Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/621-630

Fascicules du tome 2
pages 611 à 620

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 621 à 630

pages 631 à 640


fait entendre que son pere & sa mere furent conjointement fondateurs de cette Abbaye.

Il y avoit aussi près de-là une forêt, nommée la forêt des Clairets. Nemus Claretis, dit le même acte.

CLAIRETTE. (EAU) s. f. Espèce de ratafia.

CLAIRETTES. s. f. Religieuses qui mènent une vie très-austère, & qui sont sous la direction de l’Abbé de la Trappe. Voyez Clairets.

CLAIRE-VOIE, s. f. terme de jardinage. Les Jardiniers disent, il faut semer les raves à claires-voies. Les racines de jardin croissent bien mieux lorsqu’on les sèmes à Claires-voies, que lorsqu’elles sont mises en terre trop dru. Semer à claires-voies, c’est jeter la graine en terre le moins épais qu’il est possible. Liger.

Claire-voie se dit aussi des claies, manequins & semblables ouvrages d’osier, quand les morceaux qui les composent sont écartés les uns des autres, & qu’ils laissent du jour entr’eux. Laxum, lacè intertextum. Les manequins sont les uns à claire-voie, & les autres pleins. La Quint. On le dit dans le même sens de l’espacement de solives d’un plancher, des chevrons d’un comble, &c. lorsque cet espacement est plus large qu’il n’a coutume d’être dans les ouvrages de même nature. Intertignia.

Claire-voie, terme d’eaux & forêts, est synonyme à clairières, mais moins usité.

On appelle aussi claire-voie, les barreaux de fer ou de bois que l’on met aux ouvertures des murailles d’un parc ou d’un jardin, pour avoir la vue, pour jouir de la vue de la campagne. Clathri, clathra, ou clathrus, clathrum.

Claire-voie, terme de manufacture de lainage, qui signifie le jour qui reste quelquefois entre les fils de la chaîne, & après que les draps ou autres étoffes de laine sont travaillés en toile. On les nomme aussi entrebats.

CLAIRIÈRE. s. f. terme de lingère. Les femmes qui travaillent en linge, donnent le nom de clairières aux endroits des toiles mal faites & inégalement frappées, qui sont plus claires que le reste, c’est-à-dire, dont la tissure est moins serrée que les autres parties. Les toiles pleines de clairières ne sauroient durer autant que celles qui sont égales, parce que le fort emporte le foible.

CLAIRIÈRES, terme des eaux & forêts. Loca silvæ raris arboribus confita. Ce sont des endroits dans les forêts qui sont dégarnis d’arbres. Les bêtes vont se ressuyer dans les clairières. On dit aussi des vagues.

CLAIRON, s. m. espèce de trompette qui a un son plus aigu que l’ordinaire. Acutioris soni lituus, tuba. Le clairon a le tuyau plus étroit que la trompette. Ils s’assemblent avec des timbales & des clairons. Ablancourt.

Ménage dérive ce mot de l’Italien claron, qui a été fait de clarus. C’est à cause qu’il rend un son clair. Dans la basse latinité on l’appelle clarasius, clario & claro.

Nicod dit que clairon, tel qu’il étoit en usage parmi les Maures & les Portugais, qui le tiennent d’eux, servoit anciennement comme de dessus à plusieurs trompettes sonnant en taille, ou basse-contre. Il dit encore que le clairon, non plus que la trompette, n’étoit que pour la cavalerie dans une armée de terre, & dans une armée de mer, pour les gens, qui étant portés sur des vaisseaux, n’étoient point regardés comme gens de pied. Il n’en reste plus que le nom parmi nous, excepté dans la poësie où l’on dit encore les clairons & les trompettes.

Clairon est aussi un jeu de l’orgue qui est long de quatre piés, accordé à l’octave de la trompette, & qui, de même qu’elle, se termine par en-haut en s’élargissant par l’endroit qu’on nomme le pavillon. Tubulorum ordo soni acutioris.

En plusieurs endroits on appelle clairon, ce qu’on appelle ordinairement clarine.

Clairon est un terme de blason. Le Comte de Bath en Angleterre, a trois clairons pour ses armes. Quelques-uns disent que ces clairons sont une espèce d’ancienne trompette. D’autres pensent qu’ils représentent plutôt le gouvernail d’un navire, & d’autres enfin l’arrêt d’une lance. Harris.

Clairon. On appelle clairon sur la mer, un endroit du ciel qui paroît clair dans une nuit obscure. Pars nebulosi cæli lucidior.

On dit proverbialement : à bête sûre, ne faut point de clairon ; pour signifier, que lorsque l’on est persuadé de la sagesse d’une fille, il n’est pas besoin de veiller sur sa conduite. On le dit aussi de gens dont on connoît la fidélité.

CLAIRON, f. s. diminutif. Petite fille nommée Claire.

CLAIR-RUISSEL, Monastère de l’ordre de Fontevrant, fondé avant le milieu du douzième siècle dans le pays de Caux, près de Gaille-Fontaine, par Hugues II, Seigneur de Gournai, & Milésende de Vermandois son épouse. Descript. géog. & hist. de la Haute-Norm. tom. i, p. 155.

CLAIR-SEMÉ, ÉE. adj. Qui n’est pas semé épais, qui n’est pas près à près. Du blé clair-semé. Clair-semé se dit aussi d’un bois qui n’est pas bien fourni d’arbres. On dit proverbialement que l’argent est clair-semé chez quelqu’un ; pour dire, qu’il n’en a guère. On dit aussi figurément d’un livre où il y a quelques beaux traits, mais de loin à loin ; que les beautés y sont clair-semées.

CLAIRVAUX, petite ville de Champagne, située dans l’Evêché de Langres, sur la rivière d’Aube. Clara vallis.

Clairvaux, Abbaye qui fut fondée en 1115, en ce lieu, par Hugues, Comte de Troyes, qui donna cette terre, & par Etienne, Abbé de Citeaux, qui y envoya de ses moines, avec S. Bernard qu’il en fit premier Abbé, quoiqu’il n’eût que 24 ans, & seulement un an de profession. Claravallense Cænobium. C’est en ce sens que l’on dit que Clairvaux est une des quatre filles de Citeaux.

L’Abbaye de Clairvaux a été chef de plus de 800 monastères qui lui étoient soumis. Elle a 81 filles de sa génération. Alfonse I, Roi de Portugal, fondateur de l’Abbaye d’Alcobazar, en 1148, en mémoire de la victoire qu’il avoit remportée sur les Maures, l’année précédente, rendit en 1143, son royaume feudataire de l’Abbaye de Clairvaux, & obligea ses successeurs à lui payer tous les ans, au jours de l’Annonciation de la Sainte Vierge, cinquante marabitains d’or. Ce fur apparamment sur cela que les religieux de Clairvaux fondèrent leurs prétentions au Royaume de Portugal, après la mot du Roi Sébastien, tué à la bataille d’Alcacer en 1578. P. Hélyot, T. V, C. 43.

Clairvaux signifie une Congrégation ou un Ordre de moines, dont l’Abbaye de Clairvaux est chef. Claravallensis Congregatio, Ordo. C’est en ce sens qu’on dit le Chapitre général de Clairvaux ; un religieux de Clairvaux ; une Abbaye, un Prieuré, un bénéfice de Clairvaux ; une Filiation de Clairvaux. L’histoire de Citeaux à l’an 1115, c. 2, n. 4, dit que Clairvaux n’eut point de fondateur, ou qu’il n’est point connu ; que Claude-Robert a dit que ce fut Thibaut, Comte de Champagne, mais qu’il se trompe, & qu’il confond la translation avec la fondation.

Quelques auteurs écrivent Clervaux, mais mal. Ce mot vient du latin Clara Vallis, qui signifie Vallée claire, l’al s’est changé en au à l’ordinaire.

Ce lieu fut ainsi appelé, à cause qu’il est difficile de trouver ailleurs une vallée mieux éclairée du soleil par sa situation. On l’appeloit autrefois vallée d’absynthe, parce que cette herbe y croissoit en abondance : aujourd’hui encore l’absynthe de ce pays a des propriétés particulières.

CLAIR-VOYANCE. s. f. Discernement par lequel on voit la fin des choses, on en prévoit les conséquences. Perspicacia, perspicacitas. Ce mot vient de clarè & de video. Il est vieux & peu usité.

CLAIR-VOYANT, ANTE ; ad. Qui a l’esprit fin & pénétrant, qui pénètre les choses, qui est d’abord au fait, & ne se laisse pas tromper. Perspicax, lynceus. Rien n’échappe à l’amour ; il rafine sur tout, & il sait tromper es plus clair-voyans. Bouh.

Inspirez à ce digne Roi
Avec l’amour de votre loi,
Et l’horreur de la violence,
Cette clair-voyante équité,
Qui de la fausse vraisemblance
Sait discerner la vérité. R.

☞ L’homme éclairé, dit M. l’abbé Girard, ne se trompe pas, il sait. Le clair-voyant ne se laisse pas tromper, il distingue. L’étude rend éclairé ; l’esprit rend clair-voyant. Un Juge éclairé connoît la justice d’une cause ; il est instruit de la loi qui la favorise ou qui la condamne. Un Juge clair-voyant pénètre les circonstances & la nature d’une cause ; il est d’abord au fait, & voit de quoi il est question.

Voltaire, dans ses Remarques sur Nicomede, à propos de ce vers,

Que les plus clair-voyans y sont bien empêchés :


Observe que le mot clair-voyant est aujourd’hui banni du style noble. On ne dit pas non plus, être empêché à quelque chose. Cela est à peine souffert dans le comique.

☞ CLAISE, (LA) ou LA CLAIZE, rivière de France dans le Berri, entre dans la Touraine, & se perd dans la Creuse, un peu au dessus de la Haye.

CLAM, s. m. terme de jurisprudence coutumière. Plainte, ajournement. Ce mot est vieux & hors d’usage. C’est de-là qu’est venu clameur de haro, & l’ancien verbe clamer.

