ces pains furent multipliés miraculeusement par la bénédiction de l’homme de Dieu, de sorte que cent personnes en mangèrent, et il y en eut de reste. IV Reg., iv, 43-44.
La permutation des mots Baal et Beth, dans les noms composés des localités, est très facile (voir Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 611) ; c’est pour cela que nous lisons dans les Septante, ainsi que dans l’Onomasticon, Bethsarisa au lieu de Baalsalisa. Le Targum de Jonathan traduit les mots hébreux ’éréṣ šâlišâh, I Sam. (I Reg.), ix, 4, et Ba‘al šâlišâh, II (IV) Reg. iv, 42, par éra Dėrôma, c’est-à-dire « terre du midi » ou « de Déroma ». La Peschito, IV Reg., iv, 42, porte la leçon de ܓܢܒܪܐ Ganibôro, « ville des géants. » L’arabe de la Polyglotte de Walton s’éloigne ici de la Peschito, pour suivre le Targum de Jonathan ; car elle traduit ارضر الداروم, « terre de Daroûm ». Les Talmuds, sans se préoccuper du site précis de Baalsalisa, « rapportent que les fruits y mûrissent plus tôt que dans les autres parties de la Palestine. Dans un second passage, les Talmuds accordent la même précocité au territoire de Jéricho, ce qui fait supposer à tort à M. Schwarz, Das heilige Land, p. 122, que Baal Schalischa doit se trouver dans le Ghor (Jéricho). » A. Neubauer, La Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 97. Quelques-uns ont confondu Baalsalisa avec Ségor ; car Salisa, disent-ils, d’après les traditions des Juifs rapportées par saint Jérôme, Heb. Quæst. in Gen., xiv, 3, 30, t. xxiii, col. 959 et 966, est identique avec Ségor, laquelle, étant située dans une vallée, Gen., xix, 22, 30, prit la dénomination de Baalsalisa, qui signifie « vallée de Salisa ». En outre Ségor portait auparavant le nom de Bala, Gen., xiv, 2 et 8, en hébreu Bêla‘, parce qu’elle avait été secouée trois fois par un tremblement de terre et engloutie, d’après les traditions rabbiniques confirmées par saint Jérôme, loc. cit., et In Isa., xv, 5, t. xxiv, col. 169. Or Bêla‘, par métathèse, peut très facilement se changer en Ba‘al, lequel, ajouté au mot de Salisa, forme le nom composé de Baalsalisa. Cf. Calmet, In I Reg., ix, 4.
Plusieurs croient, au contraire, que Baalsalisa tire son nom de la région de Salisa, I Reg., ix, 4, dans laquelle elle était située. Voir Salisa. Cf. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatæ latinæ, t. ii, p. 8 ; Neubauer, La géographie du Talmud, p. 98 ; L. C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, trad. franc., Paris, 1870, t. ii, p. 8. — Calmet, In I Reg., ix, 4, et IV Reg., iv, 42, pense que Baalsalisa, qui pour lui est une même localité avec Salisa, devait se trouver dans la tribu de Dan, au sud-est de Diospolis et au nord de Jérusalem. Quelques auteurs modernes la confondent avec Khirbet Kefr Thilth, à vingt milles environ au nord-est de Lydda. Conder, Bible Handbook, p. 404 ; G. Armstrong, C. W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 22.
Mais il est plus probable qu’il faut identifier Baalsalisa avec l’actuelle Khirbet Sirisia, سريسيا ou Asrisia, اسريسيا, dans le territoire d’Éphraïm. à quinze milles environ au nord-est de Lydda ; on est ainsi d’accord avec Eusèbe et saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 884, qui nous attestent que cette localité était appelée de leur temps Bethsarisa, et se trouvait à environ quinze milles romains au nord de Diospolis, dans la région thamnitique, dont le chef-lieu était la ville de Thamna (Khirbet Tibnéh). Cette opinion, loin d’être contredite par le Targum de Jonathan et la version arabe de la Polyglotte de Walton, en reçoit une nouvelle confirmation ; car Khirbet Sirisia se trouve réellement au midi de la Samarie et dans le territoire de Lydda, par conséquent dans la Daroma supérieure. Il est vrai que l’Onomasticon indique toujours la région de Daroma vers le midi d’Éleuthéropolis (Beit-Gibrin) ; mais il est vrai aussi que « les Talmuds distinguent deux provinces de Daroma : Daroma supérieure et inférieure, et confondent le mot Darom (ou Daroma) avec Lod ». Neubauer, La géographie du Talmud, p. 62 et 63.
« Kharbet Asrisia [est] situé sur une colline qu’environne une vallée ; il consiste seulement en une trentaine de petites enceintes en gros blocs, les uns assez bien taillés, d’autres presque bruts, qui sont les restes d’habitations renversées. Quelques citernes creusées dans le roc sont à moitié cachées par les broussailles, qui ont envahi l’emplacement de cet ancien village. » V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 144.
BAALTHAMAR (hébreu : Ba‘al Tâmâr ; Septante :
Βαάλ Θαμὰρ), localité située non loin de Gabaa de Benjamin. C’est près de Baalthamar que, le troisième jour du combat, se réunit l’armée des onze tribus d’Israël marchant contre Gabaa, pour châtier le crime commis par les habitants de cette ville sur la femme d’un lévite. Jud., xx, 33 et 34.
Selon quelques exemplaires grecs, on pourrait croire que Baalthamar était à l’occident de Gabaa ; ils portent, en effet : « Tous les hommes se levèrent de leur place et se groupèrent à Baalthamar ; et l’embuscade d’Israël s’avançait depuis son endroit, de l’occident de Gabaa, ἀπὸ δυσμῶν Γαβαά. » Les autres ont Μαρααγαβέ, et ne traduisent pas Μαραα. La Vulgate semble séparer l’armée en deux corps, placés l’un à Baalthamar, et l’autre en embuscade à l’occident de Gabaa. Le texte hébreu porte : » Et toute l’armée d’Israël se leva de son endroit et se rangea à Baalthamar ; et Israël en embuscade s’élança depuis son endroit, de la campagne de Gabaa (ma’arêh Gaba’) ». Au lieu de ma’ărêh Gaba’, les traducteurs grecs et celui de la Vulgate ont lu ma'ărâbâh Gaba’, « l’occident de Gabaa. » Il est douteux que cette lecture soit fondée. Eusèbe et saint Jérôme ne déterminent pas la position de Baalthamar ; ils se contentent de nous dire qu’à leur époque existait, dans le voisinage de Gabaa un petit village du nom de Bethamari ou Βησθαμάρ. Liber de situ et nom. loc, hebr., t. xxiii, col. 883.
On trouve aujourd’hui à l’est de Tell-et-Foûl, regardé généralement comme le site de Gabaa, une vallée nommée Ouadi Samri ou Zamri, « la vallée de Zamri. » Le thav hébreu, le tsa arabe et le θ grec, se prononçant souvent s et z, Samar ou Zamri peuvent être regardés comme identiques à Thamar et à Thamri. Cette vallée commence immédiatement sous le tell, et va rejoindre l’Ouadi Pharah. Sur le bord et au nord de cette vallée, à un kilomètre nord-est de Tell-et-Foûl, se trouve une première ruine appelée ’Adaséh, mais où tout est relativement récent. Trois cents mètres plus loin, encore au nord est, est un sommet élevé du nom de Ras-et-Thaouil. On y voit de nombreuses citernes taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens Hébreux, des grottes servant de retraite aux troupeaux, des pierres dispersées. C’est la seule ruine de village antique sur les bords de l’Ouadi Zamri. Il est assez probable que c’est le Baalthamar du livre des Juges, le Bethamari de saint Jérôme, et Bessamar d’Eusèbe.
BAANA. Hébreu : Ba’ănâh, « fils de l’affliction, » ב, b, abréviation de בן, bên ; Septante : Βαανά. Nom de personnes.
1. BAANA, fils de Remmon, de la ville de Béroth dans la tribu de Benjamin. Il était chef de bande comme son frère Réchab. Tous les deux pénétrèrent dans la maison d’Isboseth, fils de Saül, pendant qu’il se reposait au milieu du jour, et était seul, sans défense. Ils le tuèrent et portèrent sa tête à David, qui résidait à Hébron, se donnant comme ses vengeurs et les instruments de la Providence. David, témoignant son horreur pour ce crime, ordonna de mettre à mort les meurtriers, et, après leur avoir fait couper les mains et les pieds, il les fit pendre près de la piscine d’Hébron. II Reg., iv, 2, 5-9.
2. BAANA, père de Héled, de Nétophath, qui était un des vaillants de l’armée de David. II Reg., xxiii, 29 ; I Par., xi, 30.
3. BAANA (hébreu : Ba’ănâ, même signification que Ba’ănâh, aleph final à la place de hé), fils de Huzi, était un des douze intendants de Salomon. Son district comprenait le territoire d’Aser et Baloth. III Reg., iv, 16.
4. BAANA, un des principaux d’entre les Juifs qui revinrent avec Zorobabel de la captivité de Babylone. I Esdr., ii, 2 ; II Esdr., vii, 7.
5. BAANA, un des chefs du peuple, et l’un des signataires de l’alliance théocratique, à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 27. Il est peut-être le même personnage que le précédent.
6. BAANA (hébreu : Ba’ănâ’), père de Sadoc, qui bâtit une partie des murs de Jérusalem au retour de la captivité. II Esdr., iii, 4.
BAASA (hébreu : Ba’ešâ’, d’étymologie incertaine, signifiant, d’après Gesenius, Thésaurus linguæ hebrææ, p. 228, « malfaisant ; » d’après Fürst, Hebraïsches Handwörlerbuch, p. 209, « hardi ; » certains manuscrits lisent : Ba’eṡâ’, « actif ; » Septante : Βαασά), troisième roi d’Israël et fondateur de la seconde dynastie. III Reg., xv, 33 ; II Par., xvi, 1 ; cf. Jer., xli, 9. Fils d’Ahias, de la tribu d’Issachar, et d’une famille si obscure, que Jéhu dit de lui qu’il sortit de la poussière, III Reg., xvi, 2 ; il servit d’abord dans l’armée de Nadab, fils et successeur de Jéroboam, et obtint, sans doute par sa vaillance, un grade élevé. Mais son ambition le conduisit au crime. Tandis que le roi d’Israël assiégeait les Philistins dans leur ville forte de Gebbéthon, Baasa excita contre lui une de ces révoltes militaires qui, en Israël comme ailleurs, étaient alors fréquentes, et mettaient la couronne à la disposition des soldats. Cf. III Reg., xvi, 9, 16 ; IV Reg., ix, 14. Nadab fut tué, et Baasa, arrivé au trône, fit mettre à mort tous les parents mâles de Jéroboam, comme l’avait prédit le prophète Ahias le Silonite. III Reg., xv, 29 ; cf. xiv, 10. Son règne ne fut qu’une guerre continuelle contre Juda, III Reg., xv, 16, 32 ; elle consista d’abord en simples escarmouches de frontière, puis elle s’étendit, et Baasa la poursuivit avec acharnement, jusqu’à ce qu’il se fût emparé de toute la partie septentrionale du royaume de Juda. Devenu maître de ce territoire, probablement dans la vingt-troisième année de son règne, il voulut s’y établir solidement, en faisant fortifier Rama, qui commandait la route de Jérusalem. III Reg., xv, 17. De là, car Rama n’est qu’à deux heures de la ville sainte, il aurait tenu perpétuellement en échec la capitale de Juda. Mais les travaux de fortification n’étaient pas encore achevés, lorsqu’il se vit obligé d’abandonner son entreprise ; Asa, roi de Juda, qui n’avait osé prendre les armes et marcher contre son puissant rival, venait de lui susciter un adversaire plus redoutable, Bénadad, fils de Tabrémon, roi de Syrie. Celui-ci avait été autrefois l’allié de Baasa ; mais Asa, à force de présents, réussit à le tourner contre Israël. III Reg., xv, 18-19 ; II Par., xvi, 2-3. Ses généraux envahirent le royaume de Baasa, et s’emparèrent de plusieurs villes fortes du nord, ainsi que de tout le pays de Nephthali. III Reg., xv, 20 ; II Par., xvi, 4. Baasa, obligé d’abandonner Rama, se retira à Thersa, sa capitale. III Reg., xv, 21 ; II Par., xvi, 5.
Au point de vue religieux, le règne de Baasa ne fut pas meilleur que celui de ses prédécesseurs. Il se livra à l’idolâtrie, « fit le mal devant le Seigneur, et marcha dans la voie de Jéroboam. » III Reg., xv, 34 ; xvi, 2. À cause de cela, Dieu lui déclara par Jéhu, son prophète, que sa maison serait exterminée, ce qui s’accomplit sous le règne d’Éla, son fils, par les mains de Zambri, commandant d’une partie de l’armée royale. III Reg., xvi, 7-13. Il est à noter que, d’après la Vulgate, III Reg., xvi, 7, Baasa, pour se venger de cette menaçante prophétie, fit mettre à mort le prophète ; mais les mots : hoc est Jehu filium Hanani prophetam, « c’est-à-dire : Jéhu, fils d’Hanani, le prophète, » ne se trouvent ni dans l’hébreu, ni dans les Septante, ni dans le chaldéen, où le verset se termine par « il le tua ». Or cette dernière expression s’applique, non pas à Jéhu, mais à Jéroboam, dont Baasa avait fait mourir tous les descendants. Voir Jéhu 1. Baasa mourut et fut enseveli à Thersa, superbe cité, Cant., vi, 3 (selon l’hébreu), dont il avait fait sa capitale. III Reg., xv, 21 ; XVI, 6. Il avait régné vingt-quatre ans, III Reg., xv, 33, de la troisième à la vingt-sixième année du règne d’Asa, roi de Juda, III Reg., xv, 33 ; xvi, 8, de 950 à 927 avant J.-C, ou, selon une autre chronologie, de 953 à 930. Le second livre des Paralipomènes, xvi, 1, porte que Baasa assiégea Rama la trente-sixième année d’Asa ; cf. xv, 19 ; tandis qu’on lit, II Reg., xvi, 8, qu’Éla, fils de Baasa, succéda à son père la vingt-sixième année d’Asa : c’est probablement vingt-six qu’il faut lire aussi dans les Paralipomènes. La chronologie de cette époque est d’ailleurs fort douteuse.
BAAZ Jean, évêque luthérien de Vexiö, en Suède,
né en 1581, mort en 1649. C’est par la publication d’une
histoire ecclésiastique de la Suède, en 1642, qu’il se fit
surtout connaître. Comme œuvres scripturaires il avait
déjà composé : Tabula chronologica sacrorum Bibliorum,
in-4o, Halmstad, 1618 ; un commentaire sur l’Apocalypse
en suédois, in-8o, Kalmar, 1629. — Voir Chaudon
et Delandine, Dictionnaire universel historique, 9e édit.,
Paris, 1810, t. ii ; J. Le Long, Bibliotheca sacra, in-fo,
Paris, 1723, t. ii, p. 621.
BABAÏ l’Archimandrite, écrivain nestorien, abbé du
grand couvent du mont Izla ; il exerça comme tel une
grande influence, de l’année 568 à l’année 627 environ.
C’est lui notamment qui gouverna l’Église nestorienne
durant la persécution qui suivit la mort du catholique
Grégoire de Kaskhar, en 607. — Suivant le catalogue
d’Ébedjésu, il ne composa pas moins de quatre-vingt-trois
ouvrages, parmi lesquels un Commentaire sur le texte
entier des Saintes Écritures ; malheureusement, à l’heure
actuelle, on n’a encore rien retrouvé de cet écrit. Voir, sur
cet auteur et ses ouvrages, Assemani, Bibliotheca orientalis, t. iii, I, p. 88-97. Trois hymnes de Babaï l’Archimandrite
ont été éditées dans le Bréviaire chaldéen publié
à Mossoul, en 1866, par les soins de Mgr Ébedjésu Chayat,
p. 39, 42, 47. — Cet auteur est aussi désigné sous le nom
de Babaï l’Ancien, pour le distinguer de Babaï de Nisibe.
Ce dernier exerça également une grande influence au
commencement du viiie siècle, vers 720. Il fonda différentes
écoles importantes ; mais il n’a rien laissé dans ses
écrits, que nous sachions, qui se rapporte directement
à la Bible. Cf. Assemani, Bibliotheca orientalis, t. iii, 1,
p. 177 à 181.
BABEL (TOUR DE). — 1o Histoire. — La Genèse, xi,
1-9, rapporte qu’après le déluge les hommes parlaient
une langue unique et vivaient groupés dans la terre de
Sennaar, en Babylonie, « et ils s’entre-dirent : Allons,
faisons des briques et les cuisons au feu, » et ils se servirent
de brique en guise de pierre, et de bitume en
guise de ciment.
401. — État actuel des ruines de Birs-Nimroud.
Car ils s’étaient dit : « Allons, bâtissons
une ville, avec une tour dont le faîte aille jusqu’aux
cieux : ainsi nous ferons-nous un nom, de crainte que
nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre. »
Cette entreprise ayant déplu à Jéhovah, il « descendit
pour considérer la ville et la tour que bâtissaient les fils
de l’homme, et il se dit : Voici, c’est [encore] un peuple
unique, avec une seule langue pour eux tous ; allons,
descendons, confondons leur langage, de sorte qu’ils
n’entendent plus la langue l’un de l’autre ». Et Jéhovah
les dispersa de là sur la face de toute la terre, et ils
cessèrent de bâtir la ville. Aussi appela-t-on son nom
« confusion (Babel), car Jéhovah avait là confondu le
langage de toute la terre ». — Bérose, prêtre chaldéen de
l’époque des premiers Séleucides, avait laissé un récit
analogue dont il nous reste deux versions fort peu divergentes,
l’une transmise par Abydène, l’autre par Alexandre
Polyhistor, Historic, græcor. Fragm., édit. Didot, t. ii,
p. 502 ; t. iv, p. 282 ; Eusèbe, Chron., i, 18, t. xix,
col. 123 ; Præp. Ev., ix, 14. t. xxi, col. 701. La comparaison
entre les fragments de Bérose et les textes
cunéiformes, partout où elle a été possible, a toujours
montré que celui-ci avait puisé réellement ses récits aux
sources babyloniennes, et non pas dans les textes hébreux,
comme on l’avait prétendu pour infirmer la valeur de ses
témoignages corroborant les récits bibliques. — À la vérité,
le récit babylonien de la construction de la tour de Babel
n’a pas encore été découvert, et l’on n’en a pas non plus
retrouvé de trace certaine sur les cylindres babyloniens.
George Smith, dans sa Genèse chaldéenne, a bien publié
un texte qu’il croyait, comme Chad Boscawen et Sayce
le croient encore, avoir trait à cet événement ; mais le
texte est si fruste, que la traduction n’offre qu’un mince
degré de probabilité ; en outre, il s’y rencontre des mots
de sens peu connu, et précisément celui de tammasle [?],
qui est traduit par « langage ». Frd. Delitzsch fait remarquer
que la traduction des mots les plus décisifs pour le
sens du morceau est ce qui laisse le plus à désirer. Smith-Delitzsch,
Chaldäische Genesis, 1876, p. 120-124, et
Anmerk., p. 310.
Un texte de Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, est allégué avec plus de succès, soit pour le fait lui-même, soit pour la localisation de la tour de Babel et son identification avec le Birs-Nimroud actuel (fig. 401), à Borsippa, à douze kilomètres des ruines de la ville proprement dite, à dix-huit de celles de la cité royale de Babylone. Ce texte mentionne principalement deux temples, l’un nommé E-sak-ila (maison au sommet élevé), au nord de Babylone, sur la rive gauche de l’Euphrate, et dont les ruines forment le Babil actuel ; l’autre sur la rive droite, nommé E-zida (maison stable), à Borsippa, localité peut-être autrefois comprise dans l’agglomération de Babylone, dont les ruines forment le Birs-Nimroud. Nabuchodonosor les fit réparer tous les deux et orner d’une manière somptueuse. Le dernier, en particulier, n’avait jamais été achevé : un roi antérieur (maḥru) (cf. The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pl. xxxviii, col. ii, l. 62) l’avait commencé, dit Nabuchodonosor, mais l’avait laissé inachevé à la hauteur de quarante-deux coudées ; les eaux pluviales, pénétrant les briques d’argile crue, l’avaient même fait tomber en ruines. Nabuchodonosor le répara entièrement, puis l’acheva. Cette traduction, qui est certaine, ne laisse aucune place à la confusion des langues, à laquelle le savant M. Oppert avait cru y voir une allusion ; ni à la date reculée « depuis les jours du déluge », que le même savant croyait voir attribuée à la pyramide : la formule « après le déluge » n’est pas inconnue à la langue assyrienne, où elle se lit arki abubi ; ultu umi rukuti, employé par Nabuchodonosor, est une formule d’usage fréquent, signifiant « depuis des jours éloignés ». Ces jours éloignés, et l’absence de désignation du sarru maḥru, du « roi antérieur », sont les seuls traits qui permettent d’attribuer à cette inscription quelque relation avec la tour de Babel. Cf. Cuneif. Inscript. of West. Asia, t. i, pl. 41, col. i, l. 27 ; col. ii, l. 15.
2o Site de la tour de Babel. — Le récit biblique nous
apprend, comme Bérose, que la tour de Babel s’élevait
à Babylone. C’est pourquoi H. Rawlinson la place aux
ruines de Tell-Amram (Smith-Sayce, Chaldæan Account of the Genesis, 1880, p. 74, 171), dont M. Oppert fait les
ruines des jardins suspendus ; Eb. Schrader, dans
Biehm, Handwörterbuch des biblischen Altertums, t. i,
p. 138, incline plus visiblement, suivant l’opinion de Pietro
della Valle au siècle passé, pour l’amoncellement de ruines
appelé le Babil, tandis que dans The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 108, il laisse le
choix entre le Babil et le temple de Borsippa ou Birs-Nimroud.
Le nom de Babil semble être un souvenir traditionnel,
et la situation du Babil dans Babylone même
paraît aussi convenir aux exigences du texte biblique. —
M. Oppert s’arrête au Birs-Nimroud, Expédition en Mésopotamie,
t. i, p. 200-216 ; Id., Études assyriennes, p. 91-132,
après Ker Porter et Rich, ainsi que A. H. Sayce, Lectures on the religion of the ancient Babylonians, p. 112, 113,
405-407. La tradition talmudique est en faveur de Borsippa : « Un homme à qui l’on demandait de quel pays
es tu ? ayant répondu : de Borsoph (Borsippa). — Ne réponds
pas ainsi, mais dis que tu es de Bolsoph, parce que
c’est là que Dieu a confondu la langue de toute la terre
402. — Tour à étages.
Bas-relief assyrien. D’après G. Smith.
(b’lal s’pha). » Cependant entre l’époque de la composition
du Pentateuque et celle de la compilation des légendes
qui remplissent le Talmud de Babylone, d’où Buxtorf a
tiré ce récit, Lexicon talmudicum, col. 313, il serait
désirable d’établir quelques étapes : or la Bible n’a plus
aucune allusion à la tour de Babel, même dans les oracles
des prophètes contre Babylone. Il faut aussi avouer que
beaucoup des localisations proposées par le Talmud
pour la Babylonie sont fausses. De plus, Borsippa est à
douze kilomètres au sud-ouest de l’ancienne Babylone :
la Bible ne paraît pas supposer une telle distance. Il est
vrai que Borsippa est enfermée dans l’enceinte extérieure,
telle que la représente M. Oppert ; mais outre que
cette immense étendue de Babylone paraît suspecte à
beaucoup de savants (cf. G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 534-535), il n’est guère probable
que ces limites extrêmes fussent atteintes au temps où
nous reporte la Genèse.
3o Forme de la tour. — Bien qu’on ne connaisse donc pas avec certitude l’emplacement de la tour, il est facile de s’en faire une idée, car elle devait être bâtie suivant le plan unique adopté en Babylonie pour les constructions de ce genre (fig. 402), et dont on retrouve les vestiges dans les plus anciennes des pyramides d’Égypte, telles que celles de Saqqarah et de Meydoum. Ce sont de véritables cubes de maçonnerie, carrés ou rectangulaires, empilés par ordre de dimensions décroissantes : un plan incliné ou un escalier mène d’un étage à l’autre. Le nombre des étages varie ; les plus anciennes tours, celles d’Ur des Chaldéens et d’Arach, par exemple, n’en ont que deux ou trois ; le Birs-Nimroud en comptait sept, outre la haute terrasse sur laquelle se dressait le monument. Cf. Hérodote, i, 181 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 547 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 381-407. Chaque étage était peint d’une couleur différente, suivant la planète à laquelle il était consacré. Généralement les angles de l’édifice, et non point, comme pour les pyramides d’Égypte, les faces, étaient exactement orientés aux quatre points cardinaux. Ces pyramides étagées, au haut desquelles il y avait un sanctuaire, servaient à la fois de temple et d’observatoire ; des gradins ou une sorte de rampe faisaient communiquer extérieurement un étage avec l’autre, peut-être y avait-il aussi un escalier intérieur.
Ces pyramides étaient bien, comme le dit la Bible,
construites en briques ; l’intérieur était formé de briques
séchées au soleil, mais il était protégé par un revêtement
de briques cuites, où le bitume, fort abondant en Babylonie,
servait de ciment. La remarque qu’en fait la Genèse
403. — Tour à étages de Khorsabad. La partie la plus noire est
encore subsistante ; la partie supérieure plus claire est un essai de restauration. D’après V. Place.
est d’autant plus digne d’attention, que l’auteur hébreu
n’avait pu, ni en Égypte ni en Palestine, être familiarisé
avec cet usage du bitume. — Les tours à étages se
nommaient en Assyrie zikurat ou zigurat, soit de la
racine dekro, en syriaque « être pointu », comme veut
Schrader ; soit d’une racine zakaru, « être élevé, » d’après
Haupt ; soit, suivant une étymologie très intéressante,
proposée par M. Vigouroux, de la racine zakaru, « se
souvenir, » par allusion à la parole que la Bible met dans
la bouche des constructeurs : « Allons, bâtissons une ville
et une tour et faisons-nous un nom. » Quant au nom
particulier de la tour des Langues, voir, à l’article Babylone,
l’étymologie de Babilu. Voir aussi, à l’article spécial,
la Confusion des langues. — Aucune de ces tours
étagées n’a été conservée d’une manière complète ; mais
les bas-reliefs assyriens où l’on en voit la représentation,
ainsi que les restes relativement bien conservés de la tour
de Khorsabad, au nord de Ninive, ont permis les restaurations
qu’on voit dans Place, Ninive et l’Assyrie,
t. i, p. 137-148 et pl. 30 et 33 (fig. 403). Des tours de
Babylone et de Borsippa, le Babil n’offre plus qu’une sorte
de quadrilatère irrégulier et raviné par endroits, de cent
quatre-vingts à deux cents mètres de côté, d’environ quarante
mètres de hauteur ; au nord et à l’est se découvrent
les traces d’une vaste enceinte. Le Birs-Nimroud a encore
quarante-six mètres de hauteur, bâti sur un plan rectangulaire
et surmonté d’un énorme pan de mur dont la hauteur
est de onze mètres et demi et qui provient de Nabuchodonosor,
comme l’indiquent les inscriptions des briques :
tous ces débris portent les traces d’un violent incendie
qui les a vitrifiés. Suivant Hormuzd Rassam, une éruption
volcanique aurait même fendu l’édifice, vitrifiant ainsi les
briques au contact des flammes et de la lave. On comprend
aisément que les Juifs de l’époque talmudique aient vu
dans ces ruines à la fois si anciennes, si imposantes, et
portant des marques si étonnantes de la colère céleste,
les restes de la Tour de Babel. — Voir, outre les auteurs
cités, Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes,
5e édit., t. i, p. 333-368 ; Schrader-Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 106-114 ; Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient,
9e édit., t. i, p. 115-118.
BABER Henry Hervey, philologue anglais, né en 1775,
et mort le 28 mars 1869. En 1812, il fut nommé conservateur
des livres imprimés au British Museum. Cette
année même, il publia Psalterium græcum e Codice ms. Alexandrino, in-fo, Londres. Son principal ouvrage
est une édition du Vetus Testamentum græcum e Codice ms. Alexandrino, typis ad similitudinem ipsius codicis scripturæ fideliter descriptum, 4 in-fo, Londres,
1816-1828. Les trois premiers volumes contiennent le
texte ; le quatrième, les prolégomènes et les notes. —
Voir Cowtan’s Memories of the British Museum, Londres,
1872 ; L. Stephen, Dictionary of national Biography,
in-8o, Londres, t. ii, p. 307.
BABINGTON Gervase, évêque anglican, né à Nottingham
en 1551, mort le 17 mai 1610. Il étudia à Cambridge,
entra dans les ordres et devint chapelain du
comte de Pembroke. Il fut nommé évêque de Landaff
en 1591, d’Exeter en 1594, et de Worcester en 1597.
Dans la collection de ses œuvres publiées après sa mort,
Works of G. Babington, in-fo, Londres, 1622, on remarque :
Certaine, plaine, briefe and comfortable notes upon everie chapter of Genesis ; — Comfortable notes upon everie chapter of Exodus ; … of Leviticus ; … upon Numbers ; … upon Deuteronomy. — Voir Jones, Christian Biography, p. 16.
BABION Pierre, théologien anglais, qui florissait vers
1317, selon J. Pits (ou vers 1366, d’après le témoignage
de J. Boston, moine augustin de Bury-Saint-Edmonds,
en 1410, consigné dans le catalogue de J. Bale). Poète,
orateur et écrivain distingué, ses compositions furent très
estimées de ses contemporains. Ses qualités sont résumées
dans ces deux vers de Pits :
Ingenium felix, inventio, lucidus ordo,
Gratia, majestas, ad rem bene congrua verba.
Il s’adonna aux sciences sacrées, où il se fit également un nom. Son principal ouvrage en ce genre est un commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu, selon le sens historique, moral et allégorique. Ce commentaire avait été imprimé dans les anciennes éditions des œuvres de saint Anselme de Cantorbéry jusqu’à l’édition de Lyon, en 1630, où Théophile Raynaud prouva qu’il n’appartenait pas à ce saint docteur. On le trouve aussi dans les œuvres d’Anselme de Laon (col. 657), Patr. lat., t. clxii, col. 1227-1499, mais tronqué de plusieurs pages en tête, et d’une page au moins à la fin. Le commentaire complet se trouve dans un manuscrit très ancien, conservé à la Bibliothèque nationale, fonds latin, in-fo, n° 624. Il est sur parchemin, en belle écriture, et compte 165 feuilles ; chaque page est partagée en deux colonnes. En tête de l’ouvrage se lit le nom de l’auteur : Expositio Babionis super Matthæum ; et le commentaire débute par ces mots : Dominus ac redemptor noster… — Voir J. Bale, Scriptorum illustrium Majoris Britanniæ catalogus, 2 t. en 1 vol. in-fo, Bâle, 1557-1559, p. 467 ; John Pits, De illustribus Angliæ scriptoribus, in-4o, Paris, 1619, p. 406 ; Th. Tanner, Bibliotheca britannico-hibernica, in-fo, Londres, 1748, p. 59 ; C. Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesiæ antiquis, 3 in-fo, Leipzig, 1722, t. iii, p. 799 ; P. Michel de Saint-Joseph, Bibliographia critica sacra et profana, 4 in-fo, Madrid, 1740, t. i, p. 430 ; L. Stephen, Dictionary of national biography, t. ii, p. 317.
1. BABYLONE (hébreu : Bâbél ; Septante : Βαβυλών ; Vulgate : Babylon ; textes cunéiformes : forme non sémitique :
Tin-tir (Bois de vie) ;
(idéographique) Bab ili (porte des dieux) |
(phonétique) Ba-bi-l(u). |
I. Nom. — L’étymologie du nom de la ville nous est
donnée par la Genèse, xi, 9 : à la suite de la confusion
404. — Plan fragmentaire de Babylone, traversée par l’Euphrate.
D’après une tablette cunéiforme.
des langues, on nomma la ville inachevée Bâbel, c’est-à-dire « confusion ». Tous les rationalistes et beaucoup
d’assyriologues, comme Eb. Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i,
p. 113-114 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 213,
combattent l’étymologie biblique pour y substituer celle
qu’indiquent les textes babyloniens, Bab-ili, « porte de
Dieu ou des dieux ; » mais rien ne prouve que l’étymologie
donnée par Moïse ne soit pas la plus ancienne, et par
conséquent la vraie : les Orientaux, pour bien des raisons
différentes, changent facilement les étymologies des noms
propres, souvent même au risque de les déformer un peu.
Cf. Journal asiatique, janvier 1893, p. 88. En outre, si
un auteur hébreu avait fourni cette étymologie, il nous l’eût
donnée, d’après les principes de sa propre langue, sous
la forme pilpel des verbes עע comme bâlal, « confondre, »
et non pas sous la forme contractée assyro-babylonienne
Bâbel, pour Balbel. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 360-362. On peut ajouter que
si l’étymologie Bab-ili (porte de Dieu) n’eût pas été
factice, et par conséquent la moins ancienne, les Babyloniens
n’auraient pas coupé le mot en trois syllabes, au
mépris de la division des deux mots constitutifs, Ba-bi-lu ;
c’est ainsi que dans le nom de ville Dur-ili (forteresse de
Dieu) les textes respectent toujours la coupure, et n’écrivent
jamais Du-ri-li.
II. Histoire. — Laissée inachevée après la dispersion des
constructeurs de la tour, Babylone fut terminée plus tard ;
elle apparaît déjà comme faisant partie de la tétrapole méridionale
de Nemrod, Gen., x, 10 ; cependant la domination
babylonienne ne paraît établie sur la partie intérieure de la
Mésopotamie que sous la dynastie pal-Tintir (dynastie de
Babylone), qui régna d’environ 2409 à 2146 avant J.-C.,
et dont le roi le plus célèbre fut Ḥammourabi. Épargnée
par l’invasion élamite des Koudourides, la monarchie
babylonienne contribua à expulser les envahisseurs de la
Chaldée et de tout le Sennaar, en y établissant sa propre
autorité. Voir encore sur les origines de Babylone les Proceedings of the Society of Biblical Archæology, 10 janvier 1893, p. 108. Dès lors l’histoire de Babylone se
405. — Plan des ruines de Babylone. D’après M. Oppert.
confond avec celle de l’empire babylonien. La Bible ne
s’occupe plus de Babylone avant la ruine du royaume
d’Israël ; elle nous apprend alors que le vainqueur assyrien
transplanta en Samarie des colons babyloniens, qui
joignirent au culte du vrai Dieu celui de leurs idoles, et
s’y firent des Sochothbenoth (voir ce mot), IV Reg.,
xvii, 24, 30. Plus tard un roi de Babylone, Mérodach-Baladan,
cherche à faire alliance avec Ézéchias contre
les Assyriens, et l’envoie féliciter de sa guérison ; c’est
alors qu’Isaïe annonce à Ézéchias la captivité de Babylone.
IV Reg., xx, 12-19 ; Is., xxxix, 1-8. C’est dans la capitale
chaldéenne que Manassé est jeté en prison par le roi
d’Assyrie. II Par., xxxiii, 11-13. Enfin la destruction du
royaume de Juda, par Nabuchodonosor, y amène à plusieurs
reprises des convois de Juifs prisonniers, que
Jérémie console et fortifie dans la foi par la lettre insérée
dans Baruch, vi, 1-72 et par celle de Jérémie, xxix.
C’est surtout la captivité de Babylone qui a rendu cette
ville célèbre dans l’histoire sainte. Jer., xx, 4, 12 ; Matth.,
i, 11, 17 ; Act., vii, 43. Ézéchiel habita la Babylonie ;
Daniel y exerça même une charge élevée à la cour ; c’est
à Babylone ou dans les environs que se placent l’érection
de la statue de Nabuchodonosor et la délivrance des enfants
de la fournaise, Dan., iii ; l’histoire de Susanne,
Dan., xiii ; le récit des fourberies des prêtres de Bel, et
la mort du dragon, Dan., xiv ; enfin le double épisode
de la fosse aux lions, vi et xiv, 27-42. Après la prise de
Babylone par Cyrus, une portion des captifs rentrèrent
en Palestine aux différentes migrations mentionnées dans
les livres d’Esdras et de Néhémie ; mais celui d’Esther
nous montre que beaucoup aussi préférèrent continuer
à vivre dans l’empire perse. Le gouvernement des Séleucides,
puis des Parthes, ne leur y fut généralement pas
défavorable (voir cependant Josèphe, Ant: Jud., XVIII,
ix, 9, et G. Rawlinson, The sixth great oriental monarchy,
Londres, 1873, p. 240-244), de sorte que la Babylonie
devint plus tard pour eux un refuge et un centre d’études.
III. Description. — Si la situation de Babylone sur le
bas Euphrate a toujours été connue, il n’en est pas de même
de l’étendue de la cité. Le point de départ est donné
par quelques ruines remarquables, le Babil, le Kasr ou
palais ; mais où étaient les limites, les murs de la ville ? Suivant
Hérodote, ces murs auraient eu 480 stades de circuit
ou 88 800 mètres, 200 coudées de hauteur et 50 d’épaisseur,
ou 92 et 23 mètres ; d’après Ctésias, duquel se rapprochent
Strabon et Diodore de Sicile, le circuit n’était
que de 360 stades (66 600 mètres) ; mais les hauteurs sont
extraordinairement différentes : Ctésias donne 200 coudées
(92 mètres), Pline 200 pieds (61 mètres), et Strabon
75 (23 mètres) ; ils étaient, comme toutes les constructions
babyloniennes, de briques séchées au soleil, avec
revêtement de brique cuite, du bitume en guise de ciment,
et des lits de roseaux pour donner de la cohésion et
drainer l’humidité de l’argile crue. Il y avait cent portes
d’airain. Cf. Jer., l, 15 ; li, 53, 58. M. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. i, p. 234, croit avoir retrouvé
les traces d’une double enceinte enfermant l’une 513 kilomètres
carrés, l’autre 290. Comme ces traces ne sont pas
évidentes, la plupart des savants anglais révoquent en
doute le plan proposé par M. Oppert. Pour donner à
Babylone une étendue égale au département de la Seine,
ce savant y comprend les localités environnantes, particulièrement
Borsippa ; mais un texte de Bérose, corroboré
par Strabon, XVI, i, 6 et 7, édit. Didot, p. 629, et
surtout par les inscriptions cunéiformes elles-mêmes,
distingue soigneusement les deux villes. Bérose nous
apprend que Cyrus, après la prise de Babylone, s’en alla
faire le siège de Borsippa. Histor. græc. Fragm., t. ii,
p. 508.
406. — Ruines de Babil.
L’Euphrate, endigué entre deux quais de brique bitumée, et coulant entre deux hauts murs percés de vingt-cinq portes, traversait la ville (fig. 404) ; un immense pont, et, s’il faut en croire Diodore de Sicile, un tunnel voûté, rejoignait les deux quartiers. Entre beaucoup de monuments remarquables, généralement assez bas et d’une architecture très massive, rehaussés d’enduit peint et de briques émaillées, ou couverts de plaques métalliques, bronze, argent et or, on admirait le grand temple ou tombeau de Bel et plusieurs palais.
La divinité particulièrement adorée à Babylone était
Mardouk, le Mérodach de la Bible, la planète de Jupiter,
qu’on appelait couramment Bel, « seigneur », le Belos
ou Belus des écrivains classiques, le Bel des prophètes,
Is., xlvi, 1, etc., distinct d’une autre divinité nommée
Bel l’ancien, et mentionnée aussi dans Jérémie, l, 2. Le
temple de Bel, consacré au seigneur Mardouk ou Mérodach,
était surtout remarquable par sa tour à étages ou
pyramide, décrite par Hérodote, i, 183, édit. Didot, p. 60,
et Strabon, xvi, 1, 5, édit. Didot, p. 628, qui lui prête
des dimensions fort extraordinaires. Dans la chapelle qui
couronnait la pyramide, Diodore place trois statues colossales
en or, de Jupiter, Junon et Rhéa, sans doute celles
de Mardouk, Mylitta-Zirbanit, son épouse, et peut-être
Ištar ; deux serpents d’argent, deux lions, trois coupes et une
large table d’or massif. Tout cela fut pillé par les Perses
lors de la conquête de Babylone, ainsi que le sanctuaire du bas de la pyramide. On croit généralement que ses ruines
forment le Babil actuel (fig. 406). Néanmoins M. Oppert
identifie la tour de Bélus avec le Birs-Nimroud (voir Tour de Babel). On peut voir par les bas-reliefs
assyriens ce qu’étaient ces jardins, espèces de terrasses
supportées par des arches et des piliers massifs, et
s’étageant les uns au-dessus des autres (fig. 408), de façon
à rappeler les montagnes couvertes de forêts que désirait
revoir l’une des épouses de Nabuchodonosor. Mais G. Rawlinson,
qui n’admet pas que 4 acres (moins d’un demi-hectare)
de jardins suspendus aient pu donner 37 acres de
ruines, voit dans le Tell-Amran le palais des prédécesseurs
de Nabuchodonosor, déjà mentionné par Bérose. Si l’on n’y
a trouvé ni maçonnerie ni statue, on en a retiré des
briques estampillées au nom de différents anciens rois de
407. — Tell-Amran-Ibn Ali. D’après Rich.
Babylone. À l’est de ces palais on croit voir les traces
d’un vaste réservoir mentionné par Nabuchodonosor sous
le nom de Iabur-šabu. Cet ensemble, qui formait la cité
royale, était entouré d’un côté par l’Euphrate, de l’autre
par deux lignes de remparts se rencontrant presque à
angle droit du côté est, et dont la partie nord aboutissait
au Babil. Autour, et, semble-t-il, principalement au sud,
se groupait l’immense population de Babylone. Hérodote,
i, 180, édit. Didot, p. 59, a remarqué leurs maisons à
trois ou quatre étages, alignées en rues parallèles et perpendiculaires
au cours de l’Euphrate. À Djumjumah, prèsde
Hillah, on a retrouvé, en 1876, les tablettes commerciales
des Egibi, commerçants babyloniens, dont on peut
suivre les transactions pendant environ deux siècles. Sur
la rive droite de l’Euphrate, en face du Tell-Amran,
des ruines encore bien visibles dessinent les contours
d’un palais où les briques sont estampillées au nom de
Nériglissor (Nergal-šar-uṣur). Englobant Borsippa dans
Babylone, M. Oppert place à cet endroit, au Birs-Nimroud,
le temple et la tour de Bel dont parle Hérodote, et les
identifie avec les restes de la tour de Babel (voir Tour de Babel), tandis que H. et G. Rawlinson la confondent avec le
temple de Bel-Mérodach décrit par Strabon, et la placent
au Babil.
Malgré sa force et sa puissance, malgré le luxe de ses habitants, Is., xiv, 8 et suiv. ; xlvii, 1-2 ; Jer., li, 39 ; Dan., vi, 1, malgré la vitalité dont elle fit preuve, réparant bien des fois les désastres des longs sièges qu’elle eut à subir, elle finit par succomber, et par voir se réaliser à la lettre les menaces des prophètes juifs : Is., xiii, 19-23 ; xiv, 4-12 ; xlvii ; Jer., li, 58. Voir le reste de son histoire à l’article Babylonie ; voir aussi Tour de Babel.
Dans le Nouveau Testament, le nom de Babylone est
encore employé dans la salutation finale de la Ire épître
de saint Pierre, v, 13, vraisemblablement pour désigner
Rome et non la Babylone mésopotamienne ; moins encore
Séleucie, ou la Babylone d’Égypte, ou même Jérusalem.
Voir Pierre (première épître de Saint).
408. — Jardins suspendus de Babylone. Essai de restitution.
L’Apocalypse désigne Rome sous le nom allégorique de « la grande Babylone, » xiv, 8 ; xvi, 19 ; xvii, 5 ; xviii, 2, 10, 21 ; au chap. xvii, 9, sont mentionnées les sept collines sur lesquelles elle est bâtie ; au ꝟ. 18, sa domination sur les rois de la terre. L’idolâtrie, la corruption et la puissance matérielle assimilaient ces deux villes ; ce que Babylone fut pour Jérusalem, la Rome persécutrice l’était pour l’Église.
2. BABYLONE d’Égypte, localité de la basse Égypte
que les Coptes et quelques rares interprètes modernes
regardent comme le lieu d’où saint Pierre data sa première
Épître : ἡ ἐν Βαβυλῶνι συνεκλεκτή, I Petr., v, 13. — Près du vieux Caire se voit une ancienne forteresse,
connue des Européens sous le nom de « citadelle de Babylone ».
Un des six couvents enclavés dans son enceinte,
nommé Deir-Babloun, rappelle l’ancien nom de cette
forteresse, auquel a succédé le nom arabe de Kasr eššemma, « Château de la lumière. » D’autre part,
une liste gréco-copto-arabe des sièges épiscopaux de
l’Égypte, conservée à Oxford, identifie Babloun et El-Fostat,
c’est-à-dire le vieux Caire. De Rougé, Géographie de la basse Égypte,
in-8o, Paris, 1891, p. 155. La position
de Babylone est donc déterminée. Sur l’origine de
son nom se sont formées plusieurs légendes grecques :
Des Babyloniens emmenés captifs par Sésostris, ou des
guerriers entrés en Égypte avec Sémiramis, Diodore de
Sicile, i, 56 ; Ctésias, Fragm., édit. Dindorf, l. ii, 13,
ou avec Cambyse, Josèphe, Ant. jud., I, xv, 1, auraient
fondé cette ville et l’auraient appelée Babylone, du nom
de leur patrie. Il est possible qu’à une certaine époque
elle ait été habitée par des prisonniers étrangers, si nombreux
dans la basse Égypte après les conquêtes de la xviiie
et de la xixe dynastie ; mais son origine est plus ancienne.
H. Brugsch, Dictionnaire géographique, p. 625, et J. de
Rougé, Géographie de la basse Égypte, p. 87, l’avaient
assimilée à une localité du midi de On, qu’ils appelaient
Kherau. Mais elle pourrait peut-être mieux s’identifier
avec Hâbenbon, souvent mentionnée dans les textes hiéroglyphiques,
une des localités, plus ou moins distantes
entre elles, dont la réunion formait la cité de On (Héliopolis)
ou en dépendait. La ressemblance de son, surtout
sous la forme de la variante Béber ou Bébel, avec le nom
de Babel, a vraisemblablement donné lieu à la légende
relative à l’origine de cette ville ; une transformation
semblable s’est opérée pour une cité voisine, Tourou,
changée en Troja par les Grecs. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples d’Orient, 4e édit., p. 24, 261 ;
V. Loret, dans La grande encyclopédie, t. iv, p. 1050. Hâbenbon
était une enceinte fortifiée, protégeant son temple
célèbre et ses habitations et dominant le Nil, dont le lit
était alors plus rapproché. Les Romains comprirent l’importance
de cette position à la tête du Delta ; ils la fortifièrent
et y placèrent une des trois légions chargées de la
garde de l’Égypte ; c’était la xiiie gemina, selon la
Notitia imperii. En 640, elle fut prise par les musulmans ; et à
l’ouest de Babylone, à l’endroit où Amrou, durant le siège,
avait dressé sa tente, ils bâtirent une ville, El-Fostat, « la Tente, » qui fut la capitale de l’Égypte jusqu’à la
construction du Caire actuel. Ce n’est qu’au ve siècle qu’on
voit un évêché à Babylone. Le Quien, Oriens christianus,
t. ii, p. 556. Cette Église n’a donc pas une origine apostolique,
et peut encore moins attribuer sa fondation à saint
Pierre, qui n’a jamais prêché l’Évangile en Égypte. Ce.
n’est donc pas de ce lieu que le prince des Apôtres écrivit
sa première Épître : d’après l’opinion la plus commune, Babylone
n’est pas autre que Rome. Voir Pierre (Première
Épître de Saint). Cf. dans la Description de l’Égypte,
t. ii, Paris, 1818, ch. xix, p. 1-4, la description de Babylone.
BABYLONICUS PETROPOLITANUS (CODEX), manuscrit des derniers prophètes ( c’est-à-dire Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les douze petits prophètes), écrit selon le système de ponctuation dit babylonien. Trouvé en 1839, dans la synagogue de Tschufutkale, en Crimée, par le Caraïte Abr. S. Firkowitsch, il fut présenté à la Société historique et archéologique d’Odessa (d’où le nom Odessenus, qui lui a été quelquefois donné) ; en 1862, la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg en fit l’acquisition. C’est un petit in-folio en parchemin de deux cent vingt-quatre feuillets ; chaque page a deux colonnes ; chaque colonne vingt et une lignes ordinairement, et chaque ligne, lorsqu’elle est complète, de quatorze à dix-huit lettres. La division des sections est nettement marquée au moyen des alinéas. L’écriture, très ferme, de belle apparence, aux lettres de six à sept millimètres de hauteur, est un peu penchée sur la gauche. Quelques lettres ont une forme particulière : ainsi le zaïn est plus court, le yod plus long que dans nos manuscrits occidentaux ; dans le hé, le jambage de gauche, placé au-dessous de la barre transversale, la rejoint complètement, en sorte qu’il ressemble à notre heth ; ce qui différencie alors le heth, c’est que ses deux jambages enserrent la. ligne transversale et la dominent. (Voir le fac-similé, fig. 409.) La différence est plus considérable pour les voyelles : ce n’est plus le système de Tibériade ou de Palestine, usité dans les manuscrits jusque-là connus. Ce système, moins parfait, ne comprend que six voyelles, d’une forme particulière, et toutes placées au-dessus des consonnes. (Voir Points-voyelles.) Il est à remarquer qu’on ne voit pas de voyelles au nom de Jëhovah, יחזה ; il est seulement accentué. Le pronom הזא, hûʾ, se rencontre très souvent pour le féminin N>n,
hîʾ, des manuscrits de recension palestinienne, etc. Les marges à droite et à gauche, en haut de la page et entre les deux colonnes, contiennent la petite Massore ; la marge d’en bas est réservée’à la grande Massore. L’écriture de ces notes est de dimension bien moindre que celle du texte.
Ce manuscrit porte sa date. Le copiste a signé la fin de son travail à la page 224 a. Il dit l’avoir terminé au mois de Tischri de l’an 1228 (ère des Séleucides), ce qui correspond à l’automne de l’an 916 de notre ère. C’est donc l’un des plus anciens manuscrits datés d’un texte hébreu ponctué de l’Ancien Testament. Hermann Strack a donné la photolithographie de ce précieux manuscrit : Prophetarum posteriorum Codex Babylonicus Petropolitanus, in-f°, Saint-Pétersbourg, 1876.
Les variantes apportées par ce manuscrit ne font pas sans doute subir de nombreux’et surtout d’importants changements au texte reçu ; cependant elles pourraient être utilisées avec profit en plus d’un endroit. On remarque que parfois ses leçons s’accordent avec les Septante et la Vulgate contre le texte actuel.
Voir la préface de Strack, dans l’édition du Codex citée plus haut ; Eph. Pinner, Prospectus der der Odessäer Gesellschaft für Geschichte und Alterthümer gehörenden altesten hebräischen und rabbinischen Manuscripte, ein Beitrag zur biblischen Exegese, in-4°, Odessa, 1845, p. 18-28 ; Ginsburg, Transactions of the Society of biblical Archæology, in-8o, Londres, 1876, t. v, part. 1, p. 129-176.
BABYLONIE. Hébreu : Bâbél ou ʾérêṣ Bâbél ; Septante : Bαϐυλωνία, ou simplement Bαϐυλών ; Vulgate : Babylonia, dans Baruch et les deux livres des Machabées, I Mach., vi, 4 ; II Mach., viii, 20 ; ailleurs simplement Babylon, Dan., ii, 48, ou regio, provincia Babylonis, Dan., iii, 1, 12, 97, dans un sens plus restreint ; d’autres fois elle est désignée par des appellations géographiques qui n’en indiquaient à l’origine qu’une portion, terra Chaldæorum, Sennaar ; inscriptions cunéiformes :
£rT
-TV
Sumer Akkad ;
(période archaïque)
mat Sunieri u Akkadii ;
(époque de Cyrus)
V B=fTÎ <fêf.
mat Kaldi ;
mat Babili.
I. Géographie. — Akkad paraît avoir désigné à l’origine le nord de la Babylonie, Sumer ou Sennaar le sud ; la Chaldée semble avoir désigné le centre. Les limites de la Babylonie, c’est-à-dire du territoire dépendant de Babylone, ont varié dans la suite des siècles. Strabon y englobe l’Assyrie elle-même ; mais à l’époque biblique, et à l’époque où nous reportent les textes assyro-babyloniens, la Babylonie proprement dite ne s’étend pas au delà de l’endroit où le Tigre et l’Euphrate, après s’être rapprochés, commencent à se séparer de nouveau, entre le 33° et 34° de latitude. Elle est donc bornée au nord par l’Assyrie, à l’est par l’Élam et la Susiane, au sud par le golfe Persique, à l’ouest et au sud-ouest par le désert d’Arabie. Ce pays étant un terrain d’alluvion formé par les dépôts du Tigre, de l’Euphrate et des autres cours d’eau tributaires du golfe Persique, il était naturellement d’étendue beaucoup plus restreinte à l’époque où nous reportent les premières inscriptions : le Tigre et l’Euphrate, au lieu de se confondre comme aujourd’hui où ils forment le Schatt-el-Arab, avaient chacun une embouchure spéciale, et le golfe persique pénétrait beaucoup plus haut vers le nord-ouest dans les terres. La Babylonie était arrosée par l’Euphrate, dont elle possédait les deux rives ; le Tigre, dont elle possédait les deux rives à sa sortie d’Assyrie, et seulement la rive droite dans sa portion méridionale, l’autre appartenant à l’Élam. Dans ces limites, l’Euphrate ne reçoit aucun affluent, le Tigre en reçoit sur’la rive gauche un bon nombre : les plus considérables sont le Schirvan et le Holvan, qui, avant de se jeter dans le Tigre, se réunissent pour former le Tornadotus des anciens, le Gyndès d’Hérodote, le Turnat des inscriptions cunéiformes, actuellement Diyaléh ; les plus méridionaux, le Kerkhan et le Karoun, appartiennent à l’Elam. Voir la carte, fig. 410. Ce système hydrographique est complété par les bras de l’Euphrate qui s’échappent vers le Tigre dans la partie septentrionale, tandis que dans la Babylonie méridionale ce sont les bras du Tigre qui viennent rendre à l’Euphrate ce qu’il en avait reçu. Là où les deux fleuves n’arrivent pas à se rencontrer, ces bras perdus forment des marais d’eau stagnante, principalement vers le sud. La fonte des neiges sur les montagnes de l’Arménie ou de la Perse amène une forte crue : des deux fleuves depuis mare jusqu’à juin ; de juin à la mi - septembre, les eaux décroissent. Dans l’intervalle, la basse Babylonie, l’ancien Sennaar, est un véritable marécage. De nombreux canaux, dont on rencontre encore aujourd’hui fréquemment les restes, ménageaient et utilisaient cette surabondance d’eau et la conduisaient dans les parties naturellement arides. Le Nahar-malka et le Pallakopas étaient les deux plus célèbres, le premier joignant l’Euphrate au Tigre, l’autre rejetant à la mer le trop plein de l’Euphrate par la rive droite. Maintenant le soleil de l’été dessèche seul une partie de ces lagunes malsaines, et brûle en même temps la végétation herbacée qui s’y [Image à reprendre] développe au printemps avec une rapidité prodigieuse. Le thermomètre, qui ne tombe guère au delà de 5 degrés au-dessous de zéro en hiver, remonte rapidement et se tient à plus de 40 degrés au-dessus le reste de l’année ; il atteint même souvent 50 degrés, ce qui, joint à l’humidité provenant des marais, rend le climat très malsain, surtout pour les Européens. En novembre et décembre, il tombe des pluies continuelles ; les autres saisons ne connaissent que des orages passagère, mais d’une violence inouïe, principalement de mai en novembre, le vent soulève alors le sable du désert, qui vient recouvrir le terrain abandonné par les eaux stagnantes.
Ce pays, qui, laissé de la sorte à lui-même, ne produit guère que d'énormes roseaux, souvent reproduits sur les bas-reliefs assyriens, était autrefois d’une fertilité extraordinaire : ager totius Orientas fertilissimus. Pline, H. N., l. vi, 30 ; xviii, 45. Hérodote, i, 193, remarque qu’au lieu du figuier, de la vigne et de l’olivier, qui lui font totalement défaut, il a en surabondance les céréales et le froment, ainsi que les dattes et le sésame. Actuellement on trouve sur les berges du fleuve le tamarisque, le grenadier et l’acacia ; et dans les jardins on cultive les arbres fruitiers, orangers, grenadiers, etc. Quant aux arbres mentionnés dans le psaume Super flumina Babylonis, il paraît que ce sont des saules pleureurs (Salix babylonica des botanistes, gharab des Arabes). Karl Koch, Dendrologie, Erlangen, 1872, ne part., p. 507. La faune comprend le lion, le léopard, l’hyène, le chacal, le buffle, la gazelle, nombre d’espèces de poissons et d’oiseaux aquatiques, etc.
Le sol, tout d’alluvion, ne contient guère de richesses minérales} le nord offre cependant, principalement aux environs de Hit sur l’Euphrate, le naphte et le bitume, qui servaient de ciment pour les anciennes constructions babyloniennes, comme le fait remarquer l'Écriture, dont les vieux monuments confirment pleinement le témoignage. Au lieu de la pierre et du marbre qui leur manquaient, les Babyloniens utilisaient l’argile, dont ils faisaient des briques soit cuites au feu, soit seulement séchées au soleil, Gen., xi, 3 ; dans ce dernier cas, des lits de roseaux mêlés au bitume ou à l’argile et de nombreuses ouvertures en forme de meurtrières, des aéroducs, laissaient une issue à l’humidité ; et le revêtement de l'édifice était fait en briques cuites et muni de puissants contreforts. De la sorte, les constructions étaient fort massives et les murs fort épais ; cette épaisseur avait pour résultat de maintenir dans les habitations un peu de fraîcheur, comme on en trouve dans les serdabs, espèces de caves où les habitants se réfugient maintenant. Ces constructions massives, aujourd’hui tombées en ruines, forment des tells ou véritables monticules, qui seuls interrompent la monotonie de ces plaines marécageuses. L’absence de calcaire faisait remplacer les bas-reliefs d’albâtre, si souvent employés dans les palais assyriens, par une ornementation plus simple : des dessins géométriques composés de saillies et de rainures, ou encore formés par de petits cônes d’argile encastrés dans le revêtement des murs, enfin des briques émaillées ou un simple enduit qu’on décorait de peintures aux vives couleurs, mentionnées dans Ézéchiel, xxiii, 5-16. G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 250-263 ; 272-324.
Ces tells marquent le site des villes les plus célèbres de la Babylonie ; les plus importantes étaient au sud, dans
le pays de Sumer eu Scnnaar proprement dit : Eridu, actuellement Abu-Sharein, au milieu des marais du bas Euphrate, sur la rive gauche ; Vru, Y’Ur-Kasdim, Ur des Chaldéens de la Bible (Gen., xi, 28), la Mugheir actuelle, sur la rive droite de l’Euphrate, la patrie d’Abraham ; Uruk, l’Arach biblique, la Warka actuelle, plus haut, sur la rive gauche, et l’une des villes de la tétrapole méridionale de Nemrod ; Larsa, l’EUasar de l’histoire d’Abraham (hébreu, Gen., xiv, 1), actuellement Senkéréh, sur la rive gauche ; puis au nord, dans le pays d’Akkad, à cheval sur l’Euphrate, Babilu, la Babel biblique, Babylone ; en remontant encore et non loin de la rive gauche de l’Euphrate, sur un canal, Akkad et Sippar, sorte de ville double, mentionnée dans la Bible sous les noms d’Achad et Sépharvaïm.
On trouve encore des ruines considérables à Nipour, entre les deux fleuves, actuellement Niffer et Kutù, la Cutha biblique ( ?), actuellement Tell - Ibrahim, d’après Smith et H. Rawlinson. Il faut y ajouter le site considérable de Tell-Loh, dont le nom ancien, écrit en idéogrammes, est lu par les uns Sir-pur-la, parles autres Lagas.
Voir El. Reclus, Géographie universelle, t. ix, p. 398-411, 432, 450460 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, 169-196, 196-232 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, p. 1-42 ; Lenormant - Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 1-18 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 1-14 ; Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh and Sabylon, in-8°, Londres, 1853.
II. Ethnographie, langage. — Comme l’Assyrie était une colonie babylonienne, il suffira de se reporter aux titres correspondants de l’article Assyrie, en les complétant pour ce qui regarde spécialement la Babylonie à l’aide des quelques observations suivantes. Bérose, Historicorum grœcorum Fragmenta, édit. Didot, t. ii, p. 496, nous représente la Babylonie comme peuplée par dès races diverses : son témoignage est pleinement confirmé par la Bible, qui nous y montre à la fois des Chamites, Gen., x, 6-13, . ou plus exactement des Couschites comme Nemrod, et des Sémites tels que Tharé et Abraham. Gen., x, 22-25j et xi, 11-32. Les noms royaux et les inscriptions cunéiforme ? anciennes nous montrent que la prépondérance passa peu à peu à l’élément sémitique de la population, et assez tardivement. On trouve, en effet, en Babylonie deux sortes d’inscriptions différentes, et qui, d’après presque tous les assyriologues, appartiennent à deux idiomes différents, l’un à flexion, du groupe sémitique ou à racines tdlittères, le babylonien proprement dit ; l’autre agglutinant, qu’on nomme akkadien, sumérien, ou encore proto-chaldéen. Les plus anciens textes sont rédigés en ce second idiome, par exemple, ceux de la collection de Sarzec, au Louvre : les modernes sont en babylonien proprement dit ; il y a aussi dés textes bilingues, historiques, religieux, etc., rédigés dans l’un des deux idiomes, puis traduits dans l’autre.
L’idiome sémitique babylonien différant à peine de la langue assyrienne, l’un et l’autre ont été étudiés simultanément au mot Assyrienne (langue). Quant à l’autre idiome, sumérien, akkadien ou proto-chaldéen, il appartient, comme les langues altaïques, au groupe agglutinant. Les racines, généralement monosyllabiques, deviennent substantif, adjectif ou verbe, suivant la place qu’elles occupent et suivant les préfixes ou affixes qui les accompagnent : « vivre, » ti ; « vie, » nam-ti ; « il a vécu, » in-ti. — La déclinaison est remplacée par un mécanisme de postpositions, rejetées ainsi que les pronoms suffixes, et une terminaison plurielle, ra, de très rare emploi, non seulement après le substantif, mais après son qualificatif ou même après tout le membre de phrase qui s’y rapporte : « à Bau enfant du ciel, » Bau dumu Ana-ra ; « aux grands dieux, » dingir galgalene-ra. La conjugaison se forme en plaçant le pronom soit avant, soit après la racine verbale, mais sans adhérence absolument parfaite ;
le pronom régime se place même régulièrement entre le pronom sujet et la racine verbale : « il t’a bâti, » in-nan~ru ; « il a bâti, » inru. Les pronoms personnels ou possessifs appartiennent au thème « ta pour la première personne, za pour la deuxième, na pour la troisième, mais avec voyelle variable ; la troisième personne a aussi des formes dérivées en plus grand nombre que les deux autres. La négation est nu, placée avant le verbe et souvent contractée en une seule syllabe avec le pronom sujet. On a même constaté des variations dialectales, que les uns croient représenter le sumérien langue du sud et l’akkadien langue du nord, et que d’autres croient représenter le même idiome, sous une forme primitive et sous une forme plus récente. Plusieurs noms suméroakkadiens sont passés, par l’intermédiaire des Assyriens, jusque dans la langue hébraïque : par exemple, tur-tan, le Tharthan de Sennachérib. IV Reg., xviii, 17.
L’écriture est la même au fond que l’assyrienne ; toutefois, dans les inscriptions les plus anciennes, les caractères n’ont pas encore la forme du coin ou clou ; ce sont des lignes qui dessinent plus ou moins exactement l’objet dont on veut, soit suggérer l’idée, soit reproduire la prononciation, par idéographie ou par phonétisme. Quand la forme du clou apparaît, les caractères sont généralement un peu plus complexes que dans l’écriture assyrienne ; cette forme archaïque et compliquée est même reproduite de préférence dans des inscriptions de la dernière période : par exemple, dans celle de Nabuchodonosor dite « de la Compagnie des Indes », The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, pi. 53. — Voir Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, deuxième série, études accadiennes, 1873-1880 ; J. Oppert, Éludes sumériennes, sumérien, ou accadien, dans le Journal asiatique, 1875, t. v, p. 267318 ; 442-500 ; P. Haupt, Die akkadische Sprache (tiré du 5e congrès des orientalistes), Berlin, 1883 ; Fr. Hommel, Die sumeroakkadische Sprache und ihre Verwandtschaftsverhàltnisse, 1884.
III. Religion. — La religion" babylonienne ne différait guère de celle de l’Assyrie, seulement le caractère local du polythéisme régnant dans les deux pays paraît avoir été beaucoup plus accusé en Babylonie qu’en Assyrie. A. H. Sayce, Lectures on the origin and growth of religion as illustrated by the religion of the ancient Babylonians, 1887, p. 89, 91, 125, 142, etc. Assur, la divinité éponyme de l’empire assyrien, n’était naturellement pas le dieu des Babyloniens ; mais, dès les temps des plus anciennes inscriptions, nous voyons que les autres dieux vénérés en Assyrie avaient en Babylonie l’origine première de leur culte : Eridu était consacrée au dieu Ea, l’esprit de l’abîme ; Ur au dieu lunaire Sin ; Larsa au soleil Samas ; Arach à Istar (la planète Vénus) et à la déesse Nana, II Mach., i, 13, 15 ; Nippour au dieu Bel ; Cutha à Nergal, dieu lion, IV Reg., xvii, 30, seigneur des tombeaux ; Borsippa à Nabo ; Sippar et Achad à Samas et Anunit (voir Anammélech et Adrammélech) ; Babylone à Marduk, désigné communément sous le simple titre de bel, « seigneur, » Hérodote, i, 181, fils du dieu Ea et époux de la déesse Zirbanit ou Zarpanit. Audessus de tout ce panthéon, il semble planer une sorte de divinité commune à tous les Sémites, Ihi, V’El hébreu, phénicien, himyarite, etc., dont la personnalité paraît tellement effacée, que plusieurs auteurs, à rencontre, il est vrai, de la généralité des assyriologues, le regardent comme une simple abstraction, l’expression de l’idée de dieu en général, et non pas un nom propre, tandis que d’autres croient y voir un dieu distinct, correspondant à peu près à l’Assur des Assyriens. Du reste la qualité de dieu suprême, « maître du ciel et de la terre, roi de tous les autres dieux, » passe facilement de l’un à l’autre dieu du panthéon babylonien, chaque dieu local étant généralement considéré par ses adorateurs comme le maître des dieux. Diodore de Sicile, ii, 30, 3 ; Phiîoa de Byblos, dans Uistoncarum grœcorum Fragmenta, t. iii, p. 507,
568, 570-571 ; Eb. Sehrader, dans Riehm, Handwôrterbuch des biblischen AUertums, 1884, t. i, p 109-110, 135 ; et Schrader-Whitehouse, The cuneiforni Inscriptions and the Old Testament, 1885, t. i, p. Il ; Fr. Delitzsch, Wo lag das’Parodies, p 164 et 165 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. i, appendice, p. 525-526.
Ainsi qu’en Assyrie, le culte se pratiquait dans les temples proprement dits et sur des tours ou pyramides à étages. Daniel, xiv, 2-25, et Baruch (lettre de Jérémie, VI, 9-42) ont exactement décrit les cérémonies, les processions et les offrandes en aliments et en parfums. Hérodote, i, 183. La littérature religieuse et les légendes, les différents récits de la création, celui de Cutha, analogue à celui de Bérose, Historicorum grsecorum. Fragmenta, t. ii, p. 497, et celui d’Assurbanipal, analogue à celui de Damascius ; la légende d’Izdubar-Gilgamès avec le récit du Déluge ; la lutte de Mardouk et Tiarnat : tous ces textes, que nous ont conservés les scribes ninivites, étaient originaires de la Babylonie. Sayce, Lectures on the religion of the ancient Babylonians, p. 367^412 ; Records of the past, new ser., t. i, p. 122-153 ; t. vi, p. 107-114 ; Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1876, p. 252-255.
IV. Histoire. — L’histoire de la Babylonie est moins bien documentée et moins suivie que celle de l’Assyrie ; néanmoins nous avons sur l’empire babylonien un grand nombre de données certaines.
1° Données bibliques. — La Genèse nous montre la fondation de Babylone et les commencements de son empire, ainsi que la colonisation de l’Assyrie par les tribus du Sennaar, Gen., xi, 2-9 ; x, 8-13 ; elle nous représente également Abraham sortante la Chaldée, de la ville d’Ur, Gen., xi, 31 ; puis bientôt nous apprenons que ce pays tombe sous le joug élamite à l’époque de Chodorlahomor. Gen., xiv, 1-2. À cette époque les relations cessent totalement entre les deux peuples, et l’Écriture, à part l’allusion au manteau de Sennaar, Jos., vii, 21 (hébreu), ne nous parle plus de Babylone qu’après la destruction de Samarie : c’était l’époque où la Babylonie était tombée sous le joug de son ancienne colonie, et nous apprenons que Sargon transféra en Samarie des captifs babyloniens, originaires de Babylone, Cutha, Avah et Sépharvaïm. IV Reg-, xvii, 24. Sous Ézéchias, les envoyés du roi de Babylone viennent faire alliance avec lui contre l’Assyrie et Sennachérib, toujours menaçants : Isaïe nous apprend avec quelles attentions Ézéchias reçut ces envoyés de Mérodach-Baladan, IV Reg., xx, 12-18 ; Is., xxxix, 1-7 ; c’est alors qu’il prédit la captivité à Babylone, au moment même où le royaume babylonien était dans la situation la plus critique par le fait de l’Assyrie, qui semblait aussi être l’ennemi le plus redoutable de Jérusalem. Dès le règne de Joram ( ?), Abdias avait annoncé la ruine d’Édom, qui fut accomplie, en partie du moins, par Nabuchodonosor ; Abdias, 1-9, ne nous dit pas qui se chargera d’exécuter les châtiments qu’il annonce. On peut en dire autant des deux premiers chapitres d’Amos, quoique ces deux prophètes paraissent s’occuper plutôt des conquêtes assyriennes. Michée, qui prophétisait du règne de Joatham à celui d’Ézéchias, annonce sans plus d’explication que Jérusalem sera détruite, iii, 12 ; vii, 13 ; mais, iv, 10, il déclare que c’est à Babylone que la fille de Sion sera captive, et que là cependant Dieu la rachètera des mains de ses ennemis ; Jérusalem sera même rebâtie, vii, 11. Isaïe, qui commença à prophétiser vers la même époque, est plus explicite. Il annonce, outre la captivité à Babylone, xxxix, 1-7, la fin de cette captivité et la délivrance par Cyrus, xi.iv, 26-28, xlv, 1-15 ; la reconstruction de Jérusalem et du temple, xliv, 26-28 ; la destruction de Babylone,-xlvi, xlvii, etc. ; xm, 1-xiv, 23 ; xxi, 1-10. De plus il annonce la ruine des Philistins, de l’Egypte, de Tyr, xxiii, à laquelle les Babyloniens contribuèrent pour leur part. Nahum, qui prophétisa sous Manassé et sous Assurbanipal, peu après
la prise de Thébes, en Egypte, au temps de l’apogée de la puissance ninivite, prédit la chute de Ninive, sans ajouter toutefois que Babylone y aura la grande part. Sophonie, sous Josias, fait la même menace, ii, 13, annonçant aussi en termes généraux la désolation de Jérusalem et de Juda, i, 1-18. Vers la même époque ou un peu plus tard, Habacuc, dans sa première partie, s’occupe exclusivement de Babylone et de l’empire chaldéen, dont il décrit en termes généraux les succès, 1, 1-11, et la chute, r, 12-n, 20. Jérémie, au contraire, s’occupe en détail des Babyloniens ; il assistait du reste à l’agonie du royaume de Juda, rappelant vainement à ses compatriotes la soumission aux décrets de Dieu et à ses châtiments, et cherchant à les prémunir contre la politique désastreuse, et toujours en faveur à Jérusalem, qui consistait à s’appuyer sur l’Egypte pour lutter contre Babylone, comme, au temps d’isaïe, on croyait aussi devoir s’appuyer sur l’Egypte pour lutter contre Ninive. Il annonce donc la prise de Jérusalem par les Chaldéens, iv, 5-vi, 30 ; xxi, 1-10, etc., et la captivité, x, 13 ; xx, 3-6, etc ; il ajoute que cette captivité ne durera que soixante-dix ans, xxv, 8-14 ; xxix, 10-14 ; xxx, 1-xxxi, 40 ; xxxii-xxxin ; il annonce aussi la chute de Babylone, l-li, avec le secours des Mèdes, Li, 11, et leurs alliés les rois d’Ararat, de Menni et d’Ascénez, li, 27. Comme dans Isaïe, les peuples circonvoisins sont également menacés, principalement l’Egypte, xliii, 8-13 ; xliv, 29-30 ; xlvi, 13-28, où les Juifs se réfugiaient, et dont le prophète annonce la conquête par Nabuchodonosor. La partie historique de Jérémie constate l’accomplissement de la partie prophétique relative au royaume juif, xxviii, xxta, xxxiv, 6-7 ; xxxix, 1-xli, 13 ; lu. — Baruch répète les idées de Jérémie : les captifs juifs sont châtiés, i-m ; mais bientôt ce sera le tour de leurs ennemis, iv-v. Le chapitre vi est une lettre de Jérémie décrivant fort exactement l’idolâtrie babylonienne. — Ézéchiel est le prophète de la période babylonienne par la forme comme par le fond : sa vision des chérubins rappelle un motif des plus fréquemment répétés dans l’art assyrobabylonien ; la vision des ossements desséchés nous transporte dans un de ces cimetières chaldéens, comme il s’en trouvait, avec des proportions tout à fait extraordinaires, autour des grandes villes de la basse Babylonie, Arach (Warka), Ur, etc. Quant au fond, de i-xxiv, il ne fuit guère qu’annoncer la prise et la destruction finale de Jérusalem par Nabuchodonosor, avec ses diverses circonstances : famine, iv, 9-17 ; incendie, x ; fuite du roi Sédécias, xii, 3-16, etc. ; de xxv-xxxii, il annonce les conquêtes étrangères de Nabuchodonosor, principalement celle des villes phéniciennes et de Tyr, xxvi-xxviii, et celle dé l’Egypte, xxix. Toute la suite est consacrée à annoncer la fin de la captivité, le retour de Babylone et le rétablissement du royaume juif. — Daniel fut à la fois le prophète et l’historien de la chute de la monarchie babylonienne. Lés quatre premiers chapitres ont trait au règne de Nabuchodonosor, à sa gloire, ses superstitions, ses cruautés, l’orgueil avec lequel il contemple cet empire et cette capitale magnifique, dont l’étendue et l’éclat sont l’œuvre de ses mains ; le chapitre v nous transporte brusquement au règne de Nabonide, avec Balthasar pour viceroi, et nous fait assister à la prise de Babylone par Darius le Mède (voir ce nom) ; puis Cyrus monte personnellement sur le trône de Babylone. Les prophéties qui suivent, vii-xii, annoncent les dominations perse, grecque, romaine et messianique, qui succéderont à l’empire babylonien.
2° Renseignements de sources profanes. — Les textes cunéiformes complètent où expliquent ces renseignements fournis par la Bible. Les auteurs classiques, Hérodote, Ctésias, Diodore de Sicile, etc., sont peu utiles pour l’histoire babylonienne. Les renseignements fournis par Bérose le sont beaucoup plus ; malheureusement son ouvrage est en grande partie perdu. Historicorum grsecorum fragmenta, t. ii, p. 496-509. Les textes cunéiformes, provenant soit de
Babylonie, soit d’Assyrie, les ont heureusement complétés et éclaircis ; toutefois les documents babyloniens le cèdent en deux points aux documents assyriens : la plupart des inscriptions royales s’occupent plus à relater les constructions de chaque souverain que les faits politiques ; de plus, elles sont datées souvent par un événement remarquable, ouverture d’un canal, construction d’un temple, cérémonie religieuse, etc., qui ne nous apprennent rien au point de vue chronologique, tandis que la chronologie assyrienne est exactement fixée par la liste des limu ou éponymes. À la vérité, les Babyloniens ont dressé des listes des événements employés comme date, année par année, mais jusqu’ici on n’en possède que quelques petits fragments peu utilisables. Y. Scheil, Les formules de chronologie en Chaldée et en Assyrie, dans la" Revue biblique, avril 1893, p. 216. Plusieurs listes royales ont permis cependant d’arrêter les grandes lignes de l’histoire babylonienne jusqu’au xxv siècle avant J. - G. Le point fixe de cette histoire est l’ère de Nabonassar, en 747, qui sert de point de départ au canon chronologique de l’astronome alexandrin Ptolémoe, et qui est au contraire presque le point d’arrivée de nos listes babyloniennes.
Des inscriptions babyloniennes, utilisées par les Assyriens, rapportaient l’origine du monde, l’histoire du déluge, la colonisation de l’Assyrie ; puis on entrait dans la période historique proprement dite, lzdubarGilgamès, le héros de la légende du déluge, paraît correspondre au Nemrod biblique. Nous voyons par les inscriptions qu’à l’origine la Babylonie formait un réseau de petites principautés plus ou moins indépendantes les unes des autres. Vers l’an 3800 régnaient à Akkad, l’Achad biblique, Sargon l’ancien et Naram-Sin son fils ; des inscriptions astrologiques nous montrent que dès lors ils firent des conquêtes assez lointaines, en Syrie et jusqu’à la péninsule sinaïtique ( ?). À une époque également fort ancienne, peut-être même plus ancienne encore, Tell-Loh ( Si-pur-la[ ?]) était la capitale d’un petit royaume où l’on a retrouvé beaucoup d’inscriptions et de ruines curieuses, avec une série royale dont le nom le plus connu est celui de Gudéa. En même temps la ville d’Ur, la patrie de Tharé, possédait une dynastie puissante, à laquelle Tell-Loh finit même par appartenir. Les souverains d’Ur prennent le titre de roi de Sumer et d’Akkad, qui paraît indiquer une domination ou du moins une suzeraineté sur la Babylonie entière, du nord au sud. Ur-Bagas ( ?) et Dun-gi ( ?), son fils, ont, en effet, laissé des constructions à Ur, à Arach, à Larsa, à Nippour, à Cutha, etc., ainsi que leurs successeurs ; mais les grandes villes babyloniennes conservaient souvent leur roi, qui devenait simplement vassal de celui d’Ur ; il arrivait même de temps en temps que les rapports étaient renversés, et que des princes comme ceux de’Isin prenaient le titre de roi d’Ur et de toute la Babylonie.
La Babylonie eut ensuite à subir, vers 4e xxme siècle, une invasion élamite, conduite par des princes Koudourides, ainsi nommés du premier élément de leur nom royal ( Koudour-Lagamar, Koudour-Nankounta, etc.). Une inscription d’Assurbanipal nous apprend que Koudour Nankounta envahit la Chaldée et pilla Arach vers 2245 ; plusieurs inscriptions de Koudour -Maboug et Rim-Akou, son fils, nous apprennent qu’ils maintinrent leur domination au moins sur la partie méridionale de la Babylonie et la Syrie : la Bible, corroborant de son témoignage ces données historiques, nous les montre s’étendant jusqu’aux régions transjordaniennes. Larsa, l’EUasar biblique, suivant l’hébreu, Gen., xiv, 1 (voir Amraphel et Arioch), fut la capitale babylonienne de ces conquérants, qui de là exercèrent leur suprématie ou leur suzeraineté sur les autres villes chaldéennes, Arach, Ur, Éridou, Lagas ; ils allèrent jusqu’à prendre le titre de roi de Sumer et d’Akkad, quoiqu’ils ne paraissent pas avoir occupé la Babylonie même. Une dynastie nationale dont nous avons tous les noms se maintint de 2419 à 2115 avant J.-C. C’est à
cette dynastie, et probablement à Hammourabi, qu’on doit l’expulsion des envahisseurs. Hammourabi a laissé de nombreuses inscriptions qui nous apprennent que sous son règne la Babylonie fut florissante, qu’il s’appliqua à construire des temples, à creuser des canaux, des forteresses, etc. C’est durant cette période que les enfants de Tharé, ancêtres des Hébreux, quittèrent la Chaldée et la ville d’Ur, pour se diriger, par la Mésopotamie septentrionale, vers la Palestine. À cette même époque, le triomphe de la partie sémitique de la population chaldéenne sur la partie chamitique ou couschite devint définitif : la langue suméro-akkadienne cessa d’être d’usage vulgaire et passa à l’état de langue morte et savante.
Une seconde invasion vint bientôt interrompre la prospérité de Babylone, celle des Kassi, les Cosséens ou Cissiens de la géographie classique, descendus de montagnes à l’est du Tigre. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 31, 124, 128 ; Die Sprache der Kossâer, p. 62-63 ; Pognon, dans le Journal asiatique, 1883, t. ii, p. 422-425 ; Id., Inscription de Bavian, p. 122-124 ; Records of the Past, new ser., t. i, p. 16 ; t. v, p. rai, 107 et suiv. ; The Academy, 13 août 1892, p. 133. Leur domination sur la Babylonie dura près de six siècles (1747-1170), durant lesquels leurs inscriptions montrent qu’ils s’assimilèrent la langue, la civilisation et la religion de leurs sujets ; mais elles sont muettes sur le côté politique, et ce sont les inscriptions assyriennes dites synchroniques qui nous apprennent que dès lors l’Assyrie commença la lutte contre la Babylonie, son ancienne métropole. C’est durant cette même période que la Babylonie entra en relations avec l’Egypte. Les conquêtes des pharaons de la xviii 8 dynastie, principalement Tothmès 1Il et Aménophis II, dans le Boutennou, le Naharanna ou la Syrie, jusqu’à Cadès et Charcamis, leur permirent de soumettre passagèrement au tribut quelques princes babylonieus ou du moins assyriens, et de mentionner comme vassaux les princes d’Assur, Singar ou’Senkéréh, et peut - être Arach. Maspero, Histoire ancienne, 1886, p. 198-204 ; G. Rawlinson, History ofancient Egypt., t. ii, p. 234-235, 255 ; Records of the Past, Annals of Tothmes III, t. ii, p. 46, 49, 61, new ser., t. v, p. 25-42. Mais les tablettes de Tell el-Amarna, tout en confirmant le fait de rapports suivis entre l’Egypte et la Babylonie, nous montrent que les monarques kassites de Babylone traitaient avec les pharaons sur le pied d’égalité ; elles nous permettent aussi de constater qu’à cette époque la civilisation, et probablement l’autorité de Babylone, s’étendaient sur toute la partie occidentale de l’Asie : la langue babylonienne, plus ou moins modifiée, était alors la langue de chancellerie de toute la Syrie et de la Palestine, y compris Jérusalem, dont les Hébreux n’avaient pas encore fait la conquête. Mais comme les inscriptions historiques chaldéennes de cette époque font, pour ainsi dire, totalement défaut, nous ignorons la marche de ces agrandissements successifs de l’influence ou de la domination babylonienne ; toutefois les inscriptions de Tell el-Amarna, émanées un peu de partout, ne laissent aucun doute sur le fait lui-même. Records of the Past, new ser., t. ii, p. 57-71 ; t. iii, p. 55-90 ; t. v, p. 54-101 ; t. vi, p. 46-75 ; P. Delattre, Proceedings of the Society of Biblical Archseology, décembre 1890, p. 127 et suiv. ; H. Winckler, Der Thontafelfund von El-Amarna ; Halévy, dans le Journal asiatique, 1890, t. xvi, p. 298 et tomes suiv.
En tout cas, l’autorité de l’Egypte cessa d’être réelle en Babylonie, si elle l’y fut jamais, dès la XIXe dynastie, surtout vers la fin de cette dynastie, qui marque pour l’Egypte une période d’abaissement. Alors l’Assyrie, qui n’était dans l’origine qu’une colonie babylonienne, commence avec Babylone une série de luttes qui finit par l’extinction de la monarchie assyrienne. Ces luttes, interrompues par des traités de paix peu durables, commencent dès le xive siècle ou la fin du xve. — Babylone secoue le joug des KaSSites vers 1170 ; peu après, de 1055 à 1049, nous voyons roi de Babylonie un Élamite dont le nom nous est
inconnu, non moins que les circonstances qui le portèrent au trône. — En 1049, la Babylonie ressaisit son indépendance ; mais les renseignements historiques nous font à peu près défaut, si l’on en excepte ce qui a trait aux luttes avec l’Assyrie, qui se poursuivent jusqu’à l’ère de Nabonassar. C’est en 747 que ce roi, en babylonien Nabunaçir, monta sur le trône ; toutefois aucun texte n’indique que les Babyloniens eux-mêmes aient réellement pris cette époque comme point de départ de leur comput chronologique. — L’Assyrie était alors une formidable puissance, dont les conquêtes avaient déjà entamé la Syrie et la Palestine. Théglathphalasar, qui y régnait, envahit la Babylonie, dont il se déclara d’abord suzerain ; bientôt il en prit même le titre de roi, et la gouverna deux ans (728-726). Les textes babyloniens le désignent quelquefois sous le nom de Pulu, le Phul de l’Écriture, le Ilwpo « du canon de Ptolémée. Salmanasar, aussi nommé en Babylonie Ulula ( 726-721), régna également sur l’Assyrie et la Babylonie ; mais dès les premières années de Sargon, son successeur, Mérodach-Baladan, appuyé par l’Élam, secoua le joug assyrien et remonta sur" le trône de Babylone (721-709). Sargon finit par le détrôner, et prit comme ses prédécesseurs le titre de roi d’Assyrie et de Babylone (709-704). Sennachérib, son fils, ne régna personnellement sur Babylone que deux ans (704-70.2) ; puis (702 à 688) plusieurs monarques nationaux y prirent le titre de roi, les uns comme vassaux de l’Assyrie, les autres tout à fait indépendants ; parmi ces derniers, il faut noter Mérodach-Baladan (702), le même qui envoya une ambassade à Ézéchias, adversaire, comme Mérodach-Baladan lui-même, de Sennachérib. Les Élamites, ennemis des Assyriens, entretinrent à Babylone toutes ces agitations, auxquelles Sennachérib mit fin en s’emparant de nouveau de la Babylonie, en jetant en prison le roi national Musézib-Mardouk, en battant l’Élam, et en reprenant lui-même le gouvernement de la Babylonie (688-680). Asarhaddon, son fils (680-667), régna sur les deux pays jusqu’en 668, époque où il abandonna l’Assyrie à Assurbanipal, continuant lui-même jusqu’à sa mort, survenue un an plus tard, de gouverner Babylone. Assurbanipal donna comme roi aux Babyloniens son propre frère, Samas-sum-ukin, le EaoaSouxi’vo ; de Ptolémée (667-647). Celui-ci ayant suscité contre son aîné une formidable coalition de tous les tributaires de l’Assyrie, y compris Manassé, roi de Juda, vit ses alliés battus tour à tour, puis son propre royaume ravagé, enfin fut pris et brûlé vif. Assurbanipal réunit encore une fois entre ses mains les deux monarchies (647-625). C’est à Babylone, où il résida lui-même assez longtemps, que Manassé de Juda lui fut amené prisonnier.
