Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/441-450

Fascicules du tome 2
pages 431 à 440

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 441 à 450

pages 451 à 460


chape de S. Martin, & les autres reliques que les Rois avoient dans leurs Palais, & qu’ils portoient à l’armée, comme témoigne Walafridus Strabo. Les Aumôniers du Roi s’appeloient autrefois Chapelains. Guillaume de Mesines étoit premier Chapelain de S. Louis. Ce Prince lui donna son Livre de prières : c’est un in-folio écrit à la main en caractères gothiques, & orné de mignatures, qui étoient fort belles en ce temps-là, & qu’on estime encore aujourd’hui, à cause de la beauté des couleurs, & sur-tout de l’or, qui ne s’écaille point. Guillaume de Mesines laissa en mourant ce Livre aux Cordeliers de Paris, d’où il passa entre les mains du Chambellan du Duc de Bourgogne, de qui ce Prince l’eut : ensuite les Rois d’Espagne l’ont eu par Marie, fille unique & héritière de Charles, dernier Duc de Bourgogne, Philippe II, Roi d’Espagne le porta en Angleterre, & le laissa à Marie, fille d’Henri VIII & de Catherine d’Arragon. Ce Livre, après avoir appartenu aux plus grands Princes de l’Europe, fut rapporté d’Angleterre en France par M. de Bellièvre, qui le rendit à MM. de Mesines, ses premiers maîtres : il est dans la Bibliothèque de M. de Mesines, ci-devant premier Président du Parlement de Paris.

Chapelains du Pape, sont les Auditeurs ou Juges des causes du sacré Palais. Controversiarum sacri Palatii Judices. Ils ont été ainsi nommés, parce que le Pape donnoit autrefois audience dans sa Chapelle, pour juger les questions sur lesquelles il étoit consulté de tous les endroits de la Chrétienté. Il y appeloit pour Assesseurs les plus savans Légistes du temps, qui pour cela étoient appelés ses Chapelains ; & c’est des décrets qu’ils ont donnés autrefois qu’est composé le corps des Décrétales. Ils ont été réduits au nombre de douze par Sixte IV.

S’il étoit vrai que ce mot Chapelains, comme on l’a remarqué ci-dessus, eût été dit d’abord de ceux qui gardoient la chape de S. Martin, il se seroit formé de capa, & non pas de capella, fait de capsula ou capsa, & signifiant une châsse, comme d’autres le pensent : mais les noms de Capella & Capellanus ne sont connus, ni du temps de S. Martin, ni dans le siècle suivant. Quelques Auteurs disent que les châsses des Reliques étoient couvertes d’une espèce de tente, ou cape ou capelle, c’est-à-dire, petite cape, & que c’est de-là que les Prêtres qui en avoient soin furent nommés Chapelains. Dans la suite ces reliques furent mises dans une petite Eglise, ou attenante à une grande, ou séparée, à laquelle on donna le nom de chapelle, que l’on donnoit à ce qui couvroit la châsse ; & les Prêtres qui avoient soin de ces chapelles, s’appelèrent de même Chapelains : & de-là tout Clerc desservant une Eglise fut appelé de ce nom. Voyez M. Du Cange dans son Glossaire. On trouve dans quelques anciens titres Cabellanarius, pour dire Chapelain.

CHAPELAINE. s. f. Qui se dit d’une Officière de l’Abbesse d’Estrun proche d’Arras. Capellana. L’Abbesse d’Estrun tient table dans son appartement, où elle reçoit les externes, selon l’obligation qui lui en est imposée par sa Règle. Elle y a pour compagne sa Chapelaine, & elle y peut appeler quelquefois des Religieuses de la Communauté, P. Hélyot, tom. VI, c. 40.

CHAPELAINIE, Voyez Chapellenie.

CHAPELER. v. a. Retrancher, enlever avec un couteau le dessus de la croûte du pain, pour la rendre plus mince & plus aisée à mâcher. Summas panis crustas clavulâ decutere ; crustas panis distringere. Ce vieillard fait chapeler son pain à cause de ses mauvaises dents.

