Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/651-660

Fascicules du tome 2
pages 641 à 650

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 651 à 660

pages 661 à 670


ait jamais paru dans le pays. C’est le génie de l’Angleterre, ou le bel esprit triomphant, recueilli de la Cour, de toutes les assemblées de Seigneurs & de Dames, & des plus célèbres clubs de Londres. T. III..

CLUGNY. Quelques personnes écrivent & prononcent Cluny, c’est-à-dire, sans mouiller l’n. Cluniacum. C’est une petite ville de France, dans le Mâconnois, sur la Grosne.

Clugny ou Cluny, Abbaye régulière. C’est au Bienheureux Bernon que l’Ordre ou la Congrégation de Cluny doit ses commencemens, & à S. Odon qu’il doit ses accroissemens & ses progrès. Le premier Monastère que bâtit Bernon, est celui de Gigny en Bourgogne, entre Lions-le-Saunier, & Saint Amour, au Diocèse de Lyon. On ne sait en quelle année il fut commencé : il étoit bâti en 895 que le Pape Formose y accorda des privilèges. En 909, Odon, Chanoine de S. Martin de Tours, s’y retira, pour se mettre sous la conduite de Bernon. L’année suivante, Guillaume le pieux, Duc d’Aquitaine, donna le Monastère de Cluny, qu’il venoit de bâtir, à Bernon. De-là cette Abbaye devint Chef de l’Ordre, & lui donna son nom. Cluny est situé dans le territoire de Mâcon, sur la rivière de Grosne. Après avoir fondé plusieurs Monastères en Berry, en Bourbonnois, & ailleurs, Bernon mourut, & Odon prit le gouvernement de cet Ordre, auquel il donna sa perfection, & qu’il étendit beaucoup. Cluny est une fort belle Abbaye.

Elle étoit autrefois si grande, qu’en 1245, après la célébration du premier Concile de Lyon, Innocent IV alla à Cluny avec les deux Patriarches d’Antioche & de Constantinople, douze Cardinaux, trois Archevêques, quinze Evêques, & plusieurs Abbés, tous avec une suite convenable, sans que les Religieux quittassent aucun des lieux réguliers ; quoique S. Louis, la Reine Blanche sa mere, le Comte d’Artois son frere, sa sœur, l’Empereur de Constantinople, les fils des Rois d’Aragon & de Castille, le Duc de Bourgogne, six Comtes, & quantité d’autres Seigneurs, s’y trouvassent en même temps.

L’Eglise de Cluny, qui est sans contredit une des plus grandes du Royaume, a 310 piés de longueur, 130 de largeur, & l’on y entre par un vestibule qui a 110 piés de long & 80 de large. P. Hélyot, T. V, c. 18. Elle a la figure d’une croix primatiale. En 1621, il y eut une réforme de l’Ordre de Cluny. Le Cardinal de Guise, alors Abbé de Cluny, chargea D. Jacques d’Arbouze d’en dresser les réglemens, que le Cardinal approuva. En 1622, après la mort du Cardinal de Guise, D. Jacques d’Arbouze fut élû Abbé. Quelques années après, son âge & ses infirmités lui firent penser à souhaiter un successeur, qui pût maintenir & avancer la réforme. Pour cet effet, il demanda au Pape le Cardinal de Richelieu qui la soûtint en effet, aussi-bien que le Cardinal Mazarin en son temps. Il a encore été fait différens réglemens sous le Cardinal de Bouillon, qui s’observent aujourd’hui. Outre les Monastères qui ont embrassé la Réforme dont nous venons de parler, il y en a encore sept dans le Comté de Bourgogne, qui font une Province séparée, & dont les Religieux prennent le titre d’étroite Observance de Cluny. Id. c. 19.

Clugny se prend aussi pour toute la Congrégation dont cette Abbaye est le Chef. Un Religieux de Cluny, &c. ce n’est pas seulement un Religieux de l’Abbaye de Cluny, mais encore un Religieux de quelque maison que ce soit dépendante de cette Abbaye.

Le Collège de Cluny à Paris, c’est le Collège de la Congrégation de Cluny, où demeurent ceux de cette Congrégation qui veulent prendre les degrés de Sorbonne.

CLUIA. Voyez Clovia.

CLUPEA, s. m. poisson du fleuve Araïs. Bochart dit qu’il a été appelé clupea du mot phénicien & hébreu chalap, qui signifie changer, parce qu’on croyoit que ce poisson changeoit de couleur selon la lune.

CLUSE, terme de Fauconnerie. C’est le cri avec lequel le Fauconnier parle à ses chiens, lorsque l’oiseau a remis la perdrix dans le buisson. Cluser la perdrix, c’est exciter les chiens à la faire sortir du buisson où elle s’est remise.

CLUSE. Petite ville de la Baronnie de Faucigny en Savoye, & non pas en Piémont, comme dit le P. Hélyot. Clusa ou Clausa. Elle est capitale d’un Mandement dit de Cluse ou de Châtillon, qui est un Château de la même contrée. Cluse est située sur l’Arve, à l’orient de la ville d’Annecy.

Le Mandement de Cluse est le territoire de Cluse ; le pays aux environs de Cluse, & sui en dépend. Pagus Clusanus.

La Congrégation de Cluse est une Congrégation de l’Ordre de S. Benoît, qui doit son établissement à Hugues Sconsat, Auvergnat de nation, Seigneur de Montboissier, qui, après son retour de Rome, où il étoit allé demander l’absolution d’un crime qu’il avoit commis, acheta un lieu sur le mont Epicare, éloigné de Suze de quatre lieues, & y plaça un saint solitaire, nommé Jean. Mais ce lieu n’étant pas commode, il acheta une petite métairie nommé Cluse, qui en étoit peu éloignée. Il y bâtit un Monastère, & y fit venir de saints Religieux qui l’occupèrent sur la fin du Xe siècle. Cette Abbaye, après bien des alternatives de relâchement & de réforme, devint très-célèbre & très-puissante par les libéralités de plusieurs Empereurs, Rois, & autres Princes. Les Evêques de Turin lui fournirent plusieurs Abbayes & plusieurs Eglises, ce qui forma la Congrégation de Cluse.

CLUSSON, Rivière de Dauphiné. Elle coule dans la vallée de Pragelas, qu’elle arrose d’un bout à l’autre. Elle a sa source vers le col de Sestières au couchant, & reçoit le Germanasque un peu au dessus du Château de la Peyrouse, dont elle arrose aussi toute la vallée.

CLUSIA, s. f. plante dont la féve est en rose, & a cinq pétales. Il s’élève du centre un pistil entouré de cinq étamines, lequel se change en un fruit divisé en trois parties & en trois cellules, dans lesquelles la semence est enfermée. Miller, Dict.

☞ CLUSTUMINA, s. f. nom d’une des 35 tribus Romaines.

CLUVIA. Voyez Clovia.

CLUYD. Golfe de Cluyd. Voyez Arren.

CLY.

CLYMÈNE, s. f. nom d’une femme, ou Déesse. Clymene. Clymène étoit fille de l’Océan ; elle épousa Japt. Hésiode, Théog. v. 509, dit que ce nom signifie illustre, célèbre, fameuse, & Vossius, de Idol. L. I, c. 18, croit que Moïse n’ayant point dit comment s’appeloit la femme de Japhet, & son nom n’étant point connu, les peuples lui donnèrent celui-ci, qui convenoit si bien à la mere de tant d’illustres nations de l’Europe.

Clymène, fille de l’Océan, fut aimée du Soleil, dont elle eut Phaëton & les Héliades.

Clymène, autre fille de l’Océan, & compagne de la Nymphe Cyrène, mere d’Aristée.

Clymène, dans notre usage & en style de Chansonnier, signifie une maîtresse.

Clymène, plante doit voici les caractères. Sa tige, ses fleurs, & son fruit ressemblent à ceux de l’épurge ; mais ses feuilles sont conjuguées & attachées à une côte qui se termine par des vrilles. Clymenum. Miller, Dict.

CLYPEY-FORME. adj. Epithète que Harris a donné à une comète dont la forme ovale & oblongue, est semblable à celle d’un bouclier. Clypei-Formes.

CLYSSE, s. m. se dit aussi-bien que Clyssus, & puisque l’on a donné une forme françoise à ce nom, il ne faut plus se servir du mot latin. Le commun des Auteurs entend par Clysse une espèce de Sapa, mais quelques-uns prennent le mot Clysse pour une quintessence, comme le Mort ; & d’autres, comme Jean Maurice Hoffman, pour les esprits qui sortent dans le temps de la détonation. Ce mot signifioit chez les anciens Chimistes un extrait préparé de différentes substances mêlées ensemble, & il signifie encore aujourd’hui un mêlange qui contient les divers produits d’une substance, unis entre eux, comme par exemple, quand on mêle de telle sorte l’eau distillée, que le mêlange possède toutes les propriétés du simple, qui a fourni toutes ces différentes préparation. Dict. de James.

Il y a un clysse d’antimoine, qui est un esprit acide & agréable, qu’on tire par distillation de l’antimoine, du nitre, & du soufre mêlés ensemble. Il y a aussi un clysse de vitriol, qui est de même un esprit tiré par distillation du vitriol dissout dans le vinaigre. On s’en sert en Médecine dans diverses maladies, & pour en tirer les teintures de plusieurs végétaux.

CLYSTÈRE, s. m. terme de Médecine. Clyster. C’est un remède ou injection liquide qu’on introduit dans les intestins par le fondement pour les rafraîchir, pour lâcher le ventre, pour humecter & amollir les matières, pour dissiper les vents, aider à l’accouchement, &c. On fait des clystères d’eau, de son, de lait, & particulièrement de décoction de certaines herbes. On y mêle du miel, du sucre rouge, quelquefois du catholicon & autres drogues. Il y a des clystères émolliens, carminatifs & lénitifs, astringens, laxatifs, anodins, benins, nourrissans, utérins. Les utérins sont des injections qui se font dans la matrice. Les clystères nourrissans, sont des clystères par le moyen desquels on prétend qu’on nourrit les personnes qui ne sauroient prendre d’alimens par la bouche. Hildanus rapporte dans ses Observations que M. Auberi, Médecin, nourrit pendant six semaines une Dame de qualité, en lui faisant donner deux fois le jour un clystère composé d’un bouillon de chair d’un chapon, de poule, ou de quelque autre volaille, dans lequel on faisoit dissoudre des jaunes d’œufs. Il est cependant bien difficile de comprendre que les clystères puissent nourrir. 1o Parce que les alimens pris de cette sorte ne reçoivent point les préparations nécessaires pour la nutrition. 2o Ils ne passent point dans les voies par où doivent passer les alimens, pour être portés dans toutes les parties du corps.