Tandis, que vers cette époque et sous les faibles successeurs d’Assurbanipal l’Assyrie eut beaucoup à souffrir d’une invasion des Cimmériens et d’une révolte des Mèdes, Babylone, au contraire, prospéra entre les mains de son roi Nabopolassar, Nabu-abal-usur (625-604), au point que, quand Ninive fut de nouveau assiégée par Cyaxare le Mède, Nabopolassar se joignit à lui pour en finir avec la suzeraineté de l’Assyrie. Ensemble ils prirent et pillèrent Ninive, mirent fin à la monarchie assyrienne et s’en partagèrent les dépouilles (606 [ ?]). Babylone hérita de l’Élam, de la vallée de TEuphrate, de sa suzeraineté ou du moins de ses prétentions sur la Syrie, la Palestine et l’Egypte. Ce dernier pays était alors aux mains d’un prince national, Néchao II ( XXVIe dynastie), qui voulut aussi profiter de la chute de Ninive pour se rendre maître de la Syrie, afin de n’être plus exposé à voir pénétrer jusqu’au cœur de l’Egypte les invasions mésopotamiennes. U envahit donc la Palestine, battit et tua Josias de Juda à Mageddo, IVReg., xxiii, 29 ; II Par., xxxv, 20, conquit le pays jusqu’à TEuphrate, et commença à assiéger Charcamis, Nabopolassar envoya contre Néchao son fils Nabuchodonosor, qui battit les troupes égyptiennes à Charcamis (606[ ?j), reprit possession de la
Syrie, occupée par Néchao, et de la Palestine, où il reçut la soumission de Joakim, et poursuivit le roi d’Egypte jusqu’à Péluse. C’est là que Nabuchodonosor apprit la mort de son père ; il traita donc avec Néchao, se réservant de reparaître plus tard dans la vallée du Nil, et revint en toute hâte à Babylone prendre possession du trône.
Nabuchodonosor (604-561) eut l’un des règnes les plus glorieux et les plus longs de la monarchie babylonienne, et son souvenir éclipsa celui de ses faibles successeurs. Les circonstances l’obligeaient à reprendre pour son propre compte le plan des monarques assyriens Asarhaddon et Assurbanipal : assurer sa domination sur toute l’Asie occidentale, et dans ce but soumettre l’Egypte. Malheureusement les Phéniciens et les Juifs, excités par l’Egypte sans doute, supportaient impatiemment le joug babylonien et négociaient avec Néchao. Instruit de ces intrigues, Nabuchodonosor (602) revint en Palestine, battit Joakim, lui imposa un fort tribut et en exigea des otages. Joakim s’étant révolté de nouveau, comptant sur l’appui de l’Egypte et des Phéniciens de Tyr, attira une seconde fois contre lui l’armée babylonienne : Jéchonias, qui venait de remplacer son père sur le trône (599), fut détrôné, envoyé prisonnier avec dix mille hommes à Babylone, et remplacé par Sédécias. Ce dernier, profitant de quelques embarras survenus à Nabuchodonosor sur les frontières de l’est, renouvela la tentative de ses prédécesseurs, sans plus de succès. Nabuchodonosor revint mettre le siège devant Jérusalem (588), détruisit la ville et le temple. Ce prince fit de nombreuses campagnes, mais il se signala surtout comme infatigable bâtisseur. L’orgueil qu’il en conçut et le châtiment qui le suivit sont racontés dans les Livres Saints, et aussi, fragmentairement, dans les auteurs anciens.
Nous savons peu de chose des successeurs de ce prince ; Evilmérodach (561-559), fils de Nabuchodonosor, fut détrôné et mis à mort par son beau-frère, gendre du même monarque, Nériglissor, Nergal - Sar - icçur (559-556), qui travailla aussi activement à l’embellissement de la capitale ; mais comme à sa mort il ne laissait pour héritier qu’un enfant, le Labosorrakos de Bérose, on pronostiqua que cet enfant régnerait en tyran, et on le mit à mort. Sans doute que sous ces pronostics des astrologues chaldéens se cachait la crainte de n’avoir pour défenseur qu’un enfant, au moment où, sur la frontière de l’est, Mèdes ou Perses donnaient déjà des sujets d’inquiétude. Le chef de la conspiration, Nabonide ou Rabu-nahid, fils d’un grand dignitaire sacerdotal de l’empire, monta sur le trône (555-538) ; mais il s’occupa beaucoup de restaurer les temples anciens de la Chaldée, et trop peu, semble-t-il, de la puissance croissante des Perses ; de plus, le bon accord cessa vite entre lui et ceux qui l’avaient porté à l’empire. Cyrus, qui venait de joindre à son royaume de Perse celui du Mède Astyage profita de cet accroissement de puissance pour déboucher par le nord de la Mésopotamie. Au lieu de marcher à sa rencontre, Nabonide envoya pour protéger la frontière babylonienne son fils Baltassar, Bel-Sar-ufur, qui paraît avoir été associé à l’empire même avant cette époque. Mais Cyrus n’envahit la Babylonie proprement dite que huit ans plus tard, en 538. Nabonide, s’étant porté à sa rencontre, fut battu à Rutu, et se replia sur Babylone. Cyrus l’y suivit, l’y assiégea, et s’empara de la ville un jour de fête, en y pénétrant par le lit de TEuphrate desséché, et sans doute aussi aidé des intelligences qu’il avait dans la place et avec le concours des ennemis de Nabonide. Baltassar fut tué ; quant à Nabonide, Cyrus le fit prisonnier et l’envoya gouverner la Carmanie en qualité de satrape. Gubaru, le Gobryas d’Hérodote, vraisemblablement Darius le Mède de Daniel, fut nommé satrape de Babylone : telle fut la fin de l’empire chaldéen restauré par Nabopolassar, illustré par le long règne de Nabuchodonosor.
Les principales villes chaldéennes gardèrent néanmoins
leur importance jusque sous les Séleucides et les Parthes : Babylone resta même une des capitales de l’empire des Perses. À plusieurs reprises elle tenta de reconquérir son indépendance : Cambyse dut réduire Bardés et un prétendu Nabuchodonosor ; Darius, Nidintabel, puis Arahou, qui se donnèrent comme fils de Nabonide ; en 508, encore sous Darius, Babylone secoua le joug pour vingt ans, mais fut reconquise et démantelée. Une nouvelle révolte la fit saccager par Xerxès. Alexandre voulait la reconstruire et en taire sa capitale ; mais la mort l’en empêcha. Séleucus Nicator reprit son projet, mais après un cour ! séjour dans cette ville, il bâtit non loin de là et sur le Tigre une nouvelle capitale, Séleucie. Plus tard, les Parthes en construisirent une troisième en tace de Séleucie et sur l’autre rive du Tigre, Ctésiphon. Bien que ruinée, saccagée, abandonnée par les nouveaux souverains, Babylone conserva encore les restes de ses temples, de sa religion, de. son antique civilisation, sa langue et jusqu’à son écriture cunéiforme, au delà même de l’ère chrétienne : on possède une inscription datée de l’an m de Pacorus, 81 ans après J. -C. Mais peu à peu la ville se dépeupla, elle tomba en ruines, et ces ruines, comme celles de toutes les vieilles cités chaldéennes qui l’entouraient, servirent de carrières et de matériaux de construction pour toutes les cités arabes qu’on éleva depuis dans ces régions. Le reste du pays demeura à l’abandon : les canaux se comblèrent, de sorte que le sable et les eaux stagnantes des marais couvrent maintenant en grande partie le territoire de l’empire chaldéen.
Soit directement, soit par l’intermédiaire de ses colonies, cet empire contribua-pour sa bonne part à la civilisation du monde occidental. Une famille de Chaldéens, sous la conduite de Tharé, vint se fixer en Palestine ; on sait quelle place à part tient dans l’histoire de l’humanité cette famille chaldéenne, qui devint le peuple juif. Dès cette époque du reste, la langue, l’écriture, et sans doute aussi les arts babyloniens, étaient déjà plus ou moins répandus dans l’Asie occidentale, Syrie, Palestine et Cappadoce. Les Assyriens, — autre colonie chaldéenne, — s’étaient chargés de les propager dans les contrées plus à l’est et au nord. Au point de vue scientifique, les bibliothèques de textes cunéiformes récemment exhumées montrent que les anciens n’avaient point exagéré en attribuant aux Chaldéens l’invention des sciences, mathématiques, astronomie et astrologie : c’est d’eux que nous viennent les anciennes mesures, la division actuelle du temps et de l’espace d’après le système sexagésimal.
L’emplacement de Babylone n’a jamais été ignoré, comme l’a été celui de Ninive : le Babil, le Birs-Nimroud, indiquent par leur nom seul que l’on a toujours reconnu dans ces gigantesques amas de décombres les restes de la vieille capitale. Au sud de Babylone, Niffar (Nippour), Warka (Arach), Senkeréh (Larsa), Mughéii (Ur), furent explorés dès 1849-1855, par les Anglais Loftus et Taylor. En 1851-1854, une expédition y fut envoyée par le gouvernement français, sous la conduite de M. J. Oppert, qui releva le plan de l’ancienne Babylone : la plupart des antiquités découvertes sombrèrent malheureusement dans le Tigre. En 1876, George Smith acheta pour le musée Britannique de Londres environ trois mille tablettes, les Egibi-tablets, provenant de Babylone, et fort utiles pour la chronologie. De 1879-1882, Hormuzd Rassam explora Abou-Habba (Sippara), la Sépharvaïm biblique, où il trouva le temple du Soleil et ses inestimables archives ; le palais de Nabonide, à Borsippa ; Tell -Ibrahim (Gutha). De 1875 à 1880, M. E. de Sarzec fouilla avec grand succès le site nommé actuellement Tell-Loh, l’ancienne Sirpourla ou LagaS, où il découvrit un palais, des statues, des inscriptions, etc., remontant à la plus haute antiquité. De 1884 à 1885, l’expédition américaine de Wolfe fouilla aussi la Chaldée ; et la ville de Niflar-Nippour fut explorée par Peters.
Voir, outre les auteurs cités col. 1109, W. K. Loftus, TraveU and Researches in Chaldma and Susiana, 1857 ; H. "Winckler, Geschichte Assyriens und Babyloniens, 1892 ; J. Menant, Babylone et la Chaldée, 1875 ; J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 1862 ; E. de Sarzec, Découvertes en Chaldée, Paris, 1884 et suiv. ; A. Amiaud, The Inscriptions of Telloh, dans les Records of the Past, newser., t. ietil ; Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek,
t. iii, Berlin, 1800.- BABYLONIEN##
BABYLONIEN (hébreu : bén Babel, « fils de Babylone », Ezech., xxiii, 15, 17, 23 ; ’aniëBâbél, « hommes de Babylone », 11 (IV) Reg., xvii, 30 ; Bablaï, I Esdr., iv, 9 ; BaéuXtovto ; , Baruch, vi, 1 ; Dan., Bel, xiv, 2, 22, 27), habitant de Babylone ou de la Babylonie, ou bien originaire de cette ville et de ce pays. La Vulgate a traduit par Babylonien le nom de Babil ou Babjlone que porte le texte original, IV Reg., xx, 12.
BACA (Vallée de) (hébreu : ’Êméq habbâkâ’; Septante : r » |v xot^âSa toû xXau9|j.ûvoc ; Vulgate : Vallis lacrymarum), vallée par laquelle le poète sacré voit en esprit passer les pèlerins qui se rendent à la sainte montagne de Sion. Ps. lxxxiii (hébreu, lxxxiv), 7. Ce texte est assez obscur, et l’on se demande s’il faut faire de Bâkâ’un nom propre ou un nom commun. Gesenius, Thésaurus lingux hebr., p. 205, rattache ce mot à la racine inusitée s « 3, bâkâ’, identique à nss, bâkâh, « pleurer, » et traduit’Êméq habbâkâ’par « vallée des pleurs ». Il n’admet pas cependant le sentiment des interprètes qui voient ici une vallée de deuil en général : l’article défini placé devant Bâkâ’indique une vallée spéciale, et donne à l’expression’Êméq habbâkâ’le caractère d’un nom propre. À cette signification première de « pleurer » pourrait se joindre celle de l’arbre appelé baka. Certains auteurs, en effet, disent que >03, bâkâ’, a le sens de « dégoutter » ( comme
des larmes) ; d’où le nom pluriel d’nss, bekd’îm, employé
II Reg., v, 23, 24 ; I Par., xiv, 14, pour désigner un arbuste d’où découle un suc résineux semblable au baume..
Cet arbuste, appelé en arabe Sj, bakâ, aurait donné son nom à la vallée. Cf. F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ûber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 109 ; Fr. Delitzsch, Biblical commentary on the Psalms, trad. F. Bolton, 3 in-8°, Edimbourg, 1881, t. iii, p. 6 ; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 128, au mot Bâcha. Delitzsch, ouvr. cité, p. 5, refuse à’Êméq habbâkâ’la signification de « vallée de larmes », parce qu’en hébreu « pleurs » se dit >33, bekî, nsa, békéh, msa, bâkût, et non pas nds,
bâkâ’. D’un autre côté cependant il faut remarquer que toutes les anciennes versions, Septante, Vulgate, paraphrase chaldaïque, syriaque, arabe, ont rendu bâkâ’par un nom commun, et ont vu ici l’idée de pleurs, de deuil. « La Massore, ajoute Rosenmiiller, note que ce mot est écrit une fois avec aleph, lorsqu’il aurait dû être écrit avec hé final. On sait que ces deux lettres permutent souvent ; ainsi nsn, râfâh, II Reg., xxi, 16, 22, avec hé,
est écrit avec aleph, nst, râfâ’, dans le passage parallèle, I Par., xx, 4, 6, 8. » Scholia in Vêtus Testamentum, Psalmi, Leipzig, 1823, t. iii, p. 1467.
Si maintenant nous étudions le contexte, voici comment la strophe du Ps. lxxxiv doit se traduire d’après l’hébreu :
ꝟ. 6. Bienheureux l’homme (ou ceux) dont la force est en toi ;
Des routes ( sont) dans leur cœur. % 7. Passant par la vallée de Baka,
Ils la changent en un lieu de sources ; ꝟ. 8. La pluie ( la) couvre aussi de bénédictions*
Ils vont de force en force ;
Ils apparaissent devant Dieu dans Sion.
D’après plusieurs auteurs récents et autorisés, l’idée développée dans cette strophe est celle d’un pieux pèlerinage dont le sanctuaire de Sion est le terme ; nombreux sont les obstacles, mais avec l’aide de Dieu on est sur de les surmonter. Ces « routes » que les Israélites fidèles « ont au cœur », c’est-à-dire qui sont l’objet constant de leurs pensées et de leurs affectueux désirs, ne représentent pas une marche morale ou mystique ; les « sentiers » tout court ne désignent pas ordinairement les « voies de Dieu ». Elles indiquent plutôt l’ensemble des chemins qui, de tous les points de la Palestine, conduisent à Jérusalem. Au moment venu, c’est-à-dire aux principales fêtes de l’année, les pieux pèlerins les parcourent avec courage, sans se laisser arrêter par les difficultés. Leur foi et leur saint enthousiasme transforment, pour ainsi dire, en fraîches et délicieuses oasis les endroits les plus arides qu’ils doivent traverser, — comme la vallée de Baka, — et produisent sur ces ciéserts le même effet qu’une pluie bienfaisante ou une source d’eaux vives., Cf. L. Cl. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1892, t. iv, p. 259-260 ; H. Lesétre, La Sainte Bible, le livre des Psaumes, Paris, 1883, p. 401 ; .J. A. van Steenkiste, Liber Psalmontm, Bruges, 1886, t. n„ p. 746-747.
En somme, on peut prendre Baka pour un nom propre avec un sens symbolique. Mais où se trouvait cette vallée ? on n’en sait rien. L’Ouadi el-Bakd, *LCJ ! ^àlj, « vallée des pleurs, » signalé par Burckhardt dans l’a contrée du Sinaï, doit son nom à une circonstance toute particulière et n’a aucun rapport avec le cantique sacré. Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 619. E. Renan, dans sa Vie de Jésus, Paris, 1863, p. 69, place cette localité à Ain él-Haramiyéh, à peu près à mi-chemin entre Nâplouse et Jérusalem, et, d’après lui, dernière étape des. pèlerins qui venaient du nord à la ville sainte. « La vallée est étroite et sombre ; une eau noire sort des rochers percés de tombeaux qui en forment les parois. C’est, je crois, la « vallée des pleurs », ou des eaux suintantes, chantée comme une des stations du chemin dans le délicieux psaume lxxxiv, et devenue, pour le mysticisme doux et triste du moyen âge, l’emblème de la vie. Le lendemain, de bonne heure, on sera, à Jérusalem ; une telle attente, aujourd’hui encore, soutient la caravane, rend la soirée courte et le sommeil léger. » Renan donne à baka" le sens de « suinter » ; mais Delitzsch, ouvv. cité, p. 6, fait justement remarquer que cette idée est rendue dans Job, xxym, 11, par >sa, behî,
et non par >oa, bâkâ’. Ensuite cette application ne concorde pas avec le texte sacré, qui nous représente la vallée de Baka comme une contrée aride, ce que n’est pas Aïn, élrHaramiyéh, dont l’auteur assombrit un peu le tableau.
- BACBACAR##
BACBACAR (hébreu : Baqbaqqar ; Septante : Bux6ax6p), lévite de la descendance d’Asaph, un des premiers habitants de Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 15. Selon la Vulgate, il aurait été charpentier : carpentarius. Mais le texte hébreu porte hérés, dont la signification est sans doute « ouvrage d’artisan », mais qui ici est plus probablement un nom propre. Pour donner à ce mot le sens d’artisan, il faut changer les points-voyelles et lire « JjtârâS ».
- BACBUC##
BACBUC (hébreu : Baqbûq, abrégé de Baqbuqyâh (cf. H Esdr., xi, 17 ; xii, 9, 25, hébreu), « Jéhovah dévaste, dépeuple, » allusion à la captivité de Babylone ; Septante : Baxêoûx), Nathinéen dont les fils revinrent de la captivité avec Zorobabel. I Esdr., ii, 51 ; II Esdr., vu, 53 (hébr., 35).
- BACCHIDE##
BACCHIDE (Septante : Baxx’8°/1 ?> « fils deBacchus » ), un des généraux de l’armée syrienne sous AntiochusEpiphane, qui avec Timothée fut défait par Judas Machabée. II Mach., viii, 30. II devint gouverneur de Mésopotamie,
I Mach., vii, 8, et fut honoré du titre d’ami du roi (col. 480) à la cour de Démétrius Soter. Ce prince l’envoya à trois reprises différentes en Palestine à la tête d’une nombreuse armée. La première fois, ce fut pour mettre le traître Alcime en possession du souverain pontificat (col. 339). Après s’être emparé de Jérusalem, il fit mettre à mort une foule de zélateurs de la loi, et, laissant au nouveau pontife un corps de troupes syriennes capable de le défendre contre les entreprises des Machabées, il retourna à Antioche. I Mach., vii, 8-20. Mais, quelques mois après, Alcime était expulsé, et Nicanor, battu à Capharsalama, trouvait la mort dans un second combat près de Béthoron. I Mach., vii, 25-47. Bacchide dut revenir avec de nouvelles forces. Il rencontra dans la haute Galilée l’armée des Juifs, réduite à 800 hommes. Judas par sa valeur qui suppléait au nombre allait encore l’emporter, lorsqu’il se vit tourné par l’ennemi et tomba glorieusement sur le champ de bataille de Laïsa. I Mach., ix, 18. Délivré de ce redoutable ennemi, Bacchide put rétablir la domination syrienne dans le pays malgré Jonathas, qui continuait à tenir les montagnes du Sud. Celui-ci même n’échappa que grâce à son audace. I Mach., ix, 15. Maître de presque toute la Palestine, le général de Démétrius fortifia plusieurs places, y laissa des garnisons, prit des otages et s’en retourna près de son maître, qui devait avoir reçu la lettre écrite par le sénat romain en faveur des Juifs. I Mach., ix, 52-57. Deux années à peine écoulées, la faction syrienne le rappela. Le succès ne répondant pas à l’espérance, dont il s’était flatté, d’anéantir l’insurrection, il tourna sa colère contre les Juifs infidèles qui l’avaient appelé. Jonathas, voyant qu’il voulait la paix, lui envoya des ambassadeurs : les conditions furent acceptées, et Bacchide s’en revint dans son pays. I Mach., ix, 72. E. Levesque.
- BACCHUS##
BACCHUS (grec : AkStoito ; ; Vulgate : Liber), II Mach., VI, 7 ; XIV, 33, fils de Jupiter et de Sémélé, d’après la
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411. — Bacchus. Peinture de Pompéi.
Real Museo Borlxiiieo, Naples, 1830, t. vi, pL 5Î.
fable (fig. 411). Bacchus (Ba’xx « Ç> de pâîw, « bavarder » ) est un surnom sous lequel fut adoré à Rome le dieu grec du viii, Dionysos. Le culte de ce dieu, étroitement lié à celui de Déméter, la terre mère ou nourrice, eut d’abord pour objet de glorifier la force génératrice que le soleil communique à la terre, et qui fait naître de son sein les deux principaux aliments de l’homme, le froment et le fruit de la vigne, le pain et le vin. Ce culte paraît 137E
BACCHUS
1376
s’être maintenu pendant de longs siècles, à Eleusis, dans sa pureté primitive ; mais partout ailleurs, et dans Athènes même, aux fêtes de Dionysos, il fut l’apothéose de l’ivresse et de ses plus déplorables conséquences, le transport furieux et les excès du libertinage. Plusieurs des surnoms de Dionysos font allusion aux effets du vin pris outre mesure : Bpi<rafo ; , de ppiSm, « être appesanti ; » ’Iocxxo ; , ’Ijjtoç, d’ià-^ti), « crier j » tri, « clameur, s C’était honorer
cives, telles que la cordace et la sicinnis, Lucien, De sait., xxii, exécutées au son des flûtes, des syrinx, des crotales, des cymbales et des tambours, mêlaient aux accents de la voix le fracas d’une délirante musique. Ces sons pressés, bruyants, et cette danse voluptueuse, ne tardaient pas à exciter l’enthousiasme déjà préparé par l’ivresse, puis la stupeur et l’extase. Dans cet état, les femmes, qui ne s’appartenaient plus, devenaient capables
412. — Bacchantes. Peinture de vase, fabrique d’Hiéron. D’après Gerhard, Trlnkschalen und Ge/dsse Ses TsSnigl. Muséum za Berlin. Taf. rv et v.
le dieu que de s’enivrer, ou au moins de simuler l’ivresse pendant les Lénéennes et les Dionysiaques (fig. 412).
Les noms des compagnes du dieu ne sont pas moins significatifs ; ce sont les Ménades, (iouvocSei ; , « femmes en délire, » et les Thyades, 6ucî8sç, « celles qui bondissent avec fureur, » de ôûto, « se précipiter. » Tout se réunissait pour les mettre hors d’elles-mêmes, le chant, la musique, la danse et jusqu’à l’heure de la fête. À l’entrée de la nuit, un dithyrambe chanté sur un mode phrygien violent et passionné pressait les femmes d’aller errer jusqu’au jour dans les solitudes des montagnes voisines. Des danses las des actes les plus sauvages. Écoutez les Bacchantes d’Euripide : « Oh ! quelle joie, dans les montagnes, portant la sainte peau de cerf, ou de suivre le chœur rapide, ou de s’en séparer, pour se jeter sur la terre et y déchirer de ses mains les chairs saignantes des boucs ! » Euripide, Bacchantes, p. 135. Voir la traduction dans Patin, Tragiques grecs, t. iii, p. 420. C’étaient les malheureuses bêtes amenées pour le sacrifice qu’elles dépeçaient toutes vivantes. Plus de six siècles après Euripide, Arnobe, t. v, col. 1118, reprochait les mêmes fureurs aux Ménades ses contemporaines. « Dans ces bacchanales, dit-il r
auxquelles vous donnez le nom d’Omophagies, vous enroulez des serpents autour de vous, et pour faire voir que vous êtes remplies de la majesté d’un dieu, vous mettez en pièces, de vos dents ensanglantées, malgré les cris des victimes, les viscères de quelques boucs. »
On célébrait les Omophagies (repas de chair crue) en l’honneur de Dionysos Omestès (mangeur de chair crue) ; or il fallait à ce dieu, même chez les Grecs, des victimes humaines. La veille de la bataille de Salamine, pendant que Thémistocle offrait sur sa trirème un sacrifice aux dieux, on lui amena trois jeunes prisonniers d’une beauté remarquable, qu’on disait neveux de Xerxès. Aussitôt le devin Euphrantide prit l’amiral par la main et lui ordonna d’immoler ces jeunes gens à Bacchus Omestès. Thémistocle obéit. Plutarque, Themist., xm.
Si le dieu de l’ivresse inspire la cruauté, il excite plus
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418. — Bacchus sur une monnaie de Maronée (Thrace).
Tête, de Bacchns, couronné do pampres. — Sj. AI0NT2OT SQTHPOS MAPONITQN. Bacchus, debout, tenant un raisin de la main droite.
directement encore au libertinage. Les poètes grecs l’ont bien compris ; on le voit par le langage qu’ils prêtent à leurs Ménades (Euripide, Bacch., 400 et suiv. ; Aristophane, Acharn., 1085), et aussi par les processions qu’on célébrait en l’honneur du dieu dans la fête des Dyonisiaques ou Bacchanales. Dans les Acharniens, Aristophane décrit une de ces fêtes. Un personnage de la pièce, Dicéopolis, organise, au début de la comédie, une procession bachique en miniature ; sa tille marche la première, faisant fonctions de canéphore ; un esclave la suit, portant un emblème obscène, et Dicéopolis ferme la marche, en chantant un hymne digne du dieu qu’on honore. Acharn., 260. Les processions véritables (6îac701) étaient encore plus scandaleuses : des silènes ouvraient la marche, des satyres étaient disséminés sur les flancs de la colonne pour y maintenir l’ordre, distingués les uns et les autres par leurs honteux attributs ; et vers les derniers rangs de la pompe mystique, l’impur symbole, de dimensions colossales, apparaissait, porté en triomphe sur un char splendide. Athénée, V, 27-32, édit. Teubner, 1887, t. i, p. 438-449 ; Hérodote, ii, 48, 49. Les hommes et les femmes, qui jouaient le rôle de Ménades, portaient le tbyrse et étaient couronnés de lierre, la plante consacrée â Bacchus, surnommé xMjsoSéto ; , « ceint de lierre. » Hedera gralissima Baccho, « le lierre est très agréable à Bacchus, » dit Ovide, Fast., iii, 767. Cf. Longus, Past., iii, 7 ; Nonnus, Dionys., viii, 8 ; Plutarque, De Isid. et Osir., 37. Le dieu lui-même était figuré comme un jeune homme efféminé (9r)Xû(iop<poî, Euripide, Bacch., 353 ; Eusèbe, Chronic., il, t. xix, col. 397-398), avec une guirlande de lierre autour de ses cheveux. Strabon, xv, p. 1038. Une médaille de Maronée représente une tête de Bacchus couronné de lierre (fig. 413). Voir J. Nicolai, De rilu antiquo Bacchanal. , dans Gronovius, Thésaurus antiquitatum grœcarum, t. vii, p. 173-220.
Ce culte sensuel et sanguinaire fut introduit en Asie par les Séleucides. À cause de son caractère licencieux, il devait particulièrement répugner aux Juifs fidèles ; aussi
D1CT. DE LA BIBLE
leur persécuteur, Antiochus IV Épiphane (175-164 avant J.-C.), ne trouva-t-il rien de mieux, pour les initier aux mœurs païennes, que de les forcer à prendre part aux processions dionysiaques (Sioviioia), la tête couronnée de lierre. II Macb., vi, 1. La participation forcée à ce culte impie inspira aux Juifs une telle horreur j que, quelques années plus tard (161-160 avant J.-C), Nicanor les menaçait, comme dune des choses qui pouvaient leur être le plus pénibles, de consacrer à Bacchus le temple de Jérusalem. II Mach., xiv, 33. Le troisième livre des Machabées, xi, 29, dans la Bible grecque, raconte que Ptolémée IV Philopator (222-204 avant J.-C.) avait auparavant, à Alexandrie, fait marquer des Juifs au fer rouge « d’une feuille de lierre, insigne de Bacchus », nxçxa^if Acovucrou xtaToçuXXti »
Malgré cette antipathie si marquée des Juifs pour le culte de Bacchus, les Grecs et les Romains s’imaginèrent néanmoins que c’était ce dieu que les descendants de
414.— Bacchus sur une monnaie d’^Elia Capitonna (Jérusalem). 1MP ANTONINO AVG P P P ( Pio Patrl Palrtœ). Buste d’Antonin le Pieux, à droite, couronné de laurier, avec le paludamentum. — fy COL AE[I<]IA CAP. Bacchus, debout, tenant un raisin de la main droite et une lance de la main gauche ; à ses pieds une panthère.
Jacob honoraient dans la fête des Tabernacles, parce qu’ils habitaient alors dans des tentes de feuillage, etc. Plutarque, Sympos., IV, 6, 2. Tacite avait mieux jugé, malgré les erreurs dans lesquelles il est tombé au sujet des Juifs, lorsqu’il avait dit, Hist., v, 5, qu’on ne pouvait assimiler les rites judaïques aux cérémonies dionysiaques : « nequaquam congruentibus institutis. » Cf. J. Nicolai, De phyllobolia, XIV, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxx, col. mcclxv. Les païens n’en voulurent pas moins considérer Jérusalem comme l’un des sièges du culte de Dyonisos, et les monnaies d’^Elia Capitolina représentent ce dieu avec la panthère (fig. 414). Voir F. Madden, Coins of the Jews, 1881, p. 252-253. C. Desroziers.,
- BACCI André##
BACCI André, médecin et philosophe, mort en 1587, surnommé Elpidianus, du lieu de sa naissance, Sant’Elpidio, dans la marche d’Ancône ; il professa la bota* nique à Rome, et fut le médecin de Sixte - Quint. Après la mort de ce pontife, le cardinal Ascanio Colonna l’attacha à sa personne. Parmi ses écrits, qui lui valurent une grande réputation, nous citerons seulement : Discorso dell’Alicorno, délia natura dell’Alicorno et délie sue excellentissime virtu, in-4° Rome, 1573, 1587 ; in-8°, 1582 ; — Délie 42 Piètre preziose che risplendevano nella veste del somma sacerdote, in-4°, Rome, 1581. — Voir Saxius, Onom. Htter., t. iii, p. 462, 654.
- BACELAR Antoine##
BACELAR Antoine, appelé aussi Barcellos, mineur observant portugais, a publié : Evangelium apologeticum pro consanguinitale S, Jacobi cum Christo Domino, in-4°, Coïmbre, 1631. P. Apollinaire.
- BACÉNOR##
BACÉNOR (Grec : Baxrjvwp), officier de cavalerie dans l’armée de Judas Machabée. II Mach., xii, 35. Quelques exégètes ont entendu la locution grecque : « tûv toû Bax-fjvopoç, » du nom de la compagnie à laquelle appartenait Dosithée, le cavalier qui poursuivit Gorgias.
- BACHIÈNE Guillaume Albert##
BACHIÈNE Guillaume Albert, ministre protestant et
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géographe, hollandais, né à Leerdam en 1712, mort en 1783. En 1733, il était nommé prédicateur de la garnison de Namur, et, en 1737, ministre à Eulenburg, où il resta jusqu’en 1759. Appelé à Mæstricht, il y professa l’astronomie et la géographie. Il a laissé une importante description de la Terre Sainte, sous le titre de Aardrijkskundige Beschrijving van het Joodsche Land, 1765,
9 cah. et 12 cartes.1. BACMEISTER Lucas, ministre luthérien, né à Lunebourg, en Saxe, le 18 octobre 1530, mort le 9 juillet 1608. Il étudia la théologie* à Wittenberg, et fut précepteur des fils de Christian III, roi de Danemark. Il fut ensuite professeur et ministre à Rostock, où il mourut âgé de soixante-dixhuit ans. Nous citerons de lui : Disputatio complectens summam et ordinem doctrinse in epistola ad Bebrseos traditse, de sacerdotio et sacrificio Christi, instituta, ut sludiosi ad leclionem ejus epistoUe invitentur, in-8°, Rostock, 1569 ; Brevis explicatïo in historiam passionis, mortis et resurrectionis Christi,
, in-8°, Rostock, 1572, 1577 ; Explicatio Threnorum, in-8°, Rostock, 1603. Ce dernier ouvrage est quelquefois attribué à son fils. — Voir P. Tarnovius, Oratio de vita et obitu L. Bacmeisteri, in-4°, Rostock, 1C08 ; Dupin, Bibl. des auteurs séparés de l’Eglise romaine du xrn" siècle, Paris, 1719, t. ii, p. 34 ; Krey, Rostocker Gelehrten, t. iv, p. 33, Appendix, p. 26.
2. BACMEISTER Lucas, fils du précédent, théologien et ministre luthérien, né à Rostock en 1570, mort en 1638. Il étudia d’abord le droit, puis la théologie, et en 1600 il lut admis à professer à Rostock. En 1604, il était surintendant de cette ville, et l’année suivante était reçu docteur en théologie. Il fut ensuite surintendant des églises de Gustrow. Ses ouvrages ont souvent été confondus avec ceux de son père. Parmi ses écrits, nous mentionnerons : Explicatio. septem Psalmorum pœnitentialium et Psalmorum xvi, xvii, xxi, xxii, in-8°, Rostock, 1603 ; Explicatio typorum Veteris Testamenti adwmbrantium Christum ejusque personam, sacerdotiwn et bénéficia, in-8, Rostock, 1604. — Voir Jdcher, Attgemeines Gelehrten-Lexicon, Rostock, 1608, art. Bacmeister ; J. Custerus, Memoria L. Bacmeisteri oratione parèntali posteritati
consecratse, in-4°, Rostock, 1639.1. BACON Jean. Voir Jean de Baconthorp.
2. BACON Roger, frère mineur, docteur d’Oxford, fut un des savants les plus merveilleux du xme siècle, où on lui donna le surnom de Docteur admirable. Toutes les sciences lui étaient familières ; mais il paraissait se livrer avec plus d’inclination à l’étude des mathématiques et de la chimie, au point qu’il s’est trouvé en mesure de prévoir les progrès qu’elles feraient jusqu’au siècle présent. Par suite, il fut, dit-on, accusé de magie, et eut à se rendre à Rome pour se justifier, ce à quoi il réussit. H est mort, croiton, en 1284, laissant des œuvres extrêmement nombreuses, parmi lesquelles on distingue : 1° Super Psalterium, dont le manuscrit est indiqué au catalogue de la bibliothèque Bodléienne, folio 148, cod. 2764, n. 7. — 2° De Vulgala editione SS. Bibliorum ad Clementem papam. Ibid., folio 88, cod. 1819, n. 218.
— 3° De Sacrée Scripturse profundis mysteriis. Catalogue de la bibliothèque Gray, à Londres, t. ii, fol. 42, cod. 22. Les écrits de Bacon contiennent aussi de précieux renseignements pour l’histoire de la Vulgate latine. Voir E. Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, in-8°, Paris, 1861 ; L. Schneider, Roger Bacon, in-8°, Augsbourg, 1873 ; P. Martin, La Vulgate latine au xiw siècle, d’après Roger Bacon, in-8°, Paris, 1888.
P. Apollinaire.
- BACUEZ Nicolas Louis##
BACUEZ Nicolas Louis, né à Loison (Pas-de-Calais) le 3 février 1820, mort au séminaire de Saint -Sulpice,
à Issy, le 31 août 1892. Il fit de solides études au petit séminaire d’Arras, et, en 1842, vint au séminaire de Saint-Sulpice achever son éducation ecclésiastique. Entré dans la compagnie de Saint -Sulpice, il fut envoyé à Rodez, puis à Lyon, pour y enseigner successivement la philosophie et la théologie morale. Il devint ensuite supérieur du séminaire de philosophie à Angers et à Nantes. Appelé à Paris, en 1864, pour un cours d’Écriture Sainte, il le fit jusqu’à la fin de l’année scolaire 1891-1892. Il a publié plusieurs ouvrages de piété remarquables, et de plus des Questions sur l’Écriture Sainte, ou Programme détaillé pour servir de guide dans l’étude des Saints Livres, avec indication des difficultés à résoudre, des recherches à faire et des ouvrages à consulter, à l’usage des jeunes ecclésiastiques et des prêtres du ministère, par un directeur du séminaire de SaintSulpice, 2 in-8°, Paris, 1874. Les solutions ne sont pas données, mais l’ensemble des questions met sur la voie. Son but était d’éveiller l’esprit, de lui faire trouver la vérité, selon la méthode de Socrate. Mais on attendait la réponse à ces questions ; il la donna sous forme de Manuel pour le Nouveau Testament : Manuel biblique, Nouveau Testament, 2 in-12, Paris, ouvrage devenu classique dans les séminaires de France et de l’étranger. La première édition est de l’année 1878, et depuis, jusqu’à la mort de l’auteur, sept éditions toujours améliorées ont paru. Érudition et modération, précision et piété : telles sont les qualités de ce Manuel, fruit de longues réflexions et de patientes recherches. Il procède par questions et par réponses, estimant que cette méthode, malgré ses inconvénients, est plus avantageuse pour l’enseignement. Voir C. Le Gentil, M. Bacuez, directeur au séminaire Saint-Sulpice, in-12, Arras, 1892. E. Levesque.
- BADACER##
BADACER (hébreu : Bidqar, pour Ben deqar, « perforant ; » Septante : BaSexip), salis (voir col. 979) de Jéhu, roi d’Israël. Il reçut l’ordre de jeter le corps de Joram, fils d’Achab, dans le champ de Naboth de Jezraël. IV Reg., ix, 25, 26.
- BADAD##
BADAD (hébreu : Bedad ; Septante : Bapiô), père d’Adad, un des rois de l’idumée. Gen., xxxvi, 35 ; I Par., i, 46.
- BADAÏAS##
BADAÏAS (hébreu : Bêdeyâh, probablement abréviation de’âbêdeyâh, « serviteur de Jéhovah ; » Septante : BaSi’ta), un des fils de Bani qui, au retour de la captivité, se séparèrent des femmes qu’ils avaient prises contre les prescriptions de la loi. I Esdr., x, 35.
BADAN. Hébreu : Bedân, peut-être abrégé de’Abdân, comme en phénicien : Bodostor, pour Abdastor ; d’autres préfèrent l’étymologie Bén-Dân, « fils de Dan, Danite. » Nom de personnes.
1. BADAN (Septante : Bapetx), personnage mentionné comme juge d’Israël dans un discours de Samuel au peuple. I Reg., xii, 11. On croit que ce nom de Badan ne désigne pas un juge distinct de ceux que nous connaissons par le livre qui porte leur nom ; car on ne saurait guère admettre que la Bible, en racontant leur histoire, ait gardé un silence absolu sur un homme que Samuel place à côté des plus illustres libérateurs ; et cette omission serait encore plus invraisemblable si l’on admet, comme le font plusieurs, que Samuel est l’auteur du livre des Juges. Aussi les interprètes s’accordent-ils généralement à dire qu’il faut reconnaître dans le nom de Badan quelqu’un des juges dont les Livres Sai..ts nous ont conservé le souvenir. Mais l’accord cesse quand il faut décider lequel d’entre eux est désigné par ce nom de Badan.
Quelques-uns veulent que ce soit Abdon, Jud., xii, 13-15, parce qu’on trouve dans les deux mots Abdon et
Badan les mêmes consonnes b, d, n. Certains autres identifient Badan avec Jaïr, Jud., x, 3, qu’on aurait appelé Badan, I Par., vii, 17, peut-être afin de le distinguer (si toutefois ce sont deux individus différents) d’un autre Jaïr, descendant comme lui de Manassé. Num., xxxii, 41. Mais la solennité des circonstances dans lesquelles Samuel parle au peuple, et l’importance du rôle qu’il attribue aux héros dont il parle, ne permettent guère de croire qu’il soit question ici soit d’Abdon, soit de Jaïr, deux juges dont l’Écriture ne nous raconte aucun exploit particulier.
BeaueoujTd’exégètes, adoptant la leçon de la paraphrase chaldaïque, voient dans Badan un surnom de Samson. Le fléau des Philistins étant de la tribu de Dan, Badan équivaudrait à Ben-Dan ou Be-Dan, et signifierait « fils de Dan », c’est-à-dire Danite. Mais, comme le fait observer dom Galmet, In I Reg., xii, 11, « il est sans exemple et contraire à toute l’analogie de la langue sainte de nommer vin Danite Bé-Dan, non plus qu’un homme de Juda Bé-Juda, ou un homme d’Ephraïm Bé-Éphraïm. » Ce sentiment ne paraît pas d’ailleurs pouvoir se concilier avec Hebr, , xi, 32 ; voir ci-dessous.
D’autres enfin pensent que Badan a été écrit pour Barac, par suite d’une erreur de copiste, à cause de la similitude des lettres d, T, et r, n ; n final, , et qopk, p. Cette explication offre bien quelques difficultés chronologiques, puisque d’abord, d’après I Reg., xii, 10°, Badan serait postérieur à la servitude des Chananéens, et que, en second lieu, il serait venu après Gédéon. I Reg., xii, 11. Mais ces difficultés n’ont pas ici l’importance qu’elles pourraient avoir ailleurs, parce que Samuel, dans son discours, ne s’astreint nullement à suivre l’ordre chronologique. Ainsi l’oppression des Moabites y vient après celle des Chananéens, I Reg., xii, 9, qu’elle a précédée d’après Jud., iii, 12-30 ; iv. De même le prophète ne fait pas correspondre exactement les noms des peuples ennemis d’Israël avec les noms des libérateurs qui les ont vaincus. I Reg., xii, 9, 11. De plus, tandis qu’il mentionne Gédéon et Jephté, il passe sous silence les Madianites et les Ammonites, battus par eux. Rien d’étonnant par conséquent si Badan vient après l’oppression chananéenne, et si, dans l’énumération des Juges, il est placé après Gédéon. Saint Paul, Hebr., xi, 32, qui répète avec une légère modification le passage de I Reg., xii, 11, nomme aussi Barac après Gédéon, qui lui est certainement postérieur ; de même qu’il nomme Samuel après David, sans doute pour le rattacher aux « prophètes », dont il ouvre la série.
Ce passage de saint Paul offre un argument sérieux, quoique indirect, pour l’identification de Badan et de Bàrac ; car, selon toute apparence, c’est un emprunt fait à I Reg., xii, 11 ; or, à l’endroit même où Samuel place Badan, saint Paul met Barac. À cette preuve indirecte s’en ajoute une autre directe, tirée des Septante, du syriaque et de l’arabe, qui lisent Barac, I Reg., xii, 11 ; et c’est d’après les Septante sans doute que saint Paul a mis Barac dans son énumération. Enfin certaines Bibles hébraïques portent aussi le nom de Barac ; c’est donc probablement le nom qu’il faut lire au lieu de Badan. L’omission de Barac serait d’ailleurs bien surprenante dans un texte où le seul général ennemi nommément désigné est précisément Sisara, celui auquel Barac infligea une défaite si mémorable, tandis que la mention de son nom dans ce passage est au contraire toute naturelle. E. Palis.
2. BADAN (Septante : BaSin ; Codex Alexandrinus : BaSàv), fils d’Ulam, le fils de Galaad dans la descendance de Manassé. I Par., vii, 17.
- BADEHORN Sigismond##
BADEHORN Sigismond, théologien luthérien, né à Grossenhayn le 21 mai 1585, mort à Grimma le 6 juillet 1626. Il fit ses études à Leipzig, où il devint profes seur de langue hébraïque. On a de cet auteur : Armatura Davidica, in-4°, Leipzig, 1620 ; Explicatio psalmi xxv r in-4°, Leipzig, 1622. — Voir Adelung, Suppl. à Joche*, Allgem. GelehrtenLexicon ; Diettmann, Chursâcksische
Priesterschaft, t. ii, p. 1071.BADER Car], bénédictin d’Ettal, en Bavière, vivait dans la première moitié du XVIIIe siècle. Il reste de lui : Saul, Israélitarum ex-rex, 1708 ; Samson Philistxorum flagéllum, 1709 ; Patientia calamitatum victrix in Job, Hussxo principe, 1711. — Voir Ziegelbauer, Hist. rei litterarise ordinis S. Benedicti, t. iv (1754), p. 622 ; Adelung, Suppl. à Jdcher, Allgem. Gelehrten -Lexicon.
- BADET Arnaud##
BADET Arnaud, dominicain français de la province d’Aquitaine, mort après 1534. Théologien renommé, il remplit divers emplois importants dans son ordre, et en 1531 fut nommé inquisiteur général. Nous avons de cet auteur : Margarita Sacrai Scripturse, in-4°, Lyon, 1529. — Voir Échard, Scriptores ord. Prxdicatorum,
t. n (1721), p. 96, 332.- BADUEL Claude##
BADUEL Claude, théologien calviniste, mort en 1561. Né à Nîmes, il dut son éducation à la reine de Navarre, sœur de François I er. Jeune encore, il obtint une chaire à Paris, qu’il conserva jusqu’à ce qu’il revînt dans sa ville natale, comme recteur Tl’un collège qui venait d’y être fondé. En 1555, il se retira à Genève, afin d’y professer librement les erreurs calvinistes qu’il avait embrassées avec ardeur. Il devint même ministre de cette secte, et enseigna dans cette ville la philosophie et les mathématiques. C’est à ce théologien que sont dues les annotations qui accompagnent les livres deutérocaniques dans la Bible publiée, en 1557, par Robert Estienne : Biblia utriusque Testamenti ( latine Vêtus juxta edilionem Vulgatam. .. additis quoque notii Claudii Baduelliin libros Veteris Testamenti quos protestantes vacant apocryphos). On cite encore de lui : Orationes quatuor natalitise de ortu Jesu Christi, Lyon, 1552.
- BAENG Pierre ou Bsengius##
BAENG Pierre ou Bsengius, théologien suédois, né à Helsinborg en 1633, mort évêque luthérien de Wiborg en 1696. Il fut professeur à l’université d’Abo. On a de lui un commentaire latin assez estimé : Commentarius in epistolam ad Hebrœos, in-4°, Abo, 1671.
G. Thomasson de Gournay.
- BAËR Frédéric Charles##
BAËR Frédéric Charles, théologien protestant, né à Strasbourg le 15 novembre 1719, et mort dans cette ville le 23 avril 1797. Parmi ses ouvrages, nous mentionnerons : Dissertation philologique et critique sur le vœu de Jephté, in-8°, Paris et Strasbourg, 1765. — Voir Quérard, La France littéraire, t. i, p. 150.
- BAEZA##
BAEZA (Diego de), commentateur espagnol, né â Ponferrada en 1600, mort à Valladolid le 15 août 1647. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Salamanque, en 1618. H enseigna la philosophie à Palencia et à Valladolid. Appliqué ensuite à la prédication, il y acquit une grande réputation. Il a publié : Commentaria moralia in Evangelicam historiam, 4 in-f°, Valladolid, 1623-1630 ; réimprimé à Venise, Paris, Lyon, Cologne. Le premier volume contient « Divi Josephi, B. Marias et Christi magnalia » ; le deuxième, « Vocationes et conversiones a Domino Jesu peractæ omnia illius miracula et nobiliores prophetias adimpletas ; » le troisième, « Prophefee a Jesu dicta ? et nondum adimpletee, ejus sermones et in illis apertiores similitudines ; » le quatrième, « Parabolae et historiae adductse a Jesu. » — Commentaria allegorica et moralia de Christo figurato in Veteri Testamento, 7 in-f°, Valladolid, 1632 et suiv. ; réimprimé à Lyon, Paris et Venise. Le premier volume comprend Adam, Jacob, Isaac et Daniel ; le deuxième, Moïse ; le troisième, Abraham et Josué ; le quatrième, David ; le
cinquième, Salomon, Absalom et Caïn ; le sixième, Esther, Joseph, Susanne, Michée et Naboth ; le septième, qui est posthume, Jérémie. — Ces ouvrages du P. Bæza eurent une grande vogue, surtout parmi les prédicateurs.
C. SOMMERVOGEL.
- BAGATHA##
BAGATHA (hébreu : Bigfâ’; en persan : Bagâta, « fortuné ; » Septante : BapaCî), un des sept eunuques à la cour d’Assuérus. Esth., i, 10.
- BAGATHAN##
BAGATHAN (hébreu : Bigfân et Bigfdnâ’; en perse : Bagadâna, « don de Dieu » ; Septante, Txêatàa [avant le chap. I ; ailleurs ils omettent ce nom ]), un des deux eunuques de la cour d’Assuérus, qui formèrent le dessein d’assassiner le roi (voir col. 1143). Mardochée eut connaissance du complot, qu’il découvrit au roi par l’intermédiaire d’Esther ; et les deux eunuques fuient pendus. Ils étaient « gardiens du seuil » du palais ; les Septante, qui omettent leur nom, lés appellent àp-/io-<<)jj.aT091lXaxe ; , « chefs des gardes du corps. » Ils prétendirent que le motif de leur mécontentement était la préférence que le roi montrait pour Mardochée. Mais il n’est pas probable que ce dernier fût déjà connu d’Assuérus ; car, après la découverte du complot, il ne reçoit aucune récompense ; il ne paraît pas avoir attiré l’attention du roi. Esth., ii, 21 ; "vi, 2 ; xii, 1. E. Levesque.
- BAGOAS##
BAGOAS, forme grecque* du nom de l’eunuque d’Holopherne, dont le nom est écrit Vagao dans la Vulgate, Judith, xii, 11, 13, 15, etc. Voir Vagao.
BAGUE) anneau que l’on porte au doigt. Voir Anneau, 2°, col. 633.
BAGUETTE. Voir Bâton et Verge.
- BAHEM##
BAHEM (variantes : baken, bæn), mot employé par la Vulgate, I Mach., xiii, 37 : « Nous avons reçu la couronne d’or et le bahem que vous nous avez envoyés. » C’est ainsi qu’elle rend le grec faîvrp, ou mieux fiàïv. (Grotius fait de patvrj un dérivé de piïj ; mais gafvrjv du Codex Vaticanus vient plutôt de la répétition fautive du relatif fy : pafvr]v î]v, pour Bae’v îjv.) BàV ; signifie « palme » ; les auteurs classiques l’emploient en ce sens. Cf. A. Sophocles, Greek lexicon of Bonian and Byzantine periods, in-8°, Boston, 1870, p. 295. C’est un mot d’origine égyptienne : les nervures médianes des frondes du palmierdattier s’appelaient en ancien égyptien bai,
J 1 1 4, en copte baï. V. Loret, La flore pharaonique,
in-8°, 2e édit., 1892, p. 35. La palme se nommait 60 et ban. — Les commentateurs ont très diversement expliqué le mot bahem de la Vulgate. Pour les uns, ce serait un ornement composé d’anneaux d’or et de perles en forme de collier. Cf. du Cange, Glossarium médise et infimse latinitatis, 1733, 1. 1, col. 925. Pour d’autres, c’est un vêtement’, une robe baie ; c’est ainsi du reste que le mot grec a été rendu par le syriaque : P, i-r**Yi> Selahiufo’, « robe, » C. A. Trommius, Concordantiss grsecse, p. 239. Sous la forme de la variante bæn, le mot de la Vulgate ne semble qu’une transcription du grec pâïv. Le mieux est donc de lui donner le même sens. D’ailleurs, au ꝟ. 51 du même chapitre, la Vulgate traduit le mot paiov, synonyme de fia ? ; , par « rameau de palmier ». Enfin ce qui rend certaine cette traduction, c’est le passage parallèle H Mach., xiv, 4. On offre à Alcime « une couronne d’or et une branche de palmier » (grec : çûtvixet).
E. Levesque.
- BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix##
BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix, théologien protestant né à Heidelberg le 25 juin 1801, mort à Offenburg le 15 mai 1874. Il fit ses études à Heidelberg et à Berlin de 1818 à 1822, devint en 1824 diacre à Pforzheim et en 1829 pasteur à Eichstetten. En 1838, il fut choisi comme membre du conseil ecclésiastique de’Carlsruhe et prit une part
active à toutes les affaires ecclésiastiques du duché de Bade jusqu’au 1 er mars 1861, où il prit sa retraite. Il a fait le commentaire de III et IV Rois, Die Bûcher der Kônige, in-8°, Bielefeld, 1868, dans le Theotogischhomiletùches Bibelwerk de J. P. Lange. On a de plus de lui Commentar zum Kolosserbrief, in-8°, Bâle, 1833 ; Symbolik des mosaischen Cultus, 2 in-8°, Heidelberg, 1837-1839 ; 2e édit., 1874, ouvrage qui a valu une grande réputation à son auteur ; Der salomonische Tempel mit Berûcksichtigung seines Verhâltnisses zur heiligen Architektur ûberhaupt, in-8°, Karlsruhe, 1848.
- BAHR Joseph Friedrich##
BAHR Joseph Friedrich, théologien protestant, né en 1713, mort en 1775. Il étudia à Leipzig, et fut successivement diacre à Bischofswerda (1739), pasteur à Schœnfeld (1741), et enfin surintendant. On à de lui, entre autres ouvrages : De sapientissimo legis et Evangeîii nexii, Leipzig, 1749 ; Lebensgeschichte Jesu Christi, m% ; Paraphrastiche Erklârung des Bûches Hiob, in-4°, Leipzig, 1764, ouvrage qui contient des notes savantes et explique avec succès plusieurs passages difficiles.
L. Guilloreau.
- BAHRDT Karl Friedrich##
BAHRDT Karl Friedrich, théologien protestant, né le 25 août 1741 à Bischofswerda, dans la haute Saxe, mort à Halle le 23 avril 1792. Sa conduite déréglée l’empêcha toujours d’acquérir une instruction sérieuse ; il cachait ce défaut de science solide par l’abondance et la facilité de sa parole, de l’esprit et une grande assurance et hardiesse d’opinion. Adversaire déclaré de la théologie orthodoxe protestante, il niait le surnaturel et professait le déisme pur. Professeur successivement à Leipzig, à Erfurth, à Giessen, etc., il ne put se maintenir nulle part, à cause de la singularité et de l’impiété de ses doctrines et des désordres de sa conduite. Il lui fut enfin permis de se fixer à Halle (1779) : c’est là qu’une mort prématurée vint mettre un terme à ses scandales. Parmi ses nombreuses productions, qui ne lui ont guère survécu, on peut citer comme œuvres scripturaires : Commentarius in Malachiam cum examine critico, in-8°, Leipzig, 1768 ; Hexaplorum Origenis quæ supersunt, u tomi, in-8°, Lubeck, 1769-1770 ; Die neuesten Offenbarungen Gottes verteutsch, 4 in-8°, Riga, 1773 (col. 380) ; Apparatus criticus ad formand. interpret. Vet. Testamenti, in-8°, Leipzig, 1775 ; Die kleine Bibel, 2 in-8°, Berlin, 1780 ; Briefe uber die Bibel in Volkston, 6 part, in-8°, Berlin, 1782-1783 ; Das Neues Testament qder Belehrung Gottes des Jesu und seiner Apostel., 2 in-8°, Berlin, 1783 ; Ausfûhrung der Plans und Zweckes Jesu in Briefen, 12 part. in-8°, Berlin, 1784-1793 ; Griechisch-deutsches Lexicon uber das Neue Testament, in-8°, Berlin, 1786 ; Fata et res gestse Jesu Christi grsece ex iv Evangeliis ordine chronologico, in-8°, Berlin, 1787 ; Dieletzten Offenbarungen Gottes, 2 t. in-8 3, Francfort, 1791. Voit F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., t. ii, j>. 401-402 ; Prutz, K. Fr. Bahrdt, dans Raumer’s Historisches Taschenbuch, année 1850.
E. Levesque.
- BAHURIM##
BAHURIM (hébreu : Bahurim ; Septante : Bapaxîp. et Bao>pi|j.), petite localité à l’est de Jérusalem. Abner y passa en conduisant Michol, fille de Saûl, de Gallim à Hébron ; c’est de là qu’il renvoya son mari, Phaltiel, II Reg., iii, 16, peut-être parce que la localité se trouvait sur les frontières de la tribu de Benjamin, et qu’il n’osait pas l’emmener sur le territoire de Juda, qui reconnaissait déjà l’autorité de David. — C’est du même endroit que sortit Séméï, à l’époque de la révolte d’Absalom, lors de la fuite de David, pour lui jeter des pierres et des malédictions, en marchant à côté de lui sur les hauteurs qui dominaient le chemin. II Reg., xvi, 5-13. La circonstance que Séméï était un Benjamite semble indiquer de nouveau le territoire de Benjamin. — Peu après, nous y rencontrons les deux messagers fidèles de David, Achimaas et Jonathan ;-ceux-ci, étant poursuivis par les satei
lites d’Absalom, se cachent à Bahurim, dans une citerne. II Reg., xvii, 18. — On croit encore avec vraisemblance qu’il faut tenir Bahurim pour la patrie d’Azmavefh le Baharumite, un des vaillants guerriers de David. I Par., si, 33 ; cf. II Reg., xxiii, 31. Voir Azmaveth 1.
Le chemin que suivit David en descendant du mont des Oliviers, II Reg., xv, 32 ; xvi, 1, ne saurait être que l’ancien chemin de Jérusalem à Jéricho, qui traverse cette montagne, et sur laquelle on trouve encore des traces d’une voie romaine. Cette route, après avoir traversé l’ouadi el - Laftljâm, passe près d’une ruine, Khirbet bouquei’dân, sur le versant septentrional de l’ouadi er-Rawâbi, et, après avoir traversé aussi ce torrent, elle le suit du côté du midi, sur une distance d’environ vingt minutes. Sur tout ce trajet^le chemin, en longeant l’ouadi, est dominé du côté méridional par un massif de hautes collines, aux flancs assez raides. Les six sommets qu’on remarque, séparés par de larges cols, portent (de l’ouest à l’est), lés noms suivants : Ràs zaiyin, Djebel el-azouar, Râs ez-zambî, Ed-dahr, El-mountàr, Râs’arqoub es-saffà. Sur le versant méridional du Râs ez-zambî et du col suivant, on trouve les traces d’une ancienne localité ; la ruine s’appelle Khirbet ez-zambi.
Il n’y a pas de doute que ce ne soit sur ces hauteurs qu’il faille placer la scène des violences de Séméï : plus loin, dans la direction de Jéricho, la route reste constamment sur un plateau, jusqu’au point où elle s’unit à la route actuelle ; aussi le chemin suivi par Abner, II Reg., iii, 16, ne saurait se trouver plus loin vers l’est. Bahurim par conséquent devra s’identifier avec l’une des deux ruines indiquées, les seules que nous avons pu trouver dans ces environs. Mais le choix entre les deux est difficile. Si Barclay, dans Smith’s Dictionary of the Bible, 1. 1, p. 162, semble se prononcer pour Khirbet bouqei’dan, c’est qu’il ne devait pas connaître l’autre ruine. L’endroit nommé, étant plus loin vers l’ouest, semble plutôt devoir être sur le chemin de Gallim à Hébron, — quoique l’autre endroit aussi soit traversé par un sentier venantdu nord.
— Ensuite si l’ouadi er-Rawûbi, comme il y a lieu de le croire, formait ici la limite des deux tribus, le Khirbet ez-zambî n’aurait plus appartenu à la tribu de Benjamin. D’autres circonstances néanmoins sont en faveur de cet autre lieu. Le texte de II Reg., xvi, 5 et 13, ne laisse pas supposer que Séméï, en sortant de Bahurim, devait traverser un ouadi pour monter à la hauteur où il pouvait suivre le roi son ennemi. Aussi le Khirbet ez-zambî, se trouvant sur le col et sur le versant méridional de la colline, répond mieux à un renseignement donné par Josèphe, Ant. jud., VII, IX, 7, d’après lequel les deux messagers de David, pour se cacher à Bahurim, devaient s’écarter de leur chemin ( iy.Tpaitévreç-tr) ; 660û).
D’autres hypothèses, émises par divers savants, ne nous semblent aucunement répondre aux données du texte sacré. Abou-dls, suggéré par Schubert, Guérin, Liévin de Hamme, est au sud-est d’El’Azarîyéh (Béthanie), et ne pouvait par conséquent appartenir à la tribu de Benjamin ; cette opinion encore supposerait que David, aussi bien que ses deux messagers, aurait fait un immense détour, peu compatible avec les circonstances de leur fuite précipitée, — Cette dernière remarque s’applique également à Khirbet’Almît, qui est à six kilomètres environ au nord-est de Jérusalem, au delà de’Anàta. Aussi y cherche-t-on en vain la hauteur dominant le chemin au sortir de Bahurim, — détail topographique exigé par II Reg., xvi, 5 et 13. — Il est vrai que cette hypothèse ( défendue par Schwarz, Marti, Conder, von Ilummelauer) a en sa faveur l’autorité du Targum de Jonathan, qui dans le texte des livres de Samuel remplace constamment Bahurim par Alémeth. Cf. I Par., vii, 60 (hébr., vi, 45) ; cf. Ahnon, Jos., xxi, 18. Mais, pour les raisons déjà données, nous ne saurions voir dans cette assertion du Targum qu’une simple erreur, due à la circonstance que les deux mots Bahurim et Alémeth peuvent l’un et l’autre
se traduire par « jeunesse ». Nous ne croyons pas du reste que ce soit là la vraie signification de ces noms. Il est préférable de traduire, avec Fûrst, Alémeth par « lieu caché » et Bahurim par « lieu profond, enfoncement de terrain ». Et l’on peut remarquer en passant que d’après cette explication le nom de Bahurim convient mieux au site du Khirbet bouqei’dân qu’à celui du Khirbet ez-zambl ; les deux noms sont même à peu près synonymes : bouqei’dân signifiant « vallon des moutons. »
Les renseignements des auteurs du moyen âge manquent trop de précision et d’autorité pour les discuter ici. Cf. Tobler, Topographie, t. ii, p. 767. — Pour plus de détails, on peut consulter notre article Aus der Umgegend von Jérusalem, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. xiii, 1893, p. 93-107, 114-118.
J. P. VAN KASTEREN.
BAIE. Les lexicographes hébreux expliquent par baie le mot gargerlm, pluriel de gargar, qui ne se lit qu’une fois dans la Bible hébraïque, Is., xvii, 6. Il désigne dans
- ce passage le fruit de l’olivier. L’olive est ainsi appelée
par le prophète, à cause de sa forme ronde, de la racine gârar, qui a, entre autre sens, celui de « rouler ». La Vulgate a traduit gargerlm par « olives ».
- BAIER Johann Jakob##
BAIER Johann Jakob, médecin et naturaliste, né à Iéna le 14 juin 1677, mort à Altdorf le 14 juillet 1735. Il étudia la médecine dans sa vdle natale, et, après avoir visité le nord de l’Allemagne, fut reçu docteur à Iéna. Il fit partie du collège des médecins de Nuremberg. En 1703, il fut nommé professeur de physiologie et de chirurgie à Altdorf, et directeur du jardin botanique de cette ville. Un an après sa mort parurent ses Animadversiones physico-medicse in Novum Testamentum, in-4°, Altdorꝟ. 1736. — Voîr Adelung, Suppl. à Jôcher, AUgem. GelehrtenLexicon.
B. Heurtebjze.
BAÏF (Jean Antoine de), poète français, né en 1530 à Venise, où son père était ambassadeur, mort en 1592. Ami de Ronsard, il voulut introduire dans les vers français la cadence et la mesure des vers grecs et latins, en particulier dans son Psaultier commencé en intention de servir aux bons catholiques contre les Psalmes des hérétiques ( Jean Antoine de Baïfs Psaultier, metrische Bearbeitung der Psalmen zum erstcn Mal herausgegeben von D r E. J. Groth, dans la Sammlung franzôsischer Neudrucke, n » 9), in-12, Heilbronn, 1888.
BAIKTILAITH. Voir Bectileth.
- BAILEY Anselme##
BAILEY Anselme, théologien et musicographe anglais, mort en 1794, publia une édition de l’Ancien Testament en anglais et en hébreu : Tlie Old Testament English and Hebrew, ivith remarks critical and grammatical on the Hebrew and corrections of the English, 4 in-8o,
Londres, 1774.- BAINES Ralph##
BAINES Ralph, philologue anglais, né dans le Yorkshire, mort en 1560. Il fut professeur royal d’hébreu à Paris, et devint plus tard évêque de Coventry et de Lichtfield, sous la reine Marie ; mais pendant le règne d’Elisabeth il perdit cet évêché. Il a laissé : Libri très commentariorum in Proverbia Salomonis ex ipsis Hebreeorum fontibus manantes, in-f°, Paris, 1555 ; Prima rudimenta in linguam hébrxam, in-4°, Paris, 1550. — Voir Biblioth. Gesneriana, p. 752. L. Guiixoheau.
BAIN. Les bains sont plusieurs fois mentionnés dans l’Écriture, et ils sont même prescrits dans certains cas par Moïse, qui avait attaché à ces purifications un caractère religieux. Lev., xiv, 8-9 ; xv, 5-8, etc. ; xvii, 16 ; xxii, 6 ; Num., xix, 7, 19 ; Deut., xxiii, 11. Le grand prêtre devait se baigner ( hébreu : râhas) avant sa consécration et avant et après le sacrifice d’expiation. Exod., xxix, 4 ;
Lev., viii, 6 ; xvi, 4, 24. Cf. Hérodote, ii, 37. La chaleur du climat de l’Orient et la grande quantité de poussière qui en est la suite rendent les bains nécessaires pour conserver la santé et pour éviter en particulier les maladies de peau. Ézéchiel, xvi, 4, parle du bain des enfants nouveau-nés ; il est question des bains de toilette dans Ruth, iii, 3 ; dans le second livre des Rois, xi, 2 ; dans Judith, x, 3 ; cf. Ezech., xxiii, 40 ; ils étaient complétés par des onctions de parfums, comme nous le voyons dans tous ces passages et Dan., xiii, 17. Néhémie raconte que, pendant que les Juifs de son temps reconstruisaient les murs de Jérusalem, ils ne quittaient leurs vêtements que pour se baigner. II Esdr., iv, 23. Plusieurs commentateurs entendent, Marc, vii, 4, en ce sens que les Pharisiens se baignaient, quand ils revenaient de la place publique. Cf. Luc, xi, 38.
1° Lorsqu’on le pouvait, on se baignait dans l’eau cou Josèphe parle d’un château d’IIyrcan à l’est du Jourdain, où il y avait, dans la cour, des eaux jaillissantes, et d’un palais d’Hérode à Jéricho, auprès duquel étaient de vastes piscines destinées à procurer le plaisir du bain et de la natation aux hôtes du roi. Ant.jud., XII, iv, 11 ; XV, m, 3, t. i, p. 456, 578. Cf. J. Harmburger, Real-Encyclopâdie des Judenthums, Neustrelitz, 1874, p. 146. Il y avait des bains dans le dernier temple, pour l’usage des prêtres, au-dessus des chambres appelées Abtines et Happarvah. Voir Yoma, m ; Lightfoot, The Temple in Ihe days of our Saviour, xxiv, Works, Londres, 1684, t. i, p. 2013. Des allusions à l’art de nager se lisent dans Isaïe, xxv, 11, et dans Ézéchiel, xlvii, 5. Cf. Act, xxvii, 42. 2° Quant aux bains minéraux, quelques commentateurs ont cru qu’il y était déjà fait allusion dans la Genèse, xxxvi, 24, où il est parlé de la découverte d]une source d’eaux chaudes, d’après la traduction généralement admise
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415. — Bain en Egypte. Thèbes. D’après Prisse d’Avesne, Monuments égyptiens, pi. xlv.
rante, comme les Égyptiens le faisaient dans le Nil, Exod., il, 5 ; comme le font aujourd’hui les habitants de Jérusalem à la fontaine de la Vierge. Moïse prescrit de se laver « dans des eaux vives », pour certaines purifications. Lev., XV, 13. Elisée ordonne à Naaman de se baigner sept fois dans le Jourdain pour se guérir de la lèpre. IV Reg., v, 10. Saint Jean-Baptiste, prenant le bain comme symbole de la purification des péchés et de la pénitence, baptise dans le Jourdain ceux qui suivent sa prédication. Matth., iii, 6-11 ; Marc, i, 5, Voir Baptême.
Cependant, comme les rivières sont très rares en Palestine, on prenait plus communément les bains dans les maisons. A Jérusalem, Bethsabée se baignait dans sa maison, II Reg., xi, 2, Susanne, à Babylone, dans son jardin, Dan., xiii, 15 ; Hérode, dans son palais, Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 13, édit. Didot, t. i, p. 570. On se lavait aussi sans doute quelquefois par de simples affusions d’eau, comme on le voit sur une peinture égyptienne (fig. 415). Ce n’est que dans les derniers temps qu’il y eut des bains publics proprement dits en Judée, à l’imitation des Grecs et des Romains. Ils durent être établis, du temps d’Antiochus IV Épiphane, en même temps que les gymnases et les éphébies. Cf. I Mach., i, 15 ; II Mach., iv, 9-13 ; Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1, t. i, p. 457. Cf. Mischna, Nedar., v, 5. Toutefois il est probable que les piscines mentionnées dès le temps d’Isaïe servaient à cet usage. Is., xxii, 9, 11 ; IV Reg., xx, 20 ; n Esdr., iii, 15-16 ; Joa., v, 2 ; lî, 7 (xoXvu, ërj8pa, nalatoria, « lieu où l’on se baigne » ).
de la Vulgate, celles de Callirhoé, dans l’ouadi Zerka-Maïn, ou de l’ouadi el-Ahsor, au sud-est de la mer Morte, ou de l’ouadi Hamad, entre Kérek et la mer Morte. Le nom d’Émath (Blammat), Hammoth-Dor, Jos., XIX, 35 ; xxi, 32, doit tirer aussi son origine d’eaux thermales : on identifie cette localité avec les sources chaudes de Tibériade, appelées Emmaùs. Josèphe, Bell, jud., II, xxi, 6, t. ii, p. 140 ; Ant. jud, , XVIII, ii, 3, t. i, p. 696. Ces sources, comme celles de Gadara, capitale de la Pérée, et de Callirhoé, à l’est d.e la mer Morte, Bell, jud., i, xxxiii, 5, t. ii, p. 80, étaient bien connues et utilisées du temps des Hérodes. Cf. Pline, H. N., v, 15, édit. Lemairc, t. ii, p. 475 ; Ammien Marcellin, xiv, 8, 11, édit. Teubner, p. 29.
3° Les bains de pieds étaient d’un usage très fréquent en Palestine, où la coutume de porter des sandales, qui laissaient à nu la partie supérieure du pied, et la nature du sol, très poussiéreux, les rendaient indispensables. Us sont déjà mentionnés plusieurs fois dans la Genèse, xviii, 4 ; XIX, 2 ; xxiv, 32 ; XLm, 24.Voir aussi Exod., xxx, 19 ; Jud., xix, 21 ; IReg., xxv, 41 ; II Reg., xi, 8 ; Tob., vi, 2 ; Cant., v, 3 ; I Tim., v, 10. Cf. Luc, vii, 44 ; Joa., xiii, 5, De même que c’étaient des serviteurs ou des esclaves qui versaient l’eau pour se laver les mains, IV Reg., iii, Il, c’étaient des inférieurs qui essuyaient ordinairement les pieds. I Reg., xxv, 41 ; Joa., xiii, 5, 6 ; I Tim., v, 10.
- BAISER##
BAISER, signe naturel d’affection. En hébreu, neëîqâh
(Septante et Nouveau Testament : çOuina ; Vulgate : osculum), mais le substantif est d’un usage rare, Cant., i, 2 ; Prov., xxvii, 6, dans l’Ancien Testament ; on y emploie presque toujours le verbe nâSaq ( çtXéo), xataipiXÉw ; osculor, deosculor).
I. À toutes les époques, le baiser a été en Orient une marque de respect aussi bien que de tendresse et un mode de salutation. L’Écriture le mentionne souvent.
— 1° Entre les parents et leurs enfants. Gen., xxvii, 26, 27 ; xxxi, 28, 55 ; xlvj, 29 ; xlviii, 10 ; l, 1 ; Exod., xviii, 7 ; Ruth, i, 9, 14 ; II Reg., xiv, 33 ; III Reg., xix, 20 ; Tob., vii, 6 ; x, 12 ; xi, 7, 11 ; Luc, xv, 20.— 2° Entre frères, proches parents, époux ou amis intimes, soit à l’arrivée, Gen., xxix, 11, 13 ; xxxiil, 4, xlv, 14, 15 ; Exod., iv, 27 ; jud., xix 4 ; I Reg., xx, 41 ; Cant., i, 1, 10 ; vra, 1 ; Tob., ix, 8 ; Esth., xv, 15, soit au départ et à la séparation, III Reg., xrx, 20 ; Tob., x, 12. Cf. Prov., vii, 13. — 3° Le baiser comme salutation, tantôt sincère, tantôt perfide, entre personnes de même rang, quoique non parentes, est indiqué II Reg., xx, 9 ; Matth., xxvi, 49 ; Marc, xiv, 45 ; Luc, vii, 45 ; xxii, 47-48 ; Act., xx, 37. Cf. Prov., xxvii, 6. — Il est aussi une marque de condescendance, réelle, II Reg., xix, 39, ou affectée, comme dans le cas d’Absalom embrassant ceux qui viennent à lui pour se rendre populaire. Il Reg., xv, 5. Cf. II Mach., xiii, 24. — 4° Il est un signe de respect de la part d’un inférieur envers son supérieur. Luc, vii, 38, 45. L’Ancien Testament parle du baiser comme d’une marque^ de vénération et d’adoration envers les idoles. I (III) Reg., xix, 18 (hébreu) ; Ose., xiii, 2 (hébreu). On rendait également hommage aux faux dieux en se baisant la main en leur honneur. Job, xxxi, 27. Cf. Lucien, De sait., 17, édit. Didot, p. 348 ; Hérodien, iy, 15, édit. Teubner, p. 123 ; Pline, H. N., xxviii, 5 (25), édit. Teubner, t. IV, p. 166. Les vaincus baisaient la poussière, Ps. lxxi (hébreu : lxxii), 9 ; Is., xlix, 23, des pas de leurs vainqueurs (si toutefois l’on ne doit pas prendre ces expressions dans un sens métaphorique). Cf. Mich., vu, 17 ; Xénophon, Cyrop., vii, 5, 32. Un certain nombre d’interprètes considèrent comme un acte de respect le baiser donné par Samuel à David, lorsqu’il le sacre roi, I Reg-, x, 1 ; plusieurs traduisent aussi dans ce sens l’hébreu : nasku bar, « embrassez le fils, » Ps, II, 12, et même, Gen., xli, 40, les paroles obscures du Pharaon à Joseph : « Que tout mon peuple baise sur ta bouche » Ces interprétations, surtout pour le dernier passage, ne sont pas généralement admises ; la traduction de la Vulgate, Gen., xli, /.0 : « Tout le peuple obéira au commandement de ta bouche, » est préférable. — Métaphoriquement, le baiser est l’image de l’attachement à une chose, Prov., iv, 8 ; Tit., i, 9, de l’entente et de la concorde. Ps. lxxxiv (hébreu, lxxxv), 11.
II. Dans le Nouveau Testament, plusieurs épîtres de saint Paul se terminent par ces mots : « Saluez - vous les uns les autres par un saint baiser. » Rom., xvi, 16 ; l Cor., Xvi, 20 ; II Cor., xiii, 12 ; I Thess., v, 26. Voir aussi I Petr., v, 14. Ce baiser n’était pas seulement une salutation amicale, c’était aussi un acte symbolique de charité chrétienne. Voir S. Jean Chrysostome, Hom. xxx in II Cor., xm, 12, t. lxi, col. 606. À ce titre, il a été conservé dans la liturgie chrétienne, et « le baiser de paix » se donne encore dans les messes solennelles.
III. L’Écriture ne nous dit pas ordinairement si l’on donnait le baiser sur la bouche, la joue, le front, le cou, cf. Act., xx, 37, ou la main. Elle mentionne le baisement de la barbe, Il Reg., xx, 9, qui est encore aujourd’hui commun chez les Arabes, où les femmes et les enfants embrassent la barbe de leur mari ou de leur père. Les Proverbes, xxiv, 26, parlent du baiser sur la bouche. L’Ecclésiastique, xxix, 5, fait allusion au baisement de la main, comme saint Luc, vii, 38, 45, au baisement des pieds. Cf. Matth., xxviii, 9.
IV. On ne baisait pas seulement les personnes, on baisait aussi les choses. Esth., v, 2. C’est une coutume orientale de
baiser par respect les décrets royaux. Wilkinson, Popular Account of the ancient Egijptians, t. ii, p. 203. L’Ancien Testament mentionne le baisement de la terre comme marque d’obéissance envers un supérieur. I Reg., xxiv, 9 ; Ps. lxxi (hébreu, lxxii), 9 ; Is., xlix, 23 ; Mich., vii, 17.
— Voir G. Gœzius, Philologema de oscufo.et J. Lomejerus, Dissertatip de osculis, dans Bl. Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxx, col. mcljx-mccxviii.
- BAKE Reinhard##
BAKE Reinhard (en latin Bakius ou Backius), théologien protestant, né à Magdebourg le 4 mai 1587, mort dans cette ville le 19 février 1657. Il se distingua comme prédicateur. On a de lui : Evangeliorum dominicalium expositio, en quatre parties. Ouvrage souvent réédité : in-4°, Schleusingen, 1640 ; in-4°, Lubeck, 1651, 1659 ; Francfort, 1677, 1689 ; in-4°, Leipzig, 1697. — Commentarius exegetico-practicus posthumus inPsalteriumDavidis, édité par son fils, Ernest Bake, in-f°, Francfort, 1664, 1666, 1683. L’auteur y a entassé beaucoup de matières prises chez d’autres commentateurs, mais il manque d’ordre et de jugement. — Reinhard Bake est mentionné dans l’Indice des livres prohibés par l’Inquisition espagnole, publié à Madrid, en 1790. L. Guilloreau.
1. BALA (hébreu : Bilhâh ; Septante : BaXXâ), servante que Rachel avait reçue de son père Laban, lors de son mariage avec Jacob, Gen., xxix, 29, et que Rachel elle~ même, désolée de rester stérile, se substitua près de son mari pour avoir des enfants par cette voie indirecte, comme avait fait autrefois Sara se substituant Agar près d’Abraham. Gen., xvi, 2. Bâla devint en réalité pour Jacob une épouse de second rang, comme le dit expressément le texte : « Elle (Rachel) lui donna Bala pour femme, s> polygamie qui fut tolérée jusqu’à Jésus-Christ. Il faut remarquer l’expression employée par Rachel : « Allez à elle, afin que je reçoive entre mes bras le fruit de son sein, et que j’aie des enfants par elle, » ou, selon l’hébreu : « afin que j’aie une maison (une postérité) par elle. » Gen., xxx, 3. Bala eut de ce mariage deux enfants, que Rachel reçut, comme elle l’avait dit, et auxquels elle imposa les noms de Dan et Nephthali. Gen., xxx, 6, 8 ; cf. Gen., xxxv, 25 ; xlvi, 25 ; I Par., vii, 13. Dans la suite, et alors que Jacob habitait en Chanaan, Bala déshonorai son époux par des relations criminelles avec Ruben, fils aîné de Jacob. Gen., xxxv, 22. Il semble que, malgré cette faute, Jacob lui laissa sa confiance, car elle paraît avoir été chargée par lui de l’éducation de Joseph, après que celui-ci eut perdu sa mère. Gen., xxxvii, 2. Sur son lit de mort, Jacob prononça des paroles de malédiction contre son séducteur. Gen., xlix, 3-4. Quelques exégètes doutent, maissans fondement, que Bala, la complice de Ruben, ait été la même que Bala mère de Dan et de Nephthali. P. Renard.
2. BALA (hébreu : Bêla’, voir aussi Bêla ; Septante : BïXéx), fils d’Azaz, de la tribu de Ruben, et habitant d’Aroer. I Par., v, 8. Voir Aroer 1, col, 1024.
3. BALA (hébreu : Bêla’; Septante : BaXân), ville située sur les bords de la mer Morte, appelée depuis Ségor (hébreu : $ôar). Gen., xiv, 2. Voir Ségor.
4. BALA (hébreu : Bâlàh ; Septante : BwXdt), ville de Juda, donnée plus tard à Siméon. Jos., xix, 3. C’est la même que Baala, Jos., xv, 29, et I Par., iv, 29. Voir Baala 3.
- BALAAM##
BALAAM (hébreu : BU’dm ; Septante : BaXaâu.), fils de Béor, que saint Pierre appelle Bosor, II Petr., ii, 15. Il habitait en Mésopotamie, Num., xxiii, 7 ; Deut., xxiii, 4, ~ et non au pays des Ammonites, comme le porte la Vulgate, Num., xxii, 5, sans doute par une fausse interprétation du mot’ammô, « son peuple. » La ville de Péthor, ,
sa patrie, Num., xxii, 5, et Deut., xxiii, 4, selon l’hébreu, ( la Pitru des inscriptions cunéiformes), était située au confluent de l’Euphrate et du Sagur (lign. 38-40 de l’obélisque de Salmanasar). Voir Pethor.
I. Balaam est appelé par Baiac, roi de Moab. — Balaam passait pour un homme doué d’un pouvoir surhumain et capable d’opérer les plus grands prodiges : on attribuait une efficacité absolue à ses malédictions comme à ses bénédictions. Num., xxii, 6. Sa réputation s’étendait fort’loin, par delà les frontières de la Mésopotamie et jusqu’aux rivages de la mer Morte. Aussi Balac, roi de Moab, pensa- 1- il devoir recourir à lui lorsqu’il se crut menacé par les Israélites, déjà vainqueurs de Séhon, roi des Amorrhéens, et d’Og, roi de Basan. Il lui envoya une ambassade composée d’anciens de Moab et de Madian, Num., xxii, 7, pour le prier de venir maudire ce peuple, qu’il se sentait impuissant à repousser par la seule force des armes. Les anciens croyaient pouvoir triompher de leurs ennemis par la vertu de certaines formules de malédiction. Cf. Macrobe, Satura., iii, 9. Balaam ne voulut pas se rendre à cette invitation sans avoir consulté le Seigneur, la nuit suivante. On ne saurait dire si c’est Moïse qui met ici le nom’de Jéhovah sur les lèvres de Balaam, ou si .celui-ci entendit, en effet, consulter le vrai Dieu et non de fausses divinités ; cf. plus loin, § v, col. 1392, et § viii, col. 1398. Quoi qu’il en soit, ce fut Jéhovah qui, personnellement ou par l’intermédiaire d’un ange, vint vers Balaam, — l’Écriture ne dit pas de quelle manière, — et lui défendit de partir. Celte défense arrêta Balaam, et les envoyés de Balac revinrent seuls vers leur maître. Le roi de Moab ne se laissa pas décourager par l’insuccès de son ambassade ; il en fit partir une seconde, plus imposante que la première : les députés, plus nombreux, étaient aussi des personnages plus considérables, « des princes, » Num., xxii, 35 ; à la place du prix ordinaire de la divination apporté par les premiers, Num., xxii, 7, ils étaient chargés d’offrir à Balaam telle récompense qu’il voudrait. Num., xxii, 15-17. Le fils de Béor protesta bien que tout l’or du monde ne pourrait rien contre les ordres de Dieu, en réalité l’appât des richesses l’avait séduit ; au lieu de renvoyer les messagers sur-le-champ, puisqu’il connaissait la volonté de Dieu, il les fit rester pour attendre qu’il consultât encore le Seigneur pendant la nuit, selon 3a coutume. Dieu lui donna alors la permission de partir, mais à la condition de ne faire que ce qu’il lui commanderait. C’était lui interdire de maudire Israël, cf. Num., xxii, 12 ; mais, aveuglé par la cupidité, il s’autorisa de cette permission, extorquée par son importunité, dit Origène, Homil. xm in Num., t. XII, col. 674-675, pour aller agir contre la volonté de celui qui la lui donnait ; et il partit décidé à obtempérer aux désirs de Balac, comme le prouvent la colère de Dieu provoquée par son départ (Num., xxii, 22, selon l’hébreu) et la réprimande de l’ange, ꝟ. 32.
II. L’anesse de Balaam. — Son colloque avec son maître. — Le Seigneur fit sentir sans retard cette colère à Balaam par un des plus merveilleux prodiges dont la Bible nous ait conservé le souvenir. Un ange se tint, une épée nue à la main, dans le chemin par où Balaam, monté sur son ânesse, passait avec deux de ses serviteurs. A la vue de l’ange, l’animal s’effraya, et il s’en alla à travers champs, malgré les coups que lui donnait Balaam ; mais l’esprit céleste se transporta plus loin et vint l’attendre dans un chemin resserré entre deux murs de pierre qui bordaient les vignes ; l’anesse, en le voyant encore, se jeta contre un mur et meurtrit le pied de son maître, qui se mit de nouveau à la frapper. Enfin l’ange se plaça dans un défilé où l’espace manquait pour s’écarter à droite ou à gauche, et cette fois l’anesse s’abattit. Balaam la frappa plus fort que jamais, c Et le Seigneur ouvrit la bouche de l’anesse et elle parla : Que t’ai-je Fait ? Pourquoi m’as-tu frappée déjà trois fois ? Et Balaam répondit : C’est parce que tu l’as mérité et que tu t’es
moquée de moi ; que n’ai-je une êpde pour te tuer 1 L’anesse lui dit : Ne suisje pas ta bête, sur laquelle tu as toujours eu coutume de monter jusqu’à ce jour ? Dismoi si je t’ai jamais fait quelque chose de pareil. Et il dit : Jamais. » Num., xxii, 28-30.
Ce récit a donné lieu à des objections de tout genre. Les uns l’ont rejeté comme inacceptable ; mais, dès lors qu’on admet le surnaturel et le miracle, pourquoi refuser de croire que Dieu a employé ce moyen pour forcer Balaam à exécuter ses volontés ? D’autres ont supposé que ce passage est interpolé, sans toutefois en apporter d’autre preuve que son caractère extraordinaire. Il en est qui admettent l’authenticité du texte, mais dénaturent le fait raconté, dans lequel ils veulent voir un mythe, une allégorie, une fiction poétique ou bien un songe. D’après ces derniers, tout se serait passé en vision, soit sur le chemin, soit peut-être même dans la maison de Balaam et avant son départ. De telles interprétations sont en contradiction avec le sens naturel du texte, qui porte toutes les marques d’un récit historique. Cf. II Petr., ii, 15-16.
III. L’ange du Seigneur et Balaam. — L’amour de l’argent avait aveuglé Balaam au point de l’empêcher de voir la main de Dieu dans ce qui se passait ; l’ange dut lui ouvrir les yeux comme il avait ouvert les yeux de l’anesse, et se dévoiler à ses regards. À la vue de l’ange et de l’épée qui brillait dans sa main, il se prosterna le front dans la poussière. L’envoyé de Dieu lui déclara qu’il était venu pour s’opposer à son voyage, à cause des mauvaises intentions qui le lui avaient fait entreprendre, et pour être son adversaire. L’ange ajouta qu’il l’aurait tué, si l’anesse ne se fût détournée. Balaam confessa ouvertement sa faute à celui qui l’avait déjà lue dans le secret de son cœur, et se déclara prêt à retourner sur ses pas ; mais l’ange lui ordonna, au contraire, de continuer son chemin avec les princes de Moab, et il joignit à cet ordre la défense de prophétiser autre chose que ce qui lui serait prescrit : la langue de Balaam va désormais ne se mouvoir que selon la volonté de celui qui a fait mouvoir la langue de sa monture. Num., xxii, 31-35, 38 ; xxrn, 12, -20, etc. Cf. Jos., xxiv, 9.
IV. Balaam auprès de Balac. — Aussitôt que Balac apprit l’arrivée de Balaam, il s’avança à sa rencontre jusqu’à une ville « située sur les dernières limites de l’Arnon i> ( Ar - Moab, d’après les commentateurs modernes) f d’où il l’amena ensuite dans une autre « ville à l’extrémité de son royaume » (hébreu : dans la ville de ffiiçôf), dont on n’a pu établir le site avec certitude. Num., xxii, 36, 39. Balaam paraissait être toujours dans les dispositions où l’avaient mis les événements accomplis pendant son voyage : « Pourrais-je dire autre chose que ce que Dieu me mettra dans la bouche ? » Num., xxii, 38, dit-il au roi, qui lui reprochait son retard à venir, et lui parlait de la récompense à attendre. Le lendemain de son arrivée, Balac le conduisit dès le matin sur les hauteurs de Baal (hébreu : Bâmôt-Bâ’al), au nord de Dibon, afin qu’il pût voir de là l’extrémité du camp des Israélites et les maudire. Num., xxii, 41.