Clam signifie en Dauphiné, la citation ou cri public, que l’on fait d’un absent ou contumax.

Clam. Dans le commerce, c’est le plus petit de tous les poids dont on se sert dans le royaume de Siam. Il pèse douze grains de riz.

☞ CLAMABLE, adj. terme de coutume. Dans la Coutume de Normandie, il signifie ce qui est sujet à retrait.

☞ CLAMANT, dans la même coutume, signifie celui qui fait un retrait seigneurial, lignager ou conventionnel. Dans d’autres coutumes, il signifie le saisit-faisant ou le saisissant, & même le demandeur.

CLAME, s. f. manteau de Pélerin. Vieux mot, formé du latin chlamys.

CLAMECI, petite ville de France dans le Nivernois, sur la rivière d’Yonne. Clumeciacum, Clumiciacum. C’est dans un fauxbourg de Clameci, que réside l’Evêque de Béthléem. L’an 1223, lorsque les Infidèles eurent chassé les Chrétiens de la Terre-Sainte, Raynaud, Evêque de Béthléem, en Palestine, suivit Gui, comte de Nevers, qui revenoit en France. Ce Seigneur lui donna l’administration de l’hôpital de Clameci ; & depuis on établit en ce lieu, un titre d’Evêque de Béthléem, à la nomination des Comtes & Ducs de Bevers, & qui subsiste encore.

CLAMER, v. a. vieux mot. Appeler, nommer. Appellare, nominare, nuncupare, inclamare.

Tel se fait maître aux arts clamer,
Qui n’entend ni texte, ni glose. Le M. Alexis.

Clamer vient du latin Clamare.

Clamer, demander ou redemander comme chose qui est à soi. Je vous clame tuite ce qui remaint en la nef dou mien.

Où ton droit est, je n’y claim rien,
Mais laisse-moi venir le mien. G. De Guigneville.

Clamer, dans la Pratique, signifioit autrefois publier, comme on fait aux annonces publiques & proclamations. Il est encore en usage en Normandie, où il signifie retirer à droit lignager, ou à droit féodal. On peut clamer dans les 30 ans, si le contrat de vente n’a pas été lu à l’issue de la Messe Paroissiale : autrement il faut clamer dans l’an & jour. Reclamare. On disoit autrefois clamer droit ; pour dire, prétendre & demander quelques droits. Petere vindicias rei cujuspiam à judice, petere sibi adjudicari vindicias alicujus rei. Il signifioit aussi faire saisir les biens ou deniers de son débiteur forain, & se clamer en Cour suzeraine ; pour dire, s’adresser à la Cour supérieure. Debitoris bona apud Supremum Judicem postulare, vindicare. On disoit autrefois clin, clain, ou clameur, pour dire, une demande & ajournement fait en justice, ou une saisie. Postulatio vadimonii, fortunarum debitoris, & quelquefois pour une peine ou une amende, sur-tout en fait de bêtes prises en dommage. Pecuniæ multatitiæ. C’est de ce mot qu’on a fait declamer, réclamer, acclamation, &c.

Ce mot vient de clamare, qui signifie appeler, crier. Voyez au mot Clameur.

Clamée, ée, part.

CLAMESI, s. m. Sorte de petit acier commun qui vient du Limousin ; il n’y en a point de si bas prix que celui-là. Il se vend par carreaux ou billes de quatre pouces de long ou environ.

☞ CLAMEUR. s. f. Du Latin clamor, oris, clamare, crier, κλαζῶ (klazô) clamo. Ce mot signifie un grand cri. Clameur publique, clameur universelle. Cela excita la clameur publique, de grandes clameurs, les clameurs de la populace. Il se soucioit peu des murmures impuissans & des vaines clameurs d’une populace désarmée. S. Evr.

Clameur, en termes de Jurisprudence, a différentes significations.

C’est quelquefois demande, quelquefois saisie, exécution, contrainte.

Clameur de haro, est une complainte ou réclamation par laquelle on implore le secours de la Justice, contre la force & l’oppression d’autrui. Appellatio ad Principem ad opem il lite ferendam. Du Moulin l’appelle Quiritatio Normannorum. Elle est expliquée par le titre second de la Coutume de Normandie. Le haro a la même force que l’interdit Retinendæ possessionis : celui sur lequel on a crié le haro, est obligé de cesser l’entreprise ; alors le demandeur mene le défendeur devant le Juge, particulièrement en matiere possessoire & provisoire ; & là ils donnent respectivement caution, l’un de poursuivre le haro, & l’autre de le défendre : & cependant la chose est sequestrée en main tierce, & le Juge ne peut vider la clameur de haro sans amende. Cette clameur de haro est en usage en Normandie depuis la conquête de Raoul, que l’on prononçoit Roul & Rou, ou comme écrit Du Moulin dans son Histoire de Normandie, Rhou, de sorte que haro s’est formé de Hal-Rhou, qui étoit le cri par lequel on réclamoit ce Prince. Voyez Du Moulin cité Liv. I, c. 9. Il semble qu’on a dit autrefois Clameur de harou, au lieu de haro ; car le même Historien rapporte, Liv. VII, c. 20. n. XXII, qu’aux funérailles de Guillaume le Conquérant, un nommé Ascelin, fils d’Artur, Maréchal, d’autres disent, soldat, se leva, & à haute voix fit cette plainte contre le Roi défunt. Cette place en laquelle vous voulez maintenant donner sépulture à ce corps, a jadis été celle de la maison de mon pere, laquelle ce Prince pour lequel vous priez, lui ôta par force… C’est pourquoi je querelle & reclame publiquement cette terre, & vous défends à peine de clameur de Harou d’enterrer le corps de cet usurpateur dans mon héritage. L’amour que ce Raoul avoit pour la justice, faisoit reclamer son nom par ceux qui se sentoient opprimés par la violence. Mais tout ceci n’est pas sans difficulté. Voyez Haro. Dans les Lettres de Chancellerie on met, Nonobstant clameur de haro, Chartre Normande, & autres Lettres à ce contraires.

Clameur au ciel. Plainte autrefois contre les usurpateurs du bien d’autrui. Clamor, querela, provocation ad Deum ; expostulatio ad Deum, cœlestis auxilii, ou vindictæ inclamatio. Quelquefois ceux qui usurpoient le bien des particuliers étoient des Seigneurs si puissans, qu’il étoit inutile d’user contre eux des voies ordinaires de la Justice. Alors on se contentoit de les citer devant Dieu, avec des cérémonies qui ne manquoient guère de leur donner de la terreur, & de les engager à la restitution. Ce fut ainsi que Thomas de S. Jean, ayant usurpé quelques terres du Mont S. Michel, les Moines firent une Litanie contre lui, & la chantèrent publiquement pendant la Messe, jusqu’à ce que l’usurpateur, effrayé, vint se jeter à leurs piés, pour leur demander miséricorde. Lobineau, T. I, p. 202. C’est là ce qu’il appelle Clameur au ciel.

Clameur est aussi un vieux mot très-fréquent dans la Coutume de Normandie, & dans les loix d’Angleterre. La clameur féodale, & la clameur lignagère, sont la même chose que le retrait lignager. Denuntiatio prærogativæ ad retinendum prædium gentilitium. L’une & l’autre clameur peut être intentée par le Seigneur, ou par le plus proche parent, dans l’an & jour du contrat de vente. On appelle aussi clameur révocatoire, l’action qui naît de la Loi 2. G. de res. vend. pour la résolution d’un contrat pour lésion d’autre moitié de juste prix. Voyez Retrait.

CLAMEUSE, adj. f. qui ne se dit point au masculin. C’est un terme de droit canon & de Théologie morale. Qui fait du bruit, qui se fait avec grand bruit. Clamosa. Il ne se dit qu’avec le mot chasse, & l’on appelle chasse clameuse, la chasse qui se fait avec grand bruit. La chasse clameuse est étroitement défendue aux Ecclésiastiques. Venatio clamosa.

CLAMOUR. Vieux mot qui s’est dit pour clameur, plainte, soupir, gémissement. Clamor, planctus, querela, gemitus.

Au diable, l’un qui fera ses clamours
Pour vous prier. Marot.

CLAMP, s. m. autrement jumelle. C’est un terme de Marine, qui signifie une certaine piece de bois qu’on applique contre un mât, ou contre une vergue, pour les fortifier, & empêcher que le bois n’éclate. Clamp est aussi une petite piece de bois en forme de rouet, qu’on met au lieu de poulie dans une mortoise. On appelle clamp de mât, une longue mortoise qui est dans le haut d’un mât ou d’une hune, & où il y a un demi-rond fait du même mât sur lequel passe l’itague ou itache.

CLAMPONNER ou CLAPONNIER. s. & adj. m. Cheval clamponnier est celui qui est long jointé, c’est-à-dire, qui a des paturons longs, effilés & trop plians. On ne se sert plus guère de ce terme. Cependant Guillet de la Guilletiere l’a employé dans son Dictionnaire de Manège.

CLAMYS. s. f. Vêtement militaire des Anciens, qui se portoit sur la tunique, & qui étoit en temps de guerre ce qu’étoit la toge en temps de paix. Chlamys. Ces Ambassadeurs (de l’Empereur Anastase) présentèrent à Clovis la robe de pourpre, avec cette espèce de manteau, qu’on appeloit clamys, & une couronne d’or couverte de pierreries. Ces ornemens étoient ceux des Patrices. Cordem. à la réserve de la couronne, que l’Empereur seul portoit. Il y avoit quatre ou cinq espèces de clamys ; celle des enfans, celle des femmes, & celle des hommes, qui se divisoit encore en celle du peuple, ou du vulgaire, & celle de l’Empereur.

CLAMZ, s. m. terme de Commerce. Petite monnoie d’argent billonné qui a cours aux Indes Orientales, & vaut onze deniers d’argent de France. Savory.