Ménage prouve que ce mot vient du latin capellare, d’autres de capulare. Borel dit qu’il vient de capo, chapon, parce que c’est un animal à qui on a ôte une partie en le châtrant : origines fort incertaines.

CHAPELÉ, ÉE. part. Du pain chapelé. Panis summis crustis exutus.

☞ CHAPELERIE. s. f. Art de fabriquer les chapeaux. Apprendre la Chapelerie.

On le dit aussi du négoce de chapeaux. Se mêler de la Chapelerie.

CHAPELET. s. m. Plusieurs grains qui servent à compter le nombre des Pater noster & des Ave Maria qu’on veut dire en l’honneur de Dieu & de la sainte Vierge. Globulorum sacrorum series ; Beatæ Virginis corona. On les appelle autrement patenôtres. Un rosaire est un chapelet de quinze dixaines d’Ave Maria. Beatæ Virginis rosarium. Il y a des chapelets de corail, de diamans, de calembouc, de bois de sainte Lucie, &c.

Ménage tient que ce mot vient de la ressemblance qu’il a avec un chapeau de roses, dont on a fait rosaire. Les Italiens disent corona. On l’a appelé aussi en italien & dans la basse latinité capellina. On trouve dans un procès de la vie d’Urbain V, fait au quatorzième siècle, & rapporté par le Pere Janning, Acta SS. Jun. t. V, p. 443. E. Capellatum reginale cum gemmis & Lapidibus pretiosis, pour signifier une couronne ornée de perles & de pierres précieuses.

M. Fleury, dans le Discours préliminaire de son XXe tome de l’Histoire Ecclésiastique, rapporte l’origine du chapelet aux Moines du onzième siècle. Il dit que quand on institua des Frères lais ou laïques dans ces Ordres Religieux, on leur prescrivit un certain nombre de Pater à chacune des heures canoniales : & afin qu’ils s’en pussent acquitter, ils portoient des grains enfilés, d’où, dit-il, sont venus les chapelets.

☞ Larrey, dans Edouard VI, p. 360, & Pierre Vitet, disent que l’usage en fut établi par Pierre l’hermite, personnage fameux dans l’Histoire des Croisades. Saint Dominique institua le rosaire de quinze dizaines de grains, dont on a diminué le nombre dans les chapelets ordinaires.

Il y a aussi un chapelet ou couronne de Notre Seigneur, de trente-trois grains, en l’honneur des trente-trois années de sa vie sur la terre. Le Pere Michel de Camaldule en fut l’Instituteur.

Enfiler des chapelets, c’est passer des grains dans un fil ou un cordon pour en faire des chapelets. Défiler un chapelet, c’est en tirer les grains du fil ou du cordon où ils étoient enfilés.

On dit figurément, enfiler & défiler des chapelets, pour, faire & défaite des affaires, les gâter, les troubler. Le Cardinal de Richelieu ne disoit-il pas, que six piés de terre, voulant parler des intrigues du cabinet, lui donnoient plus de peine, que tout le reste de l’Europe. Pourquoi cela ? sinon à cause des chapelets que l’on y enfile & défile continuellement. Masc. En cet endroit, il signifie les affaires que l’on fait & défait, les résolutions que l’on prend & que l’on change continuellement : c’est du style familier.

Les Orientaux ont aussi des espèces de chapelets qu’ils appellent chaînes, pour faire leurs prières, en disant le nom de quelqu’une des perfections de Dieu sur chaque grain. Le Grand-Mogol porte jusqu’à huit de ces chaînes ; les unes de perles, les autres de rubis, de diamans, de corail, &c.

Les Turcs ont aussi des chapelets sur lesquels ils récitent des prières. Le P. Jérôme Dandini, Jésuite, en parle de cette manière dans son Voyage du Mont Liban, c. XI. Les Turcs ont des chapelets qu’ils portent à leur main, ou pendus à leurs ceintures ; mais ils différent beaucoup des nôtres ; car les grains y sont tous d’une même grosseur, & ils n’ont point cette distinction que nous avons de dix en dix grains, quoiqu’ils les composent de six dixaines. Ils ont aussi une autre forme de chapelet qu’ils divisent en trois parties avec de petits fils, parce qu’il est plus grand que l’autre, contenant cent grains : ils n’emploient pas néanmoins plus de temps que nous à le réciter ; au contraire ils ont plutôt fait, parce qu’ils ne disent à chaque grain pour toute prière, que ces paroles, Louange à Dieu, ou celles-ci, Gloire à Dieu.

