Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COCCÉIEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 657).

COCCÉIEN, ENNE. Nom de nouveaux Sectaires qui sont répandus dans toute la Hollande & dans les pays voisins. Ils tirent leur nom de Jean Coccéius, Professeur en Théologie dans l’Académie de Leyde, qui étoit très-savant dans la langue hébraïque. Les autres Professeurs Calvinistes lui donnèrent le nom de Scriptuarius, parce que lisant continuellement l’Ecriture, il y avoit découvert plusieurs choses qui n’étoient point connues auparavant : il trouvoit, entr’autres choses, presque dans toutes les Prophéties de l’ancien & du nouveau Testament le règne de Jesus-Christ, & celui de l’Antechrist qui lui est opposé. On dit de lui, qu’il voyoit par tout le Messie, & que Grotius au contraire, qu’il combat ordinairement, ne le voyoit en aucun endroit. Il est le premier, dit M. Stoup, qui a découvert & enseigné la différence du gouvernement de l’Eglise avant la loi, sous la loi, & après la loi : il dit qu’avant la loi, la promesse avoit lieu, pendant laquelle l’Eglise étoit libre ; qu’à la promesse Dieu avoit ajouté la loi, laquelle ayant été premièrement représentée dans le Décalogue, ne contient que l’abrégé de l’alliance de grace & les commandemens de la foi, de la repentance & de la reconnoissance que nous devons à Dieu. Coccéius a plusieurs autres sentimens particuliers. Il croit qu’il doit s’élever dans le monde un règne de Jesus-Christ qui abolira le règne de l’Antechrist ; que quand le règne de Jesus-Christ sera aboli avant la fin du monde, après la conversion des Juifs & de toutes les Nations, l’Eglise sera alors fort éclatante : selon lui la Jérusalem céleste qui est décrite dans l’Apocalypse, représente la condition de l’Eglise telle qu’elle doit être glorieuse sur la terre, & non celle qui doit triompher dans le Ciel. Les Coccéiens font aujourd’hui un grand parti dans les Provinces-Unies. Voëtius & Desmarets condamnèrent plusieurs opinions de Coccéius comme hérétiques ; & ils prétendirent même qu’il étoit Socinien en beaucoup de choses ; ils le traitoient de Novateur, & d’homme qui s’attachoit trop à l’Ecriture ; pour ce qui est du Socinianisme, il seroit aisé de l’en justifier. Il a combattu avec force les Sociniens dans ses Commentaires sur l’Ecriture. Tout ce qu’on peut dire de lui, c’est qu’il a avancé quelques visions,& qu’il a eu des pensées trop particulières.