CLAN, s. m. terme de Charpenterie. Les clans sont les bouts des pièces de lieures qui sont sous les portelos pour attacher les bordages des bateaux foncets & autres.

CLAN ou GLAND. s. m. Terme de Parcheminier, qui signifie un instrument de bois, qui sert à arrêter au haut de la herse, les peaux de parchemin en cosse, ou en croûte, qu’on veut raturer avec le fer, sur le sommier.

Clan. s. m. Nom qu’on donne en Ecosse & en Irlande à une tribu formée d’un certain nombre de familles. Acad. Fr.

☞ CLANCHINOLTEPEC. Ville de l’Amérique Septentrionale au Mexique, dans la province de Panuco.

CLANCULAIRES. Nom de Secte. Voyez CLANGULAIRES.

CLANDESTIN, INE. adj. Qui se fait secrettement, en cachette, & contre la Loi. Son principale usage est, en parlant des mariages & des assemblées. Clandestinus. Assemblée clandestine, Mariage clandestin. Le Concile de Trente & l’Ordonnance annullent les mariages clandestins.

Il paroît par plusieurs Chapitres du titre de Clandestina desponsatione, dans les Décrétales de Grégoire IX, qu’autrefois on appelloit clandestin, tout mariage qu’on ne pouvoit prouver par témoins avoir été célébré, quoiqu’il l’eût été en présence d’un Prêtre. Dans les Cours laïques, on appelle mariage clandestin, celui qui se fait sans garder les solemnités prescrites par les Canons & par les loix civiles, & on réduit ces solemnités à quatre choses. La premiere, c’est d’avoir dans les mariages des enfans de famille, le consentement de leurs parens. La seconde, c’est la publication des bans. La troisieme, c’est la bénédiction Sacerdotale. La quatrieme, c’est la présence du Curé & des témoins. Confér. d’Ang. Mais, à parler selon l’esprit du Concile de Trente, il n’y a que les mariages que l’on contracte hors de la présence du Curé, ou de quelqu’autre Prêtre commis par lui, ou par l’Evêque Diocésain, & de deux ou trois témoins, qu’on puisse appeler proprement clandestins ; car la clandestinité dont le Concile a fait un empêchement dirimant, ne convient qu’à ces sortes de mariages. Id. Quoique ces sortes de mariages clandestins fussent illicites avant le Concile de Trente, comme étant défendus par l’Eglise, néanmoins ils n’étoient pas invalides, parce que l’Eglise ne les avoit pas encore rendus nuls. Même, depuis ce Concile, ils ne sont pas censés nuls & invalides dans les lieux où les Décrets du Concile n’ont été ni publiés, ni reçus.

Ce mot vient de la préposition clàm, qui vient ou de κλεία (kleia) claudo, ou de κλέμμα (klemma) furtum, de σκεπάζο (skepazo) furor, abscondo.

CLANDESTINE, s. f. ou l’herbe cachée, ou l’herbe pour la matrice. Clandestina. Plante qui croît dans les endroits humides, & qui est en partie cachée dans la terre. Sa racine est longue & traçante, spongieuse & un peu jaunâtre ; elle pousse quelques tiges, ou branches cachées presqu’entièrement dans la terre. Elles sont couvertes d’écailles placées assez près les unes des autres, épaisses, blanchâtres, & qui lui tiennent lieu de feuilles. Quelques-unes des extrémités de ces tiges, qui sortent quelques pouces hors de terre, sont chargées de fleurs en masque d’une seule pièce, découpées en deux lèvres comme dans le Lamium. Elles sont purpurines ou bleuâtres, rarement blanches, & ont peu d’odeur. Leur calice, qui est crénelé, pousse un pistil qui enfile la fleur, & qui devient, après la chûte de cette fleur, un fruit qui n’a qu’une cavité, & qui s’ouvre en deux parties avec ressort. Il renferme plusieurs semences arrondies. Cette plante a été d’abord trouvée en Espagne, près de Burgos, & on lui attribua de grandes propriétés pour les maladies des femmes, & sur-tout contre la stérilité. La clandestine croît dans plusieurs endroits du Royaume ; on en trouve auprès de Toulouse, dans les bois de Bourbon, dans le Bourbonnois. Dalechamp, Borel. Observ.

CLANDESTINEMENT, adv. d’une manière clandestine. Clandestinè, clàm, occultè, clanculùm. Ils se sont mariés clandestinement. La populace s’assemble clandestinement.

CLANDESTINITÉ. s. f. Ce qui rend une chose clandestine, le défaut de solemnités. C’est proprement la qualité d’une chose qui se fait en cachette, furtivement, & à l’insçu des personnes qui y ont intérêt. On le dit particulièrement en parlant des mariages contractés en cachette & contre la Loi. La clandestinité rend un mariage nul.

L’empêchement dirimant n’a jamais été mis par nos Rois aux mariages des enfans mineurs, à moins que ces mariages ne fussent coupables de rapt, de séduction ou de clandestinité. Languet.

☞ CLANGULAIRES ou CLANCULAIRES, ou occultes. Certains Anabaptistes qui s’imaginent qu’il leur est permis de déguiser leur religion, lorsqu’on les interroge, sans se mettre en peine de la confesser en public. Ceux qui sont dans les villes, ne fréquentent point les Eglises ; mais ils s’assemblent dans leurs maisons ou dans leurs jardins : ce qui leur a fait donner le nom de freres jardiniers, jadinieres & hortulaires. Clancularii.

CLAPET, s. m. terme de Méchanique. C’est une espèce de petite soupape, qui se lève & qui se ferme par le moyen d’une simple charnière : on le fait de fer ou de cuivre. Clapet de pompe, est une soupape de cuivre clouées à la chopinette de la pompe d’un vaisseau. Elle sert à attirer l’eau du fond. On appelle aussi clapets, les petits morceaux de cuir qu’on met au lieu de maugères devant les dalots des petits vaisseaux.

CLAPIER. s. m. Petits terriers, ou trous faits dans une garenne, où se retirent & où se cachent les lapins. Structilis cuniculorum latebra, structile latibulum.

Nicod dérive ce mot du Grec κλέπτω (kleptô) qui signifie, se cacher, se dérober. Mais Du Cange le dérive du Latin clapa, qu’il dit être une espece d’instrument ou de machine, avec laquelle on prend les lapins ; d’où apparemment on a fait aussi clapet. Le P. Labbe le fait venir de lepus, lapus, lapinus, dont on a fait lapin ; & ensuite lapinarium, clapinarium, clapier. M. Ménage approuve cette étymologie.

☞ On appelle clapier un Terrain clos de murailles, partie couvert, partie découvert où l’on entretient des lapins, dans le voisinage d’une garenne, ou dans la garenne même. Les petits que l’on tire de ces clapiers sont destinés à repeupler la garenne.

☞ L’on donne le nom de clapier à une machine de bois où l’on nourrit des Lapins domestiques, & qui est faite à l’imitation des clapiers de garenne. Faire un clapier dans un grenier, dans une basse-cour.

On appelle Lapins de clapier ou simplement clapiers, les Lapins élevés dans ces sortes de machines, & l’on dit d’un mauvais Lapin, que c’est un clapier. Cuniculi domestici.

C’est ce ceux-là que parle Boileau en les opposant aux Lapins de garenne.

Je riois de le voir avec sa mine étique,
en Lapins de garenne ériger nos clapiers.

Clapier, en termes de Chirurgie, signifie les différens sinus des fistules. S’il y avoit de la callosité, il la rongeoit avec son onguent, qui lui servoit aussi à ruiner les clapiers. Dionis.

☞ CLAPIR. (se) v. récip. Se blottir, se cacher dans un trou. On le dit particulièrement des Lapins. Les Lapins se clapissent dans des trous.

CLAPONNIER. Voyez CLAMPONNIER.

CLAQUE, s. f. coup qu’on donne du plat de la main. On dit populairement donner une claque sur les fesses. Il n’a guère d’autre usage.

Claque se dit aussi d’une espèce de sandale ou pantoufle qu’on met par dessus le soulier pour se garantir de l’humidité & des crottes. On en fait à l’usage des hommes & des femmes.

Claque. s. m. Gros oiseau, de bon goût, de la grosseur d’un mauvis, & à peu près de même plumage.

CLAQUEBOIS, s. m. est un instrument de Musique assez grossier, composé de 17 bâtons, dont le premier est cinq fois plus petit que le dernier : les autres diminuent à proportion. Son coffre est parallélogramme, qui a 17 pouces sur son clavier. C’est une espèce d’épinette dont les Flamands se servoient autrefois.

CLAQUEDENT, s. m. terme d’injure & de mépris : un gueux, un misérable qui tremble de froid. Mendicus, mendicabulum. Ce n’est qu’un claquedent. Il est très-bas.

Claquedent. Il se dit aussi pour signifier un braillard, un homme qui ne fait que parler sans savoir ce qu’il dit. Acad. Fr. Il est populaire.

Ce mot vient de claquer, & de dent, parce que les gueux en demandant l’aumône l’hiver, font claquer leurs dents comme s’ils avoient grand froid, pour exciter la compassion. Dans certains Auteurs satyriques, aller au pays de claquedent ; c’est passer le grand remède. Gloss. Bourg.

CLAQUEMENT. s. m. Bruit que font les choses qui claquent, comme les dents, les mains, les os, les fouets, & les choses qui frappent l’air avec violence. Dentium, manuum, ossium, flagellorum crepitus. ☞ Le claquement des mains est le bruit que font les mains en les frapant l’une contre l’autre ; & le claquement des dents, le bruit que font les dents quand elles se choquent par un tremblement que cause le froid ou la peur.

CLAQUEMURER, v. a. terme familier ou de plaisanterie. Enfermer dans une prison étroite, enfermer dans un Cloître. Includere, aliquem clausum tenere.

On le dit aussi au figuré, pour se resserrer, se borner.

Que vous jouez au monde un petit personnage.
De vous claquemurer aux choses du ménage. Mol.

Claquemuré, ée. part.