Comme ce Jésuite n’est pas tout-à-fait exact dans la description des chapelets des Turcs, M. Simon, qui a traduit ce Voyage d’italien en francois, a ajoûté cette remarque. Il est vrai que les grains de leurs chapelets ne sont pas inégaux à la façon des nôtres ; aussi ne récitent-ils pas dessus deux différences prières. Ils ont néanmoins quelque distinction dans leurs chapelets de cent grains : ils les divisent en trois parties, & ils disent sur une de ces parties trente-trois fois soubhan lallah, c’est à-dire, que Dieu est louable ? sur la seconde Ellamd lallah, gloire à Dieu ; & sur la troisième, Alla echer, Dieu est grand. Ces trois fois trente-trois fois ne faisant que quatre-vingt-dix-neuf, ils ont ajoûté une autre prière sur la tête du chapelet, pour faire le nombre de cent ; & c’est en quoi leurs chapelets sont semblables aux nôtres, parce qu’outre la couronne & le rond de leur chapelet, il y a encore au bout quelque chose qui tient la place de ce que nous appelons la croix du chapelet.

M. Simon croit que ce chapelet des Mahométans tire son origine de Mea beracoth, ou cent bénédictions, que les Juifs sont obligés de réciter tous les jours, & qu’on trouve dans leurs Livres de prières. Les Juifs & les Mahométans, dit-il dans cette même note, ont cela de commun, qu’ils ne font presque rien sans prononcer quelque louange ou bénédiction ; mais comme les Mahométans ont réduit ces cent bénédictions à trois sortes d’actions de grâces, cela les a obligés d’inventer ce chapelet, divisé en trois, comme nous avons divisé les nôtres en dizaines, pour marquer le nombre des Pater & des Ave : outre qu’ils récitent le chapelet en particulier, ils ont des chantres qui le récitent tout haut dans leurs mosquées.

Chapelet de chevalerie, étoit autrefois une guirlande de roses qui arrêtoit les cheveux, & qui étoit fort usitée, & connue dans les vieux Romans sous le nom de chapelet.

Chapelet, en termes d’Hydraulique, ☞ se dit d’une pompe qui va par le moyen d’une chaîne sans fin, à laquelle sont attachés de suite plusieurs godets ou seaux, servant à élever les eaux, dessécher des marais, &c.

Chapelet en termes de Fonderie, morceau de fer rond & plat, avec trois tenons, qui se met à l’extrémité de l’ame d’une pièce de canon, lorsqu’on en fait le moule, pour assembler la pièce avec la culasse.

En terme de Chirurgie, chapelet est un rang de certaines pustules malignes qui viennent au front, & que l’on ne manque jamais de prendre pour un mauvais signe. Pustularum in fronte series.

Chapelet en termes de Manège, est une paire d’étrivieres garnies de leurs étriers, & ajustées au point du cavalier, qu’il attache au pommeau de la selle par une espèce de boucle de cuir qui les joint en haut. Cela lui épargne la peine de les alonger ou de les accourcir, quand il veut monter à cheval, ou en changer. Lora subicibus pedaneis instructa ad commodum equitantis.

Chapelet en termes d’Architecture, est un petit ornement ☞ en forme de petits grains sphériques ou elliptiques que l’on taille ordinairement sur les baguettes des architraves. Tæniola globulis incisa. Il y en a de plusieurs sortes, de fleurons, de grelots, d’olives, de patenôtres.

Chapelet, terme de Pêcheur. On appelle ainsi les balles de plomb que l’on met au bas de certains filets pour les faire aller au fond. Le haut de la seine demeure sur la surface de l’eau, sur les patenotres de liège. Le bas, appesanti par un long chapelet de plomb, gagne le fond de l’eau. Pluche.