V. La prophétie de Balaam. — C’est sur cette montagne que Balaam commença de prononcer cette prophétie touchant les glorieuses destinées d’Israël qui a rendu son nom si célèbre. Elle se compose de quatre oracles, encadrés dans autant de récits dont l’agencement, sauf pour le dernier, est identique : d’abord les préparatifs, consistant dans le choix du lieu, l’offrande d’un sacrifice et la consultation de Dieu, omise cependant avant le troisième oracle ; ensuite l’oracle proprement dit ; enfin un dialogue entre Balac et Balaam. Ces. oracles sont quatre petits poèmes admirables par la construction de la période poétique, la force et la concision du style, l’éclat et la variété des images, l’élévation et lamagnificence de la pensée.
1° Premier oracle. — Balaam fit dresser par Balac sept autels, et ils mirent ensemble un veau et un bélier sur
chaque autel ; puis, laissant auprès des victimes Balac et les princes de Moab, il s’en alla à l’écart, pour recevoir les ordres de Dieu. Num., xxiii, 1-3. On s’est demandé à qui était offert ce sacrifice ; la réponse n’est pas douteuse en ce qui regarde Balac ; il n’entendait pas évidemment sacrifier à Jéhovah, le Dieu de ses ennemis ; mais à Baal, probablement le même que Chamos. Num., xxt, 29. Quant à Balaam, il semble dire à Jéhovah que c’est à lui que les victimes ont été immolées, Num., xxii, 4, et cela paraît bien plausible après la leçon qu’il avait reçue sur le chemin du pays de Moab. Sa conscience de païen lui permettait du reste d’honorer à la fois deux dieux différents, ou bien peut-être son désir de plaire à Balac lui suggéra-til l’idée d’un sacrifice qui serait offert à Baal par ce prince, tandis que lui, Balaam, l’offrirait en son cœur au Dieu d’Israël, dont il était, bon gré mal gré, le serviteur et l’organe dans cette circonstance. Il voulait d’ailleurs essayer, ajoute Théodoret, Quœst. xlii in Num., t. lxxx, col. 391, d’amener Jéhovah à changer de dessein, comme s’il avait affaire à ses fausses divinités. Jéhovah avait bien révoqué la défense qu’il lui avait faite de suivre les envoyés de Balac, Num., xxii, 12, 20 ; pourquoi ne révoquerait-il pas maintenant la défense de maudire Israël ? C’est peut-être ce dont Balaam veut s’assurer en allant consulter le Seigneur au moyen « des présages ». Num., xxiii, 3, 15 ; xxiv, 1. Cette pratique superstitieuse de « chercher des présages », Num., xxiv, 1, a fait penser à beaucoup d’interprètes que Balaam allait consulter le démon, et que ce n’est pas lui, mais Moïse, qui parle ici de Jéhovah. Mais d’autres croient que c’est bien au vrai Dieu qu’il allait s’adresser, quoiqu’il le fit à la manière des devins ; car il savait qu’il ne devait parler qu’an nom et d’après les instructions du Dieu d’Israël. Num., xxii, 20, 35, 38 ; xxiii, 12, 26. Ce qui est hors de discussion, c’est que la réponse attendue fut dictée et imposée par Jéhovah.
De retour auprès de Balac, Balaam la lui transmit dans la forme solennelle qui convenait à un oracle. Il ne pouvait pas, disait-il, maudire celui que Dieu n’avait point maudit. Vainement on l’avait dans ce but fait monter sur les hauteurs ; il ne s’y tiendra que pour admirer ce peuple unique entre tous les peuples ; nation choisie que la bénédiction divine fait innombrable comme la poussière. Cf. Gen, xiil, 16. « Puissé-je, ajoute Balaam, mourir de la mort de ces justes ! puisse la fin de ma vie ressembler à la leur ! » Num., xxiii, 10. Ce souhait du fils de Béor se rapporte-t-il à la vie future, comme le Veulent quelques-uns 1 ? À en juger par l’ensemble du Pentateuque et par l’économie de l’Ancien Testament, on peut croire que Balaam exprime ici le désir d’une fin paisible, couronnant une vie longue et prospère. Cf. Gen., xxv, 8. Ce désir devait être cruellement frustré, Num., xxxi, 8, parce que Balaam, dit saint Bernard, Serin, xxi in Cantic, 2, t. clxxxiii, col. 873, « souhaitait la fin des justes, mais il n’en voulait pas les commencements, » c’est-à-dire la vie vertueuse qui conduit à cette fin. Pour le moment cependant il était fidèle à la mission que Dieu lui avait donnée, et il déclara à Balac qu’il ne pouvait y manquer, lorsque le roi s’indigna de ce que, appelé pour maudire, il bénissait.
2° Deuxième oracle. — Pénétré, comme on l’était communément chez les païens, de l’importance du site en fait de prestige, Balac pensa qu’un changement de lieu amènerait un changement dans les réponses de la divinité. Il conduisit donc Balaam sur une hauteur des monts Abarim, le mont Phasga, et le fit monter au sommet, en un endroit d’où il ne put voir qu’une partie du camp d’Israël, ou bien, au contraire, d’où il pût voir toute l’armée ennemie : deux sens opposés du ꝟ. 13, dont chacun a ses partisans parmi les exégètes. « Mais Dieu n’est pas, comme l’homme, sujet à changer ses desseins, » Num., xxm, 19, dit Balaam en revenant de consulter le Seigneur, après avoir offert un sacrifice semblable au premier. Le Dieu qui a fait sortir Israël de l’Egypte est toujours avec lui. Il n’y a point d’enchantement ni de charme contre ce
j peuple, ou, selon une autre interprétation à laquelle on peut ramener ce que dit Théodoret, Qusest. xliii in Num., t. lxxx, col. 394, il n’a pas besoin de cet*rt, cf. Deut., xviii, 10-22 ; il saura en son temps (par ses prophètes) ce que Dieu doit accomplir, disent les Septante, ce Dieu dont la protection le rend invincible. Num., xxiii, 21-24.
3° Troisième oracle. — Ce second échec ne découragea pas Balac ; il voulut faire une troisième tentative. Il fit donc descendre Balaam du Phasga et le mena à l’ouest, plus près du camp d’Israël, sur le mont Phogor, qui regarde le désert, Yesimôn, Num., xxi, 20 ; xxiii, 28, c’est-à-dire unerégion désolée, située au nord-est de la mer Morte. Cette répétition des sacrifices pour obtenir une réponse favorable est encore un trait commun au paganisme oriental et à celui de la Grèce et de Rome. Le jour où il fut tué, Jules César avait offert successivement cent animaux sans arriver au litamen désiré (Florus, Hist. rom, , iv, 2) ; Paul-Émile ne. l’obtint qu’au vingtième sacrifice. Sept autels furent dressés sur le Phogor et reçurent les victimes ; mais cette fois Balaam n’alla plus « chercher des présages » ; ses deux insuccès précédents lui avaient assez prouvé que Jéhovah ne cesserait pas de vouloir qu’il bénît Israël. Num., xxm, 27-xxiv, 1. Saisi de l’esprit de Dieu, il bénit doncpour la troisième fois son peuple, mais d’une manière plus solennelle et dans le langage le plus magnifique : « Qu’ils sont beaux tes pavillons, ô Jacob ! qu’elles sont belles tes tentes, ô Israël ! » Num., xxiv, 5. Balaam décrit ensuite la prospérité d’Israël, sa puissance, ses victoires, les bénédictions qu’il a héritées des patriarches ses pères ; « son roi sera plus grand qu’Agag, et son royaume sera exalté. » Num., xxiv, 7, selon l’hébreu.
Quelques interprètes ont vu dans les deux parties du ꝟ. 7 une prophétie messianique, et les Septante semblent leur donner raison ; au lieu de traduire la première partie comme la Vulgate : « L’eau coulera de son seau ( hébreu : de ses deux seaux), et sa postérité se répandra comme les eaux abondantes, » ils lisent : « Un homme sortira de sa race, et il commandera à de nombreuses nations. » Ce sens est conforme à celui du chaldéen et du syriaque. Les paroles de la seconde partie : « Son roi sera rejeté à cause d’Agag, et son royaume lui sera enlevé, » pourraient s’appliquer à Saül ; mais le sens n’est pas le même dans l’hébreu actuel, qui porte : « Son roi sera plus grand qu’Agag, et son royaume sera exalté. » Ce passage assez obscur, diversement lu et interprété, a été entendu du Messie par le chaldéen : « Leur roi… sera plus fort que Saùl…, et le royaume du roi Messie grandira. » On peut dire du moins que le Messie et son royaume sont indirectement désignés ici dans la prophétie de la prospérité du royaume d’Israël, qui figurait et préparait le royaume spirituel du Christ. Agag est, d’après plusieurs interprètes, le titre des rois d’Amalec. Voir col. 259.
Ce troisième oracle, qui renchérissait sur les deux premiers, mit le comble au mécontentement de Balac. Car non seulement Balaam bénissait de plus en plus ses ennemis, mais il venait encore d’appeler sur Moab les malédictions célestes par ces dernières paroles de son discours : « Maudit sera, [ô Israël, ] celui qui te maudira ! » Le roi ordonna donc à Balaam de s’en retourner dans son pays, non sans lui avoir fait remarquer qu’en écoutant Jéhovah il avait perdu la magnifique récompense qui lui était destinée ; mais Balaam rappela à Balac qu’il ne pouvait parler que conforménient aux ordres du Seigneur, comme il l’avait tout d’abord déclaré à ses envoyés. « Cependant, ajouta- 1- ii, je donnerai, en retournant vers mon peuple, un conseil concernant ce que votre peuple fera à celui-ci à la fin. » Num., xxiv, 14. L’hébreu porte : « Je vous dounerai avis de ce que ce peuple fera contre le vôtre dans les derniers temps, » ce qui ne permettrait pas de voir déjà dans ce verset l’intention de Balaam de donner un conseil qui pût être nuisible aux Israélites ; ces parolea seraient plutôt une transition au dernier oracle. Cf. Num.^ xxiv, 17. 1395
BALAAM
J390
4° Quatrième oracle. — Balaam reprit aussitôt son dis cours sans aucun préliminaire. Ce dernier oracle est le plus beau de tous ; il a une portée bien plus haute et plus étendue que les précédents. On dirait que le souffle prophétique attendait ce moment, où Balaam, libre de toute préoccupation du côté de Balac, se livrerait sans réserve à l’inspiration divine, pour le soulever et l’emporter dans une région nouvelle. Quatre visions successives passent sous ses yeux, et divisent ainsi cet oracle en quatre sections, comprises dans les fꝟ. 17-19, 20, 21-22, 23-24, du chapitre xxiv, et précédées d’un court préambule, fꝟ. 15-16, dans lequel Balaam rappelle sa mission en un langage assez obscur. Cf. fꝟ. 3-4.
1. « Je le verrai (hébreu : je le vois), mais pas maintenant ; je le contemplerai (hébreu : je le contemple), mais pas de près. Une étoile sortira de Jacob, et un sceptre s’élèvera du milieu d’Israël ; et il frappera les chefs (hébreu : les deux côtés) de MOab, et il dévastera tous les enfants de Seth (set, c’est-à-dire « confusion, tumulte » ). Et l’Idumée sera en sa possession, et l’héritage de Séir passera à ses ennemis ; mais Israël agira vaillamment (prévaudra en richesse et en force, d’après les Targums). De T acob viendra le dominateur ( appelérplus haut « étoile » et « sceptre » ) ; il perdra les restes de la ville. » Num., xxiv, 17-19.
2. Balaam, après avoir annoncé le Dominateur à venir, se tourna vers le pays des Amalécites, les première des Gentils qui avaient attaqué Israël, Exod., xvii, 8, et il prophétisa leur ruine, qui arriva sous Saûl. I Reg., xv, 2-33 Ils furent presque exterminés sous ce prince, et si plus tard ils reparaissent quelquefois encore, c’est sous forme de tribus isolées ou de bandes de pillards ; mais jamais plus comme constitués en corps de nation. I Reg., xxvii, 8 ; xxx, 1.
3. Balaam porte ensuite les yeux du côté des Cinéens et leur prédit qu’ils seront emmenés en captivité par les Assyriens. Quels étaient ces Cinéens ? Il est impossible de rien préciser, faute de données suffisantes, sur les peuples qui portent ce nom dans la Bible, voir Cinéens ; mais on peut du moins penser qu’ils étaient de même race que ceux dont Balaam voyait en ce moment le « nid » {qên, allusion à Qêni, « Cinéen » ). Le nom de la ville d’Accaïn (hébreu : Haqqaïn), Jos., xv, 57, au sud-est d’Hébron, cf Jud., i, 16, identifiée par les explorateurs anglais de VOrdnance Survey avec le village moderne de Youkin ou Yakin, rappelle le nom des Cinéens, et, du haut du mont Phogor, Balaam voyait très bien le rocher sur lequel était construite cette ville. Voir Accaïn, col. 105. La prophétie fut probablement accomplie contre les Cinéenstle la Galilée par Théglathphalasar, IV Reg., xv, 29, et contre ceux de la Judée par Nabuchodonosor ; car le mot « Assyriens » doit se prendre dans un sens large, comme on le voit par I Esdr., vi, 22, et ici même, ꝟ. 21.
4. En effet, étendant cette fois le regard de son esprit bien au delà de l’horizon visible dans lequel il s’était renfermé jusque-là, Balaam annonce, dans le ꝟ. 24, la ruine des Assyriens par des conquérants venus de l’Italie, c’est-à-dire de l’Occident (hébreu : Kittirn). Or les Grecs et les Romains n’ont pas détruit la puissance assyrienne, mais les empires qui s’étaient élevés sur le territoire où elle dominait autrefois. Ces nouveaux conquérants devaient aussi, d’après le voyant, ruiner les Hébreux. Par ee mot, il faut entendre les peuples d’au delà de l’Euphrate, d’après l’étymologie. Keil est d’avis, avec Hofmann, que ces deux noms, Assuret Héber, s’appliquent ici à l’ensemble des enfants de Sem : ceux des régions orientales (y compris les Élamites), représentés par Assur ; ceux des contrées occidentales, désignés sous la dénomination d’Héber. Keil, The Pentateuch (traduction anglaise), t. iii, p. 198-199. À leur tour ces derniers vainqueurs périront, « et pour toujours, » ajoule l’hébreu. C’est par cette prédiction que se termine toute la prophétie de Balaam.
VI. DU CARACTÈRE MESSIANIQUE DU QUATRIÈME ORACLE.
— Si l’on veut bien comprendre ce quatrième oracle, qui est là partie de beaucoup la plus importante de la prophétie et en constitue le point culminant, il faut ne pas perdre de vue les dernières paroles de Balaam à Balac, ꝟ. 14, par lesquelles il lui avait promis de lui découvrir ce qu’Israël ferait à son peuple « dans les dernière jours » (hébreu), expression qui dans le langage de la Bible se rapporte d’ordinaire au règne du Messie, déjà réalisé ou préparé par les événements de l’histoire d’Israël. Gen., xlix, 1 ; Is., ii, 2 ; Jer., xxx, 24 ; Ezech., xxxviii, 8, 16 ; Hebr., r, 2 (grec). Aussitôt après avoir prononcé ces paroles, Balaam rappelle, ꝟ. 15-16, d’une manière plus solennelle encore que précédemment, ꝟ. 3-4, l’esprit prophétique qui le remplit et la sagesse divine qui le fait parler. Alors son regard, plongeant dans l’avenir le plus lointain, y découvre une étoile qui sort de Jacob, cf. Apoc, xxii, 16, un sceptre qui s’élève d’Israël, un Dominateur dont l’origine céleste est symbolisée par l’étoile, comme le sceptre indique sa dignité royale et sa puissance. Cf. Gen., xlix, 10. Ce Dominateur est le terme extrême vers lequel toutes les parties de l’oracle convergent ; et ses victoires successives ne sont que la préparation graduelle de son triomphe final et de son règne éternel. Du sommet du Phogor, Balaam voit tour à tour tomber sous les coups du Dominateur tous ses ennemis, et le cercle de sa vision s’élargit à mesure, jusqu’à embrasser les plus grands empires du monde, s’écroulant les uns sur les autres pour faire place enfin à l’empire de celui que le voyant appelle l’Étoile de Jacob. De ce point de vue, la prophétie de Balaam apparaît dans une grandiose unité, et son accomplissement total est manifeste, tandis qu’il se montre imparfait ou difficile à reconnaître, si l’on se renferme dans l’histoire nationale des peuples, mentionnés. Si l’on veut, par exemple, avec certains interprètes, voir David dans le dominateur du ꝟ. 19, on ne peut lui attribuer toutes les victoires prophétisées. Car c’est à Saül et non à David qu’est due principalement la ruine des Amalécites ; les Moabites eux-mêmes, vaincus et soumis par David, II Reg., viii, 2, secouèrent plus tard le joug d’Israël, IV Reg., i, 1 ; iii, 4-5, et purent encore lui nuire, IV Reg, , xiii, 20-21, etc. ; et, quant aux Iduméens, l’accomplissement de la prophétie, commencé par David, II Reg., viii, 14 ; III Reg., xi, , 15-16, ne fut achevé qu’un peu avant l’avènement du vrai Dominateur, par Jean Hyrcan, qui soumit définitivement les Iduméens et leur imposa la religion mosaïque. Il ne peut donc être question de David, dans la prophétie de Balaam, que pour une partie des événements prédits, et sans doute en tant que ce prince est considéré comme le type du vrai « Boi des siècles », qui abat successivement tous ses ennemis et assied son trône sur les débris de leurs empires. Cf. Ps. cix, 2, et Apoc, xxii, 16.
Le passage relatif aux Cinéens semblerait toutefois rompre l’unité de celle vision prophétique. En effet, que viennent faire ici, parmi les ennemis d’Israël vaincus par son roi, les Cinéens, amis du peuple de Dieu ?I Reg., xv, 6 ; xxvii, 10 ; xxx, 29. Mais l’hébreu permet de résoudre cette difficulté. Balaam, après avoir prédit la ruine des Amalécites, dit que le Cinéen, au contraire, a une habitation stable et qu’il ne sera pas détruit, jusqu’au temps où Assur l’emmènera captif. C’est un constraste qui rappelle, en en montrant les effets différents, la conduite tout opposée qu’avaient tenue quarante ans auparavant, envers Israël, les Amalécites, d’une part, et les Cinéens en la personne de Jéthro, de l’autre. Exod., xvii, 8-14 ; xviii ; Jud., i, 16 ; iv, 17-22. Voir Keil, The Pentateuch^ t. iii, p. 196. C’est donc toujours la puissance du Dominateur qui s’exerce vis-à-vis des Cinéens comme des autres, mais en les protégeant comme amis de son peuple.
Le ꝟ. 24, où Balaam voit la puissance de l’Occident asservissant l’Orient, et détruite à son tour pour toujours, donne en deux mots comme une esquisse des tableaux
plus vastes dans lesquels Daniel dépeindra les grands empires et le royaume messianique qui doit leur succéder. Seulement Balaam ne dit pas, comme Daniel, par qui sera ruiné le dernier de ces empires. Est-ce que sa vue prophétique ne s’est pas étendue jusque-là, comme le disent certains critiques modernes ? Nous ne le croyons pas. D’abord ces mots « pour toujours » prouvent qu’à ses yeux cette dernière ruine est due à une cause irrésistible, toute-puissante ; et ensuite comment supposer que Balaam n’a pas vu ce destructeur, lui qui a débuté par ces paroles : « Je le vois, mais pas maintenant ; je le contemple, mais pas de près 1° La ruine du dernier conquérant n’est que le coup final de Celui qu’il n’a pas cessé de voir triompher de tous ses ennemis les uns après les autres. Mais il importe peu du reste que Balaam ait saisi ou non la portée de ses prédictions ; leur caractère messianique est indépendant de l’idée qu’il pouvait s’en faire.
Si ce caractère messianique, que les Pères reconnaissent généralement à l’ensemble du quatrième oracle, n’est pas admis de tous, il n’est du moins contesté de nos jours par aucun des commentateurs chrétiens en ce qui regarde I’ « étoile de Jacob » et le « sceptre » du ꝟ. 17. Les anciennes traditions juives étaient constantes sur ce point ; on le voit par les Targums d’Onkélos et du Pseudo-Jonathan et par la paraphrase dite de Jérusalem. L’histoire nous fournit, de son côté, une preuve de cette tradition dans le crédit que, sous le règne d’Adrien, l’imposteur Simon trouva auprès des Juifs ses compatriotes ; il prit le nom de Bar-Chochébas, « le fils de l’Étoile, » et le succès qu’il obtint montre bien qu’à cette époque l’Étoile annoncée par Balaam n’était autre pour les Juifs que le Messie même. Nous avons un témoignage historique encore plus frappant de cette tradition dans l’Évangile de saint Matthieu, ri, 2-4. Lorsque les mages, arrivés à Jérusalem, demandèrent où était né Je roi des Juifs dont ils avaient vu l’étoile en Orient, Hérode ne fut nullement étonné ; il ne demanda pas de quel roi et de quelle étoile ces étrangers voulaient parler ; il le savait, puisqu’il s’informa seulement du lieu où devait naître le Christ. C’est que le Christ était pour lui, comme pour les Juifs, le roi annoncé par l’étoile, ou plutôt l’étoile même, aussi bien que le sceptre, Num., xxiv, 17 ; c’était le Messie désigné ou rappelé ailleurs en des termes analogues, qui font ressortir la signification de ceux-ci. Cf. Gen., xlix, 10 ; Mal., iv, 2 ; Zach., iii, 8 ; vi, 12 ; Is., ix, 2, etc.
La tradition chrétienne a continué celle de la synagogue, et si quelques-uns ont pensé autrement, au dire de Théodoret, Qussst. xir in Num., t. lxxx, col. 394, le sentiment commun des Pères tient le ꝟ. 17 pour une prophétie de l’avènement du Messie. Cf. S. Jérôme, Epist. ad Oceanum, t. xxii, col. 695 ; Kilber, Analysis biblica, Paris, 1856, t. i, p. 97. Une tradition analogue devait exister chez les nations de l’Orient qui connaissaient la prophétie de Balaam, comme l’indiquent les paroles des Mages, Matth., ii, 2, mais adaptée aux idées régnantes dans le paganisme. Les Mages, « qui connaissaient d’avance l’apparition de l’étoile par l’oracle de Balaam, dont ils étaient les successeurs, » dit saint Jérôme, In Matth, ii, t. xxvi, col. 26, les Mages paraissent avoir cru que l’étoile apparue en Orient était l’objet direct de la prophétie de Balaam, et qu’à son tour elle annonçait, conformément aux croyances superstitieuses de l’antiquité, la naissance du « roi des Juifs », de même que d’autres astres annonçaient la naissance des grands hommes. Justin, Hist. xxxvii, 2 ; Suétone, Jul. Csesar, 78. Préparés par cette antique tradition, ils reçurent docilement la révélation qui leur fut faite de la naissance de ce roi. Voir Maldonat, In Matth., ii, 2.
VII. Funeste conseil donné par Balaam. — Sa mort.
— Sa prophétie terminée, Balaam reprit le chemin de Péthor. Dieu ne lui avait donc pas permis de maudire son peuple : il ne fallait pas que plus tard les Israélites, coupables et châtiés par le Seigneur, pussent attribuer
leurs malheurs à la malédiction d’un sorcier, dit Théodoret, Qusest. xuiin Num., t. lxxx, col. 390. Mais’Dieu permit qu’il leur nuisît d’une autre manière. Balaam, s’étant mis en route pour revenir dans son pays, s’arrêta chez les Madianites, voisins et alliés des Moabites. Les Madianites s’étaient joints aux Moabites pour solliciter son intervention contre Israël ; c’est sans doute ce qui détermina Balaam à séjourner chez eux en quittant le pays de Moab : il pouvait compter qu’ils écouteraient docilement ses avis, et l’événement justifia ses prévisions. Soit par un sentiment de haine contre le peuple de Dieu, soit plutôt dans l’espoir de recevoir de l’argent pour prix de ses services, il donna aux Madianites un conseil dont les effets devaient être, dans sa pensée, plus funestes aux Hébreux que n’auraient pu l’être ses malédictions ; car, s’ils avaient le malheur de tomber dans le piège qu’on allait leur tendre, ils seraient aussitôt privés du secours de Dieu, et attireraient sur eux ses vengeances. Num., xxxi, 16 ; cf. Apoc, ii, 14. À son instigation, les femmes de Moab et celles de Madian, dont certaines appartenaient aux plus grandes familles, Num., xxv, 2, 15 ; xxxi, 16, vinrent au camp des Israélites, sous le prétexte peut-être de leur offrir les marchandises dont faisaient commerce les caravanes madianites, et elles séduisirent le peuple et même un grand nombre d’entre les chefs, les faisant tomber dans le désordre, et par là ensuite dans le culte idolâtrique de Béelphégor. Num., xxv, 2-3. Le châtiment des coupables fut terrible : vingt-quatre mille d’entre eux furent passés au fil de l’épée. Num., xxv, 9.
Balaam ne jouit pas longtemps du succès de son mauvais conseil, lui-même en fut bientôt victime : par l’ordre de Dieu, les Israélites attaquèrent les Madianites et les exterminèrent, hommes et femmes, n’épargnant que les jeunes filles et les petits enfants. Leurs cinq princes furent aussi massacrés, et avec eux Balaam ; il périt ainsi sous les coups de ceux à qui il avait tant voulu nuire. Num., xxxi, 7-8, 17-18.
VIII. Ce qu’était Balaam. — - On s’est demandé si Balaam était un prophète ou un devin. Il fut certainement prophète le jour où il parla et annonça l’avenir au nom et par l’ordre de Dieu. Cf. Mich., vi, 5. Mais, selon le sentiment le plus commun, il ne fut pas un prophète au sens propre du mot. On n’est pas compté parmi les prophètes, dit saint Augustin, De diversis qusest. ad Simplvcianum, n, 1, n. 2, t. XL, col. 130, pour avoir prophétisé une fois. Tel est aussi le sentiment d’Origène, Hom. xinin Num., t. xii, col. 671 ; de saintBasile, en plusieurs endroits, entre autres Epist. 189 ad Eusthatium, t xxxii, col. 691, et de beaucoup d’autres, dont saint Thomas, 2°, 2*, q. 172, a. 6, ad 1°™, résume les doctrines d’un seul mot : Balaam fut « prophète des démons ». Cf. Tertullien, Adv. Marcion. , iv, 28, t. ii, col. 430 ; S. Jérôme, Qusest. hebraic. in Gènes., xxii, 20, t. xxilt, col. 971 ; In Job, xxxii, 2 ; Expositio interlinearis libri Job, t. xxvi, col. 1450 ; Epist. ad Fabiolam de 43 mans. in deserto, XL, t. xxiii, col. 722 ; Epist. Lxxrn, Epitaph. Fabiolse, t. xxii, col. 695 ; Estius, Annotât, in Num., xxii, 5. L’opinion commune peut invoquer en sa faveur l’Écriture elle-même. En effet, l’écrivain sacré ne donne pas à Balaam le nom de « prophète », nâbV ou hôzéh ; mais de « devin », haq-qôsêm, Jos., xiii, 22, mot toujours pris en mauvaise part. Deut., xviii, 10-12 ; I Reg., xv, 23, etc. Saint Pierre, il est vrai, l’appelle prophète, II Petr., ii, 16, mais c’est à l’occasion de l’événement dans lequel il le fut en effet. Ce nom d’ailleurs est quelquefois appliqué, dans la Bible, à des hommes qui ne sont point réellement prophètes. Deut., xiii, 1, 3, 5. — Voir A. Tholuck, Die Geschichte Bileam’s, dans ses Vermischte Schriften, 2 in-8% Hambourg, 1839, t. i, p. 406-432 ; "W. Hengstenberg, Die Geschichte Bileams und seine Weissagungen, in-8°, Berlin, 1842. E. Palis.
2. BALAAM (hébreu : BU’dm ; Septante : Ie|j16Xâav),
ville de la demi-tribu occidentale de Mariasse, nommée seulement sous cette forme, I Par., vi, 70. C’est probablement la ville qui est appelée Jéblaam, Jos., xvii, 11 ; xxi, 24. Voir Jéblaam.
- BALAAN##
BALAAN (hébreu : Bilhân, « modeste [?] ; » voir aussi Balan ; Septante : BaXaâji), prince horréen, fils d'Éser et descendant de Séir. Il habitait le mont Séir avant la conquête d'Ésaû. Gen., xxxvi, 27 ; I Par., i, 42.
BALAATH. La Vulgate appelle ainsi, Jos., xix, 44, et II Par., viii, 6, la ville dont elle écrit plus exactement le nom Baalath, III Reg., ix, 18. Voir Baalath.
- BALAC##
BALAC (hébreu : Bâlâq, « dévastateur (?) ; Septante : BaXix, » ), fils de Séphor, roi des Moabites. Il régnait au moment où le peuple d’Israël, après les quarante ans de séjour au désert, arrivait dans la contrée d’au delà du Jourdain pour passer ce fleuve et entrer dans la Terre Promise. La ruine complète des royaumes de Séhon et d’Og fit craindre à Balac le même sort pour le sien : « Ce peuple, ditil aux anciens de Madian, va détruire tous les habitants du pays comme le bœuf broute l’herbe jusqu'à la racine. » Num., xxii, 4. De ce que Balac s’adressa ainsi aux anciens de Madian, plusieurs ont conclu qu’il était lui-même Madianite, et qu’il avait profité de l’affaiblissement des Moabiles, par suite des conquêtes de Séhon, pour usurper le trône de Moab. Les derniers Targums font aussi de Balac un Madianite, et il est possible qu’il le fût en effet ; mais le contenu du ꝟ. 4 ne saurait en fournir une preuve suffisante ; car il était assez naturel que, dans un danger qui menaçait Madian aussi bien que Moab, cf. Num., xxv, 17 ; xxxi, 2-19, le roi de Moab cherchât à se concerter avec les Madianites, ses voisins, et d’ailleurs descendants de Tharé comme les Moabites. Il n’est donc pas besoin, pour expliquer cette démarche, de recourir à l’hypothèse d’une commune nationalité. Il paraîtrait néanmoins qu’il y eut à cette époque un changement de dynastie, ou peut-être même que la monarchie moabite fut établie et fondée en la personne de Balac ou de son prédécesseur- : le texte hébreu de Num., xxi, 26, appelle premier roi de Moab le prince auquel Séhou enleva Ilésébon, sa capitale, et tout le territoire jusqu'à PArnon. Ce premier roi étaitil le prédécesseur de Balac ou Balac lui-même ? C’est ce qu’on ne saurait dire.
Les Moabites avaient dû cependant conserver quelques points du territoire conquis par Séhon au nord de l’Avnoh, ou bien ils en reprirent possession aussitôt après la défaite des Âmorrhéens par Moïse, puisque nous les voyons alors établis dans ce pays et y agir en maîtres. Num., xxii, 41 ; xxiii, 14, 28 ; xxv, 1. Mais les succès des Hébreux rendaient cette possession précaire aux yeux de Balac, aussi bien que celle du reste de son royaume ; si les armes de Séhon avaient été funestes aux Moabites, que ne fallait-il pas craindre des vainqueurs de Séhon ? Balac ne savait pas que Dieu avait défendu à son peuple de rien entreprendre contre les Moabites, enfants de Lot. Deut., ii, 9. Se croyant donc impuissant contre un peuple qui avait pu s’affranchir du joug des Égyptiens et venait de détruire deux royaumes âmorrhéens, il pensa devoir recourir à un pouvoir surhumain. Il envoya des anciens de Moab et de Madian, peut-être aussi d’Ammoii, Dëut., xxiii, 4 ; II Esdr., xiii, 1, à un fameux devin de Péthor, en Mésopotamie, Balaam, fils de Béor, afin qu’il vînt maudire les Israélites et l’aider par ses maléfices à les repousser. Balaam vint en effet, mais il fut contraint par Dieu de bénir, au contraire, Israël, au grand mécontentement de Balac, qui dut se retirer sans avoir rien obtenu de ce qu’il désirait. Num., xxiv, 25. Quoique le nom de Balac ne paraisse pas dans les événements qui suivirent les oracles de Balaam, on peut croire qu’il ne resta pas étranger aux embûches qui, sur les conseils du devin de Péthor, furent
dressées par les Madianites contre les Israélites, pour les corrompre et les faire tomber dans l’idolâtrie. Num., xxv. Il est fait mention de Balac, dans la suite, en divers endroits des Livres Saints ; mais ces passages n’ajoutent rien à ce que Moïse nous apprend de lui dans le livre des Nombres. Jud., xi, 24-25 ; Mich., vi, 5 ; Apoc, ii, 14. Voie Balaam. E. Palis.
BALADAN. Voir Mérobach-Baladan.
- BALAGNI ou BALLAINI Jean##
BALAGNI ou BALLAINI Jean, mineur conventuel de la province de SaintNicolas, c’est-à-dire de la Pouille, et docteur en théologie, vivait au xvp siècle. Il a donné au public : 1° In Acta Apostolorum poenxata qusedam pergitam elegantissima, juxta doctissimas Joannis Feri in eadem enarrationes. Jean Feri était aussi un mineur conventuel ; l’ouvrage de Jean Balagni fut imprimé à la suite du sien, à Venise, chez Picenini et Leni, 1568, in-8°. 2° Expositio S. Bonaventurse in librum Sapientise et Lamentationes Jeremise. D’après Jean de Saint -Antoine, qui affirme avoir examiné ce volume, Balagni l’aurait fait imprimer à Venise, en 1574, in-8° (chez Salvioni, au dire de Sbaraglia), pour protester contre les fautes d’une autre édition, imprimée la même année et au même lieu, chez Pierre dei Francisci. Sbaraglia dit, au contraire, que l'édition de Balagni fut la première que l’on ait jamais imprimée île cet ouvrage du Docteur séraphique. P. Apollinaire.
- BALAI##
BALAI (hébreu : mat'âtë' ; Vulgate : scopa). Cet ustensile de ménage, fait de menues tiges résistantes, était connu des Hébreux. Il y est fait allusion dans l'Écriture. — 1° Dans une prophétie, Is., xiv, 23, le balai est pris comme symbole d’une entière destruction. « Je la balayerai, dit Dieu en parlant de Babylone, avec le balai de la destruction, » c’est-à-dire qui ne laissera rien de reste. Les Septante ont rendu le mot hébreu par « fosse », pàpa6pov ; mais le chaldéen, le syriaque et la Vulgate ont traduit par le mot « balai », plus conforme à l'étymologie. — 2° La femme qui a perdu la drachme balaye (<r « poï) sa maison pour la retrouver. Luc, xv, 8. Dans une demeure sans autre ouverture que la porte, à la lueur d’une faible lampe, elle n’avait pas de moyen plus facile pour trouver un si petit objet. — 3° Notre -Seigneur parle <le l’esprit impur qui, revenant dans le cœur de l’homme d’où il était sorti, retrouve sa demeure soigneusement balayée. Matth., xii, 44 ; Luc, xi, 25. E. Levesque.
- BALAN##
BALAN (hébreu : Bilhân, « modeste [?] ; » voir aussi Balaan ; Septante : BnXaiv), fils de Jadihel, dans la descendance de Benjamin. Ses sept fils furent chefs de familles puissantes. I Par., vii, 10, 11.
- BALANAN##
BALANAN, hébreu : Ba’al hânàn, « Baal fait grâce ». Cf. Ba’al Ifannon des inscriptions de Carthage, et Ba’al l.ianunu des inscriptions cunéiformes.
1. BALANAN (Septante : BaXXeMcâv, BaXaEwtip), fils d’Achobor, succéda à Saùl de Rehoboth sur le trône d'Édom, et fut le septième des rois qui régnèrent sur ce pays, avant l'établissement de la royauté en Israël. Gen., xxxvi, 38, 39 ; I Par., i, 49.
2. BALANAN (Septante : BaXXavàv), officier de David r originaire de Beth-Gader, ville de Juda, intendant desoliviers et des sycomores de la Séphéla. I Par., xxvii, 28. Son nom semble indiquer un Chananéen.
- BALANCE##
BALANCE (hébreu : nw’zenaïm, pelés et qânéh, Septante : ïvy<5v, (rra6|i<Sç, ti^oktti’y ! ; , po^'ô ; Vulgate : statera, pondus). L'Écriture ne décrit pas la balance dont se servaient les Hébreux ; mais les noms usités pour la désigner nous montrent qu’elle devait être à peu près
semblable à notre balance ordinaire, connue du reste des Égyptiens et des Assyriens (fig. 416), et figurée sur les monuments. Elle se composait de deux plateaux (mô’ze WVVV r& v( r
n
.s :
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416. — Balance assyrienne.
D’après Botta, Monuments de Ninive, pi. 140. Cf. H. Gosse,
Assyria, In -12, Londres, 1852, p. 608-609.
naïtn, iikaGfzt<[) attachés par des cordes ou des chaînettes aux deux extrémités d’un fléau (qânéh, Çvifiiv) muni en « on milieu d’un anneau qu’on suspendait au crochet de l’arbre de la balance ou qu’on tenait à la main. Une petite
E=Z
Y
O
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417. — Balance égyptienne.
Tombeaux de BenlHassan. D’après Champollion, Monument]
de l’Egypte et de la Nubie, pi. 357.
>tige ou languette (pelés), fixée au fléau, indiquait l’équilibre des poids par sa position verticale (fig. 417). Souvent un fil à plomb remplissait l’office de languette. Il partait <de l’angle inférieur formé par la jonction de deux cordes,
attachées, par l’autre extrémité, à droite et â gauche dâ l’axe du fléau. Celui-ci, en s’abaissant d’un côté, faisait dévier le fil à plomb du côté opposé. Quand le fléau était horizontal, le fil à plomb était juste en face de la ligne médiate de l’arbre de la balance, et indiquait par là l’équilibre des poids. Sur les monuments, le défaut de perspective ne permet pas de voir ordinairement les points
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418. — Balanoe à poids mobile, trouvée h. Pompét.
D’après Rien, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, ln-12, 1873, p. 361.
d’attache des deux cordes qui tenaient suspendu le fil à plomb ; on n’en distingue qu’un seul (col. 469). Celte balance devait être très juste. Celle dont parle Ézéchiel, v, 1, mô’zenê misqâl, « balance à poids, à fil à plomb » (cf. misqélét, « fil à plomb » ), pourrait bien être une balance de ce genre. Pour s’assurer de l’équilibre, les Égyptiens employaient encore un système très ingénieux : le fléau passait dans un anneau attaché à une petite tige parallèle et muni dans sa partie inférieure d’un contrepoids ; en constatant avec la main que l’anneau jouait librement, on pouvait, sans avoir besoin de regarder, re 419. — Balanoe romaine trouvée à Pompéi. D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 601.
connaître l’égalité des plateaux. Des exégètes ont voulu voir dans le pelés une balance spéciale, une sorte de peson ou de balance romaine, Gesenius, Thésaurus, p. 1106 ; mais ce mot paraît désigner plutôt une des parties de la balance ordinaire, soit la languette qui sert à constater l’équilibre, E. Rosenmiiller, Scholia inVelus Testant., Tn 1s., XL, 12, t. iii, p. 23, soit même le fléau. Kimchi, dans son commentaire sur Isaïe, xxvi, 7. Dans les deux endroits où il est employé, Prov., xvi, 11 ; Is.,
XL, 12, pelés semble bien être joint à mô’zenaïm, « les deux bassins, » pour exprimer, par ses deux parties essentielles, une seule et même balance. Le mot qânéh, « roseau, canne, s généralement usité pour les mesures de longueur, comme le grec xavùv, serait pour quelques éxégètes le nom de la balance dite « romaine ». Mais celle-ci est d’invention plus récente ; selon Isidore de Séville, Etymolog., xvi, 25, t. lxxxii, col. 159, elle aurait été inventée en Campanie, d’où son nom de campana
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420. — Balance égyptienne.
Pcséo des outen. Thèbes. Abd-el-Qourna, xviii » dynastie. D’après Lepsios, Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 39.
(statera). Et de fait on en a trouvé un grand nombre dans les ruines d’Herculanum et de Pompéi. Elle ne fut connue en Egypte, et probablement aussi en Palestine, qu’à l’époque romaine. J. G. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 246 et 247, note. Il est donc préférable d’expliquer par fléau le qânéh d’Isaie, xlvi, 6. Quand les Grecs et
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421. — Balance égyptienne pour la pesée de l’or.
Tombeaux de Boni -Hassan. D’après Champollion, Monuments
de l’Egypte, pi. 338.
les Romains dominèrent sur l’Egypte et l’Asie antérieure, ils y introduisirent leurs diverses sortes de balances : la balance ordinaire (libra), dans laquelle le fléau est muni d’une aiguille ou languette (examen) marquant par son inclinaison les variations de poids ; la balance (libra) dont le fléau est divisé en fractions et est muni d’un poids mobile qui permet de varier la longueur du levier et de constater facilement la différence de poids des deux objets placés dans les bassins (fig. 418), et enfin la romaine proprement dite (statera), ou balance à bras inégaux et à poids unique mobile (fig. 419).
En Orient, les balances servaient non seulement pour diviser une chose en parties déterminées, Ezech., vi, 1 ;
Is., xlvi, 6, et pour peser les diverses marchandises dans les achats et les ventes, mais aussi pour peser les métaux qui servaient à en payer le prix. Car aa lieu de faire toujours des échanges en nature, on en vint, pour plus de facilité dans les transactions, à payer en lingots d’or, d’argent ou de cuivre. Ces lingots, souvent coupés en anneaux de différente grosseur, pouvaient bien avoir quelque marque indiquant le poids et la valeur ; mais comme ils n’avaient pas encore l’empreinte et la garantie de l’autorité publique, on ne peut les considérer comme de la vraie monnaie, laquelle est d’invention grecque ou lydienne au vne siècle avant J.-C. Il fallait donc vérifier le poids des lingots à chaque marché nouveau. Aussi les marchands portaient-ils suspendus à la ceinture une petite balance et un sachet renfermant des pierres d’un poids déterminé. Les Orientaux n’ont pas
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422. — La pesée des âmes.
D’après une peinture de vase antique. — La peinture de ce vase représente le combat d’Achille et de Memnon et cette espèce de consultation des destinées dont Il est question dans les écrits des plus anciens poètes grecs et qu’ils appelaient psychostasie ou « pesée des âmes a, Acbille va percer de sa lance Memnon qui est tombé sur son genou droit. Au-dessus des combattants une balance est fixé&par un clou à un arbre desséché ; Mercure, coiffé d’un large pétase, regarde cette balance où sont pesés les destins d’Achille et de Memnon, figurés par deux petits génies ailés placés dans les plateaux ; il montre du doigt le plateau qui descend. Le bassin qui contient la destinée d’Achille s’élève, selon l’expression d’Homère, jusqu’aux cieux, tandis que l’autre descend avec la destinée de Memnon. À gauche, Thétis, la mère d’Achille, étend la main sur son fils ; à droite, l’Aurore, mère de Memnon, s’arrache les cheveux. Voir Millin, Peintures des vases antiques, 2 in-f°, Paris, 1808, t. i, pi. XIX, et p. 39-42.
complètement abandonné cet usage. Cf. Chardin, Voyages en Perse et autres lieux de l’Orient, édit. Langlès, Paris, 1811, t. vi, p. 120. Abraham « pesa » les quatre cents sicles d’argent pour la caverne de Macpélah, qu’il avait achetée aux Benê-Heth. Gen., xxiii, 16. Cf. II Reg., xviii, 12 ; Job., xxviii, 15 ; Jer., xxxii, 9 ; I Esdr., viii, 26, 33. En Egypte, on voit souvent figurée sur les monuments, dans les peintures d’hypogées funéraires, la pesée des outen ou anneaux d’or, d’argent ou de cuivre, servant aux payements (Qg. 420). Ils employaient aussi, pour la pesée de l’or, une balance un peu différente ; les cordes des plateaux étaient remplacées par deux bras faisant coude avec le fléau ; ces bras étaient terminés par des crochets auxquels se suspendaient les sacs d’or (fig. 421). Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 234, 246 ; G. Maspero, Lectures historiques, in-12, Paris, 1892, p. 22-23 ; Lenormant, Histoire ancienne, t. iii, p. 58. Chez les Assyriens, on pesait de même les lingots non monnayés ; le verbe saqal s’employait également pour dire « peser » et « payer ». Lenormant, Histoire ancienne, t. v, p. 113. (Voir Monnaie.)
— Quand on les vérifiait à la balance, on reconnaissait que les lingots n’avaient pas toujours le poids marqué ; on les rejetait. Des éxégètes, Cornélius a Lapide, dans
son commentaire sur Daniel, v, 26 (Vulg., 27) ; Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. ii, l rs partie, p. 449, etc., voient une allusion à cet usage dans la célèbre sentence portée contre Baltassar. Ce prince a été pesé dans la balance de la justice divine, et il est rejeté comme le lingot qui n’a pas le poids voulu. Cf. Job, xxxi, 6. Les poètes grecs et les monuments helléniques nous montrent aussi les dieux pesant les destinées des hommes (fig. 422).
En l’absence de contrôle légal pour les poids et les mesures, il était aisé de tromper en employant des poids falsifiés ou des balances fausses. On sait d’ailleurs que la fourberie et la tromperie sont des vices très communs en Orient. Aussi l’Écriture rappelle-t-elle souvent aux Israé 423. — La pesée de l’âme devant le tribunal d’CMrls. Anibê. xxe dynastie. D’après Lepslus, Denbmaler, AMh. iii, El. 232.
lites, enclins à ce défaut, l’honnêteté dans les relations commerciales. Moïse avait posé la loi : « Que votre balance soit juste. » Lev., xix, 36. Cf. Deut., xxv, 13. À cause des infractions nombreuses qui étaient commises contre cotte loi, les prophètes en réitérèrent les prescriptions. Ose., xii, 8 (Vulg., 7) ; Amos, viii, 5 ; Mich., vi, 11 ; Ezech., xlv, 10. Même insistance dans les livres sapientiaux. Il ne faut point se départir de la stricte équité « dans l’usage de la balance et des poids. » Eccli., xlii, 4. s La balance trompeuse est en abomination devant Jéhovah. » Prov., XI, 1 ; xx, 23. « La languette et les plateaux justes sont de Jéhovah. » Prov., xvi, 11. C’est-à-dire quand la balance est juste, c’est comme si Dieu avait prononcé.
L’usage si fréquent de la balance devait naturellement amener à la prendre comme terme de comparaison et comme symbole. L’Ecclésiastique recommande de peser ses paroles dans la balance, xxi, 28 ; xxviii, 29 ; nous avons la même métaphore pour exprimer la circonspection dans les paroles, le soin d’en examiner le pour et le contre, d’en apprécier les conséquences. La balance s’emploie au figuré-pour l’appréciation des choses morales : comme nous disons « le poids de la douleur », ainsi pour Job les afflictions pèsent dans la balance plus que le sable des mers. Job, vi, 2. « Les hommes qui s’élèvent contre Dieu, dit le psalmiste, lxi (hébreu, lxu), 10, sont moins qu’un souffle placé dans la balance ; ils sont enle vés par le moindre contrepoids. » Elle sert à peindre la puissance et la sagesse de Dieu : « Il a pesé dans la balance les montagnes. » Is., XL, 12 ; II Mach., IX, 8. « Le monde, les nations, sont devant lui comme le plus petit poids, comme un grain de poussière dans la balance. » Is., XL, 15 ; Sap., xi, 23. Dans l’Apocalypse, vi, 5, la-balance symbolise la disette ; après l’ouverture du troisième sceau, saint Jean voit sur un cheval sombre un cavalier tenant à la main une balance, et il entend une voix qui crie : « Un chénix de blé pour un denier (c’est-à-dire pour une journée d’ouvrier), trois chénix d’orge pour un denier ; » en d’autres termes, chacun n’aura alors qu’une maigre et insuffisante ration, mesurée et pesée. Cf. Lev., xxvi, 26 ; Ezech., iv, 16, 17. Ce n’est pas précisément la famine, comme dans le sceau suivant ; mais la rareté et la cherté des vivres, c’est-à-dire la disette. Enfin la balance est le symbole du jugement de Dieu et de sa rigoureuse équité : « Que Dieu me pèse dans la balance de la justice, s’écrie Job, xxxi, 6, et il reconnaîtra mon innocence. » Dans ce symbole, Job se rencontre avec l’Egypte ; on sait que les rapprochements entre le livre de Job et les documents égyptiens sont nombreux et étroits. Ou voit souvent représentées dans la vallée du Nil les balances divines, qui sont dressées devant le tribunal d’Osiris (fig. 423). Le cœur du défunt est placé dans un des plateaux, , et dans l’autre une petite statue de la Justice et de la "Vérité ou leur symbole. Anubis avec Horus surveillent les oscillations du fléau, et quand les plateaux sont en équilibre, il prononce la formule sacramentelle : « Le cœur fait équilibre ; la divine balance est satisfaite parl’osiris JV… » Et Thot, une tablette à la main, écrit la sentence (col. 469, fig. 115). Les siècles chrétiens ont exprimé le jugement de Dieu par le même symbole, si naturel. Au moyen âge, les artistes représentaient fréquemment la pesée des âmes ; on peut en voir un exemple dans le tympan du grand portail de Notre-Dame de Paris. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, in-8°, Paris, 1877, p. 78. E. Levesque.
BALANITE. I. Description. — Plante qui, selon plusieurs botanistes et exégètes, produirait la substance appelée en hébreu sôri. C’est un arbre muni d’épines robustes, droites, longues de quatre à cinq centimètres, et généralement situées à la base des rameaux ; ceux-ci sont effilés, assez grêles, allongés, à écorce amère ; les feuilles sont divisées en deux folioles ovales ou oblongues, arrondies ou échancrées en cœur à leur base, amincies dans la partie supérieure, habituellement larges de un centimètre et demi ; elles sont coriaces, couvertes d’un duvet fin ; les fleurs, verdàtres, à odeur suave, sont disposées en petites grappes espacées, placées à l’aisselle des feuilles ; ces grappes sont glabres et ne renferment pas plus de trois à cinq fleurs ; la corolle est petite, parfois blanchâtre, formée de cinq pétales linéaires et oblongs, pourvue à la base d’un calice également à cinq divisions pubescentes ; le fruit est charnu, huileux, de forme ovale, légèrement aminci aux deux extrémités, portant au dehors quatre angles arrondis et peu saillants ; à l’intérieur, il renferme un noyau osseux (fig. 424). Cet arbuste a été nommé Balanites ssgyptiaca par A. R. Delile, Description deVÊgyple, in-.f », Paris, 1813, p. 221, pi. 28, fig. 1 ; A. P. de Candolle, Prodromus syslematis regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. i, p. 708. Il croît en Arabie, dans les déserts de l’Egypte supérieure, en Nubie et en Abyssinie ; il ne se rencontre plus actuellement, dans toute la Palestine, qu’aux environs de Jéricho, dans la vallée chaude du Jourdain, d’après E. Boissier, Flora ùrientalis, 5 in-8°, Bàle et Genève, 1867-1884, 1. 1, p. 944. Le fruit du balanite s’appelle myrobalan d’Egypte ou datte du désert ; il a presque la forme et la figure d’une datte ; sa chair, qui est d’abord acre, très amère et purgative, devient douce et mangeable en mûrissant. Son noyau fournit de l’huile ; sa pulpe mûre sert à préparer
une boisson fermentée. Voir N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8o, Paris, 1849-1851, 4e édit., t. iii, p. 265 ; H. Bâillon, Histoire des plantes, Il in-8o, Paris, 1869-1892, t. iv, p. 403 ; Ascherson et Schweinfurth, Illustration de la flore d’Egypte, dans les Mémoires de l’institut égyptien, t. ii, p. 58 ; A. Schnizlein, Iconographia familiarium naturalium regni vegetabilis, 4 in-4°, Bonn ; 1843-1870, t. iii, p. 223.
M. GâNIlOGER.
II. Exégèse. — Le balanite était certainement connu en Egypte : son fruit a été souvent trouvé dans les tombeaux, parmi les offrandes funéraires. G. Schweinfurth, Sur les dernières découvertes botaniques dans les anciens tombeaux de l’Egypte, dans le Bulletin de l’institut égyptien, 1885, p. 260 et 268 ; V. Loret, La flore pharao 42é. — Balanltes œgyptlaca.
Rameau avec feuilles, fleurs et épines. — 1. Fleur. — 2. Fruit. —
8. Coupe du fruit.
nique d’après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes, in-8o, Paris, 1892, p. 102. D’après M. Maspero, dans les Proceedings of the Society of Biblical archœology, juin 1891, t. xiii, p. 498-501, le balanite serait l’arbre appelé dans les textes hiéroglyphiques I l -^ J I, aSdu, aSed, et souvent représenté
sur les monuments (fig. 425). Le port de l’arbre, son feuillage, son fruit, tout rappelle assez bien le balanite ; et les propriétés médicinales que le papyrus Ebers donne au fruit de VaSed répondent aussi à celles de son fruit. Les Arabes, près de Jéricho, connaissent le balanite sous le nom de zaqqûm ou zukkûm : de son fruit ils tirent une huile qu’ils vendent comme baume ( moderne) de Galaad. H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 336. Elle a le goût de l’huile d’amandes douces ; elle est un peu plus épaisse, et la couleur en est plus foncée. « Entre les productions de ce lieu-là, raconte H. Maundrell, Voyage d’Alep à Jérusalem, en 169T, traduit de l’anglais, in-12, Utrecht, 1705, p. 144, je vis un fruit fort remarquable, que les Arabes nomment zacchone. Il croît sur un arbrisseau rempli d’épines… Il a la forme et la couleur d’une petite noix qui n’est pas mûre. Les Arabes pilent l’amande de ce fruit dans un mortier, en suite de quoi ils la mettent dans de l’eau bouillante, et en tirent une huile dont ils se servent pour les meurtrissures internes. Ils l’appliquent aussi extérieure ment sur les blessures ouvertes et la préfèrent au baume de Gilead. »
C’est de ce balanite, connu et estimé des Egyptiens et des Arabes pour son fruit et l’huile qu’on en extrayait, que viendrait, selon une opinion assez suivie, le sort biblique. Le sort était un des meilleurs produits de la Palestine, Gen., xliii, 11, produit assez précieux pour qu’une petite quantité fut un présent digne d’être offert
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425. — L’arbre asdu.
rhèbes. Médmet Habou. Temple de Tothmès III. xviii » dynastie. D’après Lepsius, DenlcmaUr, Abth. iii, Bl. 37. — En haut, à gauche ; fruit de l’arbre, servant de cartouche pour le nom de Ramsès II.
au premier ministre du Pharaon. C’est du pays de Galaad surtout qu’on tirait cette substance, Gen., xxxviii, 25 ; Jer., vm, 22 ; XL vi, 11 ; elle y était très abondante, car l’épuiser semblait chose impossible. Jer., viii, 22. Le sôri figure parmi les articles précieux que les caravanes marchandes portaient en Egypte à dos de chameaux, Gen., xxxvii, 25 ; le pays de Juda et la terre d’Israël en faisaient également le trafic avec la Phénicie sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 17. Il avait de remarquables propriétés médicinales : en particulier, on s’en servait pour guérir les blessures et les plaies, Jer., viii, 22 ; li, 8 ; c’était un remède très efficace, puisque, selon une image du prophète, il pourrait peut-être guérir même Babylone, brisée dans sa chute, Jer., li, 8 ; mais, malgré son application, l’Egypte ne saurait espérer de guérison pour ses blessures. Jer., XLVI, 11.
Ce sôri que l’Écriture nous présente, non tant comme
un parfum que comme une substance précieuse, propre à guérir les plaies, peut à ce titre s’identifier avec l’huile du balanite, regardée encore par les Arabes comme un excellent médicament. Mais il paraît difficile d’appeler cette huile une résine, comme l’ont fait les Septante (p » )t{vï|) et la Vulgate (résina) dans tous les endroits où se rencontre ce mot hébreu. D’ailleurs, d’après l’étymologie (sârâh), le sôrî semble être un suc tombant goutte à goutte du tronc de l’arbre ou des branches après une
incision. Cf. l’arabe y J^, dara’ « couler ; » VLà, diroun « larme d’arbre, » et le sabéen ny. J. Halévy, Études sabéennes, dans le Journal asiatique, décembre 1874, p. 499. Enfin, si l’on considère l’invitation que Jérémie ait à l’Egypte de monter en Galaad pour y chercher ce puissant remède, et la présence de cette substance parmi les dons précieux portés par les fils de Jacob à Joseph, on peut en conclure que l’arbre producteur du sôrî ne devait pas croître en Egypte, ou du moins n’y être pas répandu comme l’était le balanite. Aussi l’identification reste-t-élle très incertaine. Plusieurs autres substances ont été proposées comme les représentants probables du sôrî, le mastic du lentisque, la résine du térébinthe, le vrai baume de Galaad, tiré du Balsamodendron opobalsamum. Voir Lentisque, Térébinthe, Baumier, Résine. D’un autre côté, on a identifié le balanite avec le’es sémén ou « arbre à huile » de l’Écriture. W. Houghton, dans W. Smith, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 590. Mais le’es Sémén était répandu dans toute la Palestine ; on le trouvait aux portes de Jérusalem, II Esdr., viii, 15 (Vulgate : lignum pulcherrimum). Le balanite, au contraire, n’était pas aussi commun ; il paraît avoir été confiné à la vallée du Jourdain. Voir Huile (Arbre a).
E. Levesque.
BALAS. Voir Alexandre I er Balas, roi de Syrie, col. 348.
- BALBI Jean##
BALBI Jean, dominicain, appelé de Janua ou de Gênes, du lieu de sa naissance, mourut vers l’an 1298. Il se recommandait à tous ses contemporains par la sainteté de sa vie, sa connaissance des Écritures et des saints Pères. Dans l’église de Pavie, son image avait été peinte entre celles des saints. Son principal ouvrage, qui a pour titre Catholicon ou Summa grammalicalis, est une sorte d’encyclopédie de médiocre importance. Dans la préface, il avertit ses lecteurs qu’il traitera, entre autres choses, De origine et significatione quarumdam dictionum qum ssepe inveniuntur in Biblia. Cet ouvrage fut un des premiers livres imprimés. La première édition que nous en connaissons fut publiée grand in-f°, à Mayence, en’1460, et ce n’est pas sans raison qu’elle est attribuée à Gutenberg. Les Posiillse super Evangelia de Jean Balbi sont conservés manuscrits dans la bibliothèque des dominicains de Gênes. — Voir Brunet, Manuel du libraire (1862), t. iii, p. 501, au mot Janua ; Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum (1719), t. i, p. 462 ; Fabricius, Bibliotheca médias lotinilatis (1734), t. i, p. 437.
- BALBUZARD##
BALBUZARD, Pandion, Falco haliseetus, oiseau de proie diurne, de la famille des falconidés (fig. 426). Il a soixante centimètres de long, le bec noir et grand, le manteau brun, le dessous du corps blanc, la tête blanche avec des taches brunes, les ongles forts, très crochus ; les ailes, au repos, dépassent l’extrémité de la queue. C’est de tous les oiseaux carnassiers le plus intrépide pêcheur. Il se nourrit de poissons, qu’il saisit avec ses serres à la surface de l’eau ou même en plongeant. On le trouve sur le bord des rivières, des lacs et des étangs. Cf. Pline, x, 3. Plusieurs savants croient que cet ichtyophage est le’oznîyâh, que le Lévitique, xi, 13, et le Deutéronome, xiv, 12, rangent parmi les animaux impurs dont il est défendu aux Israélites de manger. (Voir col. 305.) L’oiseau mentionné par Moïse est plus probablement, comme
DICT. DE LA BIBLE
l’ont entendu les anciens traducteurs, l’aigle de mer ou pygargue. (Voir col. 305.) Le balbuzard, se nourrissant exclusivement de poissons, ne se rencontre pas ou du’*fsf
426, — Le balbuzard.
mains est fort rare en Palestine, à cause du petit nombre de cours d’eau ; le Jourdain, la seule rivière de la Palestine, n’est pas fréquenté par cet oiseau de proie, non plus que le lac de Tibériade.
- BALDAD##
BALDAD (hébreu : Bildad, peut-être contraction de bén lédad, « fils de contention ( ?) » ; Septante : BaiSiS), un des trois amis de Job qui vinrent pour le consoler dans son malheur. Job, II, 11. La Bible l’appelle Baldad le Suhite. Voir Suhite. Les Septante donnent à Éliphaz et à Sophar, les deux autres amis de Job, le titre de roi, et à Baldad celui de Eau^éwv-uOpavvoç. Les amis d’un homme aussi riche et puissant que l’était Job, i, 3, devaient être, en effet, des personnages considérables, occupant dans leur pays un rang analogue à celui des scheiks ou même des émirs parmi les Arabes modernes.
Baldad prend part à chacune des trois discussions que Job soutient avec ses amis. Dans son premier discours, pour appuyer la thèse exagérée d’Éliphaz, que toute souffrance est le châtiment d’un péché personnel, il décrit successivement le sort du pécheur repentant qui recouvre sa prospérité passée, et même quelquefois une prospérité plus grande encore, Job, viii, 4-7 ; la destinée malheureuse du pécheur obstiné, qui se desséche et périt comme un roseau privé d’eau ou une herbe germant parmi les pierres, Job, viii, 11-15, et enfin l’état de l’homme juste et innocent à qui Dieu fait une existence heureuse, à l’abri des attaques de ses ennemis. Job, viii, 20-22. II y a dans ce premier discours beaucoup d’affirmations et point de preuves.
Le second n’est pas plus riche en arguments, mais Baldad y donne plus libre carrière à son imagination. Dans un style brillant et fortement imagé, il montre l’éclat de la félicité du méchant s’éteignant dans la tristesse lugubre d’une fin que des fléaux nombreux précédent, que l’isolement accompagne, et que suit un honteux oubli, aggravé par l’absence de toute postérité. Job,
XVIII.
Le troisième discours, — si l’on peut donner ce nom à quelques sentences solennelles qui tiennent en cinçj
I. — 47 versets, Job, xxv, 2-6, — rappelle la puissance de Dieu et le néant de l’homme, ce qui n’a aucun rapport direct avec la thèse en débat. Lé magnifique langage de Baldad ne sert qu’à mettre en évidence la force probante des faits invoqués par Job, contre lesquels Baldad ne peut rien alléguer, et à rendre plus éclatante la victoire de Job. Aussi aucun des trois amis ne prendra-t-il plus la parole après ces quelques mots de Baldad ; ils la céderont à Éliu, dont l’intervention préparera celle de Jéhovah et la conclusion du livre.
Baldad parle toujours après Éliphaz, et il reproduit au fond les idées de son ami, en les appuyant sur l’autorité des anciens sages, Job, viii, 8-10, comme Éliphaz en appelle aux visions. Job, iv, 12-16. Il affirme et il peint plus qu’il ne raisonne. Toutefois, s’il suit le sentiment d’Éliphaz, il n’imite pas la modération dont celui-ci fait preuve, au moins au commencement. Dès ses premières paroles, Baldad s’adresse à Job d’un ton acerbe, Job, viii, 2-3, plus accentué encore dans le second discours, xviir, 3-4. Il pousse la dureté jusqu’au point de donner à entendre à ce père affligé que ses fils, Job, I, 19, avaient bien mérité leur sort, viii, 4. Sa colère contre Job s’exalte par le succès croissant avec lequel le saint patriarche répond à ses amis ; aussi son second discours n’est-il au fond qu’un portrait de Job et un tableau de son triste état, sans aucun trait qui vienne, comme dans le premier discours, Job, viii, 5-7, adoucir un peu l’amertume de ce langage. Ces invectives ne reparaissent pas dans le troisième discours ; vaincu par Job, il ne convenait plus à Baldad de le prendre de si haut avec lui ; il devait même lui rendre déjà dans son cœur cette justice que bientôt, par l’ordre de Dieu, il lui rendra publiquement, avec Éliphaz et Sophar. Job, xlii, 7-9. 1^. Palis.
- BALDI D’URBIN Bernardin##
BALDI D’URBIN Bernardin, orientaliste et érudit italien, né à TJrbin le 6 juin 1553, et mort dans cette ville le 12 octobre 1617. Il s’appliqua d’abord aux mathématiques, puis, afin de se procurer des moyens d’existence, étudia la médecine à Padoue. Il fut très lié avec saint Charles Borromée, et, en 1586, fut pourvu de l’abbaye de Guastalla, qu’il garda pendant vingtcinq ans. Très versé dans la connaissance de la littérature grecque, il voulut encore, afin de mieux pénétrer le sens des Écritures, étudier les langues orientales, et son ardeur infatigable pour l’étude ne se laissa arrêter par aucun obstacle. De ses nombreux ouvrages la plupart sont restés manuscrits. En 1594, il traduisit du chaldéen et commenta le Targum d’Onkélos Outre cet important travail, qu’il put achever en une année, il avait composé une description du temple d’Ézéchiel, une histoire de Job et un commentaire sur saint Matthieu. Parmi ses poésies imprimées, nous mentionnerons : II diluvio universale cantato con nuova manière diverti, in —4°, Pavie, 1604. — Voir Tiraboschi, Storia délia litt. ital. (1824), t. vii, p. iii, p. 1769.
- BALDUIN Friedrich##
BALDUIN Friedrich, théologien protestant, né à Dresde le 17 novembre 1575, mort à Wittenberg le 1° mai 1627. Il étudia d’abord à l’école de Meissen, et ensuite à Wittenberg, où il devint professeur de théologie et assesseur au consistoire. Il a laissé de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer les suivants : Commentarius in Haggseum, Zachariam et Malachiam, in —8°, Wittenberg, 1610 ; Passio Christi typica, complectens personas, res, historias Veteris Testamenti in quibus mors et passio Jesu Christi præfigurabatur, Wittenberg, 1614 ; in-8°, 1616 ; Adventus Christi typicus, in-8°, Wittenberg, 1620 ; Commentarius in omnes Epistolas apostoli Pauli, in quo prœter analysin, explicationem et paraphrasin textus, multipliées commonefactiones ex textu eruuntur, tum variis questionibus controverse fundamenta sanse doctrinx monstrantur. Les éditions de cet ouvrage sont nombreuses ; il parut à Francfort, en 1644, in-4° ; in-f », Wittenberg, 1655 ; in-f°,
Francfort, 1664 ; in-4°, ibid., 1680 ; in-f°, 1691, 1700, 1710. Ce commentaire a été aussi publié partiellement sous divers titres à Wittenberg, de 1608 à 1630. L’auteur, d’après Walch, s’étend davantage sur les matières morales et les récits de controverse que sur les points de critique et de philologie. Idea dispositionum biblicarum qua ratio tractandi textus biblicos in coheionibus ad populum præceptis et exemplis monstratur, in —8°, Wittenberg, 1623 ; Explicatio libri Josue, soixante-huit sermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1610, 1613, 1621 ; Explicatio libri Judicum, recueil de quatre-vingt-huit sermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1617, 1646 ; Hausbûchlein Ruth, vor dieser Zeit in zwey und zwanzig Predigten nach der Richtschnur heiliger gôltlicher Schrift schlecht und recht erklàret und geprediget, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1620 ; Psalmi graduum, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1625, 1667 ; Evangelien poslill., in —4°, Wittenberg, 1624 ; 1625, en trois parties ; Hypomnemota homiliarum in Evangelia dominicalia et festivalia, Wittenberg, 1612, ouvrage traduit en allemand par André Richard, et qui parut à Wittenberg, in-4°, 1631, 1644 ; Commentarii in psalmos pœnitentiales cutn textu hébr., grseco et latino, in —8°, Wittenberg, 1599, 1609, 1621. — Balduin est mentionné dans V Indice des livres proscrits par l’Inquisition espagnole, publié à Madrid, en 1790. L. Guilloreau.
BALÉ, hébreu : Bêla’. Nom de deux personnages,
1. BALÉ, fils de Béor, roi d’Édom. I Par., i, 43. Il est appelé Bêla, Gen., xxxvi, 32. Voir Bêla 1.
2. BALÉ, fils de Benjamin, I Par., viii, 1, que la Vulgate appelle ailleurs plus justement Bêla, Gen., xlvi, 21, comme le texte hébreu. Voir Bêla 2.
BALEINE. La baleine n’a point de nom spécifique dans la Bible ; mais elle est comprise, avec d’autres grands animaux aquatiques, sous la dénomination de (an et fannin (Septante : xîjtoç), mot qui désigne en général les animaux qui s’étendent en longueur, tels que les serpents, les crocodiles, les grands cétacés, parmi lesquels la baleine (fig. 427). Dans la Genèse, i, 21, Moïse rapporte au cinquième jour la création des animaux qui vivent dans les eaux, et particulièrement des « grands fannpnim ». Il est encore fait mention des cétacés en général dans le cantique des trois jeunes hommes de la fournaise : « Bénissez le Seigneur, xtjtt) et tout ce qui se remue dans les eaux. » Dan., iii, 79.
La baleine paraît nommée spécialement par Isaïe, xxvii, 1 : « Le Seigneur visitera avec son épée ce léviathan vigoureux, ce léviathan tortueux, et il tuera le tannin qui est dans la mer. » Il s’agit bien ici d’un monstre marin, et non du crocodile, que le prophète appelle Léviathan, ni du serpent, qui n’est pas dans la mer. Dans le Psaume ciii, 26, il est encore probablement question de la baleine. Le psalmiste dit, en parlant de la mer : « Sur elle se meuvent les navires, et le léviathan que tu as fait pour s’y jouer. » Le mot léviathan signifie « animal qui se recourbe », et peut s’appliquer aussi bien que tannin à un grand cétacé. Il ne saurait être question ici du crocodile. Delitzsch, Die Psalmen, t. ii, p. 166, pense avec raison que le psalmiste fait allusion à la baleine. Ce sont du reste les cétacés, et non les crocodiles, qui se jouent sur les Ilots de la mer et y font des bonds merveilleux. Dans un dernier passage, l’auteur de Job écrit : « Suis-je la mer ou un tannin, pour que tu m’aies environné d’une barrière ? » Job, vii, 12. Il est possible qu’ici le poète ait voulu parler de la mer et de la baleine ; mais parfois le Nil est appelé « mer », et le parallélisme demanderait qu’alors, dans ce verset, l’idée du fleuve appelât celle de son dangereux habitant, le crocodile. C’est à ce dernier sens qu’inclinent les commentateurs, parce que
si une barrière peut cerner le crocodile quand il est sur le rivage, il ne faut point penser à environner la baleine qui plonge dans les profondeurs.
Il est certain toutefois que les auteurs sacrés ont connu les grands cétacés. Parmi les mysticètes, ou cétacés à fanons, la baleine franche se trouvait autrefois dans la Méditerranée en assez grand nombre. Elle s’y aventure parfois encore, et, en 1877, on en a pris une dans le golfe de Tarente. Une autre espèce, la Balsenoptera roslrata, se trouve dans toutes les mers, et l’on en a capturé dans la Méditerranée. La Balsenoptera musculus fréquente aussi cette dernière mer. Enfin la mégaptère, ou baleine à bosse, est cosmopolite. Revue des questions scientifiques, t. xvii, p. 435 ; t. xxiii, p. 332. Ces différents animaux, chassés aujourd’hui de nos mers, étaient bien faits pour émerveiller les anciens par leur taille gigantesque, l’agilité de leurs mouvements, et les jets de vapeur mêlés d’eau que lancent leurs évents, quand ils remontent à la surface pour respirer. La baleine franche atteint jusqu’à vingt-trois mètres de longueur. De plus, ces gros cétacés échouent parfois sur le rivage, et il leur est presque im dilater le pharynx de la baleine. Mais il est de principe qu’on ne doit pas supposer le surnaturel sans nécessité. Laissant donc de côté l’opinion vulgaire, les interprètes de la Sainte Écriture ont cherché le « grand poisson » dans la classe des pristis ou scies, et dans celle des squales. Dans cette dernière se trouve le Squalus carcharias, qui a existé de tout temps dans la Méditerranée comme dans le golfe Persique, et qui n’est pas embarrassé pour engloutir un homme tout entier. Du reste les anciens ne s’y sont pas trompés, et dans les peintures des premiers siècles qui représentent le miracle de Jonas, le monstre qui engloutit et rejette le prophète ne ressemble à rien moins qu’à une baleine. Martigny, Dictionnaire des antiquités
chrétiennes, p. 398.- BALINGHEM##
BALINGHEM (Antoine de), né à Saint -Orner le 25 juin 1571, mort à Lille le 24 janvier 1630. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 4 octobre 1588. Il fut envoyé à Novellara (Italie) pour faire son noviciat. Après avoir terminé ses études de philosophie à Brescia, il revint en Belgique, professa la philosophie à Douai et fut ensuite
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427. — La baleine.
possible de se remettre à flot. Le cas a dû se produire de temps en temps sur les côtes de Palestine.
Dans l’autre espèce de cétacés, les cétodontes, ou cétacés à dents, il faut encore compter le dauphin, le marsouin, le cachalot, qui sont si nombreux dans la Méditerranée, comme dans toutes les mers, et que les anciens ont fort bien pu confondre avec les baleines sous le nom générique de tannin. On ne peut donc douter que la baleine n’ait été connue des écrivains bibliques, mais il n’est pas possible de savoir à quelle espèce précise de cétacés ils font allusion quand ils parlent de monstres marins.
Il est certain du moins que, contrairement à l’opinion populaire, ce n’est pas une baleine qui a englouti le prophète Jonas. Le texte sacré parle d’un dâg gâdôl, « grand poisson, » et dans saint Matthieu, xii, 40, Notre-Seigneur dit que Jonas a été trois jours dans le ventre toO xrjtouî. Le xt)toç est en général un monstre marin, mammifère ou poisson ; le dâg, au contraire, désigne toujours un poisson, et le tannin ne le désigne en aucun cas. D’après l’étymologie même, dâg est l’animal « qui se multiplie beaucoup » ; la baleine ne porte jamais qu’un seul baleineau, et sa gestation est de plus d’une année. Il est vrai que les anciens auraient pu confondre poissons et cétacés, sans qu’on eut à incriminer la Bible, qui parle habituellement selon les apparences. Mais ici son langage est rigoureusement scientifique. La baleine a la bouche large de deux ou trois mètres, et haute de quatre ou cinq, quand elle est béante. Un homme y tiendrait donc, mais l’animal ne pourrait l’avaler, parce qu’il a le pharynx très étroit et se nourrit seulement de petits poissons, que sa bouche engloutit et retient avec ses fanons comme dans un filet. Sans doute le cas de Jonas est éminemment miraculeux, et rien n’empêchait la puissance divine de
appliqué à la prédication. Outre un bon nombre d’ouvrages ascétiques empreints d’une certaine originalité et des traductions de relations des missions étrangères, il a publié : Scriptura sacra in locos communes morwn et exemplorum novo ordine distributa, 2 in-f°, Douai, 1621 ; Cologne, 1659 ; Trévoux, 1705 ; Lyon, 1711. L’auteur y a inséré un ouvrage publié dès 1617 : Thésaurus orationum jaculatoriarum ex sacris litteris utriusque Testanienti.
C. SOMMERVOGEL.
BALISTE. Machine de guerre employée dans les sièges pour lancer des pierres ou de grosses poutres contre l’ennemi, ainsi nommée du grec (3âXXeiv, en latin ballista, balista. Ce mot se trouve dans la Vulgate, I Mach., vi, 20 et 51. Les Grecs la désignaient sous leiT noms de rceTpoédXoç, XiôéëoXoç, XïôoêéXov, mots tins de la nature du projectile lancé par cette machine. En hébreu, le terme général de hiSSebônôt est seul employé, II Par., xxvi, 15. Ce mot signiûe « machines de guerre » en général, et il est traduit dans les Septante par |XT)xavà ?, et dans la Vulgate. par machinas ; mais parmi ces machines les unes sont certainement des batistes, puisque le texte sacré nous dit qu’elles sont destinées à lancer de grosses pierres. Voir Catapulte, Machine.
Pline, H. N., vii, 56, dit que les Grecs empruntèrent aux Syrophéniciens les balistes de guerre. Elles apparaissent dans l’Écriture sous le règne d’Ozias, qui en lit construire et déposer un certain nombre sur les tours et dans les angles des remparts de Jérusalem. II Par., xxvi, 15. Les Machabées se servirent de balistes dans les guerres de l’indépendance. I Mach., vi, 20 et 51 ; cf. xi, 20. Dans les deux premiers de ces passages, la Vulgate traduit par balistas le mot grec $tlotniae.KCette traduction est inexacte. Le mot psX<i<n ; « <n ; désigne non les machines 1M5
BALISTE — BALLART
1416
de guerre, mais tout emplacement destiné à les recevoir. Revue de philologie, nouv. sér., t. iii, 1879, p. 129. Le même mot grec est employé à tort par les Septante, Ezech., iv, 2, pour traduire le mot hébreu karim, que la Vulgate traduit exactement par arietes. Voir Bélier. Dans I Mach., VI, 51, le texte grec emploie le mot propre >iôoëô>a, que la Vulgate traduit par la périphrase : tormenta ad lapides jactandos.
Nous n’avons aucun renseignement sur la manière dont étaient construites les balistes des Juifs. Elles devaient ressembler à celles des Grecs et des Romains. Celles-ci ne sont représentées sur aucun monument figuré, mais les anciens nous en ont laissé plusieurs descriptions ; en particulier : Héron, BeXonouxâ, 30 ; Vitruve, x, 10-12 ;
Ammien Marcellin, xxiii, 4, 1. Quoique plusieurs de ces descriptions datent du bas empire, tout nous porte à croire que les formes des machines n’avaient pas changé. D’après ces descriptions, les savants modernes ont tenté plusieurs restitutions, dont voici la plus probable. La baliste se composait essentiellement d’un fort ressort ou bande élastique en nerf, corde, bois ou fer. Cette bande était large et en forme de sangle, de façon à pouvoir bien saisir les projectiles. Une rainure a b servait de guide au pro jectile, et un curseur mobile c d était ramené en arrière avec la bande au moyen d’un treuil. On lâchait le curseur, et le projectile était lancé avec une grande force (fîg. 428). La machine reposait donc sur le principe de l’arbalète. D’autres machines, destinées également à lancer des pierres, étaient construites d’après les principes de la fronde. On les appelait « onagres », ovafpo ; , onager. L’onagre consistait dans une tige de bois dressée comme un timon et fixée à terre par une barre ronde transversale, engagée dans les deux côtés d’une caisse formée de grosses pièces de bois. La tige était terminée par une fronde. Cette tige, fortement ramenée en arrière à l’aide d’un treuil, et subitement relâchée, allait frapper sur un coussin de matières molles destiné à amortir le coup. La pierre, détachée de la fronde par ie choc, était projetée au loin avec violence (fig. 429). Ammien Marcellin, Réf. gest., xxiii, 4. Certaines de ces balistes étaient d’une grande puissance et pouvaient lancer des blocs énormes. Selon Josèphe, Rell. jud., V, ii, 3, les balistes
qu’employèrent les Romains au siège de Jérusalem, sous Titus, envoyaient des projectiles pesant deux talents (environ soixante kilos) à plus de deux stades ou quatrecents mètres. On transportait les balistes et les onagres sur des chariots. La figure 430 représente un onagretransporté de la sorte.
Voir A. de Rochas d’Aiglon, L’artillerie chez les an us. — Onagre.
Musée de Saint -Germain. D’après un essai de restauration du général de Reflye.
tiens, dans le Bulletin monumental, 1882, n os 2 et 3, et in-8°, Tours, 1882 ; Id., Coup d’œilsur la balistique et la fortification dans l’antiquité, dans l’Annuaire de l’association pour l’encouragement des études grecques, 1877, p. 272-285 : K.ochly et Rùstow, Geschichte des griechischen Kriegswesens, in-8°, Argovie, 1852 ; Grie 480. — Onagre porté sur un chariot.
Colonne de Marc-Aurèle. D’après Bartoll, Golwnna Cochlis M. Aurélia Antonlno dlcata, ln-fo, Rome, 1704, pi. 14, n° 2.
chische Kriegschriftsteller, griechisch und deutsch, mit kritischen und erklârenden Anmerkungen von Kbchly und Rûstow, part, i, in-8°, Leipzig, 1853 ; C. Wescher, Poliorcétique des Grecs, Paris, 1867, in-4° ; H. Droysen, Heerwesen und Kriegfûhrung der Griechen, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1889, p. 199 et suiv. ; Th. Mommsen et Joach. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, trad. franc., t. xi, p. 257 et suiv. E. Beurlier.
- BALLART d’Inville##
BALLART d’Inville (Charles-François), né à Besançon vers 1711, mort au monastère de Notre-Dame de Nogent le 21 avril 1771. Il entra de bonne heure dans la congrégation des Bénédictins de Saint -Maur, et fit profession à Saint-Remy de Reims, le 15 juin 1729. Ses études terminées, il fut, avec dom Vincent de la Rue, donné comme collaborateur à dom Pierre Sabbatier, qui préparait depuis de longues années l’édition de la version italique. Déjà avancé en âge, Sabbatier put croire que l’activité de ses jeunes compagnons lui permettrait de mener à bonne fin son entreprise ; mais il mourut au cours de l’impression du deuxième volume. Ses deux disciples, aidés de dom Clémencet, achevèrent le travail, Ballart et de la Rue
gardant le soin de l’impression, Clémencet se chargeant des préfaces et de l’épître dédicatoire. L’ouvrage fut publié sous ce titre, un peu différent de celui qu’avait projeté Sabbatier : Bibliorum sacrorum versiones latins, antiquse, seu Vêtus Italica, et ceteræ quœcumque in codicibus mss. et antiquorum librïs reperiri potuerunt : quse cum Vulgata latina et cum textu grseco comparantur. Accedunt prxfationes, observationes ac notée, indexque novus ad Vulgatarne regione éditant, idemque locupletissîmtis. Opéra et studio D. Pétri Sabbatier, ordinis sancti Benedicti, e congregalione sancti Mauri, 31n-f°, Reims, -1743-1749. L’ouvrage reparut chez François Didot, Paris, 1751. J. Pahisot.
1. BALLE (hébreu : môs, de la racine mû$, « presser, séparer » ), enveloppe du grain des graminées, blé, orge, etc., composée de deux écailles ovales ou glumelles s’emboîtarit l’une dans l’autre, de façon à former une sorte de capsule. Après le battage destiné â broyer les épis pour en détacher le grain, on enlevait la grosse paille ;
tombeaux. Wilkinson en a reproduit une en cuir dont la couture est visible, et une autre en terre cuite peinte, de
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431. — Balles égyptiennes.
D’après’WllklnsoE, Jlfonners and Oustoms o/the aneient Egyptians,
2° édit, t. ii, p. 67..
la collection de Sait (fig. 431). Sur les peintures des tombeaux de Béni -Hassan, on voit représentés divers jeu*
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432. — Joueuses de balle égyptiennes. Tombeaux de Béni -Hassan. D’après Champolllon, Monuments de l’Egypte, pi. 367.
il restait alors sur l’aire, mélangés au grain, des débris de paille triturée, pn, tébén, et la balle, yta, môs.
La séparation s’effectuait par l’opération du vannage. Quand le vent soufflait (et en Palestine la brise s’élève chaque soir), on projetait en l’air ce mélange, à l’aide de larges. pelles à manche très court (cf. col. 325, fig. 72). Le bon grain,-o, bâr, plus pesant, retombait à terre
à la même place, tandis que les corps légers, comme les débris de paille et la balle, étaient emportés par le vent à une certaine distance. Is., xli, 15. Cette fragile enveloppe ainsi portée loin de l’aire où demeure le bon grain est souvent prise, dans l’Écriture, comme image du sort des méchants devant la justice de Dieu. Ps. i, 4 ; xxxiv, 5 ; Ose., xiii, 3 ; Job, xxi, 18 ; 1s., xxix, 5 ; xli, 15. Les nations elles-mêmes, dispersées par la menace divine, sont comparées à la balle des montagnes, c’est-à-dire à la balle d’une aire bien exposée au vent. Is., xvii, 13. Le jour de la justice divine viendra avec autant de facilité et de promptitude que la balle qui passe. Soph., il, 2. Le chaldéen, Dan., ii, 35, pour désigner la balle, emploie le mot "w, ’ûr, « pellicule » qui recouvre le grain {cf. iW, ’ôr, « peau » ). Les Septante traduisent le mot hébreu môs tantôt par x v0 °îj <I u i a Ie sens de « paille légère, balle », aussi bien que celui de « poussière » ; tantôt par -^oûç, « poussière ; » tantôt par xoviopiôç, « poussière, » Job, xxi, 18, ou av601, « fleur. » Soph., ii, 2. L’espérance de l’impie, Sap., v, 15, est comme x°û ?, <(’a poussière, » que le vent emporte ; mais les meilleurs exemplaires ont x v <>ùç, « la balle. » La Vulgate, à la suite des Septante, rend le mot hébreu par pulvis ou favilla. Dans Sap., v, 15, elle approche davantage du sens exact : ianugo, « duvet, bourre. » E. Levesque.
2. BALLE à jouer (hébreu : dur ; Vulgate : pila). Elle était connue des Égyptiens, et l’on en a retrouvé dans leurs
de balles (fig. 432 et 433). Isaïe, xxii, 18, prophétisant contre Sobna, préposé au temple de Jérusalem, dit que
433. — Autres joueuses de balle égyptiennes. Tombeaux de Beni-Hassan. D’après Champollion, pi. 367.
Dieu le fera rouler comme une balle dans un vaste espace. C’est le seul passage de l’Écriture où il soit fait allusion à la balle à jouer.
- BALLESTER Louis##
BALLESTER Louis, théologien espagnol, né à Valence en 1544, mort dans cette ville le 1° mai 1624. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus le 1 er septembre 1562. Il expliqua longtemps l’Écriture Sainte à Valence, et enseigna l’hébreu. Il fit des missions dans l’île de Sardaigne, et fut supérieur de la maison de Tarragone. On a de lui : Onomatographia, sivè Descriptio nominum varii elperegrini idiomatis, quse alicubi in latina Vulgata editione occurrunt, in-4°, Lyon, 1617. La première partie contient, par ordre alphabétique, les noms des principales matières des deux Testaments ; la seconde, les noms des principaux personnages, avec l’indication des temps où ils vivaient. — Hierologia, sive De sacre sermone, conti* nens summam atque compendium porilivse théologies,
fere omnia quse in Sacra Scripturâ tractantur attingens, innumera ejus loca lingux hebraicx prxsidio explicans, in-4°, Lyon, 1617. C. Sommervogel.
- BALOTH##
BALOTH, hébreu : Be’âlôt, féminin pluriel de Ba’al.
1. BALOTH (Septante : BaXjjiaivâv), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 24. Elle fait partie du premier groupe, comprenant les villes de l’extrémité méridionale de la Palestine, et elle est citée entre Télem et Asor la neuve. Il est impossible d’en déterminer la position, la plupart des noms qui la précèdent et qui la suivent étant rebelles à toute identification. Peut-être cependant est-elle identique à Baalath Béer Bamath, ville située sur la frontière méridionale de Siméon, Jos., xix, 8. Voir Baalath Béer
RAMATH. A. LEGENDRE.
2. BALOTH (Septante : BaaXtie), une des circonscriptions territoriales. qui, sous Salomon, devaient tour à tour, pendant l’année, subvenir à l’entretien de la table royale, III Reg., iv, 16. L’officier chargé d’y lever les impôts s’appelait Baana, fils d’Husi. Le texte porte qu’il gouvernait be’âsêr ûbe’âlôf ; Septante : èv’Aorip xa Iv BocaMiô ; Vulgate : in Aser et in Baloth. La question est de savoir si dans be’âlôt le beth appartient au mot ou s’il indique la préposition. Reland, Palsestina, 1714, t. ii, p. 617, croit qu’il est ici préfixe comme au ꝟ. 9, dans be-Mâqas ube-Sa’albîm, « à Maccès et à Salébim ; » et qu’il faut lire Aloth, Keil dit de son côté que si le beth fait partie du mot, Be’âlôt indique une contrée comme Aser, car, pour unir un nom de pays à un nom de ville, il faudrait répéter la préposition, Die Bûcher der Kônige, Leipzig, 1876, p. 40. Les versions grecque, latine et syriaque ont répété cette préposition ; mais qu’on adopte l’une ou l’autre lecture, il est impossible de savoir quelle est la région ou la ville dont il est ici question. Une chose certaine cependant, c’est que cette seconde Baloth ne saurait être confondue avec la précédente, celle-ci appartenant au sud, celle-là au nord de la Palestine. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 402, rapproche Aloth de Alia, ville de la tribu d’Aser, à l’est d’Ez-zib (Achzib). Voir Aser, tribu et
carte. C’est une simple conjecture.1. BALSAMIER. Voir Baumier.