CLAQUE-OREILLE. s. m. Terme populaire, pour signifier un chapeau dont les bords sont pendans, ou celui qui le porte.

CLAQUER. v. n. Faire un certain bruit aigu & éclatant. Il se dit particulièrement des mains qu’on fait claquer en les frappant l’une contre l’autre. Manibus plaudere, complaudere. Des os qu’on fait claquer en tirant violemment les doigts & les membres, des dents qui claquent par la peur ou par le frisson, des fouets de Charretiers qui frappent l’air violemment. Concrepare dentibus, digitis, flagellis. Il claque des dents, ses dents lui claquent.

☞ Ce mot vient, dit-on, de l’Allemand Schlagen, battre, frapper, ou du grec κλάξειν (klaxein), faire du bruit. Peut-être aussi est-il factice & formé sur le son de la main ou du fouet.

☞ On dit figurément & familièrement, faire claquer son fouet, faire du bruit, faire valoir son crédit, son autorité.

Tout Picard que j’étois, j’étois un bon Apôtre.
Et je faisois claquer mon fouet tout comme un autre.

☞ CLAQUET, s. m. petite latte posée sur la trémie d’un Moulin, d’où elle fait descendre peu à peu le grain sur la meule, & fait un bruit continuel en battant sur la meule. Le bruit du claquet est incommode. Crepitaculum molendinarium.

☞ On dit populairement d’une personne qui parle beaucoup, que la langue lui va comme un claquet de moulin.

☞ CLAQUETTE. s. f. CLIQUETTE, vieux mot. Crepitaculum.

CLARE. Ville d’Irlande, dans la Momonie. Clara. La ville de Clare est capitale d’un Comté du même nom. Claræ Comitatus.

Clare est aussi un Bourg d’Angleterre qui a titre de Duché, & qu’on appeloit autrefois Clarence. Au moins les Seigneurs de ce Bourg portoient le titre de Ducs de Clarence.

CLARENCE. Ville de la Morée, autrefois capitale d’un Duché auquel elle donne son nom. Clarencia. Les Italiens la nomment Chiarenza. Quelques cartes la mettent à l’embouchure de l’Acheloüs, entre Antravida & Patras, au lieu où étoit l’ancienne Dyme. D’autres la confondent avec Antravida, & la prennent pour l’ancienne Cyllene. Le Cap de Clarence s’avance dans le Golfe de Clarence, vers l’entrée septentrionale du canal de Zante. Le Duché de Clarence est une Province de la Morée, qui est bornée au nord par le Golfe de Lépante, au couchant par celui de Patras, au levant par la Sacanie, avec le Belvédère. Voyez aussi Clare

☞ CLARENCE ou CLARENCIEUX, s. m. nom du second Roi d’armes en Angleterre. Voyez Héraut & Roi d’armes. Un Duc de Clarence occupa le premier ce poste.

CLARÉNIN. s. m. Frere Mineur. Clarénin. Nom de Religieux d’une Réforme de l’Ordre de S. François. Clarenins. Le frere Ange de Cordoue, l’un des pauvres Ermites Célestins, dont nous avons parlé au mot Célestin, étant passé de Gréce en Italie, se retira dans la Marche d’Ancone, entre Ascoli & les montagnes de Norfia, près de la rivière de Clarène, où l’an 1302, ayant assemblé quelques disciples, il commença la Congrégation des Clarenins, qui furent ainsi appelés à cause de cette rivière. Il vécut assez tranquillement dans cette solitude jusqu’à l’an 1317, que Jean XXII l’inquiéta ; mais ayant satisfait avec beaucoup de prudence à tout ce qu’on lui objecta, on le laissa en paix jusqu’en 1340, qu’il mourut à Naples. Sa Congrégation subsista après sa mort, & se soumit à la Juridiction des Ordinaires. Elle s’étendit beaucoup en Italie. En 1472, sous Sixte IV, une partie de la Congrégation des Clarenins rentra dans l’Ordre de S. François, l’autre demeura soumise aux Ordinaires. Jules II & Pie V abolirent toutes ces divisions, & les réunirent à l’Ordre de S. François. P. Hélyot, T. VII, C. VI.

☞ CLAREQUET, s. m. terme de Confiseur. Nom que l’on donne à des confitures en pâte transparente dont on fait plusieurs espèces de fruits, Abricots, Coins. Ce nom lui vient de la transparence ou de son clair.

CLARICORDE. Voyez Manichordion.

CLARIEN. adj. m. Surnom d’Apollon, qui avoit un bois sacré, une Temple, & un Oracle à Claros en Ionie près de Colophon. Clarius.

CLARIERE. s. f. Voyez Clairière.

CLARIFICATION, s. f. est l’action par laquelle on rend une liqueur claire. Defecatio. La clarification d’un syrop. La clarification se fait par ébullition, la déspulation & la colature ou filtration. On y ajoute aussi quelquefois le blanc d’œuf, le vin blanc la crême de tarte, &c. Il y a eu de tout temps trois sortes de préparations au vin, qui le tirent de son état naturel ; la clarification, le mêlange, la sophistication. De la Mare, Tr. de la Pol. L. IV, T. X, où il est traité de cette clarification.

CLARIFIER, v. act. terme de Chymie. Rendre claire une liqueur qui est trouble. Liquorem diluere, defecare. Il se dit proprement des sucs & des décoctions, qu’on clarifie par filtration, en les passant par une chausse, & avec un œuf qu’on jette dedans. Liquorem limpidum reddere. Le blanc d’œuf par ses parties visqueuses, accroche les particules grossières & opaques qui demeurent dans la chausse. Les Cabaretiers clarifient le vin troublé avec de la colle de poisson, dont on se sert sans danger. Les Anciens clarifoient le vin en le tirant de dessus la lie, & le coulant dans un autre tonneau par une chausse d’étamine, qui en ôtoit toute la crasse & ce qu’il y avoit de plus grossier. Plutarque traite cette question, s’il étoit utile ou non, de clarifier ainsi le vin. De la Mare, L. IV, T. X. ☞ Clarifier chez les Raffineurs de sucre, c’est l’action de purifier les matières de leurs saletés par les écumes.

Clarifier, en termes de l’Evangile, signifie aussi, mettre en honneur & en éclat : & c’est de cet terme dont se sert particulièrement S. Jean, pour faire connoître la Divinité de Jésus-Christ. Saint Jean, ch. 15, v. 8 ch. 17, v. 4 & 5. Le terme de clarifier ne se dit plus en ce sens : en tout cas, il vaut bien mieux se servir de glorifier. Voyez le recueil des Dissertations antiques du P. E. Souciet Jés. pag. 413. & toute sa Dissertation sur le כן החרטמים de l’Exode. VIII. 3.

Clarifié, ée. part.

CLARIGATION. f. Clarigatio. Ce mot a été employé par M. de Courtin dans la Traduction du Traité de Grotius du Droit de la Guerre & de la Paix. Ce mot n’est pas François, & il n’a été employé que pour exprimer par un seul mot François le mot Latin de Pline clarigatio. La Clarigation est une sommation haute & claire, dit Grotius, que l’on fait à un ennemi pour lui demander satisfaction des injures qu’on a reçues. ☞ Clarigare, déclarer la Guerre par un héraut, à faute de satisfaire aux justes demandes qu’on faisoit. Naudé s’est aussi servi de ce mot dans son Mascurat. Voyez Androlepsie, c’est la même chose.

CLARINE. s. f. Sorte de petite clochette qu’on pend au cou des animaux qui paissent dans les forêts, ☞ pour entendre où ils sont quand ils s’égarent. Vaccinum tintinnabulum.

CLARINÉ, ÉE. Terme de Blason, qui se dit des animaux garnis d’une clochette, ou campane, laquelle, à cause qu’elle sonne fort clair, a donné occasion à ce nom. Vache clarinée d’argent. Vacca argenteum tintinnabulum suspensum è collo gestans. Béarn porte d’or à deux vaches de gueules accornées, accolées, & clarinées d’azur.

☞ CLARINETTE. s. f. Sorte de haut bois, qui a le son plus aigre, plus clair. Delà son nom.

CLARISSE. s. f. Religieuse de Sainte Claire, Religieuse de l’Ordre de S. François, institué par Sainte Claire. Clarissa, Monialis S. Claræ. Les Clarisses sont le Second Ordre de S. François. Ce Second Ordre commença l’an 1212. que S. Claire renonça au monde à l’exemple de S. François. Ce Saint voulut qu’elles portassent le nom de Pauvres Dames, ou Pauvres Dames Réformées, & en effet c’est celui sous lequel on les connut d’abord. Ensuite, parce que S. François leur avoit donné l’Eglise de S. Damien à Assise, & que le Monastere s’appella le Monastere de S. Damien, on les nomma les Religieuses Damianistes. S. François, à la prière de ces filles, leur donna une règle ou forme de vie, qui fut d’abord approuvée par le Cardinal Hugolin, qui en avoit reçu le pouvoir du Pape Honorius III. Hugolin devenu Pape, sous le nom de Grégoire IX, la confirma de vive voix, & Innocent IV, par écrit, en 1246. Grégoire IX avoit apporté quelques adoucissemens à cette règle. Innocent IV, par un bref du 15 Avril 1253, défendit au Général des Freres Mineurs, & à tous les autres, de contraindre les Religieuses Damianistes à l’observance d’une autre règle que celle qu’elles avoient reçûe de S. François, & le 9 Août de la même année, il la confirma encore à la prière de Sainte Claire. Alexandre IV y fit quelques changemens. S. Bonaventure ayant repris la direction de ces Religieuses l’an 1264, & voyant que les unes suivoient la règle étroite de S. François, d’autres celle de Grégoire IX, quelques-unes celle d’Innocent IV, & d’autres enfin celle d’Alexandre IV, & qu’en conséquence de ces différentes règles on les appeloit les Recluses, les Pauvres Dames, les Sœurs Mineures, les Damianistes & les Clarisses, résolut de les réunir toutes sous une même règle & sous une même Observance. Il l’obtint d’Urbain IV. Mais quelques Communautés de cet Ordre voulurent toujours vivre selon la règle que S. François avoit donnée à Ste Claire. Celles-ci furent nommées Clarisses, & celles qui suivirent la règle d’Urbain IV, s’appelèrent Urbanistes. Voyez Wading & le P. Hélyot, T. VII, C. 25.