Hérodote dit que les Egyptiens ont été les inventeurs de ce remède, ou les premiers qui l’ont mis en usage. Galien & Pline, L. VIII, c. 27, disent qu’ils l’avoient appris d’un oiseau de leur pays, nommé Ibis, qu’ils remarquoient se faire de pareilles injections avec son bec, & se décharger ensuite souvent. D’autres disent que les hommes l’ont appris de la cicogne.

Ce mot vient du Grec κλύζω, lavo, abluo.

Clystère, lavement, remède, termes de Médecine & de Pharmacie, absolument Synonymes. L’ancien mot Clystère ne se dit plus que dans le burlesque. Lavement est le terme des Médecins. Remède est à la mode dans le discours ordinaire. Le terme est équivoque, dit M. le Ch. de Jaucourt ; mais c’est par cette raison qu’il est honnête.

CLYSSUS. s. m. Voyez Clysse.

CLYTEMNESTRE. s. f. Fille de Léda, femme de Tyndare, & sœur de Castor, de Pollux & d’Hélène.

CLYTIDES, s. m. pl. La famille des Clytides dans la Grèce, étoit spécialement destinée aux fonctions des Aruspices, avec celle des Jamides.

CLYTIE, s. f. Nymphe de l’Océan. Clytia. Elle aimoit éperdument Apollon ; mais ce Dieu lui ayant préféré Leucothoé, elle avertit Orcham, pere de Leucothoé, du commerce de sa fille avec ce Dieu. Elle augmenta par-là les froideurs & les dédains d’Apollon, & se causa la mort à elle même par le chagrin qu’elle en eut. Elle fut changée en Héliotrope. Ovide, Met. L. IV, fables 5. & 6.

CLYTIUS. un des Géans qui fit la guerre aux Dieux. Vulcain le terrassa avec une massue de fer rouge, & le mit ainsi hors de combat.

CNA.

☞ CNACALESIA. Surnom de Diane qui lui vint du Mont Cnacalus, dans l’Acadie, où elle avoit un Temple. Diderot.

☞ CNAGIA. Autre surnom de Diane, ainsi appelée de Cnagius qui enleva la Statue de cette Déesse avec la Prêtresse. Id.

☞ CNASO, s. f. terme d’antiquités Romaines. Aiguille dont les femmes Romaines se servoient pour arranger leurs cheveux. Elle s’appeloit aussi Discerniculum. Poincon de cheveux, qui servoit à les partager.

☞ CNEUS. Surnom que les Romains donnoient à ceux qui naissoient avec quelques taches considérables.

CNE.

CNEF ou CNEPH, s. m. Dieu des Egyptiens. Knef, Knefus, Cnuphis. Dans la Théologie de ces peuples, Cnef étoit le seul Créateur du monde. Il étoit incréé & immortel. C’étoit le seul qu’ils reconnussent pour être véritablement Dieu. Ils le dépeignoient rendant un œuf par la bouche, pour marquer qu’il avoit produit le monde, car l’œuf étoit chez les Egyptiens le symbole du monde, selon Plutarque, de Iside & Osir. & Porphyre dans Eusebe, Prépar. L. III. c. 12. Si ce Cnef est le même que Strabon appelle Cnuphis, comme il y a bien de l’apparence, il avoit un Temple à Siene dans la Thébaïde. Voyez Vossius de Ido. L. I, c. 2. Monsieur Hooper, Evêque de Bath, dans une dissertation Latine sur l’herésie des Valentiniens, où il montre que c’est un composé de la Religion des Egyptiens idolâtres, & de la Religion Chrétienne, prétend que Valentin a fait de Cnef son Bython, & que les noms qu’il lui donnoit ont du rapport à ceux de Cnef, Saturne, Réphan & Cium, que portoit Cnef.

CNÉORON, s. m. plante dont Théophraste dit qu’il y a de deux sortes, le blanc & le noir. Le blanc a ses feuilles longues comme celle de l’olivier, & le noir les a charnues, & semblables aux feuilles de tamaris. Ils ont tous deux leur racine grande & profonde en terre, & il en sort plusieurs rameaux rampans, gros, branchus, & souples. Le blanc s’étend davantage sur terre, & est odorant. Le noir n’a aucune odeur. Angillarius croit que la lavande est le cnéoron blanc, & le romarin, le noir : mais Matthiole prétend qu’il se trompe, & décrit une plante qu’il a découverte dans les montagnes de Bohême, & qui est tout-à-fait semblable au cnéoron blanc.

CNI.

CNIDE ou GNIDE, ville ancienne de l’Asie mineure. Cnidus. Elle étoit dans la Doride, qui étoit une partie de la Carie. Hérodote dit, dans son Liv. I, c. 74. que c’étoit une Colonie de Lacédémoniens. Cette ville étoit consacrée à Venus qui y avoit un Temple, dans lequel se voyoit la fameuse Vénus de Praxitèle. Elle étoit sur le bord de la mer, dans un lieu où croissoit beaucoup de joncs, qui servoient à écrire, & qui sont célèbres dans l’antiquité. Ce n’est plus qu’un méchant village, qu’on nomme Capo-Chio, ou Crio.

CNIDIE. Cnidia. Territoire de la ville de Cnide.

CNIDIEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de la ville de Cnide. Cnidius, a. Les Cnidiens voulurent percer leur isthme, & faire une Île de leur promontoire ; mais ils n’en purent venir à bout.

☞ CNIDIENNE, surnom de Vénus, ainsi appelée de Cnid, où elle étoit en singulière vénération.

CNIDIENNE, adj. f. Baies cnidiennes. Cnidia grana. Hippocrate les ordonne en qualité de purgatif. Les Botanistes modernes ne sont point d’accord sur la plante qui donne ce fruit : mais la plûpart croient que c’est la Thymelæa foliis lini. C. B. P. D’autres croient au contraire que les grana cnidia sont le fruit du mezereon, &c. Dict. de James.

CNU.

CNUPIS, s. m. c’est le même que Cneph. Voy. Cnef. Strabon dit, l. 17 que Cnuphis avoit un Temple dans la ville de Siene dans la Thébaïde.

CO.

☞ CO. Préposition ou particule qui se met au commencement de quelques-uns de nos mots, comme co-accusé, co-adjuteur, &c. Elle s’est formée de com ou con, dérivé du latin cum avec. Voyez Con.

CO ou COS, nom ancien d’une Île de la Mer Egée, ou de l’Archipel, sur les côtes de la Carie, & assez voisine de Rhode. Co, & Coos, ou Cos. L’Île de Co avoit 550 stades de tour. C’est la patrie d’Hippocrate. Elle étoit très-fertile & très-renommée pour ses vins, & ses étoffes de soie, si fines que l’on voyoit au travers tout ce qu’elles couvroient, dit Arcon sur le 101 vers de la seconde Satyre du I. Liv. d’Horace. Il y avoit un Temple fameux d’Esculape, & une très-belle statue de Vénus qu’Auguste fit apporter à Rome.

Bochart tire ce nom du Phénicien קו, Cau, Cox, Co, qui signifie un fil délié. Il prétend que les Phéniciens la nommèrent ainsi à cause des étoffes dont nous avons parlé. Il dit même que les Phéniciens l’ont habitée autrefois. Sa preuve est que dans Etienne de Byzance, il y a une ville de Co qui s’appelle Ἀστυπάλαια, & il ne doute point qu’elle n’ait été ainsi nommée de Astipalæa, fille de Phénix. On peut ajouter deux raisons prises des médailles de cette Île ; car 1o. leur inscription se lit de droit à gauche, à la phénicienne : 2o. les lettres ont quelque ressemblance avec le caractère phénicien. L’Île de Co s’appelle aujourd’hui Stanchio.

CO, herbe qui croît dans la Province de Fokien à la Chine, & dont on fait une toile appelée Copou, qui est la plus estimée qui soit dans tout l’Empire. P. le Comte, T. I, p. 301.

COA.

COA, s. f. plante à laquelle le P. Plumier a donné ce nom en mémoire d’Hippocrate surnommé Coüs, parce qu’il étoit né dans l’Île de Crete. Elle croît à la hauteur de cinq à six piés ☞ elle est toujours verte, & produit une fleur d’une seule pièce faite en forme de cloche, du calice de laquelle sort un pistil découpé en plusieurs parties, & enfoncé comme un clou dans la partie postérieure de la fleur. Ce pistil se change en un fruit composé de trois autres fruits membraneux à deux paneaux, & divisés en deux loges qui contiennent des semence aîlées. Cette plante est fort commune dans l’Amérique, sur tout aux environs de Campeachi.

COAC, vieux terme burlesque d’une seule syllabe, pour dire, c’en est fait. Actum est.

Coac, elles tombent à l’envers. Marot.

COACCUSÉ, s. m. terme de Palais. Accusé avec un ou plusieurs autres. Ce qui contribua à la condamnation des Juges de Mante, c’est qu’ils se justifièrent dans leurs Mémoires les uns aux dépens des autres, & crurent se blanchir en noircissant leurs coaccusés. Causes célèbres, t. 4, p. 236

COACTIF, IVE, adj. v. Coactivus, cogendi vim habens. Qui a droit de contraindre. Qui peut légitimement se faire obéir par sa force. Pouvoir coactif. On s’en sert en Théologie & en Droit Civil. Quoique l’Eglise puisse faire des loix en matières spirituelles, & en presser l’exécution par l’usage des censures, elle n’a point proprement de pouvoir coactif dans le sens que nos Théologiens & nos Casuistes emploient ce terme, c’est-à-dire, pour le pouvoir de se faire obéir par la force, & ce pouvoir réside seul dans les Princes. Le P. Courayer.