2. BALSAMIER À MYRRHE. Voir MYRRHE.
1. BALTASSAR. Hébreu : Bêltesa’ssar ; version grecque : Boùxitmp ; Vulgate : Baltassar ; babylonien : Balatsu-ussur, avec ellipse d’un nom divin : « [Bel ou Nébo] protégera sa vie. » Nom donné à Daniel par Asphenez, chef des eunuques de Nabuchodonosor suivant la Vulgate, chef des princes suivant une interprétation assyrienne du terme hébreu rab sarîsîm (voir col. 1124). Dan., I, 7. L’usage de changer les noms des villes conquises ou des sujets élevés sur le trône par leur vainqueur était fréquent : Nabuchodonosor changea en Sédécias le nom de Mathanias ; peu auparavant, Néchao II avait changé en Joakim le nom d’Éliacim, successeur de Josias. Quant au nom de Baltassar porté par Daniel, il diffère dans l’orthographe hébraïque du nom porté par le fils de Nabonide, le dernier prince de Babylone ; l’un s’écrit BêlteSa’ssar avec un teth, to, l’autre simplement Bêlsa’ssar. Le premier, celui de Daniel, est même un nom abrégé, dont la forme pleine était Nebo ou Bel-balatsu-ussur. Ce nom se retrouve, avec très peu de changement dans la liste cunéiforme (des noms propres, The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. 64, col. i, 1. 14 ; col. iii, 1. 15, sous les formes Nabu-balatsu-ikbi, « Nébo décrète sa vie », Nabu-napsat-ussur, « Nébo protège sa vie », etc. C’est à une forme semblable que Nabuchodonosor fait allusion, Dan., iv, 5, lorsqu’il dit de Daniel qu’il a été
désigné « suivant le nom de son dieu ». Quant à l’abréviation par suppression du nom divin, elle était dans l’usage courant non seulement en hébreu, comme on le reconnaît généralement ; mais aussi en babylonien, où l’on trouve pour le même personnage les formes Nabunadin-zira et Nadinu, Nabu-sum-ukin et Sumukin, dans les différentes listes ou annales des rois de Babylone. — Strassmaier, dans Knabenbauer, Commentarius in Danielem, 1891, p. 70, donne une autre étymologie : Belit-Sar-ussur, « [la déesse] Belit protégera le roi ; » mais cette explication paraît moins bien s’accorder avec le texte cité de Dan., iv, 5. Voir aussi Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 125 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 447 ; Delitzsch, dans Bær, Lïbri Danielis, Ezrx et Nehemix text. mass., 1882,
p. ix et x. Voir Daniel.2. baltassar. Chaldéen : Bêlsa’ssar (Dan., v, 1 : nîmwbs, et vii, 1 : nsràNba) ; version grecque : BaXxàaa.p ;
textes cunéiformes : J *~ tr^TJ fcfe> » iï-£, Bel-sar ussur, « [le dieu] Bel protégera le roi. » Fils de Nabonide, roi de Babylone, et lui - même le dernier prince babylonien ( ?-538), suivant le récit de Daniel, v, 30-31. Tous les auteurs anciens nous disent que Babylone fut prise par Cyrus sous le règne de Nabonide ; que celui - ci n’était même pas alors dans sa capitale, et qu’il survécut à la chute de son empire, réduit par son vainqueur au rôle de satrape de Carmanie. En conséquence, les uns niaient ouvertement l’existence du Baltassar biblique, et se servaient de ce fait pour combattre l’authenticité du livre de Daniel, comme Hitzig, Kurzgefasstes exegetisches Handbuch, Daniel, 1850, p. 72-78 ; Kuenen, Histoire critique de l’Ancien Testament, t. ii, p. 556, etc. ; les autres identifiaient ce prince avec Nabonide, à la suite de Josèphe, Ant. jud., X, ii, 2, et de saint Jérôme, t. xxv, col. 518, avec Évilmérodach, ou bien avec Labosoarchod, comme Keil, Daniel, 1869, p. 138, et encore récemment M. l’abbé Fabre d’Envieu, Daniel, 1888, t. i, p. 358-409. Mais aucun de ces princes ne satisfait aux conditions exigées par le texte sacré, outre que les identifications proposées ne reposent sur aucun fondement réel. — Depuis lors des textes cunéiformes récemment découverts ont sinon jeté une pleine lumière, du moins grandement éclairci cette question et justifié Daniel. Grâce à une inscription dédicatoire de Nabonide, provenant du temple de Sin, à Ur-Kasdim, et à une tablette de Cyrus contenant un abrégé du règne du dernier roi de Babylone (voir les textes dans The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 68, col. 2 ; t. v, pi. 35 et 64, et la traduction dans Records of the past, new ser., t. v, p. 144 ; first ser., t. v, p. 143 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. i, p. ii, 88, T28), nous savons que le Bis aîné de celui-ci se nommait précisément Baltassar ; que ce prince, tandis que son père se tenait perpétuellement enfermé dans son palais de Téma, protégeait le pays à la tête des grands et de l’armée, dès la septième année et durant les suivantes du règne de son père. Au contraire, , la dix-septième année, Nabonide prend lui-même l& commandement de l’armée, quitte Babylone, est battu par Cyrus, prend la fuite et est fait prisonnier ; comme le texte ne dit plus rien du fils du roi, il est croyable que lui était rentré à Babylone et y commandait à la place de son père. Le rôle joué par Baltassar est donc analogue à celui de Nabuchodonosor du vivant de son père Nabopolassar ; aussi Jérémie donne à ce dernier le titre de roi, . xl vi, 2, comme Daniel, v, 1, le donne à Baltassar. Il est ; probable que cette sorte d’association au trône eut une proclamation officielle quelques années avant la fin de Nabonide, comme cela se fit pour Assurbanipal du vivant de son père Asarhaddon, et c’est de cette époque que Daniel date quelques-unes de ses prophéties, vii, 1 j toi, 1 ; cette
association au trône est admise par la plupart des assyrio-Iogues (Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p. 168 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne, t. iv, p. 438, note, et Lenorraant, Manuel d’histoire ancienne, t. ir, p. 242 ; Delattre, Salomon, Assurbanipal, Ballhasar, 1883, p. 7 ; Menant, Babylone et la Clialdée, p. 258). Eb. Schrader reconnaît que Baltassar « occupait une position exceptionnelle du vivant de son père », dans SchraderWhitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. i’Sl, et dans Riehm, ffandwôrterbuch des Biblischen Àltertutns, t. i, p. 163, qu’ « il a même peut-être porté [dès lors] le titre de roi ». Dans ce cas, l’Écriture emploie le même terme pour le père et pour le fils, comme elle le fait pour David et Salomon, ITI Reg., i, 39, 43, 47 ; mais le contexte laisse entendre que Baltassar n’était pas encore monarque indépendant ; il n’occupe que la seconde place du royaume, et Daniel, dont il veut faire son ministre, n’en tiendra que la troisième, Dan., v, 7, 16 (cf. Joseph recevant dans une circonstance analogue la seconde place, Gen., xli, 40). De plus, dans le texte chaldéen, que rendent mal la version grecque et la Vulgate, on lit bernaikoufâ, « dans le royaume, » et non bemalkoufi, « dans mon royaume, » v, 7. Voir Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5 9 édit., t. iv, p. 523-515 ; Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 130-135. À plusieurs reprises, il est vrai, Baltassar est donné comme fils de Nabuchodonosor. Il peut y avoir là une simple faute de transcription, Nabonide son père étant beaucoup moins connu, et les deux noms commençant par le même élément, le nom du dieu Nébo. Mais il est plus probable que le texte est exact ; les mots « père, fils », ont ici le sens large fréquent en babylonien, en assyrien et dans toutes les langues sémitiques, d’ « ancêtre ou prédécesseur, descendant ou successeur » : rien ne s’oppose à ce que Nabonide ait véritablement épousé une fille de Nabuchodonosor même avant de monter sur le trône, car il était alors grand dignitaire religieux de l’empire. Quant à une descendance de Nabuchodonosor par Nabonide, les textes cunéiformes et les récits des historiens ne la rendent pas admissible.
Les inscriptions de Cyrus représentent Baltassar comme un prince actif et belliqueux, et aimé des grands du royaume, à la différence de son père ; l’Écriture nous donne seule des renseignements sur sa fin tragique. Son célèbre festin doit se placer après la fuite de Nabonide ; abritée derrière les hautes murailles de la capitale, la cour se croyait en sûreté, quand au milieu d’un festin, au moment où l’on buvait dans les vases sacrés du temple de Jérusalem, apparut une main traçant sur l’enduit de la muraille des caractères menaçants, Dan., v, 1-31 ; les murs des palais babyloniens étaient, en effet, non pas généralement revêtus de plaques d’albâtre sculptées, comme ceux des palais ninivites, mais rehaussés de peintures sur enduit. Baltassar ayant vainement consulté les devins de sa cour, la reine, probablement la reine mère de la race de Nabuchodonosor, l’engagea à interroger Daniel ; Nabonide, usurpateur, avait sans doute tenu à l’écart le prophète juif, ce qui explique la façon dont le texte parle de lui, v, 11, 13, et qui ne se concevrait pas si Baltassar eût été le propre fils de Nabuchodonosor. Suivant les anciens, la phrase mystérieuse était rédigée en hébreu ou eh araméen, non en babylonien. Mais nous savons, par assez bon nombre de documents bilingues, que l’araméen était compris à Babylone. Les rabbins croient que de plus les caractères étaient disposés ou bien suivant l’ordre de l’alphabet cryptographique athbasch (voir ce mot), ou bien en colonnes longitudinales à lire de haut en bas, ou bien en forme d’anagramme, et que Daniel seul découvrit la clef de cette lecture. Toutes ces hypothèses subtiles ne sont pas nécessaires : l’inscription a pu être en langue babylonienne ; en cette langue comme en toute autre, trois mots isolés peuvent très bien présenter une interprétation énigmatique ; de plus, à côté des carac tères phonétiques, les Babyloniens se servaient aussi de caractères idéographiques, et chaque idéogramme a des valeurs multiples que le contexte seul peut d’ordinaire préciser : ainsi le caractère f", composé de deux clous représentant à peu près une balance dite romaine, signifie : sakalu, « peser » (Thécel) ; taratsu, « affermir ; » rakasu, « lier ; » tsimdu, « attelage, » etc. Daniel lut donc l’inscription, l’interpréta et reçut sur-le-champ la récompense promise, la pourpre, le collier d’or et la dignité de premier ministre. L’inscription est transcrite par Théodotion, suivi par la Vulgate : Mane, Thecel, Phares, Mivr), ©exèX, « Êâpe ; . Le texte chaldéen porte un peu différemment : Mené’Mené’Tekêl u Pharsin, ce qui cadre moins bien avec l’interprétation de chaque mot donnée par Daniel, et qui a suggéré à M. Glermont-Ganneau l’idée d’y chercher non des mots isolés, mais une sorte de phrase proverbiale appliquée à Baltassar, dans laquelle les noms des poids babyloniens sont employés, la mine, le sicle et le plieras, comme dans ce proverbe rabbinique, appliqué à un fils indigne de son père : « C’est un pheras, fils d’un mane, une demi-mine, enfant d’une mine. » Glermont-Ganneau, Manê, Thécel, Phares et le festin de Balthasar, dans le Journal asiatique quilletaoût 1886), t. viii, p. 36-67. — L’interprétation de Daniel : « Mane (de la racine mena’, « compter » ), Dieu a compté ton règne et y a mis fin ; Thecel (de la racine tekal, « peser » ), tu as été pesé dans la balance ( car c’est ainsi qu’on vérifiait alors la valeur des monnaies ou des cercles de métal précieux en tenant lieu), et tu as été trouvé trop léger ; Phares (de la racine peras, « séparer, diviser » ), ton royaume est séparé [de toi], et il est donné au Mède et au Perse (allusion au verbe peras), » reçut un prompt accomplissement : la nuit même les Perses de Cyrus entrèrent à Babylone, et Baltassar fut tué (538). Voir Cyrus. ë. Pannier.
3. BALTASSAR. Nom d’un fils de Nabuchodonosor dans la lettre des Juifs captifs en Babylonie à leurs frères de Palestine. Bar., i, 11, 12. Cette lettre est datée de la cinquième année après la prise de Jérusalem sous Sédécias, en 583. Par conséquent le Baltassar qui y est mentionné, « à l’ombre de qui » les Juifs désirent mener en exil une vie tranquille, et pour lequel ils offrent leurs prières et leurs sacrifices sur les restes de l’autel des holocaustes, est absolument distinct du Baltassar de Daniel, v, 1, le fils de Nabonide : ce dernier, n’ayant jamais eu de droit au trône babylonien, n’y était arrivé que par usurpation violente, et beaucoup plus tard. — On peut admettre que ce Baltassar, fils et héritier présomptif de Nabuchodonosor, est Évilmérodach, mentionné dans Jérémie, m, 31, et dans IV Reg., xxv, 27, qui succéda en effet à Nabuchodonosor son père, soit, comme pense Niebuhr, ’Geschichte Assur und Babel, 1857, p. 92, que ce prince ait porté deux noms, ce qui est assez peu probable dans la circonstance ; soit qu’il y ait eu dans Baruch, dont le texte hébreu s’est perdu, une erreur de transcription. On peut croire aussi que ce Baltassar, héritier présomptif, mourut avant son père. C’est peut-être même lui que nous trouvons mentionné comme fils de Nabuchodonosor dans un texte babylonien publié par Strassmaier et traduit par Sayce, dans les Becords of the past, new ser., t. v, p. 141. Le prince y porte le nom de Marduksuma-ussur, « [Que le dieu] Marduk protège son nom : » or Marduk s’appelait aussi ordinairement bel, « le seigneur, » ce qui donne la forme Belsuma-ussur, analogue à l’hébreu Bel-sassar.
BALTHASAR. Voir Baltassar.
- BAMIDBAR RABBA##
BAMIDBAR RABBA (MIDRASCH), explication rabbinique du livre des Nombres. Voir Midrasch.
1. BAMOTH (bâmôt). Mot hébreu, que la Vulgate a
traduit par excélsa et qui désigne les « hauts lieux », où l’on offrait des sacrifices aux fausses divinités et quelquefois aussi au vrai Dieu. Voir Hauts lieux.
2. BAMOTH (hébreu : Bàmôt, « lieux élevés » ; Septante : Bajjuiô), station des Israélites, se rendant au pays de Chanaan. Num., xxi, 19. C’est probablement une abréviation de Bamothbaal. Voir Bamothbaal.
- BAMOTHBAAL##
BAMOTHBAAL (hébreu : Bâtnôp Ba’al, « hauts lieux de Baal, » Jos., xiii, 17 ; Num., xxii, 41 ; Bàmôt, Num., xxi, 19, 20 ; Septante : Battuùv BaaX, Jos., xm, 17 ; Bajuiô, Num., xxi, 19, 20 ; tt]v a-rijXïiv toO BaâX, Num., xxii, 41 ; Vulgate : Bamothbaal, Jos., xiii, 17 ; Bamôth, Num, , xxi, 19, .20 ; excelsa Baal, Num., xxii, 41), ville de Moab, assignée, après la conquête, à la tribu de Ruben, Jos., xiii, 17. Comme le nom signifie « les hauts lieux de Baal », on peut se demander s’il indique ici d’une façon générale les endroits consacrés au culte du dieu, ou s’il représente une ville en particulier. Les versions grecque et latine en ont fait un nom propre, excepté dans un seul passage, Num., xxii, 41, et cette traduction semble ressortir naturellement du contexte. Josué, xiii, 17, mentionne Bamothbaal au même titre que Baalmaon, Dibon, Bethphogor et les autres. Dans les Nombres, xxi, 19, 20, sous la forme abrégée Bamoth, elle désigne, comme Matthana etNahaliel, une station des Israélites avant leur arrivée près du Jourdain. Bien ne nous empêche aussi, malgré l’autorité des Septante et de la Vulgate, d’y voir un des points d’où Balaam contempla les tentes d’Israël. Num., xxii, 41. Mais il nous paraît fort douteux que l’habbâmôf d’Isaïe, xv, 2, soit une ville ; l’article montre plutôt qu’il s’agit là des hauts lieux sur lesquels iront pleurer les Moabites.
Il reste à savoir où se trouvait Bamothbaal. Dans Josué, xiii, 17, elle est citée après Hésébon, aujourd’hui Hesbân, Dibon, et avant Baalmaon, Ma’în. Dans les Nombres, xxi, 19, 20, elle marque la station qui suit Nahaliel : or Nahaliel, le « torrent de Dieu », est, pour les uns, l’Ouadi Enkheiléh, qui se joint au Seil Saidéh pour former l’Ouadi Modjib ; pour d’autres, c’est l’Ouadi Zerqa Ma’în, un peu plus haut. L’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 101, 231, place « Bamoth, BafitiÔ, ville des Amorrhéens, au delà du Jourdain, sur l’Arnon ». D’après l’ensemble de ces renseignements, elle devait se trouver au delà, c’est-à-dire au nord du torrent. « À deux milles immédiatement au nord de Dibon, au milieu de la vallée de Ouadi Ouâléh, tributaire septentrional de l’Arnon, s’élève une colline isolée assez peu élevée. Au sommet sont les restes d’une grande plate-forme carrée, construite en grosses pierres jointes sans ciment. Irby et Mangles ont pensé que c’étaient les restes de ce haut lieu. D’autres auteurs n’admettent pas l’identification, parce que les plaines de Moab ne peuvent pas être vues de cet endroit. » Trochon, Les Nombres, Paris, 1887, p. 121°. Aussi, d’après plusieurs exégètes, Bamothbaal serait plutôt sur le Djebel Attarus, au nord-ouest de Dibon, au-dessous de Zerqa Ma’în ; de là la vue est assez étendue. Cf. C. F. Keil, Leviticus, Numeri und Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 303. Suivant un calcul de C. R. Conder, basé sur le nombre des campements indiqué Num., xxi, 13-20, il faudrait la chercher plus haut, à El-Maslûbiyéh, au sud de l’Ouadi Djideid et du mont Nébo ; on rencontre là un groupe assez considérable de monuments mégalithiques. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1882, p. 85-89 ; Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 144, 145. Le roi Mésa, dans sa stèle, parle d’une Beth Bamoth, riD3 iii, qu’il bâtit « parce qu’elle était en ruines », dévastée peut-être par les guerres qui avaient eu lieu entre les tribus d’Israël et les Moabites. Cf. A. de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4 ; Vigouroux, La Bible
et les découvertes modernes, 4 in-8°, Paris, 1889, 5e édit., t. iv, p. 62. Serait-ce la même que Bamothbaal ? C’est
fort possible.BANA (hébreu : Ba’ânâ’, « fils de l’affliction ; » voir aussi Baana 3 et 6 ; Septante : Bavet), fils d’Ahilud et l’un des douze intendants de Salomon. Son district comprenait Thanac, Mageddo et le pays de Bethsan. III Reg., iv, 12.
- BANAA##
BANAA (hébreu : Bin’âh et Bin’â' ; Septante : Baavdc), fils de Mosa et père de Rapha, dans la descendance de Saùl. I Par., viii, 37 ; ix, 43. Les manuscrits hébraïques, qui ne sont pas d’accord sur la lecture de la dernière consonne de ce nom, ne le sont pas non plus sur la première. Plusieurs ont un s, caph, à la. place du a, beth ; et c’est la leçon du syriaque et de l’arabe.
- BANAÏA##
BANAÏA, BANAIAS. Hébreu : Benâyâh, Benâyâhû, « Jéhovah a bâti, » c’est-à-dire [lui] a fait un établissement prospère ; Septante : Bavafaç. Nom de dix Israélites dans la Vulgate ; le texte hébreu en compte deux autres, appelés Banéa, I Esdr., x, 25, Êanéas, I Esdr., x, 35, dans notre traduction latine. Voir Banéa 1 et 2.
1. BANAIAS (hébreu : Benâyâhû), de race sacerdotale, fils du prêtre Joïada, originaire de Cabséel, ville située dans le sud du territoire de Juda. II Reg., xxiii, 20 ;
I Par., xxvii, 5. Placé par David à la tête de la garde royale, composée des Céréthites, des Phélétites et des Géthéens, II Reg., viii, 18 ; xv, 18, il reçut en outre de ce prince le commandement de la troisième des douze divisions de vingt-quatre mille hommes qui devaient à tour de rôle servir chacune un mois par an. Il occupa ces deux postes en même temps, au moins jusqu’à la fin du règne de David, III Reg., i, 38, et c’est peut-être pour lui faciliter l’exercice de ce double commandement qu’on lui donna comme lieutenant, à la troisième division, son fils Amizabad. I Par., xxvii, 5-6.
Un des titres de Banaïas à ces postes élevés était assurément sa bravoure extraordinaire. L’Écriture dit que c’était un homme très vaillant ( car c’est à lui, et non à son père, que le texte original applique ces mots), et elle rapporte trois de ses exploits : il avait tué d’abord deux lions de Moab ; il en tua plus tard un autre, qu’il alla attaquer dans une caverne ; enfin il mit à mort un Égyptien d’une taille de cinq coudées, armé d’une lance dont le bois était comme une ensouple de tisserand. Banaïas, ayant pour toute arme un bâton, s’avança vers ce géant et lui arracha sa lance, dont il le perça. II Reg., xxiii, 20-22 ; I Par., xi, 22-23. Plusieurs ont pensé que par les deux lions du premier exploit il fallait entendre deux guerriers renommés pour leur force. Ce sentiment a pour lui le syriaque et le chaldéen : au lieu de « lions », le syriaque a lu « des géants », et le chaldéen a traduit « des princes ». Les Septante portent : « les deux fils d’Ariel de Moab, » II Reg., xxiii, 20 ; mais ils traduisent, I Par., xi, 22, comme la Vulgate : « les deux Ariel de Moab. » Voir àriel 2. Un soldat de cette valeur avait sa place tout indiquée parmi les « vaillants de David » ; il occupa, en effet, un rang distingué à côté d’Abisaï, et il fut l’un des trois de la seconde triade de ces vaillants. Il est aussi mentionné comme étant un des officiers désignés par le titre de salUîm, ceux que la Vulgate appelle les « trente ». Voir col. 978. II Reg., xxiii, 23 ; I Par., xi, 24-25. Cf. F. de Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 436.
David avait donné à Banaïas une grande marque de confiance en le faisant entrer dans son conseil secret,
II Reg., xxiii, 23 ; il lui en donna une plus grande encore à l’occasion de la tentative d’usurpation d’Adonias. Aussitôt qu’il eut connaissance du complot, il fit appeler Banaïas et lui ordonna d’aller à Gihon, avec la garde
royale dont il avait le commandement, pour y assurer la proclamation de Salomon comme roi d’Israël, et protéger la cérémonie du sacre du jeune prince, qui allait être accomplie par le prophète Nathan et le grand prêtre Sadoc. Banaïas ne put, en recevant cette mission, contenir l’expression de son dévouement pour David et pour Salomon. III Reg., r, 32-38. Ce dévouement était du reste bien connu des ennemis mêmes de David, III Reg., i, 10, qui ne tardèrent pas de fournir au nouveau roi une occasion d’en témoigner à Banaïas sa reconnaissance : les menées ambitieuses d’Adonias, toujours soutenu par Joab, le déterminèrent à se débarrasser de l’un et de l’autre. Par son ordre, Adonias et Joab périrent successivement de la main de Banaïas, et celui-ci reçut alors de Salomon la plus haute charge du royaume, le commandement en chef de l’armée d’Israël, vacant par la mort de Joab. III Reg., ii, 17, 23-25, 29-35. E. Palis.
2. BANAÏA (hébreu : Benâyâh et Benâyâhû), un des gibborîm (col. 973) de David, originaire de Pharaton, dans la tribu d’Éphraïm. Il commandait la brigade de vingt-quatre mille hommes qui, le onzième mois, fournissait le contingent de la garde royale. II Reg., xxiii, 30 ; I Par., xi, 31 ; xxvii, 14.
3. BANAÏA (hébreu : Benâyâh), un des treize chefs de famille dans la tribu de Siméon qui, à cause de la multiplication rapide de leurs maisons, se trouvant trop à l’étroit dans le territoire de la tribu, firent une expédition dans le pays de Gador aux riches pâturages, et s’y établirent au temps d’Ézéchias, après en avoir massacré les habitants, qui étaient Chananéens. I Par., IV, 36-41.
4. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), un des quatorze lévites, musiciens du second ordre, choisis par David pour la cérémonie de la translation de l’arche. Ils chantaient sur le nébel des « choses mystérieuses », arcana, selon laVulgate ; mais l’hébreu a l’expression K al-’âlâmôt, « avec une voix de soprano. » I Par., xv, 18, 20 ; xvi, 5.
5. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), prêtre du temps de David, un des sept qui sonnaient de la trompette devant l’arche pendant sa translation. I Par., xv, 25 ; xvi, 6.
6. BANAÏAS (hébreu : Benâyâh), lévite, descendant d’Asaph, aïeul de Jahaziel, qui prophétisa à l’époque de Josaphat. II Par., xx, 14.
7. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), un des lévites préposés par Ézéchias à la garde des magasins où l’on conservait les revenus sacrés. II Par., xxxi, 13.
8. BANAÏAS (hébreu : ^Benâyâh), un des descendants de Phahath-Moab, qui sur l’avertissement d’Esdras renvoya la femme étrangère, prise contre les prescriptions de la loi. I Esdr., x, 30.
9. BANAÏA (hébreu : Benâyâh), un des fils de Nébo, -qui, ayant épousé une femme étrangère, promit de la renvoyer sur l’invitation d’Esdras. I Esdr., x, 43.
10. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), père de Pheltias, -qui était un des princes du peuple à l’époque d’Ézéchiel. -Ezech., xi, 1, 13.
- BANANIER##
BANANIER (Musa paradisiaca, Linné), plante de la famille des Musacées, dont il est le type (fig. 434). La tige, herbacée, et seulement formée par les pétioles des feuilles s’engainant les unes dans les autres, est haute de trois à quatre mètres ; les feuilles, longues souvent de plus de deux mètres et larges de cinquante centimètres, au nombre de ihuit à douze, couronnent la tige et protègent les trois
ou quatre grappes de fruits ou régimes, donnant chacun près de cinquante fruits ; les Heurs, très nombreuses, se trouvent groupées autour d’un régime, espèce de pignon terminal, et protégées chacune par une spathe membraneuse ; leur périanthe est à deux lèvres irrégulières ; elles ont six étamines et un style unique. Le fruit, connu sous le nom de banane, est une baie un peu triangulaire, arquée, de douze à quinze centimètres de long, surmontée de la fleur. Cette baie, jaunâtre et noirâtre, est toute
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484. — Le bananier,
remplie d’une pulpe sucrée dont le goût ressemble assez à celui d’une poire qui commence à mollir. La tige périt après avoir donné son fruit ; mais les nombreux rejetons qui la remplacent et s’élèvent successivement étalent à leur tour la. même fécondité. On désigne aussi le bananier sous le nom de « pommier du Paradis », de « figuier d’Adam », parce qu’on a supposé, sur la seule raison de la largeur de ses feuilles, que c’était avec elles qu’Adam et Eve avaient fait les ceintures dont ils se couvrirent après leur péché, Gen., iii, 7 ; mais les feuilles dont ils se servirent étaient celles du figuier ordinaire, fe’ênâh ; attachées plusieurs ensemble, elles pouvaient former une ceinture suffisante. Le bananier, quoi qu’aient pu dire certains savants, n’est donc pas mentionné dans l’Écriture.
M. Gandoger.
- BANDEAU##
BANDEAU, morceau d’étoffe longue et étroite pour ceindre la tête. On le voit fréquemment représenté en Egypte, spécialement comme servant à la coiffure des femmes. Voir fig. 115, 232, 242, 293, 415, col. 469, 906, 915, 1083, 1387. R est aussi porté par des peuples étrangers, fig. 123, 124, 145, 220, 286, 439, 445, col. 510, 511, 571, 900, 1061, 1449, 1451. Sur les monuments assyriens des hommes portent également un bandeau autour de la tête (fig. 435 ; cf. fig. 35, 222, 312, 314, 368, col. 227, 901, 1145, 1151, 1263). C’est probablement ce bandeau, qui ne diffère du diadème que par la matière et la valeur, qui est appelé « couronne » dans Ézéchiel, xxii, 17, 23 (hébreu : pe’êr) ; cf. Fürst, Hebräisches Handwörterbuch, 1863, t. ii, p. 201. Certains hébraïsants pensent cependant que le mot pe’êr désigne une coiffure, une tiare, dans ces passages d’Ézéchiel, comme Exod., xxxix, 28 ; Is., iii, 20, etc. Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 1089. Cf. A. Racinet, Le Costume historique, 6 in-8°, Paris, 1877-1886, t. ii, pl. 3 (bibliographie, t. I, p. 143-145) ; F. Hottenroth, Le Costume des peuples anciens et modernes, in-4°, Paris (1885), p. 3.
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435. — Bandeau assyrien.
Grand officier de Sargon, roi de Ninive. Bas-relief du Musée du Louvre.
BANDELETTES, petites bandes de linge dont on se servait pour envelopper les morts (κειρία, instita, Joa., XI, 44 ; ὀθόνια, linteamina, Luc, xxiv, 12 ; Joa., xix, 40 [lintea] ; xx, 5, 6, 7). Les bandelettes dont on enveloppait les momies égyptiennes (fig. 436) avaient une longueur considérable ; nous ignorons ce qu’elles étaient chez les Hébreux. Saint Jean, xi, 44, nous apprend seulement que lorsque Lazare sortit du tombeau, à l’appel de Notre-Seigneur, il avait les pieds et les mains liés de bandelettes. Le même évangéliste raconte, xix, 40, comment le corps du Sauveur fut embaumé avec des aromates qu’on lia avec des bandelettes, selon la coutume des Juifs.
436.— Momie de Ramsès II (Sésostris) enveloppée de bandelettes.
Musée de Ghizéh. D’après une photographie.
Après la Résurrection, saint Pierre et saint Jean trouvèrent ces bandelettes posées à part dans le tombeau. Luc, xxiv, 12 ; Joa., xx, 5, 6, 7.
BANÉ, BANÉ-BARACH (hébreu : Benê-Beraq ; Septante : Βαναιβακάτ ; Vulgate : Bane et Barach), ville de la tribu de Dan, mentionnée une seule fois, dans Josué, xix, 45. Après le texte original, qui porte : Benê-Beraq, « les fils de Barach, » toutes les versions anciennes, excepté la Vulgate, ont reconnu ici un nom composé : Βαναιβακάτ des Septante est une corruption évidente pour Βαναιβαραχ ; on trouve du reste Βαναιβαράκ dans le Codex Alexandrinus. La leçon du syriaque, Ba’aldebak, ne se comprend pas et n’est autorisée par aucun texte. La Vulgate a séparé les deux noms par la conjonction et, comme s’il s’agissait de deux localités différentes, Bane et Barach. De même Eusèbe, dans l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 236, 237, distingue Βάνη de Bαράχ, toutes deux de la tribu de Dan. La lecture Benê-Beraq est confirmée par les inscriptions assyriennes, qui, sous la forme Ba-na-ai-bar-qa, respectent même le qof. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 172, 289.
M. V. Guérin identifie cette ville avec le village de Barka U-j, situé un peu au nord-est d’Esdoûd (Azot), bâti sur une faible éminence et renfermant encore plusieurs tronçons de colonnes de marbre gris-blanc, qui accusent un travail antique. « Le village de Barka, dit-il, à cause de son nom et de sa position, doit être identifié avec la localité qui est mentionnée dans l’Onomasticon d’Eusèbe, au mot Bapoc) ; , et qui, du temps de cet écrivain, existait encore, à l’état de village, non loin d’Azot… Le village actuel de Barka ne reproduit que la seconde partie du nom hébreu Benê-Berak. Cette désignation semble indiquer que les premiers fondateurs de la ville ainsi appelée auraient été les fils d’un nommé Berak (l’Éclair). Chose singulière et qui prouve l’extrême persistance des traditions primitives en Orient et surtout en Palestine, les habitants du village de Barka vénèrent encore, en ce même endroit, la mémoire d’un santon musulman sous le titre de Neby Berak (le prophète l’Éclair). » Description de la Palestine : Judée, t. ii, p. 68-70.
Malgré ces raisons et l’autorité du savant explorateur, nous préférons l’emplacement d’Ibn-Ibrâk, à l’est de Jaffa. Cf. Memoirs of the survey of Western Palestine, Londres, 1882, t. ii, p. 251 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 26. D’abord il y a correspondance exacte entre les deux noms, excepté pour la dernière lettre, caph au lieu de qof ; hébreu : בני-ברק, benê Beraq, les « fils de Beraq » ; arabe : ^’t^j. {$V, ibn Ibrâk, le « fils d’ibràk ». Ensuite cette position correspond mieux à la place qu’occupe Benê-Beraq dans l’énumération de Josué, xix, 41-46, où, citée après Jud (hébreu : Yhud), aujourd’hui El - Yahoudiéh, et avant Arécon (hébreu : Hâraqqôn), probablement Tell er-Bekkeit, Joppé (Jaffa), elle appartient au nord de la tribu de Dan, tandis que Barka la ferait descendre jusqu’au sud, sinon même en dehors des limites de la tribu. Voir DaN. La même preuve ressort de l’inscription de Sennachérib, ou elle est mentionnée entre Bît-Da-gan-na, Beth-Dagon (aujourd’hui Beit-Dedjan), Jos., xv, 41 ; Ja-ap-pu-u, Joppé et A-zu-ru, Asor, Yazour. Cf. Prisme de Taylor, col. ii, 65, 66 ; E. Schrader, Die Keilinschriften, p. 289 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 207.
L’Écriture Sainte garde le silence sur l’histoire de cette ville. Nous savons par les monuments assyriens qui viennent d’être cités que Sennachérib, dans sa campagne contre Ezéchias, roi de Juda, s’en empara et en emmena les habitants prisonniers. Elle est également mentionnée dans le Talmud de Babylone, Sanhédrin, 32 6, comme l’endroit où R. Akibah tenait son école, et comme renfermant un établissement de bains, Tosiftha, Sabbat ii, ch. 4. Cf. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 82.
BANÉA, BANÉAS. Hébreu : Benâyâh, « Jéhovah a bâti ; » Septante : Bavaia. Voir Banaia.
1. BANÉA, un des descendants de Pharos, qui obéit à Esdras ordonnant le renvoi des femmes étrangères, prises par transgression de la loi de Moïse sur le mariage. 1 Esdr., x, 25.
2. BANÉAS, un des fils de Bani, qui renvoya la femme étrangère qu’il avait épousée pendant la captivité. I Esdr., x, 35.
1. BANG Jean Othon, théologien danois, professeur à l’université de Copenhague, né le 19 septembre 1712 à Ilillerdd, mort en 1764. Il a donné : Rationes cur Jeremias loco Zacharim, Matth. xxrn, 9, citatur, in-4°, Copenhague, 1734 ; Introductio in explicationem Epistolæ Apostoli Judæ, part. I et II, in-4°, Copenhague, 1752-1757. — Voir Chr. V. Brunn, Bïbliotheca danica, 2 in-8°, Copenhague, 1872 ; Busching, Nachrichten von den Wissensch. in Danemark, 2° part., p. 275.,
2. BANG Thomas, célèbre philologue luthérien, né en 1600 dans l’île de Fionie, mort à Copenhague le 27 octobre 1661. Après de brillantes études dans les universités allemandes, il étudia l’hébreu, l’arabe et le syriaque à Paris, sous le savant Gabriel Sionite. Docteur de la faculté de Copenhague, il y enseigna l’hébreu, puis la théologie, pendant trente ans. Il était bibliothécaire de l’académie de cette ville. Il a laissé de nombreux ouvrages, dont il donne le catalogue à la fin de son Oliva sacres pacis repurgata, in-f°, Copenhague, 1654. Vingt-cinq ont été publiés, quatorze n’ont jamais vu le jour. Voici la liste de ceux qui ont rapport à l’Écriture Sainte : Expositio Jeremiæ, in-4°, Copenhague, 1627 ; dissertation sur le v. 24 du chap. xxiii ; Vindiciæ locorum Geneseos xiviii, 16 ; vi, 1 ; Ps. xix, i, in-4°, Copenhague, 1630 ; Fontium Isrælis trias Jona, Michea et Ruth, in-8°, Copenhague, 1631 ; Trophæum protevangelium, in-4°, Copenhague, 1649, traité où il veut prouver que le « Ipse conteret caput tuum », Gen., iii, 15, ne peut être expliqué que du Christ ; Exercitatio de Nephilimis, in-4°, Copenhague, 1652. — Voir Bayle, Dictionnaire, 1737, t. i, p. 637.
BANI. Hébreu : Bânî, « édifié, » c’est-à-dire établi. Nom de cinq Israélites dans la Vulgate ; le texte hébreu en compte quatre autres du même nom, appelés par notre version Benni, Boni et Bonni. Voir ces mots.
1. BANI (Septante : Bανουί, Bανί), chef d’une famille qui revint de la captivité avec Zorobabel, au nombre de six cent quarante - deux membres. I Esdr., H, 10. Au passage parallèle, II Esdr., vii, 15, il est appelé Bannui, et le nombre de ses descendants est porté à six cent quarante-huit, par une altération de chiffres. Il est mentionné parmi les chefs du peuple qui signèrent le renouvellement de l’alliance, II Esdr., x, 14 ; les Septante, en cet endroit, traduisent ce nom par υἱοι, « fils », et l’unissent au mot suivant. Plusieurs de ses enfants sont signalés parmi les transgresseurs de la loi de Moïse sur le mariage. I Esdr., x, 29 et 34. Cependant, dans ce dernier verset (34), ce pourrait bien être un autre chef de famille du même nom. Les Septante ont au v. 29, Bανουί, et au v. 34, Bανί. Voir Bannui.
2. BANI (Septante : οἱ υἱοι ; ils ont lu benê, « fils de, » et uni ce mot au suivant), descendant du chef de famille du même nom. Il consentit, au retour de la captivité, à renvoyer la femme étrangère qu’il avait prise contre la loi de Moïse. I Esdr., x, 38.
3. BANI (Septante : Bαναΐας), un des lévites à qui Esdras fit lire et expliquer le texte de la loi devant le peuple assemblé. II Esdr., viii, 7. Il fut également un de ceux qui firent la confession et la prière au nom d’Israël. II Esdr., ix, 4. C’est probablement le même qui signa avec Néhémie le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 13. En ce dernier endroit, les Septante ont rendu ce nom par υἱοι.
4. BANI (Septante : υἱοι ; ils ont dû lire benê, « fils de » ), lévite du même nom que le précédent, chargé lui aussi de faire au nom du peuple l’aveu des péchés et la prière. II Esdr., ix, 4.
5. BANI (Septante : Bανί), père d’Azzi ; le chef des lévites qui habitaient Jérusalem au retour de Babylone. II Esdr., xi, 22.
BANIAS, nom moderne de Panéas ou Césarée de Philippe. Voir Césarée de Philippe.
BANINU (hébreu : Benînû, « notre fils [ ?] ; » Septante : Bανουαΐ), lévite qui, au retour de la captivité, signa le renouvellement de l’alliance à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 13 (hébreu, 14).
BANNIÈRES. Voir Étendards.
BANNISSEMENT, peine qui consiste dans l’expulsion du condamné hors du territoire ; elle diffère de l’« excommunication » juive, qui privait le condamné, non pas du droit d’habiter le territoire, mais de celui de participer, dans certains cas, aux assemblées religieuses ; elle diffère aussi du « refuge », que les homicides pouvaient aller chercher, moyennant les conditions légales, dans certaines villes déterminées, mais dans l’étendue du
territoire. Quoique ces « réfugiés » soient appelés « exilés », soit par la Vulgate, Num., xxxv, 26, 32, soit par la Mischna, traité Maccôth, ii, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1700, part. IV, p. 276-281, cependant il est évident qu’il ne s’agit que d’un exil improprement dit, puisque ces réfugiés ne quittaient pas le territoire. — La peine du bannissement ou de l’exil proprement dit existait-elle chez les Juifs ?
1° De Moïse à la captivité. — Deux auteurs, Jean Leclerc, In Genesim, xvii, 14, Amsterdam, 1710, p. 148-149, et Michælis, Deutsche Uebersetzung des Alten Testaments, Gœttingue, 1775, Gen., xvii, 14, p. 38 et 87 (voir, du même auteur, Mosaisches Recht, § 237, Francfort-sur-le-Mein, 1780, t. v, p. 37-43), ont cru voir désignée la peine du bannissement dans le mot hébreu kâraṭ, employé, Gen., xvii, 14| pour désigner la peine portée contre le Juif non circoncis. Ce mot kâraṭ (Septante : ἐξολοθρεύω ; Vulgate : delere, exterminare, et, au passif, perire, interire, depopulo), employé dans le Pentateuque trente-six ou trente-sept fois comme pénalité sanctionnant différentes lois, signifie « retrancher, extirper », et est souvent accompagné, dans les passages en question, des mots : « du milieu du peuple, » ou d’autres équivalents. C’est là, d’après les deux auteurs cités, la peine de l’exil ou du bannissement, au moins dans pi*sieurs de ces passages, notamment dans la Genèse, xvii, 14.
Cette explication est contraire à l’interprétation traditionnelle, juive et chrétienne. Les écrivains juifs, soit tâlmudistes, soit karaïtes, entendent le mot kâraṭ de la peine d’une mort prématurée, infligée ou plutôt ménagée par Dieu lui-même, par les voies secrètes de sa providence. Voir Peine. Cf. Selden, De Synedriis, Amsterdam, 1679, I, vi, p. 44-55 ; Abarbanel, Dissertatio de Karath seu Excidii pœna, traduction latine de Buxtorf, dans Ugolini, Thesaurus antiquit. sacr., Venise, 1765, t. xxx., p. 157-182 ; Hottinger, Juris Hebræorum leges, Zurich, 1655, p. 340-343 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, talmudicum, Bâle, 1639, p. 1100-1101. Les interprètes catholiques entendent communément le mot kâraṭ soit de la peine de mort infligée par le juge humain, soit de l’excommunication. Cf. Pererius, In Genesim, Lyon, 1614, t. iii, p. 385-392 ; Cornélius a Lapide, In Genesim, xvii, 14. Cette interprétation a été généralement suivie par les commentateurs protestants. Cf. Rosenmüller, Scholia in Vetus Test., In Gen., xvii, 14, Leipzig, 1821, t. i, p. 315-317 ; Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 718 ; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 60, p. 476, note 595 ; Winer, Biblisches Realwörterbuch, Leipzig, 1838, au mot Strafen, t. ii, p. 622, note 2. Leclerc et Michælis sont restés seuls, et même ce dernier, après une étude plus approfondie des textes, a rétracté expressément son opinion, pour se ranger à l’explication commune des interprètes chrétiens. Mosaisches Recht, loc. cit. Il est donc impossible de voir le bannissement dans la peine du kâraṭ ; d’autre part, il n’existe, dans les livres sacrés qui se rapportent à cette période, aucun texte ni aucun fait qui puissent faire soupçonner l’existence de cette peine ; nous voyons seulement, III Reg., Il, 36-37, Salomon ordonner à Séméi d’habiter Jérusalem (au lieu de Bahurim, son domicile ordinaire), et lui défendre, sous peine de mort, d’en sortir ; ce n’est pas là, comme on le voit, la peine du bannissement, mais une simple « relégation », ou habitation forcée dans une ville du territoire ; encore Salomon agissait-il, dans ce cas, en vertu, non pas de la loi, mais de son autorité arbitraire.
Il semble étrange, au premier abord, que la peine du bannissement, que Dieu lui-même a portée contre Caïn, Gen., iv, 11, 12, 14, 16, et qui était si connue chez les peuples anciens, en particulier chez les Égyptiens (cf. Thomssen, Organisation judiciaire de l’ancienne Egypte, Bruxelles, 1864, p. 48), n’ait pas fait partie du système de répression de la loi mosaïque. En voici, croyons-nous, la raison, bien digne du législateur hébreu. Le but principal qu’il s’était proposé dans ses lois était de maintenir le monothéisme parmi les Juifs, et par conséquent de les détourner de l’idolâtrie ; c’est à cela que se rapportent un grand nombre de ses lois ; c’est là ce qui explique beaucoup de prescriptions, qui sans cela seraient inintelligibles. Or, à l’époque de Moïse et dans les temps qui suivirent, jusqu’à la venue de Jésus-Christ, tous les peuples voisins de la nation juive étaient livrés au polythéisme ; condamner quelqu’un à l’exil, c’était donc le forcer à vivre parmi ces païens, et, par suite, l’exposer au danger prochain de tomber dans l’idolâtrie. Cf. Deut. IV, 27-28 ; xxviii, 36. Aussi David lui-même disait-il à Saül, I Reg., xxvi, 19, que ses ennemis personnels, en le forçant à fuir hors du royaume d’Israël, l’obligeaient, pour ainsi dire, à servir les dieux étrangers. Cf. Michælis, Mosaisches Recht, t. v, p. 41-42 ; Saalschütz, Das Mosaische Recht, k. 58, p. 466 ; k. 60, p. 476, note 595 ; Winer, Biblisches Realwörterbuch, t. ii, p. 622.
2° Après la captivité. — À cette époque, d’après plusieurs interprètes, nous trouvons la peine du bannissement portée contre les violateurs des lois juives : « Quiconque, dit le roi Artaxerxès à Esdras, n’observera pas exactement la loi de votre Dieu et cette ordonnance du roi, il sera condamné à la mort, ou à l’exil, ou à la confiscation, ou à la prison. » I Esdr., vii, 26. Tel est le sens de la Vulgate, qui traduit par exilium le mot chaldaïque šerôšû. La Vulgate a été suivie par beaucoup de commentateurs, qui interprètent aussi ce mot de la peine de l’exil ou du bannissement. Cf. Vatable, In Esdram, vii, 26, dans Migne, Scripturæ Sacræ cursus completus, t. xii, col. 111. Il n’y a rien d’étonnant dans l’apparition de cette pénalité chez les Juifs à cette époque, car l’exil n’offrait plus alors, au moins au même degré, les inconvénients que nous avons signalés ; le Juif chassé de son pays pouvait se réfugier soit en Egypte, soit en Assyrie ou en Perse, où il aurait trouvé, dans un grand nombre de villes, des quartiers peuplés de ses coreligionnaires, dont la compagnie l’aurait soustrait aux dangers de l’idolâtrie.
Toutefois nous devons ajouter que le sens de la Vulgate n’est pas certain, ou au moins qu’il ne faut pas interpréter son mot exilium dans le sens strict de la peine du bannissement. Le mot chaldaïque šerôšû (radical šàràë, « extirper, déraciner. ») signifie simplement, d’une manière générale, eradicatio, « action de déraciner, extirpation. » C’est ainsi que le traduisent Gesenius, Thesaurus, p. 1484 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 2533-2534. Les Septante et la version arabe (dans la Polyglotte de Walton, In Esdr., vii, 26) traduisent par « châtiment ». Il pourrait donc s’agir d’une simple expulsion, d’une de ces espèces d’excommunications si fréquentes chez les Juifs. L’auteur du livre d’Esdras semble s’expliquer lui-même dans ce sens ; dans le passage cité, vii, 26, le roi Artaxerxès emploie le mot chaldéen šerôšû, qui signifie « extirpation » ; un peu plus loin, x, 8, Esdras lui-même, usant des pouvoirs à lui conférés par le roi, et appliquant deux des peines signalées, s’explique ainsi, parlant en langue hébraïque : « Quiconque n’obéira pas, suivant l’ordre des princes et des anciens, perdra tout son bien, et lui-même sera expulsé de l’assemblée [revenue] de la captivité : vehû’ibbâdêl miqqehal haggôlâh. » Ces dernières expressions, qui expliquent et commentent le mot serôsû, employé vii, 26, ne signifient pas nécessairement le bannissement hors du territoire, mais plutôt une espèce d’excommunication, d’autant plus que le mot qâhâl, « assemblée, » s’emploie ordinairement dans le sens d’assemblée religieuse ; Gesenius, Thesaurus, p. 1199. Cf. dom Calmet, In Esdram, vii, 26 ; Drusius, dans Critici Hacrï, In Esdram, vii, 26.
3° Sous la monarchie d’Hérode. — Hérode porta la peine du bannissement proprement dit contre les voleurs, ordonnant qu’ils fussent vendus comme esclaves « hors du territoire ». Josèphe, Ant. jud., XVI, i, 1. L’historien juif apprécie très sévèrement cette loi d’Hérode ; d’après lui, elle était de nature à détruire les mœurs traditionnelles de la nation, elle constituait une injure envers la religion, elle était l’œuvre non d’un roi, mais d’un tyran, qui n’avait aucun égard pour les usages du pays. Aussi, ajoute-t-il, cette loi excita contre son auteur les récriminations et la haine du peuple. Ce jugement de Josèphe sur la loi d’Hérode peut confirmer ce que nous avons dit, que probablement la peine judiciaire du bannissement n’était pas appliquée jusque-là chez les Juifs.
BANNUI (hébreu : Binnûï, « édifice ; » Septante : Βανουΐ), chef de famille dont les enfants revinrent de Babylone au nombre de six cent quarante-huit. II Esdr., vii, 15. Il est appelé Bani au passage parallèle, I Esdr., ii, 10. Voir Bani 1.
BANQUE. Voir Changeur de monnaie.
BANQUETS. Voir Festins.
BANQUIER. Voir Changeur de monnaie.
BAOUR-LORMIAN Pierre-Marie-François-Louis,
de l’Académie française, poète, né à Toulouse le 24 mars 1770, mort à Paris le 18 décembre 1854. Dans sa vieillesse, presque octogénaire, pauvre, aveugle, infirme, pour se consoler, il traduisit en vers français le livre de Job. Sa version, quoique en général assez fidèle, est souvent une paraphrase où la couleur biblique est heureusement reproduite ;
elle n’est pas sans mérite, surtout au point de vue
littéraire. Un ami de l’auteur, le baron de Lamothe-Langon, édita l’ouvrage, qu’il fit précéder d’une Préface historique remplie de détails intéressants sur
1. BAPTÊME. Le mot « baptême » vient du substantif grec βάπτισμα ou βαπτισμός, qui dérive lui-même du verbe βάπτω, « plonger, » d’où l’on a fait βαπτίζω. βαπτίζω est souvent employé dans le Nouveau Testament. Il ne s’y rencontre pas avec le sens de « plonger dans l’eau », qui lui est donné souvent dans les Septante et dans les auteurs profanes ; mais il signifie tantôt « laver » et « purifier », Marc, vii, 4 ; Luc, xi, 38 ; tantôt, au passif, « être accablé de maux, » Matth., xx, 22 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt « baptiser », c’est-à-dire pratiquer le rite religieux du baptême. Matth., xxviii, 19 ; Joa., iv, 2 ; Act., ii, 41 ; viii, 12, 13, 16, 36, 38 ; ix, 18 ; x, 47, 48 ; xix, 5 ; xxii, 16 ; Rom., vi, 3 ; Gal., iii, 27 ; Les substantifs βάπτισμα ou βαπτισμός ; ont tous les sens correspondants. Ils expriment tantôt une « lotion » et une « purification », Marc, vii, 8 ; Hebr., vi, 2, et ix, 10 ; tantôt « un accablement de maux », Matth., xx, 22, 23 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt le rite religieux du baptême soit de saint Jean-Baptiste, Matth., iii, 7 ; Marc, i, 4 ; Luc, iii, 3 ; vii, 29 ; Act., xiii, 24 ; xix, 4 ; soit de Jésus-Christ, Rom., vi, 4 ; Eph., iv, 5 ; Col., ii, 12 ; I Petr., iii, 21. C’est ce dernier sens qu’ont pris dans la religion chrétienne, et en particulier en français, les mots baptiser et baptême. On appelle baptême le sacrement par lequel nous sommes faits chrétiens. C’est de ce baptême chrétien qu’il sera question dans cet article.
Suivant un plan adopté depuis longtemps par les théologiens,
nous nous occuperons successivement :
1° des
figures et des allégories du baptême ;
2° du baptême de
saint Jean ;
3° de l’institution du sacrement de baptême ;
4° de ses rites constitutifs ;
5° de ses effets ;
6° de ceux qui
le donnent ou de son ministre ;
7° de ceux qui le reçoivent
ou de son sujet.
I. Figures et allégories du baptême.
L’Ancien
Testament nous offre plusieurs figures du baptême. Voici les principales :
Les eaux de la création sur lesquelles
était porté l’Esprit de Dieu et d’où est sorti l’univers,
Gen., i, 2. Au témoignage de Tertullien, De baptismo, iii,
t. i, col. 1202 ; de saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iii, 5, t. xxxiii, col. 434, elles étaient l’image des eaux
du baptême fécondées par la grâce du Saint-Esprit, pour
engendrer les chrétiens à la vie surnaturelle ;
— les eaux du déluge, d’après saint Pierre, I Petr., iii, 20, 21, et
d’après les prières de la liturgie romaine à la bénédiction
des fonts, le Samedi saint ;
— la circoncision judaïque,
suivant saint Augustin, lib. i, Contra Cresconium, xxxi,
t. xliii, col. 464 ; saint Chrysostome, In Genes., hom. xl, t. liii, col. 374 ; saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., iii,
q. 70, a. 1 ;
— le passage de la mer Rouge, comme le
fait entendre saint Paul, I Cor., x, 1 ; 2, ainsi que le passage
du Jourdain par les Hébreux ;
— l’eau que Moïse
fit jaillir au désert du rocher qui représentait Jésus-Christ,
I Cor., x, 3 ;
— les nombreuses purifications par l’eau
prescrites par la loi mosaïque ;
— la guérison de Naaman
le lépreux par les eaux du Jourdain. S. Ambroise, De myster., iv, t. xvi, col. 394. Le Nouveau Testament nous
présente d’autres images du baptême, dans la piscine
probatique, dans la piscine de Siloé, dans le baptême de
saint Jean dont nous allons parler, et, d’après saint Paul,
Rom., vi, 4, dans l’ensevelissement du Sauveur avant sa
résurrection. Enfin les monuments des premiers siècles
symbolisent le baptême, tantôt par les figures et les images
de l’Écriture que nous venons d’étudier, tantôt par le
symbole du cerf ou du poisson. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877,
article Baptême, p. 78 et 79.
II. Baptême de saint Jean-Baptiste.
Il le donnait par immersion dans le fleuve du Jourdain. Matth., iii, 6, 15 ; Marc, i, 5 ; Luc, iii, 3 ; Joa., i, 28. Ceux qui le recevaient confessaient leurs péchés. Aussi ce baptême est-il appelé le baptême de pénitence. Il était destiné à préparer le baptême de Jésus-Christ ; car toute la mission du précurseur était une mission de préparation à la venue et à l’œuvre du Messie. Notre-Seigneur voulut lui-même recevoir ce baptême des mains de saint Jean, malgré les résistances de ce dernier. Si le Sauveur se soumit à ce rite de pénitence, ce ne fut point pour confesser et expier ses péchés, car il était la sainteté même ; mais il voulut ainsi sanctifier l’eau et en faire la matière de son propre baptême ; il voulut encore reconnaître par cette démarche solennelle la mission divine de son précurseur ; il donna enfin à ce dernier l’occasion de lui rendre témoignage à lui-même, en même temps que le Père et le Saint-Esprit manifestaient sa divinité. En effet, Jésus étant sorti de l’eau aussitôt après son baptême, les cieux s’ouvrirent à ses yeux, et il vit l’Esprit de Dieu descendre sur lui sous la figure d’une colombe, et une voix se fit entendre du ciel, qui dit : « C’est là mon Fils bienaimé, en qui je trouve mes délices. » Matth., iii, 16, 17 ; Marc, i, 10, 11 ; Luc, iii, 21, 22 ; Joa., i, 32 ; II Petr., i, 17.
Le baptême de saint Jean était inférieur à celui qui fut institué par Jésus-Christ. Saint Jean le déclara aux Juifs, Matth, , iii, 11 ; Marc, i, 8 ; Luc, iii, 16, et le concile de Trente l’a défini solennellement, sess. 7, can. i, De baptismo, contre Zwingle et Calvin, qui assimilaient les deux rites, et attribuaient toute l’efficacité du baptême aux dispositions de ceux qui le reçoivent. La plupart des théologiens catholiques enseignent même, à la suite de saint Thomas d’Aquin, 3, q. 38, a. 2 et 3, que le baptême de saint Jean n’avait par lui-même aucune efficacité pour remettre les péchés et donner la grâce sanctifiante. Ils enseignent aussi que c’était par ordre de Dieu que saint Jean baptisait, puisqu’il avait reçu sa mission du ciel. Néanmoins le baptême n’était pas une chose complètement nouvelle pour les Juifs. La loi de Moïse leur prescrivait dans diverses circonstances des immersions semblables. Lev., vi, 27, 28 ; xi, 25, 28 ; xiii, 6, 34 ; xvi, 6, 7 ; xxii, 6 ; Num., viii, 6, 7, 8 ; xix, 7, 8, 21 ; xix, 14 ; xxxi, 24. Nous savons aussi que, dans les temps postérieurs à Jésus-Christ, les Juifs imposaient à tout Gentil qui se convertissait au judaïsme, un baptême par immersion, qui était supposé lui donner comme une nouvelle naissance. Mais nous ignorons si ce baptême juif existait avant celui de saint Jean et des chrétiens. Beaucoup de rabbins le prétendent. On a même cru que Jésus-Christ faisait allusion à ce baptême des prosélytes, lorsqu’il dit à Nicodème, qui doutait qu’un homme pût renaître par l’eau : « Vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses ? » Joa., iii, 10. Mais comme il n’est question de ce baptême des prosélytes ni dans les livres de l’Ancien Testament, ni dans l’historien Josèphe, lorsqu’ils parlent de Gentils convertis au judaïsme, on a sujet de penser que cette cérémonie s’est introduite parmi les Juifs à une époque postérieure, et peut-être à l’imitation du baptême des chrétiens. Voir Calmet, Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de l’Écriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, Dissertation sur le baptême des Juifs, p. 323. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de raison de croire avec M. Renan, Vie de Jésus, ch. vi, 2e édit., p. 99, et d’autres auteurs, que le précurseur emprunta son baptême à des pratiques religieuses usitées en Chaldée ; car des pratiques semblables étaient prescrites par la loi de Moïse.
Le baptême de saint Jean ne devait point subsister après la fondation de l’Église, puisqu’il était destiné à préparer les voies au Messie. Aussi saint Jean envoyait-il ses disciples à Jésus-Christ. Joa., iii, 27-36 ; Matth., xi, 1, 2, 3. Néanmoins, plus de vingt ans plus tard, Apollon d’Alexandrie, qui prêchait le Christianisme à Éphèse, ne donnait encore que le baptême de saint Jean. Act., xviii, 25. Il fallut que saint Paul fit connaître le baptême de Jésus- Christ, Act., xix, 1-5, à ceux qu’Apollon avait évangélisés. Il existe même encore aujourd’hui dans l’ancienne Mésopotamie et dans la Syrie méridionale une secte qui ne veut admettre que le baptême de saint Jean-Baptiste, et qui prétend suivre la religion prêchée par le précurseur. C’est la secte des Mandaïtes ou Chrétiens de saint Jean. Cette secte paraît être la même que la secte gnostique des Elcésaïtes, mentionnée par saint Épiphane, Hær. xix, 5, t. xli, col. 268, et par l’auteur des Philosophumena, ix, 13 ; x, 29, Patr. gr. t. xvi, col. 3387, 3442. Voir Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 114-117.
III. Institution du baptême chrétien.
Le baptême chrétien n’est point le même que celui de saint Jean. Le précurseur lui-même avait dit : « Pour moi, je vous baptise dans l’eau ; mais il en viendra un autre après moi, qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures. Lui vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. » Luc, iii, 16 ; Matth., iii, 11 ; Marc, i, 8. Les Actes des Apôtres nous apprennent en outre que saint Paul donnait le baptême chrétien à ceux qui par ignorance n’avaient reçu que le baptême de pénitence de saint Jean. Act., xix, 4, 5.
Quel est l’auteur de ce baptême chrétien ? Sans aucun doute, c’est Jésus-Christ. À l’ablution par l’eau employée dans les purifications judaïques et dans le baptême du précurseur, il a ajouté l’invocation des trois personnes de l’adorable Trinité. Il a en outre fait de son baptême un sacrement de la Nouvelle Loi, en y attachant les effets que nous indiquerons plus loin.
En effet, après avoir reçu le baptême de saint Jean, Jésus manifesta à Nicodème la nécessité d’une régénération par son propre baptême, le baptême dans l’eau et le Saint-Esprit. Joa., iii, 1-8. Il fit ensuite administrer son baptême par ses disciples, à la grande joie de Jean, qui baptisait toujours et n’avait point encore été jeté en prison. Joa., iii, 22-36, et IV, 1, 2. Enfin, après sa résurrection, Jésus envoya ses disciples baptiser toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et cela jusqu’à la fin des temps. Matth., xxviii, 19 ; Marc, xvi, 15. C’est donc sans aucun doute Jésus-Christ lui-même qui a institué notre baptême. Mais, on n’est point d’accord sur le moment de cette institution. Saint Thomas, iii, q. 66, a. 2, le catéchisme du concile de Trente, § xx, et la plupart des théologiens pensent que Jésus-Christ institua notre sacrement de baptême, lorsqu’il reçut lui-même Je baptême dans le Jourdain, parce que c’est à ce moment qu’il mit dans l’eau du baptême la vertu de nous donner la vie surnaturelle, vertu qui fait le caractère essentiel du sacrement.
IV. Rites constitutifs du baptême.
Les théologiens distinguent dans les rites constitutifs des sacrements ce qu’ils appellent la matière (prochaine ou éloignée) et la forme. Nous n’avons pas à exposer ici leur théorie sur ce point. Disons seulement que, suivant la doctrine catholique, la matière employée pour le baptême (matière éloignée) est l’eau naturelle ; que l’application de cette matière (matière prochaine) est une ablution qui peut s’accomplir par trois modes différents : l’immersion, l’infusion, l’aspersion ; que la formule qui doit accompagner cette ablution (forme) consiste dans ces paroles : Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Nous allons parcourir successivement ces trois éléments constitutifs du baptême et résoudre les difficultés scripturaires qui s’y rattachent. Nous ne dirons rien des cérémonies ajoutées par l’Eglise, parce que ces cérémonies ne sont point les rites constitutifs du sacrement.
1° La matière employée pour le baptême (matière éloignée) est l’eau naturelle.
Saint Jean baptisait dans l’eau du Jourdain. Les disciples de Jésus-Christ avaient également baptisé avec de l’eau, du vivant de leur Maître. Joa., iii, 22, 23. Quand il leur prescrivit de baptiser toutes les nations, il entendait donc parler d’un baptême d’eau.
Du reste, en exposant la nécessité de son baptême, il dit à Nicodème que c’est de l’eau et du Saint-Esprit qu’il faut renaître. Joa., iii, 5. Ajoutons qu’après la résurrection, les Apôtres ne baptisaient qu’avec de l’eau. Cela ne résulte pas seulement des textes nombreux de la tradition, mais des témoignages mêmes de la Sainte Écriture. Lorsque le Saint-Esprit fut descendu sur le centurion Corneille, Pierre s’écria : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit comme nous ? » Act., x, 47. Un peu auparavant, l’eunuque de la reine Candace, qui cheminait avec le diacre Philippe et recevait ses instructions, ayant vu de l’eau, lui dit : « Voilà de l’eau ; qui empêche que je sois baptisé ? Et ils descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. » Act., viii, 36, 38. C’est donc avec de l’eau que doit se donner le baptême.
Comment donc entendre les textes des Évangiles où le baptême de Jésus-Christ est appelé « baptême dans le Saint-Esprit », Joa., iii, 5, et « baptême de feu » ? Matth., iii, 11 ; Luc, iii, 16. On en a proposé diverses explications. Voici celle qui est la plus communément adoptée. Le baptême de Jean, n’ayant point d’efficacité pour conférer la grâce sanctifiante directement et par lui-même, n’était qu’un baptême d’eau. Au contraire, le baptême de Jésus-Christ produit dans les âmes la grâce sanctifiante, et y fait habiter le Saint-Esprit, qui descendit sur les Apôtres sous la forme du feu, symbole de la charité. Par le baptême de Jésus-Christ, on renaît donc, suivant les paroles du Sauveur à Nicodème, de l’eau qui atteint le corps et du Saint-Esprit qui est répandu dans l’âme. Or, quand on compare le baptême de Jésus-Christ à celui de saint Jean, on est naturellement amené à caractériser chacun d’eux par ce qui lui est particulièrement propre, et on exprime ce qui leur est propre en déclarant que Jean baptisait dans l’eau, c’est-à-dire dans l’eau seule, tandis que Jésus-Christ devait baptiser dans le Saint-Esprit et le feu.
Voici une autre interprétation de ces textes qui n’exclut pas la première, mais la suppose. Les passages de la Sainte Écriture où il est parlé du baptême de Jésus-Christ peuvent presque tous se rapporter aussi à la confirmation, sacrement qui complète le baptême en nous rendant parfaits chrétiens et en nous donnant l’abondance des dons du Saint-Esprit. Cette union des deux sacrements dans les textes scripturaires ne doit pas nous surprendre, car les Apôtres donnaient ordinairement la confirmation aussitôt après le baptême ; cet usage s’est continué pendant de longs siècles dans l’Église latine, et il existe encore dans l’Église grecque. Mais alors même que nous ignorerions cette coutume antique, il nous suffirait d’examiner les paroles de l’Écriture qui se rapportent au sacrement de baptême, pour remarquer qu’elles contiennent des allusions au sacrement de confirmation. Nous laissons la parole à dom Janssens, qui a très bien mis ce point en lumière dans son excellent opuscule sur la Confirmation, Lille, 1888, p. 47 : « Voici d’abord la scène du Jourdain. Jean baptise dans l’eau, prêchant la pénitence et la venue du Christ. « Pour moi, s’écrie le précurseur dans son « admirable humilité, je vous baptise dans l’eau pour « vous porter à la pénitence ; mais un autre plus fort que « moi et dont je ne suis pas digne de porter la chaussure viendra ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. » Matth., iii, 11. Que signifie cette parole rapportée à la fois par saint Matthieu et saint Luc, iii, 6 : « Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu, » sinon que le baptême du Sauveur trouve son parfait achèvement dans le baptême de feu ? Et ce baptême de feu, comment n’y pas voir la descente du Saint-Esprit sous la forme de langues de feu au jour de la Pentecôte, qui est le grand jour de la confirmation ? C’est dans ce sens que Notre-Seigneur, au moment de s’en aller à son Père, le jour même de son ascension glorieuse, dit à ses Apôtres dans son discours d’adieu, Act., i, 5 : « Jean vous a baptisés « dans l’eau, mais vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint « après peu de jours. » Ici évidemment il s’agissait d’un autre baptême que celui de la régénération première ; il ne pouvait donc être question que de l’effusion du Saint-Esprit par la confirmation, effusion si abondante, que le Sauveur lui donne le nom générique de baptême. Aussi saint Pierre, rendant compte à Jérusalem de la mission qu’il venait de remplir auprès du centurion Corneille, rapproche dans sa pensée cette promesse du Seigneur et la descente du Saint-Esprit sur le soldat romain et sa famille, avant même qu’ils eussent été baptisés ; et il dit aux Apôtres émerveillés que c’est le souvenir de ces paroles du Maître qui l’a déterminé à conférer le baptême à ceux qui avaient reçu le même don qu’eux au cénacle. Act., xi, 16. Si nous réunissons ces divers témoignages, nous arrivons naturellement à trouver une trace de la confirmation dans les paroles de Jean-Baptiste au Jourdain, et surtout dans celles du Sauveur le jour de l’Ascension. Seulement les premières ont le caractère vague d’une prophétie lointaine ; les secondes équivalent à une promesse précise et immédiate, et forment le trait d’union entre l’Ascension et la Pentecôte. Mais ce n’est pas tout. La scène du Jourdain nous met sous les yeux l’action symbolique du baptême du Sauveur. Ici encore la confirmation nous apparaît au second plan. De même que l’action du Christ sanctifiant les eaux du fleuve au contact de son corps divin équivaut ou du moins prélude éloquemment à l’institution du baptême ; de même aussi la colombe descendant sur le chef sacré du Messie, après qu’il fut sorti des eaux, exprime, au témoignage de saint Thomas, Summ. theol., iii, q. 72, a. i, ad 4, la plénitude de la grâce, et partant préfigure le sacrement qui la confère, la confirmation. C’est pourquoi la colombe ne descendit sur le Messie qu’à la sortie du Jourdain, pour marquer que la plénitude de la grâce, conférée par la confirmation, vient se surajouter au baptême, en vertu d’un sacrement qui ne peut être administré qu’après celui de la régénération. Matth., iii, 16 ; Marc, i, 10 ; Luc, iii, 21. »
Cette doctrine a été développée par les saints Pères, et en particulier par saint Cyrille de Jérusalem, dans la Catéchèse qu’il consacra à la confirmation. Catech. mystag., iii, 2, Patr. gr., t. xxxiii, col. 1087, 1890, et par saint Optat de Miléve, Contra Donat., vers la fin du livre IV, Patr. lat., t. xi, col. 1039 et suiv.
Dom Janssens voit aussi un rapprochement entre le baptême et la confirmation dans le discours à Nicodème. Joa., iii. « Ici encore, dit-il (La confirmation, p. 50), nous trouvons dans le même ordre d’abord un endroit qui parle ouvertement du baptême : « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; » et puis, à trois versets d’intervalle, un autre passage où l’on peut voir une allusion à la Pentecôte, et partant à la confirmation. Le Christ veut faire comprendre à Nicodème que la naissance spirituelle est tout autre que la naissance corporelle. « L’Esprit, dit le Sauveur, souffle où il veut, et vous entendez sa voix ; mais vous ne savez ni d’où il vient ni où il va, ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » Si le baptême de feu dont parlait Jean-Baptiste nous reportait naturellement à la pluie de feu qui eut lieu au Cénacle, comment ne pas songer ici à cette tempête qui fondit sur la même enceinte, « lorsque soudain on entendit un son comme d’un vent violent qui s’abat et qui remplit toute la demeure ? » Act., ii, 2. La foule, qui l’entendit du dehors, accourut, ne sachant d’où ce souffle venait ni où il allait, et elle contempla le groupe des Apôtres et des disciples débordant de la plénitude du Saint-Esprit. »
2° L’eau du baptême doit être appliquée (matière prochaine) par ablution, c’est-à-dire soit par immersion, soit par infusion, soit par aspersion.
« La plupart des
liturgistes, dit l’abbé Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 223, admettent d’une manière
générale :
En cours
1° qu’il y eut immersion totale depuis les
temps évangéliques jusqu’au xrve siècle environ ;
2° que
du xme au xve siècle on employa l’immersion partielle
du corps (dont la partie inférieure séjourna seule dans
l’eau), avec infusion sur la tête ;
3° qu"à partir du XVe siècle
l’infusion seule remplaça l’infusion accompagnée d’immersion. » Mais le savant auteur, se fondant sur l’étude
des anciens baptistères et des représentations de baptêmes,
trouve cette classification trop absolue, et il établit par
des preuves qui paraissent très solides les conclusions suivantes
(ibid., p. 248) : « En Orient, dans les premiers
siècles, submersion totale dans les fleuves et probablement
dans les baptistères, sans exclusion toutefois de
l’immersion mêlée d’infusion, qui a été conservée jusqu’à
nos jours dans presque toutes les contrées orientales. —
En Occident, du IVe au vin 6 siècle, immersion partielle
dans les baptistères, avec addition d’infusion. — Du
vine au XIe siècle, immersion verticale et complète des
enfants dans les cuves. À cette époque et dans tout le
cours du moyen âge, procédés divers pour le baptême
des adultes, qu’il n’était pas possible d’immerger dans
le bassin des fonts..— Du xie au xm" siècle, immersion
horizontale et complète dans les cuves. — Aux xme et
XIVe siècles, tantôt immersion complète, tantôt immersion
partielle accompagnée d’infusion ; rarement infusion
seule. — xve et xvie siècles : rarement immersion complète ;
parfois immersion avec infusion ; le plus souvent
infusion seule. — XVIIe et xviiie siècles : règne de l’infusion
seule ; immersion conservée jusqu’à nos jours dans
les rites mozarabe et ambrosien ; rétablissement de l’immersion
dans quelques sectes religieuses. — xixe siècle,
progrès rapide de l’immersion dans diverses communions
religieuses, surtout en Amérique et en Angleterre. »
Pour l’aspersion, qui ne diffère de l’infusion que parce qu’elle se fait en jetant le liquide au lieu de le laisser couler, elle n’est valide qu’autant que l’eau jetée atteint le baptisé, et elle n’a jamais été pratiquée que dans des circonstances exceptionnelles.
Le passage de l’Écriture Sainte qui nous donne les indications les plus précises sur le mode baptismal des temps évangéliques est le récit du baptême de l’eunuque de la reine Candace par le diacre Philippe. Le livre des Actes des Apôtres, viii, 38, 39, porte : « Tous deux, Philippe et l’eunuque, descendirent dans l’eau, et il le baptisa ; et après qu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe. » On a prétendu que l’eunuque baptisé n’avait pu être immergé dans l’eau, à cause du peu de profondeur de la fontaine de Philippe ; mais cette induction est sans fondement, car on ne sait point avec certitude l’emplacement de cette fontaine, et alors même qu’elle aurait aujourd’hui peu de profondeur, il ne s’ensuivrait pas qu’il en était de même au I er siècle. Le texte des Actes dit expressément que le baptisant et le baptisé descendirent tous deux dans l’eau, et qu’ils en remontèrent après le baptême. Cela prouve que le baptême fut donné par immersion. Les manières de parler de l’Écriture et des premiers Pères laissent entendre d’ailleurs que ce sacrement se conférait alors habituellement par immersion complète. Ce n’est, en effet, que par une immersion complète qu’on est enseveli dans l’eau et qu’on en renaît. Or saint Paul, Rom., vi, 4, rappelle aux chrétiens qu’ils ont été ensevelis par le baptême, et Jésus-Christ enseigne à Nicodème, Joa., iii, 5, qu’il faut renaître de l’eau et du Saint-Esprit pour entrer dans le royaume des cieux. Du reste, un grand nombre de témoignages des premiers siècles établissent que le baptisé était alors plongé tout entier dans l’eau.
Cependant il y a lieu de penser que dès les origines du Christianisme on pratiqua le baptême par immersion accompagnée d’infusion. Le baptisé était plongé dans l’eau jusqu’à mi-corps ou jusqu’à mi-jambes, et le baptisant lui versait de l’eau sur la tête. Il reste de très anciennes représentations du baptême de Jésus-Christ par saint Jean ; or toutes nous montrent le Sauveur la tête et
même la partie supérieure du corps hors de l’eau. Tantôt saint Jean-Baptiste lui met la main sur la tête, ce qui suppose qu’il la plonge dans l’eau et qu’il y a immersion complète ; mais tantôt aussi l’eau est versée sur la tête de Jésus soit par le précurseur, soit par la colombe qui est au-dessus de lui, ce qui suppose que la tête n’a pas été plongée dans le fleuve. Voir Corblet, Histoire du baptême, Paris, 1881, t. i, p. 232, et Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, article Baptême, 2e édit., Paris, 1877, p. 80. Nous possédons aussi des peintures antiques du baptême où le baptisant verse de l’eau sur la tête du baptisé, tandis que celui-ci se tient debout dans l’eau. Signalons une peinture du IIe ou du me siècle trouvée à Rome, au cimetière de Saint-Callixte. Près d’un pêcheur qui tire de l’eau un poisson, symbole du chrétien régénéré, est représenté le baptême d’un enfant d’environ dix ans. L’enfant et celui qui le baptise sont debout dans l’eau, qui a un décimètre et demi de profondeur, et s’élève par conséquent jusqu’aux genoux de l’enfant. Le
437. — Le baptême dans les catacombes. Fresque du otmatlère de Saint-Callixte.
baptisant pose sa main sur la tête de l’enfant, autour de laquelle l’eau coule de tous côtés (fig. 437).
Non seulement on donna le baptême par infusion ajoutée à une immersion partielle ; on le pratiqua encore par simple infusion dès les temps apostoliques. Beaucoup de malades alités ne pouvaient être baptisés que de cette façon. Du reste, l’Écriture Sainte nous rapporte des baptêmes qui ne semblent pas avoir été donnés autrement. Comment comprendre, en effet, que quelqu’un soit baptisé par immersion debout dans une maison ? Or il est dit à deux reprises, Act., ix, 18, et xxii, 16, de saint Paul qu’il se leva debout pour être baptisé par Ananie, dans la maison où il était. Le même apôtre, détenu en prison, Act., xvi, 33, convertit son geôlier avec les membres de sa famille, et les baptisa aussitôt. Or on ne voit pas qu’il l’ait pu faire par immersion. D’ailleurs la Aiâi^ » ) t&v âûSexa’AtcootoXwv récemment découverte, ’que la plupart des critiques regardent comme ayant été composée dans la première moitié du n « siècle, si ce n’est à la fin du I er, et qui nous fait certainement connaître les pratiques des temps apostoliques, prescrit formellement de conférer le baptême par infusion, lorsqu’on n’a point une assez grande quantité d’eau pour le donner autrement. « Pour ce qui est du baptême, dit-elle, baptisez de la façon suivante : Après avoir dit tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, dans une eau vive. Si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau ; si tu ne peux te servir d’eau froide, prends-en de la chaude. Si tu n’en as ni de l’une ni de l’autre, verse sur la tête trois fois de l’eau au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » On a pensé que saint Pierre avait baptisé par aspersion d’abord les trois mille et ensuite les cinq mille convertis dont parlent les Actes des Apôtres, ii, 41, et iv, 4 ; mais c’est là une simple conjecture.
3° La formule du baptême (forme) consiste en ces paroles : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est la formule même employée dans l’Eglise latine. Les Grecs emploient cette autre formule
équivalente : Le serviteur de Dieu, N…, est baptisé (pmixi’Cexïi) au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. C’est par erreur qu’on leur a attribué de baptiser par la formule déprécatoire : Que le serviteur de Dieu, N…, soit baptisé ( (ianTÎÇea-Oo))… Cette formule déprécatoire ne se trouve dans aucun exemplaire de leurs livres liturgiques. Le concile de Florence a reconnu la validité de la formule employée par les Grecs. Seulement les édi-’tions du concile ne sont pas d’accord sur la formule que les Pères de Florence leur attribuaient. Le Bullaire de Chérubini donne la formule déprécatoire : Baptizetur. VEnchiridion de Denzinger donne la formule affirmative : Baplizatur.
Tous les théologiens s’accordent à regarder l’invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité comme nécessaire, et comme ayant été employée constamment depuis la mort des Apôtres. Notre-Seigneur leur ordonna, en effet, de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Matth., xxviii, 19.
On s’est demandé néanmoins si les Apôtres n’avaient pas substitué l’invocation du nom de Jésus à l’invocation des trois personnes de la sainte Trinité pour la collation du baptême. L’Écriture nous dit, en effet, à plusieurs reprises, des premiers chrétiens qu’ils étaient baptisés au nom du Seigneur Jésus. Act., ii, 38 ; viii, 16 ; xix, 5. Certains théologiens ont cru qu’ils avaient fait réellement cette substitution, et cela en vertu d’une dispense spéciale, et afin de glorifier davantage le nom de Jésus, qui était alors odieux aux Juifs et aux Gentils. C’est le sentiment qu’adopte saint Thomas, iii, q. 66, a. 6, ad 1. Mais cette opinion est généralement rejetée aujourd’hui ; car il est peu vraisemblable que les Apôtres, qui avaient reçu personnellement l’ordre de baptiser en invoquant les trois personnes divines, Matth., xxviii, 19, aient négligé cette invocation. Par conséquent, les textes de l’Écriture qui nous les représentent baptisant au nom du Sauveur ne signifient point qu’ils invoquaient le nom du Fils à l’exclusion du nom du Père et du Saint-Esprit. Si ces textes parlent du baptême conféré au nom de Jésus, c’est pour marquer qu’il s’agit du baptême chrétien et non du baptême de Jean-Baptiste. Cette opposition est clairement indiquée dans le discours de saint Pierre, au second chapitre des Actes, ii, 38, où il est fait allusion au baptême de pénitence que Jean-Baptiste avait donné, et au baptême daus le Saint-Esprit, qu’il avait annoncé : « Faites pénitence, dit saint Pierre, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ (ïiù tw ôv<5jjiaTi’IriuoS Xpio-ToO, c’est-à-dire sur le fondement du nom de Jésus-Christ ) pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » La même opposition est marquée plus clairement encore au chapitre xix des Actes, 3-5. Paul, étant venu à Éphèse, y trouva des disciples qui n’avaient pas même entendu dire qu’il y a un Saint-Esprit. « Il leur dit : De quel baptême avez-vous été baptisés ? Ils dirent : Du baptême de Jean. Et Paul dit : Jean a baptisé le peuplé du baptême de pénitence, disant de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire er » Jésus. Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus (eî « to ôvbijia, c’est-à-dire pour prendre le nom de Jésus et lui appartenir), et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit-Saint vint en eux. » On voit que dans ces passages le baptême « au nom de Jésus t> s’oppose à celui de Jean-Baptiste, et que rien n’oblige de penser qu’on invoquait dans ce baptême le nom du Sauveur, à l’exclusion de celui du Père et de celui du Saint-Esprit.
V. Effets du baptême. — 1° Manière dont le baptême agit. — Le baptême est un sacrement, et agit par conséquent ex opère operato, c’est-à-dire par sa vertu propre-Aux temps apostoliques, le mot sacrement n’avait pasencore le sens précis et arrêté que les théologiens lui ont donné, et le terme ex opère operato n’était pas employé. C’est donc par d’autres formules que l’Écriture Sainte 1441
BAPTEME
BARABBAS
iUl
nous enseigne qu’en vertu de l’institution de Jésus-Christ, le rite du baptême possède par lui-même la puissance de produire la grâce dans les âmes. Jésus-Christ attribue, en effet, à l’eau même du baptême la vertu de nous donner la vie surnaturelle, lorsqu’il dit à Nicodème que, pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut renaître de l’eau et du Saint-Esprit, Joa., iii, 5 ; de son côté, saint Paul affirme que l’eau reçoit cette vertu des paroles prononcées au baptême, lorsqu’il dit, Eph., v, 26, que Jésus-Christ sanctifie l’Eglise en la purifiant par le bain de l’eau dans la parole de vie.
2° Effets produits par le baptême. — Ces effets sont exprimés dans les textes où l’Écriture enseigne que le baptême nous donne une nouvelle vie, la vie surnaturelle, Joa., iii, 5 ; qu’il remet tous les péchés, Act., ii, 38 ; xxii, 16 ; Eph., v, 26 ; qu’il assure le salut. Marc, xvi, 16. Le sacrement de baptême produit la grâce, sanctifiante avec un cachet particulier, celui d’une nouvelle naissance, la naissance à la vie surnaturelle de la grâce, qui est la vie de Jésus-Christ et de Dieu en nous, qui nous rend enfants de Dieu à la suite de Jésus-Christ, qui nous constitue les cohéritiers de son royaume. Aussi le baptême est-il appelé le « bain de la régénération », Tit., m, 5 ; « l’eau qui nous donne une nouvelle naissance, » Joa., iii, 5, et il est présenté comme nous rendant « fils de Dieu », et « nous revêtant de Jésus-Christ ». Gal., m, 26, 27.
VI. Ministre du baptême. — L’Écriture nous raconte plusieurs baptêmes. Il ressort de ses récits qu’au siècle apostolique le sacrement de la régénération était conféré par diverses classes de personnes. Jésus-Christ ne baptisait point lui-même, mais faisairbaptiser par ses Apôtres. Joa., iv, 2. Après la Pentecôte, les Apôtres laissaient d’ordinaire à des ministres inférieurs le soin de baptiser, afin de pouvoir se livrer tout entiers à la prédication. Saint Pierre fit baptiser le centurion Corneille et sa maison. Act., x, 48. Saint Paul disait qu’il n’avait pas été envoyé par Jésus-Christ pour baptiser, , mais pour évangéliser. I Cor., i, 17. Le diacre Philippe baptisa Simon le Magicien avec un grand nombre de personnes de Samarie. Act., viii, 12, 13. Il baptisa aussi l’eunuque de la reine Candace. Act., viii, 38. Saint Paul fut baptisé à Damas par Ananie, Act., ix, 18, qui paraît avoir été un simple laïque. Voir Ananie 7.
VII. Sujet du baptême. — On appelle sujets du baptême les personnes qui peuvent recevoir ce sacrement. Parmi les premiers chrétiens, il s’en trouva d’abord qui crurent que le baptême devait être réservé aux Juifs. Aussi, lorsque fut venu le moment de baptiser le centurion Corneille, le premier des Gentils qui se fit chrétien, Dieu envoya-t-il une vision à saint Pierre et fit-il descendre miraculeusement le Saint-Esprit sur Corneille et sa famille, pour montrer que l’Église était ouverte aux païens aussi bien qu’aux Juifs. Act., x. De son côté, Pierre justifia devant ses frères la conduite qu’il avait tenue en cette circonstance. Act., xi, 1-18. Mais sauf les judaïsants, que saint Paul combattait, tous les fidèles comprirent bientôt que l’Évangile devait être prêché à tous les hommes, et que tous aussi avaient droit au baptême, suivant la parole du Sauveur : « Allez enseigner toutes les nations, et baptisez-les. » Matth., xxviii, 19. —Voir Chardon, Histoire des sacrements, dans Migne, Cursus completus théologies, t. xx, col. 1-159 ; Duchesne, Origines du culte chrétien, ch. ix, Paris, 1889, p. 281-329 ; Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéologique du sacrement de baptême, 2 in-8°, Paris, 1881-1882.
A. Vacant.
2. BAPTÊME DES MORTS. Le baptême ne peut être reçu par procureur. À plus forte raison ne peut-on le recevoir pour ceux qui sont morts. Cependant, pour prouver la résurrection des morts, saint Paul dit, I Cor., XV, 29 : « Que feront ceux qui seront baptisés pour les morts (Û7tèp twv vexpwv, c’est-à-dire à la place ou en
faveur des morts), si certainement les morts ne ressuscitent pas ? Pourquoi sont-ils baptisés pour eux ? » Ce passage est un de ceux qui ont le plus exercé les exégètes, et on l’a interprété d’un grand nombre de manières. On admet d’ordinaire que saint Paul s’y sert d’un argument ad hominem, fondé sur une pratique qu’il n’entend pas approuver, celle de se faire baptiser pour ceux qui étaient morts sans recevoir le baptême. Il est sûr que les fidèles qui suivaient les enseignements de saint Paul ne se conformaient pas à cette pratique ; car, après la phrase que nous venons de citer, l’Apôtre ajoute, I Cor., xv, 30 : « Et pourquoi nous-mêmes (il xaî ïineïï) nous exposons-nous au danger à toute heure ? » Manière de parler qui montre. que ni saint Paul, ni les disciples auxquels il s’adressait, ne se faisaient baptiser pour les morts. Ceux qui tenaient cette conduite appartenaient donc à une secte séparée. Nous savons par Tertullien, Contra Marcionem, v, 10, t. ii, col. 495, et saint Jean Chrysostome, In I Cor., nom. XL, t. lxi, col. 347, que les Marcionites avaient cette coutume, et il y a lieu de penser qu’ils la tenaient de la secte à laquelle saint Paul lait ici allusion. Saint Épiphane croit, Hmres., xxviii, 6, t. xli, col. 383, que cette secte était celle des Cérinthiens.