Il y a en Italie des Clarisses de l’étroite Observance, qui eurent pour Fondatrice la Mere Françoise de Jesus-Maria, de la maison des Farnèses, qui leur fit bâtir leur premier Monastère à Albano, l’an 1631. P. Hélyot, T. VII, C. 28.

Il y en a encore d’autres qu’on nomme les Solitaires de l’Institut de S. Pierre d’Alcantara, fondées par le Cardinal Barberin dans le bourg de Farsa, & approuvées par un Bref de Clément X. l’an 1676. Ib.

☞ CLARISSIMAT. s. m. Dignité du Clarissime. Voyez l’art. suivant.

CLARISSIME. s. m. Clarissimus. Titre d’honneur qui se donnoit autrefois à tous les Consulaires, Gouverneurs de Provinces, aux Correcteurs & aux Présidens, excepté celui de Dalmatie, qui avoit celui de Très-Parfait, Perfectissimus. C’est la remarque de Bollandus, Febr. T. III, p. 60, C. D.

Clarissime est un mot Latin, Clarissimus, superlatif de Clarus, illustre, qui par conséquent signifie Très-illustre.

CLAROS. Île de la mer Egée, sur la côte de l’Asie, on l’appelle aujourd’hui Camalo. Elle étoit autrefois consacrée à Apollon. Claros.

C’est encore une ville de l’Ionie consacrée aussi à Apollon, & dans laquelle il y avoit un temple & un oracle. L’Antiquité a cru qu’elle fut bâtie par Manto, fille du devin Tiresias, après le sac de Thebes sa patrie par les Epigones. Selon les fables son nom vient du verbe Grec κλαίειν (klaiein), pleurer, parce que Manto ne cessant d’y pleurer la destruction de sa patrie, il se fit de ses larmes une fontaine, à laquelle du verbe κλαίειν (klaiein), pleurer, on donna le nom Claros. D’autres disent que cette ville fut ainsi nommé de κλήρος (klêros), fort, & en dialecte Dorique κλέρος (kleros) parce qu’elle échut à Apollon par le sort.

CLARS, s. m. & nom d’homme. Clarus. Nous appelons Clair, les Saints qui ont porté le nom de Clarus. Mais pour Saint Clair d’Aquitaine, Evêque & Martyr du III ou IVe siècle, nous ne disons par Clair, mais Clars : c’est l’usage.

☞ CLARTÉ. s. f. Lumière, éclat, splendeur, disent tous nos Dictionnaires. Distinguons ces mots avec M. l’abbé Girard, puisqu’ils expriment tous des degrés différens de la lumière. La lueur est le commencement de la clarté, & la splendeur en est la perfection.

☞ La clarté, au propre, est l’action de la lumière qui nous fait pleinement distinguer & connoître les objets. La lueur se borne à les faire seulement appercevoir & découvrir. La splendeur nous les montre dans leur éclat. La clarté du jour, du soleil, &c. claritas.

Le vice toujours sombre aime l’obscurité ;
Mais la seule vertu peut souffrit la clarté.

Grand Dieu chasse la nuit qui nous couvre les yeux,
Et combats contre nous à la clarté des Cieux ! Boil.

Clarté se dit aussi du teint, & signifie blancheur, netteté. Candor, nitor.

Clarté signifie aussi transparence. Perluciditas. La clarté d’un verre de lunette en augmente le prix.

☞ CLARTÉ se dit aussi au figuré de la netteté de l’esprit & du style ; & c’est l’effet du choix, de l’emploi des termes, & de l’ordre dans lequel on les a disposés, & de tout ce qui fait que nous sommes facilement entendus de ceux qui nous lisent ou qui nous écoutent. Perspicuitas. C’est un esprit qui a beaucoup de clarté, de jugement, de pénétration. Il y a assez d’obscurité dans l’Ecriture pour aveugler les réprouvés, & assez de clarté pour les rendre inexcusables. Pasc.

Tertullien est un bon Auteur ; mais il seroit à souhaiter qu’il y eût un peu plus de clarté, & plus de netteté dans son style. Le principal caractère de la Langue Françoise, c’est la netteté & la clarté dans le discours. Elle évite avec soin tout ce qui peut laisser quelque doute & quelque ambiguité, préférant la clarté à tout le reste : elle veut qu’on développe nettement tout ce qu’on pense, & qu’on le présente à l’esprit sans embarras. Tout ce qui a besoin de réflexion pour être compris, tout ce qui demande trop d’application pour être entendue, ne convient point au génie vif & prompt de la Nation Françoise.

On dit poëtiquement, commencer à voir la clarté, la clarté du jour ; pour dire, naître ; & jouir de la clarté du jour ; pour dire, vivre.

CLAS. s. m. Prononcez l’a long sans faire sentir l’s. Son des Cloches qui se fait dans l’Eglise Catholique, quand un homme est mort, & qui se recommence à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il soit enterré. Funebris campani æris, ou campanorum sonus, ou pulsatio. Qui est-ce qui est mort ? Voilà un clas qui sonne. On sonne un clas, prions Dieu pour le mort. À Reims on appelle ce son lugubre, l’Abbé mort, par corruption, pour l’Abboi de la mort, parce qu’autrefois on commençoit à sonner dès l’agonie. Au reste, ce mot ne se dit point à Paris, mais il est fort en usage en quelques Provinces. Sonner un clas, entendre un clas.

Borel dérive ce mot de κλάω (klaô), fleo, je pleure, & il a bien l’apparence qu’en effet il vient de là.

☞ CLASSE. s. f. Ordre suivant lequel on range diverses personnes, on distribue différentes choses. Classis. Sur nos côtes les matelots sont distribués en plusieurs Classes. Les quadrupedes, les oiseaux, les poissons forment différentes Classes du règne animal. Grands d’Espagne de la première, de la seconde Classe à Rome. Classis primæ homines. Les gens de la première Classe avoient au moins 125000 livre de bien. Cicéron appelle Classis quintæ homines, les gens de néant, du bas ordre.

☞ CLASSE se dit, dans un sens figuré, du rang qu’on donne à certaines personnes relativement au mérite, aux talens, &c. dans certains professions. Homere, Virgile, Corneille, Racine, &c. sont des Poëtes de la premiere Classe. On le dit de même d’un excellent Peintre, d’un excellent Graveur, & généralement de ceux qui excellent dans leur art.

Ce mot vient de Classis, qui vient du verbe καλέω (kaleô), congrego, convoco. Classe n’est autre chose qu’une multitude assemblée à part.

☞ CLASSES des plantes. Classes plantarum. C’est l’assemblage de plusieurs genres de plantes qui ont toutes certaines marques communes, par lesquelles elles sont essentiellement distinguées de toutes les autres plantes. On dit de même, Classe des métaux, des minéraux.

Classe se dit aussi des distinctions qu’on fait entre des écoliers qu’on distribue en diverses salles selon leur capacité. Classis, schola, auditorium. Les salles sont aussi appelées Classes. Il y a d’ordinaires six Classes' dans les Collèges pour les Humanités, & deux pour la Philosophie. Cet enfant est de la troisième, est de la quatrième Classe. Quintilien s’est servi de ce mot au premier livre de ses Institutions, en parlant des écoliers.

Classe se dit aussi du corps des écoliers qui étudient sous le même maître. Toute la Classe s’est révoltée contre le maître.

Classe signifie aussi le temps que les écoliers sont assemblés pour prendre la leçon. Au commencement de la Classe. À la fin de la Classe.

On appelle les basses Classes, celles où l’on commence ses études. Les hautes Classes, celles de Philosophie, Théologie, &c.

On appelle l’ouverture des Classes, le temps où les écoliers rentrent en Classe après les vacances.

On dit ouvrir une Classe, lorsqu’un Professeur commence à faire des leçons dans un lieu où l’on n’en faisoit pas encore.

☞ On appelle aussi Classe en Suisse l’assemblée des Ministres de tous les Bailliages. Je fus près d’un an sans être inquiété, mais à la première Classe qui se tint, on ne manqua pas, &c. Saurin. Je me vis tout d’un coup à couvert de toutes les recherches de ma Classe, & je ne songeai plus qu’à vivre tranquillement. Id.

Classe, en termes de Marine, est un ordre qu’on a mis sur tous les ports pour les service des vaisseaux du Roi, par lequel les Canoniers, les Pilotes, & tous les Matelots, ayant été enrôlés, ont été distribués dans trois, quatre, ou cinq division, qui ont été appelées Classes, pour servir alternativement dans les armemens de mer, suivant un Edit de l’an 1637. Classis.

☞ En parlant des Grands-d’Espagne, on dit les Grands de la première, de la seconde Classe. Voyez Grands-d’Espagne.

☞ En termes d’Eglise, on appelle fêtes de la première Classe, les fêtes les plus solennelles, comme Noël, Pâques, &c. Les fêtes de la seconde Classe, sont celles du second ordre, &c.

☞ CLASSER. v. a. Former une classe, une liste, un catalogue, il parut en 1756 un ouvrage sous ce titre Recherches sur le pouls par rapport aux crises. Le but de l’Auteur est de classer assez distinctement les différentes modifications du pouls, pour établir sur ces différences les signes propres à chaque évacuation critique.