On le dit quelquefois au féminin dans le Droit. Force coactive, qui en vient à la voie de fait contre la personne, pour la contraindre d’obéir à ce que la Justice commande. De Courtin. Une loi a une force coactive & directive, un conseil n’a qu’une force directive.

COACTION, s. f. terme dogmatique. Contrainte, force qui entraîne, qui contraint un agent naturel de faire quelque chose, ou qui l’empêche de la faire. C’est plus précisément une action sur la volonté qui en ôte ou diminue le libre exercice. Coactio. La liberté même dans l’état présent de la nature corrompue, exclut non-seulement la coaction, mais encore toute sorte de nécessité antécédente. Voyez Liberté.

COADJUTEUR. s. m. Prélat qui est adjoint à un autre pour lui aider à faire les fonctions attachées à sa prélature, & qui lui succède en vertu du même titre. Adjutor, Vicarius & Successor designatus. Le Coadjuteur a les mêmes prérogatives que l’Evêque même. Le Roi donne des Coadjuteurs aux Archevêques, & Evêques vieux, ou absens, qui ne peuvent pas vaquer à régler leurs Diocèses. Les Coadjuteurs sont nommés Evêques in Partibus Infidelium, parce qu’il faut que le Coadjuteur d’un Evêque soit Evêque : autrement il ne pourroit pas faire les fonctions épiscopales ; comme donner les Ordres, confirmer, &c.

L’Eglise a pris de l’Empire Romain l’usage de donner des Coadjuteurs. Symmachus, l. 10, ep. 56. parle des Aides, ou Coadjuteurs que l’on donnoit aux Magistrats, & il les appelle Adjutores publici Officii.

L’usage des Coadjuteurs est aboli en France à l’égard des Canonicats, des Prébendes & Prieurés, des Cures & des Chapelles. Il y a eu néanmoins de très-grandes difficultés pour les Canonicats & les dignités des trois Evêchés qui sont Metz, Toul & Verdun, & même pour la Bretagne ; comme ces lieux-là ne sont point compris dans le Concordat, les Papes accordent quelquefois des Bulles de Coadjutorerie, ce qui est une véritable réserve contraire au Concile de Trente & aux Libertés de l’Eglise Gallicane ; aussi quand on appelle comme d’abus de ces sortes de Bulles aux Parlemens, elles sont déclarées nulles & abusives.

Le droit de faire des Coadjuteurs appartient au Pape seul, qui doit examiner s’il y a de véritables raisons pour les établir, parce que l’ancien Droit y est contraire ; de plus le Concile de Trente, sess. 25, de Refor. c. 7, condamne tout ce qui a la moindre apparence de succession héréditaire dans les Bénéfices. Il ajoute néanmoins cette restriction, que si la nécessité des Eglises Cathédrales & des Monastères, ou une utilité manifeste demandent qu’on leur donne des Coadjuteurs, on leur en accordera. S. Grégoire, Liv. XI, ép. 7, veut bien qu’on donne un Coadjuteur à un Evêque malade, & qui ne revenant point en son bon sens ne peut demander un successeur, & se démettre ; mais il ne veut point qu’on l’ordonne du vivant de cet Evêque, tout incapable qu’il est de faire les Ordinations ; mais seulement après sa mort ; & qu’en attendant les ordinations se fassent par le Métropolitain de cet Evêque malade.

Ce mot est tiré du Latin, coadjutor, de coadjuvo, qui ne sont point en usage.

Coadjuteur est aussi un aide dans le ministère & gouvernement ecclésiastique : ce qui a lieu dans plusieurs Maisons Religieuses. Adjutor.

Les Coadjuteurs étoient chez les Jésuites ce qu’on appelle Frere Laïcs dans les autres Communautés. Il y en a de deux sortes : les Coadjuteurs spirituels, & les Coadjuteurs temporels. Les premiers sont les aides des Profès ; mais ils ne peuvent pas, comme eux, parvenir au quatrième vœu, qui est celui d’obéissance au Pape. Les Coadjuteurs temporels se donnent à l’Ordre pour servir les autres dans les plus vils Offices de la Maison, comme la Cuisine, la Cordonnerie, &c.

COADJUTORERIE, s. f. qualité ou charge de Coadjuteur ou de Coadjutrice. Dignitas designati successoris. Episcopo alicui. Les Bulles de Coadjutorerie portent provision, & collation du Bénéfice par expectative, en sorte qu’il n’est point besoin de nouveau titre pour succéder à l’ancien Evêque, ou à l’ancienne Abbesse.

Il y avoit autrefois un grand abus dans ces coadjutoreries, que les Papes accordoient à des enfans & à des jeunes gens, avec la clause, donec ingressus fuerit, jusqu’à ce qu’il puisse entrer dans l’administration du Bénéfice : on les donnoit à des personnes qui n’étoient point encore dans les Ordres, avec la clause, donec accesserit, & même à des personnes absentes & éloignées avec cette clause, cum regressus. La restriction que le Concile de Trente fait des Evêchés & des Abbayes pour les coadjutoreries est si claire, qu’il est surprenant que quelques Canonistes aient voulu étendre son décret aux autres Bénéfices. Ceux qui ont appuyé les coadjutoreries des Canonicats & des Dignités dans la trois Evêchés, ont prétendu qu’elles étoient plus souhaitables en ces lieux-là que les résignations, parce qu’on envoyoit moins d’argent à Rome, on ne tolère point en France ces sortes de coadjutoreries, qui sont un abus manifeste. Les Romains ont beau dire que Metz, Toul & Verdun, étant une partie de la Lorraine où le Pape a tout pouvoir sur les Bénéfices, il doit avoir aussi le pouvoir d’y faire des Coadjuteurs ; on n’écoute point ces raisons dans les Parlemens, & celui de Paris prononça en 1642, un Arrêt contre un Pourvû par coadjutorerie, d’un Canonicat de l’Eglise Cathédrale de Metz.

COADJUTRICE, s. f. est une Religieuse que le Roi nomme pour aider une Abbesse à faire des fonctions, & qui lui succède en vertu du même titre. Vicaria Abbatissæ eidemque succedendo designata.

Coadjutrice, femme qui aide une autre personne à quelque chose, qui y travaille conjointement avec elle. Adjutrix, auxiliatrix. Vous être par là les Ministres de la miséricorde de Dieu, vous en êtes les coopératrices & les coadjutrices. Bourd. Exh. T. I, p. 107.

Chez les Religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, dites Jésuitesses, on donne ce nom aux Sœurs Converses, qu’on appelle Sœurs compagnes ou coadjutrices, comme on appelle chez les Jésuites, Coadjuteurs, les Freres Laïcs. L’habit des Sœurs compagnes ou coadjutrices est plus court que celui des Meres. P. Hélyot, 5. VI, pag. 355.

Coadjutrice se dit, en quelques Communautés, d’une Officière ou Sous-Supérieure de la Communauté. Coadjutrix. Dans la Congrégation de S. Joseph, chaque Maison est gouvernée par une Supérieure qui a le titre de Prieure, par une Intendante, & une Coadjutrice. P. Hélyot, T. VIII, p. 188.

Coadjutrice. Aide. Adjutrix, Coadjutrix. On appelle ainsi dans la Congrégation des Dimesses ou Modestes, deux filles qu’on élit tous les ans dans chaque Maison, pour être le Conseil & les Aides de la Supérieure, & on les appelle Adjutantes, Majeures & Coadjutrices. P. Hélyot, T. VII, C. 3.

Coadjutrice, se dit d’une Maîtresse par rapport à un homme marié. Malgré le mauvais usage que la dépravation du siècle a établi, il n’a point donné à sa femme de Concurrente & de Coadjutrice. Il l’aime toujours aussi tendrement que le premier jour. Madame du Noyer.

COAGIS, s. m. terme en usage dans le Levant parmi les Négocians : il signifie Commissionnaire. Il y a des François, Hollandois, Anglois & Italiens, qui sont établis dans les Echelles du Levant en qualité de Coagis, ou Commissionnaire : ils font commerce par commission, chacun pour les compte des Marchands & Négocians de leur nation. Ménage, qui les nomme Coogiers, dit que l’origine de ce mot ne lui est pas connue. Ne vient-il point du Latin Coactor, Receveur, ou du verbe coaggerare, amasser, par rapport aux marchandises dont les Coagis font des magazins ?

COAGULATION, s. f. terme didactique. Epaississement qui arrive à un corps liquide, sans qu’il perde aucune des parties sensibles qui causoient sa fluidité ; comme il arrive au lait, au sang, à la chaux, au plâtre. {(lang|la|Coagulatio}}. On distingue ainsi cette espèce d’épaississement de celui qui se fait par la perte d’une partie de la substance ; comme quand la boue s’épaissit par l’évaporation des parties aqueuses ; car cet épaississement ne s’appelle point coagulation, mais endurcissement. Il y a un mot général, savoir concrétion, qui est commun à coagulation, épaississement, endurcissement.

Il y a de grandes variétés dans les coagulations. Prenez du lait de vache, mêlez-y du suc d’épurge, catapucia minor, de l’esprit acide de miel, de l’esprit de nitre, ou quelques autres astringens, la coagulation se fait beaucoup plutôt, que si vous l’exposiez seulement à l’air. Au contraire jetez-y du sel fixe & sulfureux de tartre ou de nitre, de l’esprit de sel ammoniac, du miel, du sucre ; ces matières, aussi-bien que presque toutes les plantes aromatiques, empêchent ou retardent la coagulation. Le sel commun, le sel gemme, l’hyffope, &c. n’on ni l’un ni l’autre de ces effets. La coagulation se fait plutôt dans un air sec & chaud, que dans un air humide ; en été qu’au printemps.