Chapelet se dit plus particulièrement des balles de plomb qu’on met au bas de la circonférence du filet appelé épervier. Il représente en effet la couronne d’un chapelet.

Chapelet se dit aussi de cette verroterie ou rassade, dont il se fait un si grand commerce avec les Nègres de la Guinée, & les Sauvages de l’Amérique ; parce que ces grains de verre sont enfilés comme des chapelets, pour la facilité du négoce.

Chapelet. C’est encore un ouvrage de Serrurerie, qui est du nombre de ces sortes de pentures, que l’on appelle des fiches.

Les Marchands d’eau-de-vie appellent aussi le chapelet, une petite mousse blanche qui se forme en rond sur la surface de l’eau-de-vie, lorsqu’on la verse dans un verre. Ce cercle marque la bonté de cette liqueur,

Chapelet, machine d’Opéra. On appelle ainsi plusieurs petits chassis de formes différences, peints en nuages, & enfilés à des cordes les uns après les autres, qu’on descend & qu’on remonte par le moyen d’un contre-poids.

Chapelet, en termes de Fauconnerie, se dit pour chaperon.

Chapelet, en Jurisprudence coutumière, est une marque d’honneur & de distinction que les Seigneurs des Comtés & Baronnies ont droit de faire mettre aux fourches patibulaires de leurs Seigneuries. Vigier sur Angoumois, art. 1.

On dit en proverbe, lorsqu’il meurt coup sur coup plusieurs personnes d’une même famille, ou qu’elles se détachent d’une cabale, que le chapelet se défile. On dit quand quelqu’un est puni de quelque faute, qu’il n’a pas gagné cela en disant son chapelet.

CHAPELEURE de pain. Voyez Chapelure.

CHAPELIER, s. m. Marchand qui vend des chapeaux, ou l’Artisan qui les fabrique. Petasorum Mercator, vel Opifex.

CHAPELIÈRE. s. f. Celle qui vend des chapeaux, ou la femme du Chapelier.

CHAPELLE. s. f. Ce terme a plusieurs acceptions, même en matière ecclésiastique. Il signifie quelquefois une petite Eglise particulière, qui n’est ni Paroisse, ni Cathédrale, ni Prieuré, qui subsiste d’elle-même, & que les Canonistes appellent sub dio. C’est-à-dire détachée & séparée d’une autre Eglise. Sacrarium, sacellum.

Il y a plusieurs Eglises Collégiales qu’on appelle saintes Chapelles, comme celles de Paris, de Dijon, de Bourges, de Bourbon, de Vincennes, à cause qu’on y gardoit les reliques, &c. Celle de Bourges est appelée sainte Chapelle dans la Pragmatique-sanction ; mais celle de Dijon fut d’abord nommée Chapelle Palatine, ou du Palais, par Hugues III, Duc de Bourgogne, qui la fonda en 1172. L’an 1175 Philippe le Hardi ayant fait couronner la Reine Marie, sœur de Jean Duc de Brabant, qu’il avoit épousée en secondes noces l’année précédente, & la cérémonie s’étant faite par l’Archevêque de Reims dans la Sainte Chapelle de Paris, l’Archevêque de Sens, en qualité de Métropolitain de Paris, en fit grand bruit, & en porta ses plaintes au Légat ; mais le Roi fit cesser les murmures, en lui déclarant que sa Chapelle étoit un lieu exemt, sur lequel il ne pouvoit prétendre de Juridiction.

Ce mot vient, selon quelques-uns, du grec καπελεῖα, qui signifioit de petites tentes, que dressoient les Marchands dans les Foires pour se mettre à couvert. Papias le fait venir du mot grec λαὸς & du latin capio quasi capiens λαὸν, ou populum vel laudem ; ce qui est une étymologie de Jurisconsulte impertinente. D’autres le dérivent de cape & chape, qui servoit à se couvrir le corps, comme si la chapelle n’étoit autre chose qu’un lieu couvert : & c’est ainsi qu’on disoit la chape de saint Martin, qui étoit une espèce de manteau, ou d’étendard, dont les Ducs d’Anjou étoient gardiens, comme Grands-Sénéchaux de France, & qu’on portoit à l’armée comme un étendard. D’autres le tirent à pellibus caprarum, parce que ces lieux se couvroient de peaux de chèvres. On a aussi appelé autrefois chapelles, les châsses où l’on gardoit les reliques des Saints. Peut-être vient-il de ce que les Rois, dans les voyages & expéditions militaires, ne pouvant pas entendre la Messe dans les Eglises, qu’ils trouvoient souvent brûlées, la faisoient dire sur une pierre consacrée & portative ; & le lieu couvert où on la disoit s’appeloit chapelle.