CLASSIQUE, adj. m. & f. qui ne se dit guères que des Auteurs qu’on lit dans les classes, dans les écoles, ou qui ont grande autorité. Classicus. S. Thomas, le Maître des Sentences, sont des Auteurs classiques qu’on cite dans les écoles de Théologie. Aristote en Philosophie, Cicéron & Virgile dans les Humanités, sont des Auteurs classiques. Aulugele dans ses Nuits Attiques met au rang des Auteurs classiques, ou choisis, Cicéron, César, Saluste, Virgile, Horace, &c. Ce nom appartient particulièrement aux Auteurs qui ont vêcu sur la fin de la République, & du temps d’Auguste où regnoit la bonne latinité, qui a commencé à se corrompre du temps des Antonins.

☞ Le mot classicus n’a pas la même signification qu’en françois. Classica corona. Couronne navale qu’on donnoit à celui qui s’étoit distingué dans un combat naval. Classici dans Quint-Curce, les Matelots. Classici cives, les citoyens de la première classe, suivant la division de Servius, qui devoient avoir au moins 1250 livres de revenu, Centum & viginti quinque millia æris, ampliusve, censi erant testes classici, témoins irréprochables, pris de quelque Classe de citoyens. Ceux qui n’étoient d'aucunes Classes, n’étoint point citoyens Romains. Il y avoit cinq Classes de citoyens à Rome. Ainsi par autores classici. on ne devroit pas entendre, suivant la remarque d’Aulugele, les Auteurs classiques, qu’on lit & qu’on explique dans les Classes, mais des Auteurs choisis, du premier ordre. Aussi on partagea autrefois les bon Auteurs de l’antiquité en differentes classes, suivant leur genre, & l’on appela classique un Auteur ancien, du premier ordre dans son genre. Cependant par un usage établi depuis long temps, on entend par Auteur classique, celui qu’on explique dans les classes.

CLATIR. v. n. Terme de Venerie, qui se dit quand le chien poursuivant la perdrix, ou le lièvre, redouble son cri, & semble avertir que le gibier n’est pas éloigné. Clamitare. Ce mot a la même étymologie que claquer.

☞ CLATRA, s. m. terme de Mythologie. Nom d’une ancienne Divinité des Romains. Victor met dans le sixième quartier de Rome un temple dédié à Apollon & à Clatra. Dans une table de bronze dont il est parlé dans le première dissertation du 1e vol. des Mem. de l’Acad. de Cortone, on voit deux figures d’Apollon & de Diane, & on lit en haut Apollini & Clatræ, ce qui feroit soupçonner que Clatra est Diane. Quelques-uns la prennent pour la Déesse des grilles & des ferrures.

☞ CLAVAGE, s. m. vieux mot. Droit que payoient ceux qui entroient en prison. Il vient de clausus, claudere.

CLAVAIRE. Clavarius. Voyez CLAVARIUM.

Clavaire. s. m. Gardien des titres de la Chambre des Comptes. Pomey, Tachard. Tabularii ad rationum regiarum curam pertinentis custos. Quelque fois le mot de Clavaire veut dire Juge, Officier ; quelques autres fois c’est la même chose que Trésorier de France.

Clavaire, Clavarius, Claverius, Sacrista, est aussi celui qui avoit autrefois la garde des clefs d’une ville. Ce nom a aussi été donné à des Receveurs particuliers, & il est souvent employé en ce sens dans les vieux titres, où il se trouve quelquefois joint à celui de Châtelain, de Cellérier, ou de quelqu’autre administrateur des revenus d’une terre. Les fonctions des uns & des autres étoient à peu près semblables. Valbonnet. Mem. pour l’Hist. du Dauph. Dis. V, c. 10. Le Clavaire de Gap. Id.

☞ CLAVARIA. s. f. Genre de plante charnue, qui n’a point de rameaux, & qui ressemble à une massue.

☞ CLAVARIUM. Fonds destiné chez les Romains pour fournir aux soldats les clous dont leurs chaussure étoit garnie. On donnoit aussi ce nom au don en argent que les Empereurs leur faisoient distribuer pour cela : les Officiers qui en étoient les distributeurs, se nommoient aussi Clavarii. Tel étoit le pere de Suétone. Voyez Brodequin.

CLAUDE, s. m. nom d’homme. Claudius. L’Empereur Claude &toit fils de Drusus, second fils de Livie, femme d’Auguste. Claude le Gothique est un autre Empereur du IIIe siècle, que l’on distingue du premier par le surnom de Gothique. Quand on parle des Romains, il n’y a que ces deux Empereurs que l’on nomme Claude. Pour tous les autres, on retient le nom latin Claudius. S. Claude, Archevêque de Besançon, étoit de Salins. Il nâquit en 484 fut fait Evêque de Besançon en 516, Abbé de S. Oyen en 526, & mourut en 581, âgé de 97 ans. Cette Abbaye, & le mont Jou sur lequel elle est située, a pris le nom de ce Saint, dont le corps s’y conserve entier, ainsi que le vérifia encore il y a quelques années M. de S. Georges, dernier Archevêque de Lyon, après l’avoir visité. Voyez les Bollandistes au sixième Juin.

Claude, s. f. est aussi un nom propre de femme. Claudia. Claude de France, fille de Louis XII & d’Anne de Bretagne, épousa François, Duc d’Angoulême, qui fut François I, & qui la fit Reine de France. Claude de France, Duchesse de Lorraine, fut le septième des enfans d’Henri & de Catherine de Médicis. Quand on parle des anciennes Romaines qui ont porté ce nom, il faut dire Claudia,& non pas Claude.

On dit proverbialement, c’est un Claude ; c’est-à-dire, un sot, un imbécille, telle qu’étoit l’Empereur de ce nom. Jamais dit M. Godeau, il n’ eut un homme plus stupide. Sa propre mere voulant exagérer la sotise de quelqu’un, distoit librement qu’il étoit aussi sot que son fils. Ses affranchis furent tout-puissans auprès de lui. Messaline sa femme, dont l’impudicité a rendu le nom célèbre, fut si impudente, & eut tant de confiance en sa stupidité, que de son vivant elle en épousa un autre. Enfin il se résolut à la faire mourir, quelques jours après il la demanda, comme si elle eût été vivante. Hist. de l’Egl. Sénèque, pour se venger de ce qu’il l’avoit banni, le déchira par une satyre que nous avons encore, où il le représente proprement comme une bête. Tillemont.

Quand on refuse d’accepter quelque proposition déraisonnable, quelque marché désavantageux, on dit ordinairement, je ne suis pas si Claude.

Claude. La Congrégation de S. Claude, est une Congrégation de l’Ordre de S. Benoît, dont le chef lieu étoit l’Abbaye de S. Claude en Bourgogne. Elle se nomma autrefois la Congrégation de S. Oyen & de Condat. Elle fut fondée en 425 par S. Romain, qui se retira dans les déserts du mont Jura, en lieu appelé Condat. Quelques années après, son frer Lupicin & quelques autres se joignirent à lui, & commencèrent en un lieu voisin & plus commode le Monastère, vers l’an 430. Le nombre des Religieux augmentant, il falut bâtir d’autres Monastères, la sœur de S. Romain ayant aussi fondé un Monastère de Religieuses ; ainsi se forma la Congrégation de Condat, dite depuis de S. Claude. Voyez le P. Hélyot, T. V, c. 17. On a fait un Evêché de cette Abbaye.

CLAUDIA. s. f. Nom de femme, que nous conservons en notre langue dans sa forme latine, quand nous parlons des anciennes Dames Romaines qui l’ont porté. Claudia. La Vestale Claudia fut accusée d’inceste, parce qu’elle employoit trop de temps à se parer.

Claudia ou Clodia. Nom d’une famille Romaine. Claudia gens. Nos Antiquaires parlent ainsi. La famille Claudia, ou Clodia. Les médailles de la famille Clodia. La famille Claudia étoit divisée en deux branches, l’une Patricienne, mais du rang inférieur des Patrices. Elle portoit le surnom de Pulcher ; & l’autre Plébéïenne, qui avoit celle de Marcellus, & qui étoit fort illustre. On trouve sur les médailles de cette famille Clodius, & Claudius quelquefois, comme on trouve Didius & Deiudius sur celles de la famille Didia. Quelques Auteurs disent les Claudes. La famille des Claudes, étoit une famille Patricienne de Rome qui tiroit son origine des Sabins. Claudia familia. Au reste, il faut dire les Claudes, & non pas les Claudiens ; comme a fait un Auteur récent. Claude & Claudien sont deux noms différens.

CLAUDIANISTE, s. m. & f. nom de Secte. Claudianistæ. Les Claudianistes étoient les Donatistes, qui firent bande à part, & prirent leur nom d’un certain Claude, qui apparemment fut leur chef. S. Augustin en parle sur la fin de la seconde partie de son explication du trente-sixième Pseaume. Les Claudianistes tinrent un Conciliabule dans une caverne de Suse dont nous avons l’épitre Synodale.

CLAUDICATION, s. f. du latin Claudicatio. Boitement, l’action de boiter, la démarche d’un boiteux. C’est ainsi que le mot latin est expliqué dans le Novitius. Ce mot se trouve aussi dans Cotgrave dans l’exemple qui suit. M. Lamorier, de la Société Royale des Sciences de Montpellier, a fait des observations sur les maladies des os qui rendent les hommes boiteux. Il fait voir que la soudure ou l’anchylose de l’os des Îles avec l’os Sacrum, est aussi une cause de Claudication. Obs. sur les Ecr. mod. t. 22, p. 313, 314.

☞ Ce terme est employé par les gens de l’art, & je ne vois pas pourquoi il ne seroit pas reçu dans le langage ordinaire. Il est dans l’analogie de notre langue : il est même nécessaire, puisque nous n’avons point d’autre terme simple pour exprimer l’action de boiter. Il faut donc opter entre boitement ou claudication.

CLAUDINE. s. f. Nom de fille, dont le Patron est S. Claude.

CLAUDIUS, s. m. nom d’homme. Claudius. On retient ce nom latin en notre langue, quand on parle des anciens Romains, excepté pour les deux Empereurs qui l’ont porté, & que nous nommons Claude. Appius Claudius Cœcus, est celui qui fit paver le chemin qui conduit de Rome à Brindes par Capoue, & qu’on appela de son nom, la voie Appienne, Appia via. Appius Claudius Pulcher, est celui qui étant détourné de donner la bataille, parce que les oiseaux que l’on gardoit pour prendre les Auspices ne vouloient point manger, les fit jeter dans la mer, en disant ; puisqu’ils ne veulent pas manger, qu’ils boivent.