L’esprit acide du sel commun, ou de nitre distillé, jeté dans des blancs d’œufs bien battus, fait une coagulation très-ferme. L’huile de vitriol en fait une fibreuse & moins ferme ; l’esprit acide de miel & le vinaigre n’en produisent point ; l’esprit de sel ammoniac, & l’huile de tartre n’en donnent point non plus. L’esprit de vin purifié fait une coagulation assez ferme, mais divisée en grumeaux. Le suc tiré de l’épurge, le sel ammoniac réduit en poussière, le sel de persil, le sel de tartre, le sel commun n’ôtent rien aux blancs d’œufs de leur fluidité, mais l’extrait de noix de galle, & l’alun en donnent une prompte & ferme. La dissolution du vitriol de cuivre, qui rougit le fer, ne fait qu’une médiocre coagulation : celle de vitriol de Mars n’en fait aucune, non plus que celle du vitriol blanc.

Il en est de même des coagulations du sang des animaux ; le sang tiré de la jugulaire d’un agneau, & partagé en différens vases, sans y rien mêler, s’est coagulé en une demi-heure : en y jetant de l’esprit de sel commun, la coagulation s’est faite sur le champ, & la couleur rouge du sang s’est changée en couleur noire ; l’huile de vitriol produit le même effet. Le vinaigre distillé a de même noirci le sang, mais le coagulum a été moins ferme. L’esprit de sel ammoniac & l’huile de tartre ont également empêché la coagulation, mais le premier a produit un rouge plus foncé, & le second un rouge plus vif & tirant plus sur la couleur de feu. L’esprit de vin a produit sur le sang le même effet que sur le blanc d’œuf, c’est-à-dire, qu’il a fait une coagulation assez ferme, mais grumeleuse, & un rouge semblable à celui de l’ocre mis au feu. L’esprit de miel a rendu ce sang noir, & d’une consistance molle & inégale. L’extrait de noix de galle a aussi donné une coagulation grumeleuse. L’esprit de rouille l’a durci & noirci. L’esprit de nitre & l’esprit de sel commun lui ont ôté toute sa couleur rouge, & l’ont réduit en grumeaux. La dissolution de sel commun dans de l’eau a un peu changé sa couleur sans coagulation. Le sang tiré de l’artère carotide a pris une consistance plus solide ; demeurant par tout rouge, du reste il a éprouvé avec les mêmes liqueurs les mêmes coagulations que le sang veineux. Duhamel, Hist. Acad. p. 74, 75. Le P. Bartoli, Jésuite, a fait, en italien, un Traité de la glace & de la coagulation.

☞ Il y a coagulation entre deux liqueurs mêlées ensemble, lorsque leurs molécules s’embarrassant & s’accrochant mutuellement, le mêlange acquiert une consistance que ses parties n’auroient pas, si elles étoient prises séparément. Il suffira de faire remarquer qu’il n’y a coagulation entre deux liqueurs, que lorsque l’une se mêle avec l’autre, à peu près comme un acide se joint à son alcali, & lorsque le tout a des molécules trop massives pour recevoir de la part de la matière ignée un mouvement en tout sens.

☞ Le mot de coagulation signifie également l’état d’une chose coagulée, & l’action par laquelle elle se coagule.

COAGULER. v. a. Réduire une chose liquide en substance solide, lui donner de la consistance. Coagulare. C’est arrêter & fixer le mouvement des parties insensibles d’un corps liquide, comme lorsqu’on mêle le lait, ou le sang avec des acides. Les venins froids coagulent le sang, l’empêchent de circuler. La présure coagule le lait, & le réduit en fromage.

Il est aussi récip. Le sang extravasé se coagule. Il ne se dit guère que dans le dogmatique.

Coagulé, ée, part. Coagulatus.

☞ COAGULUM, s. m. terme de Chimie & de Physique, emprunté du latin pour exprimer une matière coagulée, une concrétion formée par le mêlange de deux liqueurs. Coagulum. On admet d’autant plus volontiers ces sortes de mots, qu’ils servent à distinguer nos idées, à la exprimer plus précisément, & à ôter les équivoques. L’eau de Bourbonne, mêlée avec le sel de tartre, fait un coagulum. Acad. 1700, Hist. p. 69. Le sel marin avec l’huile de vitriol, fermente avec bruit, & élève beaucoup de fumée ; la liqueur devient épaisse, & forme une espèce de coagulum ou gelée claire. Geoffroy, Acad. des Sc. 1700, Mem. p. 113. Cette agitation, quelque violente qu’elle paroisse, n’est pas assez considérable pour rompre entièrement le coagulum, qui se forme dans la liqueur. Id. p. 118. Dans le mêlange des autres sels avec des acides plus foibles, le coagulum ne s’y rend presque pas sensible. Id. L’eau est très-propre à dissoudre ce coagulum. Id. p. 121. Coagulum signifie en général tout épaississement qui s’est formé dans quelque liqueur, & en particulier une concrétion de lait ou de liqueur laiteuse dans l’estomac des animaux qui têtent, comme dans celui du veau, du poulain, du lièvre, &c. On l’appelle aussi caillé : il est de quelque usage en Médecine. Col. de Villars.

☞ Le sang sortant des vaisseaux, reçu dans une palette, se refroidit, se coagule, & se partage en deux parties, dont l’une est un coagulum, qu’on appelle la partie rouge du sang. L’autre fluide & blanche se nomme la partie limphatique.

☞ COALEMUS ou COALÈME, s. m. terme de Mythologie. Dieu tutélaire de l’imprudence.

COAILLE. s. f. Ce mot autrefois se disoit, pour grosse laine. Lana crassior. Borel croit que coaille vient de queue, qu’on écrivoit quoue ; la plus mauvaise laine des animaux étant à la queue, on l’appelle quoaille ou coaille.

COAILLER, terme de Chasse, qui se dit quand les chiens quêtent la queue haute sur de vieilles ou nouvelles voies.

☞ COALITION, s. f. terme dogmatique. Réunion des parties qui avoient été séparées, du verbe coalere, se réunir. Ce mot est très-énergique & on ne peut lui substituer que des périphrases. Malgré cela il est peu usité.

☞ COANNE. s. f. Nom que l’on donne à l’espèce de tortues de mer qui sont les plus grandes. L’écaille & la chair n’en sont pas bonnes.

☞ COARCTER, v. a. terme de Jurisprudence. Ordonnons que la partie de N. répondra précisément & distinctement aux faits coarctés par la partie de N. lui donnons acte de sa plainte des trois faits articulés dans la requête présentée au Commissaire départi dans la Généralité de Limoges & coarctés dans la requête du 21 Fév. 1750. Arrêt du Grand Conseil.

COARS, adj. vieux mot. Timide, craintif. Gloss. des Poës. du Roi de Nav.

COASSEMENT, s. m. cri des grenouilles. Ranarum clamor, coaxatio.

COASSER, v. n. mot fait pour exprimer le cri des grenouilles. Coaxare. Les grenouilles sont importunes en été, quand elles coassent. On dit que si on met de la lumière dans les fossés d’un Chateau, cela empêche les grenouilles de coasser.

COATI. s. m. C’est un animal du Brésil diversement décrit par les Naturalistes, qui a un museau long d’un pié, rond comme un baton, à peu près comme la trompe d’un éléphant, comme disent De Leri & Marcgravius. Cependant il n’en a rien que la mobilité ; car il ressemble davantage à un groin de pourceau. De Laer en fait deux espèces ; l’un qui a le poil roux par tout le corps, est appelé simplement coati, & c’est la femelle : l’autre, qui n’a que le ventre & la gorge de cette couleur, qu’on appelle coati mundi. On en a disséqué un de cette espèce à l’Académie des Sciences, qui avoit six pouces depuis le bout du museau jusqu’à l’occiput, qui en avoit 16 jusqu’à la queue, laquelle en avoit 13 de long. Il étoit haut de six pouces. Ses pattes avoient cinq doigts, & les ongles crochus, noirs & creux, comme le castor. Son poil est court, rude & bouchonné, noir sur le dos & aux extrémités des pattes & du museau, au reste du corps mêlé de noir & de roux. Il avoit des yeux de cochon, des oreilles de rat, des dents triangulaires & pointues, la gueule grande & bien fendue, & la machoire d’en bas beaucoup plus courte que celle d’en haut. Cet animal a coutume de ronger sa queue. Quelques-uns l’ont voulu faire passer pour le sagouin, qui est une espèce de guenon : car sa queue approche de la longueur de celle des singes qu’on nomme cercopitheci.

☞ COATIAS, s. m. nom qu’on donne au Brésil à un animal qui ressemble à nos lièvres par sa taille, par sa figure, & par le goût de sa chair.

COATLI, s. m. nom que les Mexicains donnent à un grand arbrisseau de la nouvelle Espagne, dont le bois est appelé bois néphrétique, qui est en usage dans la Médecine. Voyez Néphrétique.

COB.

COBALE. s. m. Cobalus. Le Scholiaste d’Aristophane sur le Plutus, v. 279, dit que les Cobales étoient des génies malins & trompeurs, de la suite de Bacchus. Ce mot est grec, & signifioit chez les Grecs à peu près ce que signifie chez nous un Escamoteur, un filou, un Bohémien. Κόϐαλος (Kobalos), dit le même Scholiaste, sur le v. 1047 de la Comédie des grenouilles, est la même chose que πανοῦριος (panourios), c’est-à-dire, un rusé, & sur le v. 270 de la Comédie intitulée Les Cavaliers, il dit, qu’il signifie trompeur, filou : Hésychius l’interprète encore un jaseur, un causeur, un hableur ; & d’autres, selon lui, l’expliquent par ματαίος (mataios), un diseur de fadaises, ou de bagatelles ; & d’autres, un débauché, un rieur, un railleur, un bouffon. On les appeloit aussi, selon le Scholiaste cité, Κορυνοφόρος (Korunophoros), Corynephore ; c’est-à-dire, qui porte une massue, un Garde. Les Cobales étoient donc des gens de la suite de Bacchus, & comme ses Gardes : mais qui étoient en même temps ses bouffons, qui par leurs bons mots, leur babil, leurs tours de passe-passe, leurs ruses, escamotoient tout ce qu’ils pouvoient, & filoutoient les gens. On prétend que ce sont ces esprits folets que l’on dit que l’on voit encore quelquefois, dont il y a, dit-on, grand nombre en Sarmatie, que les Sarmates appelles Drulles ; les Russiens Kolikes, & les Allemans Cobaldes, qui ont grand soin des maîtres, auxquels ils s’attachent, de leurs maisons, de leurs chevaux, &c. dérobant tout ce qu’ils peuvent chez les voisins, & le leur apportant.