On trouvera dans Calmet, Dissertation sur le baptême pour les morts, dans les Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de-l’Ecriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, p. 338-355, les diverses interprétations qu’on a données du passage de saint Paul que nous venons d’expliquer. Celle que nous avons adoptée., à la suite du plus grand nombre des Pères et des exégètes, est j croyons - nous, la seule qui respecte le sens naturel des paroles de l’Apôtre.
A. Vacant.
- BAPTISTA Gregorio##
BAPTISTA Gregorio, bénédictin, théologien portugais, né à Funchal, dans l’île de Madère, vivait dans la première moitié du xvif siècle. Il devint prédicateur général de son ordre en Portugal, et passa à l’ordre des Franciscains.. Il a composé des Annotationes in caput xiii Evangelii secundum Joannem, divisées en trois parties. La première partie seule a été publiée, in-f », Coïmbre, 1621. — Voir B. Machado, Bibliotheca lusitana, t. H (1747), p. 410 ; Ziegelbauer, Historia rei literariœ ordinis sancti Benedicti, Vienne, 1754, t. iv, p. 49.
- BAPTISTE##
BAPTISTE, surnom donné à Jean, le précurseur du Messie, parce qu’il baptisait dans le Jourdain. Voir Jean-Baptiste.
BAR (Jean de), bénédictin de la congrégation de SaintMaur, né à Reims vers 1700, mort à Paris, au monastère des Blancs - Manteaux, le 25 novembre 1767. Ami et compagnon d’études de dom Maur d’Antine, il recueillit son héritage littéraire et prépara une édition remaniée des Pseaumes traduits sur l’hébreu (voir Antine ) ; mais la mort le prévint avant qu’il eût pu livrer à l’impression ce Psautier, dont le manuscrit passa aux mains de dom Clémencet, et ne fut jamais publié.
J. Parisot.
BARA. Nom de deux personnages dans la Vulgate.
1. BARA (hébreu : Béra’; Septante : BaXXâ), roi de Sodome, un des cinq rois de la Pentapole assujettis à Chodorlahomor, et révoltés contre lui après douze ans de soumission. Bara fut défait par le roi d’Élam ; dans sa fuite, il tomba dans les puits de bitume de la vallée de Siddim et y périt. Gen., xiv, 2-10.
2. BARA (hébreu : Ba’arâ’, « embrasement ; » Septante : y] BaaSâ ; Codex Alexandrinus ; Baapâ), une des femmes de Saharaïm, descendant de Benjamin, qu’il répudia. I Par., vui, 8.
BARABBAS. Les manuscrits grecs écrivent ce mot de quatre manières différentes : Bapdcëoa ; , liapàga ; , Bap I. - 48 1443
BARABBAS — BARAC
au
pctêaç et Bappocêâv. Aussi en donne-t-on des étymologies très diverses : bar-rabba, u. fils du docteur » (Langen), ou bar-rabban, « fils de notre docteur » (Ewald) ; barabba, « fils du père » ( saint Jérôme, saint Hilaire, Théophylacte, Lightfoot, Wûnsche, Sieffert, Grimm, Bisping), ou bar-abban, « fils de notre père, » et enfin bar-Abba, « fils d’Abba. » Ce nom se rencontre souvent chez les talmudistes. Quelques manuscrits cursifs grecs (1, 118, 209, 299), la version syriaque hiérosolymitaine et la version arménienne appellent Barabbas Jésus Barabbas. Origène mentionne déjà cette variante ; de nos jours elle est rejetée par les critiques les plus compétents, Tischendorf, Westcotf et Hort, Griesbach, Tregelles. Voir sur cette variante : Tischendorf, Novum Testamentum grssce, t. i, p. 195, et Vestcott-Hort, The New Testament in original greek, t. ii, Appendice, p. 19.
Barabbas était un voleur fameux, Joa., xviii, 40, jeté en prison pour avoir commis un meurtre dans une émeute. Matth., xxvii, 16 ; Marc., xv, 7 ; Luc, xxiii, 19 ; Act., iii, 14. Il devait donc subir la peine capitale, comme meurtrier, d’après la loi juive, et comme rebelle, d’après la loi romaine. Pilate, dans son désir de sauver Jésus, dont il avait reconnu l’innocence, proposa aux Juifs de leur accorder selon la coutume, à l’occasion des fêtes de Pâques, la délivrance d’un prisonnier. Matth., xxvii, 17 ; Marc, xv, 6 ; Luc, xxiii, 17 ; Joa., xviii, 39. Et il leur offrit de délivrer Jésus ou bien Barabbas, parce que le crime de ce dernier ne lui semblant mériter aucune compassion, il pensait que le peuple n’hésiterait pas à se prononcer en faveur de Jésus. Mais les Juifs, à l’instigation des princes des prêtres et des anciens, demandèrent la délivrance de Barabbas, qui fut accordée. Matth., xxvii, 21 ; Marc, xv, 11, 15 ; Luc, xxiii, 18 ; Joa., xviii, 40 ; Act., ni, 14. On ne sait rien de plus sur ce personnage.
Cette coutume de mettre en liberté un prisonnier à l’occasion des fêtes de Pâques n’est mentionnée nulle part ailleurs dans les Saintes Écritures, ni dans le Talmud. L'Évangile de saint Jean dit cependant assez clairement, xviii, 39, que c'était une coutume juive. En tout cas, des usages similaires existaient chez les Romains le jour des Lectisternes, et chez les Grecs aux solennités de Bacchus Éleuthéréus. Quelques exégètes (Rosenmùller, Friedlieb, Fouard) ont cru qu’il s’agissait non seulement d’une coutume, mais d’un privilège spécial, accordé aux Juifs par les Romains ; saint Luc, xxiii, 17, semble l’insinuer. E. Jacquier.
- BARAC##
BARAC (hébreu : Bârâq, « l'éclair ; » Septante : Bapàx), fils d’Abinoem, de la tribu de Nephthali, et très probablement le même que Badan de I Reg., xii, ll.Voir Badan. On le range assez communément parmi les Juges d’Israël, quoique l'Écriture ne dise pas formellement qu’il ait « jugé » le peuple de Dieu ; il fut, en effet, libérateur d’Israël comme ceux qui portent le titre de Juge (sôfêt), et il fut appelé expressément par Dieu à la mission d’affranchir les Hébreux du joug des Chananéens.
I. Les Chananéens du nord. — Les ennemis dont il fallait, du temps de Barac, délivrer les Israélites étaient les Chananéens du nord de la Palestine qui habitaient surtout les plaines sur les rives du Jourdain, au bord de la mer, dans la riche plaine de Jezraël ou d’Esdrelon, et dans le pays assigné àZabulon et à Nephthali. Num., xiii, 30 ; Jud, , i, 27-33. Écrasés par Josué avec tous les autres peuples leurs alliés, Jos., XI, 1-14, ils auraient dû disparaître à jamais ; mais les Israélites, désobéissant aux ordres réitérés de Dieu, Exod., xxiii, 32-33 ; Deut., vii, 1-4, n’achevèrent pas l'œuvre de destruction si bien commencée par le successeur de Moïse. Les Israélites furent d’autant moins excusables en cela, que Dieu avait permis la résistance de leurs ennemis, coupables des plus grands crimes, afin de les rendre tout à fait indignes de pitié et contraindre son peuple à les exterminer. Jos., xi, 20. Mais ils ne voulurent pas le faire, quoiqu’ils fussent devenus assez forts,
et ils habitèrent dans les mêmes villes avec les Chananéens, aimant mieux tirer d’eux un tribut que de les détruire. Jos., xvii, 11-13 ; Jud., i, 27-33. Cette conduite, dans laquelle leur cupidité trouvait son compte aussi bien que leur lâcheté et leur mollesse, cl. Jos., xviii, 3, irrita le Seigneur contre eux ; il les en punit en laissant prospérer les habitants du pays, Jud., ii, 21-23, dont il se servit ensuite comme d’un fléau pour châtier son peuple, quand le moment fut venu, lorsque, se laissant séduire par l’exemple des idolâtres chananéens, ils se furent livrés au culte de Baal et d’Astarté. Ils devinrent euxmêmes les tributaires de ceux qui jusqu’alors leur avaient payé le tribut. Celte servitude dura vingt ans. La terreur régnait partout ; on ne pouvait aller en sûreté d’une ville à l’autre, Jud., v, 6 ; cf. Lament., i, 4 ; les Chananéens paraissent même avoir été aux Israélites une partie de leurs armes. Jud., v, 8 ; cf. I Reg., xiii, 19-22. Alors comme au temps de Josué, Jos., xi, 10, les divers rois du pays formaient une sorte de confédération, sous l’hégémonie ou la suzeraineté de Jabin, roi d’Asor, comme le prince du même nom vaincu par Josué. Jud., v, 19. Cette ville avait dû être relevée de ses ruines. Voir Asor 1. Les contingents de troupes fournis par les rois chananéens étaient placés sous le commandement de Sisara, que l'Écriture appelle le général en chef de Jabin. Sisara pouvait mettre en ligne jusqu'à neuf cents de ces chars bardés de fer (texte hébreu), si redoutés des Israélites, Jos., xvii, 16, qui n’en avaient point et ne devaient point en avoir. Deut., xvii, 16 ; Jos., xi, 6 ; II Reg., viii, 4. Ce nombre n’a rien d'étonnant, comme on le voit par les documents égyptiens : les Khétas, battus par Ramsès II, au nord du pays de Chanaan, possédaient, d’après le poème de Pentaour, deux mille cinq cents chars ; Thotmès III en avait pris autrefois neuf cent vingt-quatre dans cette même plaine de Jezraël, où Sisara va conduire les siens contre Barac. Voir F. Ghabas, Études sur l’antiquité historique, 1873, p. 442.
Vingt ans de souffrance firent enfin rentrer les Israélites dans le devoir ; ils se souvinrent du Seigneur, ils crièrent vers lui pour implorer son secours, et il eut pitié d’eux. Il y avait alors dans les montagnes d'Éphraïm, entre Rama et Béthel, une prophétesse du nom de Débora, à qui sa sagesse avait gagné la confiance de tout le peuple ; elle jugeait, assise sous un palmier, les différends qu’on venait lui soumettre. C’est à elle qu’une inspiration divine fit connaître le libérateur que Dieu allait susciter à son peuple, Barac, le fils d’Abinoem, de Cédés de Nephthali. Elle le manda auprès d’elle et lui communiqua les ordres de Dieu. Jud., iv, 6-7. Malgré cette assurance du concours céleste, Barac ne voulut rien entreprendre, à moins que Débora ne consentit à l’accompagner. Débora partit donc avec lui, mais en lui prédisant qu’il n’aurait pas tout l’honneur de la victoire, parce que Sisara, au lieu de tomber sous ses coups, périrait de la main d’une femme. Jud., iv, 18-22 ; v, 24-27. De Cédés, où ils se rendirent d’abord, Débora et Barac firent appel au patriotisme des diverses tribus, sauf apparemment celles de Juda et de Siméon, qui ne sont pas mentionnées dans le cantique de Débora ; plusieurs ont conclu de cette abstention que la distinction, si souvent rappelée depuis, entre Juda et le reste d’Israël existait déjà à l'époque qui nous occupe. Ruben, Dan, Aser et la demi-tribu orientale de Manassé restèrent étrangères, sinon indifférentes à l’entreprise ; Éphraïm et Benjamin envoyèrent des secours, ainsi que Manassé occidental ; Issachar, qui devait avoir senti plus que les autres le joug écrasant des Chananéens, parait aussi avoir apporté un concours plus efficace à Nephthali et à Zabulon, les deux tribus dans lesquelles Dieu voulait que Barac prit principalement ses troupes. Jud., iv, 6 ; v, 14-18.
II. La bataille et la défaite de Sisara. — Les préparatifs se firent avec la plus grande prudence et dans le plus profond secret ; les Israélites purent, sans donner
l’éveil à leurs ennemis, se rendre sur les confins de Zabulon et d’Issachar, et se ranger autour de Débora et de Barac au sommet du mont Thabor, le Djebel et -Tour actuel. C’est seulement lorsqu’ils jurent à l’abri de ses coups, dans cette position élevée de quatre cents mètres au-dessus du niveau de la plaine, que Sisara eut connaissance de ce soulèvement. Il réunit aussitôt ses neuf cents chars, c’est-à-dire tous ses chars, d’après l’hébreu, et, partant d’Haroseth avec les troupes de pied qui accompagnaient les chars, il vint là où le conduisait la main de Dieu, Jud., iv, 7, 13, sur les bords du Cison, le moderne Nahr el-Mouqatta, « la rivière du massacre. »
Ne pouvant songer à aller attaquer avec ses chars Barac et Débora sur les hauteurs inexpugnables et au milieu des bois du Thabor, il s’établit au pied de la montagne. Il semblerait, à la vérité, d’après Jud., v, 19, qu’il aurait campé beaucoup plus bas, à Thanach, près de Mageddo. Mais la locution « les eaux de Mageddo » est probablement une périphrase poétique pour désigner le Cison, qui passe près de la ville de ce nom, et, d’autre part, rien ne prouve que Thanach soit le nom d’une ville plutôt que celui d’un district s’étendant plus ou moins vers le nord-est, du côté du Thabor. Nous avons donc ici une indication topographique trop vague pour l’emporter sur une autre donnée de l’Écriture qui précise nettement le théâtre de la bataille et le place à Endor. Ps. lxxxii, 10-11. Thanach étant d’ailleurs sur la rive gauche du Cison, les Hébreux auraient dû, si le combat s’était livré sous ses murs, traverser deux fois cette rivière, qui est sans doute à sec à cet endroit pendant l’été, mais qui devait couler à cette époque, un orage soudain ne paraissant pas suffire à lui donner le volume d’eau que suppose Jud., v, 21. Or l’examen du récit ne permet pas d’admettre lhypothèse de ce double passage de la rivière.
Du reste on ne s’explique pas pourquoi Sisara, maître de ta plaine de Jezraël, ne se serait pas rapproché autant que possible du Thabor, conformément à ce que le plan tracé par Dieu même semblait indiquer, Jud., iv, 6-7 ; il avait trop de confiance dans ses chars manœuvrant en rase campagne, Jud., v, 30, pour sentir le besoin de s’appuyer sur les places fortes du bas Cison ; il devait plutôt songer à se tenir à portée des ennemis, pour les poursuivre dans le cas où ils auraient voulu se débander et lui échapper sans combattre. C’est donc à Endor qu’eut lieu le choc, un peu au nord-est du point où, le 16 avril 1799, le général Bonaparte, débouchant de la montagne, fondit sur les Turcs aux prises avec Kléber, près d’El-Fouléh, à deux petites lieues au sud de Nazareth, et remporta sur eux la victoire du mont Thabor. Voir A. Thiers, Histoire de la Révolution française, 13e édit., t. x, p. 294-296 ; J. Hoche, Le pays des Croisades, Paris (sans date), p. 471.
C’était une tactique fort usitée parmi les Orientaux d’attaquer leurs ennemis de nuit et par surprise. Gen., xiv, 15 ; Jud., vii, 8, 19. Barac avait tout intérêt à y recourir, afin de lutter avec plus d’avantage contre un ennemi beaucoup plus fort que lui. C’est ce qu’indique assez l’intervention des étoiles, Jud., v, 20, dont la faible clarté le dirigeait sans découvrir au loin la marche de ses troupes. Sur l’ordre donné par Débora, Barac descendit les pentes du Thabor, probablement vis-à-vis de Naïm, , et il tomba à l’improviste au milieu du camp ennemi. Aux cris poussés par ces dix mille guerriers, cf. Jud., vii, 20, se joignirent alors, pour mettre le comble à la terreur des Chananéens surpris dans leur sommeil, le grondement du tonnerre et le bruit d’un ouragan envoyé par Dieu, comme le croient généralement les commentateurs, d’après Jud., v, 20, et iv, 15. Eh même temps une pluie torrentielle ajoutait à leur désarroi, tout en leur préparant une sépulture dans les eaux gonflées du Cison et dans les mares qui l’avoisinent. Jud., iv, 15 ; v, 20-21. Au milieu des ténèbres à la faveur desquelles l’attaque
commença, beaucoup durent s’entre-tuer, cf. Jud., vii, 22, pendant que les autres tombaient sous les coups des Israélites qui avançaient toujours, tuant les hommes, coupant les jarrets des chevaux, selon le sens que comportent la Vulgate et les Septante, Jud., v, 22 ; cf. Jos., xi, 9 ; II Reg., viii, 4, rendant ainsi la fuite plus difficile et l’encombrement toujours plus grand. Dans ce danger pressant, Sisara saute à bas de son char et s’enfuit à pied, abandonnant ses soldats, dont une partie est jetée dans le Cison. Hommes, chars ; chevaux roulent pêle-mêle dans les eaux du torrent rapidement grossi par l’orage. Jud., v, 21. Voir Cison, t. ii, col. 781.
En poursuivant les chars et les fantassins qui fuyaient devant lui vers Haroseth, Barac arriva-à la tente du Cinéen Haber, Jud., iv, 6, 22, qui s’était établi prés de Cédés de Nephlhali. Jud., iv, 11. Pendant qu’une partie des Chananéens était allée périr noyée dans le Cison et les fondrières ou enlisée dans les sables mouvants, une autre partie avait pris la fuite vers le nord. Mais ces derniers succombèrent tous sous les coups des soldats de Barac, peut-être aussi des Israélites habitant les villes situées sur leur passage, comme semble le donner à entendre la malédiction de Débora contre ceux de Méroz. Jud., v, 23 ; cf. vii, 23.
Dieu, qui avait tracé lui-même le plan de campagne, rendit la victoire aussi complète que possible : toute cette puissante armée fut anéantie, Jud., iv, 16 (hébreu ) ; son général Sisara partagea le sort commun, il fut mis à mort par la Cinéenne Jahel, dans la tente de laquelle il avait cherché un refuge. Jud., iv, 17-21. Voir Jahel. La puissance de Jabin, si rudement atteinte ce jour-là, alla toujours déclinant, et ne tarda pas à être complètement détruite ; les Chananéens ne comptent plus dans l’histoire du peuple de Dieu à partir de la victoire de Barac, et ce ne furent pas certainement leurs attaques qui mirent fin à la période paisible de quarante ans, fruit de cette victoire. Jud., iv, 24 ; v, 32. Aussi ce triomphe fut-il célébré par Débora dans un cantique, qu’elle chantait sans doute avec les femmes d’Israël, tandis que Barac chantait de son côté à la tête de ses guerriers. Jud., v, 1 ; cf. Exod., xv, 1-2, 20-21. Le fils d’Abinoem avait bien le droit de se réjouir et de se glorifier d’une délivrance dans laquelle il avait été le digne instrument de Dieu. Il eut le tort sans doute de se délier de la protection de Dieu, et d’exiger, pour exécuter ses ordres, la présence de Débora auprès de lui : ce fut, sinon une grave désobéissance, du moins un acte de faiblesse et un excès de prudence humaine ; mais la fidélité et l’intrépide courage qu’il montra ensuite, Jud., v, 15, réparèrent promptement et noblement cette faute, moins grave d’ailleurs qu’elle ne paraît d’abord ; car probablement Barac croyait nécessaire la présence de Débora, pour donner aux yeux du peuple de l’autorité à son entreprise, et l’assister lui - même de ses sages conseils. Quelques exemplaires des Septante mettent, en effet, dans sa bouche la phrase suivante, par laquelle il justifie son refus de inarcher seul : « Je ne connais pas le jour que Dieu a choisi pour m’envoyer l’ange qui doit rendre ma voie prospère. » Cf. S. Augustin, Quæslio xxvi in Judices, t. xxiv, col. 801. Du reste l’Écriture ne blâme nulle part Barac, et saint Paul exalte sa foi comme celle de tous les saints personnages qu’il nomme avant et après lui. Hebr., xi, 32. E. Palis.
BARACH. Jos., xix, 25. Voir Bané, col. 1426.
- BARACHA##
BARACHA (hébreu : BerâMh, « bénédiction ; » Septante ; Bepx’ « )i un des guerriers qui quittèrent le parti de Saùl et vinrent rejoindre David à Siceleg. Il était de la tribu de Benjamin. I Par., xii, 3. L’expression « frères de Saül », appliquée à ces guerriers, doit se rendre par compatriotes de Saûl, et est expliquée par l’épithète qui suit : « Benjamite. »
1447
BARACHEL — BARASA
1448
- BARACHEL##
BARACHEL (hébreu : Barak’ël, « Dieu bénit ; » Septante : Bapax’iiH père d’Éliu, le dernier interlocuteur de Job. Job, xxxii, -2, 6.
- BARACHIE##
BARACHIE (hébreu : Bérékyâh ou Bérékyâhû, abréviation de yebérékyâhû, « Jéhovah hénit. » Septante : Bapa^i’a). Nom de plusieurs Israélites.
1. BARACHIE, un des ûls de Zorobabel. I Par., in, 20.
2. BARACHIE (hébreu : Bérékyâhû), lévite, père d’Asaph, le célèbre maître de chœur du temps de David. I Par., vi, 39 (hébreu, 24) ; I Par., xv, 17.
3. BARACHIE, fils d’Asa, lévite de la lignée d’Elcana, habitait les hameaux qui dépendaient de Nétophah. I Par., IX, 16.
4. BARACHIE, lévite qui, dans la fête de la translation, sous le règne de David, remplissait les fonctions de portier de l’arche. Quatre lévites portaient ce titre ; ils étaient chargés de veiller sur l’arche : deux marchaient devant et deux derrière. Barachias faisait partie des premiers. I Par., xv, 23.
5. BARACHIE (hébreu : Bérékyâhû), fils de Mosollamoth, un des principaux chefs de la tribu d’Éphraïm, sous Phacée, roi d’Israël. II Par., xxviii, 12-15. Suivant le conseil d’Obed, prophète d’Israël, Barachias et trois autres chefs firent rendre la liberté aux sujets d’Achaz, roi de Juda, faits prisonniers. Ils reconduisirent ces cap— tifs jusqu’à Jéricho, en les traitant avec bonté.
6. BARACHIE, fils de Mésézabel et père de Mosollam, qui, au retour de Babylone, bâtit une partie des murailles de Jérusalem. II Esdr., iii, 4, 30 ; vi, 18.
7. BARACHIE (hébreu : yebérékyâhû), père d’un certain Zacharie, qu’Isaïe prit pour témoin dans Hne de ses prophéties. Is., viii, 2.
8. BARACHIE (hébreu : Bérékyâh et Bérékyâhû), père de Zacharie, un des douze petits prophètes. Zach., I, 1, 7.
9. BARACHIE (Bap-^iaç), père de Zacharie, qui, dit Notre-Seigneur, fut tué entre le temple et l’autel. Matth., xxiii, 35. Ce Barachie est probablement le même personnage que Joïada, le grand prêtre dont le fils fut tué dans le temple, par ordre de Joas. II Par., xxiv, 21. Le copiste a pu lire Barachias au lieu de Joïada (l’Évangile des Nazaréens portait Zacharie, fils de Joïada), ou peut-être Joïada s’appelait-il aussi Barachias. Il y eut cependant un Barachie, père de Zacharie, qui prophétisa dix-huit ans après la captivité de Babylone. Zach., i, 1. Mais son fils ne put être tué entre le temple et l’autel, puisque à cette époque l’un et l’autre étaient détruits. Reste encore un Baruch, dont le fils Zacharie fut tué par les Zélotes ; mais l’événement se passa peu avant la prise de Jérusalem par les Romains. Josèphe, Bell, jud., IV, v, 4. D’ailleurs l’identification de Barachie dépend de l’hypothèse qu’on adopte au sujet de Zacharie. Voir Zacharie, fils de Barachie. Cf. S. Jérôme, In Matth., xxiii, 35, t. xxvi, col. 173. E. Jacquier.
- BARAD##
BARAD (hébreu : Béréd ; à la pause : Bâréd ; Septante : BapiS), localité située au sud de la Palestine ; elle est citée avec Cadès comme un des deux points entre lesquels se trouvait le « Puits du Vivant qui me voit », hébreu : Be’êr Lahai Bô’î, près duquel l’ange du Seigneur apparut à Agar, Gen., xvi, 14. Pendant que les manuscrits du texte original ne présentent aucune va riante pour ce mot, les versions anciennes diffèrent toutes les unes des autres ; syriaque : * « ^, Gadar ; arabe : « >->> Yared, corruption possible de fia, Bâréd ; Targum
d’Onkelos, >r, 3n, Hagrâ’, employé ailleurs, ꝟ. 7, pour
Sur ; PseudoJonathan, Nxibn, lfâlûsâ’. Cette dernière
traduction fait croire à certains auteurs que Barad est identique à l’ancienhe Élusa, l’"EXoucra de Ptolémée et des écrivains ecclésiastiques, aujourd’hui Khalasah, dans l’Ouadi Asludj, au sud de Bir es-Seba ou Bersabée. Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 27. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’Élusa se trouve bien, en effet, sur l’ancienne route qui d’Hébron conduisait en Egypte par Bersabée. La servante d’Abraham, en quittant la maison du patriarche, s’enfuit immédiatement vers sa propre patrie, la terre des Pharaons, et prit « le chemin de Sur, dans le désert », .Gen., xvi, 7, c’est-à-dire la direction du sud-ouest. Cadès est actuellement identifiée par un certain nombre d’auteurs avec Aïn Qadis ; et au nord-ouest de cette localité existe une source appelée Aïn Mouéiléh, dans laquelle plusieurs voyageurs ont cru reconnaître le « Puits du Vivant qui me voit ». VoirBE’ÊR
Lahai Rô’i.- BARAD A##
BARAD A, fleuve de Damas. Voir Abana.
- BARAHONA Pierre##
BARAHONA Pierre, dit Valdivieso, né à Villahermosa, reçut l’habit de Saint-François dans le couvent des Observantins de Saint-Jean-dés-Rois, en 1575. Il professa
! a théologie morale dans la province de Castille. La chronique
de l’ordre le nomme « un prédicateur habile et zélé ». Il vivait encore en 1609. Il a laissé plusieurs écrits en latin, entre autres : Expositio litteralis mysiica et moralis Psalmi lxxxvi. Il l’explique de l’Immaculée Conception. In-4°, Salamanque, 1590. — Expositio epistolse B. Pauli ad Hebreeos, in-4°, Salamanque, vers 1590. Dans cette glose, il" suit la Vulgate et la version syriaque.
— Expositio epistolas ad Galalas, Salamanque ; Declarationes super titulos Psalmorum. Ce sont des sermons pour les dimanches de Carême. — Super Missus est. Explication de cet évangile, qui ressemble beaucoup au traité édité en même temps par Barahona, sous ce titre : Tratado sobre et Ave Maria, in-4, Salamanque, 1596. — De arcano Verbo, m-4°, Salamanque, 1606. Il y en avait eu une édition assez incorrecte à Madrid, 1595. C’est une glose sur ce texte : « Vivus est sermo Dei. » — Voir Wading, Scriptores ordinis Minorum, 1650, p. 276 ; Antonio, Bibliotheca hispana nova, 1788, t. ii, p. 173 ; Pierre de Salazar, Historia provincise Castillæ ordinis Minorum, Annales Minorum, années 1579 et 1609.
G. Thomasson de Gournay.
- BARAÏA##
BARAÏA (hébreu : Berâ’yâh, « Jéhovah a créé ; » Septante : Bapaiot), un des neuf fils de Séméi, un des chefs de famille de la tribu de Benjamin qui se fixèrent à Jérusalem. I Par., viii, 21.
- BARASA##
BARASA ( Botrffopa ; Codex Vaticanus et Codex Sinailicus : Botropâ ; dans d’autres : Btfo-oppa), ville forte de Galaad, qui, comme Bosor, Alimes, et d’autres cités du même pays, renfermait un certain nombre de Juifs, au secours desquels marcha Judas Machabée. I Mach., v, 26. La leçon de la Vulgate, Barasa, s’explique par une simple métathèse ou transposition entre le <y et le p de BoCTopct. Le mot grec se retrouve dans d’autres endroits de la Bible, mais pour rendre deux noms hébreux différents : Jos., xxi, 27, Bo<ropâ traduit mswys, Be’ésperâh ;
Gen., xxxvi, 33 et I Par., i, 44, Bo<rôpp « répond à msa,
Bosrâh. B<Suoppa représente une ville d’Idumée ; Bo<yopà, une ville de la demi-tribu de Manassê oriental. Barasa, située en Galaad, ne pourrait ainsi correspondre qu’à
cette dernière ; mais la difficulté est de savoir si Be’ésferàh est identique à Astaroth ou à Bosra. Voir Bosra.
Dans la Peschito, au lieu de Barasa, on lit |Lu, Bu sero’, et le même mot se rencontre au ꝟ. 28 pour Bosor. De même Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 3, racontant la prise de cette ville à peu près dans les mêmes termes que l’Écriture, l’appelle Boo-oppâ (et non pas Belhsura, comme porte la traduction latine de l’édition G. Dindorf, 2 in-8o, Paris, 1865, t. i, p. 466). Barasa serait-il donc identique à Bosor du ꝟ. 28 ? Voir Bosor. La plupart des. auteurs modernes reconnaissent Barasa dans la Bostra romaine, la Bosra, i&j&l, mentionnée comme métropole du Hauran dans Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kcehler, Leipzig, 1706, p. 99, et qui, située au sud du Djebel Hauran, présente encore aujourd’hui de belles ruines.
Voir Bosra.- BARAT Nicolas##
BARAT Nicolas, orientaliste, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Bourges au milieu du xviie siècle, mort en 1706. Après avoir étudié à Sens, il vint à Paris, où il fut élève de Richard Simon. Il collabora au Glossarium universale hébraicum du P. Thomassin. C’est par se9 soins et ceux du P. Bordes que cet ouvrage parut deux ans après la mort de l’auteur, in-f°, Paris, 1697. Il se chargea aussi’, pour la Biblia sacra de J. B. du Hamel, in-f°, Paris, 1705, de comparer la Vulgate avec le texte hébreu et d’expliquer les passages obscurs et difficiles. Amateur de livres rares et curieux, il en réunit un bon nombre sur les sciences qu’il étudiait, et en tira des remarques critiques publiées après sa mort, sous ce titre : Nouvelle bibliothèque choisie, où l’on fait connaître les bons livres en divers genres de littérature, et l’usage qu’on doit en faire, 2 in-12, Amsterdam (Paris), 1714. Cet ouvrage forme suite à la Bibliothèque critique de Richard Simon. Sur soixante-neuf dissertations, la sixième partie environ concerne les sciences bibliques. On le dit aussi l’auteur de deux dissertations publiées dans le tome I er de la Bibliothèque critique de Richard Simon, sous le nom de Sainjore : l’une, sur les Bibliothèques rabbiniques qui ont été imprimées et sur le livre du rabbin Menahem de Lonzano ; l’autre, sur la Bibliothèque rabbinique de Bartolocci. Voir l’éloge de Barat par Tallemant, dans VHistoire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. i, p. 345 ; Cl. Gros de Boze, Histoire de l’Académie des inscriptions et belleslettres, 3 in-8o, Paris, 1740, t. l, Éloges, p. 41.
E. Levesque.
- BARBARE##
BARBARE. Ce mot nous vient des Grecs, et il est employé par l’Écriture, comme par les Grecs eux-mêmes, dans trois acceptions différentes. — 1° Il paraît être une sorte d’onomatopée et désigna primitivement ceux que les Grecs ne comprenaient pas, et dont le langage étranger leur paraissait grossier et inintelligible, comme une sorte de balbutiement, fiapêâp. C’est ainsi que l’explique Strabon, xiv, 28, édit. Didot, p. 565. Cf. Homère, qui appelle les Cariens papëapô^uvoi, Iliad., II, 867 ; Hérodote, ii, 158 ; Ovide, qui dans les Tristes, V, x, 37, dit :
Barbarus hic ego sum, qiiia non intelligor ulli.
Ce terme est employé dans ce sens par notre version latine (et par les Septante) dans le Ps. cxin (hébreu, cxiv), 1 : « le peuple barbare, » hébreu iyS, lô’êz, « balbutiant, parlant une langue étrangère, s c’est-à-dire le peuple égyptien, dont la langue était inintelligible pour les Hébreux. Saint Paul s’est servi de la même expression, dans le même sens, I Cor., xiv, 11, lorsqu’il dit : « Si j’ignore la valeur des mots, je serai pour celui à qui je parle un barbare, et celui qui me parle sera aussi pour moi un barbare. » Dans les Actes, xxviii, 1, 4, les habitants de l’île de Malte, qui parlaient la langue punique, non le grée, sont appelés pour la même raison « barbares », sans aucune intention de mépris.
2° Par suite de ce premier sens du mot barbare, « celui qui ne parle pas grec, i ce terme prit une nouvelle acception et signifia simplement, chez les Grecs, un étranger : Ilàç |iïl "ËX>r)v pipêapo ; , dit Servius, JEn., Il, 504, Comnientarii in Virgilium, 2 in-8o, Gœttingue, 1826, t. i, p. 157. De même, chez les Romains, barbarus désigna celui qui n’était ni Grec ni Latin. La locution "EM^ves xai pâp6apoi (Polybe, Bist., V, xxxiii, 5, édit. Didot, p. 284 ; Pline, H. N., xxix, 7, édit. Lemaire, t. x, p. 196, etc.) embrassa ainsi tous les hommes. Thucydide, i, 3, remarque que cette division est postérieure à l’époque d’Homère. Chez les Hébreux, il y avait une distinction analogue : tous ceux qui n’appartenaient pas au peuple de Dieu étaient appelés D>11, gôïm, mot que les Septante ont traduit par ta’éSv-r), et la Vulgate par gentes, d’où nous est venu le mot « Gentils ». Nous retrouvons dans le Nouveau Testament toutes ces manières de parler. « Je me dois aux Grecs et aux barbares, » c’est-à-dire à tous les peuples, écrit saint Paul aux Romains, i, 14. L’Apôtre emploie cependant ordinairement, pour désigner tous les peuples en général, la locution hébraïque : « les Juifs et les Gentils, » Rom., iii, 29 ; ix, 24, etc., ou bien « le peuple (de Dieu) et les Gentils, » Rom., xv, 10, comme le font les Évangélistes. Luc, ii, 32 ; cf. Matth., vi, 32 ; Act., xxvi, 17, 23, etc. Saint Paul appelle qûelquelois d’une manière * analogue ceux qui ne faisaient pas partie de l’Église : « ceux du dehors, » oî s’Çto. I Cor., v, 12 ; Col., iy, 5 ; I Thess., iv, 11 ; 1 Tim., iii, 7. Dans l’Épître aux Colossiens, m, 11, il réunit ensemble, pour exprimer plus fortement sa pensée, la locution hébraïque et la locution grecque : « (Dans l’Église), il n’y a ni Gentil ni Juif, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais le Christ est tout en tous. »
3° À la suite des.guerres des Perses contre les Grecs, le mot « barbare » prit une nouvelle acception, celle de « cruel ». (’H fiapSàpoç [yîj], la Perse, dans Démosthène, Philipp., iii, 31, édit. Didot, p. 62.) L’auteur du second livre des Machabées, qui a écrit en grec, a fait plusieurs fois usage du mot dans ce sens. Il emploie fiâpëapoç, II Mach., ii, 22, et iv, 25 ; SapSaputepoç, au comparatif, v, 22 ; le participe pEêotpëapto^voç, xiii, 9, et l’adverbe fjapëâpwç, xv, 2, toujours pour exprimer la cruauté des Syriens. Le cruel pontife Ménélas est appelé, iv, 25, G-ripàç pâpëapou, « une bête féroce. » Les Septante ont employé une fois dans le même sens les mots avSpsç pocp6âpoi dans leur traduction d’Ézéchiel, xxi, 31 (Vulgate : homines insipientes ; hébreu : ’ânâUm bô’ârîm, « hommes emportés, violents » ).
4° Plus tard, on a réservé pour les peuples sauvages ou non civilisés le nom de barbares ; mais cette acception est postérieure à l’époque de la composition des Livres Saints. Cf. Gibbon, Histoire de la décadence de l’empire romain, trad. J. C. A. Buchon (Panthéon littéraire), c. 41, Paris, 1843, t. ii, p. 481 ; F. Roth, Ueber Sinn und Gebrauch des Wortes Barbar, Nuremberg, 1814.
F. Vigouroux.
- BARBE##
BARBE (hébreu : zâqân ; le mot sâfâm, Lev., xiii, 45 ; II Sam. (Reg.), xix, 25 ; Ezech., xxiv, 17^ 22 ; Mich., iii, 7, désigne spécialement « la moustache » ), marque de la virilité (toû âvêpdç zb o-’Jv8ri[ia tô fiiziov, dit Clément d’Alexandrie, Psed., iii, 3, t. viii, col. 581) qui a toujours été tenue en haute estime parmi les Sémites, et en général parmi les habitants de l’Asie occidentale (fig. 438). « Les Arabes, dit d’Arvieux, ont tant de respect pour la barbe, qu’ils la considèrent comme un ornement sacré… Ils disent que la barbe est la perfection de la face humaine, et qu’elle serait moins défigurée si, au lieu d’avoir coupé la barbe, on avait coupé le nez. » Voyage dans la Palestine, in-12, Paris, 1717, p. 173, 177. Cf. Lucien, Cynic, 1 ï, édit. Didot, p. 769 ; J. B. Tavernier, Voyages, 2 in-4°, Paris, 1676, t. i, p. 629. Sur les monuments égyptiens comme sur les monuments assyriens, les Asiatiques sont’toujours représentés avec la barbe ( fig. 439), tandis que les habitants de la vallée du Nil se rasaient communément la barbe (fig. 440) et même la tête. Aussi Joseph doit-il se faire couper la barbe avant de se présenter au pharaon. Gen., xii, 14. Mais même en Egypte, tout en se rasant le menton, on portait souvent des barbes postiches. La reine Hatasou elle-même, à cause de sa dignité, s’est fait représenter avec une barbe sur ses monuments (fig. 441). Les rois avaient une barbe assez longue, carrée à l’extrémité (fig. 442), tandis que celle de leurs sujets était courte (fig. 443) ; celle qu’on donnait aux statues des dieux était plus longue et à pointe recourbée (fig. 444). Les Hébreux avaient apporté de Chaldée l’usage de la barbe. Dans leur pays d’origine, tout le monde la portait, comme l’attestent les monuments indigènes, sur lesquels les femmes et les eunuques seuls sont représentés
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438. — Schelk fellah ( Syrie). D’après une photographie.
imberbes. (Voir fig. 217, col. 890, le roi chaldéen Mardukahé-iddin ; fig. 222, col. 901, les Assyriens barbus et l’eunuque imberbe qui chasse avec eux.) Dans la terre de Gessen, les descendants de Jacob conservèrent fidèlement un usage qui les distinguait du peuple au milieu duquel ils vivaient. Encore aujourd’hui les signes distincti /s des nationalités diverses sont gardés avec un soin
439. — Asiatiques sur les monuments égyptiens. Thèbes. Celui de droite est figuré sur un monument de la XVIII’dynastie ; celui de gauche sur un monument de la XIX* dynastie. Lepsius, Denhmaler, Abth. iii, Bl. 116 et 136.
jaloux en Orient, où les races et les religions se coudoient sans se confondre.
I. Forme de la barbe chez les Hébreux. — Nous ne savons pas bien exactement de quelle manière les Hébreux portaient la barbe. Deux textes du Lévitique, xix, 27 ; xxi, 5, sont relatifs aux « coins de la barbe » ; malheureusement la signification de ces passages est obscure. Ils défendent de « détruire », (ashi(, ou « raser », yegallêhû, le pe’a( zâkân. Mais qu’est-ce que le pe’af zâhân ? Le mot pê l dh signifie « coin, angle, extrémité ». L’opinion la plus probable est que cette défense interdit de raser l’extrémité de la barbe entre les tempes et les oreilles*
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440. — Égyptien rasé.
rv « dynastie. Ghizéh. Lepsius,
Denlcmaler, Abth. ii, Bl. 29.
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441. — La reine Hatasou.
Lepsius, Denkmàler, Abth, iii,
Bl. 292.
Pline, H. N., VI, 32, dit qu’une partie des Arabes ne se rase point, mais qu’une autre partie se rase la barbe, excepté à la lèvre supérieure, et plusieurs exégètes,
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412. — Pharaon
avec barbe postiche.
XIX’dynastie. Thèbes. Lepslus,
Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 123.
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443. — "Égyptien
ayec barbe postiche.
V’dynastie. LepsiuB.Denfanâto",
Abth. ii, Bl. 59.
comme Knobel, Exodus und Leviticus, 1858, p. 513, pensent que la loi mosaïque défend de se raser d’une manière semblable. Il est néanmoins fort douteux que les anciens Arabes eussent à l’époque de Moïse la coutume dont parle l’écrivain latin ; nous ne voyons pas du moins d’exemples de cet usage sur les monuments anciens de l’Egypte et de l’Assyrie, et les Arabes modernes, tout en portant la moustache, gardent aussi une partie de leur barbe sur les côtés. E. W. Lane, M anners and Cusloms of modem Egxjptians, 1836, t. i, p. 39. Parmi les peuples étrangers, figurés par l’art égyptien, on remarque des Amou, c’est-à-dire des Sémites, qui portent Ja barbe, mais rasée dans la partie supérieure (fig. 445). Il est très possible que ce soit l’imitation de cet usage, auquel on attachait sans doute une signification superstitieuse, que Moïse défend à ses frères. Hérodote, m, 8, mentionne une coutume arabe qui consistait à offrir au dieu Orotal les cheveux entre les tempes et les oreilles. Cf. Jer., ix, 26 ; xxv, 23 ; xlix, 32. Ce qui est certain,
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444. — Dieu égyptien avec
barbe à pointe recourbée.
XIXe dynastie.
Thèbes. Lepsius, Den&maÊer,
Abth. iii, Bl. 123. c’est que les anciens Hébreux portaient toute leur barbe, comrælefont encore aujourd’hui les Juifs d’Orient (fig. 446 ; . « Les Juifs, en Turquie, en Arabie et en Perse, conservent leur barbe dès la jeunesse, et elle diffère toujours de celle des chrétiens et des mahométans en ce qu’ils ne la rasent ni aux oreilles ni aux tempes, au lieu que ces derniers la rétrécissent en haut. » C. Niebuhr, Description de l’Arabie, in-4°, Amsterdam, 1774, p. 59. On ne peut se rendre parfaitement compte de la coupe
445. — Amou ( Sémites) portant la barbe rasée dans la partie supérieure. — Celui de droite est représenté sur un tombeau de Benl-Hassan. XIIe dynastie. Lepsius, Denkmaler, Abth. il. Bl. 133. Celui de gauche est figuré a Biban el-Moloufc. XX’dynastie. Champollion, . Monuments de l’Egypte, t. iii, pi. 257.
de la barbe que par les monuments figurés. Heureusement nous en possédons trois sur le sujet qui nous occupe : les murs de Karnak nous ont conservé le profil d’un Juif (fig. 447) ; l’obélisque de Nimroud, aujourd’hui au British Muséum, nous montre des Israélites, ambassadeurs
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446. — Juif de Jérusalem, d’après une photographie.
du roi Jéhu, offrant leur tribut au roi d’Assyrie Salmanasar (fig. 448) ; enfin les bas-reliefs de Sennachérib, retrouvés dans le palais de ce roi, à Ninive, et aujourd’hui à Londres, nous font voir des Juifs de Lachis (fig. 449), vaincus par ce prince, et se soumettant à son pouvoir. Le type juif de Karnak (fig. 447) est représenté d’une manière trop sommaire pour qu’on puisse en tirer des renseignements précis et circonstanciés ; mais les monuments assyriens ont reproduit avec soin les nations étrangères, et nous n’avons pas de raison de les suspecter ; or nous y voyons les enfants de Jacob portant toute leur barbe, mais d’une forme différente de celle de leurs vainqueurs : tandis que ceux-ci ont tous une barbe frisée avec beaucoup d’artifice, et coupée horizontalement à la partie inférieure (fig. 136, col. 553), les enfants de Jacob se distinguent d’eux par une barbe qu’ils laissent pousser naturellement et sans frisure.
II. Usages particuliers relatifs à la barbe parmi les Israélites.
1° On la cultivait avec soin, quoiqu’on n’y apportât pas autant de raffinement qu’en Assyrie, et on la parfumait abondamment, au moins dans certaines circons /
447. — Le tributaire juif. Temple de Karnak. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 305.
tances. Ps. cxxxii (hébreu, cxxxiii), 2. L’usage de se parfumer la barbe existe toujours chez les Arabes : « Une des principales cérémonies dans les visites sérieuses, dit d’Arvieux, est de jeter de l’eau de senteur sur la barbe et de la parfumer ensuite avec la fumée du bois d’aloès. » Voyage dans la Palestine, p. 180. Une barbe inculte et négligée est un signe de folie. I Reg., xxi, 13-14. L’importance qu’on y attachait nous explique l’usage oriental de baiser la barbe en signe de respect ou d’amitié. II Reg., xx, 9.
448. — Juif apportant le tribut a Salmanasar. Obélisque de Nimroud. Musée britannique.
2° Couper la barbe de quelqu’un, en tout ou en partie, était lui faire l’affront le plus sanglant. Cf. II Esdr., xiii, 25. David considère comme un cruel outrage l’injure que les Ammonites avaient faite aux ambassadeurs qu’il leur avait envoyés, en leur coupant la moitié de la barbe ; ces ambassadeurs restent cachés à Jéricho, sans oser se montrer, jusqu’à ce que leur barbe soit repoussée. II Reg., x, 2-5 ; I Par., xrx, 2-5. Une guerre entre les Israélites et les Ammonites fut la conséquence de cette insulte. Au siècle dernier, un traitement pareil infligé à des Perses
par un chef arabe fut également vengé par le sang : en 1764, Khérim Khan, un des trois prétendants qui se disputaient alors. l’empire de la Perse, ayant demandé avec menaces un tribut considérable à l’émir Mahehna, qui était à la tête d’une peuplade indépendante sur les bords du golfe Persique, celui-ci reçut fort mal les envoyés et leur fit couper la barbe ; il paya cher cet outrage : Kérim Khan envoya contre lui une armée qui s’empara de presque tout le pays. Th. Home, Introduction to the Holy Scriptures, 11e édit., Londres, 1860, t. III, p. 432 ;
449. — Juif rendant hommage à Sennachérib, a Laohis. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 23.
E. F. K. ftosenmùller, ûas dite und neue Morgenland, t. m (1818), p. 136. Les idées à ce sujet sont donc les mêmes maintenant qu’autrefois en Orient. Aujourd’hui encore, chez les Maronites, si un prêtre est dégradé, une des parties du châtiment consiste à lui couper la barbe. Chez les Arabes, « c’est une plus grande marque d’infamie de couper la barbe à quelqu’un que parmi nous de donner le fouet… Il y a beaucoup de gens en ce pays-là qui préféreraient la mort à ce genre de supplice. » D’Arviéux, Voyage dans la Palestine, p. 175. Ces usages nous expliquent pourquoi Isaïe, vii, 20, compare le roi d’Assyrie à un rasoir qui rasera la tête et la barbe du peuple de Juda, et pourquoi Ézéchiel, v, 1-5, afin d’exprimer la gloire antique de Jérusalem et ensuite son humiliation profonde, compare cette ville à une barbe que l’on coupe, parce que cette action est le symbole de la dégradation et de la ruine.
3° Il n’était permis de négliger ou de couper la barbe qu’en signe de deuil ou comme marque d’une grande douleur et d’une extrême désolation. Is., xv, 2 ; Jer., xli, 5 ; xlviii, 37 ; Baruch, VI, 30 ; I Esdr., ix, 3. Cf. II Sam. (II Reg.), xix, 24 (.hébreu, 25). Cf. Hérodote, ii, 36, édit. Didot, p. 83 ; Théocrite, xiv, 3, édit. Didot, p. 27 ; Suétone, Caligula, b, édit. Lemaire, t. ii, p. 8. On rasait cependant aussi la barbe pour des raisons d’hygiène, en cas de lèpre, d’après les prescriptions de la loi. Lev., xiv, 9. C’était aussi, au moins en partie, pour cause de santé qu’on se rasait tout le corps en Egypte. Hérodote, ii, 36 ; Plutarque, De Isid., 4, édit.Parthey, p. 5. Cf. Num., viii, 7. Celui qui était atteint de la lèpre devait cacher ou voiler sa barbe. Lev., xiii, 45. Au lieu de se raser, on se contentait aussi quelquefois de couvrir sa barbe d’un voile en signe de douleur. Mich., iii, 7 ; cf. Ezech., xxiv, 17, 22. En Egypte, au contraire, on laissait pousser la barbe pendant le deuil. Hérodote, ii, 36. Les Romains faisaient de même. Tite Live, xxvii, 31.
III. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvons aucune allusion à la barbe ; mais, d’après la tradition générale, attestée par les monuments figurés, Notre-Seigneur et ses Apôtres portaient toute leur barbe, à la manière juive ; saint Jean seul est représenté imberbe, parce qu’il avait été appelé encore jeune à l’apostolat. Le clergé, dans l’Église d’Orient, conservant cet usage, a toujours porté la barbe. Les Constitutions Apostoliques, , i, 3, 1. 1, col. 565-566, défendent de se raser et « de changer contre nature la forme de l’homme ». Cf. Clément d’Alexandrie, De pxdag., iii, 3 et 11, t. viii, col. 580-592, 636 ; S. Épiphane, Hser., lxxx, 7, t. xliii, col. 768. Encore aujourd’hui, dans l’Église maronite, un homme imberbe ; est irrégulier et ne peut être ordonné prêtre. L’Églis& latine n’a pas attaché la même importance à la barbe, et la coutume de se raser y est aujourd’hui presque universelle. Cf. J. Bingham, Origines ecclesiasticse, 1. vi, c. IV, § 14, édit. de Halle, 1725, t. ii, p. 413-415.
F. VlGOUROUX.
- BARBERINI Antoine##
BARBERINI Antoine, de Florence, capucin, était frère du cardinal Maffei Barberini. Celui-ci, élevé sur le trône pontifical sous le nom d’Urbain VIII, lui donna lai pourpre. Antoine Barberini, dit cardinal de Saint-Onufre même après qu’il eut résigné ce titre, fut le principal promoteur et protecteur de la Propagande, à laquelle il laissa son palais. Il mourut à Rome en 1646. L’auteur de la Bïbliotheca purpurata lui attribue un commentaire sur le psaume L, dont il n’indique pas l’édition. Sbaraglia dit que ce commentaire est celui de Savonarole, et qu’il fut imprimé à Rome en 1646. P. Apollinaire.
- BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric##
BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric, professeur de géographie à la Faculté des lettres de Paris, né en 1798, mort à Pau en février 1834. Fils du célèbre géographe Jean -Denis Barbie du Bocage, il dirigea ses études dans le même sens que son père. Il composa un Dictionnaire géographique de la Bible, rédigé avec précision et exactitude. Il se trouve imprimé dans plusieurs, ouvrages : à la fin de l’édition de la Bible en 13 vol. in-8°, publiée chez Lefèvre, 1828-1834 ; dans Migne, Cursus Scripturse Sacræ, t. m (1842), col. 1261-1492 ; dans l’Encyclopédie théologique de Migne, en tête du Dictionnaire degéographie sacrée de Benoist, 3 in-4°, Paris, . 1848-1854, t. i, col. 9-240. Il a été aussi publié à part, in-4° d& 191 pages à deux colonnes, Paris, 1834 (Extrait du t. xm de la Bible de Lefèvre). E. Levesque.
- BARBIER##
BARBIER (hébreu : gallâb ; Septante : xoupeijç ; Vulgâte : tonsor). Le nom du barbier n’apparaît qu’une fois » dans le texte original de l’Ancien Testament : Ézéchiel 3,
450. — Barbiers égyptiens. Tombeaux de Bent -Hassan. D’après Champollion, Monument » de l’Egypte, pi. 366,
v, 1, parle du « rasoir des barbiers ». Mais il est question dans la Genèse, sans les nommer expressément, de barbiers égyptiens (fig. 450) qui rasèrent Joseph avant qu’il fut présenté au pharaon. Gen., xli, 14. Le livre des Juges, 1457
BARBIER — BARDANE
M58
m, 19, raconte aussi comment Dalila fit raser la tête de Samson par un Philistin qu’elle appela pour remplir cet office ; l’hébreu l’appelle simplement « un homme », ’îS ; les Septante et la Vulgate le désignent par le nom de sa profession, xoupeuç, tonsor. On voit souvent de nos jours, dans les villes d’Orient, des barbiers rasant la tête comme le raconte le livre des Juges. Une terre cuite de Tanagra représente cette opération (fig. 451). Elle se pratiquait
451. — Barbier grec. Terre cuite de Tanagra. Musée de Berlin. D’après une photographie.
aussi en Egypte, où le barbier, fyaku, était un des hommes les plus occupés du pays. On lit dans le traité d’un scribe, décrivant à son fils les misères des différents états : « Le barbier rase jusqu’à la nuit. Lorsqu’il se met à manger, [alors seulement] il se met sur son coude [pour se reposer). Il va de pâté de maisons eii pâté de maisons pour emplir son ventre, comme les abeilles qui mangent [le produit] de leurs labeurs. » Papyrus Sallier, il ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 3e édit., p. 312. Les prêtres en Egypte se rasaient non seulement la barbe et la tête, mais tout le corps. Hérodote, ii, 36. Moïse avait prescrit la même chose pour la consécration des Lévites. Num., viii, 7. C’est peut-être à cause d’une pratique analogue qu’il y avait des barbiers, gallabim, attachés au service du temple d’Astarthé, à Larnaca, en Cypre, comme nous l’apprend une inscription de l’an 450 à 350 avant J.-C, et dans laquelle il est dit que ces « barbiers travaillent pour leur ministère ». Corpus inscriptionum semiticarum, part, i, 1. 1, fasc. i, 86 A., lig. 12, p. 93.
F. Vigourohx.
- BARBIERI##
BARBIERI (Barthélémy de), en religion Barthélémy de Modène, théologien italien, capucin de la province de Lombardie (et non de Bologne, comme l’ont dit quelques bibliographes), né à Castelvetro, dans le territoire de Modène (et non à Castelvecchio, comme dit Mazzuchelli), le 1 er janvier 1615, mort à Modène le 24 août 1697. À l’âge de seize ans, il entra dans l’ordre des Capucins, où il fit preuve des plus grands talents pour la prédication et pour l’enseignement II consacra sa vie entière à l’étude des œuvres de saint Bonaventure, et en tira des cours entiers de philosophie et de théologie fort appréciés. Ce travail ne lui eût pas paru complet s’il n’y eût joint un commentaire des Saintes Écritures exclusivement emprunté à la même source. H nous a donc laissé : Glossa, sive summa ex omnibus S. Bonaventuræ expositionibus in Sacram Scripturam exacte collecta, 4 in-f°, Lyon, 1681-1685.
P. APOLLmAIIŒ.
- BARBURIM##
BARBURIM, mot hébreu, I (III) Reg., v, 3 (iv, 23>, traduit dans la Vulgate par aves, « oiseaux, » mais dont la signification est très controversée. Les versions syriaques et arabes et le Targum de Jonathan traduisent aussi par « oiseaux ». Kimchi croit que ce sont des coqs engraissés, des chapons ; le Targum de Jérusalem et Gesenius, des oies. Thésaurus lingues hebrsese, p. 246, Bochart, Hierozoicon, i, 19, Liège, 1692, col. 127-135, , prétend que ce sont des animaux engraissés, pecudes saginatee. Voir d’autres significations dans Mûhlau et Volk, Gesenius’Lexicon, 9e édit., 1890, p. 128. La traduction de la Vulgate paraît encore la mieux établie.
- BARCELLONA Antonin##
BARCELLONA Antonin, commentateur italien, né à Palerme le 22 novembre 1726, mort dans cette ville le 5 mai 1805. Il entra jeune à l’Oratoire de sa ville natale, et y passa toute sa longue vie dans les travaux du saint ministère. Outre d’importants ouvrages de théologie, on. a de lui : 1° La parafrasi de’libri de’Profeti, in-8° Venise, 1810. Le P. Barcellona y a joint un résumé de l’histoire du temps des prophètes et de l’histoire générale des Hébreux, depuis la fin de la captivité jusqu’à leur dispersion. — 2° Parafrasi dei quattro Evangeli posti in armonia, 2 in-8°, Palerme, 1831-1839. D’intéressantes dissertations sur les questions les plus difficiles complètent ce dernier ouvrage, et donnent à leur auteur un des meilleurs rangs parmi les exégètes italiens —Voir D. Scinà, Prospetto délia storia letteraria di Sicilia nel secolo xrlii, t. iii, p. 392 ; A. Narbone, Bïbliogra fia sicola, t. rv(1855),
p. 392.- BARDANE##
BARDANE (Vulgate : Jappa). Désigne, en général, une sorte de fruit muni de pointes en hameçon, se prenant aux habils de l’homme, s’accrochant aux toisons, et
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452. — Bardane.
quelquefois se mêlant aux cheveux de telle façon, qu’on a. peine à s’en débarrasser. C’est le cas pour les involucres ou fleurs de la bardane, qui sont entourés d’écaillés nombreuses, terminées en crochet. Cette plante appartient à la famille des Composées, tribu des Cynarocéphalées..
1459
BARDANE — BARIA
1460
D’après J. Gærtner, De fmctïbus et seminibus plantarum, 3 in-4°, Stuttgart, 1788-1807, t. ii, p. 379, elle est, parmi les herbes, une des plus élevées et des plus robustes, puisqu’elle atteint d’un mètre à un mètre trente centimètres. Sa racine est en forme de pivot, longue, grosse, charnue, noire en dehors, blanche en dedans, d’une saveur douceâtre, nauséeuse, et d’une odeur désagréable, qui devient encore plus caractérisée par la dessiccation. Il est peu de plantes dont les feuilles, surtout les inférieures, soient si larges : ce sont elles qui lui ont valu le nom à’Oreille-de -Géant ; elles ont un support long, et sont en forme de cœur ou arrondies -échancrées à la base, d’un vert brun en dessus, blanchâtres et un peu cotonneuses en dessous, à côtes proéminentes ; celles de la tige sont successivement moins grandes et de forme ovale. Sa tige, épaisse, robuste, souvent purpurine, garnie d’un duvet frisé et rugueux, est terminée par des rameaux portant des grappes de fleurs rougeàtres. Les fleurs sont réunies en petits globules entourés eux-mêmes d’écaillés accrochantes, d’où la plante tire son nom. Les graines sont légèrement aplaties, grisâtres et surmontées d’une courte aigrette blanche. On fait grand usage de la bardane en médecine. Deux espèces principales sont à citer : la petite bardane ou Lappa minor, si commune en Europe, mais qui ne vient pas en Palestine. On y trouve seulement là grande bardane ou Lappa major (fig. 452), <mi, d’après E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. iii, p. 457, vient dans le Liban. C’est l’espèce qui a les feuilles d’une ampleur si extraordinaire.
— La bardane n’est d’ailleurs nommée que dans la Vulgate, Ose., IX, 6 ; x, 8 ; le texte original n’en fait pas mention. Dans le premier passage, Ose., IX, 6, l’hébreu porte : « le hôah poussera dans leurs tentes [des Israélites emmenés en captivité]. » Le mot hôah est un terme générique qui désigne toute espèce d’épines et de ronces (Septante : axavôai) ; la Vulgate elle-même l’a traduit .ailleurs par « épine ». Prov., xxvi, 9 ; Cant. ii, 2. — Dans le second passage, Ose., x, 8, le mot lappa est la traduction de l’hébreu qôs, qui a aussi le sens générique d’épines (Septante : àxavOai). Saint Jérôme a rendu lui-même qôs par « épines ». Gen., iii, 18 ; Is., xxxii, 13, etc.
M. Gandoger.
- BARDIN Pierre##
BARDIN Pierre, né à Rouen en 1590, mort en 1637. Mathématicien et théologien, il fut membre de l’Académie française. Il se noya en portant secours à d’Humières, son ancien élève, devenu son bienfaiteur. Il a iaissé plusieurs ouvrages d’un style assez incorrect ; nous ne mentionnerons que les deux suivants : Essai sur l’Ecclésiaste de Salomon, in-8°, Paris, 1626 ; Pensées morales sur l’Ecclésiaste, in-8°, Paris, 1629. — Voir U. Maynard, L’Académie française, dans la Bibliographie catholique, année 1864., t. xxxii, p. 497.
- BARED##
BARED (hébreu : Beréd, « grêle » ; Septante : Bapâ8), iils de Suthala et descendant d’Éphraïm. I Par., vii, 20.
- BARELTA##
BARELTA, né à Padoue, professa la théologie à Venise. Il vivait encore en 1542. On a de lui : Concilium IPauli, seu selectiones contradictionum occurrentium in
Epistolis Pauli, in-8°, Venise, 1544.BAR-HÉBR/EUS, écrivain syriaque, jacobite, né en 1226 à Mélitène (aujourd’hui Malatia, en Asie Mineure), mort à Maragha en 1286. Son véritable nom était Grégoire Abou’l Faradj ; le surnom de Bar-Hébræus ou « fils de l’Hébreu s, par lequel on le désigne généralement, lui vient de ce que son père Aaron, qui exerçait la médecine à Mélitène, était un Juif converti. De bonne heure il étudia la théologie, la philosophie et la médecine, en même temps que le grec et l’arabe. En 1244, il émigra avec ses parents à Antioche, où il compléta ses études et débuta dans la vie monastique. Il alla -ensuite à Tripoli, pour se perfectionner dans la rhéto rique et la médecine ; il y était, à peine installé, que le patriarche syrien Ignace II le rappela pour le faire évêque de Gubas, près de Mélitène, son pays natal. Il avait alors vingt ans. En 1253, il fut promu au siège important d’Alep, et en 1264 le patriarche Ignace III l’éleva à la dignité de rnaphrien ou primat. Il mourut à Maragha, dans l’Aderbaïdjan, en 1286. Son corps fut transporté et enseveli au couvent de Saint -Matthieu (Mâr Mattaï, sur le mont Makloub, près de Mossoul), où l’on voit encore son tombeau. Voir Badger, The Nestorians and their rituals, Londres, 1852, t. i, p. 97.
Les nombreux écrits de Bar-Hébrseus se rapportent aux sujets les plus divers : à la philosophie, aux mathématiques, à l’astronomie, à la médecine, à la grammaire, à l’histoire et à la théologie. On n’a de lui qu’un seul ouvrage sur l’Écriture Sainte ; il est intitulé Ausar Râzê, « Grenier des mystères » (Horremn mysleriorurn). C’est un commentaire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Après des remarques préliminaires sur la valeur relative de la Peschito et de la version des Septante, l’auteur aborde l’interprétation des diiférentes parties de l’Écriture Sainte dans l’ordre suivant : le Pentateuque, Josué, les Juges, le premier et le second livre de Samuel, les Psaumes, le premier et le second livre des Bois, les Proverbes, l’Ecclésiastique, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, la Sagesse, Ruth, l’histoire de Susaiine, Job, Isaïe, les douze petits Prophètes, Jérémie avec les Lamentations, Ézécbiel, Daniel avec les histoires de Bel et du Dragon, les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Jacques, de saint Pierre et de saint Jean, et enfin les quatorze Épitres de saint Paul. Avant de donner l’exposé doctrinal de chaque passage, l’auteur en fait la critique textuelle, prenant pour base le texte de la Peschito, qu’il discute et corrige d’après le texte hébreu, les Septante et d’autres versions grecques ( Symmaque, Théodotion, Aquila, les Hexaples d’Origène) ou orientales ( héracléenne, arménienne, copte) ; il fait même appel à la version, samaritaine pour le chapitre iv de la Genèse. Il note scrupuleusement les variantes des éditions monophysites et nestoriennes. L’exposé doctrinal n’accuse pas moins d’érudition. Bar-Hébræus montre qu’il était familier avec les plus grands écrivains ecclésiastiques des différentes écoles. Parmi les Grecs, il cite Origène, saint Épiphane, saint Basile, saint Athanase, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille d’Alexandrie, Sévère d’Antioche, Théodore de Mopsueste ; parmi les auteurs syriaques : saint Éphrem, Jacques de Sarug, Moïse BarCéphas, Jacques d’Édesse, Philoxène de Mabug et d’autres moins connus. — L’ouvrage est accompagné de dix tableaux qui se rapportent pour la plupart aux questions généalogiques et chronologiques. En chronologie, Bar-Hébrseus se rallie aux Septante, et compte comme eux quatre mille huit cent quatre-vingt-deux ans d’Adam à Moïse. — Nous n’avons pas encore une édition complète de V Ausar Râzë. On trouvera dans la Litteratura de la Brevis linguss syriacse grammatica, Carlsruhe et Leipzig, 1881, p. 31-32, l’indication des parties ou plutôt des parcelles qui en ont été publiées. Les manuscrits connus de cet ouvrage sont : Cod. Vat. clxx et cclxxxii ; Palat. Medic. xxvi ; Bodl. Hunt. 1 ; Brit. Mus. Add. 7186, 21580, 23596 ; Berlin, Alt. Best, U, Sachau 134 ; Gôttingen, Orient 18 a ; Cambridge, coll. of S. P. C. K. — Voir Wright, dans la Cyclopedia Britannica, 9e édit., article Syriac Literature, t. xxii (1887), p. 853 ; Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 1412, 1500, 1510 ; Assemani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 278-284.
P. Hyvernat.
BARIA. Hébreu : Berî’âh, « fils du malheur » (3, b, pour p, 6e » ) ; Septante : Bepiâ. Nom de quatre Israélites.
1. BARIA, quatrième fils d’Aser. I Par., vil, 30, 31. La Vulgate le nomme Béria, Gen., xlvi, 17, et Brié, Num.,
xxvi, 44. À ces deux derniers endroits, les Septante l’appellent Bopià.
2. BARIA (Septante : Bepp^), troisième fils de Séméia, un des descendants de Zorobabël. I Par., iii, 22.
3. BARIA, chef de famille benjamite. Il eut neuf fils. Baria et Sama furent chefs des familles qui s’établirent à Aïalon ; ils en chassèrent les Géthéens, qui y avaient fixé leur demeure. I Par., viii, 13, 16. On a voulu, mais à tort, identifier cette expédition avec celle dont il est question I Par., vii, 21-24. Voir Béria 2. Les descendants de Béria de Benjamin firent partie des branches de cette tribu qui s’établirent plus tard à Jérusalem. I Par., viii, 13, 16, 28.
4. BARIA, quatrième fils de Séméi, lévite de la branche de Gerson. I Par., xxiii, 10. On remarque, au verset suivant, que Baria et son frère Jaûs n’eurent pas beaucoup de fils. Aussi les comprit-on sous une seule famille et une seule maison.
- BARJÉSU##
BARJÉSU (Bap’.Y)<700ç, « fils de Jésus » ), appelé aussi Élymas, ’EXûjia ; , était un Juif magicien, probablement
d’origine arabe, comme l’indique son nom d’Élymas, aaA&, ’élytnôn, qui signifie, ainsi que le disent les Actes, xiii, 8, « magicien (sage). » C’était un de ces faux prophètes, si nombreux aux premiers siècles, qui exploitaient la crédulité publique. Il vivait à Paphos, chez le proconsul de l’Ile de Chypre, Sergius Paulus. C’est là que le rencontrèrent Paul et Barnabe. Le proconsul voulut entendre la parole de Bieu de la bouche des Apôtres ; il les écouta avec faveur. Mais Élymas, persuadé que la conversion de Sergius Paulus serait la ruine de son influence, voulut le détourner de la foi. Il résistait donc à Paul et à Barnabe, probablement par des intrigues et des discours mensongers. Paul, le regardant en face, lui adressa de foudroyantes paroles, l’appelant « homme tout rempli de fraude et de tromperie, fils d u diable », et lui annonçant qu’il serait aveugle et ne verrait pas le soleil pendant quelque temps. La prédiction se réalisa sur-le-champ et ce miracle convertit le proeonsul. C’est tout ce que l’on sait de certain sut Élymas Barjésu. Act., xiii, 6-12. Saint Jean Chrysostome, Hom. in Act., xxviii, 2, t. lx, col. 211, remarque que le châtiment infligé à Barjésu, n’étant que temporaire, avait moins pour but de le punir que de l’amener à la vraie foi. Origène, In Exod., t. xii, col. 276, dit que le magicien crut en effet en Jésus-Christ.
E. Jacquier.
- BAR-JONA##
BAR-JONA (Bàp’Imvà), Matth., xvi, 17, nom patronymique de Simon Pierre, formé du mot araméen-n, bar, « fils, » et du nom propre naV, yônâh, qui probablement
signifie colombe, « Fils de Jonas. » Cf. Joa., i, 43 (ùiôç’Iojvî) ; xxi, 16 (Si’tjuflv’IùjvS), Le mot « fils », suivi du nom du père, remplaçait le nom de famille chez les Hébreux. E. Levesque.
1. BARNABE ou BARNABAS (Bapvdtëa ; ) est le surnom donné par les Apôtres, Act., iv, 36, au lévite Joseph, un des personnages les plus marquants de l’histoire apostolique ; en araméen : Bar Nebûâh. Ces deux mots, que l’on traduit en grec par uiô ; îtapocxX^ae » ; , signifient ou « fils de consolation », ou s fils de prédication », Joseph ayant été, pour l’Église naissante, tout à la fois consolateur et prophète, nâbî, c’est-à-dire prédicateur inspiré. Ce dernier sens nous semble le plus probable. Comp. Exod., vu, 1, où Dieu déclare qu’Aaron sera le prophète, ou le porte-voix de Moïse. Voir aussi I Cor., xiv, 3, et Act., xv, 32. Joseph, ayant été un des plus vaillants prédicateurs de l’Évangile, mérita pleinement cette qualification. Toutefois, ainsi que le suppose saint Chrysostome, In Act..
Apost., Hom. xxi, t. lx, col. 161, il ne serait pas impossible qu’on eût voulu désigner par là ce qu’il y avait de conciliant, de bon, de sympathique et de dévoué, dans le caractère de cet homme de Dieu. Originaire de l’Ile de Chypre, Joseph Barnabe était issu de parents appartenant à l’ordre lévitique. Il est nommé pour la première fois au livre des Actes, iv, 36, — rien, en effet, n’autorise à le confondre avec Joseph Barsabas dit Justus, proposé avec Mathias pour succéder à Judas, — et il se trouve cité comme exemple de charité, d’abnégation et de générosité. Il vend un champ, qu’il possédait à Jérusalem sans doute, puisqu’il avait là une sœur, ou du moins une proche parente, Marie, mère de Jean Marc, Col., iv, 10 ; cf. Act., xii, 12, et il en offre le prix aux Apôtres, pour subvenir aux besoins de la jeune communauté chrétienne. Cette détermination généreuse, telle qu’elle est mentionnée au livre des Actes, semblerait avoir coïncidé avec la conversion de Barnabe et mis ainsi tout à coup en relief sa foi et son prosélytisme ; mais Clément d’Alexandrie, Strom., Il, 20, t. viii, col. 1060, et Eusèbe, H. E., i, 12, t. xx, col. 117, disent que Barnabe avait été un des soixante-dix disciples. Quoi qu’il en soit de cette affirmation, le rôle qu’il joue dans l’histoire de l’Église naissante est des plus considérables et des plus édifiants. Saint Luc, Act., xi, 24, a raison de lui rendre cet hommage qu’il fut « un homme bon, plein de foi et du Saint-Esprit ». Quand Paul converti, mais encore suspect aux chrétiens, arrive à Jérusalem, Act, ix, 27, c’est Barnabe qui le tire d’embarras et le présente lui-même aux Apôtres, en se portant garant de la sincérité de sa conversion. Peut-être y avait-il eu entre ces deux hommes d’élite des relations antécédentes, soit à Tarse voisine de Chypre, soit à Jérusalem à l’école de Gamaliel. En tout cas, la haute situation que ses vertus devaient faire à Barnabe dans l’Église ne tarda pas à s’accentuer. Lorsque’les disciples, qui avaient quitté Jérusalem au lendemain du meurtre d’Etienne, . et s’étaient mis à évangéliser la Syrie, se déterminèrent, après le baptême du centurion Corneille, à recevoir dans l’Église d’Antioche les païens convertis à l’Évangile, c’est lui qui fut envoyé pour juger des conditions où se produisait la menaçante innovation. Avec son esprit large et sa charité ardente, il approuva aussitôt le mouvement universaliste, et se disposa à l’accentuer en allant lui-même à Tarse convier Paul à lui prêter son concours. Ainsi il amena, comme par la main’, sur le champ de bataille où il avait sa place si providentiellement marquée, Act., xi, 19-26, et xxvi, 17, l’illustre champion de l’Évangile s’adressant aux Gentils. Dans les démarches qu’il fait et les missions qu’il accepte, Barnabe se révèle toujours comme un homme modeste, malgré sa très réelle valeur. Sa seule préoccupation est de faire le bien. Il ne craint pas de se donner en la personne de Paul un collègue qu’il sait devoir, par son esprit d’initiative, sa vivacité de parole, son éloquence, le réduire bientôt au second rang. Ce qu’il veut avant tout, c’est la gloire de Jésus-Christ et le triomphe de l’Évangile. L’Église apprécie cette modestie généreuse et la récompense en ne lui ménageant pas les témoignages de sa confiance et de sa vénération. C’est Barnabe qui, à l’époque de la grande famine de Jérusalem, est désigné pour aller avec Paul porter aux frères malheureux les aumônes des chrétiens d’Antioche. Act., xi, 30. Il revient à peine et l’Esprit-Saint inspire aux chefs de la communauté de le choisir officiellement en même temps que Paul, pour aller évangéliser les Gentils, en dehors de la Syrie et dans des pays inconnus. Act., xiii, 2. Tout le monde applaudit à ce choix. Dès ce moment, Barnabe, aussi bien que son compagnon, est qualifié d’Apôtre. Leur action s’exerce d’ailleurs en commun ; ils partagent les mêmes périls et les mêmes joies. Leur première mission, racontée dans les chapitres xm et xiv des Actes, les amène en Chypre d’abord, probablement parce que Barnabe avait là de nombreuses relations ; puis en Pamphylie, en Pisidie, en Lycaonie, avec des péripéties 1463
BARNABE — BARNABE (ÉPITRE DE SAINT)
diverses de persécutions et de succès. À Lystres, on les prend pour des dieux, et comme c’est Jupiter qu’on voit dans Barnabe, les exégètes se sont hâtés d’en conclure que, par sa taille, sa physionomie, sa majesté, il devait être supérieur à son collègue. Revenu à Antioche après cette première mission, il y prêche avec Paul, et se trouve mêlé à la grave discussion soulevée par des chrétiens hiérosolymitains sur la nécessité de la circoncision. Act., xv, 2. Aussi fait-il partie de l’ambassade envoyée à Jérusalem à cette occasion. Son influence dut même être grande dans la conduite du débat, car il était très estimé de tous. Heureux d’avoir fait prévaloir ses principes, qui étaient ceux de Paul, Gal., ii, 9, il revint avec celui-ci et quelques délégués de l’Église de Jérusalem à Antioche, où, pour quelque temps encore, il reprit ses prédications dans la métropole de la Syrie. Act., xv, 35. Quand il fut question d’entreprendre un second voyage apostolique parmi les Gentils, Barnabe se déclara prêt à suivre encore Paul dans cette nouvelle campagne. Toutefois il voulut absolument emmener avec lui Marc, son neveu ou son cousin, qui, après les avoir suivis dans leur première expédition en Chypre, les avait subitement délaissés en Pamphylie. Paul se refusa impitoyablement à reprendre cet ancien compagnon, coupable d’une défaillance au début de leur apostolat. Barnabe, par un sentiment de miséricorde qui était la note dominante de son âme, et aussi en raison des liens de parenté qui l’attachaient à Marc, préféra se séparer de Paul que renoncer à ce jeune et intéressant ouvrier de l’Évangile. Avec celui-ci, il se dirigea vers l’Ile de Chypre, tandis que Paul, s’adjoignant Silas, allait vers le nord par la Cilicie. Act., xv, 36-41.
A partir de ce moment, nous manquons d’indications suivies sur le compte de Barnabe. Dans sa première épître aux Corinthiens, îx, 5-6, saint Paul observe que, comme lui, ce compagnon de ses premiers travaux apostoliques n’était pas marié. Dans celle aux Galates, en dehors de ce que nous avons déjà dit, il signale l’attitude trop complaisante de Barnabe aussi bien que de Pierre pour les judaïsants d’Antioche. Gal., Il, 13. Il les blâme tous les deux, sans nous autoriser cependant à croire que les dissentiments les divisant sur des questions de discipline ou de la vie pratique aient réellement altéré les relations de charité qui devaient unir leurs âmes d’apôtres. Ces réprimandes publiques étaient l’expression franche et loyale de la vivacité de leurs convictions, mais non le cri de leur orgueil ou de leurs rancunes. Ainsi voyons-nous que Paul, après s’être séparé de Barnabe plutôt que de ne pas infliger à Marc une leçon méritée par sa défaillance, reprend plus tard Marc pour son compagnon, sans doute quand Barnabe était déjà mort ou du moins avait renoncé aux courses apostoliques. Col., iv, 10 ; Phil., 24. À une date plus reculée encore, II Tim., iv, 11, il reconnaît hautement les services que lui a rendus cet auxiliaire, et il prie Timothée de le lui amener à Rome. Chez Marc, ilTetrouvait sans doute, sur ses vieux jours, les sympathiques souvenirs de Barnabe, cet ami de sa jeunesse.
Quant à Barnabe lui-même, l’histoire apostolique ne nous en dit plus rien. La légende tardive a essayé de combler cette lacune. Un écrit, probablement du ve siècle, intitulé Les actes et le martyre de Barnabe en Chypre, et se donnant comme l’œuvre de Jean Marc, raconte la seconde mission et la mort glorieuse du saint dans cette île. Acta sanctorwm, junii t. iii, p. 420. Il n’est pas improbable que Barnabe soit mort avant l’an 60, et peut-être le faussaire appuyait-il son récit sur des traditions sérieuses, qui s’étaient Conservées dans l’île de Chypre, où le livre fit son apparition. Un moine cypriote, Alexandre, plus panégyriste qu’historien, et Théodore de Constantinople, dit le Lecteur, ont réédité plus tard ces récits apocryphes, ne supprimant qu’en partie les fables et les extravagances qui lui enlèvent tout crédit. Acta sanctorum, junii t. iii, p. 436. Eux-mêmes ne craignent
pas de s’y mettre en contradiction avec le livre des Actes, D’après Alexandre, Barnabe, dès sa venue de Jérusalem à Antioche, serait allé prêcher à Rome et à Alexandrie avant de se rendre à Tarse pour s’associer Paul, qu’il avait connu et apprécié à l’école de Gamaliel. lis supposent que Barnabe avait vu la guérison miraculeuse du paralytique de trente-huit ans, et dès lors s’était attaché à Jésus, le mettant en relations avec sa sœur ou sa tante Marie, mère de Jean Marc. Plus tard, il aurait été le premier choisi pour faire partie du groupe des soixante-dix disciples. Enfin, après avoir résumé ce qui est dit sur son compte au livre des Actes, Alexandre raconte comment il fut saisi par des Juifs venus de Syrie à Salamine, où il opérait de nombreuses conversions, lapidé et brûlé. Son tombeau aurait été miraculeusement retrouvé à un quart de lieue de cette ville, du temps de l’empereur Zenon (488). L’homme de Dieu avait encore sur sa poitrine l’Évangile de saint Matthieu, écrit de sa propre main. L’évêque de Salamine, Anthelme, à qui cette découverte fut très utile pour défendre les droits de l’Église de Chypre contre Pierre le Foulon, envoya le précieux manuscrit à l’empereur, et on y lisait solennellement à Constantinople les leçons du jeudi saint. C’est à cause de la découverte de ce manuscrit dans le tombeau de saint Barnabe que l’art chrétien le représente ordinairement avec un livre, parfois avec des flammes ou un bûcher, avec des pierres ou même nne croix, rarement avec une hache. Ch. Cahier, Caractéristiques des Saints, t. i, 1867, p. 52.
D’après les inscriptions consignées dans Alciat, et portant le nom de l’évêque Miracle, que Baronius suppose être celui de Milan, présent au concile de Rome en 313, Barnabe aurait évangélisé la Gaule cisalpine. Corpus Inscript, latin., lxvii, 15, t. v (1877), p. 623. Mais comment expliquer, si cette tradition avait été fondée, que saint Ambroise eût négligé de citer un si illustre prédécesseur sur le siège de Milan, quand il se déclare fièrement, Epist. xxi, Sermo cont. Auxent., 18, t. xvi, col. 1012, le défenseur de la foi que lui ont léguée comme-un dépôt Denys, Eustorge, Myrocle et ses glorieux prédécesseurs ? Plusieurs veulent que Barnabe ait prêché à Alexandrie. La raison principale en serait dans la lettre qui lui est attribuée, et dont l’origine alexandrine n’est pas douteuse ; mais cette lettre n’est pas de lui.
Voir W. Cave, Lives of the mosî eminent Fathers of the Church, Oxford, 1840, t. i, p. 90-105 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, t. i, p. 408 et suiv. ; "W. J. Conybeare and J. S. Howson, The Life and Epistles of St. Paul, édit. de 1875, p. 85, 98, etc. ; L’Œuvre des Apôtres, t. i, p. 265 ; Braunsberger, , Der Apostel Barnabas, in-8°, Mayence, 1874 ; A. Lipsius, Die apokryphen Apostelgeschichten, t. ii, part, ii, p. 270-320 ; L. Duchesne, Saint Barnabe. Extrait des Mélanges G. B. de Rossi, Supplément aux Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés par l’Ecole française de Rome, t. xii, 1892. E. Le Camus.
2. BARNABE (ÉPÎTRE DE SAINT). Il existe SOUS ce titre un écrit publié pour la première fois à Paris, en. grec et en latin, par Ménard et d’Achery en 1645, mais d’une manière incomplète. Le texte grec complet n’a été retrouvé qu’en 1859, par Tischendorf, dans le Codex Sirnaiticus, qui date du IVe siècle. Depuis, le métropolite Philothée Bryennios en a découvert un autre manuscrit complet (Codex Conslantinopolitanus), mais datant seulement de l’an 1056.
I. Clément d’Alexandrie est le premier auteur ecclésiastique qui cite nommément l’Épître de saint Barnabe, et il lui attribue une autorité apostolique. Strom., ii, 6, . 7, 18 ; v, 8, 10, etc., t. viii, col. 965, 969, 1021 ; t. rx, col. 81, 96. Origène fait de même, Deprinc, III, ii, 4 ? Cont. Cels., i, 63, t. xi, col. 309, 637. C’est probablement parce que cette lettre était regardée comme inspirée à. la fin du ne siècle et au commencement du me, dans. 1465 BARNABE (ÉPITRE DE SAINT) — BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT) 1466
l’Église d’Alexandrie, qu’on la trouve à la suite des livres du Nouveau Testament dans le Codex Sinaiticus. Mais le sentiment de Clément et d’Origène ne leur survécut guère, même à Alexandrie. Saint Athanase et saint Cyrille ne mentionnent jamais l’Épître de saint Barnabe ; en Orient, elle ne fut pas lue dans les églises ; Eusèbe la range parmi les œuvres apocryphes, H. E., iii, 25, t. xx, col. 269, quoiqu’il constate ailleurs, H. E., vi, 14, t. xx, col. 549, l’usage qu’en faisait Clément d’Alexandrie. Ni l’auteur des Canons apostoliques, 85, t. cxxxvii, col. 212, ni saint Cyrille de Jérusalem, ni saint Jean Chrysostome, ni saint Épiphane n’en disent mot. Saint Jérôme, tout en croyant qu’elle a saint Barnabe pour auteur, ne veut pas qu’elle soit mise parmi les écrits canoniques, De Vir. illust., 6, t. xxiii, col. 619. L’Église d’Occident, à Rome et en Afrique, semble en avoir longtemps ignoré le texte et même l’existence ; il n’en est pas question dans le Canon de Muratori. Tertullien, qui a entendu parler d’une lettre de saint Barnabe, croit qu’il s’agit de l’Épître aux Hébreux, De Pudicit., 20, t. ii, col. 1020. Saint Philastre, Bser., 89, t. xii, col. 1200, partage ce sentiment. Le concile d’Hippone, tenu en 393, can. 36 ; ceux de Carthage en 397, can. 47, et en 419, can. 29 (Mansi, Conc, , t. iii, p. 891 ; t. iv, p. 430) ; Rufln, Expos. Symb. apost., 37, t. xxi, col. 1200 ; Innocent I er, Epist. ri ad Exup. Tolos., 7, t. lxxxiv, col. 652 ; saint Augustin, Cassiodore, Inst. div. litt., 14, t. lxx, col. 1125 ; saint Isidore de Séville, Etymol., vi, 2, t. lxxxii, col. 230, n’ont rien dit de sa lettre. L’opinion de Clément d’Alexandrie et d’Origène resta donc un fait isolé, et l’Église n’admit jamais ni l’inspiration ni l’authenticité de l’Épître attribuée à saint Barnabe.
II. Lé contenu de cette Épltre montre d’ailleurs qu’elle n’est pas l’œuvre du compagnon de saint Paul. — 1° L’auteur a été païen et parle à des païens : « Avant de croire en Dieu, dit-il, xvi, 7, t. ii, col. 772, notre cœur était plein d’idolâtrie. » Cf. ch. v, col. 734. — 2° Il apprécie des cérémonies de la loi ancienne comme ne l’aurait pas fait un Juif, ch. m ; ix, 4, col. 729, 749 ; il est même peu au courant des rites du temple, quand il parle, vii, 4, col. 744, des prêtres qui devaient seuls manger les entrailles du bouc offert pour le péché ; la plupart des choses qu’il raconte sur le bouc émissaire sont en contradiction avec le texte même du Lévitique, xvi. — 3° Au moment où il écrit, saint Barnabe ne vivait plus : le parti juif est à peu près mort dans l’Église ; les armées romaines ont déjà exercé la vengeance du ciel sur le peuple déicide, comme l’indique IV, 14, col. 731, où. les lecteurs sont invités à considérer comment Dieu a traité Israël, et xvi, 4, col. 772, où il est parlé du temple détruit pendant la guerre. Il est donc certain que la lettre est postérieure à l’an 71, Or à cette époque saint Barnabe était mort : il n’avait pas vu la ruine du temple ; la dernière fois qu’il est mentionné, et encore très probablement dans un regard vers le passé, c’est I Cor., ix, 5-6 (an 57), et nous savons que, dès l’an 62, Marc, ce parent tant aimé, à l’occasion duquel il s’était séparé de saint Paul, n’était plus avec lui, mais qu’il suivait l’Apôtre des nations, Col., iv, 10, ou même saint Pierre, I Petr., v, 3, ce qui serait très étonnant si Barnabe avait vécu encore. — 5°. La date de l’Épître reste néanmoins incertaine. Les traits de ressemblance qu’on remarque entre cette lettre et la Doctrine des douze apôtres ne peuvent servir à résoudre le pro T blême, car il n’est pas facile de décider lequel de ces deux écrits est le plus ancien. On conjecture que l’auteur de la Doctrine a connu l’Épître de saint Barnabe, mais que J’auteur de l’Épître a connu les Duse viee, source juive de la Doctrine. Certains critiques font remonter l’Épître au temps de Vespasien (70-79), d’autres la font descendre jusqu’au temps d’Adrien (117-138). L’opinion des premiers paraît la mieux fondée.