CLAVEAU, s. m. maladie contagieuse des moutons, & des brebis. Sacer ignis. On compare cette maladie à la petite vérole : elle se fait connoître dans son commencement par de petites élevures, ou taches rouges, qui se voient aux endroits où la laine garnit moins la peau ; ces taches ou élevures forment des boutons, l’animal tousse, porte la tête basse, & le nez devient morveux & galeux ; quand on a levé la peau, on la trouve garnie de boutons, & ordinairement les poulmons & les reins sont plus gros & plus pesans. Duverney, Acad. des Sc. 1701, Mém. p. 150.

Nicod dérive ce mot de clades, ou de son diminutif cladella. D’autres le dérive de clavel, qui signifioit autrefois un clou, parce que les bètes qui en meurent dont couvertes de taches comme des clous.

Claveaux, en termes de Maçonnerie, se dit des pierres qui servent à faire des voûtes plates ou carrées, comme celles des portes & des fenêtres. Elles sont taillées en coin comme les voussoirs des voûtes rondes, ou surbaissées. Cunei.

Le claveau est un voussoir à doële plate, qu’on appelle ainsi, parce qu’il se met de niveau, comme le milieu des clefs des autres voûtes, s’il s’agit d’un plafond ; ou en pente de surplomb, lorsqu’il s’agit d’une plate-bande rampante, ou d’une trompe plate. Frezier.

Claveau à crossette, est celui dont la tête retourne avec les assises de niveau pour faire liaison.

Ce mot vient de clavis, clé.

CLAVELÉ, ÉE. adj. Qui a le claveau, pestiféré. Pestilens, pestifer. Mouton clavelé, brebis clavelée.

CLAVELÉE. Synonyme à claveau.

☞ CLAVESSIN. Voyez Clavecin.

☞ CLAVECIN, quelques-uns écrivent CLAVESSIN. Instrument de Musique dont on joue en touchant un clavier. Organum majus fidibus intentum. M. Brossard l’appelle grave cymbalum. Les Italiens disent clave cimbala. Ses touches dont mouvoir de petits sautereaux qui frappent un double rang de cordes de fil de laiton & de fer, qui sont tendues sur une table. Il y a des clavecins à un simple claver, & d’autres à deux claviers. Il y a tel Clavecin qui a 1500 pièces différentes. Il y a quatre chevalets, dont deux sont droits, & les deux autres s’appellent chevalets à croc, à raison de leur figure. Dans les tons transposés, les cadences qui s font sur les feintes ne sont pas toujours bien justes, particulièrement sur le clavecin. Rousseau.

Clavecin à ravallement, est celui qui a quelques touches de plus que le clavecin ordinaire, pour exécuter la Musique italienne.

Clavecin organisé, est celui dont le clavier fait jouer une petite orgue.

☞ Le clavecin oculaire est un instrument à touches parfaitement analogue au clavecin auriculaire, composé d’autant d’octaves de couleur, que le clavecin ordinaire a d’octaves de sons par tons & demi-tons, destiné à donner à l’ame, par les yeux, les mêmes sensations agréables de mélodie & d’harmonie de couleurs, que celles de mélodie & d’harmonie de sons que le clavecin ordinaire lui communique par l’oreille. Que faut-il pour un clavecin ordinaire ? des cordes diapasonnées selon un certain systême de musique, & le moyen de faire résonner ces cordes. Qu’a-t-il fallu pour le clavecin oculaire ? des couleurs diapasonnées selon le même systême que les sons, & le moyen de les produire aux yeux. La musique ordinaire a donc dans ses principes un fondement analogue à la musique auriculaire. Il ne restoit plus que l’exécution, que des efforts de génie & de machinisme ont enfin produit. Ce clavecin de couleur prédit & annoncé en 1725 démontré possible en 1735, regardé depuis comme vrai en Théorie, mais impossible dans la pratique, fut exécuté par le P. Castel son inventeur, devenu artiste lui-même & ouvrier ; mais il n’a pu le porter au dernier degré de perfection. Il ne l’a laissé, pour ainsi dire, que bien ébauché. Un de ses disciples a tenté de le perfectionner. Colorer le son, faire sonner la couleur, rendre l’aveugle juge des couleurs par l’oreille, & le sourd juge du son par l’œil, opération qui demande autant de temps pour l’exécution de la machine, que de connoissances profondes en musique & en optique dans l’Auteur.

☞ Le clavecin oculaire a la forme d’un buffet. Sa hauteur est de 5 piés 8 pouces : sa largeur de 3 piés 4 pouces, & sa profondeur de 2 piés. Il est placé perpendiculairement sur la partie antérieure d’un clavecin ordinaire qui lui sert de base. Le fond dans un espace de 3 piés carrés contient 500 & tant de lampes. La partie qui est en face des spectateurs présente 60 morceaux de glace ou de verre coloré. Chacun de ces verres a un ton de couleur analogue ou répondant au son qui entrera dans l’oreille à l’instant que la lumière colorée viendra frapper les yeux ; car la même touche qui produit le son, fera étinceler la couleur lumineuse. Ces verres colorés sont des canaux transparens : leur forme ellyptique a deux pouces & demi de diamètre.

☞ Les nouvelles publiques ont annoncé, au mois d’Août 1759, un clavecin électrique de l’invention d’un Jésuite du collège de Louis le Grand.

CLAVETTE. s. f. Petit morceau de fer pointu & plat, que l’on passe dans le trou d’un boulon, ou d’une cheville pour les arrêter. Clavicula. Les clavettes d’un tour servent à l’affermir en une certaine situation.

Les Imprimeurs appellent clavettes, ce qui leur sert à monter & à descendre le grand sommer de leur presse.

Dans les Arts clavette a une signification générale, aussi bien que clé ; il veut dire ce qui sert à arrêter, à tenir ferme, à soûtenir quelque chose. Clavis, clavicula, cuneus.

CLAVICULE, s. f. terme de Médecine. Ce sont deux petits os qui ferme la poitrine par en haut. Clavicula. On les appelle ainsi, parce qu’ils sont comme la clef du thorax. Ils ont la figure d’une S, & sont caves en dedans, & voûtés en dehors, & sont comme deux demi-cercles joints ensemble par un bout. Ils servent à affermir l’omoplate avec le sternum & le bras. Les veines souclavières sont celles qui passent sous ces deux clavicules.

☞ De tous les animaux, il n’y a que ceux qui se servent de leurs pattes de devant, comme nous nous servons de nos bras, qui ayent des clavicules. Les Singes, les Rats, les Ecureuils, &c. ont des clavicules.

Clavicule, terme de Conchyliologie. C’est la partie pyramidale, extérieure & intérieure d’une coquille tournée en spirale : elle commence vers le milieu, jusqu’au sommet, on l’appelle souvent la tête d’une coquille.

Clavicule signifie aussi, petite clé ; & dans ce sens il a servi de titres à quelques livres, comme la Clavicule de Salomon, qui est un méchant livre dont quelques Cabalistes font mention, & qu’ils attribuent faussement à Salomon. Il n’est usité que dans cette occasion.

CLAVIER. s. m. Chaîne ou cercle d’acier ou d’argent, qui sert à porter & à joindre plusieurs clés ensemble, de peur qu’elles ne s’égarent. armilia clavicularia. Il est fait tantôt d’une chaîne d’argent, ou de cuivre, avec une agraffe pour le pendre à la ceinture ; tantôt d’un simple cercle d’acier, quand on le veut porter dans sa poche.

Clavier signifie aussi la partie antérieure d’une orgue, d’un clavecin, d’une épinette, composée de 48 ou 49 touches ou marches, par le moyen desquelles l’on fait jouer les sautereaux, qui frappent les cordes de l’instrument, où l’on donne le vent aux tuyaux, en faisant baisser la soupape du sommier.

Le clavier est cet assemblage de touches, par le moyen desquelles on fait résonner le clavecin. De S. Lambert. Organi musici pinnæ.

Il y en a plusieurs dans les grands orgues, l’un pour faire jouer le positif, l’autre le grand corps, un troisième pour le petit cornet, un quatrième pour le cornet de l’écho. Il y en a un cinquième à l’orgue de S. Eustache à Paris ; mais ces derniers ne sont pas entiers, & n’ont guère que deux octaves. Le clavier entier est composé de 48 touches, les autres en ont seulement une partie qui jouent, & le reste n’y est que pour l’ornement. Il y a aussi le clavier des pédales, composé de 28 touches d’ordinaire. Le claviers a quatre octaves. Il y a 20 feintes sur les grandes marches, qui font les deux demi tons, ou degrés chromatiques, qui sont plus étroits que les diatoniques. Il a été ainsi nommé, à cause qu’il contient toutes les clés de la musique.

Buljouski de Douliez, Professeur de Mathématique & Organiste, prétend avoir inventé un clavier à cinq rangs de touches, qui n’auroit aucun inconvénient des claviers ordinaires, & qui auroit beaucoup d’avantages qui leur manquent. Il prétend qu’il exprimeroit des sons qui se suivroient en progression géométrique continue, & il fourniroit ainsi tous les sons de la musique, & par conséquent tous les intervalles & tous les accords imaginables, au lieu que les claviers ordinaires ne sauroient en fournir que quelques-uns.

Clavier est aussi une dignité des Ordres Militaires. Claviarius. Ce mot se trouve dans le Ximénès de M. Féchier ; page 511, de l’Edit. de Holl. en latin claviger, & en espagnol clavero.

Le Clavier est celui qui a la clé du trésor commun. Le Clavier de l’Ordre de Calatrava est la troisième dignité de cet Ordre. Il y a aussi un Clavier dans l’Ordre d’Alcantara. Clavier s’est dit encore en quelques Etats pour Garde du fisc ou trésor public. Voyez Joan Danet, Historia Balearici regni, p. 87 & 92.