Ce mot Cobale, Κόϐαλος (Kobalos), selon Suidas, vient de κοπις (kopis) ; une épée, une hache ; & par conséquent il sera dit pour κόπειλος (kopeilos), mais on ne voit pas ce que la signification de κοπις (kopis), se rapporte assez à celle de Cobale. D’autres le tirent de הבל, hhebel, qui en hébreu, en chaldéen, en syriaque, en arabe, signifie une corde, un lacet, & métaphoriquement une tromperie, une ruse, par où on est pris comme dans un lacet. Il a ce sens figuré au Ps. CXVIII, 61. Outre les Auteurs cités, Natalis Comès parle des Cobales dans sa Mythologie, L. V, C. 12.

COBALT. s. m. Cobaltum. Pierre ou Marcassite d’où l’on tire l’arsenic en la faisant calciner. Voyez Arsenic, Kobalthum, & le Spectacle de la nature. Le cobalt, ou cobolt, est un minéral, qui est une sorte de cadmie naturelle, de laquelle on tire le bismuth, l’arsenic, & cette espèce d’azur que les Peintres emploient avec du blanc de plomb, pour peindre en bleu, & qui sert à donner à l’empois la couleur bleue qui lui est nécessaire. Ce minéral contient ordinairement un peu d’argent. Il y en a plusieurs mines en Allemagne.

COBBAN. s. m. Arbre qui croît dans l’Île de Sumatra, & qui est appelé par ceux du pays geuhph. Il est couvert d’une écorce jaunâtre, ou de couleur de safran. Ses branches sont courtes, & ses feuilles petites. Son fruit est un peu gros, & rond comme une balle à jouer. Il renferme un noyau qui est de la grosseur d’une noisette, dans lequel il y a une semence fort amère, & qui a le goût de la racine d’Angélique. Ce fruit est fort propre pour étancher la soif ; mais sa semence, quoiqu’amère, est beaucoup meilleure. On tire de cette semence une huile qui est souveraine contre les douleurs du foie, de la rate, & contre la goutte.

COBE, terme de Marine. On appelle cobes des bouts de cordes qui sont jointes à la ralingue de la voile, & dont la longueur ne passe pas un pié & demi.

On les appelle autrement ancettes.

COBIR, v. a. vieux mot. Confire.

COBIT. s. m. Mesure pour les longueurs, dont on se sert en plusieurs endroits des Indes Orientales. Le cobit n’est pas par tout égal. Celui de Surate, selon Tavernier, est de deux piés de Roi & seize lignes.

COBITES. s. m. Cobites. C’est une espèce de poisson d’eau douce, de la nature du goujon, dont il est parlé dans Aldrovandi.

COBLENTZ. Ville du Cercle Electoral du Rhin en Allemagne, au confluent du Rhin & de la Moselle, d’où elle a pris son nom. Confluentes ou Confluentia, d’où s’est formé en allemand Coblentz. Cette ville qui étoit anciennement Imperiale, fut donnée par Henri VII, l’an 1312, à l’Electeur de Tréves, auquel elle a toujours appartenu depuis. Quelques Auteurs la prennent pour l’ancienne Trajana Legio, que d’autres croient être Drekshausen.

☞ COBONAS. (les) Peuple d’Afrique dans la Cafrerie, sous le tropique du Capricorne.

☞ COBOURG. Voyez Coburg.

CO-BOURGEOIS, terme de Commerce de Marine. Celui à qui un vaisseau appartient en commun avec un, ou plusieurs propriétaires, & qui en est Bourgeois avec eux.

COBRA-CAPELO. s. m. Serpent des Indes, dont le poison est sans remède. P. Le Comte.

COBRE. s. m. Sorte de mesure étendu, dont on se sert à la Chine, particulièrement du côté de Canton, pour mesurer les étoffes, les toiles, &c. Les dix cobres sont trois aunes de Paris.

COBRISSO, s. m. nom que l’on donne à la mine d’argent, dans le Chily & le Pérou, lorsqu’elle tient du cuivre, & que par cette raison elle est teinte d’une couleur verte ; cette sorte de mine est difficile à traiter, c’est-à-dire, qu’il est difficile d’en tirer l’argent à cause du cuivre dont elle est mêlée.

COBTER, v. n. vieux mot dont on se servoit pour heurter. Il vient de κόπτειν (koptein), frapper. On a dit aussi cop, au lieu de coup.

COC.

COC. Voyez Coq.

COC. s. m. Costum. C’est une herbe odiférante. Peut-être est-ce la même chose que Coca, qui suit.

M. Huet croit que coc vient de costum, d’où l’on a d’abord formé cost, & ensuite coc.

COCA, s. m. arbrisseau du Pérou. Ses feuilles sont semblables à celles de myrte, ou, selon quelques-uns, à celles du sumac, mais un peu plus grandes, molles, & d’un vert-clair. Son fruit est en grappe, rouge comme le mirtille, & de la même grosseur lorsqu’il commence à mûrir, & noir quand il est tout-à-fait mûr. ☞ Ces fruits, quand ils sont secs, servent aux habitans de petite monnoie : de même que le cacao en sert aux Mexicains. Après la récolte des fruits, on fait celle des feuilles que l’on fait sécher dans des paniers, afin qu’elles se conservent mieux & qu’on puisse les transporter dans les autres pays. Les Américains en font un grand usage. Ils en ont toujours dans la bouche, sans les mâcher, ni les avaler. Ils prétendent que l’usage de ces feuilles rafraîchit la bouche, appaise la soif, & même soûtient les forces. Ils en font un commerce considérable.

COCAINE ou plutôt COCAGNE. s. f. C’est le nom qu’on donne en Languedoc à un petit pain de Pastel avant qu’il soit réduit en poudre, & vendu aux Teinturiers. Glastum, vitrum, isatis. On en fait grand trafic en ce pays-là. Et parce qu’il ne vient que dans des terres fertiles, & qu’il apporte un très-grand revenu à ses maîtres, vû qu’on en fait cinq ou six récoltes par an ; quelques-uns ont nommé le haut Languedoc un pays de cocagne : & c’est là-dessus qu’est fondée la fable du Royaume de Cocagne, de ce pays imaginaire où les habitans vivent fort heureux sans rien faire. Lotophagorum regio. De-là est venu aussi qu’on a appelé pays de Cocagne ; tous les pays fertiles & abondans, & où l’on fait grande chere.

M. Astruc, dans la seconde partie de ses Mémoires pour l’Histoire naturelle de la Province de Languedoc, observe qu’on y fait des pelotes avec de la pâte du pastel : elles s’appellent coques ou coquaigne, & le pastel ainsi apprêté, pastel en coquaigne. C’est de-là, ajoute-t-il, qu’est venu l’usage de dire pays de coquaigne ou cocagne, pour dire, un pays riche, parce que le pays où croît le pastel, s’enrichissoit autrefois par le commerce de cette drogue. Voilà une origine de coquaigne, qui n’avoir pas encore été indiquée, & qui paroît fort vraisemblable. Obs. sur les Ecrits mod. t. 9, p. 206. Le pays de Caux est un pays de cocagne. Saras. Paris est pour un riche un pays de Cocagne. Boil. Quelques-uns écrivent Caucagne.

        Jadis regnoit dans la Champagne,
Par les dons de Bacchus fort rénommé climat,
        Et pour tout pays de Caucagne
Un prince dont les mœurs firent beaucoup d’éclat.

Mlle L’Heritier.

Le mot de cocagne s’emploie en Italie, lorsqu’on abandonne au peuple des vivres dans des fêtes célèbres, & on dit en ce sens, qu’il y a eu cocagne dans une fête. En parlant d’une fête qui fut donnée à Naples, on rapporte que, comme la fête se donnoit sur l’eau, de peur d’accident, on ne suivit pas l’usage qui se pratique en pareille occasion de rendre la cocagne générale. Mercure, Août 1738.

La rivière de Cocagne, en Acadie, sur la côte occidentale.

COCAMBE. Voyez Cocombre.

COCAOTE. s. f. Corvinus lapis. Pierre qu’on trouve dans l’Inde, qui est rémarquable par un bruit semblable à celui du tonnerre, qu’elle fait, lorsqu’elle est échauffée. Dict. de James.

☞ COCARDE, s. f. nœud de ruban qu’on porte au retroussis du chapeau. Les Soldats portent des cocardes, ou d’une même couleur, ou de couleurs différentes, selon les différens Corps. La cocarde a succédé à l’écharpe.

☞ Ce mot vient aparemment de coq, parce que ces ornemens sont des espèces de crêtes. On appeloit autrefois bonnet à la cocarde, un bonnet où les enfans mettoient des plumes de coq.

COCASSE. adj. Ce mot se trouve dans le Dictionnaire François-Latin in-4o. 1618, avec la citation de Belleau, mais sans explication. Cotgrave, qui écrit coquasse, l’explique par coquemar ou chaudron.

Cocasse se dit aujourd’hui de quelqu’un qui fait ou dit des choses plaisantes & risibles.

☞ COCATRE. s. m. Chapon qui n’a été châtré qu’à demi.

COCATRIX, s. f. espèce de Basilic qui s’engendre dans les cavernes & les puits. En latin, basilicus regulus. Il y a en la Cité de Paris, un fief qui s’appelle Cocatrix, dans une rue du même nom.

☞ COCCARA. Espèce de gâteau des Grecs dont on ne connoît que le nom.

COCCEIA, s.f. nom d’une famille de l’ancienne Rome. Cocceia gens. On ne sait si la famille Cocceia étoit Patricienne, ou Plébéïenne. L’Empereur Nerva étoit de la famille Cocceia. Les médailles consulaires de cette famille sont rares.

COCCÉIANISME. s. m. Doctrine de Coccéius, fameux Théologien de l’Université de Leyde. Secte de Coccéius. Cocceianismus. Voyez Coccéien. Le Coccéianisme ne jeta pas seulement de plus fortes racines en Hollande : il passa la mer pour s’introduire en Zélande, où il trouva plusieurs personnes qui se déclarèrent pour lui. Hist. de Guillaume III. Joeger, dans son Histoire Ecclésiastique publiée à Hambourg en 1717, unit le Coccéianisme avec le Cartésianisme, & prétend que ces deux partis s’accordent ensemble en bien des manières, mais il distingue beaucoup Coccéius des Coccéiens.