III. Quoi qu’il en soit, l’Épître de saint Barnabe n’est ni sans valeur ni sans importance. Elle est d’abord d’une
assez belle ordonnance logique et d’une élévation d’idées incontestable. L’auteur, quel qu’il soit, touchait à la génération apostolique et vivait au plus tard vers le commencement du second siècle. Or il rend témoignage aux principaux faits de l’histoire évangélique ; il cite saint Matthieu, xxii, 14, comme Écriture ; il fait des emprunts aux Évangiles et aussi aux Épltres de saint Paul et de saint Pierre. Le défaut principal de l’auteur de cet écrit est son goût exagéré pour l’allégorie. Son ardeur pour le symbolisme l’emporte jusqu’à oublier que le grec n’était pas la langue d’Abraham, et il voit une prophétie de Jésus-Christ et de son crucifiement dans le nombre des serviteurs d’Abraham, qui était de 318 : « Car, dit-il, la lettre I signifie dix, la lettre H signifie huit, et enfin la lettre ï trois cents ; or, de ces trois lettres, les deux premières indiquent le nom de Jésus, et la dernière, sa croix. » Epist. Barn., 9, t. ii, col. 751. Mais cet allégorisme outré fut lui-même une des causes du succès de la lettre à Alexandrie, où la méthode allégorique était en si grande faveur. Voir col. 361.
Voir Hefele, Das Sendschreiben des Apostels Barnabas, Tubingue, 1840 ; Hilgenfeld, Die apostoliscken Wâter, Halle, 1863 ; Kayser, Ueber den sogenannten Barnabasbrief, Paderborn, 1866 ; Weizâcher, Zur Krilik des Barnabasbriefes aus dem Codex Sinaiticus, Tubingue, 1863 ; J. G. Mûller, Erhlârung des Barnabasbriefes, Leipzig, 1869 ; "W. Cunningham, À Dissertation of the Epistle of saint Bamabas, in-8°, Londres, 1877 ; Westcott, Canon of the New Testament, t. ï, rv ; de Gebhardt et Harnack, Bamabse Epistula, dans les Patrum Apostolicorum Opéra, Leipzig, 1875, t. ï, p. xiii-xlvi ; Funk, Opéra Patrum apostolicorum, in-8°, Tubingue, 1881, t. i, p. i-xvii ; Harnack, Eeal-Encyklopâdie, 2e édit., t. ii, 1878, p. 104 ; Id., Geschichte der altchristliehen Literatur, Leipzig, 1893, t. ï, p. 58-62 ; Salmon, Historical Introduction to the Books of New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 565-572.
E. Le Camus.
3. BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT). L’article APO-CRYPHES, col. 768, signale dans le catalogue gélasien un « Évangile au nom de Barnabe, apocryphe », et ce même évangile est aussi mentionné par le catalogue grec publié par le cardinal Pitra. Au vi° siècle, à Rome et dans l’Église grecque, on avait donc gardé le souvenir d’un évangile mis sous le nom de saint Barnabe, évangile hérétique, probablement gnostique. D’autre part, l’auteur grec de VInventio reliquiarum S. Barnabse, lequel écrivait à la fin du Ve siècle ou au commencement du vie, rapporte que, lors de l’invention du corps de saint Barnabe, en Chypre, sous l’empereur Zenon, on trouva dans le tombeau de l’apôtre un exemplaire écrit de sa main de l’Évangile de saint Matthieu, Évangile que l’empereur fit déposer à Constantinople, dans le trésor de la chapelle palatine. Bolland, Acla sanctorum, junii t. ii, (1698), p. 450-451. Cet Évangile n’a rien à voir avec notre évangile apocryphe de Barnabe. Enfin on trouve dans Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1719, t. iii, p. 378-384, quelques échantillons d’un Évangile de saint Barnabe, traduction italienne, reproduits d’après Bernard de la Monnoye, Animadversiones ad Menagiana, Amsterdam, 1716, t. IV, p. 321, qui les avait extraits d’un manuscrit italien du xv » siècle, dit- ii, appartenant au prince Eugène de Savoie. La Monnoye conjecture que ce texte italien est une traduction de l’arabe. Mais, à notre connaissance, cet original arabe n’a pas été trouvé : en toute hypothèse, il ne serait qu’une œuvre mahométane de basse époque et sans relation avec l’évangile grec apocryphe mentionné par le catalogue gélasien. Grabe, Spicilegium sanctorum Patrum, Oxford, 1698, t. i, p. 302, a recueilli dans un manuscrit grec de la bibliothèque Bodléienne, Baroccianus 39, un fragment grec de deux lignes attribué à saint Barnabe : « Dans les mauvais combats, celui-là est le plus malheureux qui est
le vainqueur, car il se retire avec plus de péchés. » Il n’est pas possible de déterminer l’origine de cette sentence, non plus que de la rattacher à l’évangile apocryphe de Barnabe. Voir Évangiles apocryphes.
P. Batiffol.
- BARNES Albert##
BARNES Albert, exégète protestant américain, né en 1798 à Rome, dans l’état de NewYork, mort en 1870. Ses études achevées, il prit ses grades (1820), prêcha en divers endroits, et, en 1830, fut mis à la tête de l’église presbytérienne de Philadelphie. On a de lui : Notes, critical, illuslrative and practical, on the book of Job ; ivith a new translation and an introductory dissertation, carefully revised by the Rev. John Gumming, 2 in-8°, Londres, 1850 ; Notes, critical, explanatory and practical, on the book of the prophet Isaiah, with a new translation, revised by the Rev. J. Gumming, 3 in-8°, Londres, 1850 ; Notes explanatory and practical on the New Testament revised and compared with the last American édition, by the Rev. J. Gumming, Il in-8°, Londres, 1850-1852 ; Scènes and incidents in the Life of the Apostle Paul, in-8°, Londres, 1869.
E. Levesque.
- BARNEVILLE##
BARNEVILLE (Matthieu de), né à Dublin vers 1659, fit ses études à Paris, entra dans la congrégation de l’Oratoire en 1688, et mourut à l’âge de 80 ans environ. Il publia sous le voile de l’anonyme : Le Nouveau Testament traduit en françois selon la Vulgate, in-12, Paris, 1719. Son but, exposé dans l’avertissement, était de donner une édition à très bas prix, qui put être achetée en nombre par les personnes riches pour la répandre dans le peuple. Un bon nombre d’éditions, douze environ, se succédèrent jusqu’en 1753. Dans les approbations de quelques-unes d’entre elles, se lit le nom de l’auteur. Plusieurs éditions ont une table alphabétique des vérités contenues dans le Nouveau Testament sur les différents états et professions. — Voir Ant.-Alex. Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, in-8°, Paris. 1823, t. ii, p. 452. E. Levesque.
- BARON Pierre##
BARON Pierre, protestant français, né à Étampes et pour cette raison surnommé Stempanus, obtint une chaire à l’université de Cambridge vers 1575. Les doctrines qu’il y professa lui suscitèrent de nombreux adversaires, et après un procès qui lui fut intenté devant la reine Elisabeth el l’archevêque de Gantorbéry, il dut renoncer à l’enseignement. Il mourut vers l’an 1599. Nous avons de cet auteur : Prsslectiones in Psalmos xv et xxxiii, in-8°, Londres, 1560) Prsdectiones xxxix in Jonarn, in-f°, Londres, 1579. — Voir Haug, La France protestante,
t. i, 1846, p. 261.BARQUE. Voir Navigation.
- BARRADAS Sébastien##
BARRADAS Sébastien, commentateur portugais, né à Lisbonne en 1543, mort à Coimbre le 14 avril 1615. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 27 septembre 1558. Il enseigna la rhétorique, la philosophie et l’Écriture Sainte, à Coimbre et à Évora, avec une grande réputation. Il s’appliqua aussi, avec non moins de succès, à la prédication ; on le nommait Y Apôtre ou le Paul du Portugal. Il mourut en odeur de sainteté ; Suarez avait l’habitude de le nommer sanctus. On a de lui Commentaria in concordiam et historiam evangelicam, 4 in-f°, Coimbre, 1599-1611 ; Mayence, 1601-1612 ; Brescia, Lyon, Anvers, Venise, Augsbourg. Ces commentaires jouissent d’une juste estime. Cornélius a Lapide dit de l’auteur : « Il excelle dans les observations morales qui peuvent servir également à la méditation et aux prédications. » DomCalmet est du même sentiment, et ses commentaires sont en effet une mine où ceux qui sont chargés d’expliquer la parole de Dieu peuvent trouver les plus précieux trésors. — Après sa mort, on publia Ilinerarium ftliorum Israël ex Mgypto in terram repromissionis, in-f°, Lyon,
1620 ; Anvers, 1631. Ce dernier ouvrage, dit le P. Michel de SaintJoseph dans sa bibliographie critique, est une sorte de commentaire de l’Exode, écrit avec élégance.
C. SOMMERVOGEL.
- BARRAL Pierre##
BARRAL Pierre, savant ecclésiastique français, né à Grenoble dans les premières années du xviiie siècle, mort à Paris le 21 juin 1772, janséniste militant, a laissé, entre autres ouvrages, un Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique, critique et moral de la Bible, pour servir d’introduction à la science de l’Écriture Sainte, 2 in-8°, Paris, 1756 ; 2 « édït., Paris, 1758. Dans la pensée de l’auteur, ce livre, destiné aux jeunes clercs, devait être une sorte de Manuel biblique où seraient résumés et condensés tous les renseignements fournis par les grands dictionnaires de la Bible, en vue de faciliter la lecture et l’intelligence des Saints Livres, mais son œuvre est une compilation superficielle et remplie d’inexactitudes. O. Rey.
- BARRE##
BARRE (Vulgate : vectis). 1° Pièce de bois longue et étroite, servant à porter l’arche et divers meubles du tabernacle, Exod., xxv, 13, 27, 28, etc. (hébreu : baddim) ;
nw
453. — Porte égyptienne fermée avec deux petites barres ou verrous. Tbèbes. D’après Wilkinson, Manners and Customs of the Ancient Egyptians, 2e édit-, t. ii, p. 135.
Exod., xxvi, 26, etc. (hébreu : beriah). (Voir fig. 243, col. 917.) — 2° Pièce transversale de bois ou de métal, employée comme une sorte de verrou pour fermer les portes des maisons et des villes (hébreu : beriah), Deut., m, 5 ; Jud., xvi, 3 (hébreu : Vulgate : sera) ; I Sam. (I Reg.), xxiii, 7 (Vulgate : sera) ; II Par., viii, 5 ; IIEsdr., m, 6, 13, 14, 15 ; Jer., xlix, 31 ; li, 30 ; Ezech., xxxviii, 11 ; Prov., xviii. 19. Il y en avait en bois, Nah., iii, 13 ; en bronze, III Reg., iv, 13 (Vulgate : sera) ; en fer, Ps cvi (cvn), 16 ; Is., xlv, 2 (fig. 453). — 3° Le mot « barre » (hébreu : berial}) est employé aussi métaphoriquement pour exprimer ce qui fait la lorce d’une ville. Amos, i, 5. Cf. Is., xliii, 14 ; Lament., ii, 9. Il signifie dans Job les limites ou la barrière que Dieu a imposée à la mer, Job, xxxviii, 10 ; le séjour des morts (se’ôl) est également représenté fermé par des barres ou verrous qu’il est impossible d’ouvrir, Job, xvii, 16 (hébreu : baddim ; la Vulgate rend seulement le nom d’une manière générale i in profundissimum infernum). Cf. Jouas, ii, 7. Dans Osée, xi, 6, baddim, vectes, « barres, » doit être pris, d’après les uns, au figuré, pour désigner ce qui est fort, les princes, les chefs d’Israël ; d’après d’autres, au propre, pour désigner les barres des portes des villes. — Certains commentateurs voient aussi une expression figurée dans Isaîe, xv, 5, où ils prennent le pluriel berîhîm dans le sens de « barres », comme l’a fait la Vulgate (vectes), et tra1469
BARRE — BARTHÉLÉMY, APOTRE
1470
duisent : « les princes [de Moab s’enfuient] jusqu’à Ségor ; » mais on admet communément que le mot berîfyîm signifie dans ce passage « fuyards », et non pas « barres ».
F. Vigouroux. BARRE Joseph, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, chancelier de l’Université de Paris, distingué par sa vertu autant que par sa science, né vers 1692, mort à Paris le 23 juin 1764. — On a de lui : Vindiciae librorum deuterocanonicorum Veteris Testamentt, in-12, Paris, 1730, ouvrage rempli d’érudition. — Voir Journal des savants, année 1731, p. 195. 0. Rey.
- BARREIRA Isidore##
BARREIRA Isidore, moine portugais de l’ordre du Christ, né à Lisbonne d’après les uns, à Barreira, d’où lui viendrait son nom, selon d’autres, fit profession le 7 mars 1606 au monastère de Thomar, où il mourut en 1634 ou 1648. Il a laissé un traité sur les plantes de la Bible : Tractado das signiftcaçôes das plantas, flores e fructos que se referem na Sagrada Escriptura, tiradas das divinase humanas letras, com brèves consideraçôes, in-4°, Lisbonne, 1622 et 1698. Cet ouvrage, écrit en portugais, devait avoir un tome second qui n’a jamais été imprimé, quoique l’auteur l’eût composé. Le traité de Barreira est instructif, curieux et rempli d’érudition biblique. La première édition de ce livre est la meilleure.
— Voir Silva, Diccionario bibliographico portuguez, t. iii, (1859), p. 234. 0. Rey.
- BARREIRO ou de Barreiros##
BARREIRO ou de Barreiros, Gaspar, en religion François de la Mère de Dieu, Portugais, d’abord chanoine d’Évora, puis frère mineur de la Régulière Observance, professeur de théologie, mort à un âge avancé le 6 aflût 1574. Il a laissé, entre autres ouvrages : Commentarius de regione Ophir apud sacram paginant commemorata, qui fut d’abord imprimé à Coïmbre, en 1561, in-4°, par Alvarez, à la suite delà Cosmographia hispanica, gallica et italica, du même auteur. Ce commentaire fut réimprimé séparément à Anvers, en 1600, in-8°, par Jean Bellère. — Voir Fr. da Silva, Diccionario bibliographico portuguez, t. m (1859), p. 123.
P. Apollinaire.
- BARRETT John##
BARRETT John, savant anglais, né en 1753, mort le 15 novembre 1821, vice-proviseur du collège de la Trinité à Dublin. Il fut professeur de langues orientales ; sa mémoire prodigieuse n’oubliait presque rien ; son originalité n’était pas moindre. Il a publié le manuscrit grec du Nouveau Testament connu sous le nom de Codex Z Dublinensis rescriptus ; il l’assigna au vie siècle, et cette date a été adoptée depuis. Evangelium secundum Matlhxum ex codice rescripto in Bibliotheca collegiiSS. Trinitatis, juxta Dublin, cui adjungitur appendix collationem codicis Montfortiani complectens, in-4°, Dublin, 1801. Le texte de ce manuscrit palimpseste y est exactement gravé en lxiv tables. — Voir Dublin University Magazine, t. xviii, p. 3c0 ; L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. iii, p. 282. E. Levesque.
- BARRINGTON##
BARRINGTON (John Shute, vicomte), né en 1678 à Theobalds, dans le Hertfordshire, mort à Becket le 14 décembre 1734. Son père, Benjamin Shute, était simple négociant de la province de Leicester. Après avoir étudié à Utrecht pendant quatre ans, John Shute revint à Londres suivre des cours de droit. Créé vicomte Barrington en 1720, il fut député de Berwick au parlement. Locke fut son maître et son ami. Très versé dans les sciences sacrées, Barrington publia des Miscellanea sacra, 2 in-8°, Londres, 1725. Une seconde édition en fut donnée à Londres, 3 in-8°, 1770, par les soins de son fils. Enfin ses œuvres ont été publiées sous-ce titre : Theological Works, 3 in-8°, Londres, 1828. On trouve dans cet ouvrage des dissertations sur l’histoire des apôtres ; — sur les dons merveilleux du Saint-Esprit à l’âge apostolique ; — sur l’époque où Paul et Barnabe devinrent apôtres ; — des
notes sur la tentation et la chute ; — sur Lévitique, xvii ; sur I Petr., iii, 17, 22 ; Gal., iii, 16 ; Hebr., xii, 22, 25. Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, t. iii, p. 291. E. Levesque.
- BARSABAS##
BARSABAS (Bapaaêâi, « fils de Sabas » ), surnom 1° du Joseph qui fut proposé pour remplacer Judas dans le collège apostolique, Act., i, 23, et 2° de Jude, qui fut envoyé à Antioche avec Paul, Barnabe et Silas. Act., XV, 22. Ce surnom, tiré de la désignation du père, distinguait ces deux personnages d’autres Joseph et d’autres Jude ou Judas. Quelques-uns ont supposé, à cause de l’identité du nom de leur père, que Joseph et Jude Barsabas étaient frères. Voir Joseph Barsabas et Jude Barsabas.
- BARSAÏTH##
BARSAÏTH (hébreu, au ketib : Binât, « trous, blessures ; » au keri : Birzâit, « source de l’olivier ; » Septante : Bep6a16 ; Codex Alexandrinus : BepÇaié), nom dans la généalogie des descendants d’Aser. I Par., vii, 31. « Il (Melchiel) est le père de Barsaïth. » Barsaïth peut être ou un nom de femme ou un nom de lieu. Dans ce dernier cas, « père de Barsaïth » signifierait « fondateur de Barsaïth ». C’est en ce sens que l’on dit : « père de Cariathiarim, père de Bethléhem, » etc. I Par., ii, 50, 51. Mais on n’a nulle trace d’un lieu de ce nom. E. Levesque.
- BARTH Paul##
BARTH Paul, orientaliste allemand, né à Nuremberg le 20 décembre 1635, fit ses études à Altdorf. Après avoir rempli diverses fonctions ecclésiastiques, il devint diacre de Saint-Sebald à Nuremberg, en 1675. Il mourut dans cette ville, le 4 août 1688. Il était très versé dans les langues orientales. La bibliothèque de Nuremberg conserve un ouvrage écrit de sa propre main : Versio Evangeliorum Actorumque apostolicorum arabica, cum latina ejusdem translations junctim apposita. — Voir Jocher-Adelung, Allgem. GelehrtenLexicon, t. i, col. 1460.
É. Levesque.
1. BARTHÉLÉMY (Bap80Xo(iaïoç, c’est-à-dire Bar* Tolmaï, « fils de Tolmaï » ), un des douze Apôtres. Bien que les Juifs aient pu quelquefois identifier le nom de UoXojiaïo ; avec celui de IrroXe(iato ?, Josèphe, Ant. jud., XIV, viii, 1> et Bell, jud., i, ix, 3, il est certain que Tolmaï fut un nom absolument juif. Dans la Bible hébraïque, nous trouvons, en effet, Jos., xv, 14 et II Reg., xiii, 37, J’aimai (Septante : ®oXa^.£ et ©o^i), qui devien. nent Tholmaï et Tholomaï dans la Vulgate. Le Talmud parle d’un Bar-Thalmia et d’un Bar-Thalmon qui étaient Juifs d’origine. V. Schottgen, Horæ hebraicx (in Matth., x, 3). Celui qui porta ce nom et qui fut le père de l’apôtre fut certainement Israélite de race et d’éducation, et non pas un personnage se rattachant de quelque façon que ce soit à la famille des Ptolémées. On s’est demandé pourquoi les synoptiques, dans leur catalogue apostolique, Matth., x, 3 ; Marc, iii, 18 ; Luc, vi, 14, ont toujours désigné par le nom ds son père le collègue de Philippe, inscrit régulièment le sixième, sauf au livre des Actes, i, 13, où il descend d’un rang. Plusieurs supposent que si Barthélémy n’est autre que Nathanaël, les écrivains sacrés ont voulu éviter le rapprochement de deux noms, Nathanaël et Matthieu, qui présentent la même signification étymologique, et peuvent se traduire l’un et l’autre par Théodore ou « don de Dieu ». Le Camus, Vie de Notre-Seigneur, t. r, p. 124. Mais cette explication est insuffisante, au moins dans la liste de saint Matthieu et des Actes, où ces deux noms se trouvent séparés. C’est donc une singularité qu’il faut accepter, sans parvenir à nous l’expliquer, nous souvenant que bien d’autres étaient couramment désignés par le nom de leur père : ainsi Bar-Jona, Bar-Timée, Bar-Saba. En dehors du nom, les synoptiques ne nous apprennent plus rien de cet apôtre. Dans cette absence de tout document, on s’est mis à examiner de plus près les listes apostoliques, pour essayer d’eu faire sortir quelque 1471
- BARTHÉLÉMY##
BARTHÉLÉMY, APOTRE — BARTHÉLÉMY DE 0RAGANCE
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indication ; et il semble que la perspicacité des exégètes s’est exercée ici avec quelque succès.
On a d’abord observé que, sauf dans le livre des Actes, Barthélémy est toujours associé avec Philippe. Quel lien pouvait unir ces deux hommes ? Une vieille amitié, peut-être une fraternité de vocation. Or nous lisons dans saint Jean, l, 45, que Philippe, ayant entendu pour son propre compte l’appel de Jésus, courut annoncer à son ami Nathanaël la grande nouvelle, et l’inviter à venir voir de ses propres yeux le jeune Messie des Juifs. Ainsi il prépara sa vocation à la foi et à l’apostolat. Il est remarquable, en effet, que, d’après saint Jean, ce Nathanaël, dont ne parlent jamais lès synoptiques, fut, jusqu’à la fin, du groupe apostolique. Au chap. xxi, 2, il se trouve en effet classé parmi les disciples à qui Jésus apparaît pour la troisième fois, ꝟ. 14 ; or nous savons que ces disciples sont le groupe des Douze. À n’en point douter, Jean a vu dans Nathanaël un des Apôtres. C’est pourquoi il le nomme en l’intercalant parmi les apôtres Simon Pierre, Thomas et les fils de Zébédée. Si peu qu’on veuille bien peser toutes ces choses, ne trouve-t-on pas naturel qu’ayant été appelé des premiers à voir de près le Maître qui le salua sympathiquement comme un caractère loyal et vrai fils des croyants, Nathanaël soit devenu l’un des Douze ? Cependant il n’est jamais nommé dans les synoptiques, pas plus que Barthélémy n’est nommé dans saint Jean. On a donc été amené à supposer pour tous ces motifs, et plus particulièrement en raison de son association perpétuelle avec Philippe, que, sous deux noms différents, le nom patronymique et le nom propre, Barthélémy et Nathanaël ne sont qu’un seul et même personnage ? La plupart des exégètes modernes le pensent, et malgré le sentiment contraire de saint Augustin, Ira Joa. tract, vii, 17, t. xxxv, col. 1445, et de saint Grégoire, Mor. in Job, xxxi, 24, t. lxxvi, col. 693, nous partageons leur avis.
Nathanaël, fils de Tholmaï, était de Cana. On nous y a montré le site traditionnel de sa maison. Quelle physionomie intéressante que celle de ce disciple de la première heure ! Il est regrettable que saint Jean, après l’avoir si heureusement ébauchée dès le début de son Évangile, ne l’ait pas achevée plus tard. On sait avec quel calme réfléchi et par quelle objection il accueillit l’enthousiaste Philippe, qui accourait pour lui annoncer l’apparition du Messie. Joa., i, 45-46. Sa nature paraît avoir été méditative et réservée. Quand Jésus l’avait vu sous le figuier, il priait, ou du moins était préoccupé de graves pensées. Quand il s’entend louer, loin de se livrer aussitôt, il dit froidement : « D’où me connaissez-vous ? » Jésus donne alors le signe que sa foi demande. Il l’a vii, non pas seulement à distance et à travers les obstacles, sous le figuier, mais surtout il l’a pénétré jusque dans le fond de son àme, et l’honnête homme, si rude soit-il au premier abord, vaincu par cette révélation dont nous soupçonnons l’importance, sans toutefois en lire le dernier mot dans l’Évangile, s’écrie : « Maître, vous êtes le Fils de Dieu, le roi d’Israël ! » Joa., i, 49. Avec énergie le vrai Israélite rend hommage à son véritable roi. Après cette belle profession de foi, qui, dès le premier jour, atteint presque celle que Jésus arrachera seulement trois ans après au collège apostolique, dans la personne de Pierre, il n’est plus question de Nathanaël, sinon au dernier chapitre de saint Jean, où nous le trouvons prenant part à une pêche, et favorisé, comme les autres, d’une des plus consolantes apparitions du Sauveur. Joa., xxi, 2. Sous le nom de Barthélémy, il figure encore à la Pentecôte, Act., i, 13 ; puis le silence le plus complet se fait sur lui dans nos saints Livres.
D’après Eusèbe, H. E., v, 10, t. xx, col. 456, lorsque, vers la fin du ir 3 siècle, saint Pantène, ce philosophe fondateur de l’école des catéchètes, à Alexandrie, pénétra dans les Indes pour y annoncer Jésus-Christ, il y trouva l’Évangile de saint Matthieu en hébreu ou syro-chaldaique, et on lui dit qu’il avait été apporté là par l’apôtre
Barthélémy. Saint Jérôme reprend, comme cela lui arrive souvent, pour son propre compte, le récit d’Eusèbe, en ajoutant que Pantène rapporta à Alexandrie un exemplaire de cet évangile de saint Matthieu. De Vir. illust., 36, t. xxiii, col. 651. Que faut - il entendre par les Indes ? Ce n’est pas facile à dire, car les anciens désignaient vaguement par ce nom tous les pays de l’Orient inconnu, au delà de l’empire des Romains et des Parthes. D’après Rufin, H. E., i, 9, t. xxi, col. 478, et Socrate, H. E., i, 19, t. lxvii, col. 125, Barthélémy serait allé évangéliser l’Inde qui touchait à l’Ethiopie. Sophrone, ou du moins l’auteur qui a ajouté les Apôtres aux Hommes illustres de saint Jérôme, suppose, au chap. vii, Pair, lat., t. xxiii, col. 722, que ces Indes furent l’Arabie heureuse. Œcumenius, Duodecim Apostolorum nomina, dans ses Commentaria, in-f », Paris, 1631, p.e v b, et Nicétas, t. cv, col. 208, affirment à peu près la même chose. Dans l’homélie sur les Douze, qui se trouve parmi les œuvres de saint Chrysostome, t. lix, col. 495, il est dit que Barthélémy enseigna la tempérance aux Lycaoniens, ce qui supposerait une mission de cet apôtre en Asie Mineure. Il se serait trouvé à Hiérapolis avec saint Philippe, et y aurait courageusement souffert pour la foi. De là il se serait dirigé vers l’Orient, à travers le pajs des Parthes et l’Arménie. C’est à Albanopolis, ville de ces contrées, qu’il aurait été selon les uns décapité, et selon les autres, dont l’opinion est consignée dans le Bréviaire romain, écorché vif et crucifié par l’ordre d’Astyage, dont il avait converti le frère, Polymius, roi d’Arménie. Mais, outre que les témoignages sur lesquels on voudrait s’appuyer pour dégager quelque chose de probable sur la vie apostolique et le martyre de Barthélémy sont peu autorisés, ce qui demeure évident, quand on les compare, c’est qu’ils se contredisent. L’art chrétien représente l’apôtre tantôt écorché, tantôt avec le couteau qui servit d’instrument pour son supplice, Ch. Cahier, Caractéristiques des Saints, p. 52, 673 ; cf. p. 288. Théodore le Lecteur, Hist., . ii, t. lxxxvi, l re part., col. 212, affirme qu’en 508 l’empereur Anastase fit élever un temple magnifique à Daras, en Mésopotamie, pour y recevoir les restes de saint Barthélémy, et Procope, JEdif., lib. ii, c. ii, édit. de Bonn, t. iii, p. 214, parle, en effet, d’une église qui y était dédiée à ce saint. Après avoir été transportées dans l’île de Lipari et puis à Bénévent, les reliques de l’apôtre sont aujourd’hui vénérées à Rome, dans l’église de Saint-Barthélemy-en-1’Ile. Voir notre Vie de Notre - Seigneur Jésus-Christ, t. i, p. 424 et 267 ; Tillemont, Mémoires, t. i, p. 387- ; Cave, Lives of the Apostles, p. 387-392. E. Le Camds.
2. BARTHÉLÉMY (ÉVANGILE DE SAINT). Le catalogue gélasien des livres apocryphes mentionne un s évangile apocryphe au nom de l’apôtre Barthélémy ». : les catalogues grecs d’apocryphes ne le mentionnent point. C’était, conjecture-t-on, un évangile gnostique. Il n’a rien de commun avec « l’évangile de Matthieu « .Voir col. 1469. Bède, Exposit. in Luc, i, proœm., t. xcii, col. 307, commentant les premiers mots de l’Évangile de saint Luc, rappelle que plusieurs se sont efforcés de narrer les faits évangéliques, et que quelques-uns ont mis en tête de leurs récits les noms de Thomas, de Barthélémy, de Mathias, des « Douze apôtres », de Basilide, d’Apelle. Ce texte de Bède n’est qu’une adaptation d’un texte de saint Jérôme, Comment, in Matth., prolog., t. xxvi, col. 17, qui, lui aussi, commentant le même verset de saint Luc, rappelle les évangiles apocryphes « selon les Égyptiens »,-et de Thomas, de Mathias, de Barthélémy, des « Douze apôtres », de Basilide, d’Apelle, etd’autres qu’il seraittrop long d’énumérer. On pense que saint Jérôme a pu emprunter cette information à Origène. L’évangile apocryphe de saint Barthélémy n’a pas laissé d’autre trace dans l’ancienne littérature chrétienne. Voir Apocryphes et Évangiles apocryphes.
P. Batiffol.
3. BARTHÉLÉMY DE BRAGANCE, aussi nommé
de Vicence, religieux de l’ordre de Saint-Dominique, naquit à Vicence d’une ancienne et noble famille de l’Italie. Cette famille portait le nom de Bragance, qui lui était venu d’un de ses fiefs, le bourg et la forteresse de Breganzeho. Le jeune Barthélémy étudia à Padoue, où il prit ï’habit des Frères Prêcheurs, si ce n’est peut-être à Bologne. Il aurait reçu l’habit religieux des mains de saint Dominique lui - même. On ignore, dit Échard, à quel âge il fit profession ; mais ce fut certainement avant l’an 1230. Vers l’an 1250, ses travaux et ses mérites appelèrent sur lui l’attention du pape Innocent IV, qui le nomma évêque de Némosie, suffragant de Nicosie, dans l’Ile de Chypre. Le même pontife l’envoya en Syrie, comme légat auprès du roi de France, saint Louis, dont il fut bientôt le confident. En 1256, il fut nommé évêque de Vicence, sa patrie, par le pape Alexandre IV. Successivement légat en Angleterre et à la cour de France, le prélat, après avoir joué un rôle considérable, mourut à Vicence en 1270.
— 1° D a commenté : la Genèse, le Lévitique, Isaïe, Ézéchiel, Jérémie, Daniel, les Machabées, le livre de la Sagesse, saint Matthieu, saint Marc, saint Jean, les Actes des Apôtres, les Épîtres canoniques. La bibliothèque des Frères Prêcheurs de Vicence possédait ces livres de la Bible, annotés et commentés de la main même de Barthélémy. — 2° Il a encore écrit un commentaire des Cantiques de la Bible, et un abrégé de ce même commentaire. — 3° Enfin il a commenté le Cantique des cantiques, ouvrage distinct du précédent, et dont voici le titre : Expositio in Cantica canticorum F. Bartholomeei Bregantii episcopi Nimonicensis ad illustrissimum regem Galliarum Ludovicum. Cette œuvre figure au catalogue des bibliothèques publiques et particulières de Venise, dressé par Tomasini. Ce commentaire, d’après ce catalogue, était dans la bibliothèque du monastère deSanFrancesco délia Vigna. — P. Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum, t. i, Paris, 1719, p. 254 ; Fabricius, Biblio^ theca latina, Florence, 1858, t. i, p. 169. 0. Rey.
4. BARTHÉLÉMY DE GLANVILLE. Voir GLANVILLE.
5. BARTHÉLÉMY DE MODÈNE. Voir BARBIERI.
- BARTHOLIN Thomas##
BARTHOLIN Thomas, célèbre médecin danois, né à Copenhague le 20 octobre 1616, et mort le 4 décembre 1680. En 1648, il fut chargé de la chaire d’anatomie à Copenhague et de la direction du musée anatomique. Ayant renoncé à l’enseignement en 1661, il fut nommé bibliothécaire et recteur de l’Université. Il était versé dans presque toutes les sciences. On a de lui : De latere Christi aperto, accédant Salmasii et aliorum de Cruce epistolse, in-8°, Leyde, 1646 ; Leipzig, 1685 ; De cruce Christi hypomnemata iv : 1° De sedili medio, 2° De vino myrrhato, 3° De corona spmea, 4° De sudore sanguineo, in-8°, Copenhague, 1651 ; in-12, Amsterdam, 1670 ; Bistoria paralytici primi ex quinto Joannis Evangelii, in-4°, Copenhague, 1647 ; Bistoria paralytici secundi ex Matth. nu et Duc. ru, în-4°, Copenhague, 1649 ; Historia paralytici tertii, in-4°, Copenhague, 1653 ; Chronolaxis Scriptorurn Veteris et Novi Testamenti sacrorum et prophetarum, in-f°, Copenhague, 1674 ; Paralytici Novi Testamenti medico et philologico commentario ïllustrati, in-4°, Copenhague, 1653 ; Bâle, 1662 ; Leipzig, 1685 ; De Morbis biblicis miscellanea medica, in-4°, Francfort, 1672, 4e édit., 1705. Cet opuscule et le précédent se trouvent dans Th. Crenii Opusciilorum quse ad historiam ac philologiam sacram spectant fasciculus V, in-12, Rotterdam, 1695. — VoirHannseus Georg, Oratio in obitum Th. Bartkolini, in-4°, Copenhague, 1680 ; Jacobæus Oliger, Oratio in Th. Bartkolini obitum, in-4°, Copenhague, 1681 ; Chr. V. Brunn, Bibliotheca danica, 2 in-8°, Copenhague, 1872, t. i, p. 94 et 134 ; Journal des savants, année 1695, t. xxiii, p. C22.
E. Levesqtie.
DICT, DE LA BIBLE.
- BARTIMÉE##
BARTIMÉE (BapTf(t « ioi ; , « fils de Timaî » ), nom d’un des deux aveugles que Jésus, montant pour la dernière fois à Jérusalem, guérit à Jéricho. Marc, x, 46-52. C’est celui qui se mit à crier : « Seigneur Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! » et son compagnon d’infortune en fit autant. Quand la foule, qui avait voulu d’abord leur imposer silence, eut dit que Jésus consentait à les guérir, et leur eut donné bon courage, puisqu’il les appelait, Bartimée jeta le manteau dans lequel il était accroupi et courut au-devant de Jésus, comme si déjà il n’était plus aveugle. Ils furent guéris tous deux. C’est probablement à la vivacité de sa foi, et peut-être au rôle qu’il joua plus tard dans l’Église naissante, que Bartimée a dû de voir son nom passer à la postérité. E. Le Camus.
BARTOLOCCI Julius(a Sanctavnastasia), né en 1613 à Celanno, dans les Abruzzes, mort à. Rome le 20 octobre 1687. Il fit profession à Rome, dans la congrégation des réformés de saint Bernard, de l’ordre de Clteaux. Envoyé en Piémont, il étudia la théologie à Mondovi et à Turin. Dès lors il laissa voir son goût pour les antiquités hébraïques. Il parcourut la plupart des bibliothèques d’Italie, et revint à Rome, où il enseigna l’hébreu au collège des néophytes, et fut nommé scriptor hébraicus à la Vaticane. Il profita des ressources que lui offrait la ville, si riche en bibliothèques, et des relations qu’il s’y créa, pour rassembler les matériaux de ses ouvrages. L’estime dont il jouissait dans sa congrégation l’arracha plusieurs fois à ses études et lui fit confier diverses charges. Il fut supérieur de Saint-Bernard de Brisighella et du monastère de même nom aux thermes de Dioclétien, plusieurs fois supérieur de la province romaine, enfin abbé de Saint-Sébastien ad Catacumbas. Il jouit de l’estime d’Inuocent XI, auquel il dédia le deuxième volume de sa Bibliothèque rabbinique. Il mourut d’apoplexie. — Son principal ouvrage est la Bibliotheca magna rabbinica de scriptoribus et scriptis hebraicis ordine alphabetico, hebraice et latine digestis, 4 in-f°, 1675-1694. Le quatrième volume, auquel il travaillait au moment de sa mort, fut publié par son disciple Imbonati, qui y joignit plus tard un cinquième volume, intitulé Bibliotheca latino-hebrœa. On a aussi de Bartolocci : Liber Tobise, filii Tobielis, en hébreu, avec version latine interlinéaire, indication des racines les plus difficiles, et commentaires d’après les rabbins. Cet ouvrage n’a pas été imprimé. Sa Bibliothèque rabbinique surpassa de beaucoup ce qu’avaient fait avant lui les Buxtorf, Jean Plantavit de la Pause et Hottinger. Wolf la prit pour base de sa Bibliotheca hébrma, et c’est grâce à Bartolocci qu’il a pu donner une aussi grande perfeetion à son œuvre. Richard Simon la critiqua vivement à son apparition, tout en reconnaissant sa valeur et son utilité. Il reproche à l’auteur de manquer de jugement dans le choix de ses matériaux, de eroire trop facilement aux fables des rabbins sur les origines de leurs livres, et même de né pas les avoir toujours compris. Ce jugement a été généralement ratifié par les auteurs qui se sont occupés de cet ouvrage. L’érudition de Bartolocci est en défaut sur certains points importants. Il a inséré dans sa collection des auteurs qui sont loin d’être Juifs, soit qu’il les ait crus tels, comme Moïse Amirauld et Nicolas de Lyre ; soit à cause de leurs écrits, comme Aristote et saint Thomas d’Aquin. Ce qui prouve néanmoins la valeur de cet ouvrage, ce sont les nombreuses dissertations que lui a empruntées Biaise Ugolini pour son Çàe§£fâ rus antiquitatum, les citations qu’en fait Calmet IflfMa Bibliothèque sacrée, Paris, 1728, et le profit qu’en a tiré Chérubin de Saint-Joseph pour sa Bibliotheca critiose sacrse, Louvain et Bruxelles, 1704-1706.
On trouve dans l’Histoire des Juifs depuis Jésus-Christ jusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoire de Josèphe (par J. Basnage, revue par Ellies Dupin), in-12, Paris, 1710, t. vil, p. 155-310, un catalogue alpha I. — 49
bétique des principaux rabbins et de leurs ouvrages, tiré de Bartolocci. — Voir Richard Simon, Bibliothèque critique, in-12, Paris, 1708, 1. 1, c. xxv ; Jean Le Clerc, Bibliothèque ancienne et moderne, Amsterdam, 1821, t. xvi, ne part., p. 323 ; Morozzo, Cistercii reflorescentis chronologica historia, Turin, 1690 ; J. Petzholdt, Bibliotheca bibliographica, 1866, p. 429. J. Olivieri.’BARUCH. Hébreu : Bârûk, « béni ; » Septante : BapoûxNom de quatre personnages bibliques.
1. BARUCH, prophète, disciple et secrétaire de Jérémie. I. Notice sur Baruch. — Baruch, fils de Nérias, était frère de Saraïas, un haut personnage de la cour de Sédécias. Jer., Ll, 59. On ne sait ni quand ni comment il se lia avec Jérémie. Il apparaît soudain comme son disciple et son secrétaire. Il écrivit sous sa dictée un volume de prophéties, qu’il lut un jour d’une des cellse du temple au peuple assemblé. Joakim, dont le livre traversait les secrets desseins, se le fit apporter, en lut trois ou quatre pages, et le jeta au feu. Il ordonna même d’arrêter l’auteur et l’écrivain, mais Dieu les cacha et les sauva. La même année, peu après, Jérémie prit un autre parchemin, et Baruch y écrivit, outre les prophéties déchirées, d’autres prophéties que son maître lui dicta. Jer., xxxvi, 4-32 ; xlv. Il eut un instant de découragement, mais Dieu releva son courage, en lui promettant la vie sauve, quand viendrait « le jour de Jérusalem ». Ce jour vint, en effet, et le prophète échappa. Il fut même traité avec faveur par Nabuzardan, qui le laissa libre, ainsi que Jérémie, de rester en Judée ou de partir. Il se retira avec son maître à Maspha, où Godolias avait rassemblé les tristes restes des Juifs laissés dans leur pays. Godolias ayant été tué par trahison, la petite colonie voulut fuir en Egypte. Jérémie, consulté, s’y opposa. On rejeta sur Baruch l’opposition du prophète. On passa outre, et on les emmena tous deux à Taphnis, à l’entrée de l’Egypte. Jer., xliii. — Cinq ans après, en 583, Baruch se retrouve à Babylone, où Jérémie sans doute l’avait envoyé. II y lisait, au jour anniversaire de la prise de Jérusalem, un écrit composé par lui, et dont la lecture fit sur les captifs présents un grand effet. Il fut renvoyé avec ce livre, une lettre et quelques offrandes, à Jérusalem, aux frères restés au milieu des ruines. Puis il rejoignit son maître en Egypte. Là s’arrête l’histoire. — La tradition et la légende ajoutent plusieurs traits. ^Voici ce qu’elles disent. Tradition chrétienne : Tous deux, le maître et le disciple, seraient morts en Egypte, lapidés par leurs ingrats concitoyens. Légendes juives : Tous deux auraient été ramenés d’Egypte en Chaldée, en 578, par Nabuchodonosor, et seraient morts à Babylone. Autre légende : Baruch s’y serait réfugié après la mort de Jéfémie, et y serait mort en 576, et même beaucoup plus tard. Autre légende : Il aurait été le maître d’Esdras, lequel ne serait monté en Judée qu’après la mort du vieux prophète. Tout cela est incertain, et même en partie incroyable. Voir Kneucker, Bas Buch Baruch, p. 2-4. — Le livre dit de Baruch est formé d’un écrit dont il est l’auteur, et d’une épltre qui est de Jérémie.
IL Analyse et division du livre. — Il s’ouvre par une courte notice historique, suivie d’une lettre. La notice est de l’auteur lui-même, qui rapporte comment il a lu son livre aux captifs réunis autour de lui, nommément àJéchonias, et comment ils en ont été très émus. La jpHgb0t des exilés eux-mêmes, qui l’envoient par Baruch ^iPlëjïrs frères de Jérusalem ; ils les invitent à offrir à Dieu, dans le temple, un sacrifice ((livva ; hébreu : minhah) avec le peu d’argent qu’on leur remettra ; à prier « pour la vie de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et pour la vie de Baltassar son fils » ; à lire entre eux, aux jours de fêtes, le livre qui leur sera apporté par Baruch, son auteur (i, 1-14). — D. y a dans ce livre, selon l’opinion commune et ancienne, deux parties distinctes.
La première (i, 15-m, 8) est une prière et une humble confession du peuple repentant. À Jéhovah notre Dieu la justice, à nous et à nos pères la honte et la confusion ; car du jour où nous fûmes tirés de l’Egypte, nous n’avons guère cessé d’être inattentifs, incrédules, insoumis aux prophètes. Nous avons péché par désobéissance. Aussi Dieu a-t-il amené sur nous les maux dont il nous menaçait par ses serviteurs les prophètes ; nous avons été livrés à tous les rois d’alentour, dispersés parmi les peuples ; « mis au-dessous et non pas au-dessus » ( ii, 5). — Nous le confessons, nous avons péché, nous avons agi en impies, ô Jéhovah notre Dieu. Mais arrêtez votre colère, écoutez notre prière, et délivrez-nous à cause de vous et de votre nom, à cause de notre pénitence et des maux extrêmes que nous souffrons dans cette servitude, à cause enfin des promesses que vous avez faites de nous ramener dans le pays de nos pères, pour n’en plus sortir. — Et maintenant, ô Dieu tout-puissant, exaucez-nous. Ayez pitié de nous, parce que vous êtes bon et que nous avouons nos crimes. Oubliez les iniquités de nos pères ; car vous êtes notre Dieu, loué par nous, dispersés et captifs. — Tout porte à croire que cette prière touchante devint très vite familière au peuple affligé. On la répéta partout, et c’est ce qui explique qu’on en retrouve des traces dans Daniel, ix, 6, 15. — La seconde partie (m, 9-v, 9) est une exhortation du prophète au peuple. Le peuple se flétrit (bâlâh) en terre étrangère. Pourquoi ? C’est parce qu’il a abandonné la sagesse. Mais où est-elle, cette sagesse ? qui la connaît ? qui peut la révéler ? Ce ne sont ni les rois et les grands, ni les sages de Théman, ni les peuples qui se livrent au négoce : ils n’ont pas connu la sagesse, ils ne sauraient la révéler. Dieu seul, omniscient, créateur et modérateur du monde, sait où elle repose. Il l’a révélée à Jacob son fils, à Israël son bien-aimé. Puis il l’a fait apparaître sur la terre et converser avec les hommes ; c’est la Loi, c’est le livre des préceptes de Dieu. Soyez sans crainte, ô Israël ! Vous êtes livré au malheur. Jérusalem, que le prophète fait parler, s’en plaint, et aux nations voisines, et à ses fils eux-mêmes, qu’elle dit ne pouvoir pas secourir : ils ont péché, c’est pourquoi Dieu fait tomber sur eux tous les maux. Mais tout cela changera. Les dispersés reviendront d’orient et d’occident, pleins de joie et d’honneur. Jérusalem ensuite est invitée à se revêtir de gloire et de magnificence. Ses fils, qu’elle a vus partir captifs, lui reviendront portés comme sur des trônes. Ils reviendront par des chemins aplanis, ombreux et pleins de lumière : l’allégresse, la miséricorde et la justice de Dieu seront avec eux. Tel est le sujet du livre de Baruch.
III. Unité du livre. — L’analyse qui précède met cette unité hors de doute. Une même pensée domine, en effet, dans les deux parties, et l’une appelle l’autre » l’humiliation et l’aveu de la justice du châtiment se lient naturellement au relèvement et à la gloire. C’est là l’opinion catholique. Plusieurs écrivains affirment le contraire et distinguent dans le livre deux (et même trois) écrits séparés ; mais les raisons sur lesquelles ils s’appuient sont très faibles. Ils disent 1° que la langue et le style sont bien différents dans les deux parties : la première en général ne vaut pas la seconde à cet égard. Soit, mais cette différence admise s’explique autrement que par la diversité d’origine ; on l’explique mieux par la diversité du sujet, ce qui en outre est plus naturel. Ils disent 2° que les références scripturaires ne sont pas les mêmes dans les deux parties : Isaïe est cité dans la première, et Jérémie surtout dans la seconde. Soit, mais cela ne prouve rien. D’ailleurs ce n’est pas absolument exact. Ils disent enfin 3° que l’on constate dans la seconde partie des traces de philosophie grecque et des termes alexandrins qui ne se trouvent pas dans la première. Il n’en est rien, car la philosophie de ce livre est empruntée, non pas aux écrits alexandrins, mais à l’Écriture elle - même, à Job nommément. Quant aux mots un
BARUCH
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censés alexandrins, 0. Fritzsche, qui a trouvé cette preuve, n’en cite que trois : iii, 23 ((luSôXo’yoi) ; iii, 24 (4 ofxoç toO 6soû = l’univers) ; iv, 7 (gaipiôvia = idoles). Un de ces trois mots, le second, est biblique, car on le voit déjà Gen., xxviii, 17 ; les deux autres sont très probablement du traducteur, qui, imitant en cela les Septante, a rendu en style grec l’idée plutôt que le terme hébreu. Knabenbauer, Comment, m Danielem, p. 444. Il n’y a donc aucune bonne raison pour s’écarter du sentiment commun et croire avec quelques rationalistes, contredits d’ailleurs par d’autres, que le livre est formé de deux ou trois écrits juxtaposés.
IV. Auteur du livre. — Il n’est pas douteux que Baruch ne soit cet auteur. Il n’aurait fait, dit-on, qu’ « écrire », i, 1, ce que dictait Jérémie ; mais c’est faux. Il a composé lui-même son livre. On le prouve par la tradition tout entière, qui n’a jamais varié. On peut aussi le prouver par le livre lui-même. On y lit, i, 1 : « Ces paroles sont celles du livre qu’écrivit Baruch. » On doit croire à cette assertion, à moins qu’elle ne soit montrée fausse. Or tant s’en faut qu’elle soit fausse, que tout, au contraire, en établit la vérité. Les données du livre coïncident, en effet, avec ce que l’on sait par ailleurs de Baruch et des temps où il vécut. Comme disciple et scribe de Jérémie, il doit a priori imiter le mode de penser, le style et les procédés de son maître. C’est ce qui a lieu. Les grands traits de son livre : — que Dieu punit justement les Juifs coupables ; qu’ils ont violé ses préceptes dès l’origine, malgré les avertissements des propriétés ; que Dieu, qui veille, a amené sur eux les maux dont ils souffrent ; qu’ils ne doivent pas, malgré cela, désespérer, car un temps de restauration et de gloire va venir, — sont aussi la trame des prophéties de Jérémie. Quelques-unes de ses expressions, les caractères de son hébreu, autant qu’on en peut juger par une version, rappellent Jérémie. Il n’y a pas jusqu’à ses citations d’écrivains sacrés, Moïse, Isaïe, qui ne fassent souvenir de Jérémie, si coutumier de ce fait. Puis, tout ce que dit le livre, de la date où il fut écrit, de l’incendie de la ville et du temple, i, 1, 2, des vases d’argent faits par Sédécias, 1, 8 ; des prières pour Nabuchodonosor et son fils, car dans la paix de leur régne est la paix des exilés, I, 11, 12 ; Jer., xxix, 7 ; des péchés commis, de l’exil encouru par eux et qui sera très long, i, 12 ; Jer., xxix, 10, etc. : tout cela fait penser au début de l’exil ; c’est l’expression de sentiments éprouvés par l’auteur. Le livre en lui-même est donc une preuve, sinon péremptoire, du moins très probable, de la vérité de l’attribution dont il s’agit.
Les rationalistes, en général, ne sont pas de cet avis. Ils croient que ce livre n’est ni de Baruch ni de son temps, car il contient des erreurs et des invraisemblances qu’on ne s’explique pas autrement. Il y est dit que Baruch a lu son livre à Babylone, qu’il l’a lu devant Jéchonias (i, 3), ce qui ne saurait être, car, à cette date, Baruch était en Egypte, et Jéchonias vivait dans une étroite prison ; — qu’il doit remporter les vases d’argent faits par Sédécias (i, 8) : ces vases, qu’avait pillés le Chaldéen, ne sont mentionnés nulle part ; — qu’il remettra au grand prêtre Joakim de quoi offrir des sacrifices sur l’autel, dans le temple (i, 10) ; mais il n’y avait plus ni autel ni temple, et le grand prêtre d’alors, Josédek, était en exil ; — que le peuple épargné et resté en Judée priera pour Nabuchodonosor et pour son fils Baltassar (i, 11), ce qui est une invraisemblance : on ne prie pas pour ses tyrans, et une erreur : le fils de Nabuchodonosor était Évilmérodach et non Baltassar ; — que le peuple exilé et captif a vieilli (iitoCkoutâ^i ; ) en terre étrangère (m, 10), ce qui est faux, puisque la plupart n’étaient à Babel que depuis cinq ans. Enfin, ajoute-t-on, ce livre porte des traces certaines d’emprunts faits à Daniel et à Néhémie, ce qui en abaisse la date après eux et en enlève la composition à Baruch. — Tout cela est spécieux, mais cependant sans valeur. En effet, rien ne s’oppose à ce que Baruch, qui vivait avec Jérémie,
soit allé d’Egypte à Babylone, la cinquième année de l’exil, et qu’il y ait lu le livre en question. Il a très bien pu le lire’aussi devant Jéchonias, car ce roi, qui s’était rendu volontairement aux Chaldéens, paraît avoir joui en exil d’une certaine liberté, si bien que plus tard il put même s’asseoir à la table royale. IV Reg., xxv, 27-30. Nulle part ailleurs, c’est vrai, il n’est question des vases de Sédécias ; mais qu’importe ? le fait est des plus croyables, et en outre il est attesté ici. Puis, s’il est parlé de sacrifices à offrir au temple, ce n’est pas à dire que celui-ci fût encore debout : l’emplacement, les gros murs épargnés par le feu, une certaine et hâtive construction ou réparation, peuvent bien être appelés la maison de Dieu ; Jérémie, xii, 5, atteste du reste que les Sichémites y ont offert des présents, en hébreu, minhah, le même mot que dans notre texte. De plus, Joakim, à qui ces offrandes sont adressées, n’est pas traité de grand prêtre ; il est appelé simplement prêtre (ô îepeùç), sans doute le chef des lévites assemblés et vivant autour des ruines ; mettons qu’il était peut-être un vice-grand prêtre. Que s’il est dit ensuite que l’on priera pour les rois babyloniens, il n’y a rien en cela que de naturel ; car Jérémie dit absolument la même chose, quoique la captivité fût encore loin, et elle devait durer longtemps. Quant à Baltassar donné comme étant fils du conquérant babylonien, c’est une assertion de notre auteur, et je crois qu’on ne peut s’en écarter sans raison. Connaît-on bien par le détail toute l’histoire de ces temps ? Il y a quelque dix ans à peine que l’on ignorait l’existence d’un frère plus jeune de Nabuchodonosor, nommé Nabusulisia. Qui oserait nier décidément que le grand roi n’ait eu un fils du nom de Baltassar, mort avant lui et ayant laissé ses droits à Évilmérodach son frère ? N’insistons pas sur la difficulté faite avec le grec 17taXai(66ï) ; : tout hébraïsant sait que les Septante rendent par là le verbe bdlâh, qui signifie « être flétri », sans annotation de durée. — Enfin l’imitation de Daniel, qui se voit, dit-on, dans la première partie du livre, n’est rien moins que constatée. Baruch et Daniel se ressemblent, c’est très vrai. Mais lequel des deux a imité ou copié l’autre ? Les deux textes collationnés ne permettent pas de trancher la question. Nous croyons que c’est Daniel, parce que la prière de Baruch a été lue très certainement en Israël dès la captivité, et qu’elle a continué de l’être plus tard, de sorte que Daniel, lecteur assidu de Jérémie, l’aura connue et s’en sera inspiré. Les rationalistes en définitive sont donc mal venus à rejeter pour cela l’authenticité du livre. Il est certainement de Baruch. Cornely, Introduct., ii, 2, p. 420 et suiv. ; Knabenbauer, Daniel, Baruch, p. 436 et suiv.
Du reste, assez unanimes pour nier, ils se divisent étrangement s’il s’agit de fixer la date et de nommer l’auteur : ils ont là-dessus les hypothèses les plus personnelles ; les uns en font une œuvre indivise ; d’autres y voient la réunion de deux ou trois écrits ayant chacun son auteur, auteurs d’ailleurs inconnus. La date du livre varie presque avec chaque critique : Dillmann l’attribue au IVe siècle ; Grûneberg, au temps des deux premiers Ptolémées ; Hàvernick, au temps des Machabées. H. Ewald discerne deux écrits, qu’il place, le premier, à la fin de la domination persane, l’autre, vers l’an 320. Mais ailleurs il exprime une opinion différente. E. Reuss date le premier écrit des Ptolémées, et renvoie l’autre après les guerres machabéennes. Plusieurs enfin rejettent le tout après l’an 70. J. Kneucker, qui a beaucoup étudié ce livre, est de ce nombre. Il met d’abord en doute l’historicité ttSfe récit (i, 1-14) ; bien à tort, nous l’avons vu. Puis il rapporte en détail tout le livre à la ruine de Jérusalem par Titus, en l’an 70. Le prouve-t-il ? Très certainement non. Impossible d’admettre son système. En deux mots, il croit trouver, dans le livre, la ville et le temple incendiés, détruits par Vespasien et Titus ; les Juifs tués pu vendus comme esclaves, servant de gladiateurs aux jeux du cirque, appliqués à la construction de l’amphithéâtre fia
vien, puis des thermes de Titus ; la Judée représentée en vaincue et en captive ; les tremblements de terre et même l’éruption du Vésuve ( ! ), qui désolèrent la Campanie en 79. Et il voit sérieusement tout cela dans Baruch, H, 31-35, et surtout iii, 16-18. Une opinion qui se réclame d’une pareille preuve est jugée. Les autres, celles de Grûneberg, de Hàvernick, d’Ewald, de Reuss, ne sont pas mieux fondées. Inutile de les discuter.
V. Inspiration et canonicité du livre. — Le livre est inspiré. On le prouve par les raisons ordinaires : il est probablement connu de Daniel, qui s’en sert ; fait partie de la Bible hébraïque après l’exil ; est traduit en grec et passe comme les autres dans les Septante ; les anciennes versions le possèdent, mêlé aux autres indistinctement, comme on le voit par les vieux manuscrits ; il est lii, par conséquent, dans les offices liturgiques ; il est même lu officiellement par les Juifs, tous les ans, à un jour marqué. D’autre part, il est, — à certaines exceptions près, — sur toutes les listes ou canons. Il est cité enfin par les Pères, très souvent depuis saint Irénée, comme un écrit inspiré. Voici toutes ces citations, d’après H. Reusch (Erklàrung des Buchs Baruch, p. 1-21), le P. Tailhan (dans Kilber, Analysis biblica, 1. 1, p. 428) et des recherches personnelles : Athénagore, Légat, pro chr., 9, t. vi, col. 908 ; S. Irénée, Adv. hser., v, t. vi, col. 1034, 1219 ( Bar., iv, 36, 37, et v tout entier) ; Clément d’Alexandrie, Psedag., i, 10 ; ii, 3, t. viii, col. 357, 360, 433, 436 : xaYx.i.u>t £) (ÎEta XéyEt yça^-rj, cf. S. Davidson, The Canon of the Bible, p. 101, 102 ; Origène, Hom. ri in Escod., t. xiii, col. 581 ; xiv, 254, 1000 ; S. Denys d’Alexandrie, De martyr, ad Orig., c. il (éd. romana, 1796, p. 18) ; S. Hippolyte, Cont. Noet., ii, 5, t. x, col. 805, 809 ; Tertullien, Scorp. cont. gnost., 8, t. ii, col. 137 ; S. Cyprien, De orat. dom., t. iv, col. 522 ; Firmicus Maternus, De errore, 29, t. xii, col. 1044, 1045 ; Commodien, Carm. apol., v, 371, t. xv Corp. script, eccles., Vienne, 1887, p. 139 ; S. Hilaire, t. ix, col. 482 ; t. x, col. 127, 155 ; S. Phébade d’Agen, t. XX, col. 44 ; Zenon de Vérone, t. XI, col. 410 ; S. Philastre, t. XII, col. 1265 (note c) ; S : Ambroise, t. xv, col. 181, 327, 1005 ; S. Athanase, Epist. fest., t. xxvi, col. 1176, 1436 ; t. xxv, col. 443 ; cꝟ. 450 ; t. xxvi, col. 35, 318, 50, 235, 251, 298, 547, 1023, 1214, 350 ; Didyme, t. xxxix, col. 399 ( Jeremias vero etiam aut Baruch), 467, 555, 1358, 1752 ; S. Cyrille de Jérusalem, ’Catech., iv, 31, t. xxxiii, col. 500 ; S. Méthode, t. xviil, col. 143, 374 ; Eusèbe de Césarée, t. xxii, col. 467 (taïç ÔEiatç tpwvaic), H37 ; t. xix, col. 461 ; t. xxiv, col. 947 ; S. Basile, t. xxix, col. 706 ; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxv, col. 950 ; t. xxxvi, col. 122 ; S. Éphrem, Serm. adv. jud. (Op. syr., iii, p. 213) ; S. Basile de Séleucie, t. lxxxv, col. 439 ; Théodoret, t. lxxx, col. 1374 ; t. lxxxi, col. 759-779 (commentaire sur Baruch : Admirandus Baruch) ; S. Jean Chrysostome (édit. Gaume, 1. 1, p. 695 ; t. iv, p. 793, 794 ; t. v, p. 234, 274 ; t. vi, p. 14) ; S. Épiphane, t. xl, col. 998 [ut Scriptura dicit), 1007 ; t. xlii, col. 251, 286, 378, 814, 822 ; t. xliii, col. 166 ; Rufin, Patr. lai., xxi, 344 ; S. Augustin (édit. Gaume, t. viii, p. 405, 1136 ; t. vii, p. 652 [alius propheta], S’il ; t. x, p. 1384, 1421, 1433) ; Anonyme, De voc. Gent., Patr. lat., t. ii, col. 861 ; Paul Orose, t. xxxi, col. 1198. — Remarque : Entre toutes ces citations, il en est une qui revient incessamment, c’est celle de Bar., iii, 36-38 ; on a constaté que pendant les cinq premiers siècles plus de trente Pères avaient usé de ce texte, l’attribuant ou à Baruch ou à Jérémie, en tout cas le regardant comme inspiré. — Le livre n’a pas toujours été regardé partout comme canonique. Vers le IV 8 siècle, il n’était pas inséré au canon unanimement ; on doutait ; on niait même qu’il fut inspiré ; c’était le fait de quelques Pères, même de quelques Églises. Mais cette hésitation ne persista pas : au VIe siècle, elle avait presque complètement cessé. Le concile de Trente, après d’autres, rangea Baruch parmi les livres inspirés, sans distinction ; il en. a toute l’autorité sacrée
et canonique, car, comme ceux-ci, il a été proposé par l’Église comme ayant Dieu pour auteur.
VI. Texte et versions du livre. — Le texte primitif a été écrit en hébreu. Le seul fait d’avoir Baruch pour auteur suffirait à le montrer. Mais il y a d’autres preuves. Il fit partie du canon juif ; il fut lu officiellement dans les synagogues, ce qui indique certainement un texte hébreu. Origène d’ailleurs, nous l’avons dit, l’a marqué de ses signes diacritiques, ce qu’il ne faisait que pour les livres qu’il avait en hébreu. Du reste, un manuscrit syro-hexaplaire porte à la marge ces mots significatifs : « Ceci ne se trouve pas en hébreu, » et cela en trois endroits. Théodotion enfin a traduit l’écrit de l’hébreu. L’hébreu est donc bien le texte original. — Mais n’auraiton pas ces preuves, que le grec actuel le prouverait assez. Il est, en effet, si rempli d’hébraïsmes, qu’on ne saurait douter qu’il provient de l’hébreu. Quelques-uns pourraient à la rigueur venir d’un Juif helléniste, sachant le grec des Septante ; mais plusieurs autres ne s’expliquent que par l’hypothèse d’un hébreu original. Les voici : u.âvva (i, 10), de minhâh (Vulgate : manna) ; èpyâCs<j6cu (i, 22), de’âbad ; » v’^âpto^vi (i, 17), de’aSér ; wç i r|[iipa ocO’tï) (i, 20), de kayôm hazzéh ; $6>.&-i]mç (n, 29), de hâmôn ; ou… èxeï (n, 4, 13, 29), de’asér… sâm ; xocMo-Ôoci (v, 4), de niqrâ’; cMpwiroç (n, 3), de’îs ; àizoatokf] (il, 25), de dâbâr pour débér, etc. Voir J. Kneucker, Baruch, p. 23-29 ; cf. Reusch, Baruch, p. 72-78. La plupart des protestants, du reste, ne font pas difficulté pour admettre un original hébraïque. Que si plusieurs défendent le grec, ils sont en petit nombre, et les raisons qu’ils invoquent ne convainquent pas. Tout aussi peu croyables sont ceux qui, comme O. Fritzsche, veulent que la première partie ait été écrite en hébreu, et la seconde en grec. Quoi qu’il en soit, le texte hébreu est perdu. Origène le posséda certainement ; mais peu après lui il avait déjà disparu, car S. Jérôme ne l’avait plus. On a tenté depuis de le restituer. Un de ces essais, le meilleur, je crois, est celui de J. Kneucker. Ce n’est pas que tout y soit absolument certain, non ; il indiquelui -même par des signes les glossèmes et les leçons ou additions textuelles qu’il conjecture, mais le choix de ses mots, la forme de son texte est justifiée par les notes très riches de son commentaire. Baruch, p. 351 et suiv. La version grecque a été faite sur l’hébreu ; c’est la seule version immédiate que nous ayons. On ne sait quel en fut l’auteur. Il se pourrait que ce soit le traducteur de Jérémie, ce qui porte à le croire, c’est la ressemblance constatée entre les deux traductions, même dans leurs défauts. Cornely, Introduct., t. ii, part. ii, p. 424 ; Knabenbauer, Daniel, p. 444. Ce n’est pas l’opinion de J. Kneucker, qui exige deux traducteurs, appuyé sur les différences de version qu’il croit remarquer entre les deux parties du livre (Baruch, p. 76 et suiv.) ; mais sa conclusion n’est pas rigoureuse. Knabenbauer, Daniel, p, 444, 445. La version grecque est représentée actuellement par plusieurs manuscrits, que Fritzsche divise en trois classes, l’unecomprenanl les mss. 22, 48, 51, 231, 62, 96, auxquels on peut ajouter les mss. 36, 49, 26, 198 (en partie) et 229 ; l’autre, les mss. iii, 33, 70, 86, 87, 88, 90, 91, 228, 233, 239 ; la troisième, les mss. mixtes xii, 23, 106. On peut avoir par là en somme un texte grec très pur, notamment avec le ms. À Vaticanus et les mss. iii, xii, 22, 233, 239. J. Kneucker, Baruch, p. 92, 93 et 97. — La version latine vient du grec, c’est l’ancienne Itala avec ses défauts et ses. qualités. S. Jérôme n’a pas touché à ce livre, on le sait. On peut dire qu’elle rend le grec servilement : on le voit à la latinisation de mots grecs, aux provincialismes ; qui s’y trouvent, et à l’usage des pronoms ille, ipse, qui tiennent lieu de l’article grec. Knabenbauer, Daniel, p. 445. On a deux recensions de ce texte : l’une que l’on, -appelle Vêtus latina a, l’autre Vêtus latina b ; celle-ci diffère de la première par plus d’élégance, de brièveté en général, par quelques additions et des sens divers. La première donne le texte grec vulgaire, l’autre le textuz
receptus, lorsqu’elle s'écarte de sa voisine. Du reste, on n’est pas encore fixé sur le rapport exact de ces deux recensions. On les trouve dans Sabatier, Bibl. sacr. lat. Vers, ant., Paris, 1751, t. ii, p. 773 et suiv., et dans Bibl. Cassinens., i, 284-287. Cf. J. Kneucker, Baruch, p. 141-163. les autres versions anciennes médiates, syriaques (deux), copte, . éthiopienne, arabe, arménienne, ont moins d’importance. Voir J. Kneucker, qui en fait la critique, Baruch, p. 163 et suiv.
VII. Prophéties messianiques du livre. — On regarde .comme prophéties messianiques Bar., ii, 34, 35 ; iv, 37-v, 9, et surtout iii, 36-38. On en prouve la messianité par les raisons connues : raisons d’autorité et raisons tirées du sujet. Ne parlons pas des deux premières, ce sont des prophéties très générales, comme on en trouve plusieurs ; elles renferment trois grandes idées ; 1° le retour d’Israël et
le sujet logique du ꝟ. 37 est le Messie. Le syriaque est comme la Vulgate, il rapporte ces verbes au Messie, la Sagesse personnelle, témoignant ainsi que ce texte est messianique. La tradition du reste est explicite à cet endroit. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 488, 489, donnant les noms de vingt-cinq Pères ou écrivains grecs et latins qui entendent ce passage du Messie. Cf. H. Reusch, Baruch, Anhang, p. 268-275. À vrai dire, on l’interpréterait difficilement en un autre sens ; c’est pour cela peutêtre que quelques rationalistes en nient l’authenticité. J. Kneucker, Baruch, p. 311-313. Voir, pour l’interprétation de ces prophéties, L. Reinke, Beitràge zur Erklârung des Alten Testament, t. iv, Munster, 1855, xii.
VIII. Épître de Jérémie, Bar., vi. — Les manuscrits grecs, en général, séparent cette lettre du livre même de Baruch ; c’est un écrit distinct, qui vient après les Lamen 454. — Procession des dieux. D’après Laj-ard, Monuments of Nineveh, t. i, pi. 65.
son expansion par tout l’univers ; 2° la paix et le bonheur au sein duquel il vivra éternellement ; 3° l’action propre de Dieu, cause de ce retour et de cette félicité. Voir spécialement Bar., v, 1-5 : c’est une très poétique description de la Jérusalem du retour, ou mieux de l'Église. — ^Expliquons la troisième prophétie. En voici le texte :
Tel est notre Dieu,
Et nul autre ne lui est comparable.
C’est lui qui sait et possede’toute sagesse :
Et il l’a donnée à Jacob, son serviteur,
Et à Israël, son bien-aimé.
Après cela on l’a vue sur la terre,
Et elle a conversé parmi les hommes. Bar., iii, 36-38.
Il s’agit dans tout ce chapitre de la sagesse. L’auteur en cherche les origines. Ayant dît qu’elle ne s’acquiert ni par or et argent, ni par force et pouvoir, ni par échange, il .affirme enfin qu’elle est en Dieu ; c’est lui, le Dieu unique et vivant, qui la possède toute ; c’est lui qui l’a donnée à Israël en lui donnant la Loi : la Loi est cette sagesse. Après cela (nz-à toûto), on l’a vue sur la terre, et elle -est entrée en rapport avec l’homme..Grammaticalement parlant, le sujet des deux verbes ù'ç6r| et o-uvav « rrpâ(pr| (ꝟ. 37) est la sagesse, c’est certain. La sagesse de Dieu, est-il donc dit, s’est manifestée en Israël par la Loi et la Révélation, au Sinaï, dans le désert, dans Sion, au temple, par les prophètes. Sa suprême manifestation s’est faite dans le Messie, la Sagesse personnifiée et incarnée, qui s’est préparé les voies en Israël par la Loi et les prophètes. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 489. C’est pourquoi
tations. Il n’est pas douteux qu’il ne soit de Jérémie. L’entête, en effet ( vi, 1), le donne comme étant de lui, et il n’y a aucune espèce de raison pour révoquer en doute cette attribution. On objecte bien que la lettre a été écrite en grec, et qu’elle recule le temps et la durée de l’exil après sept générations, tittâ y ev - a c> contrairement à ce qui est dit Jer., xxv, 11. Objections sans valeur, car le grec de la lettre, quoique meilleur que celui du livre, trahit cependant la version ; c’est l’hébreu qui est le texte original. Puis le chiffre de sept générations ne contredit pas les soixante-dix ans de Jérémie ; car, sans recourir aux trois ou quatre solutions possibles de cette difficulté, on doit admettre que le mot ysvsa répond à l’hébreu dôr ; or, en soi,-dôr signifie simplement « durée », sans détermination. Les sept générations n’exprimeraient donc pas autre chose qu’une « longue durée ». Outre ces deux preuves d’authenticité, il en est une autre, consistant dans la parfaite convenance des choses dites avec le temps et la science de Jérémie. C’est- à- dire que les détails si précis, si multiples, donnés par la lettre, répondent si bien à l’histoire connue, que seul un contemporain comme Jérémie, lequel pouvait les avoir appris dans ses voyages en Chaldée, a pu les exprimer avec tant de vérité. Voir, pour cette preuve, Knabenbauer, Bai~uch, p. 447 et suiv., avec références à M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 3e édit., t. IV, p. 308 et suiv., et au P. G. Brunengo, L’Impero di Babilonia, etc., t. i, p. 71 ; t. ii, p. 330. Tout cela établit que la lettre est vraiment authentique. — Affirmons par conséquent
qu’elle est inspirée et canonique. D’abord" on n’a aucun écrit de Jérémie qui ne le soit ; puis les Juifs l’ont toujours regardée comme telle. Les Pères en outre la citent comme Écriture, et quelques-uns même, comme F. Matemus, De errore, 29, Patr. lat., t. xii, col. 1044, abondamment. On la trouve nommée dans plusieurs listes grecques. Si des catalogues latins ne la mentionnent pas expressément, c’est qu’ils la comprennent dans le livre de Baruch. Elle est alléguée II Mach., ii, 2. — Elle a pour objet de prémunir contre le péril d’idolâtrie les Juifs vaincus, que Nabuchodonosor allait transporter à Babylone. Le péril était grand, en effet. Ils allaient voir en Assyrie des dieux, des temples, un culte, des théories ou processions d’un éclat étrange, inouï (fig. 454). Ils s’entendraient dire par les Chaldéens : « Voici nos dieux ; ils ont vaincu le vôtre, eux seuls sont dieux. » Ils allaient vivre, et longtemps, en pleine idolâtrie. Vigouroux, loc. cit. Quel péril, quelle séduction pour eux, si enclins par nature à adorer les dieux des nations ! Jérémie eut la claire vue de ce pressant danger, et il voulut le conjurer en écrivant cette lettre. Il y développe cette idée : « Ce ne sont pas des dieux ; ne les craignez pas, ne les adorez pas, » qu’il répète jusqu’à douze fois dans les soixante-douze versets de ce petit écrit (14 et 15, 22, 28, 39, 46, 49, 51, 55, 63, 64, 68, 71). Il l’établit par les raisonnements les plus simples. Son style d’ailleurs est très ordinaire. Tout cela, style et choix des preuves, tient au genre de lecteurs qu’il devait avoir. Il écrivait pour le pauvre peuple, inaccessible en général aux raisons abstraites et raffinées. — Il y a dans sa lettre quatre pensées principales. Il y prouve la vanité des dieux babyloniens : 1° par la matière dont ils sont faits : c’est de l’or, de l’argent, du bois, de la pierre, et ils ne valent pas mieux que les carrières et les forêts d’où ils sont tirés ; 2° par la turpitude du culte qu’on leur rend : c’est par la prostitution des vierges qu’on les honore (Voir J. Menant, Babylone et la Chaldée, Paris, 1875, p. 230 et suiv.) ; 3° par l’inutilité des honneurs dont on les entoure ; 4° et par leur totale et absolue impuissance : ils ne sauraient se défendre eux-mêmes contre le feu, les voleurs, la rouille ou les vers ; s’ils tombent, ils ne se relèvent pas ; ils ne peuvent même pas marcher, il faut qu’on les porte ; les hiboux, les hirondelles, les corbeaux et les chats se promènent impunément sur eux. Non, ils n’ont aucune vertu ; ils ne valent même pas le soleil et les astres qui nous éclairent, les bêtes vulgaires qui servent à l’homme. Il est donc évident que ce ne sont pas des dieux, et qu’il ne faut pas les craindre. Toute cette exhortation est précédée d’une notice très brève (1 et 2), où l’auteur donne la cause de la captivité, annonce qu’elle durera de « longs temps », après quoi toutefois Dieu ramènera les exilés en paix.
IX. Auteurs principaux ayant spécialement écrit sur Baruch. — Théodoret, Patr. gr., t. lxxxi, col. 760-780 ; Olympiotfore, Patr. gr., t. xciii, col. 761-780 ; M. Ghislerius, In Jerem. comment., Lyon, 1623, t. m ; Albertus M., Oper., édit. Jammy, t. vin ; J. Maldonat, Comment, in Jerem., Baruch, etc., Lyon, 1609 (œuvre posthume) ; Christ, de Castro, Commenlarior. in Jet-., Bdruch libri sex, Paris ; 1609 ; Gasp. Sanchez (Sanctius), Comment, in Baruch, Lyon, 1621 ; Lœl. Bisciola, Discursus très super epist. ad captivas, Côme, 1621 ; P. Lanssellius, Comment, in Baruch, Anvers, 1624 (dans Biblia sacra cum notationibus Emm. Sa et scholiis J. Menochii, etc., et dans Bibl. Veneta, vol. xix) ; * L. Cappel, Notse criticse in libr. Baruchi apocryph., Amsterdam, 1689 ; L. de Foix, Les prophéties de Baruch, Paris, 1788 ; * R. Arnald, A critical Commentary on such Books of the Apocrypha, Londres, 1780 et 1820 ; * B. Bendtsen, Spécimen exercitationunx criticarum in Veteris Testamenti libros apocryphos, Gœttingue, 1789 ; * Grûneberg, Exercitatio de libro Baruchi apocrypho, Gœttingue, 1797 ; * J. Frânkel, Hagiographa posteriora denominata apocrypha in ling. hebr. conversa, Leipzig, 1830 ; * O. F. Fritzsche,
Kruzgefasstes exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alten Test., erste Lieferung, Leipzig, 1851, p. 167220 ; C. A. Wahl, Clavis libror. V. T. apocryph. philologica, sect. i, Leipzig, 1853 ; H. Reusch, Erklârung des Buchs Baruch, Fribourg - en-Bade, 1853 ; Trochon, La Sainte Bible, les Prophètes Jérémie, Baruch, Paris, 1878 ; * J. Kneucker, Dos Buch Baruch (histoire, critique, version et commentaire, restitution du texte hébreu, ouvrage classique rationaliste), Leipzig, 1879 ; R. Cornely, Introduct., t. ii, part. 2, p. 4Il et suiv., Paris, 1887 ; J. Knabenbauer, Commentarius in Daniel, prophetam, Lamentationes et Baruch, Paris, 1891. E. Philippe.
2. BARUCH, lévite, fils de Zachaï. Après le retour de la captivité, il se montra plein de zèle, mnn, héfyêrâh,
pour reconstruire sa part des murailles de Jérusalem. II Esdr., iii, 20. La Vulgate a dû lire mnn, héhârâh ;
car elle traduit « sur la montagne », indiquant ainsi l’endroit où il travailla : ce pourrait bien être la vraie leçon.
3. BARUCH, un des prêtres qui, à la suite de Néhémie, signèrent le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 6.
4. BARUCH, fils de Cholhoza et père de Maasia, de ia tribu de Juda, un des descendants de Phares qui s’établirent à Jérusalem après la captivité. II Esdr., xi, 5.
5. BARUCH (APOCALYPSE DE), livre apocryphe. Voir Apocalypses Apocryphes, col. 762.
6. BARUCH BEN BARUCH, commentateur juif de la fin du xvi s siècle, à Salonique, a laissé un commentaire sur PEcclésiaste, intitulé : ’Êléh tôledôt’âdàm, « Voici l’histoire de l’homme. » Gen., v, 1. La première partie, QehiUat Ye’âgôb, « L’assemblée de Jacob, » Deut., xxxiii, 4, explique le sens littéral ; la seconde, Qôdés Israël, « Le saint d’Israël, » est une interprétation allégorique. In-f°, Venise, 1599. E. Levesque.
7. BARUCH BEN ISAAC, commentateur juif, mort à Constantinople en 1664. Il est l’auteur du Zéra’bêrak, Cracovie, 1646, commentaire hagadique et homilétique du Pentateuque et des megilloth, c’est-à-dire des Psaumes, des Proverbes, des Lamentations, du Cantique des cantiques et de l’Ecclésiaste.
- BARUH Raphaël##
BARUH Raphaël, professeur d’hébreu en Angleterre, au xviiie siècle. On a de lui Critica sacra examined or an attempt to show that a new Method may be found to reconcile the seemingly glaring variations in Parallel Passages, and that such variations consequently are no proofs of corruption or mistakes of transcribers, in-8°, Londres, 1775. Cet ouvrage est une réponse à la Critica sacra de Henry Owen. Baruh résout avec succès quelques-unes des difficultés d’Owen contre les livres des Paralipomènes ; mais il va trop loin quand il nie l’existence de fautes de copistes dans le texte sacré. Owen lui a répondu dans son Supplément to the Critica sacra, in-8°, Londres, 1775. — Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 18.
BAS. Les bas étaient inconnus aux anciens Hébreux. Ils avaient, comme généralement les Orientaux, les pieds nus dans leurs sandales, de sorte qu’ils se couvraient de poussière dans la marche, et qu’il était nécessaire de les laver en arrivant à la maison. Gen., xviii, 4, etc. Voir col. 1388. Les femmes portaient des bijoux aux chevilles nues, Is., iii, 16, et les pieds de l’épouse des Cantiques, vil, 1, étaient visibles entre les courroies de ses sandales. Les Juifs faits prisonniers à Lachis par Sennachérib sont nu-jambes et nu-pieds, hommes et femmes
(fig. 455). Les envoyés israélites de Jéhu, représentés sur l’obélisque de Salmanasar, portent des sandales, mais sans bas (fig. 37, col. 235).
- BASAÏA##
BASAÏA ( hébreu : Ba’ààêyâh, peut - être pour Ma’àiéyâh, « œuvre de Jéhovah ; » Septante : Baaat’ae), lévite de la branche de Gerson, ancêtre d’Àsaph, le fameux chantre du temps de David. I Par., vi, 40 (hébreu, 25).
- BASALTE##
BASALTE, roche noire volcanique, très compacte, composée essentiellement de feldspath, de pyroxène augite, d’oxyde de fer magnétique et, comme élément caractéristique, de péridot : c’est la forte proportion de fer oxydulé qu’il renferme qui lui donne sa couleur et sa densité. Autrefois ce mot n’avait pas une attribution aussi restreinte ; il s’appliquait à d’autres roches de nature à peu près semblable, qui de nos jours ont reçu de nouveaux noms ; et même, chez les anciens, on comprenait sous cette dénomination jusqu’à une syénite à grains fins,
quelques parties du" Liban. Mais le basalte, qui contient une très forte proportion de fer, était abondant en Galilée, et surtout à l’est du Jourdain. La fameuse stèle de Mésa (voir Mésa) est en basalte. E. Levesquë.
- BASAN##
BASAN (hébreu : Bâsân, Deut., xxxii, 14 ; Ps. xxii [Vulgate, xxi ], 13 ; lxviii [Vulgate, lxvii], 16 ; Is., xxxiii, ’9 ; Ezech., xxxrx, 18 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2 ; partout ailleurs, hab-BâSân, avec l’article défini ; Septante : Bamiv, Num., xxi, 33 ; Deut., iii, 4, 11 ; xxix, 7 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 30 ; I Par., v, 11, 12, 16, 23 ; Ps. lxvii [hébreu, lxviii], 22 ; Is., ii, 13 ; avec l’article féminin, t| Boctov, Num., xxi, 33 ; xxxii, 33 ; Deut., i, 4 ; m, 1, 3, 10, 13, 14 ; iv, 47 ; Jos., ix, 10 ; xiii, 30 ; xxi, 6 ; III Reg., iv, 13 ; IV Reg., x, 33 ; I Par., vi, 62, 71 ; Ps. cxxxiv [hébreu, cxxxv], 11 ; cxxxv [hébreu, cxxxvi], 20 ; Jer., xxii, 20 ; avec l’article masculin, 5 Bauâv, Deut., xxxiii, 22 ; III Reg., IV, 19 ; II Esdr., ix, 22 ; t| Bauavmç, Jos., xiii, 11, 12, 30, 31 ; xvii, 1 ; xx, 8 ; xxi, 27 ; xxii, 7 ; Ezech., xxvii, 6 ; Am., iv, 1 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach.,
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458. — Juifs prisonniers, de LacMs. D’après Layard, Monuments of Nlneveh, t. ii, pi. 23.
appelée aussi granit noir antique. Pline, H. N., xxxvi, 11, 4, désigne par ce mot de basalte une pierre noire que les Égyptiens tiraient de l’Ethiopie, et qui a la couleur et la dureté du fer. Le nom lui-même, sous la forme basai, serait d’origine éthiopienne, au dire des auteurs grecs et latins. Mais les Grecs ont changé basalte en panaviT^ç, parce qu’ils s’en servaient comme pierre de touche ( pi<7avoç, « pierre de touche » ). Forcellini, Totius latinitatis leocicon, édit. Vincent DeVit, t. i, p. 534-535. Le nom hébreu du fer, barzél, pourrait bien rappeler ce mot étranger, si, avec Fûrst, Concordantiæ hebraicm, p. 161, on dérive barzél, bna, de bazal, St3, avec n inséré, comme
- » DnD, korsê’, pour ndd, kissê’, « trône. » Buttmann, Muséum
der AUerthumswissenschaft, t. ii, p. 56, le rattache à la racine orientale vas, qui veut dire « fer ». Quoi qu’il en soit, barzél, en hébreu, est non seulement le fer pur, mais la pierre qui contient du fer, qui en a la densité et la couleur. Ainsi l’énorme lit de fer du roi Og, qu’on montrait à Rabbath, Deut., iii, 11, semble être en réalité un sar--cophage ou un tombeau en basalte. G. Ritter, Die Erdkunde, 1851, t. xv, part, ii, p. 964. D’ailleurs d’immenses sarcophages en basalte ont été trouvés par les voyageurs dans les régions à l’est du Jourdain. G. Ritter, ouvr. cité, p. 879. Le basalte y est très abondant. Cf. col. 952-953, 1256. C’est de là probablement que Salomon fit venir ces pierres noires, c’est-à-dire de basalte, qui servirent à paver les routes de Jérusalem. Josèphe, Ant.jud., VIII, vil, 4, édit. Didot, t. i, p. 301. Il est dit, Deut., viii, 9, que la Palestine est « une terre dont les pierres sont de fer ». Par ces pierres il faut probablement entendre le basalte, car on ne trouve de trace de mines de fer que dans
xi, 2 ; t| TaXiXaîa, Is., xxxiii, 9), partie septentrionale des
pays situés à l’est du Jourdain, royaume d’Og l’Amorrhéen.
I. Nom. — Ce nom vient de la racine inusitée jtfa,
AjUj>
basan, correspondant à l’arabe £j^j, uuuwm., jj^jjj
butéinah, « plaine au terrain meuble et fertile. » Cf. Gesenius, Thésaurus lingual heb., p. 250 ; J. G. Wetzstein, Dos Hiobskloster in Hauran und dos Land Uz, dans Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, Anhang, p. 557, note 1. L’idée qu’il renferme a fait que, dans plusieurs passages, les anciennes versions, au lieu de le traduire par un nom propre, l’ont rendu par un adjectif : « gras, fertile. » Ainsi dans le Ps. xxi (hébreu : xxii), 13, pour’abbîrê BdSân, « les forts » taureaux « de Basan », les Septante donnent Taûpoi mioveç ; la Vulgate, tauri pingues, k les taureaux gras ; » Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16, au lieu de har-Bâsân, « montagne de Basan, » on trouve dans les Septante ô’poç m’ov ; dans la "Vulgate, nions pinguis, « montagne fertile. » De même Ezech., xxxix, 18, hébreu : pârîrn meri’ê BâSân, « taureaux engraissés de Basan ; » Septante : oî [lôV/oi È^ea-nouivoi ; Vulgate : taurorum et allilium et pinguium ; Am., iv, 1, hébreu : pârôf hab-Bâsàn, « vaches de Basan ; « "Vulgate : vaccse pingues, « vaches grasses. » On peut s’étonner de voir ce nom, tant de fois cité dans l’Écriture, diversement rendu par les versions orientales. La paraphrase chaldaïque porte partout prra, Ma{nan, excepté Ps. lxvii, 23, où il
y a iotd, Bûtnan ; on lit également ^jjoo, Matnîn, dans la version syriaque, partout, excepté Jos., xil, 4 ;
Ps. xxi, 13 ; lxvii, 16 ; cxxxiv, 11 ; cxxxv, 20 ; Is., ii, 13 ; xxxiii, 9 ; Jer., xxii, 20 ; Ezech., xxvii, 6 ; Zach., xi, 2, où
l’on trouve. ^ « .-%, BaiSon. L’arabe a traduit par âIàÎaJ ! >
el-Batniyéh, excepté Ps. cxxxiv, 11 ; cxxxv, 20 ; Is., ii, 13 ; Jer., xxii, 20 ; Ezech., xxvii, 6, où l’on voit yLwjo, Beuân (nom actuel de l’ancienne ville de Bethsan), et Mich.,
vu, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2, où il y a ji^iLwjykJS, el-Beisâniyéh. Le changement du schin hébreu en thav araméen et en ta arabe se comprend très bien ; mais le changement du beth en mîm doit-il être attribué à une permutation semblable ou à une faute primitive de copiste ? La constante régularité de la transcription et l’accord qui existe entre la paraphrase chaldaïque et le syriaque nous empêchent d’admettre la dernière hypothèse ; la première nous semble plus plausible. Cependant c’est de l’araméen Bâfan, jna, qu’est venu le nom
de la province grecque de Batanée, Bocravaia, Josèphe, Ant. jud., IX, viii, 1 ; XV, x, 1 ; XVII, ii, 1, 2, etc. ; Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 232, etc. L’arabe El-Batniyéh se retrouve dans la préfecture de même nom dont parle Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 97, et est rappelée par un canton actuel du Hauran, YArd el-Beteniyeh.