Rebuffe, dans son Traité de Pacificis possessoribus, dit que le mot capella vient de cappa sancti Martini, qui étoit une chape ou manteau que nos Rois de France avoient coutume de faite porter avec eux, lorsqu’ils alloient à la guerre. Comme ils faisoient garder très-soigneusement cette chape dans des tentes particulières, on appela ces tentes chapelles. On donna le nom de Chapelains à ceux qui en avoient le soin.

Chapelle. (Chevaliers de la) Ce sont des Chevaliers fondés par Henri VIII, Roi d’Angleterre, dans son testament, au nombre de treize. Ce nombre a été augmenté depuis de la moitié, & ils sont 26. Ce ne sont point des Chevaliers de la Jarretière ; mais ils doivent en remplir tous les devoirs dans les services funèbres des Rois d’Angleterre. Ils sont assujettis à l’Office des Chanoines de Vindsor, & vivent des pensions que l’Ordre leur assigne ; ils en portent aussi le manteau bleu ou rouge, avec les armes de S. George sur l’épaule gauche ; mais ce manteau n’est que de drap, & ils ne portent pas la Jarretière comme les Chevaliers de cet Ordre.

On appelle aussi chapelle une partie d’une grande Eglise Cathédrale, Collégiale, ou autre dans laquelle il y a un Autel où l’on dit la Messe, & que les Canonistes appellent sub tecto, c’est-à-dire, renfermée sous le toit d’une plus grande Eglise. Les chapelles sont d’ordinaire aux arcades qui sont aux côtés des Eglises, ou au-devant des piliers. La chapelle Notre-Dame, de S. Roch, &c. mais celle-ci s’appelle proprement une chapellenie. Les Anciens les ont appelés cubicula. Du Cange.

☞ Il y a aussi des chapelles domestiques dans les palais, dans les châteaux & dans les maisons des particuliers. Ce ne sont proprement que des oratoires privés. Le canon 21 du Concile d’Agde, tenu en 506, permet aux particuliers d’avoir des chapelles dans leurs maisons, avec défense aux Clercs d’y célébrer sans la permission de l’Evêque.

☞ On appelle aussi chapelle, le bénéfice fondé ou attaché à la chapelle. Annuus ex sacello reditus. Cette chapelle est un bénéfice simple. On lui a donné une chapelle qui vaut cent écus. Une chapelle presbytérale ne peut-être possédée que par un Prêtre. On dit plus communément chapellenie.

Chapelle ardente, est l’appareil funèbre qui environne le corps ou la représentation d’un défunt, dans une Eglise, dans une chapelle particulière, ou dans un appartement, avec un grand nombre de cierges allumés. Pyra ardentibus cereis. Chifflet prétend que les chapelles ardentes ont été introduites sur la ressemblance des bûchers, sur lesquels les Gentils brûloient les corps morts.

On dit de quelques Princes, comme le Pape, ou le Roi d’Espagne, qu’ils tiennent chapelle, quand ils assistent à l’Office avec de grandes cérémonies aux jours solennels. Sacræ supplicationes à Principibus viris obiri solitæ in templis ex solenni formula.

☞ On appelle la chapelle du Roi, le lieu où le Roi entend ordinairement la Messe ; & la musique de la chapelle, les Musiciens qui chantent pendant la Messe. On appelle aussi la chapelle du Roi, le corps de tous les Officiers qui servent à sa chapelle, & particulièrement ceux de la Musique. Symphoniacorum musicorum chorus. Cette manière de parler vient des Italiens, qui appellent chapelle, capella, une assemblée, un corps de Musiciens, & Maître de chapelle, Maestro di capella, celui que nous appelons Maître de Musique. Les Maîtres de la Chapelle du Roi ont été autrefois appelés Abbés, Archichapelains, Secretaires & Chanceliers, car ils gardoient le cachet du Roi. Du Cange.