COCCÉIEN, ENNE. Nom de nouveaux Sectaires qui sont répandus dans toute la Hollande & dans les pays voisins. Ils tirent leur nom de Jean Coccéius, Professeur en Théologie dans l’Académie de Leyde, qui étoit très-savant dans la langue hébraïque. Les autres Professeurs Calvinistes lui donnèrent le nom de Scriptuarius, parce que lisant continuellement l’Ecriture, il y avoit découvert plusieurs choses qui n’étoient point connues auparavant : il trouvoit, entr’autres choses, presque dans toutes les Prophéties de l’ancien & du nouveau Testament le règne de Jesus-Christ, & celui de l’Antechrist qui lui est opposé. On dit de lui, qu’il voyoit par tout le Messie, & que Grotius au contraire, qu’il combat ordinairement, ne le voyoit en aucun endroit. Il est le premier, dit M. Stoup, qui a découvert & enseigné la différence du gouvernement de l’Eglise avant la loi, sous la loi, & après la loi : il dit qu’avant la loi, la promesse avoit lieu, pendant laquelle l’Eglise étoit libre ; qu’à la promesse Dieu avoit ajouté la loi, laquelle ayant été premièrement représentée dans le Décalogue, ne contient que l’abrégé de l’alliance de grace & les commandemens de la foi, de la repentance & de la reconnoissance que nous devons à Dieu. Coccéius a plusieurs autres sentimens particuliers. Il croit qu’il doit s’élever dans le monde un règne de Jesus-Christ qui abolira le règne de l’Antechrist ; que quand le règne de Jesus-Christ sera aboli avant la fin du monde, après la conversion des Juifs & de toutes les Nations, l’Eglise sera alors fort éclatante : selon lui la Jérusalem céleste qui est décrite dans l’Apocalypse, représente la condition de l’Eglise telle qu’elle doit être glorieuse sur la terre, & non celle qui doit triompher dans le Ciel. Les Coccéiens font aujourd’hui un grand parti dans les Provinces-Unies. Voëtius & Desmarets condamnèrent plusieurs opinions de Coccéius comme hérétiques ; & ils prétendirent même qu’il étoit Socinien en beaucoup de choses ; ils le traitoient de Novateur, & d’homme qui s’attachoit trop à l’Ecriture ; pour ce qui est du Socinianisme, il seroit aisé de l’en justifier. Il a combattu avec force les Sociniens dans ses Commentaires sur l’Ecriture. Tout ce qu’on peut dire de lui, c’est qu’il a avancé quelques visions,& qu’il a eu des pensées trop particulières.

☞ COCCIGIEN, ENNE. adj. Terme d’Anatomie, qui se dit substantivement de quelques muscles qui ont rapport au coccix, des muscles du coccix. Coccygianus,a, um. L’Ischiococcigien, ou coccigien antérieur, est un muscle largement attaché à la portion antérieure d’un petit ligament transversal, qui paroît au haut du trou oval de l’os innomé, & qui n’est qu’un pli particulier du grand ligament transversal du bassin. De-là il se glisse entre ce grand ligament, qu’on peut appeler ligament ischio-pectiné, & le muscle obturateur interne, avec lequel on confond assez facilement ce muscle. Dans ce trajet il se concentre, & ensuite s’attache au bas du coccix. Winslow.

Le Sacro-coccigien ou Coccigien postérieur, est un muscle du coccix, attaché au bord de la face interne des deux premières vertèbres de l’os Sacrum, au bord inférieur interne du petit ligament sacro-sciatique, tout au long & à l’épine de l’os ischion. De-là il va aussi, en se concentrant, s’attacher au côté de la face interne du coccix au dessus de l’autre muscle. Winslow.

Le coccigien antérieur, ou Ischio-coccigien, auquel il conviendroit mieux de donner le surnom de latéral que celui de postérieur, peut avoir l’usage de soûtenir latéralement de côté & d’autre le coccix, comme en équilibre, & d’en empêcher le trop de renversement & même la luxation dans les grands efforts, par la sortie des matières dures & grosses. Id.

COCCIX, s. m. terme d’Anatomie. C’est un os qui est à l’extrémité de l’os sacré. Coccix. Il est cartilagineux, & sa figure est comme un bec de coucou, qui d’une base large va en se rétrécissant & en se courbant. Et c’est de-là qu’il tire son nom de κόκκυξ (kokkux), qui est un mot grec qui signifie coucou. Il affermit l’intestin droit & le cou de la vessie & de la matrice.

☞ COCCORA. Diane étoit honorée en Elide sous ce nom. On n’en sait pas la raison.

COCCOTHRAUSTE, s. m. oiseau que l’on trouve dans les bois d’Italie & d’Allemagne, & que l’on appelle encore Fringilla rostrate. Son nom lui vient de sa manière de vivre ; car il se nourrit, en été principalement, de noyaux de cerises, qu’il casse avec son bec, & de baies de différentes espèces. Il est propre pour l’épilepsie ; pour exciter l’urine étant mangé ou pris en décoction. Lémery, des drogues. Ce mot vient de κόκκος (kokkos), grain, & θραύω (thrauô), rompre.

COCCUS, s. m. nom qu’on donne à cette espèce de chêne vert qui porte la graine d’écarlate. Voyez Chêne vert.

Coccus se dit aussi de la graine même d’écarlate, qu’on appelle autrement kermès. Voyez Kermès. On trouve sur les racines de la pimprenelle commune, & sur une espèce de renouée qu’on nomme Polygonum cocciferum, des graines semblables à celles qui viennent sur le chêne vert. On les appelle coccus radicum, pour les distinguer des autres. Elles servent pour teindre en cramoisi. Il s’en trouve encore sur une espèce de piloselle.

COCHE, s. m. voiture posée sur quatre roues, qui est en forme de carrosse, à la réserve qu’il est plus grand. Essedum, rheda, carpentum viatorium. On s’en sert pour aller de ville en ville. Il y a des coches de Paris à Lyon, Rouen, Bourdeaux, & pour toutes les grandes villes de commerce. Les Rois de la première race se faisoient traîner par quatre bœufs atelés à une espèce de coche, & de charriot. Héliogabale se fit tirer dans un coche, par quatre femmes nues à travers les rues de Rome. Mont. On appelle aussi coche d’eau, des bateaux publics & couverts, qui servent à voiturer les personnes & les marchandises sur les rivières. Viatorium navigium. Les coches de Melun, de Sens, de Joigny, d’Auxerre. On appelle coches volans, les coches bien atteles qui font une plus grande diligence que les autres. On se servoit anciennement de coches à la guerre : cet usage est aboli il y a long temps. Menage & Nicod dérivent ce mot de l’Hongrois Rotez-y, disant que les coches sont de l’invention des Hongrois. Du Cange le dérive de coga, qui est une espèce de navire que Spelmamus dérive de coque ou de concha, parce que ces navires sont faits en forme de coquille. L’Allemand dit kutsch, pour signifier la même chose.

On dit d’un homme qui ne veut point différer son voyage qu’il a donné des arrhes au coche, qu’il faut qu’il parte.

☞ On dit figurément, & dans le style familier, la même chose d’un homme qui a déjà pris quelque engagement dans une affaire.

Coche se prend aussi pour toutes les personnes qui sont dans le coche. Monsieur, votre homme est arrivé, je l’ai vû à trois lieues d’ici, où a couché le coche. Mol.

On dit, en termes de Marine, porter les humiers en coche ; pour dire, les hisser au plus haut du mât. On appelle aussi quelquefois coche d’afût de bord, les dents, ou entailles qui sont dans les flasques, au derrière de l’afût, pour y poser le traversin.

COCHE, s. g. truie vieille & grasse, qui a eu plusieurs cochons. Scrofa, porca effœta.

On dit figurément & bassement d’une femme grosse extraordinairement, que c’est une grosse coche, une vieille coche. Obesa mulier.

Coche signifie aussi une dent, une entaille qu’on fait dans du bois ; ou autre corps solide, pour y arrêter, ou y marquer quelque chose. Crena, incisio, incisura. La corde d’une arbalête s’arrête dans une coche faite exprès. On fait des coches sur une taille pour marquer la quantité de pain ou de vin qu’on a pais chez le Boulanger, le Cabarretier.

Coche se dit, chez les Chapeliers, d’un morceau de buis ou d’autre bois dur, qui leur sert à tirer & faire agir la corde d’un instrument appelé Arçon, pour arçonner les étoffes ou matières dont les chapeaux doivent être composés.

COCHE, s. f. petit ais, ou morceau de bois. Pour faire un corps bien espagnolé, quelle gehenne ne souffrent pas les femmes guindées & sanglées avec grosses coches sur les côtés, jusques à la chair vive ? oui, quelquefois à en mourir. Montagne. De grosses coches, c’est-à-dire, des éclisses, qui pressées fortement sur les côtés par des ceintures, y rendoient la chair insensibles, & aussi dure que la corne ou le cal qui vient aux mains de certains ouvriers. Les Dames qui se sont exposées à cette torture, lorsqu’elle étoit autorisée par la mode, se sont moquées d’elles-mêmes dans la suite, quoiqu’apparemment elles fussent toutes prêtes à se sacrifier de nouveau à cette même mode, si elle eût été remise en crédit. M. Coste.

COCHÉ, ÉE, adj. terme de Peinture. Qui est fait en coche, qui a un enfoncement comme une coche. Cavatus, a, um. Il faut que les contours des draperies, & la manière des plis suive & représente en quelques endroits la forme du membre qu’ils couvrent. Prenez bien garde aussi de ne point faire de ces faux contours, qui détruisent la forme du membre, en pénétrant dans le vif par des ombres trop cochées, & plus profondes que ne peut être la superficie du corps qu’elles couvrent. Vinci. trad. Qu’il n’y ait point de pli, qui par son ombre fasse rompre aucun des membres, c’est-à-dire, qui paroisse plus coché dans sa profondeur, que n’est le vif ou la surface du membre qu’il couvre. Id. Beaucoup de Peintres se plaisent à faire leurs draperies fort cochées avec des angles aigus, & d’une manière crue & tranchée. Id.