II. Géographie. — Dans un sens général, Basan indique avec Galaad les possessions transjordaniennes des Israélites, dont il formait la partie septentrionale. Jos., xvii, 1, 5 ; IV Reg., x, 33 ; Mich., vii, 14. Dans un sens strict, ce pays s’étendait depuis le grand Hermon au nord jusqu’aux villes d’Édraï et de Salécha au sud. Deut., iii, 10 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11 ; I Par., v, 23. De ce dernier côté, il. était borné par « la moitié de Galaad », c’est-à-dire le territoire compris entre le Jaboc (Nahr Zerqa) et le Yarmouk (Schérial él-Mandûr ou el-Menâdiréh), Deut., m, 13 ; Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 31. L’Écriture lui donne également pour limites, probablement vers l’ouest et le nordouest, les districts de Gessur et de Machati, Deut., iii, 14 ; Jos-, xii, 5 ; xiii, 11. Il renfermait comme partie importante l’Argob avec les soixante villes fortes appelées Havoth Jaïr, Deut., iii, 4, 5, 14 ; Jos., xiii, 30, c’est-à-dire le Ledjah actuel et une certaine étendue de la plaine En Nouqmt elHauran. Voir Argob. Ses villes principales étaient Astaroth (Tell’AMarâ ou Tell el-AS’ari ) et Édraï (Der’ât), Deut., i, 4 ; Jos., ix, 10 ; xii, 4 ; Xm, 12, 31 ; Salécha (Salkhad) en formait la pointe extrême au sud-est, Deut, iii, 10 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11, et vers l’ouest il possédait Golan, Deut., iv, 43, ou Gaulon, Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; I Par., vi, 71, identifiée par G. Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1886, p. 19, 91, avec Sahem el-Djaulân, un peu à l’ouest de Tell el-As’arï. D’après Num., xxxii, 42, Chanath (El-Qanaouàt) appartenait aussi à cette contrée.
Basan comprenait en somme cet ensemble de pays dont la limite au sud est marquée par le Schériat el-Menâdiréh (Yarmouk), le Djebel ez-Zoumléh et le désert de Syrie ; à l’est, par les pentes occidentales du Djebel Hauran et le Ledjah ; au nord, par la plaine de Damas et le Djebel esch-Scheikh (Hermon), et à l’ouest, parle Djebel Heïsch et les confins du lac de Tibériade. On voit dès lors que, tout en donnant son nom au royaume d’Og, il ne le renfermait pas complètement, puisque le territoire du roi amorrhéen s’étendait jusqu’au Jaboc (Nahr Zerqa), qui le séparait de celui de Séhon. Num., xxi, 24 ; Deut., n, 37 ; Jos., xii, 2-5. À part la région septentrionale, dont les eaux se dirigent vers les lacs des environs de Damas, le haut plateau de Basan appartient au bassin du Yarmouk, le plus considérable du pays transjordanien, et dont les branches principales, le Nahr er-Ruqqâd, le Nahr el’Allân, descendent du nord, tandis que les ouadis El^Qanaouât, El-Ghar, Zeidï, viennent des montagnes du Hauran, où ils naissent à douze ou treize cents mètres.
Non loin de la berge qui plonge sur les lacs Houléh et de Tibériade s’alignent en chapelet, du nord au sud, des monts isolés, les tells El-Ahmar (1238 mètres), Abou en-Néda (1257 mètres), Abou Yousef ( 1 029 mètres), El-Faras (948 mètres). Au milieu de’toute cette contrée s’étend la grande plaine En Nouqrat el-Hauran.
Ce pays a toujours été renommé pour son extrême fertilité, et les prophètes aiment à le citer sous ce rapport avec Galaad, le Carmel et la plaine de Saron. Is., xxxiii, 9 ; Jer., l, 19 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4. Ses gras pâturages nourrissaient de nombreux troupeaux, Deut., xxxii, 14, qui, dans le langage des poètes sacrés, devinrent le type
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L Thumier.dd’456. — Carte du pays de Basan.
des ennemis cruels et insensibles, Ps. xxi (hébreu : xxii), 13, et des puissants de la terre, Ezech., xxxrx, 18, ou le symbole d’une vie sensuelle. Am., iv, 1. Ses forêts de chênes étaient pour les Israélites un sujet d’admiration comme les cèdres du Liban, Is., ii, 13 ; Zach., xi, 2, et fournissaient même aux peuples voisins un bois de construction très estimé. Ezech., xxvii, 6. Elles devaient couvrir les pentes de ces montagnes que David, dans un passage plein de beauté, Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16-17, nous représente comme regardant avec mépris et jalousie la petite colline de Sion, aux formes modestes, mais demeure privilégiée de Dieu :
ꝟ. 16. Montagne de Dieu, mont de Basan,
Montagne aux cimes nombreuses, mont de Basan,
ꝟ. 17. Pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes aux cimes
[nombreuses,
La montagne que Dieu a choisie pour son habitation ? Jéhovah y habitera à jamais.
Ces masses de rochers sont appelées hârîm gabnunnîm, littéralement « montagnes à bosses », à cause de leurs pointes et de leurs dents aiguës, ce qui peut s’appliquer au Djebel Hauran avec ses cônes volcaniques ou au Djebel Héïsch avec ses chaînons isolés. Rochers et forêts étaient le repaire des animaux sauvages, surtout des lions, Deut., xxxiii, 22, et pouvaient servir de retraite aux ennemis d’Israël, Ps. lxvii, 23.
Aujourd’hui encore cette contrée est très fertile, surtout dans la plaine du Hauran. Le sol, composé de lave, de dolérite granulée et de scories rouge-brun ou vertnoirâtre, produit un froment aux grains à demi transparents, de beaucoup supérieur à celui des autres régions. Le blé et l’orge y viennent en abondance quand la sécheresse ou les sauterelles n’exercent pas leurs ravages, et ils sont l’objet d’une exportation considérable. Au rapport de Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1866, p. 23, la quantité de céréales transportées du Hauran à Akka etKhaïfa à destination de l’Europe, principalement de la France et de l’Italie, n’a pas été pendant plusieurs années moindre de 100000 à 120 000 tonnes par an. Le prix du blé sur place n’est pas élevé, mais il augmente beaucoup en raison des difficultés de transport. Ces difficultés seront désormais aplanies par la voie ferrée qu’on établit en ce moment entre le Hauran et Damas, et qui se joindra plus tard à d’autres lignes actuellement en projet. Dans les contrées, comme le nord et le centre du Djaulan, où le sol pierreux est moins propre à la culture, les nombreux troupeaux des Bédouins trouvent encore d’excellents pâturages. Partout où, entre les blocs de basalte, s’étend la terre végétale, l’herbe pousse d’une façon luxuriante, hiver comme printemps ; sur ce sol bien arrosé les chaleurs de l’été ne brûlent jamais toute végétation. Les « chênes de Basan » ont, hélas ! disparu comme les cèdres du Liban. Tombés sous la hache des Bédouins, souvent pour servir de bois de chauffage, ils meurent, à peine repoussés, sous la dent des troupeaux. Cependant. les pentes du Djebel Hauran présentent encore certains massifs d’arbres, très rares dans la plaine, et l’on rencontre çà et là quelques restes de forêts. Il y a peu d’années, le Djaulan septentrional devait être couvert de bois assez épais, comme l’indiquent quelques noms, en particulier Scha’fat es-Sindiànéh, « la cime du chêne. » Les chênes que l’on voit ou isolés ou groupés au pied et sur les pentes des tells el-Ahmar, Abou en-Neda, Abou el-Khanzir et ailleurs, appartiennent à deux espèces principales, le Quercus pseudo-coccifera et le Quercus segilops. Voir Chêne. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 4-5, 13, 24-25 ; Der Dscholan, dans la Zeitschrift des Deutschen Palastina-Vereins, Leipzig, 1886, p. 205 ; traduction anglaise, The Jaulàn, Londres, 1888, p. 15. Nous n’exposons ici que les caractères généraux du pays de Basan, suivant les données de l’Écriture. Pour la physionomie spéciale de ses différentes parties, voir Auran, Argob, Iturée, Gaulanitide. Pour la bibliographie, voir Auran.
Cette contrée, à l’époque gréco-romaine, fut divisée en plusieurs provinces : la Gaulanitide, le Djaulan actuel ou Je plateau occidental qui domine le lac de Tibériade et le lac Houléh ; la Trachonitide, comprenant plus particulièrement le Ledjah ; l’Auranitide, c’est-à-dire les pentes occidentales du Djebel Hauran et la partie de la grande plaine qui l’avoisine à l’ouest ; la Batanée, dont le nom fait évidemment revivre celui de Basan. Il est très difficile de savoir quelle est la position géographique de cette dernière, et les auteurs sont loin de s’entendre sur ce sujet. Josèphe, dans certains passages, comprend sous le nom de Batanée tout le pays de Basan, qu’il distingue, comme l’Écriture, de celui de Galaad ; cf. Ant. jud., IV, vii, 4 ; IX, viii, 1. Dans d’autres, il distingue cette province des districts voisins, mais sans en indiquer nettement la situation ; il se contente de dire qu’ « elle confinait à la Trachonitide », Ant. jud., XVII, ii, 1 ; Bell, jud., i, xx, 4 ; était-ce à l’est ou à l’ouest ? Là est la difficulté. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 52-54, 264-267, et plusieurs auteurs à sa suite placent la Batanée à l’est du Ledjah et au nord du Djebel Hauran, dans la contrée appelée actuellement Ard el-Beteniyéh : ce nom et celui de la ville d’El - Buteina (ou Bataniyéh, dans certaines cartes) appuient suffisamment, selon eux, cette opinion. Ce sentiment est vivement combattu par J. G. Wetzslein, Reisebericht ûber Hauran und
die Trachonen, in-8°, Berlin, 1860, p. 82-86 ; Dos Eiobskloster, dans Fr. Delitzsch, Dos Buch lob, p. 553-558. M. W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latims de la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 500, dit également : « Les ruines de Btheiné se composent d’une vingtaine de maisons et de deux grandes tours ; l’endroit n’a jamais été qu’un petit village sans importance, et dans notre inscription (n » 2127) il est appelé x(i|n) ; il n’y a jamais eu là une ville, comme Porter le croit… Quant à moi, je doute que la Batanée des historiens et des géographes grecs soit identique avec le Basan de la Bible. » Elle n’en comprenait évidemment qu’une partie, et si, suivant cette dernière opinion, elle était située à l’ouest du Ledjah, elle devait occuper à peu près le centre du pays dont elle conservait le nom, ayant l’Auranitide au sud, la Gaulanitide à l’ouest et la Trachonitide à l’est.
III. Histoire. — Dans les temps les plus reculés, Basan était habité par les Raphaïm ou race de géants que Chodorlahomor vainquit à Astaroth-Carnaïm. Gen., xiv, 5. Og lui-même était le dernier représentant de cette race, Deut., iii, 11 ; et « tout Basan. était appelé la terre des géants ». Deut., iii, 13. Les Israélites, après avoir soumis les Amorrhéens du sud, montèrent vers le nord, et le roi s’avança vers eux avec tout son peuple pour leur livrer bataille à Édraï ; ils le frappèrent jusqu’à l’extermination et s’emparèrent de son royaume. Num., xxi, 33, 35 ; Deut., i, 4 ; iii, 1, 3, 4, 5 ; iv, 47 ; xxix, 7 ; Jos., ix, 10 ; II Esdr., ix, 22 ; Ps. cxxxrv (hébreu, cxxxv), 11 ; Ps. cxxxv (hébreu, cxxxvi), 20. Voir Amorrhéens. Cette importante région fut alors donnée à la demi-tribu de Manassé. Num., xxxii, 33 ; Deut., iii, 13 ; Jos., xiii, 29-31 ; xvii, 1, 5 ; xxii, 7. Gaulon et Astaroth furent assignés aux Lévites de la famille de Gerson, . la première étant en même temps ville de refuge. Jos., xxi, 27 ; 1 Par., vi, 71. Cette contrée rentrait avec Galaad et la terre de Séhon, roi amorrhéen du sud, dans une des circonscriptions territoriales qui, sous Salomon, devaient payer un impôt en nature pour la table royale ; l’officier à qui elle était confiée s’appelait Gaber, fils d’Uri. III Keg., iv, 19. Sous le règne de Jéhu, elle fut dévastée par Hazaël, roi de Syrie, IV Régi, x, 32, 33. L’histoire n’en dit plus rien ensuite : seuls les poètes sacrés et les prophètes mentionnent les chênes de ses forêts, ses gras pâturages et leurs nombreux troupeaux. Ps. xxi (hébreu, xxii), 13 ; Is., ii, 13 ; xxxiii, 9 ; Jer., L, 19 ; Ezech., xxvii, 6 ; xxxix, 18 ; Am., iv, 1 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2. Plus tard, la province de Batanée fut donnée par Auguste à Hérode le Grand, avec la Trachonitide et l’Auranitide, pour les soustraire aux brigandages de Zénodore. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1 ; Bell, jud-, I, xx, 4. Hérode lui-même en confia certaines terres à un Juif babylonien nommé Zamaris, qui devait en retour défendre ses États contre les incursions des Trachonites. Ant. jud., XVII, n, 1, 2. Elle entra ensuite dans la létrarchie de Philippe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3. Enfin Agrippa II envoya à Jérusalem trois mille cavaliers auranites, batanéens et trachonites, pour réprimer une révolte soulevée contre le pouvoir romain. Bell, jud., II, xvii, 4.
- BASCAMA##
BASCAMA, Ba<7xa[iâ, ville où Tryphon mit à mort Jonathas Machabée et ses fils. I Mach., xiii, 23. Josèphe l’appelle Batrxâ, Ant. jud., XIII, vi, 5. D’après le texte grec du livre sacré, aussi bien que d’après l’historien juif, elle devait se trouver dans le pays de Galaad. La Vulgate, en effet, présente, au verset précédent, une lacune heureusement comblée par le grec. La phrase : « mais il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas au pays de Galaad, » se lit ainsi dans les Septante : xoù ?, v ^iwv tcoXXtj <r<p<58pa, xec’i oïix rjX8e Sià tt|v X’ôva, xoù àjcf|ps-xai yjXôsv eïç tï|v TaXaacSiTtv, « et il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas [à Jérusalem] à cause de la neige, et il partit et il vint en Galaad. » Il est probable que le mot î, X9s, répété deux fois, aura trompé le traducteur ou un copiste quel
conque ; d’où, avec l’omission du membre de phrase, le sens opposé dans le latin : « il ne vint pas en Galaad. » Le récit de Josèphe, plus détaillé, nous dit également que la nuit même où Tryphon devait envoyer sa cavalerie ravitailler la garnison syrienne, la neige qui tomba rendit les chemins méconnaissables et impraticables aux chevaux. « C’est pourquoi Tryphon, partant de là, s’en alla vers la Cœlésyrie, se jetant avec précipitation sur le pays de Galaad, et, après avoir tué et fait enterrer là Jonathas, il revint à Antioche. » La marche du général syrien est aussi facile à comprendre. Il part de Ptolémaïde (voir Accho) pour venir dans la terre de Juda, suivant la plaine de Saron, et traînant à sa suite Jonathas prisonnier. I Mach., xiii, 12. Mais comme Simon vient lui barrer le passage à Addus, ꝟ. 13 (voir Adiada), il fait un détour vers le sud et cherche à gagner la ville sainte « par la voie qui mène à Ador », ꝟ. 20 (voir Aduram 1), à l’ouest d’Hébron. Empêché par la neige d’aller au secours de la garnison syrienne de Jérusalem, et sachant d’ailleurs la route bien défendue par les Juifs, il descend vers l’est, dans la.plaine du Jourdain, où le climat est plus doux ; puis, à travers le pays de. Galaad, ou en le longeant, il gagne la Cœlésyrie et Antioche.
Si nous avons réussi à prouver que Bascama appartenait à la terre de Galaad, nous n’avons aucun moyen de découvrir son emplacement, qui est resté jusqu’ici inconnu. Nous ne saurions accepter les identifications proposées par Calmet, Commentaire littéral sur les livres des Machabées, Paris, 1722, p. 206 : « Bascaman, dit-il, est peut-être la même que Béséch, Jud., i, 4, 5, 6, ou Baschat, dans la tribu de Juda, Jos., xv, 39. Béséch devait être assez près de Bethsan et de l’endroit où l’on passait ordinairement le Jourdain pour aller au pays de Galaad, puisque Saûl, I Beg., xi, 8, y marque le rendez -vous général de l’armée qui devait aller au secours de Jabès de Galaad. Cette situation s’accorde assez avec ce que nous lisons ici du dessein de Tryphon de passer le Jourdain pour aller dans ce pays. » Aucune de ces villes, que le savant commentateur semble d’ailleurs confondre, ne se rapporte à celle dont nous parlons. Bézéc (hébreu : Bézéq) du livre des Juges, i, 4, 5, est distincte de Bascath (hébreu : Bosqaf), Jos., xv, 39, et celle-ci, par sa situation dans la Séphéla, entre Lachis et Églon, se trouvait en dehors de la route suivie par Tryphon. Grotius, Opéra onmia theologica, 2 in-f", Londres, 1679, 1. 1, p. 755, a eu tort aussi de l’assimiler à Bascama, D’un autre côté, qu’on place Bézéc, Jud., i, 4, 5, dans la tribu de Juda, ou qu’on l’identifie avec Bézech de I Beg., xi, 8, voisine de la vallée du Jourdain, au nord-est de Sichem, on s’éloigne toujours de l’itinéraire du général syrien,
tel que nous l’avons exposé plus haut.- BASCATH##
BASCATH (hébreu : Bosqaf ; Septante : Bmar|8(19, Jos., xv, 39 ; BauouptiS, IV Reg., xxii, 1 ; Vulgate : Bascath, Jos., xv, 39 ; Bésécath, IV Reg., xxii, 1), ville de la tribu de Juda, située dans la Séphéla et mentionnée entre Lachis et Églon. Jos., xv, 39. C’était le lieu d’origine d’Idida, mère du roi Josias, IV Reg., xxii, 1. Josèphe, Ant. jud., X, iv, 1, l’appelle Booxeôi, et Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1887, p. 248, Bacrx(49. Le mot npss, Bosqaf,
a pour correspondant en arabe gjj£, basqah, « terrain pierreux, qui se soulève, » ou « contrée parsemée de pierres volcaniques ». Cf. G. W. Freytag, Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830-1837, t. i, p. 127 ; F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ùber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 124. La position de cette ville est bien indiquée par celle de Lachis (’Umm el-Lakîs) et d’Églon (Khirbet’Adjlân). Voir Juda, tribu et carte. Mais aucune identification précise n’a encore été trouvée. Quelques auteurs, après Knobel (cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 131), ont proposé Tubuqah (écrit ainsi par Robinson, Biblical Researches
in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1841, t. III, Appendix, p. 233 ; Tabakâ ou Takabà d’après Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 294), localité située au sud et non loin de Lachis et d’Églon. On ne voit pas bien
sur quoi s’appuie cette opinion.- BASCH Siegmund##
BASCH Siegmund, théologien protestant allemand, né le 3 septembre 1700 à Juliusburg, en Silésie, mort à Weimar le 2 avril 1771. Il fit ses études à Iéna, à Breslau et à Leipzig. Eu 1730, il devint pasteur à Christianstadt ; en 1734, archidiacre du consistoire de Sorau ; en 1751, surintendant général de Hildburghausen. À sa mort, il était prédicateur de la cour, membre du consistoire et surintendant général du duché de Weimar. Parmi ses ouvrages, on remarque : Disputatio de interpretatione Novi Testamenti ex Patribus apostolicis, in-4°, Leipzig, 1726 ; Epistola de ultimis Elise, in-4°, Leipzig, 1726 ; Deutliclier Beiveis von der Glaubwùrbdigkeit der heiligen Schrift ; Pastorale Christi ex ru Epistolis ad Ecclesias Asianas, in-4°, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zu Jôcher’s Gelehrten-Lexico, t. i, col. 1485.
- BASELLI François##
BASELLI François, né à Gradiska (Frioul), le 22 octobre 1604, mort à Goritz le 15 septembre 1678, entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Leoben, en 1622. Après avoir enseigné les belles-lettres, il se livra à la prédication et au saint ministère, fut recteur du noviciat de Vienne et du collège de Goritz. On a de lui : Psalterium Davidicam concordatum, 4 in-4°, Udine, 1662. Cet ouvrage est divisé en quatre parties ; l’auteur y établit la concordance des Psaumes, et les explique surtout dans leur rapport avec Notre - Seigneur et avec l’Église.
C. SOMMERVOGEL.
BASEMATH. Hébreu : Bâsemaf, « parfumée, odoriférante ; » Septante : Baseras. Nom de trois femmes.
1. BASEMATH, fille d’Élon l’Héthéen, seconde femme d’Ésaù et mère d’Éliphaz, Gen., xxvi, 34. Elle est appelée Ada, Gen., xxxvi, 2, 4. Voir Ada 2, col. 165. Il n’est pas rare, en Orient, de voir deux noms portés successivement par la même personne. À l’occasion de quelque événement important de la vie, ainsi au moment du mariage pour les femmes, on prenait un autre nom. D’autres fois un surnom devenait peu à peu le nom propre. Cf. Hengstenberg, Beitràge zur Einleitung iris A. T., 1831-1839, t. iii, p. 277. Le chapitre xxxvi de la Genèse, concernant l’Idumée, paraît être un document national inséré sans changement par Moïse. Nous avons là les noms sous lesquels les femmes d’Ésaù étaient connues dans le pays de Séir. E. Levesque.
2. BASEMATH, fille d’Ismaël, troisième femme d’Ésaù et mère de Rahuel. Gen., xxxvi, 3, 4. On la nomme Mahéleth, Gen., xxviii, 9. Sur ce changement de nom, voir Basemath 1.
3. BASEMATH (Septante : Ba<r£ ! *, uâ6), fille de Salomon, épousa Achimaas, intendant royal dans la tribu de Nephthali. III Reg., iv, 15.
- BASHUYSEN##
BASHUYSEN (Henri Jacques Van), né à Hanau (province de HesseNassau, Prusse) en 1679, mort en 1758. Il devint professeur de langues orientales dans sa ville natale, puis à Zerbst (duché d’Anhalt). Il établit une imprimerie dans sa maison, pour éditer les meilleurs commentaires des docteurs juifs sur l’Écriture : Abarbanelis Commentarii in Pentateuchum, in-f", Hanau, 1710 (il restitue les endroits supprimés par les inquisiteurs dans l’édition de Venise). — Psalterium Bavidicum, cum notis rabbinicis, in-12, Hanau, 1710. — Ses Commentaria scripturaria, contenant les vingt et un premiers chapitres de la Genèse, avec notes tirées des rabbins,
publiés dès 1707, n’étaient qu’un essai d’une Bible hébraïco - rabbinique qu’il n’a pas mise au jour.
G. Rigault.
- BASILA Raphaël Chayim##
BASILA Raphaël Chayim, savant israélite italien, fils du rabbin Abiad Basila (-ꝟ. 1743), vivait à Mantoue pendant la première moitié du xvine siècle. Il publia une édition de la Bible hébraïque avec le commentaire critique de Salomon Norzi, enrichi de notes nouvelles, 2 in-4°, Mantoue, 1742. À la fin est une liste de neuf cents leçons et variantes, avec une appréciation critique de leur valeur. Cette Bible a été plusieurs fois réimprimée ! La meilleure édition est celle de George Holzinger, 4 in-4°, Vienne, 1816. Elle a été aussi reproduite dans la Bible rabbinique de Varsovie, 1860-1866. Bær et Delitzsch en font bon usage dans leur nouvelle édition de la Bible hébraïque.
— Voir Dresde, Programma quo commendantur R. Ch. Basila, Judœi recentioris, exercitationes criticee in diversitatem lectionis codicis Ebreei ah Everardo van der Rooght observalam, Wittenberg, 1774.
- BASILE##
BASILE (Saint), Baa-iXEioç, archevêque de Césarée, en Cappadoce, né en cette même ville vers 330, mort le 1 er janvier 379. Il fut grand cénobite, grand orateur et grand évêque. Issu d’une famille très distinguée, Basile était le second de dix enfants. Son père, qui résidait habituellement dans la province du Pont, à Néocésarée, où l’on croit qu’il enseignait la rhétorique et la philosophie, voulut être lui-même son premier maître dans les lettres sacrées et profanes. À la mort de son père, qui arriva peu de temps après la naissance de saint Pierre de Sébaste, Basile alla poursuivre ses études à Césarée de Cappadoce, puis à Constantinople et enfin à Athènes. Il y arriva en 352, et y retrouva son ami Grégoire de Nazianze, qu’il avait connu à Césarée. En 357, il partit pour visiter les monastères d’Orient et d’Egypte. De retour à Césarée en 358, il se retira dans le Pont, sur une montagne, au bord de la rivière d’Iris. L’archevêque de Césarée étant venu à mourir vers le milieu de 370, Basile fut élu pour lui succéder. Après dix ans d’épiscopat et de grands travaux soutenus pour la défense du dogme chrétien contre les ariens et la liberté de l’Église contre l’empereur, saint Basile rendit son âme à Dieu, le 1 er janvier 379.
Les œuvres exégétiques de saint Basile sont : 1° Les neuf homélies sur l’Hexaméron, ou Œuvre des six jours, t. xxix, col. 4-208. Les anciens estimaient beaucoup cet ouvrage, explication scientifique et morale, malheureusement inachevée, du premier chapitre de la Genèse.
— 2° Les treize homélies sur les Psaumes i, ru, xiv, xxrni, xxix, xxxii, xxxiii, xur, xlv, < xlviii, lix, lxi, cxir et cxr, t. xxix, col. 210-493. « Si l’on compare entre elles, dit dom Garnier, les homélies sur l’Hexaméron avec les homélies sur les Psaumes, je serai obligé d’avouer que les premières ont été, chez les anciens, beaucoup plus célèbres que les dernières ; je n’accorderai pas si facilement qu’elles soient plus utiles. Et, pour dire nettement ce que je pense, je veux bien que l’on préfère l’Hexaméron, si l’on ne considère que l’éloquence et la variété du sujet ; mais, si l’on a égard au fruit et à l’utilité, il n’en sera plus de même. » — 3° Le commentaire sur Isaïe, i-xvi, t. xxx, col. 117-668. Prudent Maran trouve que cet ouvrage est digne de saint Basile, et qu’il n’y a aucune raison de le lui contester. À la fin d’un avantpropos sur la prophétie, saint Basile indique à grands traits le contenu de tout le livre, ce qui ferait supposer qu’il avait l’intention de l’expliquer tout entier. Proœm., 7, t. xxx, col. 129. Il commence par une discussion exacte et pénétrante du titre de la prophétie, 1, 1, en le comparant avec les titres des douze petits prophètes. Il insiste sur l’importance qu’il y a de fixer la date des prophéties, « afin qu’il soit clair pour tous qu’elles ont été faites longtemps d’avance, qu’elles n’ont été accomplies que longtemps après, et que par consé quent l’action de Dieu était d’autant plus nécessaire, que l’impuissance de l’homme était plus grande. La plupart des prophètes ont vécu à peu près dans le même temps. » Proœm., 10, col. 136. Dans le commentaire du livre lui-même, « où ce qui se rapporte au Messie se trouve partout disséminé, parce que l’histoire s’y mêle partout avec le mystère, » Proœm., 7, col. 129, le sens caché de l’Écriture est souvent recherché et mis au jour, et l’auteur lui donne à peu près la même importance qu’au sens littéral. Pour les cas dans lesquels saint Basile reconnaît comme objet direct de la prophétie, non pas le Messie lui-même, mais des événements prochains, par exemple, la captivité de Babylone, ils sont traités à part. Proœm., 169, col. 397 et suiv.
Voilà ce qui nous reste de l’œuvre exégétique de saint Basile, laquelle était probablement beaucoup plus considérable. Cassiodore, In præfat. lib. institut, divin, lecti ; Baronius, Annal, ad ann. 378, édit. de Bar-le-Duc, t. v, p. 410. Cela suffit pour justifier l’éloge qu’en a fait saint Grégoire : « Quand je lis les explications qu’il a composées pour des intelligences moins relevées, les partageant dans les trois sens (littéral, moral et allégorique), je ne m’arrête pas à l’écorce de la lettre ; je vais plus avant ; j’entre de profondeur en profondeur ; d’un abîme, j’invoque un autre abîme, jusqu’à ce que je sois enfin parvenu là où réside et rayonne la vérité. »
Voir Gius. del Pozo, Dilucidazioni crilico - istoriche délia vita di santo Basilio Magno, in-4°, Rome, 1746 ; Klose, Ein Beitrag zur Kirchengeschichte : Basilius der Grosse nach seinem Leben und seiner Lehre dargestellt, Stralsund, 1835 ; Eug. Fialon, Étude historique et littéraire sur saint Basile, suivie de l’Hexaméron, in-8°, Paris, 1867 ; Weiss, Die drei grossen Cappadocier als Exegeten, Braunsberg, 1872. J. B. Jeannin.
- BASILEENSIS##
BASILEENSIS (CODEX). Ce manuscrit grec appartient à la bibliothèque de l’université de Bâle, où il est coté A. N. III. 12. Il porte le n° 6 au Catalogue des manuscrits grecs des bibliothèques de Suisse, Leipzig, 1886, de M. Omont. L’écriture est onciale, accentuée, ponctuée. Le manuscrit est de parchemin, compte 318 feuillets de 230 millimètres sur 162 ; chaque page compte 24 lignes. Le volume contient les quatre Évangiles dans l’ordre Matthieu - MarcxLuc - Jean, mais non sans quelques lacunes accidentelles, Luc, iii, 4-15 ; xxiv, 47-53. Les feuillets 160, 207, 214, sont palimpsestes : le texte évangélique, récrit par une seconde main, est en cursive ; le texte premier a été publié, mais n’a point encore été identifié. On le trouvera dans les prolégomènes cités plus loin du Novum Testamentum greece de Tischendorf, p. 373. On pense que le Codex Basileensis a dû être écrit vers le milieu du vine siècle. Il fut apporté au xve siècle air couvent des Frères Prêcheurs de Bâle, dont il porte Vex libris au bas du folio 1, et l’on croit qu’il faisait partie des manuscrits grecs rapportés d’Orient par le cardinal Jean de Raguse, légat du concile de Bâle (1431) auprès des Grecs. Il a été collationné par Mill (1707), qui le qualifie de « probatse fidei et bonae notse », puis par Wetstein (1735) ; décrit par Rod, De antiquo basileensis bibliothecse codice grxco IV Evangeliorum observationes quœdam criticee, Gœttingue, 1750 ; collationné par Tischendorf (1843), par Tregelles (1846). Dans l’appareil critique du Nouveau Testament, il est désigné par la lettre E, et compte parmi les manuscrits importants. Il est tenu, en effet, pour un des meilleurs représentants de la famille de textes que l’on appelle syrienne, par opposition à la famille dite occidentale et à la famille dite alexandrine, ainsi qu’on les appelle à la suite de MM. Hort et Westcott : c’est-à-dire qu’il est un des meilleurs représentants du texte commun et l’un des plus anciens. On trouvera un fac-similé, d’ailleurs insuffisant, dans Scrivener, À plain introduction to the crilicism of the New Testament, Cambridge, 1883, pi. xi, n » 27. Voir C. R. Gregory, Pro U95 BASILEENSIS (CODEX) — BASQUES (VERSIONS) DE. LA BIBLE 4496
legomena ad Novum Testamentum grxce de Tischendorf, Leipzig, 1884, p. 372-374. P. Batiffol.
- BASILIC##
BASILIC (Septante : 0c « hX(<7Xoc ; Vulgate : basiliscus, regulus, « [serpent] royal, » de (HamXe-j ; et de rex, « roi. » Cf. S. Isidore de Séville, Etym., xii, i, 6, t. lxxxii, col. 443), serpent très venimeux d’après la croyance populaire, sorte de dragon dont la morsure était mortelle et dont le regard suffisait pour tuer. Il habitait les déserts de la Cyrénaïque. Si l’homme avait vu le premier le basilic, il échappait à la mort ; mais il était perdu dans le cas contraire. Pour faire périr ce dangereux reptile, on lui présentait un miroir, et son regard terrible, réfléchi sur la glace, lui donnait la mort. On attachait d’ailleurs le plus grand prix à sa possession, parce qu’on s’en servait, disait-on, pour préparer les médicaments les plus puissants. Pline, H. N., « iii, 78 (33), édit. Tauchnitz, 1870, t. ii, p. 74. Cf. Élien, H, 5-7 ; Galien, De theriaca ad Pison., vui, Opéra, édit. Kûhn, t. xiv, 18’27, p. 232 ; cf. t. xii, p. 250 ; Solin, Polyhistor, 28, édit. Pankoucke, 1847, p. 222-224 ; Lucain, Pharsal., va, 725. Pendant longtemps des charlatans ont vendu aux gens crédules, sous le nom de basilics, de petites raies façonnées en forme de dragons. On reconnaît aujourd’hui que ce serpent n’a jamais existé, et que Jes propriétés qu’on lui a attribuées sont purement fabu-Seuses. Voir D. Macri, Hierolexicon, 6e édit., 2 iiî-4°, Bologne, 1765-1767, t. i, p. 117. L’espèce de lézard que les naturalistes contemporains appellent basilic n’a rien de commun que le nom avec le reptile ainsi désigné par les anciens.
Le texte original de l’Écriture ne parle jamais du basilic ; mais les Septante et la Vulgate se sont servis de son nom pour traduire le nom de serpents réels mentionnés dans l’hébreu. On lit deux fois pamXwxo ; dans la version des Septante, Ps. xc, 13, et Is., Ltx, 5. La Vulgate emploie une fois le mot basiliscus, Ps. xc, 13 ( notre version latine des Psaumes ayant été faite sur le grec, le traducteur latin a conservé le mot des Septante). L’hébreu porte dans ce passage pélén, c’est-à-dire l’aspic. Voir col. 1125. Saint Jérôme s’est servi six fois du mot regulus, pour rendre .divers noms sémitiques de serpents. Il a ainsi traduit trois fois taiysst, sif’ônî, Prov., xxiii, 32 (Septante : %ep<x<jri) « ) ; Is., xi, 8 (Septante : àinrfç) ; Jer., vni, 17 (Septante : [ô’pssç] Oœvcitoûvteç) ; . une fois jbs, séfa’(dérivé de la même racine que sifônî), Is., xiv, 29 (Septante : àrfjrc’c) ; une autre fois psr, sârâf, Is. ; xxx, 6 (Septante ; àiraiç), et enfin une fois aussi nysx, ’éf’éh, Is., Lix, 5 (Septante : pa<ri)a<Txo ; ). Le texte original parle donc de serpents divers, existant en Palestine, là où notre version latine porte uniformément « basilic ». Pour l’identification des reptiles mentionnés dans ces six passages, voir Serpents. Cf. S. Jérôme, In Is., xiv, 29, t. xxiv, col. 166 ; Bochart, Hierozoicon, IV, édit. Leusden, Opéra, 1692, t. i, col. 22. Orban.
- BASMURIQUE##
BASMURIQUE (VERSION) DE LA BIBLE. Voir Coptes (versions).
- BASNAGE DE BEAUVAL Jacques##
BASNAGE DE BEAUVAL Jacques, protestant, né à Rouen le 8 août 1653, mort le 22 décembre 1723. Il étudia à Saumur, sous Tanneguy le Fèvre, et, voulant devenir ministre, alla commencer à Genève ses études théologiques, qu’il termina à Sedan, sous Jurieu et Beaulieu. En 1676, il fut reçu ministre à Rouen, et, en 1685, .obtint la permission de se retirer en Hollande, où il devint le favori du grand pensionnaire Heinsius. Il fut ministre à Rotterdam, puis à la Haye, et usa toujours de son influence pour rendre service à la France. Il a publié une Histoire des Juifs depuis Jésus-Christ jusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoire de Josèphe, 5 in-12, Rotterdam, 1706. Cette histoire, d’une réelle valeur et d’une grande impartialité, a eu plusieurs éditions ; la meilleure est celle publiée en 1717, 15 in-12. I
En 1710, l’abbé Dupin en avait publié à Paris une édition (7 in-12) sans nom d’auteur, et dans laquelle il avait fait les changements et les suppressions qu’il jugeait nécessaires. Basnage écrivit alors YHisloire des Juifs réclamée et rétablie par son véritable auteur contre l’édition anonyme et tronquée faite à Paris, in-12, Paris, 1711. De ce même auteur, nous avons encore : Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentée en taille s-douces par Rornein de Hoogue, avec une explication, in-f°, Amsterdam, 1705 ; in-4o, Amsterdam, 1706 ; elle fut réimprimée, en 1714, sous le titre de Grand tableau de l’univers. Antiquités judaïques, ou remarques critiques sur la république des Hébreux, 2 in-8o, Amtersdam, 1713. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 58, 74 ; t. ii, p. 886 ; Sax, Onomast. Un., t. v, p. 300, 362. B. Hedrtebize.
- BASQUES##
BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE. — La
langue basque, qui ne se rattache ni à la famille indœuropéenne ni à la famille sémitique, est parlée, en France, dans l’arrondissement de Mauléon et dans la plus grande partie de celui de Bayonne (Basses-Pyrénées), et, en Espagne, dans les provinces de Navarre, de Guipuzcoa, d’Alava et de Biscaye. Elle forme trois principaux dialectes, le labourdin, le souletin et le biscayen, sans parler de quelques dialectes moins importants. Les Basques appellent leur langue euscara.
On ne connaît aucune version des Livres Saints en cette langue avant le xvie siècle. À cette époque, la reine de Navarre, Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, fit traduire le Nouveau Testament en basque par le pasteur de l’Église réformée de La Bastide Clairence, Jean Liçarrague ; il fut imprimé à la Rochelle : Jésus Christ gure iaunaren Testamenlu berria. In -8°, Rochellan, 1571. ( Bibliothèque nationale. À 6455 bis. Réserve.) Il ne porte pas sur le titre le nom du traducteur, mais « Jean de Liçarrague de Briscous » se nomme lui-même dans la Dédicace ( en français) placée en tête de sa version et adressée à la reine de Navarre. Il dit lui-même de son œuvre : « Me souvenant tousiours de l’exprès commandement de Dieu, qui est de ne rien oster ni adiouster à sa parole, ie l’ay fait le plus fidèlement qu’il m’a esté possible » (p. iiii). Elle est, en effet, exacte ; mais on reconnaît le calviniste à certaines expressions : sacrificadore, « sacrificateur, » au lieu de « prêtre » ; emendamendu, « amendement, » Marc, I, 4, 15, etc., au lieu de « pénitence », etc. Le dialecte est le labourdin. L’auteur semble avoir fait sa version sur la traduction française en usage de son temps parmi les calvinistes. C’est un des premiers livres qui aient été imprimés en basque.
La traduction de Liçarrague, dont les exemplaires étaient devenus extrêmement rares, a été réimprimée, en entier : Jesus-Christo gure jaunaren Testament berria. Lapurdico escuararal itçulia, in-8o, Bayonne, 1828, et en partie, Jésus-Chnstoren Evangelio saindua, S. Mathiuren arabera (Évangile de S. Matthieu), in-4o, Bayonne, 1825 (publié par le pasteur Pyt aux frais de la Société biblique) ; autre édition, in-8o, Bayonne, 1828 ; Jesus-Christo gure jaunaren laur ebanyelioac… eta apostolu suainduen eguintcen liburua ( les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres), in-8o, Bayonne, 1828. Fleury de Lécluse a publié séparément Sermon sur la montagne en grec et en basque, in-8o, Toulouse, 1831. M. J. Vinson a fait aussi réimprimer la traduction de l’Évangile de saint Marc par Liçarrague, dans le premier fascicule de ses Documents pour servir à l’étude historique de la langue basque, avec index, notes et vocabulaires, in-8o, Bayonne, 1874. W. J. Van Eys a également réédité Y Évangile selon saint Matthieu, in-8o, Paris, 1877. Liçarrague n’avait traduit que le Nouveau Testament. A la fin du XVIIe siècle ou au commencement du xviil", Pierre d’Urte, ministre du Saint Évangile, natif de Saint-Jean -deLuz, qui vivait encore en 1715, entreprit une
traduction de l’Ancien Testament ; mais il s’arrêta dès le début de son œuvre. Son manuscrit contient seulement la Genèse et les vingt-deux premiers chapitres de l’Exode (l-xxii, 6). Il est conservé dans la bibliothèque de lord Macclesfield, à Shirburn, dans le comté d’Oxford. Il commence par ces mots : Biblia saindua Testament çaharra eta berria iduquitçen dituena bertçéla alientcia çaharra eta berria : edo iscritura saindua guera. Le dialecte est celui de SaintJean-deLuz et diffère du dialecte archaïque de Liçarrague. La version paraît faite sur la Bible française de Genève. Voir Academy, 13 septembre et 8 novembre 1884, t. xxvi, p. 168, 306 ; 21 janvier 1893, t. xliii, p. 60.
Jusqu’au XIXe siècle, il n’avait encore paru de traduction catholique d’aucune partie des Livres Saints. Comme l’évêque de Bayonne désirait opposer une version orthodoxe à celle de Liçarrague, un prêtre de son diocèse, Jean de Haraneder, de Saint-Jean-de-Luz, avait traduit tout le Nouveau Testament ; mais son travail n’avait pas été imprimé. Une copie manuscrite de son œuvre se trouve entre les mains de M. l’abbé Harriet ; elle porte pour titre : lesu Christoren Evangelio saindua, Iean Haraneder aphez Donibane Lohitzucoac escoararat itçulia. M.DCG.XL. (Le saint Évangile de Jésus-Christ, traduit en basque par Jean Haraneder, prêtre de Saint-Jean-de-Luz.) La copie, faite par Jean Robin, prêtre, est datée de 1770.
A l’aide de cette traduction et en se servant aussi de Liçarrague, M. Harriet a publié Jesu - Christo gure jaunaren Testament berria lehenago I. N. Haraneder done loane Lohitsuco iaxm aphez batec escuarrat itçulia ; orai, àrtha bereci batequin, garbiquiago, lehembico aldicotçat aguer - aracia, laphurtar bi iaun aphecec. In-12, Bayonne, 1855. (Le Nouveau Testament de Jésus-Christ, traduit primitivement en basquepar un seigneur prêtre de Saint-Jean-de-Luz, J. N. Haraneder ; publié maintenant pour la première fois, plus purement, avec un soin particulier, par deux prêtres labourdins.) Les deux prêtres labourdins sont M. M. Harriet et M. Dassance ; Je concours de ce dernier a été seulement pécuniaire. Cette version ne contient que les quatre Évangiles, accompagnés d’un vocabulaire basque et précédés de prières.
Les traductions basques des Livres Saints ont été nombreuses pendant le xix c siècle. Un médecin nommé Oteiza a traduit en guipuzcoan l’Évangile de saint Luc : Evangelioa San Lucasen guissan. El Evangelio segun S. Lucas traducido al vascuence. In-8°, Madrid, 1838. Cette version a été publiée par G. Borrow, avec le concours de la Société biblique. Voir G. Borrow, The Bible in Spain, 2\{\{e\}\} édit., 3 in-12, Londres, 1843, t. ii, ch. xix, p. 391 ; trad. franc., 2 in-8°, Paris, 1845, t. ii, ch. iii, p. 44. C’est surtout au prince Louis-Lucien Bonaparte que les Basques doivent de nombreuses publications des Écritures en leur langue ; il a fait traduire la Bible entière en labourdin, et plusieurs parties de l’Ancien et du Nouveau Testament en divers dialectes. Voici ces publications, selon l’ordre des livres de l’Écriture : Bible saindua edo Testament zahar eta berria Duvoisin kapitainak latinezko Bulgatatik lehembiziko aldizko laphurdiko eskarara itzulia Luis Luziano Bonaparte Printzeak argitara émana. Grand in-8° à deux colonnes, publié en cinq livraisons, Londres, 1859-1865. (La Bible ou le Testament ancien et nouveau, traduit pour la première fois du latin de la Vulgate au basque du Labourd.) — Biblia edo Testamentu zar eta berria Aita Fray José Antonio de Uriarte latinezeo Vulgatatic lembicico aldiz Guipuzcoaco euscarara itzulia, Luis Luciano Bonaparte principeac eta don José Antonio de Apiazu guipuzcoatarrac lagunduric. In-8°, Londres, 1859. (La Bible ou l’Ancien et le Nouveau Testament, traduit pour la première fois du latin de la Vulgate au basque de Guipuzcoa.) Il n’a paru que la Genèse, l’Exode et le Lévitique (251 exemplaires). — Le livre de Buth, traduit en basque labourdin par le cap. Duvoisin. In-12, Londres, 1860 (250 exemplaires. Société biblique). — El
salmo quincuagêsimo traducido al vascuence del valle de Salazar, de la version castellana de don Felipe Scio, por don Pedro José Samper, abad de Jaurieta. In - 4% Londres, 1867. — El salmo quincuagêsimo traducido al vascuence aezcoano, salaceno y roncalés de la version castellana del padre Felipe Scio, por don Martin Elizondo de Aribe, don Pedro Samper, y don Mariano Mendigacha, de Vidangoz. In-4°, Londres, 1869. — Canticum canticorum Salomonis tribus vasconiese linguse dialectis in Hispania vigentibus versum, opéra et studio Josephi A. de Uriarte et Ludovici L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Tiré à 250 exemplaires. — Canticum trium puerorum in septem præcipuas vasconiese Ungux dialectos versum. In -4°, Londres, 1858. — Le Cantique des cantiques de Salomon, traduit en basque labourdin, par M. le cap. Duvoisin. In-8°, Londres, 1859. Tiré à 250 exemplaires. — Le même, traduit en basque biscayen central, tel qu’il est communément parlé aux environs de Bilbao, par le P. J. A. de Uriarte. In -8°, Londres, 1862. — Canticum trium puerorum in undecim vasconiese linguse dialectos versum, collegit L. L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Autre édition, même lieu et même date. Ces trois éditions ont été tirées chacune à 250 exemplaires. Ce cantique a été publié aussi en quelques autres dialectes, Londres, 1869. — La profecia de Jonâs traducida al vascuence, dialecto navarro del valle de Bastan, segun ahora comunmente se habla en la villa de Elizondo, por don Bruno Etchenique. In - 16, Londres, 1862 (250 exemplaires). — La prophétie de Jonas traduite endialecte basque de la Basse -Navarre, tel qu’il est communément parlé dans la ville de Cize, par M. l’abbé Casenave. In-16, Londres, 1862 (250 exemplaires). — La prophétie de Jonas traduite en basque labourdin par le cap. Duvoisin. In-16, Londres, 1863 (250 exemplaires). — L’Évangile selon saint Matthieu, sur la version de M. le Maistre de Sacy, traduite en langue basque, dialecte bas-navarrais, par M. Salaberry ( d’Ibarrole), pour le prince Louis-Lucien Bonaparte. In-8°, Bayonne, 1856. Il n’en a été tiré que douze exemplaires. — Le Saint Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, traduit en basque souletin, par l’abbé Inchauspe, pour le prince Louis -Lucien Bonaparte. In -8°, Bayonne, 1856. Tiré à douze exemplaires. — El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à douze exemplaires.
— El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialeeto navarro, por don Bruno Etchenique de Elizondo, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires. — El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano. In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires. Autre édition, Londres, 1858 (de 26 exemplaires). — Le prince Lucien a fait aussi publier : San Lucasen ebanjelioaren parteac (Parties de l’Évangile de saint Luc) (sans lieu ni date), (nous ne parlons pas de quelques autres fragments sans importance). — Jesu-Cristoren Evangelio sandua Juanec dacarran guisara. Don Joaquin Lizarragac euscaran itzulia itzes itz, daiguen dina, eguiaren amorez, ta L. L. Bonaparte arguitara émana. In-4°, Londres, 1868. (Le Saint Évangile selon saint Jean, traduit enbasque par don J. Lizarraga, mot pour mot, autant qu’on le peut.) — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducido al vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à 51 exemplaires.
— L’Apocalypse de l’apôtre saint Jean, traduit en basque souletin par l’abbé Inschauspe, pour le prince Louis -Lucien Bonaparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à 50 exemplaires. — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano, por el P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe L. L. Bo-’naparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à 50 exemplaires.
1499
- BASQUES##
BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE — BASTONNADE
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Outre les publications du prince Bonaparte, il faut mentionner : Perliasco colierbat. Un collier de perles, ou Passages extraits du Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Petit in-8°, Bayonne (-1864). — Miss Alice Probyn (devenue plus tard M me Hill) en a fait faire en 1879, à Paris, une nouvelle édition in-8°, dans un but de propagande protestante. — Ebanjelio saintia Jésus - Kristena jondane Johaneren arabera. In - 8°, Bayonne, 1873 ; 2e édition, Orthez, 1888. Traduction faite par M lle Anna Urruthy, ainsi que celle des Épîtres de saint Pierre : Jondane Phetiriren Epitriac, in-18, Bayonne, 1873 ; 2° édit, 1887.
La Société biblique de Londres a édité les versions suivantes : Ebangelio saindua san Marken arabera, lapurdico escuararat itçulia. In-8°, Londres, 1887. — Ebangelio saindua san Joanesen arabera, lapurdico escuararat itçulia. In-8°, Londres, 1887. Ces deux Évangiles sont simplement réimprimés de la Bible de M. Duvoisin ; seulement dans saint Marc, i, 4, 15 ; vi, 12, on a substitué au mot penitencia, « pénitence, » l’expression emendamendu, « repentance, amélioration. » La Société biblique
fit emprisonner au Temple. Après une longue détention, Bassinet se retira à Chaillol, où il finit ses jours à 90 ans.
— On a de lui : Histoire sacrée de l’Ancien et du Nouveau Testament, représentée par figures accompagnées d’un texte historique, 8 in-8°, Paris, 1804-1806. Le huitième volume de cet ouvrage, contenant les Actes des Apôtres et l’Apocalypse, est de L’Écu, ancien abbé de Prémontré. En 1802, il avait publié sous les initiales J. B. B. une Histoire sacrée du Nouveau Testament, contenant la vie de Jésus-Christ ; elle forme le t. vu de l’x>uvrage cité plus haut. O. Rëy.
- BASTONNADE##
BASTONNADE, application d’un certain nombre de coups de bâton, la plus commune des peines corporelles établies par la loi mosaïque pour les délits d’ordre secondaire. Deut., xxv, 2-3 ; Ps. lxxxix, 33 ; Prov., xvii, 26 ; Mischna, Maccoth, iii, 1-7 ; Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, 23. C’était du reste et c’est encore le châtiment le plus fréquent en Orient, spécialement en Egypte, où le bâton, « ce don du ciel, » a toujours joué un grand rôle. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii,
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457. — Préparatifs de la bastonnade. Tombeaux de Saqqara. Musée G-niniet.
a donné aussi plusieurs éditions de V Ebangelio saindua san Luken arabera. Lapurdico escuarrat itçulia, petit in-8°, Londres, 1868, 1871, 1878, 1886, 1887. — Jesu Cristoren evanjelioa Lucasen araura (en dialecte guipuzcoan), in-8°, Londres, 1870 ; autre édition, Buenosvyres, 1877. — Jesu - Cristoren Evangelioa Juanen araura, in-8°, Londres, 1879. — Voir J. Vinson, Essai d’une bibliographie de la langue basque, in-8°, Paris, 1891, p. 5 et suiv. F. Vigouroux.
- BASS Sabbathai##
BASS Sabbathai, exégète juif, Hollandais, né à Kalisch en 1641, mort à Krotoschin en 1718. Il établit, en 1689, une imprimerie hébraïque à Dyrenfurt. Il est l’auteur : 1° des èiffê hâkâmim, commentaire du commentaire de Raschi sur le Pentateuque et les cinq Megilloth, Amsterdam, 1680 ; — 2° des Èiftê yesênim, catalogue de la littérature hébraïque comprenant 2368 numéros, dont 2200 d’écrivains juifs et 160 d’écrivains chrétiens, Amsterdam, 1680 ; Zolkiew, 1806. Voir J. A. Benjacob, Ozar hasepharim, Thésaurus librorum hebraicorum, in-4°, Wilna, 1880, part, iii, n°* 1236 et 1238, p. 609.
BASSIN D’AIRAIN. Voir Mer d’airain. — Pour les autres bassins ou cuves employés dans le service du temple de Jérusalem, voir Vases dd temple.
- BASSINET##
BASSINET (Alexandre -Joseph de), prêtre français, né à Avignon le 22 janvier 1723, mort à Chaillot le 16 novembre 1813, prédicateur brillant à la cour, chanoine et grand vicaire de Verdun, refusa le serment à la constitution civile du clergé, resta caché et oublié pendant la Révolution, mais eut des démêlés avec Bonaparte, qui le
p. 254 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. iii, p. 47. Le condamné à qui on l’infligeait était couché sur le ventre, Deut., xxv, 2, les pieds et les mains retenus par les exécuteurs ou attachés à des piquets. On le frappait sur le dos avec un bâton, Prov., x, 13 ; xxii, 15, en présence du juge et immédiatement après le jugement, Deut., xxv, 2. Moïse, qui inscrivit la bastonnade dans le code pénal israélite, l’avait vu souvent pratiquée en Egypte de la même façon : les monuments représentent fréquemment la préparation de cette peine (fig..457) et son administration (fig. 458). D’après la loi mosaïque, le nombre des coups était proportionné à la gravité de la faute, mais ne pouvait dépasser quarante. Deut., xxv, 3. Après le retour de l’exil de Babylone, les Juifs, par scrupule pharisaïque, ne donnèrent plus que trente - neuf coups, de peur de dépasser le nombre maximum prescrit par la loi, II Cor., xi, 24 ; Mischna, Maccoth, iii, 10, ou bien sous l’influence grecque ou romaine, la bastonnade proprement dite fut-elle remplacée par la flagellation (Matth., x, 17 ; Act., v, 40. Voir Flagellation). Or, comme elle était administrée au moyen d’un fouet à trois lanières de cuir, on ne donnait que treize coups en tout, ce qui équivalait à trenteneuf, Josèphe, Ant. jud., TV, viii, 21, note de Ed. Bernard, édit. Havercamp, in-f°, Amsterdam, 1726, p. 237 ; ou bien l’on donnait treize coups sur la poitrine et treize sur chaque épaule. Mischna, Maccoth, iii, 12, et note de Maimonide, Surenhusius, Mischna, part, iv, p. 289. Nulle fonction, nulle dignité n’exemptait de la bastonnade, qui du reste n’avait rien d’humiliant aux yeux des Juifs, malgré le dire de Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, trop préoccupé des mceurs romaines et de la façon de penser de
son temps. Le grand prêtre lui-même pouvait la subir, pour une transgression des lois cérémonielles ; aussitôt après, il reprenait ses fonctions sans déshonneur. Selden, De Synedriis, in-8°, Amsterdam, 1679, p. 334 et 347.
La peine du bâton, non plus administrée en règle et devant le juge, mais considérée comme moyen de correction ou comme stimulant dans la main du père ou du maître à l’égard de ses enfants, Prov., xiii, 24 ; xxiii, 13, 14, ou de ses serviteurs, Luc, xii, 45-48, était connue en Palestine comme en Egypte. Les monuments de la vallée du Nil nous montrent souvent des serviteurs menacés du
aux verges l’homme libre : la loi Porcia en exempta les citoyens romains. Act., xvi, 22. La verge, plus flexible que le bâton, était une des baguettes de coudrier ou d’orme qui composaient les faisceaux des licteurs. Chez les Juifs, les maîtres cruels remplaçaient le simple bâton par le scorpion. III Reg., xii, 11. Quelques auteurs y voient un bâton noueux ou armé de pointes. S. Isidore de Séville, Etymolog., V, xxvii, 18, t. lxxxii, col. 212. Mais le scorpion est plutôt un fouet armé de pointes de fer, une sorte de flagellum. — Voir J. D. Michælis, MosaU sches Recht, in-12, Francfort, 1780, 5e partie, p. 48-53 ;
[[File: [Image à insérer]|300px]]
458. — Bastonnade infligée à un berger qni a perdu une partie de son troupeau.
Tombeau de Beni-Hassan. — Dans le registre snpérienr, le chef de famille, reconnaissable & la canne qu’il tient à la main, demande le compte de ses troupeaux. Un scribe, qui n’est pas reproduit dans notre gravure, le lui indique d’après ses tablettes : il s’élève à deux cent cinquante têtes ; le berger n’en ramène que deux cent quarante ; U est condamné à la bastonnade, qui lui est administrée dans le registre Inférieur. La légende hiéroglyphique qu’on lit dans le registre inférieur signifie : « Mets-le par terre sur le ventre. » Celle qui est dans le registre supérieur Indique le chiffre total du troupeau (350). D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. 390 et 391.
bâton, ou debout les mains derrière le dos subissant cette peine ; on y voit des surveillants stimulant du bâton le travail des esclaves. Voir Briques. Sur les monuments assyriens, les convois de captifs sont toujours conduits par des soldats armés de bâtons pour frapper les récalcitrants. Voir fig. 261, col. 983 et Captifs. L’auteur des Proverbes, xiii, 24 ; xxiii, 13, 14, juge excellente la correction corporelle pour les enfants rebelles aux voies de la raison et de la douceur ; mais il faut en user avec modération, xix, 18.
Dans le monde grec, la bastonnade était usitée sous une forme spéciale. Ainsi Antiochus condamne Éléazar au supplice du tvimtoivov. II Mach., vi, 19, 28, 30 (texte grec). Saint Paul y fait allusion, Hebr., xi, 35 (grec). Le tympanum était un instrument de supplice en forme de roue, où le corps du condamné était fortement tendu comme la peau d’un tambour, et on le frappait de coups de bâton jusqu’à la mort. — Chez les Romains, tandis que le fouet était réservé aux esclaves, on condamnait
J. Selden, De Synedriis, in-4°, Amsterdam, 1679, 1. II, c. xiii, 6, p. 333-348. E. Levesqub.
BATAILLE. Voir Guerre.
- BATANÉE##
BATANÉE (BaTavaîa, dans Josèphe et Ptolémée), forme grécisée du nom de Basan, par l’intermédiaire de l’araméen, qui avait durci la sifflante en t. Voir BaSan, col. 1487, 1489-1490.
- BÂTARD##
BÂTARD, enfant de naissance illégitime, c’est-à-dire né hors mariage. Chez les Hébreux, on ne regardait comme bâtards ni les enfants des esclaves, ni les enfants des femmes du second ordre, appelées « concubines » dans l’Écriture (voir Concubine) ; comme le mariage des esclaves et le « concubinat » étaient de véritables unions matrimoniales, quoique d’ordre inférieur, le fruit de ces unions était légitime. Il est difficile de définir quelle était, dans la loi de Moïse, la situation des bâtards. Nous n’avons
de texte précis que pour une catégorie d’entre eux, ceux à qui l’Écriture donne le nom de mamzêr, Deut., xxiii, 2, mot que la Vulgate a conservé et qui a passé dans la langue du droit canonique.
1° À qui s’appliquait, ^ chez les Hébreux, la qualification de « mamzêr ». — Quoiqu’on ne puisse pas déterminer d’une manière certaine toutes les espèces d’enfants illégitimes comprises par les Hébreux sous cette dénomination, on peut cependant signaler les principales. On regardait comme mamzêr : 1. L’enfant né d’une union incestueuse, au moins dans les cas d’inceste les plus graves ; ces cas d’inceste sont ceux que la loi punit soit de la peine de mort, soit de la peine du « retranchement », kârat. Telle est l’opinion traditionnelle des Juifs, consignée dans la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1700, t. iii, p. 17-18. Cf. Bartenora et Maimonide, dans lears Commentaires sur cet endroit de la Mischna, loc. cit. ; Selden, De Jure naturse et gentiùm, v, 16, VVittenberg, 1770, p. 655, et De successionibus in bona defuncti, iii, Francfort-sur-1’Oder, 1673, p. 12 ; Saalschûtz, Dos Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 100, p. 693 ; Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 781. — 2. L’enfant né d’une relation adultérine ; il était placé sur le même pied que le fruit de l’inceste. Cf. Selden, De successionibus, loc. cit. — 3. L’enfant né d’un mariage défendu entre Juifs et étrangers ; la loi ne défendait pas aux Juifs le mariage avec toute espèce d’étrangers, mais seulement avec certains étrangers, par exemple, les Chananéens, Exod., xxxiv, 16 ; Deut., vii, 2-4 ; or l’enfant né d’une de ces unions défendues était regardé et traité comme mamzêr ; on en voit une application rigoureuse dans Esdras, x, 3, 44. — 4. Probablement aussi, l’enfant né d’une fille prostituée ; telle est, en effet, pour le mot hébreu mamzêr, Deut., xxiii, 2, la traduction des Septante, Sx îcipvv] ; , et de la Vulgate, de scorto natus ; cette sévérité vient de la rigueur avec laquelle Moïse avait défendu ce crime, ne voulant pas le tolérer en Israël. Deut., xxm, 17. — En dehors de ces cas, il est difficile de dire si la qualification de mamzêr s’applique encore à d’autres catégories d’enfants illégitimes ; ce qui est certain, c’est qu’il ne suffisait pas qu’une union ou relation fût défendue, ou même annulée, pour que le fruit en fût déclaré mamzêr ; voir le commentaire de Bartenora sur la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, dans Surenhusius, toc. cit. ; Selden, De successionibus, etc., p. 12-13. La simple violation du sixième précepte du Décalogue est punie d’une peine relativement légère, Exod., xxii, 16-17 ; il n’est aucunement probable que le fruit de cette relation coupable soit réduit à la triste situation du mamzêr.
2° Quelle était la situation du « mamzêr » chez les Hébreux. — D’une manière générale, on peut dire qu’il était frappé d’une espèce d’excommunication à la fois civile et religieuse ; tel est, en effet, le sens du passage rapporté du Deutéronome, xxiii, 2 : « Que le mamzêr n’entre pas dans l’assemblée du Seigneur, biqehal Yehôvâh, pas même sa postérité jusqu’à la dixième génération ; » l’expression qàhàl Yehôvâh signifie « l’assemblée », et, par suite, la société des Israélites, peuple choisi de Jéhovah, avec tous les droits civils et religieux qui appartiennent à ses membres. Le mamzêr était donc plus ou moins privé de ces droits. Voici quelques applications de cette peine, signalées par l’Ecriture ou les interprètes : 1. Le mamzêr n’a pas le droit d’épouser une fille d’Israël ; cela découle du texte du Deutéronome. Ce droit était un des plus précieux des enfants de Jacob, parce qu’il avait pour but immédiat de recruter le peuple de Dieu, d’où devait sortir le Messie. Cf. Maimonide, More Nebochim, iii, 49, traduction latine de Buxtorf, Bâle, 1629, p. 507 ; Selden, De jure naturse, v, 16, p. 656-660. Le mamzêr ne pouvait épouser qu’une étrangère, une affranchie, une esclave. — 2. Le mamzêr n’était pas inscrit sur les listes généalogiques ; il. était comme s’il n’existait pas ; il n’était pas réputé comme « fils ». C’est
encore une conséquence du texte cité. Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, In Deut., xxiii, Leipzig, 1824, p. 566. Toutefois cette sanction ne date que de la loi mosaïque ; avant Moïse il n’en est pas question : le nom de Phares, dont la naissance lui méritait la situation de mamzêr, setrouve dans toutes les généalogies contenues dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. — 3. Le mamzêr n’avait aucun droit sur la succession de son père, et en conséquence n’avait, de ce côté, aucune part d’héritage. Telle est l’opinion commune des interprètes, qui la déduisent du même texte ; ce texte nous montre le mamzêr séparé de la société juive, et par conséquent privé des droits civils, dont un des principaux est le droit de succéder. Voilà pourquoi Jephté, qui était mamzêr, comme ayant pour mère une fille publique, zônâh, Jud., xi, 1, put être légitimement privé par ses frères de toute part dans la succession de leur père, Jud., xi, 2, traitement qui paraît avoir été ratifié par une sentence des anciens de la ville. Jud., xi, 5-7. Si, dans ce dernier passage, Jephté se plaint, ce n’est pas d’avoir été privé de sa part d’héritage, mais d’avoir été chassé de la maison paternelle, ce qui est bien différent. Cf. Serarius, In Judices, xi, 9, 4, Paris, 1611, p. 336-337 ; Ménochius, De republica Hebrseorum, v, 9, Paris, 1648, p. 478 ; Rosenmûller, In Judices, xi, 1-2, Leipzig, 1835, p. 264-265. C’est ainsi que, chez les Romains, le droit pour les bâtards de succéder et d’hériter était extrêmement restreint ; et chez les Grecs, particulièrement chez les Athéniens, il était nul. Cf. Ubbo Emmius, De Republica attica, dans Gronovius, Thésaurus grxcarum antiquitatum, Venise, 1732, t. iv, p. 613 ; Hotman, De spuriis et legitimatione, dans Grasvius, Thésaurus rornanarum antiquitatum, Venise, 1732-1737, t. viii, p. 1204-1205. Le mamzêr, chez les Hébreux, n’était pourtant pas abandonné ; ses parents lui devaient le vivre et le couvert ; et Josèphe nous apprend que, quand les parents coupables étaient punis de la peine de mort, par exemple, en cas d’adultère, la communauté juive se chargeait de l’enfant né de ces relations, Contr. Apion., ii, 24. — Remarquons, sur le point qui nous occupe, un grand relâchement chez le peuple juif ; dans les siècles qui suivirent le commencement de l’ère chrétienne, le mamzêr hérita comme ses frères légitimes ; c’est ce que nous apprend Maimonide, traité Nechaloth, i, dans Selden, De successionibus, etc., p. 11.
— 4. Le mamzêr était exclu de toute fonction publique, et même du droit de voter dans les assemblées ; nouvelle conséquence du texte du Deutéronome, xxiii, 2. Cf. Leydekker, De republica Hebrseorum, vi, 5, Amsterdam, 1704, p. 361. Que si Jephté fut choisi pour être le « juge » ou chef de sa tribu, ce fut dans un de ces cas de nécessité où le salut public est la loi suprême, et par une sorte d’inspiration divine, comme l’insinue saint Paul. Hebr., xi, 32. Cf. Serarius, loc. cit., q. 5, p. 338-339 ; Leydekker, loc. cit., p. 362. — 5. À plus forte raison, le mamzêr était exclu des fonctions sacerdotales ; ici les prescriptions étaient plus sévères : le sacerdoce était interdit, non seulement au mamzêr tel que nous l’avons défini, mais encore à plusieurs autres catégories d’enfants illégitimes ; si un prêtre, malgré la prohibition de la loi, épousait une femme drvorcée, une fille publique, une veuve, une étrangère, les enfants qui naissaient de ces mariages étaient réputés illégitimes, au point de vue du sacerdoce. Leydekker, De republica Hebrseorum, x, 3, p. 589, Selden, De successione in pontificaturft, Francfort-surl’Oder, 1673, ii, 2, p. 196-197 ; Cnr’pzov n Apparatus antiquitatum S. codicis, Leipzig, 1748, p. 89. — 6. Cette situation du mamzêr non seulement durait toute sa vie, mais encore s’étendait à sa postérité, « jusqu’à la dixième génération, » dit le texte, Deut., xxiii, 2, expression que les interprètes entendent, les uns (par exemple, Rosenmûller, In Deut., xxiii, 3, p. 569), d’un temps indéfini, les autres (par exemple, Cornélius a Lapide, In Deut, , xxiii, 2) dans le sens strict, c’est-à-dire jus
qu’au dixième descendant, à l’exclusion des suivants. Les rabbins, par leurs traditions, ont détruit en partie cette loi du Seigneur, en rendant possible l’extinction de la peine, même à la seconde génération : nouvelle manifestation du relâchement déjà signalé. Mischna, traité Kiddouschîn, iii, 13, édit. Surenhusius, t. iii, p. 378. Cf. Selden, De jure naturali, v, 16, p. 659-660 ; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, k. 100, p. 694, note 892.
Quant à l’enfant illégitime qui n’était pas mamzêr, on ne peut que faire des conjectures, car aucun texte ni fait précis ne nous éclaire sur sa situation. Ce qu’on peut dire, c’est que cette situation était bien moins pénible que celle du mamzêr, et que, sauf pour la succession des biens, il jouissait probablement de tous les droits civils : c’est ce que laisse à entendre le texte du Deutéronome, xxm, 2, qui, traitant spécialement du mamzêr, ne peut pas et ne doit pas s’appliquer aux autres enfants illégitimes. Du reste, cette catégorie d’enfants devait être peu nombreuse ; car, comme dans ce cas la mère de l’enfant n’était ni mariée ni parente de son complice, celui-ci pouvait et devait l’épouser, Exod., xxii, 16 ; Deut., xxii, 28-29 ; même quand le complice était marié, les mœurs juives sur la polygamie lui permettaient de prendre une seconde femme. Dès lors l’enfant entrait dans la catégorie des enfants légitimes. S. Many.
- BATE Julius##
BATE Julius, hébraïsant anglais, né en 1711, mort à Arundel le 20 janvier 1771. Il fut le disciple de Jean iïutchinson, hébraïsant, naturaliste et commentateur mystique et cabalistique de la Bible. Il écrivit plusieurs ouvrages en faveur de la doctrine de son maître. Nous citerons de lui : An enquiry into the occasional and standing similitudes oftheLord God in the OldandNew Testaments ; or the forms mode use of by Jehova Aleim to represent themselves to true believers before and since the Law by Moses. With a dissertation on the supposed confusion of tangues at Babel, in-8°, Londres, 1756. — The inlegrity of the Hebrew text and many passpges of Scripture, vindicated from the objections ofKennicott, in-8°, Londres, 1755.
— À neiv and literal translation of the Pentateuch and historical books of the Old Testament to the end of 2 Kings. With notes critical and explanatory, in-4°, Londres, 1773. — An Essay towards explaining the third chapler of Genesis and the spiritual sensé of the Law. In which the third proposition of the divine Légation, and what the author hath brought to support it, are considered, in-8°, Londres, 1741. — Remarks upon Mr Warburton’s Remarks, tending to show thaï the Ancients kneiv there was a future state ; and that the Jews were not under an equal Providence. With an explication of some passages in Job, which relate to Christianity, in-8°, Londres, 1745. — The faith of the ancient Jews in the law of Moses, and the évidence of the types vindicated. In a letter to the Rev. Dr. Stebbing, in-8°, Londres, 1747. — Micah v, 2, and Matth. ii, 6, reconciled ; with some remarks cm Dr. Runfs latin oration at Oxford, 11U8, and Dr. Grey’s last words of David, and David numbering the people, in-8°, Londres, 1749. — An Hebrew grammar : formed on the usage of the words by the inspired writers ; being an attempt to make the learning of Hebrew easy, in-8°, Londres, 1751. — Critica Hebrœa, or a Hebrew-English Dictionary without points. — Voir Darling, Cyclopscdia
bibliogr., p. 197, 198.BATEAU. Voir Navigation.
1. BATH, mot hébreu, bat, qui signifie « fille y>, et qui entre comme élément dans la composition des noms propres de femmes, de même que bén, « fils, » sert à former des noms propres d’hommes. Voir Bethsabée (hébreu : Baf-Sëba’; Bat-su’a, I Par., iii, 5) ; Béthia { hébreu : Bifyâh). — Le mot bat, K fi’lej B s’emploie
aussi en hébreu pour désigner : 1° soit les femmes, « filles d’Israël, » signifiant simplement « les femmes israélites » ; 2° soit les habitants en général d’une ville ou d’un pays : « fille de Sion, » c’est-à-dire les habitants de Sion ; « fille de Tyr, » habitants de Tyr ; « fille de Misraïm, » habitants de l’Egypte. — 3° Les « filles » d’une ville sont ses faubourgs et ses dépendances, etc.
2. BATH (hébreu : bat, mot qui signifie probablement « mesure » ), mesure hébraïque de capacité pour les liquides. Ce mot a été latinisé en plusieurs endroits par la Vulgate sous la forme batus. III Reg., vii, 26, 38 ;
I Esdr., vii, 22 ; Ezech., xlv, 10, 11, 14. Les Septante rendent une fois bat par pett’O, I Reg., v, 11 ; une autre fois par petto ; , I Esdr., vii, 22 ; ailleurs ils emploient des noms de mesures grecques. Les autres traducteurs grecs, Aquila, III Reg., vii, 38 ; Is., v, 10 ; Ezech., xlv, 14 ; Symmaque, III Reg., v, 11 ; vil, 38 ; Is., v, 10 ; Théodotion, Is., v, 10 ; Ezech., lxv, 14 ; les Pères grecs, comme Théodoret, In Is., v, 10, t. i, p. 466, se servent du mot gâxoç ou piSoç. La forme piSoç se lit dans^certains manuscrits de I Esdr., vii, 22, ainsi que dans Josèphe, A nt. jud., VIII, H, 9. Saint Luc a employé une fois le mot porco ; dans son Évangile, XVI, 6. La Vulgate traduit, dans ce dernier passage, par cadus ; ce mot, qui vient de l’hébreu kad, désigne proprement, non pas une mesure de capacité, comme le bat ou pàToç de saint Luc, mais un vase d’argile, une urne.
Le bath n’est pas nommé dans l’Ecriture avant l’époque des Rois. Il était la dixième partie du chômer ou cor, Ezech., xlv, 11, 14, et avait la même capacité que Yéphah ou éphi / comme le dit expressément Ézéchiel, xlv, 11. Le bath et Yéphah ne différaient que par l’usage qu’on en faisait, le premier servant pour les solides et le second pour les liquides, c’est-à-dire pour le vin et l’huile. Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 9, édit. Didot, t. i, p. 288, dit que le bath contenait soixante-douze léoro » (sextarii), c’est-à-dire un metrète attique ([actpï]t^{, metreta) ou environ 38 litres 88. Voir Mesures.
La Vulgate n’a pas rendu uniformément bath par batus ; elle l’a traduit par laguncula, Is., v, 10 ; par metreta,
II Par., ii, 10 ; IV, 5, et par cadus, Luc, xvi, 6. Dans l’histoire de Bel et du dragon, dont nous ne possédons plus l’original sémitique, le bath est appelé, en grec, (ieTpï)Triç, et en latin amphora. Dan., xiv, 2. Les urnes des noces de Cana, dont le Sauveur changea l’eau en vin, contenaient chacune de deux à t r ois baths (^expr^â ; ; Vulgate : metretas), c’est-à-dire de 67 à 76 litres environ. Joa., ii, 6. F. Vigouroux.
- BATH KOL##
BATH KOL (bip ris, bat oM, « fille de la voix » ). Les
Targums, le Talmud et les écrivains rabbiniques désignent par ce nom une sorte de voix surnaturelle qui révèle la volonté de Dieu et constitue le quatrième et dernier degré de la révélation. (Le premier est le don de prophétie, le second le don du Saint-Esprit, le troisième l’oracle de Yurim et du thummim). D’après les Targums, Dieu se servit de la. Bath kol pour manifester sa volonté à Abraham, à Moïse, à Samuel, à David, etc. Voir les Targums de Jonathan et de Jérusalem, Gen., xxxviii, 26 ; Num., xxi, 6. (Cf. Reland, Antiquitates veterum Hebreeorum, 4, dansUgoljni, Thésaurus, t. ii, part, ii, c. ix, col. dccxxxv.) Elle devint l’unique moyen de communication entre Dieu et son peuple pendant la période du second temple. « Depuis la mort d’Aggée, de Zacharie et de Malachie, l’Esprit-Saint (Ruah hagqôdés) fut retiré à Israël ; mais il jouit néanmoins de l’usage de la Bath kol. » Sofa, ꝟ. 42. Cf. Vitringa, Observalionum Sacrarum libri seæ, Franeker, ii, p. 338. Cf. p. 341-363..
Le sens des mots Bath kol est controversé. Il est probable qu’ils signifient « écho ». Cf. Midrasch sur Exod., f. m b, et Cant., I. La nature elle-même de cette sorte de révélation est très diversement expliquée par les rabbins.
I. — 50
L’opinion prédominante paraît être que la Bath kol n’était pas une voix directe du ciel, mais une sorte d’écho, d’où son nom de « fille de la voix ». Voir Buxtorf, Lexicon talmudicum, ; au mot Bat, édit. Fischer, t. i, p. 168. « La BatK kol est quand un homme a une forte impression qu’il croit entendre une voix hors de lui-même, » dit Maimonide, More Nebuchim, 2e part., c. 42, édit. L. Munk, t. ii, 1861, p. ï.
Cette voix, d’après les rabbins, était une voix céleste, Sota, ꝟ. 486, col. 2 ; Baba metsiah, î. 59 b ; Sanhédrin, f. ii, col. 1. Ce n’était pas cependant la voix de Dieu, mais celle des anges ou du prophète Élie. Elle se fit entendre aux hommes sages et pieux depuis l’an 450 avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 220 de notre ère. Son existence, qui a été un grand sujet de discussion entre les rabbins eux-mêmes, n’est nullement établie. Il est néanmoins nécessaire de savoir-ce qu’on entend par ces mots pour l’intelligence des Targums et aussi de la Peschito, version syriaque du Nouveau Testament, qui a quelquefois rendu le mot grec çwviî, « voix, » par jyLo &-L3, benof qolé, « filles des voix, » Act., xii, 22 ; I Tim., vi, 20 ; Hebr., iii, 15 (bat qoléh). — Voir Hàner, De Bath kol, Iéna, 1673 ; Metzler, De vocis filia, léna, 1673 ; Danz, De filia, vocis, Iéna, 1716, et dans J. G. Meuschen, Novum Testamentume Talmude illustratum, in-4°, Leipzig, 1736, p. 350-378 ; Proceedings of the Society of Biblical 4rcftœofogry, avril 1886, p. 117. F. Vigctoroux.
- BATH-RABBIM##
BATH-RABBIM (hébreu : Bat-rabbim ; les Septante et la Vulgate ont traduit ce mot comme nom commun, QvytxTpbs itoXXwv, filial multitudinis, « la fille de beaucoup, de la multitude » ). Dans le Cantique des cantiques, vu, 4, les yeux de l’épouse sont comparés aux « piscines d’Hésébon, qui sont devant la porte de Bath-rabbim ». C’est le seul endroit de l’Écriture où l’on rencontre ce nom. Il résulte du contexte, en prenant Bath-rabbim, avec la plupart des commentateurs modernes, comme nom propre, que ce mot désigne une des portes d’Hésébon, et que cette porte était située près des piscines de cette ville. D’après les usages de l’Orient, la porte d’Hésébon nommée Bath-rabbim devait être ainsi appelée parce qu’elle conduisait à Bath-rabbim. Or la seule ville connue de cette région dont le nom se rapproche de celui que nous lisons dans le Cantique est Babbath (hébreu : Rabbâh ; aujourd’hui Amman), ville principale des Ammonites. Mais Rabbath est au nord d’Hésébon, et la seule piscine qui se trouve à Hésébon est du côté opposé de la ville, c’est-à-dire au sud. Voir Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 511. Il faut donc admettre ou que les anciennes piscines du nord ont disparu sans laisser de traces, ou que Bath-rabbim désigne une ville inconnue, différente de Rabbath, ou enfin que Bath-rabbim est un nom commun, synonyme poétique d’Hésébon et signifiant « la porte de [ la cité ] populeuse, renfermant beaucoup d’habitants », ainsi que l’explique H. Weser, dans Biehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, t. i, p. 620. J. Ayre, Treasury of Bible Knowledge, 1879, p. 95, suppose avec moins de vraisemblance que « porte de la fille du grand nombre » signifie « une porte par laquelle il passe beaucoup de monde ». D’après M. R. Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1883, p. 125, la porte de Bath-rabbim était un passage taillé dans les rochers au sommet de la montagne et qui conduit de la vallée où coule au nord YAïn Besban actuel, au plateau sur lequel était bâti Hésébon. "- F. Vigouroux.
1. BATH-SCHOUA (hébreu : Bat-sû’a, « fille de Sua ou Sué, » comme traduisent les Septante et la Vulgate ), Ghananéenne, femme de Juda, fils de Jacob. Elle est ainsi appelée Gen., xxxviii, 12, et I Par., ii, 3, dans le texte original, et c’était sans doute son nom propre, quoique Gen., xxxviii, 2, semble indiquer par la séparation des mots bat et Sû’a, seulement son origine. Voir Sué.
2. BATH-SCHOUA, forme du nom de Bethsabée, épouse de David, dans I Par., iii, 5. Voir Bethsabée.
1. BATHUEL (hébreu : Bepû’êl, peut-être pour Metû’êl, « homme de Dieu ( ?) ; Septante : BaBovrjX), fils de Nachor et de Melcha et père de Rébecca. Gen., xxii, 20-23. Il habitait Haran, en Mésopotamie, où son grand-père Tharé et son père Nachor étaient venus s’établir. Gen., xi, 31 ; xxix, 4. Il ne paraît personnellement qu’une fois dans l’histoire sainte, lors de la demande en mariage de Rébecca pour Isaac ; encore quelques interprètes ont-ils nié qu’il s’agisse de lui dans le passage où se trouve son nom, Gen., xxiv, 50, parce qu’il n’y joue pas le rôle principal qui conviendrait à un chef de famille. Il n’y est question de Bathuel que pour faire connaître son consentement au_mariage de Rébecca ; hors de là, c’est Laban qui se montre et agit partout où l’on devrait s’attendre à trouver Bathuel : c’est Laban qui vient recevoir Éliézer et exerce envers lui tous les devoirs de l’hospitalité, ꝟ. 29-33 ; c’est lui seul qui donne la parole au serviteur d’Abraham, ^.33, et il la prend ensuite avant Bathuel pour accorder à Isaac la main de la jeune fille, jK 50. Éliézer offre des présents à son frère (de Bébecca), disent l’hébreu et les Septante (et non pas : à ses frères) ; mais il n’est pas question du père, ꝟ. 53, de même que c’est le frère (encore le singulier dans l’hébreu) et la mère qui veulent retarder le départ de Rébecca, sans aucune intervention du père, ꝟ. 55, On a fait enfin remarquer que ce ne fut pas chez son père, mais « à la maison, c’est-à-dire à la tente de sa mère », que Rébecca courut raconter son entretien avec Eliézer, ꝟ. 28, ce qui contraste avec la conduite de Rachel allant droit chez son père annoncer l’arrivée de Jacob. Gen., xxix, 12.
On a proposé différentes explications de cet effacement de Bathuel, que semble encore rappeler Gen., xxix, 5. Cf. cependant Gen., xxviii, 2. Quelques-uns ont pensé que le Bathuel dont il est parlé ici n’est pas le père de Rébecca, qui d’après.eux serait mort avant l’arrivée d’Éliézer, comme le dit Josèphe, Ant. jud., i, xvi, 2 ; mais un fils de Bathuel portant le même nom que son père. Cependant, à s’en tenir au sens ^bvie de Gen, , xxi v, 50, le Bathuel nommé là est le même que celui de tien., xxii, 23 ; xxiv, 15. D’ailleurs le mot « frère » au singulier, employé dans l’hébreu de Genèse, xxiv, 53, 55, s’appliquant évidemment à Laban, il n’y a point de place dans le texte pour un autre frère de Rébecca.
D’après d’autres, la direction des affaires et le gouvernement de la famille auraient incombé à Laban, par suite de l’incapacité à laquelle Bathuel aurait été réduit, soit par la débilité physique provenant de son grand âge, soit par l’affaiblissement de ses facultés mentales. Blunt, Vndesigned Coincidences, 14e édit., p. 33, suggère l’une et l’autre de ces deux hypothèses ; mais le langage pieux et sensé que tient Bathuel, et l’acte d’autorité qu’il accomplit, Gen., xxiv, 51, ne s’accordent guère avec la seconde, ni même avec la première, si on veut l’entendre d’une incapacité absolue. Mieux vaut donc s’en tenir à l’explication adoptée par la plupart des commentateurs, et qui parait bien suffisante : Bathuel, affaibli par l’âge, se contente d’intervenir dans le point essentiel en donnant son agrément au mariage de sa fille, et il se décharge de tout le reste sur son fils. Un homme de notre temps et de nos pays n’agirait pas autrement ; à plus forte raison peut-on penser que les choses devaient se passer ainsi dans l’antique Orient, où le soin des intérêts, et, au besoin, de l’honneur même des jeunes filles, regardait leurs frères autant et plus que leur père. On trouve de cela un exemple frappant quelques chapitres plus loin, dans l’histoire de l’enlèvement de Dina. Gen., xxxiv, 5, 7-8, 14, 31. Cf. Ammon, col. 501. E. Palis.
2. BATHUEL (hébreu : Befû’êl, « maison, demeure de Dieu » ; Septante, Ba90u7J>.). C’est ainsi qu’est appelée,
I Par., IV, 30, la ville de la tribu de Siméon qui est nommée ailleurs Béthul. Jos., xix, 4. Voir Béthul.
BATHURIM. Certains exemplaires de la Vulgate portent, III Reg., ii, 8, Bathurim au lieu de Bahurim, qui est la véritable leçon. Voir Bahurim.
- BÂTIMENT##
BÂTIMENT, BÂTIR. Voir Maison.
- BATLAN##
BATLAN, mot chaldéen qui signifie « oisif, inoccupé, ayant du loisir », et qui désigne un homme chargé d’assister à toutes les réunions de la synagogue. Il y avait dix batlanîm choisis pour former le noyau de l’assistance, afin qu’on eût toujours dans les synagogues un nombre suffisant de personnes pour constituer une assemblée. Voir Synagogue.
- BATMANSON Jean##
BATMANSON Jean, chartreux anglais, mort le 16 novembre 1531. Il étudia à Oxford et fut’prieur successivement des Chartreuses de Hinton et de Londres.
II écrivit contre Erasme et contre Luther. Nous pouvons citer de lui : Animadversiones in annotationes Erasmi in Novum Testamentum. (Il rétracta plus tard cet ouvrage. ) Commentaria in Proverbia Salômonis ; in Cantica canticorum ; De unica Magdalena contra Fabrum Hlapulensern ; De Christo duodenni ; Super Mîssus est. — Voir Th. Petreius, Bibl. Carthus. (1699), p. 157 ; dom Doreau, Henri VIII et les Martyrs de la Chartreuse de Londres (1890), p. 54, 230 ; Le Long, Bibl. sacra, p. 629.
- BATON##
BATON (hébreu : sêbét, proprement « rejeton, pousse d’arbre » ; matték, synonyme ; ntaqqêl, « branche ; » tnis’énét, proprement « appui » ; mehôqêq, pélék [ Il Reg., m, 29] ; Septante : pâ680ç, (Saxrripta, dxuTaXr), a-xrjuTpov ; Vulgate : baculus, virga, sceptrum), morceau de bois pris d’une branche d’arbre ou d’une tige mince, variant de longueur et de forme suivant sa destination.
1° Bâton de marche, bâton sur lequel on s’appuie pour marcher. Dans leurs voyages, les Israélites, comme les Orientaux en général, avaient toujours avec eux un long bâton. Gen., xxxii, 10 ; Jud., vi, 21. C’est dans l’attitude de voyageurs, le bâton à la main, qu’ils devaient manger la pàque. Exod., xii, 11. Voulant marquer que les Apôtres ne devaient rien avoir de superflu, Notre-Seigneur
459. — Pommes de cannes égyptiennes. Celle de droite est en bois et porte gravé le cartouche de Sétl I". Celle de gauche est en terre émaillée, avec le cartouche de Eamsèfl II. — Grandeur naturelle. Musée du Louvre.
les invite à se contenter du bâton qu’ils ont en main, et à ne pas chercher à en acquérir, s’ils n’en ont pas. Matth., x, 10 ; Marc, vi, 8 ; Luc, ix, 3. En Egypte, ces bâtons de voyage variaient de longueur, depuis la canne ordinaire d’un mètre environ jusqu’au long bâton de deux mètres ; ces derniers marquaient en même temps la dignité (voir2°). On en a trouvé à pomme ou à tête plus ou moins ornée (fig. 459). Au lieu d’une pomme l’extrémité supérieure porte quelquefois une sorte de crochet pour donner plus d’assurance à la main (fig. 462). Ces cannes sont pour la plupart en bois de cerisier ou d’acacia. Souvent l’écorce en est dé coupée symétriquement, d’autres fois ils sont lisses. Wilkinson, The ancient Egyptians, t. ii, p. 351. — Ce bâton, sert d’appui au blessé. Exod., xxi, 19. Quant au pélék, II Reg., iii, 29, que la Vulgate rend par « fuseau », c’est probablement un bâton de forme spéciale, une béquille. Le bâton de marche est nécessaire au vieillard, Zach., viii, 4 : de là l’expression « bâton de vieillesse », pour désigner la personne qui assiste un vieillard dans ses besoins. Tob., v, 23 ; x, 4. — Partant de cette idée de soutien, les Hébreux emploient la locution « bâton du pain », pour dire que le pain est le bâton, c’est-à-dire le soutien de la vie. Dieu, menaçant Israël de la famine, annonce qu’il brisera le bâton du pain. Lev., xxvi, 26 ; Ezech., iv, 16 ; v, 16 ; xiv, 13 ; Ps. cv, 16. — On bâton de roseau est un appui fragile, un bâton qui se brise quand on s’y appuie et blesse la main. C’est ainsi que les prophètes caractérisent l’appui qu’Israël pense trouver dans l’Egypte. Is., xxxvi, 6 ; Ezech., xxix, 6, 7.