On appelle encore chapelle, l’argenterie que les Rois, les Prélats & les Grands-Seigneurs ont pour servir à leur chapelle, la croix, les chandeliers, le calice, les burettes, le bassin, &c. Sacra sacelli suppellex. Cet Evêque a acheté la chapelle de son prédécesseur.

Chapelle, se dit aussi des petits temples des fausses Religions. Fanum orarium. Le Chérif alloit quelquefois à une espèce de chapelle qui est dans le dehors de Moka, où l’on prétend qu’il y a des Prophètes enterrés. Voyage de l’Arabie Heureuse p. 140

Chapelle, en Chimie, est le couvercle d’un alembic, pour distiller. Aquæ stillatitiæ apex clibanaris. Il se prend aussi pour une espèce d’alembic dont la cucurbite est basse, cylindrique, le fond plat, & le chapiteau conique & très-élevé.

Chapelle, en terme de Marine, est un revirement de navire inopiné, & qu’on fait malgré soi. Circumactio navis inopina. Faire chapelle, c’est virer malgré soi, lorsque le Timonier gouverne mal, & que par son imprudence le vaisseau est venu trop au vent. On fait aussi chapelle, ou par la force des courans, ou lorsque pendant un calme on n’a pû reconnoître le peu de vent qui règne : quand cela est arrivé, il faut prendre le vent, & remettre le vaisseau.

Chapelle, est aussi un petit chapiteau de cuivre qui couvre le pivot de l’aiguille aimantée dans la boussole. Operculum æreum.

Chapelle de viole. C’est en termes de Luthier, la partie de la viole qui couvre la roue. Operculum.

Chapelle, se dit parmi les Boulangers & les Pâtissiers de la voûte du four. Fornix, camera. La chapelle de ce four est trop ardente.

Chapelle, (droit de) est une rétribution en argent que les Magistrats, Avocats, Procureurs & autres Officiers payent lors de leur réception, pour l’entretien de la chapelle commune qui est dans l’enceinte du Tribunal. Encyc.

Chapelle de la Reine. (la) Petite ville de France au Gâtinois, à trois lieues de Fontainebleau.

Chapelle du Viller. (la) Ville de France dans le Charolois, à une lieue de Sainte-Hélène.

☞ Il y a en France un grand nombre de lieux & de villages qui portent le nom de la Chapelle, dont la liste seroit trop longue.

CHAPELLENIE. s. f. est, selon Rebusse, la même chose que la chapelle au second sens ci-dessus expliqué ; c’est-à-dire, un Autel renfermé sous le toit d’une autre Eglise. Sacellum reditibus annuis instructum. Panorme est d’un avis tout contraire & prétend que c’est une chapelle sub dio. D’autres avec plus de raison, appellent chapellenie, le titre du bénéfice ; & chapelle, l’Autel où il est desservi. Loiseau appelle chapellenie tout bénéfice à simple tonsure. La différence la plus juste entre chapelle & chapellenie, est que la chapelle est corpus per se existens, & sub dio ; & la chapellenie est sub tecto, & se qualifie sub invocatione, ou ad altare talis Sancti ou Sanctæ, &c. C’est-à-dire, que la chapelle est proprement une petite Eglise séparée de toute autre Eglise ; & la chapellenie, une partie d’une grande Eglise, dans laquelle il y a un Autel. M. Chasselain, dans l’explication des noms anciens ou peu connus, définit la chapellenie, un bénéfice qui doit être desservi à l’Autel d’une chapelle.

M. Fléchier écrit chapellainie. Quand il fut en liberté & paisible possesseur de son bénéfice, il le permuta avec la grande chapellainie de l’Eglise de Siguença. Fléch. Vie de Ximénes, L. I, p. 10. L’usage est pour chapellenie.