☞ COCHETÉES, (pillules) terme de Pharmacie. Voyez Cochiées.

☞ COCHEIM. Ville du Cercle Electoral du Rhin, en Allemagne, dans l’Archevêché de Trèves, sur la Moselle.

COCHEMARE. Voyez Cauchemare.

COCHENILLAGE, s. m. C’est la décoction, ou bouillon fait avec la cochenille, dans lequel se teignent en cramoisi, ou écarlate, les draps, laines & autres étoffes. On le dit aussi de l’action de teindre en Cochenille.

COCHENILLE, s. f. ver gris qui vient des Indes, & qui étant mis dans l’eau, fait une teinture fort rouge. coccinilla, vermiculus Indicus. Cette cochenille est d’un si grand trafic, qu’il en entre dans Tascala, ville du Mexique pour plus de deux cens mille écus par an, à ce que dit Herréra. C’est dont on fait l’écarlate de Hollande. On nomme cramoisi les couleurs où il entre de la cochenille.

On appelle cochenille capessiane, ou silvestre, une espèce de cochenille qui croît, dit-on, sur une espèce de figuier d’inde que l’on ne cultive point & qui a plus de piquans sur ses feuilles que le Nopal. Elle fournit moins de teinture que l’autre. On s’en sert dans les couleurs cramoisies où il entre du fauve, comme le colombin, le pourpre, l’amaranthe, la pensée & le violet.

L’autre s’appelle aussi Mesteque, ☞ parce qu’on en trouve à Mesteque, dans la Province de Honduras, & on la recueille dans des plantations de Nopal, c’est la meilleure. Les couleurs qu’on en teint, sont dites être teintes en grain. Quand l’Ecriture parle des choses teintes en grain, on le doit entendre de cette pourpre, à ce que dit Scaliger.

Ce qu’on appelle gaine de cochenille, n’est que le ventre d’un petit insecte dont il ne reste rien de plus. Ce ventre est couvert d’écailles, & se conserve par sa dureté, tandis que ses autres parties, inutiles apparemment pour la teinture, se desséchent & périssent. La plante à laquelle cet insecte s’attache, est l’opuntia, dont les fruits sont rouges, & teignent en un rouge de sang les urines de ceux qui en mangent. Acad. des Sc. 1704. Hist. p. 11. Le célèbre M. Pomet prétend que la cochenille est la graine de l’opuntia, plante autrement nommée raquette, à cause du rapport de ses feuilles, branches ou jets à nos raquettes de paulme ou de volans.

☞ On a souvent confondu la cochenille avec la graine d’une espèce de Chêne-vert, qui, avant que la cochenille fût plus commune, servoit à teindre en écarlate. Cette graine est le Kermès. Voyez ce mot.

Cochenille des racines. Nom d’un insecte, espèce de cochenille. Coccus radicum. Cet insecte s’appelle ainsi, parce qu’il a coutume de s’attacher en forme de grain sphérique à l’extrémité des racines du polygonum ou renouée, que l’on nomme communément cochenille de Pologne. Coccus Polonus. Voyez l’Histoire naturelle de la cochenille des racines, donnée au public en 1731 par M. Jean Breyn, Médecin Anglois.

Cochenille de Pologne. Nom d’une plante. C’est la renouée. Polygonum, Coccus Polonus.

COCHENILLER. v. a. C’est mettre les étoffes à une teinture faite avec la cochenille.

COCHENILLER. s. m. C’est l’arbre sur lequel croît la cochenille graine, & se nourrit la cochenille ver.

☞ Le Cocheniller est un arbre des Ondes, sur lequel on recueille la cochenille. Cet arbre porte le nom de Nopal, dans la Nouvelle Espagne. C’est une sorte de figuier ou plutôt d’opuntia, dont les feuilles sont épaisses, pleines de suc & un peu épineuses. Les habitans font plusieurs récoltes chaque année de petits vers, pucerons ou espèces de punaises qui succent le ver du Nopal, en les faisant tomber de dessus les feuilles, par le moyen d’un pinceau. On nous envoie ces vers desséchés & à demi pulvérisés. C’est ce que nous appelons cochenille. Voyez M. Pluche.

COCHER. s. m. Celui qui mène un coche, un carrosses. Auriga, rhedarius. Un cocher domestique. Un Cocher de louage. Un Maître Cocher, son postillon. C’est une charge à la Cour que celle de Cocher du corps, de celui qui mène le carrosse du Roi ou des Princes.

☞ COCHER. (le) Constellation de l’hémisphère septentrional. Voyez Auriga.

COCHER. v. a. Il se dit du coq qui couvre la poule Coïre. Gallus cum gallinis coït ut earum ova fœcundentur. Les Oiseliers le disent aussi de tous les mâles des oiseaux, lorsqu’ils couvrent leurs femelles.

Coché, ée, part.

COCHET. s. m. C’est un diminutif de coq, un petit coq, un jeune coq.

Or c’étoit un cochet dont notre souriceau
Fit à sa mère le tableau. La Fontaine.

COCHEVIS, s. m. petit oiseau qui est gros comme une alouette, qui a une huppe sur la tête & qui chante agréablement. Galerita, alauda cristata. On l’appelle autrement alouette huppée. Il a le bec longuet, aigu, un peu courbe, sa huppe est un peu noirâtre ; elle n’est composée que de quatre plumes, dont la racine est située entre les yeux. Son dos, dont le champ est cendré, est taché de blanc. Son ventre & le dedans de ses aîles sont blanchâtres. Les plumes de sa queue sont noirâtres, excepté les deux qui sont de part & d’autre, qui sont de la couleur des aîles. Sa langue est menue, & presque fourchue ; & parce que le cochevis ne perche que très-rarement, il a les ongles grands. Sa poitrine, dont le fond est cendré, est semée de taches brunes ; le reste du corps est de couleur de terre cuite. Ses piés sont longs. Quand ils vieillissent, leur couleur change. Les jeunes qui n’ont qu’un an sont plus blanchâtres, & ont les couleurs plus lavées.

Le cochevis n’est point un oiseau de passage. Il fait sa demeure ordinaire le long des grands chemins, principalement en hiver. Il ne vole jamais en troupe ; & l’on n’en voit que deux ensemble tout au plus, c’est-à-dire, le mâle & la femelle. Quand on prend cet oiseau dans le nid, & qu’il est bien élevé, il chante beaucoup mieux, & a la voix plus douce que l’alouette commune. Il est bon en cage & en volière. On le nourrit comme les alouettes communes, de cœur dans les commencemens, ou, pour faire moins de dépense, de mie de pain pilée avec du persil & du chenevis. Outre cela, il faut au cochevis du sable dans sa cage ; & au haut on lui met une petite pièce d’étoffe rouge, ou une houppe de même couleur ; ou bien il faut garnir le haut de sa cage de quelque morceau d’étoffe ou de toile.

Le cochevis est sujet aux gouttes & à la couée. Il fait son nid comme l’alouette commune, fait autant de petits, & vit autant de temps. Le mâle est plus brun, plus gros & plus grand.

COCHI, s. m. nom que quelques-uns donnent au coco qu’on appelle aussi tenga. Voyez Palmier.

COCHIÉS ou COCHIÉES. s. f. pl. C’est le nom que l’on donne à certaines pillules officinales. Cochia. L’étymologie de ce mot est fort obscure. Castelli le dérive de κόκκος (kokkos), une baie, à cause de leur forme, ou de κοχυδέω (kochudeô), écoulement abondant d’humeurs, par allusion à leurs effets. Mais comme la formule de ces pillules vient des Arabes, il y a toute apparence que leur nom l’est aussi. Voyez le Dict. de James. Ce sont de violens Hydragogues peu usités parmi nous.

COCHIN. Cocinum, Colche ou Colice. C’est une ville des Indes Orientales, dans la Presqu’Île deçà le Gange, sur la côte de Malabar. On prétend que c’est l’ancienne Colche, dont il y a apparence que le premier nom fut Colice, duquel on fit dans la suite Colche ; car un manuscrit très-ancien, qui étoit de la Bibliothèque de M. De Thou, l’appelle Colice, & deux de la Bibliothèque du Roi, Colche. Les habitans de cette ville sont appelés par les Anciens Κωλιακσὶ (Kôliaksi) & Κωλικοὶ (Kôlikoi), & ensuite Colchi ; le Cap où cette ville est située Κωλίας (Kôlias), & Κωλὶς (Kôlis), par le Géographe Denys, & Coliacum promontorium par Pline, L. V, C. 22. Cependant si la Trapobane des Anciens est l’Île de Céïlan, comme il y a bien de l’apparence, le Coliacum promontorium, est le Cap de Comorin, & la ville de Colice ou Colche n’est pas Cochin ; car ce promontoire étoit vis-à-vis de l’Île de Taprobane ; & Cochin n’est point vis-à-vis de Céïlan. Cochin est sur une grande rivière, & donne son nom à un Royaume.

Il y a une autre ville sur la même rivière à deux lieues plus haut, qui s’appelle aussi Cochin. Pour les distinguer, Maty appelle la première Cochin la basse, & celle-ci la haute Cochin. Et M. Corneille nomme celle-ci Cochin le neuf ; & l’autre Cochin le vieux. Cochin le vieux est tout Payen ; mais Cochin le neuf est Chrétien ; &, quoiqu’il y ait beaucoup d’Infidèles, on n’y fait aucun exercice de Religion que du Christianisme. Paul IV y établit un Evêché, qui est suffragant de l’Archevêque de Goa. Les Hollandois ont enlevé cette ville aux Portugais.

Maty écrit Cochim ou Cochin ; mais en France on écrit toujours Cochin. Ils continuèrent ensuite leur route gaiement, & ayant tourné vers le Cap de Comorin, ils prirent terre à Cochin. Bouh. De Cochin ils firent voile jusqu’à Baticala. Id. Et de même dans Corneille.