2° Bâton, insigne de dignité ou d’autorité. — Chez les Égyptiens, tous les hommes d’une certaine dignité avaient le privilège de porter un long bâton à la main (fig. 460). Il fallait pour en jouir appartenir à une classe
460. — Ra-emké, connu sous le nom de Scheikh el - béled. vi" dynastie. Le bâton primitif n’a pas été retrouvé, mais il a été reconstitué d’après les modèles authentiques. Musée de Ghlzéh.
461. — Grands personnages égyptiens marchant avec leur bâton de dignité. Thèbes. D’après Wilkinson, Ancient Egyptians, 2° édit, t. ii, p. 352.
de fonctionnaires assez relevée. G. Maspero, La carrière administrative de deux hauts fonctionnaires égyptiens,
dans le Journal asiatique, avril 1890, t. xv, p. 322. Sa longueur, de 1 mètre 20 à 2 mètres, donnait un. air d’importance aux personnes qui le portaient. Il leur servait sans doute de bâton de marche (fig. 461), mais en même temps il marquait leur rang élevé etleursfonctions(fig.464), si bien que, dans les hiéroglyphes, l’homme avec le long bâton à la main, iv, est un déterminatif exprimant l’idée
de supériorité, de souveraineté. On a trouvé de ces bâtons ornés d’inscriptions (fig.'462), de couleurs et de dorures, avec tête sculptée en forme de fleur ; le nom du propriétaire y est inscrit en caractères hiéroglyphiques. Wilkinson, The ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 352.
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462. — Bâtons égyptiens en bols dur. A gauche, fragment de canne, avec images divines et inscriptions hiéroglyphiques. — Au milieu, canne entière, .avec mie petite saillie dans la partie supérieure pour servir d’appui au pouce. L’inscription hiéroglyphique gravée sur le bâton est reproduite à droite en plus gros caractères. — À droite, bâton, avec inscription, en bois d’acacia, recourbé dans la partie supérieure et servant de casse-tête. Cette sorte de massue était uno des principales armes de l’infanterie dans l’ancienne Egypte. D’après Prisse d’Avenues, Monuments égyptiens, pi. xlvi.
Cf. Num., xvii, 2. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, t. ii, p. 376, une scène du tombeau de Menhotep à Béni -Hassan, représenterait la fabrication de ces bâtons. On voit un ouvrier enlevant les aspérités d’un bâton et taillant l'écorce ; un autre le durcit au feu. un autre le polit. D’autres égyptologues prétendent qu’il s’agit plutôt de la fabrication des bois de lances. Cependant rien n’indique ici qu’il s’agisse d’armes comme on le voit dans d’autres scènes analogues. Les chefs arabes portaient également un long bâton, mais ordinairement plus simple. Le bâton donné en gage à Thamar par Juda, Gen., xxxviii, 18, 25, devait être un insigne de dignité et d’autorité. De même le bâton avec lequel Moïse accomplit ses prodiges, Exod., iv, 2 ; le bâton d’Aaron qui refleurit dans le tabernacle, Num., xvii (voir Verge), le bâton d’Elisée, qu’il confia à son serviteur pour ressusciter
le fils de la Sunamite. IV Reg., IV, 29, 31. Voir aussi Num., xxi, 18 ; Jud., v, 14 (hébreu) ; I Reg., xiv, 27, etc. Quand Joseph eut promis à son père de l’ensevelir dans la Terre Promise, Jacob, d’après les Septante et le syriaque, Gen., xlvii, 31, s’inclina sur la tête du bâton de son fils, voulant par là honorer en lui le maître de l’Egypte. Cette marque d’honneur rappelle un usage égyptien. L’accusé, pour prononcer le serment ordinaire : « Par la vie du Seigneur (du pharaon), » venait se placer debout, la tété inclinée et les mains appuyées sur ie sommet du bâton du magistrat. Chabas, Vols dans les hypogées, dans les Mélanges égyptologiques, me série, t. î, p. 91-92 ; R. S. Poole, Ancient Egypt, dans la Contemporary, Review, mars 1879, p. 752-753. Saint Paul, Hebr., xi, 21, suit la version des Septante. Ces interprètes ont lu maltèh, « bâton, » au lieu de mittâh, « lit, » selon la ponctuation suivie par les Targums, Aquila, Symmaque et le texte massorétique. Cette dernière lecture paraît préférable. Jacob,
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463. — Bâton de berger.
Bas-relief du temple de Derri en Nubie. XIX" dynastie.
D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. xl.
trop faible pour se lever et se prosterner contre terre afin d’adorer Dieu et de le remercier, s’incline la face tournée vers le chevet de son lit. Cf. III Reg., i, 47. — Le Sébét, « bâton de commandement, » et son synonyme le niefyôqêh, « bâton de justice, i> jouent un rôle important dans la prophétie de Juda. Ce sont les symboles de l’autorité civile et judiciaire, qui constitue la tribu de Juda en société autonome et qui s’y perpétuera jusqu'à l’arrivée du Messie. Gen., xlix, 10. Le sceptre royal avec toutes ses variétés de longueur, de forme et d’ornementation, tire son origine de ce long bâton, insigne de dignité et d’autorité. Voir Sceptre.
3° Le bâton de correction (sêbét mûsdr), Prov., xxii, 15, est plus court que les deux précédents. On le voit souvent représenté sur les monuments égyptiens, dans la main des surveillants qui suivent de l'œil le travail des ouvriers et frappent ceux qui se relâchent (fig. 457, col. 1499). « Mon bâton est dans ma main, dit l’un d’eux, tu ne dois pas être paresseux. » H. Brugsch, Zeitschrift fur âgyptische Sprache, 1876, p. 77. Les Hébreux, opprimés dans la terre de Gessen, ont connu la dureté de ces chefs de corvée, toujours prêts à frapper. Exod., i, 1? ; Is., x, 24. De même, à la chute de Jérusalem, lorsqu’ils furent traînés en captivité dans la Babylonie, ils connurent le terrible bâton des soldats chargés de les emmener. Voir Captifs. Is., x, 24 ; Mich., iv, 14. La loi d’Israël autorisait l’usage du bâton pour les esclaves et les enfants, mais avec certaines
restrictions. Exod., xxi, 20 ; Prov., xiii, 24 ; xix, 18, eic. Voir Bastonnade. — Le bâton de correction est pris au figuré dans l’Écriture pour désigner les châtiments dont Dieu se sert pour punir les hommes. II Reg., vii, 14 ; Is., ix, 13 ; x, 24 ; xiv, 5 ; xxx, 31.
4° Le bâton de berger, ordinairement plus long que le bâton de voyage et souvent recourbé en forme de crosse (fig. 463), sert au pasteur pour guider son troupeau dans les pâturages et le défendre contre les ennemis, hommes ou animaux. Lev., xxvii, 32 ; I Reg., xvii, 40, 43 ; Zach., xi, 7. Ce bâton symbolise la protection divine. Mich., vii, 14 ;
464. —Égyptien inspectant ses troupeaux, appuyé sur son bâton.
Pyramides de Ghizéh, IV" dynastie. D’après Lepslus, Denkmâter,
Abth. ii, Bl. 9.
Ps xxii, 4. Dans ce dernier passage, le psalmiste emploie deux expressions qui sont regardées ordinairement comme synonymes. Ton sêbét et ton mis’énét me rassurent : c Ton bâton et ta houlette, » par redondance poétique, pour ton bâton de berger. Mais ces deux mots ont paru à plusieurs désigner deux objets différents : le long bâton sur lequel le pasteur s’appuie (mis’énét) pendant qu’il surveille son troupeau (fig. 463), bâton droit ou recourbé, qui est le vrai bâton pastoral, et le bâton plus court, désigné ici par sêbét, une sorte de gourdin ou de massue que portent les bergers en Syrie. Voir J. Neil, The Shepherd’s club and staff, dans Palestine explored, in-12, Londres, 1882, p. 255-278. Il rappellerait le bâton de main (voir 5°).
5° Bâton de main (maqqêl yâd), rangé parmi les armes des soldats de Gog, Ezech., xxxix, 9, à côté des lances et des javelots, armes que le peuple de Dieu brûlera après la défaite des ennemis. On y voit généralement une sorte de lance, la hasta pura, ou l’épieu ; mais ne serait-ce pas plutôt la massue, reçue parmi les armes de guerre chez les Égyptiens (fig. 462), Wilkinson, Theancient Egyptians, t. i, p. 217-218, et chez plusieurs peuples de l’antiquité ? A. Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 164, au mot Claviger. La lance a déjà été mentionnée, et la massue répond mieux à l’expression « bâton de main ». Voir Massue. Le bâton a d’ailleurs, partout et toujours, servi naturellement d’arme offensive et défensive.
6° Bâton, longue perche ou gaule servant à battre une petite quantité de blé, Jud., vi, 11 ; Rutlr, ii, 17, le cumin et la nigelle, Is., xxviii, 27, col. 327. — Pour les bâtons ou branches d’arbre dont se servait Jacob afin
d’obtenir des agneaux de la couleur qu’il voulait. Voir Jacob.
7° Bâton magique, bâton qui était employé dans la divination. Ose., iv, 12. Ce mode de divination était appelé par les Grecs paëSojmvTefo, ou art de connaître l’avenir au moyen de bâtons jetés à terre, en considérant la manière dont ils tombaient. Voir Divination.
Voir F. Chabas, Sur l’usage des bâtons de main chez les Hébreux et dans l’ancienne Egypte, in-8°, Lyon, 1875, et dans les Annales du musée Guimet, t. i, p. 37 ; Cooper, History of the Rod in ail countries and âges, 2e édit., Londres, 1877. E. Levesque.
- BATTA##
BATTA (VERSION) des Écritures. Le batta est une langue parlée par une partie considérable des habitants de l’île de Sumatra. Il se subdivise en trois dialectes, le toba, le mandailing et le daire. Le Nouveau Testament a été traduit en toba par J. Nommensen et imprimé à Elberfeld, en 1878. Il l’a été aussi presque en entier en mandailing par Schreiber, dont le travail a été revu par Leipoldt. Cette traduction a été également imprimée à Elberfeld, en 1878, aux frais de la Société biblique de la Grande-Bretagne, comme la précédente.
- BATTISTA Giovanni Giuda Giona##
BATTISTA Giovanni Giuda Giona, rabbin converti, qui s’appelait primitivement Jehuda Jona Ben Isaac, né à Safed, en Galilée, le 28 octobre 1588, mort à Rome le 26 mai 1668. Ses parents étaient des Juifs d’origine espagnole. Il voyagea en Europe, visita l’Italie, Amsterdam, Hambourg et la Pologne, où il se convertit au catholicisme. Après sa conversion, le roi de Pologne l’envoya à Constantinople pour acheter des pierres précieuses ; mais il fut pris par les Cosaques, qui le traitèrent d’espion, et il aurait perdu la vie, s’il n’avait été racheté par l’ambassadeur de Venise. Envoyé en Italie, il fut quelque temps professeur d’hébreu et de chaldéen à l’académie de Pise, et occupa ensuite les mêmes fonctions au collège de la Propagande, à Rome, où il fut en même temps employé à la Bibliothèque. Il eut pour élève le célèbre Bartolocci. Parmi ses ouvrages, on remarque Berîf hâdàsâh, « le Nouveau Testament, » traduction des quatre Évangiles du latin en hébreu, avec une préface de Clément IX, in-f », Rome, 1668.
- BAUDRIER##
BAUDRIER (hébreu : ’êzôr, hâgôrâh ; Vulgate : balteus), bande de cuir ou d’étoffe servant à soutenir un
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465. — Ceinturon servant à porter une arme.
A droite, guerrier égyptien, d’après Prisse d’Avennes, Monuments de l’Egypte, pi. xi ; à gauche, guerrier assyrien, d’après -Layard, Monuments of Slneveh, t. ii, pi. vi.
glaive ou un poignard. Chez les Hébreux, le baudrier ne descendait pas de dessus l’épaule, comme chez les Grecs ;
c’était une véritable ceinture, plus ou moins ornée, qu’on portait autour des reins, Ps. xviii, 40 ; IV Reg., iii, 21 ; Ezech., xxiii, 15 ; II Esdr., iv, 18, comme souvent en Assyrie et en Egypte (fig. 465), et qui ne différait point par la forme des ceintures ordinaires. Voir Ceinture.
- BAUDUER Armand Gilles##
BAUDUER Armand Gilles, prêtre et théologien français, naquit à PeyrusseMassas, diocèse d’Auch, en 1744, et après avoir été successivement professeur de théologie au séminaire d’Auch, puis curé de sa paroisse natale, mourut jeune, en 1787. — Il a laissé : Les Psaumes de David traduits sur le texte hébreu, accompagnés de réflexions qui en développent le sens, et de notes qui en éclairassent les principales difficultés ; auxquels on a joint le texte latin de la Vulgate et la traduction de M. de Sacy, 2 in-12, Paris, 1785. 0. Rey.
1. BAUER Bruno, philosophe et critique allemand, né à Eisenberg, dans le duché de Saxe-Altenbourg, le 6 septembrel 809, mort à Rixdorf, près de Berlin, le 13 avril 1882. Fils d’un peintre sur porcelaine, il fit de fortes études à Berlin, fut reçu docteur en théologie en 1834, et se rattacha d’abord à la droite de l’école hégélienne. Il fit alors une critique de la Vie de Jésus de Strauss, dans les Jahrbûcher fur Mvissenschaftliche Kritik de Berlin, 1835-1836. Dans sa Kritische Darstellung der Religion des Alten Testaments, 2 in-8o, Berlin, 1838, il défend encore l’autorité de la Révélation. Mais lorsqu’il fut appelé à l’université de Bonn, en qualité de professeur extraordinaire (1839), il se jeta dans les rangs de l’extrême gauche hégélienne, ruinant la Tradition et les Livres Saints. Kritik der evangelischen Geschichte des Johannes, in-8o, Brème, 1840 ; Kritik der evangelisclien Synoptiker, in-8o, Leipzig, 1840 ; 2\{\{e\}\} édit.on, 1841. Destitué en 1842, par le gouvernement prussien, il se fixa à Berlin, où il se consacra tout entier à des travaux de critique et d’histoire. Il publia alors Kritik der Evangelien und Geschichte ihres Vrsprungs, 2 in-8o, Berlin, 1850-1855 ; Die Apostelgeschichte, in-8o, 1850 ; Kritik der Paulinischen Briefe, in-8o, Berlin, 1850 ; 2= édit., 1852. Il prétend que les Épltres de saint Paul sont apocryphes et une œuvre du il" siècle. E. Levesque.
2. BAUER Christian Friedrich, théologien protestant, né à Hopfgarten enThuringe le 27 octobre 1696, fit ses études à Leipzig, où il fut reçu docteur en théologie en 1720* devint doyen de Rammelsburg en 1739, puis professeur de théologie àWittenberg, oùil mourut le 28 septembre 1752. Il a publié : Disputatio de Melchisedeco et Hebr. ru, 2, in-4°, Leipzig, 1720 ; Vernûnftige Gewissheit der hebrâischen Accentuation, in-8°. Leipzig, 1730 ; Erlaûterter Grunil-Text des Preâigers Salomo, in-4°, Leipzig, 1732 ; Die Weissagungen von Jesu dem wahren Messias in den fûnf Bûehern Mosis enthalten. Stûck 1, in-4°, Leipzig, 1737 ; Trostvolle Erwartungs-Lehre des Messia oder dos 2 le Stûck des vorigen, in-4°, Leipzig, 1739 ; Einleitung zur hebrâischen Accentuation, in-8o, Leipzig, 1742 ; Introductio in prophetiam Joelis, ac expositio ejusdem prophétise, in-4°, Leipzig, 1747 ; Décades m disputationum Theologix ad vindicandos textus V. T. pro Christo in N. T. citatos, in-4°, Wittenberg, 1747 ; Regia Davidis theologia quam liber Psalmorum tradit, en vin disput., in-4°, Wittenberg, 1749-1750 ; Çollectio nova disputât, ad vindicandos textus V. T., etc., in-4°, Wittenberg, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zu Allgem. GelehrtenLexico, in-4°, Leipzig, 1784, t. i, col. 1519-1520 ; Journal des savants, année 1745, p. 437 et suiv. ; G. F. Bærmann, Programma academicum de vita C. F. Baueri, in-f°, Wittenberg, 1752.
E. Levesque.
3. BAUER Georg Lorenz, exégète allemand, né à Hippolstein, près de Nuremberg le 14 août 1755, mort à Heidelberg le 12 janvier 1806. Après avoir étudié les
langues orientales à Altdorf, il fut professeur à l’école SaintSebald (1786) ; en 1805, il fut appelé à Heidelberg pour professer la littérature orientale et l’exégèse biblique. On a de lui plusieurs ouvrages : Vntersuchungen der kleinen Propheten mit Commentar, 2 in-8o, Leipzig, 1786-1790 ; Lehrbuch der hebrâischen Alterthûmer des alten und neuen Testaments, in-8o, Leipzig, 1797 ; Hermeneutica sacra Veteris Testamenti, in-8o, Leipzig, 1797 ; Dicta classica Veteris Testamenti, notis perpetuis illustrata, 2 in-8o, Leipzig, 1798-1799 ; Entwurf einer Rermeneutik des Alten und Neuen Testaments, in - 8°, Leipzig, 1799 ; Handbuch der Geschichte der hebrâischen Nation, in-8o, Leipzig, 1800-1804 ; Hebrâische Mythologie des Alten und Neuen Testaments mit Parallelen aus der Mythologie anderer Vôlker, in-8o, Leipzig, 1802 ; Breviarium théologies biblicse, in-8o, Leipzig, 1803 ; Archâologie der Gottesdienstlichen Gebraûche, 2 in-8, Leipzig, 1805 ; Entwurf einer historisch-kritischen Einleitung in die Schriften der alten Testaments, in-8o, Nuremberg, 1794 ; Leipzig, 1806. Comme il fut l’un des premiers à appliquer l’interprétation mythique à l’Ancien Testament, ses ouvrages, quoique superficiels et diffus, eurent une assez grande influence. Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., 1890, t. ii, p. 486-487. E. Levesque.
4. BAUER Johann Jakob, théologien luthérien allemand, né à Genkingen, dans le Wurtemberg, le 20 juin 1729, mort le 29 janvier 1772 à Tubingue, où il avait fait ses études et où il était devenu professeur de théologie. Parmi ses publications, les suivantes ont trait à l’Écriture Sainte : Tentamen exegeseos Psalmi xri, in-8o, Leyde, 1759 ; Disputatio inauguralis de regendis limitibus crilices textus hebraici, in - 4°, Tubingue, 1760 ; Stricturse quxdam ex philosophia Hebrseorum, in-4°, Tubingue, 1766 ; Accentus hebraici, institutum plane incomparabile, in-4’, Tubingue, 1768 ; Dissertatio 1, II inauguralis de inscriptione sepulcrali, quam Hiobus, moribundus sibi ipsi visus, poni voluit, fide in Goelen Messiarn plenissima, cap. xix, 23-27, in-4°, Tubingue, 1772 ; Disputatio philologico-hermeneutica in oraculum Rom., i, ii, in-4°, Tubingue, 1774 ; Disputatio quse annotationes ad Psalmum lxyiij sistit, in-4°, Tubingue, 1775.
— Voir J. Chr. Adelung, Fortsetzung zujôchers Gelehrten-Lexico, t. i, 1784, col. 1526-1527.
5. BAUER KarlLudwig, philologue protestant allemand, né le 18 juillet 1730 à Leipzig, mort à Hirschberg le 3 septembre 1799. Il fut élève d’Emesti à Leipzig, professa la littérature grecque et latine à l’université de cette ville, devint recteur de l’école de Lauban, et enfin du lycée de Hirschberg, où il mourut. Parmi ses œuvres, on remarque deux ouvrages importants pour l’exégèse des Épltres de saint Paul : Philologia Thucydeo-Paulhna, in-8o, Halle, 1773 ; Logica Paullina seu notatio rationis qua utitur Paulus in verbis adhibendis, interpretando, enuntiando, argumentando et methodo universa, in-8o, Halle, 1774. Citons aussi de lui : Rhetorica Paullina, vel quid oratorium sit in oratione Pauli, 3 parties in-8°y Halle, 1782 ; Examen conjecturée de métro Hebrseorum antiquo V. C. Const. Gotll. Antonii, in-4°, Hirschberg, 1771. Réimprimé avec la Vertheidigung d’Anton, in-8o, Leipzig, 1771. — Voir J. D. Hensel, Cari Ludwig Bauer, einer der grôssten Philologen unserer Zeit, Hirschberg, 1801.
- BAUMANN Michel##
BAUMANN Michel, luthérien du xvii » siècle. Il était de Creilsheim, en Franconie. On a de lui : Adamus protoplastus, Historié Adams und der Patriarchen in acht und fûnfzig Predigten, in-4°, Nuremberg, 1668 ; Predigten uber die Passion nach dem Marco, in-f°, Francfort, 16C8 ; Evangelische Gewissenspostïtte, in-f », Francfort, 1669 ; Lexicon allegorico-evangelicum, sonderbare
Erklârung der Evangelien, da ausjedem Evangelio nur einiges Wort genommen und ausgefuhret wird, in-4, Nuremberg, 1674 ; Analeclorum allegoricorum sacrorum tomus singularis, variarum allegoriarum a Sacra Scriptura et natura desumptarum, in-4°, Ulm, 1689. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 84, 482 ; t. iv, p. 235, 979, 1007, 1053. B. Heurtebize,
- BAUMBACH Jean Balthasar##
BAUMBACH Jean Balthasar, calviniste allemand, professeur de grec et d’hébreu à Heidelberg, mort le 6 septembre 1622. On a de lui : Tractaius quatuor utilissimi : primus de trium linguarum orientalium, hebrxse, chaldese et syrse antiquitate, necessitate ac utilitate ; secundus, de appellationibus Dei quse in scriptis rabbinorum occurrunl ; tertius, de Urim et Thummim et Bath-kol ; quartus, de modo disputandi cum Judseis, in-4°, Nuremberg, 1609 ; Dissertalio de lïbro Psalmorum, in-4°, Heidelberg, 1615. Voir Vitte, Diarium biographicum, année 1622, 6 septembre. E. Levesque.
BAUME. — I. Description. — D’après N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8°, Paris, 7e édit., 1876, t. iii, p. 505, l’arbre qui produit le baume portait chez les Grecs le nom de gàXsafio’v, et les trois substances qu’il fournit étaient connues sous ceux de’OiroêàX< ?a|J.ov (suc du baumier), ËvXoêàX<rafiov (bois du baumier) et KapitoSâXuaftov (fruit du baumier). Chez les Latins, le baume portait le nom de Balsamum, et l’on n’appliquait ce nom qu’au suc du baumier ; mais, de nos jours, on a donné ce nom à des produits similaires. Après la découverte de l’Amérique, lorsque les diverses parties de ce vaste continent nous eurent apporté Je baume du Canada, fourni par VAbies balsamifera Michaux ; de tolu, par le Toluifera balsamum Linné ; d’Inde, du Pérou, de copahu, etc., il devint nécessaire d’ajouter une désignation spécifique au vrai baume, celui de l’ancien monde. On lui donna alors les noms de « baume de Judée, baume de la Mecque, de Galaad, du Caire, d’Egypte, de Constantinople », etc., des différentes contrées ou villes qui le fournissaient au commerce. Voir Baumier. Le baume par excellence est fourni par le Balsamodendron Opobalsamum et le Balsaniodendron Gileadense ; deux espèces voisines, les Balsaniodendron Mukul et pubescens, en donnent aussi. (Voir col. 1519). Ce baume est connu sous les noms de « baume de Judée, de la Mecque. » Il entre dans la composition de la plupart des onguents et mixtures aromatiques de la pharmacopée. Les Orientaux l’emploient comme le cosmétique et le médicament le plus précieux. En Egypte, on s’en servait contre les ophtalmies. M. Gandoger.
II. Exégèse. — Le baume de Judée ou de la Mecque, connu des Grecs et des Romains, l’était aussi des Hébreux, puisque, au dire de Josèphe, Ant. jud., IX, 1, 2 ; XIV, iv, 1, édit. Didot, t. i, p. 333, 529, ils cultivaient le baumier à Jéricho et à Engaddi (Voir col. 1520). Mais est-il désigné dans les Saintes Ecritures, et sous quel nom ? Le mot fiâX<roc|*.ov ne se lit nulle part dans les Septante ; la Vulgate se sert trois fois du mot balsamum, mais elle ne l’emploie pas dans un sens exact. Dans l’Ecclésiastique, xxiv, 20, elle traduit par balsamum le mot àcnrâX<x60î, qui ne désigne nullement le baume, mais un autre parfum tiré du Convolvulus scoparius. (Voir col. 1111-1115.) Au verset suivant, elle ajoute, il est vrai : Quasi balsamum non mistum odor meus ; mais ce membre de phrase ne se trouve pas dans le grec. On peut dire aussi que dans cette addition le mot balsamum est un nom générique convenant à chacun des parfums qui viennent d’être énumérés, plutôt que le nom propre d’un parfum spécial. Dans Ézéehiel, xxvii, 17, la Vulgate rend également par balsamum le mot hébreu panag, qui, très diversement compris par les traducteurs, paraît désigner le millet. Partout ailleurs la Vulgate, à la suite des Septante, traduit par aromata les mots besém et bôsém de l’hébreu,
Bésèm, employé vingt fois, est, en effet, le terme générique, aromate, parfum. Les versets 2 et 10 de III ïfeg., x, ne font pas exception ; il s’agit évidemment, d’après le contexte, de parfums de diverses espèces, apportés à Salomon par la reine de Saba. Il en est de même du mot absolument synonyme bôsém, employé, huit fois : les deux passages Cant., v, 13, et vi, 2, ne font pas difficulté, car’ârûgap bôsém est une locution tout à fait hébraïque, dans le sens de « parterre d’odeur », c’est-à-dire parterre odoriférant, parterre de plantes odoriférantes. Un seul exemple, Cant., v, 1, dans sa ponctuation actuelle, besâmî, suppose un nom différent de béiém ou bôsém, c’est-à-dire bâsâm ou beSâm. Serait-ce le nom spécial du baume ? Malheureusement les Septante et la Vulgate ont traduit apiojiaT&yv, aromatibus : ce qui suppose la lecture besâmaï, pluriel régulier de béèém. Ce cas ne s’écarterait donc pas de l’acception ordinaire de parfum en général : « J’ai recueilli ma myrrhe avec mes autres parfums. » Cependant il est fort possible que les Hébreux, n’ayant pas de nom pour ce nouveau parfum, apporté, dit Josèphe, par la reine de Saba, l’aient désigné par le nom même de « parfum », comme le parfum par excellence, avec une légère différence dans les voyelles. Il serait ainsi probablement question du baume dans un seul passage du texte hébreu : Cant., v, 1, et dans un passage de notre Vulgate, Eccli., xxiv, 21. E. Levesque.
1. BAUMGARTEN - CRUSIUS Ludwig Friedrich Otto, théologien allemand, né à Mersebourg le 31 juillet 1788, mort à Iéna le 31 mai 1843. Il fit ses études à Leipzig, où il prit ses grades, et, en 1847, fut nommé professeur à la faculté de théologie d’Iéna. Il y enseigna jusqu’à la fin de sa vie, s’occupant particulièrement d’exégèse, de théologie biblique et d’histoire des dogmes. Il a publié Grundzuge der biblischen Théologie, in-8°, Iéna, 1828. Sa théologie se rattache à celle de Schleiermacher. Après sa mort, ses disciples firent paraître ses travaux d’exégèse : Theologische Auslegung der Johanueischen Schriften, 2 in-8°, Téna, 1843-1845 ; Exegelische Schriften zum Neuen Testament, 3 in-8°, Iéna, 1844-1848. Ce dernier ouvrage contient saint Matthieu, saint Marc, saint Luc, et les Épîtres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens et aux Thessaloniciens. , . E. Levesque.
2. BAUMGARTEN Samuel, plus connu sous son nom latinisé de Pomarius, pasteur luthérien, né le 26 avril 1624 à Winzig, en Silésie, mort le 2 mars 1683 à Lubeck. Malgré les obstacles suscités par son père, qui exerçait la profession de meunier, il put faire de bonnes études classiques, fut pasteur à Magdebourg en 1660, puis professeur de théologie à Eperies. En 1673, il s’établit à Wittenberg ; de là il alla à Lubeck, où il se fixa en qualité de surintendant. Il a laissé : In epistolam sancti Judse commentarius, in-4°, Wittenberg, 1684. E. Levesque.
3. BAUMGARTEN Siegmund Jakob, théologien allemand, né à Wollmirstàdt le 14 mars 1706, mort à Halle le 4 juillet 1757. Il avait été élevé à l’université de cette dernière ville, et y devint professeur de théologie en 1743. Son enseignement éclipsa celui de tous ses collègues ; ses cours étaient suivis par trois à quatre cents élèves. Il publia un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels ses écrits exégétiques sont les moins remarquables : Auslegung der Briefe Pauli an die Borner, Halle, 1749 ; Auslegung der Briefe an die Corinther, éditée par Ndsselt, Halle, 1761 ; Erklârung der Briefe an die Hebrâer, éditée par Maschen et Semler, Halle, 1763 ; Auslegung der Briefe Pauli an die Galater, Epheser, Philipper, Colosser und Thessaloniker, éditée par Semler, Halle, 1767. Quoique orthodoxe dans son enseignement, Baumgarten introduisit en religion cet esprit rationaliste qui, développé par son élève et admirateur Semler, tua la foi à la révélation dans un grand nombre d’esprits. — Voir Niemeyer, Die Universität Halle nach ihrem Einfluss auf Theologie, Halle, 1817, p. 70.
BAUMIER. — I. Description. — Arbuste de la taille du
troène ou du cytise, à rameaux étalés, à écorce d’un gris
cendré ; les feuilles sont alternes, formées de trois ou cinq
folioles obovales, terminées en coin à la base, entières sur
leurs bords ; les fleurs naissent en même temps que les
feuilles, et sont situées à l’aisselle de celles-ci ; elles sont
rougeàtres, à pédicelle court ; la corolle se compose de cinq
pétales linéaires ; le fruit, qui renferme quatre noyaux,
est ovale, charnu et aigu. Quand on incise l’arbuste, il s’en
écoule un suc résineux aromatique, connu sous le nom de
« baume de la Mecque ». Le vrai balsamier ou baumier,
qui fournit le baume de la Mecque, est le Balsamodendron Opobalsamum (fig. 466), décrit par Kunth, Genera Terebinthin., p. 16, et Annales des sciences naturelles,
in-4°, Paris, série I, t. ii, année 1825, p. 348 ; E. Boissier,
Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. ii, p. 2 ;
Schnizlein, Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis, 2 in-4°, Berlin, 1843-1853, t. ii, pl. 246. — C’est
encore l’ Amyris Opobalsamum de P. Forskahl, Flora ægyptiaco-arabica, in-4°, Copenhague, 1775, p. 79, qui
le premier en a donné une description exacte ; c’est le
baumier ou térébinthinier de Judée, de la famille des
Térébinthacées, tribu des Bursérées.
466. — Balsamodendron Opobalsamum.
Le baumier de Galaad, le βάλσαμον de Dioscoride et des médecins grecs, ou βάλσαμον δένδρον de Théophraste, appelé Amyris Gileadensis par C. Linné, Mantissa plantarum, p. 651 (Balsamodendron Gileadense Kunth, loc. cit. ; de Candolle, Prodromus systematis regni vegetabilis, 17 in-8°, Paris, 1824-1874, t. ii, p. 76), que certains auteurs ont distingué du premier, ne semble qu’une variété de celui-ci, à peine distincte par ses feuilles non seulement à trois folioles, mais munies de une à deux paires de folioles latérales. Nées von Esenbeck, Weihe et Funk, Plantæ medicinales, oder Sammlung officineller Pflanzen, 2 in-f et Suppl., Düsseldorf. 1828-1833, avec 650 pl. coloriées, pl. 354 ; W. Woodville et J. W. Hooker, Medical Botany, 5 in-4°, Londres, 1832, avec 274 pl. col., t. iii, pl. 214 ; G. Schweinfurth, Beitrag zur Flora Æthiopiens, in-4°, Berlin, 1867, avec 4 pl., p. 30. Cependant H. Baillon, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. viii, p. 311, fait observer qu’on trouve à la fois sur le même arbuste des feuilles à trois et à cinq folioles ; aussi la plupart des auteurs réunissent-ils ces deux espèces ; de sorte que le Balsamodendron Gileadense ne serait qu’un simple synonyme du Balsamodendron Opobalsamum.
Le baumier a deux écorces : l’une extérieure., qui est rouge et mince ; l’autre intérieure, verte et épaisse. Cette écorce laisse, quand on la mâche, une saveur onctueuse et une odeur aromatique. D’après Abd Allatif (1161-1231), Relation de l’Egypte, traduct. par Silvestre de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 20-21, voici comment, de son temps, on recueillait le baume en Egypte. L’opération avait lieu de préférence en été ; après avoir arraché à l’arbre toutes ses feuilles, on faisait au tronc des incisions, en prenant garde* d’attaquer le bois. On recueillait le suc dans des vases que l’on enfouissait en terre pendant les chaleurs, puis on les retirait pour les exposer aux rayons du soleil ; il surnageait alors une huile que l’on séparait des parties étrangères, opération renouvelée jusqu’à pureté parfaite ; c’était alors le vrai et le plus pur baume, ne formant seulement que la dixième partie de la quantité totale produite par un arbre. De nos jours, en Arabie, on fait bouillir les feuilles et les rameaux du baumier ; la première huile qui surnage est la meilleure et elle est réservée pour le harem ; la deuxième est mise dans le commerce. E. Fr. Geoffroy, Tractatus demateria medica, Deveget., I, vii, 1, 3 in-8°, Paris, 1741, t, ii, p. 476. Versé dans l’eau, le baume de la Mecque s’y étend instantanément et complètement ; répandu sur le papier, il s’y étend peu, ne le pénètre pas et ne le rend pas translucide. À l’air, il s’épaissit et devient pâteux. Le fruit et l’écorce sont usités en médecine.
Le fruit du baumier, Carpobalsamum des anciens, est d’un gris rougeâtre, gros comme un petit pois, allongé, pointu par les deux bouts et marqué de quatre angles plus ou moins apparents. Il est composé d’une enveloppe rougeâtre, à saveur très faiblement amère et aromatique ; d’un noyau blanc, osseux, convexe d’un côté, marqué d’un sillon longitudinal de l’autre, et insipide ; enfin d’une amande huileuse d’un goût agréable et aromatique. Ce fruit, entier, n’a pas d’odeur sensible.
Quant au Xylobalsamum ou bois du baumier, il consiste en de petites branches épaisses comme des plumes à écrire, marquées alternativement de tubercules ligneux, restes de petits rameaux secondaires fort courts. L’écorce en est d’un brun rougeâtre, sillonnée de stries longitudinales régulières. Le bois est blanchâtre, dur, d’une odeur douce très faible et d’une saveur nulle, mais aromatique et à odeur de lavande quand elle est fraîche. Geoffroy, Materia medica, loc. cit., p. 477.
Le baumier appartient à la région tropicale, et peut à peine être compté parmi les productions de la flore d’Orient proprement dite. En effet, d’après E. Boissier et G. Schweinfurth, loc. cit., il croît dans la Nubie méridionale, en Arabie, autour de la Mecque, descend vers la mer Rouge jusque sur la côte orientale d’Afrique, à Zanzibar, et s’étend, dans l’est, jusque dans l’Inde. Du reste, cet arbre est très rare, dit N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, t. iii, p. 506, difficile à cultiver, et il a successivement disparu des diverses contrées qui l’ont anciennement possédé. Ainsi la Judée ne l’a plus depuis longtemps. Il était, depuis Salomon cultivé dans deux jardins royaux, à Jéricho et à Engaddi. Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6 ; IX, i, 2 ; XIV, iv, 1. Strabon, XVI, ii, 41 ; XVII, i, 15 ; Pline, H. N., XII, liv, 1 à 8. Le jardin de baumiers de Jéricho mesurait cinq hectares, celui d’Engaddi un peu moins ; ils ne rendaient annuellement que vingt-cinq litres de baume. Après la ruine de Jérusalem,
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BAUMIER — BAUR
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les Romains se réservèrent cette culture et lui firent produire bien davantage : ce fut une source de revenus pour le fisc. Les empereurs Vespasîen et Titus montrèrent cet arbuste à la ville de Rome au jour de leur triomphe. Déjà il avait figuré dans celui de Pompée. Mais depuis longtemps on ne trouve plus le baumier ni à Jéricho ni à Engaddi ; il a disparu de la Terre Sainte. — Il s’est conservé assez longtemps en Egypte. On ignore s’il a été transporté dans ce pays de la Palestine ou de l’Arabie. Quoi qu’il en soit, toujours est-il qu’à partir du XIe siècle jusqu’au xvi « ou au xviie, l’arbre du baume était cultivé auprès du Caire, dans un lieu nommé Matariéh ou Aïn-Schems, enclos de murs et gardé par des janissaires. Mais, lors du voyage de Pierre Belon (Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie, in-4°, Paris, 1588, eh, xxxix, p. 246) au Caire, en 1550, et malgré plusieurs importations de baumiers de la Mecque, il n’en restait que neuf à dix pieds presque privés de feuilles et ne donnant plus de baume ; le dernier pied est mort en 1615, dans une inondation du Nil. Ce n’est donc plus dans la Judée ni en Egypte qu’il faut chercher l’arbre producteur du baume de la Mecque ; c’est dans l’Arabie Heureuse et dans les environs de Médine et de la Mecque, où l’arbre croit naturellement et où il n’a pas cessé d’exister, ainsi que du reste dans les autres contrées citées par E. Boissier et G. Schweinfurth.
De nombreux ouvrages ont été publiés, surtout au point de vue biblique, sur le baumier ; Alpinus, De Balsamo dialogus (Balsamodendron Gïleadense), in-4°, Venise, 1591 ; Pona, Del vero Balsamo di gli antichi, in-4°, Venise, 1623 ; Campi, Parère sopra il Balsamo, in-4°, Lucques, 1639 ; Id., Riposta ad objettioni, in-4°, Lucques, 1640 ; Id., In dilucidazionee confirmazione, in-4°, Pise, 1641 ; P. Castelli, Opobalsamum examinatum, in-4°, Venise, 1640 ; P. Castelli, Opobalsamum triumphans, in-4°, Venise, 1640 ; Baldus, Opobalsami orientalis propugnationes, in-4°, Rome, 1640 ; Vesling, Opobalsami veterîbus cogniti vindictes, in-4°, Padoue, 1644 ; Slevogt, Balsamum verum vulgo Opobalsamum et De Opobalsamo, in-4°, Iéna, 1705-1717 ; Vater, Balsami de Mecca natura et usus, in-4°, Wittenberg, 1720 ; Winniken, Beschreibung des wahren Opobalsambaumes, in-8°, Copenhague, 1745 ; J. Stackhouse, Extracts from Bruce’s Travels in Abyssinia and other modem authorities respecting the Balsam and Myrrh Trees, in-8°, Bath, 1815.
M. Gandoger.
II. Exégèse. — Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 247, croit que le baumier est mentionné dans Cant., V, 1. Il semble plus naturel d’y voir le baume, si toutefois on ne doit pas y voir l’indication de parfums en général. Voir col. 1517. D’après Gesenius également, Thésaurus, p. 247, le baumier serait désigné dans l’Écriture, dans Cant., v, 13, et VI, 2 : « un parterre de baumiers. » Mais il s’agit plutôt ici d’un parterre de plantes odoriférantes, sans indication d’une plante spéciale. Cf. col. 1517. Ni bésém ni bôsém ne signifient donc haumier, mais bien « parfum » en général. On a voulu ( Rosenmûller, Scholia in Gen., xxxvii, 26) identifier l’arbre producteur du sort biblique avec le baumier, Balsamodendron ou Amyris opobalsamum. Mais le sort était abondant en Judée et en Galaad dès l’époque de Jacob (voir col. 1408), tandis que le baumier n’avait été implanté en Palestine qu’à l’époque de Salomon, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6, édit. Didot, t. i, p. 302, comme on l’a vu plus haut. Le fore ne paraît donc pas être le baume. E. Levesque.
- BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig##
BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig, théologien protestant allemand, né le 23 avril 1797 à Langenburg, mort à Stuttgart le 25 novembre 1865. Il professa le latin pendant la plus grande partie de sa vie. On a de lui : Versuch, die Bedeutung des Johanneischen Logos aus den Religionsystemen des Orients zu entwickeln, Tu bingue, 1828 ; Commentatio de Habacuci vaticiniis, Heilbronn, 1841 ; Commentar ûber dos Evangelium des Johannes, Stuttgart, 1863 ; et divers ouvrages sur la littérature classique. — Voir Éckstein, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. Il ( 1875), p. 170.
- BAUR Ferdinand Christian##
BAUR Ferdinand Christian, théologien protestant rationaliste, fondateur de la nouvelle école de Tubingue, né à Schmieden, près de Canstadt, le 22 juin 1792, mort à Tubingue le 2 décembre 1860. Destiné à la carrière ecclésiastique par son père, pasteur luthérien, il reçut la formation intellectuelle et morale donnée de son temps aux futurs ministres dans le royaume de Wurtemberg. Il étudia les lettres au séminaire de Blaubeuren, 1805-1809, et la théologie à l’université de Tubingue, 1809-1814. À l’en croire, il n’aurait gardé des leçons de ses maîtres universitaires, Benger, Storr et Flatt, que le souvenir d’un « profond ennui ». S’il écoutait peu cependant, le jeune Baur travaillait ferme. Il lut, dit-on, la plume à la main, tous les Pères de l’Église pendant ses cinq années de théologie. L’insatiable amour qu’il eut toujours pour l’étude l’arracha après quelques mois d’expérience à la vie du ministère, et le fit se vouer à la carrière professorale, qu’il devait parcourir jusqu’au bout. Nommé d’abord professeur à Schonthal, 1814, chargé ensuite de l’enseignement du latin, du grec et de l’histoire, au séminaire de Blaubeuren, en 1817, il devint à trente-deux ans, en 1826, titulaire de la chaire qu’il occupa jusqu’à sa mort, à la faculté de théologie protestante de l’université de Tubingue, la chaire d’histoire de l’Église et des dogmes.
1° Baur a surtout étudié l’histoire des origines du christianisme. Son œuvre nous intéresse spécialement, par le jugement qu’il porte sur tous les écrits qui racontent l’histoire des origines chrétiennes, et par les vues qu’il expose sur l’histoire même de ces origines. On trouve ces vues résumées dans le premier volume de sa Kirchengeschichte, qui parut en 1853, sous ce titre : Dos Christenthum und die christliche Kirche in den drei ersten Jahrhunderte, Tubingue, 2e édit., 1860. — Ses opinions personnelles sur la valeur des livres du Nouveau Testament sont longuement exposées dans les écrits suivants ; Die sogenannten Pastoralbriefe, 1835 ; Paulus, der Apostel Jesu Christi, 1845 ; 2e édit., avec quelques modifications, 1867 (cet ouvrage résume tout ce que Baur a publié sur les Épîtres) ; Kritische Untersuchungen ûber die canonischen Evangelien, in - 8°, Tubingue, 1847 ; Dos Markusevangeliumnach seinem Ursprung und Character, in-8°, Tubingue, 1851 ; Vorlesungen ûber die N. T. Théologie, publié en 1864, quatre ans après la mort de l’auteur. — On a encore de lui, sur le même sujet, un grand nombre de dissertations insérées dans trois recueils théologiques : d’abord dans la Tûbinger Zeitschrift, jusqu’en 1842 ; puis dans les Theologische Jarbûcher, jusqu’en 1847 ; enfin dans la Zeitschrift fur die wissenschaftliche Théologie, de M.Hilgenfeld. Signalons seulement, parmi les dissertations les plus importantes, celles sur la Glossolalie, 1830 ; sur le Parti du Christ à Corinthe, 1831, p. 61 -206 ; sur le Plan de l’Épitre aux Romains, 1836, Heft m ; sur X’Évangile de Jean, 1844 ; sur l’Evangile de Luc, 1846, etc.
2° Pour apprécier sainement l’œuvre du célèbre professeur de Tubingue, il est indispensable d’en faire trois parts, celle du philosophe, celle de l’historien et celle du critique. — 1. Baur est un philosophe incrédule, imbu de panthéisme et disciple de Hegel. La théorie du « Christ idéal », qui joue un si grand rôle dans son explication des origines du christianisme, il l’a trouvée, au moins dans son germe, dans les écrits de Kant ; l’idée de « l’universel devenir », dont il a fait dans son premier ouvrage, Symbolisme et mythologie ( 1825), une application aussi hardie que fausse à l’histoire des religions, est le fond mêms de la Dogmatique de Schleiermacher ; la doctrine des « antinomies » du pour et du contre s’unissant ensemble pour former une unité, qui restera l’élément essentiel de
son explication des origines et des progrès de la religion chrétienne, est empruntée à la philosophie de Hegel. — 2. C’est en philosophe, en panthéiste, en hégélien, que Baur a fait de l’histoire. L’histoire pour lui n’est pas ce qui a été, mais ce qui a dû être, et ce qui a du être, c’est ce qui est conforme à ses conceptions subjectives. À la lettre, il fait l’histoire au lieu de la raconter. Au dire de ce singulier historien, le christianisme ne représenterait qu’une phase transitoire du devenir religieux de l’humanité. L’idée religieuse s’épanouit et se développe par une évolution régulière et nécessaire, qu’il appelle Process, dans la succession des âges et dans toute l’humanité. Cette idée, Jésus de Nazareth l’a recueillie telle qu’elle avait été élaborée et préparée par ses devanciers durant de longs siècles ; son seul mérite est de l’avoir vivifiée et rendue capable de conquérir le monde en la jetant dans le moule juif du messianisme. L’histoire de la religion chrétienne se résume dans l’effort que fait l’idée religieuse pour se dégager de cette forme spéciale que lui a donnée le fondateur du christianisme. Il y a lutte incessante entre l’élément universaliste ou abstrait, et l’élément particulariste ou juif. Ce dualisme fondamental explique seul, Baur va nous le dire, l’histoire des origines, et il éclaire d’un jour tout nouveau, — sa Kirchengeschichte a pour but de le prouver, — les destinées de la religion chrétienne jusqu’à nos jours. Ces deux éléments irréductibles, nous les retrouvons jusque dans la dénomination complexe d’ « Église catholique », où l’adjectif « catholique » indique 2a part introduite dans la doctrine nouvelle par Paul, Je chef du parti universaliste, tandis que le substantif « Église », judéo-chrétien de sens et de couleur, rappelle la part apportée par Pierre, le représentant officiel de l’idée particulariste. — 3. C’est là l’idée mère de tout son système de critique, l’opposition entre le pétrinisme et le paulinisme, entre un christianisme particulariste et un christianisme universel, reposant, le premier sur la conservation de la loi mosaïque, le second sur une conception plus large de la religion.
La lutte entre le pétrinisme et le paulinisme remplit, d’après lui, tout le I er siècle, et ne s’apaise qu’au milieu du ne siècle, après les nombreuses tentatives de réconciliation qui devaient aboutir à la constitution de l’Église catholique. Pendant la période aiguë de la lutte, chaque parti eut ses apologistes et ses détracteurs. Pétrinistes et pauliniens publièrent des écrits marqués au coin de la passion. Pendant la période d’apaisement, au contraire, lorsque d’une part la victoire presque complète du paulinisme, et d’autre part le besoin de s’unir pour mieux résister à l’hérésie gnostique et à la persécution impériale, eurent rendu la paix désirable et nécessaire aux deux partis, pétrinistes et pauliniens, comme d’instinct et avant de se tendre la main, firent paraître des écrits de conciliation, dans lesquels les divergences anciennes étaient atténuées, et les esprits adroitement sollicités à l’oubli du passé et aux concessions indispensables. Les publications de ces temps primitifs comprenaient en conséquence, c’est toujours Baur qui l’affirme, trois classes d’écrits : ceux du parti pétriniste, ceux du parti paulinien, et ceux du tiers parti ou parti de fusion et de conciliation. L’essentiel, quand on désire connaître avec quelque certitude la provenance et la date d’un écrit chrétien des premiers siècles, sera donc d’examiner à quelle tendance il appartient. S’il a manifestement pour but la justification d’un des deux partis et la condamnation de l’autre, il appartient sûrement à la période aiguë, remonte par conséquent au I er siècle, et a, suivant le cas, pour auteur un pétriniste ou un paulinien. S’il présente des traces certaines de l’esprit de conciliation, il est à n’en pas douter de la période d’apaisement, c’est-à-dire du IIe siècle, et il a été composé ou retouché par un écrivain du tiers parti. Si enfin il demeure complètement étranger à la querelle qui a rempli tout le premier âge, c’est qu’il est postérieur à cet âge, et ne saurait par conséquent remonter au delà
du ii « siècle. Tel est le procédé nouveau imaginé par Baur pour résoudre les graves problèmes que présentent la formation du canon du Nouveau Testament et l’origine même du christianisme.
En faisant usage de son critérium, si justement nommé « critique de tendance », le chef de l’école de Tubingue arrive aux résultats suivants : 1° Parmi les écrits canoniques, les quatre grandes Épîtres de saint Paul, aux Corinthiens (deux), aux Romains et aux Galates, sont des manifestes antipétrinistes ; l’Apocalypse est un pamphlet antipaulinien. Parmi les écrits apocryphes, les Évangiles dits des Hébreux, de Pierre, des Ébionites, des Egyptiens, ressemblent par l’inspiration à l’Apocalypse. Ce sont les plus anciens documents du christianisme, tous du I er siècle. — 2° Parmi les autres Épîtres attribuées par le canon aux Apôtres, celles aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens, ne sont pas assez anti-pétrinistes pour être sûrement de saint Paul ; celles de saint Pierre et de saint Jacques sont trop peu judaïsantes pour être l’œuvre de l’un quelconque des Douze, autant d’écrits d’authenticité plus que suspecte et de date incertaine. — 3° Les Épîtres pastorales combattent les doctrines de Marcion, et l’enseignement de Paul y est émoussé et attiédi. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est plus manifestement encore l’œuvre de l’école de conciliation. « C’est là qu’on voit le mieux apparaître la tendance catholique de concilier Pierre et Paul, de tenir la balance égale entre les deux partis opposés, et de mettre fin à tous les conflits. » Ces écrits sont du IIe siècle. — 4° Nos Évangiles ne sont ni authentiques ni même très anciens, au moins sous leur forme actuelle : celui de saint Matthieu est l’Évangile des Hébreux, le plus ancien manifeste du parti pétriniste, remanié dans une intention pacifique ; celui de saint Luc est l’Évangile paulinien de Marcion, arrangé et modifié dans un but de conciliation. Ils sont donc tous les deux de la période d’apaisement, du ne siècle. Celui de saint Marc garde, dans les questions discutées par saint Matthieu et par saint Luc, une neutralité parfaite. C’est une simple abréviation des deux précédents, sans grande valeur au point de vue historique. Celui de saint Jean enfin est bien moins une histoire du Christ qu’un résumé de la théologie chrétienne du premier âge. L’orage est passé, oublié même.
3° Un professeur tel que Baur n’a pas seulement des lecteurs et des auditeurs, il forme des disciples. Parmi les élèves qui affluèrent à ses cours de toutes les provinces de l’Allemagne et de la Suisse, plusieurs manifestèrent de bonne heure le désir de travailler sous sa direction, dans le sillon même qu’il venait d’ouvrir. Une revue spéciale (les Theologische Jahrbûcher), fondée en 1842, servit d’organe à ces travailleurs, parmi lesquels prirent rang d’abord Edouard Zeller, le futur historien de la nouvelle école, et le Souabe Albert Schwegler († 1857) ; puis Planck, Reinhold Kôstlin, Albert Ritschl, et enfin Adolphe Hilgenfeld, Gustave Volkmar, Tobler, Keim, Holstein, etc. Dès les premiers jours, la discorde éclata : le critérium du maître fut discuté, ses conclusions furent contestées. Les efforts qu’il fit pour ramener la paix ne réussirent qu’à augmenter la confusion, qui fut, pour ainsi dire, portée à son comble par la publication de la Kirchengeschichte, destinée cependant, dans sa pensée, à produire la conciliation et l’union. La plupart se retirèrent. Les Theologische Jahrbûcher cessèrent de paraître en 1 857. La solitude se fit autour du maître vieilli ; quand il mourut, en 1860, son école ne subsistait déjà plus.
Mais, en abandonnant les théories de Christian Baur, la plupart des Tubingiens restèrent fidèles à son esprit. Tout ce que l’Allemagne protestante compte aujourd’hui encore d’exégètes aventureux se rattache par un lien étroit à l’école de Tubiugue. Le vieux maître a appris à ses contemporains à traiter avec une liberté effrénée les écrits du Nouveau Testament. C’est par ! à surtout qu’il a continué, même après l’oubli de ses œuvres et l’abandon
de ses théories, à exercer sur ses compatriotes et sur beaucoup de non Allemands une influence désastreuse. Parmi les ouvrages publiés par les disciples de Baur, sous la surveillance et sous l’influence directe du maître, on peut citer : Das nachapostolische Zeitalter in den Hauptmomenten seiner Entwickelung, par Schwegler, Tubingue, 1846 ; Die Apostelgeschichte nach ihren Inhalt und Ursprung, par Ed. Zeller, Stuttgart, 1854 ; Die Enstehung der altltatholischen Kirche, Bonn, 1850.
Sur l’école de Tubingue et pour la réfutation de ses doctrines, voir Mackay, The Tubingen School and Us antécédents, in-8°, Londres, 1863 ; H. Schmidt, dans Real-Encyclopedie fur protestantische Théologie, 2e édit., t. ii, 1877, p. 163-184 ; Funk, dans Kirchenlexicon, t. ii, 1883, col. 64-76 ; W. R. Sorley, Jewish Christian and Judaïsm, a study on the historij of the two first Centuries, in-8°, Cambridge, 1881 ; G. W. Lechler, Dos apastolische und das nachapostolische Zeitalter mit Eucksicht auf Unterschied und Einheit in Leben und Lehre, 3e édit., in-8°, Karlsruhe, 1885 ; J. Thomas, L’Église et les judaïsants à l’âge apostolique : La réunion de Jérusalem, dans la Revue des questions historiques, oct. 1889, t. xl vi, p. 400-461 ; F. Vigouroux, Baur et l’école de Tubingue, dans Les Livres Saints et la critique rationaliste, t. ii, p. 464-495, et dans La Bible et les découvertes modernes, t. i, p. 77-88 ; Samuel Berger, Baur et les origines de l’école de Tubingue, Strasbourg, 1867.
L. Gondal.
- BAURAMITE##
BAURAMITE, originaire de Bahurim. I Par., xi, 32. L’Écriture nomme deux personnages de cette ville, Séméi, II Reg., xvi, 5 ; III Reg., ii, 8, et Azmaveth ou Azmoth. La Vulgate n’emploie l’adjectif Bauramite que I Par., xi, 32. Dans II Reg., xxiii, 31, elle dit que Azmaveth était de Béromi, c’est-à-dire de Bahurim, et elle nomme exactement Bahurim, II Reg., xvi, 5, etIII Reg., il, 8. Voir Bahurim.
- BAVAÏ##
BAVAÏ (hébreu : Bavvaï ; Septante : Bevei), fils d’Énadad, chef de la moitié du district de Céila, au temps de Néhémie, releva une partie de la muraille de Jérusalem, voisine du sanctuaire. II Esdr., iii, 18.
- BAXTER Richard##
BAXTER Richard, célèbre théologien non conformiste anglais, né le 12 novembre 1615 à Rowton, dans le Shropshire, mort à Londres le 8 décembre 1691. Il devint, en 1640, vicaire de Kidderminster, et mena ensuite une’ie très agitée et très tourmentée. Il composa un grand nombre d’écrits, dont un seul est relatif à l’exégèse : A paraphrase on the NewTestament, with notes doctrinal and practical, in-4°, Londres, 1685 ; in-8°, 1695, 1810. Cet ouvrage fut déféré au Banc du Roi, et l’auteur emprisonné pendant deux ans ; mais le souverain lui pardonna ensuite, et lui permit de se retirer à Charter-House Yard. La Paraphrase est surtout pratique ; le sens y est souvent bien exposé, seulement on y retrouve les erreurs de l’auteur sur la grâce et la rédemption. Voir Matth. Sylvester, Reliquiss baxterianse, Londres, 1696, 1713, 1727 ; Orme, Life and Times of Baxter, 2 in-8°, Londres, 1830 ; von Gerlæh, Richard Baxter nach seinem Leben und Wirken, Berlin, 1836 ; Schmidt, R. Baxter’s Leben und Wirken, Leipzig, 1843.
- BAYER Francisco Perez##
BAYER Francisco Perez, antiquaire espagnol, né à Valence en 1711, mort le 26 janvier 1794. Il professa l’hébreu à l’université de Salamanque, fut chanoine de Tolède et conservateur de la Bibliothèque de Madrid. Il a publié : Dissertatio isagogica de numis Hebrœo-Samaritanis, in-4°, Valence, 1781 (avec figures) ; Numorum Hebrseo-Samaritanorum Vindicatio, in-4°, Valence, 1790 (avec gravures) ; Legitimidad de las monedas Eebrseo-Samaritanas, confutacion de la diatriba de Dn. Olao Gerh. Tychsen, in-4°, Valence, 1793. Bayer le premier a tracé la véritable voie à la numismatique hébraïque. Dans
ses voyages, il avait recueilli une collection importante de monnaies juives ; il les arrangea et les interpréta avec beaucoup de science, les reproduisit avec exactitude, et en établit l’authenticité. — Voir Baur, dans Y AUgemeine Encyclopâdie, t. vm (1822), p. 246 ; Frd. W. Madden, History of Jewish Coinage, in-8°, Londres, 1864, p. H.
F. Vigouroux.
- BAYES Joshua##
BAYES Joshua, ministre presbytérien anglais, né à Manchester en 1671, mort le 24 avril 1746. Il fut ordonné prédicateur de l’Évangile et ministre le 22 juin 1694. Matthew Henry étant mort avant d’avoir achevé son Commentaire sur les Saintes Écritures, la continuation de son œuvre fut confiée à un certain nombre de théologiens presbytériens, et Bayes fut chargé d’expliquer l’Épitre aux Galates. Son travail parut dans le Commentary on tho Old and New Testament, 5 in-f°, Londres, 1737.
- BAYITH##
BAYITH (hébreu : habbayif, avec l’article, « la maison » ). Quelques interprètes considèrent ce mot comme un nom propre, désignant une localité moabite, dans Isaïe, XV, 2. Le Targum et la version syriaque suppriment la conjonction et qui sépare Batjit et Dibôn dans le texte hébreu, et lisent Beth-Dibon. Cette leçon n’est pas plus fondée que l’opinion précédente. La Vulgate a pris bayif pour un nom commun, domus, « maison, » c’est-à-dire ici « temple » de Chamos ou des divinités moabites, et la plupart des commentateurs adoptent cette explication, en faveur de laquelle on peut alléguer que bayif est précédé de l’article et qu’il est en parallélisme avec bamôt, « les hauts lieux » où l’on honorait les dieux de Moab. Cf. Is., xvi, 12, sancla sua, « son sanctuaire. » La stèle de Mésa, trouvée à Dibon, mentionne, ligne 27, un Beth-Bamoth ou « temple des hauts lieux ». Voir Mésa. C’est peut-être VHabbayif dont parle Isaïe. Les hypothèses imaginées par divers exégètes qui supposent que Bayit désigne Beth-Diblathaïm, Beth-Baal-Méon ou Bethphogor, sont complètement arbitraires. Cf. Bæthgen, dans Handwbrterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, p. 179.
- BAYLE Marc Antoine##
BAYLE Marc Antoine, théologien français, professeur d’éloquence sacrée à la faculté de théologie d’Aix, né à Marseille en Î825, mort dans cette ville le 18 mars 1877. On a de lui : Homélies sur les Évangiles, 2 in-18, Tournai, 1865. Son principal travail est la traduction française de plusieurs livres de la Bible, qui ont été imprimés dans la Sainte Bible avec commentaires, publiée par l’éditeur Lethielleux, in-8°, Paris, 1877 et suiv. Sa version est littérale et bonne. Voir Uterarischer Handweiser, février 1880, p. 70. O. Rey.
1. BAYLEY Anselme. Voir Bailey.
2. BAYLEY Robert Slater, ministre indépendant, Anglais, né à Lichfield en 1801, mort le 14 novembre 1859. Il fut successivement pasteur à Louth, dans le Lincolnshire, à Sheffield, à Londres et à Hereford. On a de lui, entre autres ouvrages, À new Concordance to the Hébreu) Bible juxta editionem Hooghtianam, and accommodated to the English version, in-8° ; À course of lectures on the Inspiration of the Scriptures, in-12, Londres, 1852.
— Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. m (1885), p. 444.
- BAYLY Benjamin##
BAYLY Benjamin, recteur anglican de l’église Saint-James, à Bristol, mort le 25 avril 1720, est l’auteur de : An Essay cm inspiration. Londres, 1707 ; 2e édit., 1708. La première édition est anonyme ; la seconde est considérablement augmentée.
BAYNE. Voir Baines.
- BAYNES Paul##
BAYNES Paul, théologien puritain anglais, né à Lon
dres on ne sait en quelle année, mort à Cambridge en 1617. Il fut élevé à Christ -Collège, à Cambridge, et en devint fellow. À la mort de William Perkins, il fut choisi unanimement pour lui succéder dans les leçons qu’il donnait à Saint - Andrew, à Cambridge. Ses écrits ne furent publiés qu’après sa mort. On y remarque : À Commentary on the first chapter of the Ephesians handling the controversy of Prédestination, in-4°, Londres, 1618 ; À Commentary on the first and second chapters of Saint Paul to the Colossians, in-4°, Londres, 1634 ; Commentary upon the whole Epistle to the Ephesians, in-f », Londres, 1643, ouvrage estimé encore aujourd’hui en Angleterre. Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. m (1885), p. 455.
- BAZAR##
BAZAR, nom d’origine persane, donné au lieu où l’on vend les marchandises en Orient. Voir Marché.
- BAZATHA##
BAZATHA (hébreu : Bizfâ’, nom perse, Bazata ; Septante : BaÇiOa), un des sept eunuques qui se tenaient en la présence d’Assuérus. I Esth., i, 10.
- BAZIOTHIA##
BAZIOTHIA (hébreu : Bizyôtyâh ; Septante : a yiSmai ajTûJv), ville de la tribu de Juda, mentionnée après Bersabée, Jos., xv, 28. Elle est complètement inconnue : on se demande même, d’après les Septante, si le texte original ne portait pas un nom commun. Les traducteurs grecs ont dû lire, en effet, rvrp ; 3, benôféâh,
[Bersabée et] « ses filles » ou « ses bourgs >>, au lieu de n’nVTa, Bizyôtyâh. Cependant les autres versions ont
ici un nom propre. La paraphrase chaldaïque reproduit exactement l’hébreu ; la Peschito donne JLlojJL », Bi’r Yôfya’, c’est-à-dire n>ni> ixs, Be’êr Yôfya, le « puits de Yotya », comme yatf 1X3, Be’êr Séba’, « puits des Sept » ou « du Serment », Bersabée ; l’arabe l’a suivie en mettant IaSjjj, Biryûtiya. Saint Éphrem cependant,
dans ses explications sur Josué, Opéra syriaca, Rome, 1737, t. i, p. 305, fait la remarque suivante : « Les auteurs de la version syriaque, ne comprenant pas le mot hébreu, et persuadés que c’était le nom propre d’une
ville, ont transcrit ©vta- » JL^’Bizyotyéh. » C’est donc
ce mot que le saint docteur lisait dans son manuscrit du texte sacré, au lieu de l’expression de la Peschito, et il le traduisait, comme les Septante, « Bersabée et ses bourgs. » L’emplacement de Bersabée, aujourd’hui Bir es-Sébâ, est bien connu ; si Baziothia représente réellement une ville, . c’est dans les environs qu’elle devait se trouver.
- BDELLIUM##
BDELLIUM (hébreu : bedôlah ; Septante : â’v6paÇ, xpixrràXXoç ; Aquila, Symmaque, Théodotion, Josèphe, Ant. jud, , III, i, 6 : pSIXXtov). Il est question deux fois, dans la Bible, du bedôlah. Dans la description du paradis terrestre, il est dit au sujet du pays d’Hévilath : « L’or de ce pays est bon ; là se trouvent le bedôlah et la pierre de Sôham. » Gen., ii, 12. Plus loin, l’auteur sacré ajoute que « la manne était comme la graine du coriandre, et de l’apparence (’en) du bedôlah ». Num., xi, 7. Le bedôlah était donc une substance bien connue des anciens Hébreux, puisqu’on s’en servait comme terme de comparaison pour désigner l’apparence de la manne. Les Septante ont traduit une première fois par av6pa ?, « escarboucle, » pierre précieuse de couleur rouge, et une seconde par xpu<Trd(XXoç, « glace » ou substance transparente. Les autres versions grecques, suivies par la Vulgate, ont rendu bedôlah par (JBÉXXiov. Le bdellium est la gomme aromatique de VAmyris Agallochwm, arbrisseau résineux qu’on trouve principalement dans le nord de l’Inde, mais qui se rencontre aussi ailleurs. Pline le décrit en ces
termes : « C’est un arbre noir, de la taille de l’olivier, avec des feuilles comme celles du chêne, et des fruits comme ceux du figuier sauvage. Il vient en Arabie, dans J’Inde, en Médie et à Babylone. » H. N., XII, 35. La gomme de l’arbrisseau est d’un rouge foncé et a une certaine transparence. On s’explique donc que les Septante aient confondu le bedôlah avec l’escarboucle, et aient ensuite comparé sa translucidité à celle de la manne. La traduction des autres versions et de la Vulgate identifie le bedôlah avec le bdellium, « très vraisemblablement avec raison, » dit Delitzsch, Wo lag das Parodies, Leipzig, 1881, p. 16. On pourrait objecter que cette gomme aromatique n’est pas d’un prix tel qu’on puisse la mettre sur le même rang que l’or, et que d’autre part le bdellium, qui est rouge, ne saurait être comparé avec la manne, qui était blanche comme le givre. Exod., xvi, 14. Mais l’auteur sacré présente le bdellium, non comme une substance aussi précieuse que l’or, mais comme un produit caractéristique de la terre d’Hévilath. Quant à la ressemblance de cette substance avec la manne, il n’est pas nécessaire qu’elle soit adéquate ; il suffit qu’elle soit justifiée par une qualité commune, par exemple, une certaine transparence, comme celle de la cire ou des autres gommes aromatiques, l’encens, la myrrhe.
Quelques auteurs, Raschi, Reland, etc., ont voulu faire de bedôlah une pierre précieuse, et l’on a même prétendu que la leçon bedôlah était fautive, et qu’il fallait lire berôlah, mot qui désignerait le béryl. Mais rien n’autorise cette correction, et si le bedôlah était un nom de pierre, l’auteur aurait signalé dans la terre d’Hévilath la « pierre de bedôlah », comme il fait pour la « pierre de Sôham, ». Enfin d’après Saadias, Kimchi, Bochart, Hierozoicon, II, v, 5 ; Gesenius, Thésaurus lingues hebrsese, p. 181, le bedôlafy ne désignerait ni la gomme aromatique ni une pierre précieuse, mais les perles qui abondent dans les eaux du golfe Persique. Cette interprétation, dont aucune version ancienne n’a eu l’idée, présente un double inconvénient. Elle suppose que la terre d’Hévilath se trouvait sur les bords du golfe Persique, ce qui est loin d’être démontré. De plus, elle fait d’un produit maritime la caractéristique d’une terre, au même titre que l’or et la pierre de Sôham, ce qui paraît peu admissible. Le plus probable est donc que le bedôlafy et le bdellium ne font qu’un, et quant au nom et quant à la chose. — Voir Wiçwà - Mitra, Les Chamites, in-8°, Paris, 1892,
p. 665-670.BÉAN (FILS DE), nom d’une tribu de pillards qui fut châtiée et détruite par Judas Machabée. I Mach., v, 4-5. Le texte grec des Machabées les appelle uîot Bat’av ; Josèphe, uîot toO Bïâvou. C’était, à n’en pas douter, une tribu de Bédouins qui vivait de rapines. L’auteur sacré dit qu’ils se retiraient dans des tours (icOpyous), lorsqu’ils n’exerçaient pas leurs brigandages. Ils habitaient probablement à l’est de la mer Morte, puisque Judas les rencontra sur sa route en allant d’Édoni au pays des Ammonites. Il est même vraisemblable que les « : fils de Béan » sont les habitants de Baalméon. En effet, le livre des Nombres, xxxii, 3, mentionne une ville située au nord de l’Arnon et appelée Béon, nom que les Septante transcrivent Bat’av, avec la même orthographe que « les fils de Béan ». I Mach., v, 4-5. Or Béon, d’après l’opinion commune, n’est autre que Baalméon, la Ma’in actuelle. Voir Baalméon.
- BÉATITUDES##
BÉATITUDES (MONT DES), montagne sur laquelle Notre - Seigneur prononça le plus considérable et le plus important de ses discoure, rapporté par saint Matthieu, v-vn, et commençant par ces mots : « Bienheureux les pauvres, » etc. L’auteur sacré n’indique pas le nom de l’endroit où retentit la parole du divin Maître ; il se contente de dire que « Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne ». Matth., v, 1. Le grec porte l’article,
£Îç tô ô’poç. Est-ce pour désigner une montagne connue des lecteurs ou voisine des lieux où le récit vient de les transporter ? La réponse, quelle qu’elle soit, nous laisse toujours dans l’incertitude. Quelques auteurs veulent voir ici dans « la montagne » une opposition avec « la ville maritime » de Capharnaûm, dont il est question auparavant. Matth., iv, 13. Mais les deux passages sont trop séparés pour qu’on puisse ainsi les unir. Saint Jérôme, dans son Commentaire sur saint Matthieu, t. xxvi, col. 33, avoue ne rien savoir de certain sur ce sujet ; il dit simplement que la scène dut se passer « en Galilée, sur le
de forme arrondie, dont l’altitude est de 346 mètres. La crête, élevée de 50 ou 60 mètres au-dessus du niveau de la route, vers le sud, domine d’environ 250 mètres, vers le nord, la vallée que sillonne l’ouadi el-Hamam. Elle est terminée, au nord-ouest et au sud-est, par deux éminences ou cornes qui lui ont fait donner le nom de Qoroun Hattin, « Cornes de Hattin ». Hattin est le petit village qui s’étend sur la pente septentrionale. Ces deux éminences « ont été justement comparées au pommeau et au troussequin d’une selle arabe ». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans Le Tour du monde, t. xun, p. 202. Il
[[File: [Image à insérer]|300px]]
467. — Qoroun Kattln ( Montagne des Béatitudes). D’après une photographie.
Thabor ou quelque autre montagne élevée ». Une ancienne tradition, remontant à l’époque des croisades, place le mont des Béatitudes à Qoroun Hattin, hauteur située à mi-chemin entre le Thabor et Capharnaûm, à peu près en face de Tibériade, à deux heures du lac (fig. 407). La position de cette colline « s’accorde fort bien avec l’ensemble du récit évangélique, car elle est facilement abordable de toutes parts et se trouve justement dans la région où prêchait alors Notre - Seigneur. De plus, elle mérite seule, entre toutes les hauteurs qui l’avoisinent à l’ouest du lac, le nom de montagne par excellence, qu’elle porte dans le texte grec, to opoç, tant elle se distingue des autres par sa forme particulière et par son élévation plus considérable ». Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 98.
C’est, en effet, un sommet bien singulier que celui de Qoroun Hattin, un de ceux qui frappent le plus le voyageur, quand, après avoir suivi la route de Nazareth à Tibériade, il commence à apercevoir le profond eneaisjsement du lac. Il voit sur sa gauche une colline rocheuse,
existe entre elles un plateau inégal, long d’une centaine de mètres, capable de contenir un nombreux auditoire, et du haut duquel on jouit d’une magnifique perspective. Ce n’est pas cependant, croyons - nous, sur ce plateau qu’eut lieu le discours du Sauveur, mais en uu point intermédiaire, entre la plaine et le sommet ; ce qui permet à saint Matthieu de dire qu’on était « sur la montagne », et à saint Luc, vi, 17, « dans la plaine, » ém
T<$7IOV ÎTeSiVOÛ.
La colline tout entière, dont la forme est bien celle d’une forteresse naturelle, était, dans sa partie supérieure, entourée d’un mur d’enceinte dont il subsiste encore de nombreuses traces, principalement aux deux cornes, qui paraissent avoir été fortifiées d’une manière spéciale. La nature des matériaux de toute forme et de toute dimension qui jonchent le sol semble indiquer que ce mur a été construit à la hâte. Les habitants de Hattin prétendent qu’il renfermait une pente ville, depuis longtemps rasée de fond en comble et aux ruines indistinctes de laquelle ils donnent le nom de Khirbet Medinet et-Thouiléh, 1531
- BÉATITUDES##
BÉATITUDES (MONT DES)/— BEAUTÉ
1532 « ruines de la ville longue, s On remarque, à la pointe sud-est de la colline, un caveau oblong, creusé dans le roc et revêtu de ciment ; il est en grande partie comblé. C’était ou un tombeair ou une citerne ; À côté se voient les arasements d’une petite construction, mesurant huit pas carrés, et qui passe pour être un ancien ouali musulman, ayant succédé lui-même à une chapelle chrétienne. D’autres y reconnaissent les restes d’une tour. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 194.
La colline de Qoroun Hattin était un point assez central où pouvaient se rencontrer les foules, avides de la parole du Sauveur, et qui venaient, pour l’entendre, « de la Galilée et de la Décapole, de Jérusalem et de la Judée, et d’au delà du Jourdain. » Matth., iv, 25. Assis moi-même, le 25 mars 1893, sur la pente sud-est, j’admirais le panorama qui se déroulait sous mes yeux, et je me disais que nul endroit n’était mieux fait pour servir de chaire au divin orateur, venant exposer ce qu’on a si justement appelé « la grande charte du royaume des cieux ». En face, les eaux tranquilles du lac, sur la surface duquel des collines qui masquent le regard projettent quelques échancrures. Au delà, les montagnes du Djaulan s’abaissent jusque, sur ses bords et ferment l’horizon. A droite, vers le sud, au-dessous de moi, une plaine basse, l’Ard el-Ahma, et, plus loin, le Thabor, dont le sommet, encadré dans les autres collines, ressemble à une bosse de dromadaire. À gauche, vers le nord, se dresse le grand Hermon avec son pic couvert de neige. A mes pieds, le tapis de verdure et les anémones rouges qui l’émaillent me rappellent l’herbe et le lis des champs que Notre-Seigneur fait entrer dans ses gracieuses comparaisons. Matth., vi, 28, 30. Voir Anémone.
C’est également sur cette hauteur que le Sauveur enseigna pour la première fois l’Oraison dominicale. Matth., vi, 9-13. À l’époque des croisades, le Djebel Qoroun Hattin et les plaines avoisinantes furent le théâtre de la désastreuse bataille où, le 4 juillet 1187, Saladin écrasa l’armée des Latins, vit la vraie croix tomber entre ses mains, et s’ouvrit par cette victoire les portes de la Palestine.
- BÉATUS##
BÉATUS, prêtre, moine et abbé de Saint-Martin de Liébana, en Asturie, vivait dans la seconde moitié du vme siècle. On connaît ses controverses avec Élipand, archevêque de Tolède, et les autres partisans de l’erreur adoptioniste. Voir Migne, Patr. lat., t. xcvi, col. 859-1030. Béatus y soutient la doctrine catholique avec une singulière énergie ; et ses deux écrits contre Élipand témoignent d’une profonde connaissance des Livres Saints. Il a composé sur l’Apocalypse un volumineux commentaire qui a joui d’une très grande vogue en Espagne, du rxe au XIIe siècle. Les manuscrits assez nombreux de ce commentaire remontent tous à cette époque. Ils se font remarquer par le luxe avec lequel ils ont été exécutés, et surtout par leur riche ornementation, qui permet de les ranger parmi les sources les plus importantes de l’histoire de l’art espagnol au moyen âge. Voir sur ce point Les manuscrits de l’Apocalypse de Béatus, par M. L. Delisle, dans les Mélanges de paléographie et de bibliographie (1880), p. 116-148. Quant an commentaire lui-même, il n’a rien de très original. C’est avant tout une sorte de caterta, dont le texte est emprunté à peu près exclusivement aux Pères de l’Église latine qui ont expliqué l’Apocalypse. Le recueil de Béatus n’en a pas moins une réelle importance. Il nous a conservé plusieurs textes anciens considérés depuis longtemps comme perdus, par exemple, des passages du commentaire de saint Jérôme et de celui d’Apringius, évêque de Béja. Malheureusement l’abbé de Liébana ne nous fait pas connaître ce qui appartient à chacun de ces auteurs, et cette distinction n’est guère possible qu’à la condition de découvrir quelquesnns de ces commentaires. L’œuvre de Béatns a été publiée au siècle dernier par Florez, sous ce titre : Sancti Beati
presbyteri hispani Liebanensis, in Apocalypsim ac utriusque fœderis paginas commentaria, Madrid, 1770. Nous ignorons pour quel motif l’abbé Migne n’a pas inséré ce commentaire dans sa Patrologie latine.
M. Férotin.
BEAU-FRÈRE. Voir Lévirat.
- BEAUPORT##
BEAUPORT, théologien français, qui vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Il a laissé : Monotessaron Evangeliorum, Paris, in-8°, 1552 et 1560. Malgré son titre latin, c’est une concordance en français.
G. Thomasson de Gournay.
- BEAUSOBRE Isaac##
BEAUSOBRE Isaac, théologien protestant, né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738. Chassé de Châtillonsur-Indre par la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugia à Rotterdam, puis à Berlin, où il se fixa ; il y devint chapelain de la reine. Il a laissé : Remarques historiques, critiques et philologiques sur le Nouveau Testament, 2 in-4°, la Haye, 1745 ; — Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ traduit en français sur l’original grec, avec notes littéraires pour éclaircir le texte, 2 in-4°, Amsterdam ; réimprimé en 1741 avec des corrections et des additions considérables. La préface générale, les quatre Évangiles et les Actes sont de Lenfant.
— Discours sur la Bible de Saurin (fait en société avec son fils, Charles-Louis de Beausobre).
G. Thomasson de Gournay.
BEAUTE. Le sentiment de la beauté, inné au cœur de l’homme, trouve son objet dans certaines qualités ou dispositions des êtres, qui varient selon la diversité des temps, des lieux, du milieu et de l’éducation. Cette impuissance de l’homme à déterminer d’une manière absolue les qualités qui éveillent l’idée de beauté fait comprendre pourquoi, dans l’Écriture, certaines expressions ou métaphores, qui chez nous sont loin d’exprimer la même idée, sont employées pour signifier la beauté, et particulièrement la beauté physique de l’homme, dont il est surtout question ici.
1° C’est d’après ces notions qu’il faut apprécier la description de la beauté de l’épouse des Cantiques. Cant., vi, vu. Un des éléments de la beauté humaine chez les Orientaux était, et est encore aujourd’hui, le grand développement des formes corporelles : une haute stature, une forte corpulence. C’est peut-être à cela que l’Écriture fait allusion quand elle dit que l’épouse est belle comme Jérusalem, Cant., vi, 3 ; que son cou est semblable à une tour, iv, 4 ; vii, 4 ; sa tête, au Carmel, vii, 5. D’autres expressions du Cantique des cantiques, I, 9 ; v, 15 ; vi, 5, 6 ; vu, 1-3, semblent indiquer la même idée. La beauté du visage consistait chez les Juifs dans la pureté des lignes, dans le brillant des yeux, comme étaient ceux de Rachel, opposés aux yeux chassieux’hébreu : mous), c’est-à-dire sans vigueur, de Lia, Gen., xxix, 17 ; dans la douceur du regard, semblable à celui de la colombe, Cant., i, 14 ; v, 12, et la coloration des lèvres. Cant., iv, 3. Le visage était légèrement basané, comme l’indique l’expression : « Je suis noire, mais belle, » mise par Salomon sur les lèvres de l’épouse des Cantiques. Cant., i, 4. L’ardeur du soleil d’Orient produisait ce résultat sur ceux qui travaillaient en plein air, Cant., i, 5, et les femmes ne paraissent pas avoir cherché à s’en garantir, comme elles le font aujourd’hui, en se voilant le visage.
A l’aide de ces quelques traits, épars dans la Sainte Écriture, on peut conjecturer quel était l’extérieur de ces femmes qui sont mentionnées comme douées d’une grande beauté : Sara, Gen., xii, 11, 14 ; Rébecca, Gen., xxvi, 7 ; Judith, Jud., x, 4, 7, 14 ; Bethsabée, II Reg., xi, 2 ; Abisag, III Reg., i, 4 ; Vasthi, Esth., i, 11 ; Esther, ii, 7, 15 ; Susaime, Dan., xiii, 2, 31. La beauté corporelle semble avoir été très appréciée des Hébreux, et la loi elle-même tolérait cette estime ; car, malgré la défense faite aux Israélites d’épouser des femmes étrangères, elle permettait aux vainqueurs de se choisir des épouses parmi les plus
belles des captives, Deut., xxi, 11 ; à condition qu’elles ne fussent pas de la race des Chananéens. Deut., xx, 16. Malgré cela l’Écriture rappelle à l’homme la fragilité de la beauté du corps, et le met en défiance contre les illusions de son cœur. Prov., xxxi, 30. Si elle compare la beauté humaine à celle de la nature représentée par la verdure des prairies, elle déclare que celle-ci est supérieure à la première, parce que la beauté des (jhoses inanimées n’est pas comme celle des êtres humains une source de tentations et de désordres. Eccli., XL, 22. On trouve la même pensée dans d’autres passages. Eccli., ix, 5. ; xxv, 28 ; xxxvi, 21. De la beauté extérieure l’Écriture s’élève à la beauté morale. Ps. xliv, 3 ; Eccli., xxvi, 19, 21. Elle déclare que sans le jugement
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468. — Notre -Seigneur Jésus-Christ.
Catacombe de Sainte - Domitille. D’après Bottarl, Sculture
e pitture sagre, t. ii, pi. lxx.
de l’esprit la beauté de la femmen’est rien : elle n’est qu’ « un anneau d’or aux narines d’une truie ». Prov., xi, 22.
2° La beauté, diez les Juifs, était non seulement appréciée chez les femmes, mais aussi chez les hommes, et particulièrement chez ceux qui avaient un rang élevé, comme les rois, I Reg., IX, 2 ; Ps. xliv, 3, 5, les princes et les grands officiers du royaume, II Reg., xiv, 25, dont on aimait à voir la haute stature, la vigueur et la corpulence. Un homme mal fait était réputé incapable d’une grande élévation d’esprit et d’actions d’éclat. C’est d’après cette manière de juger que Nabuchddonosor ordonna de choisir les plus beaux des jeunes Juifs captifs à Babylone, pour en faire des officiers de son palais. Dan., i, 4. La beauté des hommes est marquée dans l’Écriture par des traits spéciaux. Moïse compare la beauté de Joseph à celle du premier-né d’un taureau. Deut., xxxiii, 17. Dans la description qui est faite du jeune David, I Reg., xvi, 12 ; xvii, 42, la couleur blonde de ses cheveux est donnée comme un trait de beauté. L’abondance de la chevelure était plus recherchée encore que la couleur. JJ Reg., xiv, 25, 26. Elle était regardée comme la gloire du corps, Num., vi, 5 ; Ezech., xliv, 20, tandis que la calvitie était tenue pour un opprobre. IV Reg., Il, 23. La doctrine chrétienne apprit plus tard aux hommes à dédaigner ce vain ornement, et saint Paul, en ordonnant aux femmes de laisser croître leur chevelure et de la cultiver, déclare que, pour les hommes, c’est une ignominie d’en faire autant. I Cor., xi, 14, 15. D’autres expressions métaphoriques désignent la beauté des hommes, sans qu’on puisse dire exactement
à quels traits corporels elles répondent. Lam., iv, 7. .Salomon, qui est donné dans l’Écriture comme un homme d’une grande beauté, III Reg., i, 6, est probablement le personnage auquel ont été empruntés les traits du Cantique des cantiques, qui désignent la beauté de l’époux. D’après cette description, Salomon aurait été beau « comme les cèdres du Liban », Cant., v, 15 ; son teint « blanc et vermeil », v, 10, ses yeux semblables en douceur à ceux de la colombe, v, 12 ; ses lèvres comparables à la grâce du lis, ruisselantes de myrrhe, v, 13 ; ses cheveux flexibles comme des palmes et noirs comme le plumage du corbeau, v, 11. Le résumé de ces images, difficiles à interpréter dans le détail, est que Salomon était « le plus beau des enfants des hommes ». Cf. Ps. xliv, 3. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 1882, t. iii, p. 433-434.
3° Les éléments de la beauté humaine, telle qu’elle était conçue chez les Juifs, se trouvèrent-ils réunis en Notre -Seigneur Jésus-Christ, de manière à faire de lui, même extérieurement, le plus beau des hommes ? Aucune représentation authentique des traits du Verbe incarné ne nous a été transmise, et les Évangiles, ainsi que les autres documents contemporains, sont muets sur ce sujet. Les premières représentations que nous avons de lui remontent au plus au second siècle (fig. 468). Plusieurs Pères des premiers siècles, surtout parmi les Grecs, prenant trop à la lettre et dans un sens trop général certaines expressions des prophètes, particulièrement d’Isaïe, lii, 14 ; lui, 2-4, relatives à la Passion, et de saint Paul, Phil., ii, 7, ont soutenu que Notre-Seigneur avait un extérieur humilié et presque repoussant. C’est à partir de saint Jean Chrysostome surtout que l’on commença à s’éloigner de cet enseignement, pour soutenir au contraire la beauté physique de Notre-Seigneur. Cf. le Ps. xliv, 3, qui est messianique. Cette opinion a prévalu, en ce sens du moins que si le visage d’un homme reflète la beauté spirituelle de son âme, JésusChrist a dû être le plus beau des enfants des hommes. Beauté qui n’avait rien de charnel ni d’efféminé, mais qui était plutôt grave et austère. Voir Rio, L’art chrétien, Introd. , 1874, t. i, p. 41-42 ; Landriot, Le Christ de la tradition, Paris, 1865, t. ii, p. 214-221 ; cf. S. Jérôme, Epist. lxv ad Principiam Virginem, 8, t. xxii, col. 627 ; Suarez, De Incarnalione, q. 14, art. 4, disp. 32 ; t. xviii, p. 173-174 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, p. 434-437 ; J. A. van Steenkiste, De pulchritudine Jesu corporali, dans son Evangelium secundum Matthseum, 3e édit., Bruges, 1882, t.