CHAPELURE. s. f. Particule qu’on retranche des croûtes du pain quand on le chapèle. Crustæ panis clavâ decussæ ; crustæ decisæ. Les Boulangers vendent aux pauvres gens les chapelures de pain pour faire du potage. On s’en sert aussi fort souvent à épaissir de certaines sauces, à nourrir des volailles.

CHAPERON. s. m. Ancien habillement ou couverture de tête, tant pour les hommes que pour les femmes. Tegmen capitis quo veteres Franci utebantur, vulgo capero. Le chaperon des hommes étoit une coëffure de drap bordée de fourrures par devant, qui avoit une longue queue pendante par derrière. Les Magistrats en avoient de rouges fourrés de peaux blanches, & les Avocats de noirs fourrés de mêmes peaux. L’aumusse des Chanoines étoit aussi une espèce de chaperon qu’ils portoient en tête, qu’on appeloit capulare. Depuis les gens de robe l’ont mis sur l’épaule, & les Chanoines sur le bras. Amiculum quod altero gestant humero Magistratus, brachio Canonici, epomis. Borel remarque que ce fut un nommé Patrouillet qui changea l’usage des chaperons, & qui amena la mode des bonnets carrés. Ménage dit que les gens d’Eglise portoient un chaperon de diverses couleurs. Borel dit de deux couleurs seulement.

Li chaperons partis, longue robe vergie,
Sont si aornement dont bobande Clergie.

En général les chaperons étoient portés tant par les grands Seigneurs que par le peuple ; & on saluoit en le reculant un peu, comme font maintenant les Moines. Cette mode a duré en France pendant la première, deuxième & troisième race jusqu’à Charles V, VI & VII, sous le règne desquels on portoit encore ces chaperons à longue queue, que les Docteurs & Licenciés ont retenu pour marque de leurs dégrés, & qu’ils ont fait descendre de leur tête sur l’épaule ; ce qui se prouve par plusieurs anciennes médailles, monnoies & figures. Alain Chartier dit qu’en 1447, Charles VII fit commandement à tous hommes de porter une croix sur leur robe, ou chaperon ; ce qui prouve que tout le monde en portoit alors. Et Monstrelet dit dans son premier Tome, que la Reine Isabelle haissoit Jean Tord, de ce que lui parlant il ne levoit son chaperon, ce qui fait connoître qu’on le levoit en parlant. Mais cela ne se faisoit que par les hommes, & non par les femmes. Pasq. Pendant plus de mille ans on ne s’est couvert la tête en France que d’aumusses & de chaperons. Le chaperon étoit à la mode dès le temps des Mérovingiens : on le fourra, sous Charlemagne, d’hermine ou de menu vair. Le siècle d’après on en fit tout-à-fait de peaux. Ces derniers s’appeloient aumusses ; ceux qui étoient d’étoffes retinrent le nom de chaperons. Tout le monde portoit le chaperon : les aumusses étoient moins communes. On commença sous Charles V à abattre sur les épaules l’aumusse & le chaperon, & à se couvrir d’un bonnet. Le Gendre.

Le chaperon des femmes étoit une bande de velours qu’elles portoient sur leurs bonnets ; & c’étoit une marque de bourgeoisie. Tegmen capitis muliebre.

☞ On appelle figurément grand chaperon, ou chaperon tout court, une femme déjà âgée, sous la conduite de laquelle on met une jeune fille, & qui l’accompagne dans les compagnies, ou par bienséance, ou pour répondre de sa conduite. Femina ætate provectior.

Chaperon, se dit aussi de l’ornement en broderie qui est au dos d’une chape. Aureum textile posticam trabæ sacræ partem adornans. Pluvialis humerale.