COCHINCHINE. Royaume dans l’Inde, au-delà du Gange. Cochinchina. Il est baigné au Levant par le Golfe auquel il donne son nom. Le Royaume de Chiampa le borde au Midi ; celui de Camboye au Couchant ; & celui de Tonquin au Nord. Quelquefois on ne distingue point la Cochinchine & le Tonquin, dont en effet elle dépendoit autrefois. Quelques-uns ne regardent aussi le Royaume de Chiampa, que comme une Province de la Cochinchine. Cacciam est la capitale de la Cochinchine. Il se fait à la Cochinchine une inondation de quinze jours en quinze jours pendant les mois de Septembre, d’Octobre & de Novembre, qui dure trois jours chaque fois, qui rafraîchit tellement l’air, & engraisse si fort la terre, que, quoique ce pays soit dans la Zone Torride depuis environ le onzième jusqu’environ le quinzième de latitude Nord, l’air y est fort tempéré, & la terre si fertile, qu’on y peut semer & recueillir le ris deux ou trois fois l’année. On tire de la Cochinchine de l’or, de l’argent, de la soie, du coton, de la canelle, du poivre, du bois d’aigle & du calamba. On trouve à la Cochinchine un bois si dur, qu’on en fait des ancres pour les vaisseaux du pays.

COCHINCHINOIS, OISE, f. & adj. Qui est de la Cochinchine. Cocinsina, Cocinsinensis. Les Cochinchinois sont idolâtres. Leurs Rois, quoique très-puissans, sont tributaires de l’Empereur de la Chine. Les Cochinchinois sont doux & traitables. Troupes Cochinchinoises.

Ce nom vient de Cachu, & Cachochin, ou Kachochien, qui sont ceux que les habitans donnent à leur pays. Le P. De Rhodes, Jésuite, qui avoit été cinq fois à la Cochinchine, en parle fort exactement dans ses divers voyages, L. II, C. 1. On peut voir encore Mendoza, P. II, L. 3.

COCHINES, s. f. pl. ou MARACAS. On appelle ainsi dans le Pérou, les petits vases que l’on attache au bout des branches coupées de l’arbre qui distille le baume, pour recueillir cette précieuse gomme qui coule par l’ouverture de la branche.

COCHITZAPOLT, s. m. arbre qui croît dans l’Île Sainte Marguerite & en d’autres endroits de l’Amérique. Ses feuilles sont trois à trois, semblables à celles de l’oranger. Ses fleurs sont blanches & petites. Son fruit est de la grosseur d’un limon. Les gens du pays en mangent d’ordinaire : il est de fort bon goût. Ce fruit renferme un noyau osseux, dans lequel il y a une semence si vénéneuse, que si un homme ou un animal en mange, il meurt aussi-tôt, sans qu’on puisse lui donner aucun secours. La poudre de ce fruit brûlé est très-bonne dans les ulcères malins & invétérés, si on en jette dessus.

COCHLEARIA, s. f. plante anti-Scorbutique, qu’on appelle autrement herbe aux Cuillers. Voyez ce mot. Cette plante croît d’ordinaire dans les lieux marécageux, & elle se plaît sur tout à l’ombre. Il s’en trouve grande quantité dans la Hollande & dans l’Angleterre, ce qui lui a fait donner le nom de Batava & de Britannica. On ne se sert en Médecine que de ses feuilles. Si on les fait seulement tremper dans l’eau, & qu’on se serve de cette eau en gargarisme, c’est un très-bon spécifique contre la pourriture des gencives. Si on en met dans le bain, on en voit des effets merveilleux pour la guérison des membres perclus. Il y a une maladie en Allemagne nommée Stomacace ou Scelotybe, pour la guérison de laquelle cette plante est employée avec succès. Malimbrochius a donné un Traité sur cette plante, qu’il a intitulé Cochlearia curiosa. Il y apprend la manière d’en tirer du vin, du syrop, de l’eau distillée, &c. Il y explique toutes ses propriétés, & particulièrement celle qu’elle a contre la pourriture, & tous ses usages particuliers.

COCHOIR. Voyez Toupin.

COCHOIS, s. m. terme de Cirier. Outil de bois, dont les Epiciers-Ciriers se servent pour équarrir leurs flambeaux.

COCHON, s. m. animal quadrupède, à piés fourchus, & qui ne rumine pas. Sus. Il est de la même espèce que le Sanglier. Cet animal, le plus brut de tous les quadrupèdes, est assez connu. Des langues de cochon fumées, fourrées, &c. Un groin de cochon, des côtelettes de cochon, des piés de cochon, que quelques-uns appelle bas de soie. Les Mahométans ne mangent point de cochon, par ce qu’ils le regardent comme un animal immonde.

Les Athlètes mangeoient de la chair de cochon, & ils en faisoient cinq ou six repas par jour. En effet l’expérience apprend que ceux qui en mangent plus souvent, comme les paysans & le menu peuple, sont aussi plus forts que nous, & plus capables d’exercices violens & continus. Baudelot.

Ménage dérive ce mot de ciacco, signifiant la même chose, qu’il dérive du grec σύῦαξ ? (suuax ?). Voyez ses raisons.

On dit, en termes fort bas, d’un homme qui ne songe qu’à manger & à dormir : Qu’il mène une vie de cochon, que c’est un gros cochon. Ventricosus, helluo, pingui omaso tensus. On appelle aussi de petits yeux, des yeux de cochon.

Cochon de lait. Petit cochon qui tête encore. Porcus lacteus. Les cochons de lait sont fort bons rotis & à la daube. La chair des cochons de lait est trop chargée d’humidité superflue, & trop visqueuse, pour être mise au nombre des meilleurs alimens. On estime plus celle d’un jeune porc, qui est hors de dessous la mere, & qui a commencé à prendre un nourriture plus solide que le lait : elle est d’un goût exquis, & d’un usage bien meilleur pour la santé. De la Mare, Tr. de la Pol. T. XXII, où il cite Galien, Brueryn, Campeg. Isaac. Jud. & Simeon Sethi. Cochon qui ne tête plus. Porcus à lacte depulsus.

☞ On appelle Langueyeurs de cochons, certains Officiers commis dans les marchés de cochons pour les visiter sous la langue, afin de voir s’ils sont ladres.

Cochon & pourceau, considérés comme synonymes. Le mot de cochon convient à ces animaux à tout âge. Un cochon de lait. Un vieux cochon. Pourceau ne se dit que des grands. On ne dit point un pourceau de lait.

Cochon d’Inde est un petit animal qui grogne comme un cochon, & qui n’est pas plus gros qu’un lapin. Porcus Indicus. ☞ Ses oreilles sont arrondies & transparentes. Il n’a point de queue : son poil, qui est court, peut être comparé à celui de nos cochons. Il y a dans l’Amérique une espèce particulière de cochon, qui a un évent sur les reins comme un nombril. La chair en est aussi bonne & aussi saine que celle de nos porcs-sangliers.

Cochon d’eau, que les Portugais nomment Capivard. Voyez ce mot.

Cochon-Maron, nom qu’on donne dans les Îles de l’Amérique aux cochons qu’on y a apportés des autres pays, & qui sont devenus sauvages. Encyc.

Cochon, terme de Métallurgie. On appelle ainsi un mêlange impur de métal & de scories, qui bouche quelquefois les fourneaux où l’on fait fondre les métaux.

☞ Dans l’affinage on s’en sert pour désigner le gonflement ou le soulevement des cendres dans la coupelle. Acad. Fr.

☞ COCHONAU, s. m. ou MARONETTE. Espèce de râle qui passe en Normandie à la fin de Septembre. La couleur de son corps tire sur l’olive, moucheté & tigré de taches blanches. Les plumes de ses aîles & de sa queue sont noires. Il a les piés extraordinairement longs, ainsi que les doigts qui sont menus, avec de petits ongles presque droits, très-pointus & de couleur d’Améthiste. Celle de son bec est grise, le cou presque sur l’estomac, & les côtés sont couleur d’olive, semés de petits points blancs ; l’estomac & le ventre sont d’un gris-sale. La longueur de son corps est de huit pouces & un quart. La tête est menue, le dessus d’un brun olive, mêlé d’un peut de noir. Les deux mâchoires sont d’un jaune-verdâtre, un peu orangé.

COCHONÉE. s. f. La quantité de cochons qu’une truie fait en une portée. Porcellum partus. On a vu des truies qui ont eu jusqu’à trente-sept cochons d’une cochonnée.

COCHONNER, v. n. faire de petits cochons. Porcellos fœtus edere. Les truies cochonnent deux fois l’année.

COCHONNERIE, s. f. saleté, malpropreté. Squalor, spurcities.

COCHONNET, s. m. petit corps fait d’os, ou d’ivoire, taillé à douze faces, qui sont douze pentagones marqués de points depuis un jusqu’à douze. On le roule sur une table pour jouer, comme si c’étoit un dé. Tessera lusoria duodecim habens facies totidem notatas numeris à primo as duodecimum. Les enfans jouent au 'cochonnet.

On appelle aussi jouer au cochonnet, lorqu’on joue à la boule en se promenant, & qu’on change à chaque coup de but. ☞ Celui qui a gagné le coup, c’est-à-dire, qui a mis plus près du but, jette une boule ou une pierre au hasardà chaque fois, qu’on appelle le cochonnet, & selle sert de but aux joueurs pour ce coup-là seulement. Ambulando globis ludere projiciendo globum vel lapidem pro scopo.

COCHYNO, nom de lieu. C’est l’ancienne Ephestia. Voyez ce mot.

COCKIEN, s. f. monnoie du Japon, qui vaut environ quatre florins d’Hollande, ou à peu près huit francs de notre monnoie présente. Cakienus numerus.

Le total des revenus du Roi & des Grands Seigneurs du Japon monte à dix-neuf millions trois cens quarante-cinq mille cockiens. 19345000 La Table & la garderobe du Roi, & l’entretien de son palais à quatre millions de cockiens. 4000000 La Garde du corps qui comprend les principaux de la Noblesse, monte à cinq cens mille cockiens. 500000.

Ainsi la dépense de la maison du Prince, jointe à ce qu’il donne aux principaux Seigneurs du pays,