Tous ces mots viennent du latin clavis, clé.

CLAUPORTE. Voyez Cloporte.

☞ CLAUSE. s. f. Disposition particulière qui fait partie d’un traité, d’un contrat, de tout acte en général, soit public, soit particulier. Conditio, & non pas clausula, comme le disent les Vocabulistes. Clausula testamenti signifie la clôture d’un testament, & non pas clause. Clausula epistolæ, orationis, fabulæ, fin d’une lettre, conclusion d’un discours, épilogue. Jamais clausula n’a eu la signification qu’on lui donne ici. Il y a des clauses expresses, des clauses conditionnelles. On met, on ajoute, on insère, on glisse une clause dans un contrat, dans un traité, dans un testament ; dans un acte, dans une sentence, dans un édit, &c.

☞ En matière de bail, on appelle clause des six mois celle qui porte le pouvoir réciproque de résilier le bail d’une maison en avertissant six mois auparavant, & bail sans clause, celui qui ne contient point cette clause particulière.

Clause se dit aussi des conditions portées par des bulles, provisions ou autres titres qui sont des charges & des conditions qu’on y appose. La clause de dévolut est comprise sous ces mots, aut alio quovis modo.

Clause s’il vous appert, est toujours insérée dans les lettres de Justice, & elle attribue la connoissance du fait au Juge auquel les lettres sont adressées, comme dans les lettres de rescision pour dol, le Juge doit connoître du dol, & à moins qu’il ne soit prouvé, le Juge doit débouter l’impétrant de l’entérinement des lettres par lui obtenues.

Clause dérogatoire est une clause par laquelle un Testateur veut qu’un second testament qu’il pourroit faire demeure nul, s’il ne contient expressément une certaine sentence, ou certaines paroles qu’il insère dans le premier testament, qu’il veut faire valoir. Voyez Dérogatoire.

Clause pénale, Clause codicillaire, résolutoire. Voyez chacun de ces mots en sa place. Clause vient de claudere.

☞ CLAUSEN. Petite ville d’Allemagne dans le Tirol, entre Brixen & Bolzano.

CLAUSION, s. f. terme de Palais, qui est aujourd’hui peu en usage. Il veut dire appointement de cause. Causa conclusa.

CLAUSOIR, s. m. terme de Maçonnerie. Petit carreau ou boutisse, qui ferme une assise dans un mur continu, ou entre deux piés droits.

Selon Frézier, c’est une pierre quelconque qui acheve un mur ou une voute en fermant & bouchant le dernier espace qui restoit vide. Muri aut fornicis clausula.

Ce mot vient de claudere, fermer, clausus, fermé, d’où l’on a fait clausoir, ce qui ferme, ce qui bouche, ce qui finit & achève, en latin clausula.

CLAUSTRAL, ALE. adj. Qui appartient au Cloître, qui regarde le Cloître. Cœnobiticus. Le Prieur Claustral est celui qui est Commendataire ; celui qui gouverne les Religieux, qui a soin de maintenir la discipline claustrale.

Ce mot vient du latin claustrum, qui vient de claudo.

On appelle les offices claustraux dans les anciennes Abbayes, plusieurs offices qui étoient autrefois dans ces Maisons, & qui sont devenus depuis des titres de Bénéfices, dont la plûpart sont supprimés, & réunis à la Manse des Religieux dans les Maisons où l’on a mis la réforme. Les offices de Chambrier, Aumônier, Infirmier, Cellérier, Sacristain, sont des offices claustraux, à la nomination de l’Abbé. A l’Abbaye de S. Denis il y avoit le Grand-Prieur, le Sous-Prieur, le Chancelier, le Garde des Sceaux, le Grand Aumônier, le Grand Confesseur, le Grand Bouteiller, le Grand Pannetier, le Grand Prevôt, le Grand Maréchal Ferdal, le Grand Veneur de l’Abbé : c’étoient tous des offices claustraux possédés par des Religieux. Ils sont marqués dans le Pouillié des Bénéfices.

La réunion des offices claustraux en faveur des Religieux de la Congrégation de Saint Maur, est un privilège au moyen duquel ils possèdent présentement les fruits de tous ces offices qui étoient devenus bénéfices, & qui n’entrent point en partage avec les Abbés. Ils ont, outre cela, selon l’usage des Parlemens, le tiers du revenu des Abbayes.

Freres Mineurs Claustraux. Ce nom fut donné en Espagne vers le commencement du XVIe siècle à quelques Religieux de S. François du corps des Conventuels. Le relâchement parmi ceux-ci alla à tel degré, que ne se contentant pas des dispenses qu’ils avoient obtenues des souverains Pontifes de pouvoir posséder en commun, il y avoit des particuliers qui avoient en propre des terres, des maisons, & des revenus, les uns se disant Conventuels, & les autres Claustraux. P. Hélyot, T. VII, c. 22.

CLAVUS. Ce mot, tout latin qu’il est, n’a pas laissé d’être employé par quelques-uns de nos Auteurs. C’étoit une bande de pourpre plus ou moins large, selon la dignité des gens, & qui étoit en usage chez les Romains, d’où est venue la différence de la Tunique Angusticlavia, & Laticlavia. C’est le sentiment de Cuper. Cet ornement étoit appelé clavus, clou, selon quelques-uns, parce qu’il étoit semé de petites plaques rondes d’or ou d’argent semblables à des têtes de clou. Le P. Cantel soûtient que le clavus, ne consistoit qu’en des espèces de fleurs de couleur de pourpre cousues ou appliquées sur l’étoffe. Voyez Angusticlave & Laticlave.

☞ CLAVUS, s. m. est aussi un terme de Médecine. On donne ce nom à une douleur aigue qui se fait sentir ordinairement à la tête, au dessus des yeux, de sorte qu’il semble au malade qu’on lui fiche un clou ou un poinçon, d’où est venu à cette maladie le nom de clavus. Elle est intermittente, & prend & quitte à des temps réglés.

☞ CLAZENBOURG. Voyez Coloswar.

CLAYER. s. m. Claie, grosse claie. Crates, Clathrum. Dans l’attirail de 8 canons il faut vingt clayers d’ozier, pour empêcher le canon de s’embourer dans les lieux fangeux & marécageux, où ils sont très-nécessaires. De la Font.

CLAYON. s. m. Ouvrage d’ozier fait en rond, dont se servent particulièrement les Pâtissiers pour porter leurs pains bénits, & leurs autres pâtisseries. On s’en sert aussi dans les cuisines pour faire égoutter les mets qu’on fait cuire dans l’eau. Orbis cratitius. C’est-à-dire rond qui est fait de claies.

☞ CLAYONNAGE. s. f. Assemblage fait avec des pieux, des fascines, des branches d’arbres en forme de claie pour assûrer des terres trop mouvantes, soûtenir les talus de gazon qui pourroient s’ébouler sans cette précaution.

CLAZOMÈNE. Ville ancienne d’Ionie, dans l’Asie Mineure, entre Smyrne à l’Orient, & Chios à l’Occident. Clazomenæ. Mena l’appelle Clazomena. Elle s’appela ensuite Gryna.

Les rivages de l’Asie sont merveilleusement agréables, & particulièrement celui où Clazomène étoit bâtie. Cette ville, qu’Alyattès, prédécesseur de Crésus, attaqua inutilement après avoir pris Smyrne & Colophon, n’est maintenant qu’un petit village. Dayphernès & Otanès la prirent, & commencèrent sa ruine, quand ils furent envoyés par Darius en Ionie & en Éolie, pour châtier la rébellion de ces Provinces, que Hystæus, Tiran de Milèt, avoit soulevées par l’intelligence d’Aristagoras, en pillant Sardes avec le secours des Athéniens ; & depuis, Mocénigo, Général des Vénitiens acheva de la ruiner, il y a environ deux cent ans, quand, pour venger la prise de Négrepont, & les incursions que les Turcs faisoient dans l’Albanie & dans la Dalmatie jusqu’au fleuve Scousin, il ravagea toutes les côtes de l’Asie Mineure. Du Loir, p. 9 & 10.

CLE.

☞ CLÉ. Voyez Clef.

CLÉCHÉ, ÉE. adj. Terme de Blason, qui veut dire, ouvert à jour, ou percé en façon de la pièce qui charge l’écu, par exemple, une croix paroit comme si elle étoit chargée d’une autre croix de même émail que le champ de l’écu, ou comme si on voyoit le champ à travers ses fentes ; c’est-à-dire, que les quatre extrémités de la croix sont arrondies, & représentent la forme des anciens anneaux de clés. Claviculatus, foratus. Ainsi les Comtes de Toulouse portent d’or, à la croix vidée, cléchée, & pommetée de gueules. Un sautoir cléché, deux triangles cléchés & enlacés, &c.

Cléché se dit aussi des arrondissemens de la croix de Toulouse, parce que ses quatre extrémités sont en forme d’anneaux de clés.

☞ CLÉDOMANCIE, CLÉDOMANTIE & CLÉDOMANCE. s. f. Sorte de divination qui se pratiquoit avec des clés. κλείς, clé, μαντεία, divination. On ne trouve que le nom de cette espèce de divination, & l’ignore comment elle se faisoit.

☞ CLÉDOMANCIEN ou CLAIDOMANCIEN. s. m. Celui qui pratique la Clédomancie.

CLÉDONISME, s. m. espèce de divination. Cledonismus. Ce nom est grec, & vient de κληδών, qui signifie deux choses. 1o. Rumor, un bruit. 2o. Avis, un oiseau. On le prend dans le premier sens, & le Clédonisme est une divination qui se tire des paroles que l’on prononce. Cicéron, au I. L. de la divination, dit que les Pythagoriciens observoient non-seulement les paroles des Dieux, mais encore celles des hommes. Ainsi ils croyoient que