Chaperon, est une marque de Docteur ou de Licencié-ès-Arts, en Théologie, Jurisprudence & Médecine, laquelle se porte sur l’épaule gauche, & qui est de même forme que ce que les Anciens mettoient sur leur tête pour la couvrir. Amiculum quod sinistro humero gestare soient Doctores, humerale. Ceux qui portent le deuil, mettent une grande pièce d’étoffe carrée au haut de leur robe, qui traverse d’une épaule à l’autre, qui s’appelle aussi chaperon, parce qu’elle servoit autrefois à mettre autour de la tête. Les Docteurs & Bacheliers portent le chaperon pour marque de leurs dégrés. Il est différent selon leur Ordre, & de différente couleur selon les différentes Facultés. Les Docteurs en Théologie le portent noir ou violet, & les Docteurs en Droit & en Médecine le portent rouge.

Chaperon, est aussi le devant d’une robe de deuil, dont on ne se sert plus que dans les grandes cérémonies, lequel pend presque sur les genoux, & qui cache entièrement le visage. Pars togæ pullatæ arterior totum hominem à capite ad genua operiens.

☞ On donne encore ce nom à certains petits écussons & autres ornemens qu’on met sur la tête des chevaux qui tirent le cercueil dans les pompes funèbres.

Chaperon, est encore une espèce de camail qui couvre la tête, les épaules & l’estomac de certains Religieux, comme Maturins, Bernardins, Augustins, &c. Il se termine en pointe, & descend fort bas par derrière. Humerale. Voyez Thiers. Histoire des perruques.

Chaperon. s. m. Nom de faction. Il y a eu deux factions en France, dont les Partisans ont été appelés chaperons, à cause des chaperons qu’ils portoient.

☞ Nos Historiens au moins le disent ainsi. Mais s’il est vrai, comme on n’en sauroit douter, que l’usage des chaperons étoit alors général, & qu’il le fut même long-temps après, comment auroit-on donné une dénomination particulière à un parti, prise d’un habillement commun à tout le monde ? A moins qu’on ne suppose que ceux de ce parti portoient des chaperons d’une forme particulière.

Les premiers chaperons s’élevèrent sous le Roi Jean en 1358. Leur Chef étoit Marcel, Prevôt de Paris ; & les seconds en 1413, sous Charles VI : ils avoient à leur tête Jean de Troyes, Chirurgien. Ceux-ci portoient un chaperon mi-parti de rouge & de bleu.

☞ En 1565, il parut en Flandre, sous le Comte Louis, des factieux, nommés chaperons blancs, dont l’objet étoit de faire diminuer les impôts dont le peuple étoit surchargé, & de rétablir l’ordre dans les Finances.

Chaperon, en termes de Fauconnerie, est le morceau de cuir, dont on couvre la tête des oiseaux de leurre, pour les affaîter. Accipitris cucullus. Les chaperons sont marqués par points depuis un jusqu’à quatre. Le premier d’un point, est propre au rierceler du faucon. Chaperon est aussi le dessus de la tête de certains oiseaux.

On appelle aussi chaperon, cette patrie du fourreau des pistolets qui sert à les couvrir, quand il pleut.

Chaperon, en termes de Maçonnerie, est la couverture d’un mur qui a deux égouts, ou un petit rebord de deux ou trois doigts, qu’on fait aux faîtes des murs de clôture, & qui fait connoître à qui appartient le mur. Muri fastigium utrinque inclinatum. Ainsi quand le chaperon n’a d’égout ou de larmier que d’un côté, le mur appartient à celui dont il ferme l’héritage. Quand il est des deux côtés, c’est une marque que le mur est mitoyen. On appelle chaperon en bahu, celui dont le contour est bombé.

Chaperon. Terme d’Horlogerie. C’est une plaque ronde, placée, par exemple sur le pivot d’une roue de cheville de sonnerie des quarts, pour faire lever le détentillon de la sonnerie des heures par le moyen d’une cheville. Chaperon se dit de plusieurs cercles qui servent à différens usages.

Chaperon, en termes d’Eperonnier, est ce qui termine une embouchure à écache, & par où on l’assemble avec la branche.

Le dessus d’une potence s’appelle chaperon de potence ; & celui d’une presse à imprimer des estampes, s’appelle chaperon de presse.

☞ Dans les Imprimeries on appelle aussi chaperon, un certain nombre de feuilles de papier qu’on veut faire imprimer : pour servir aux épreuves & à remplacer celles qui sont défectueuses.

On disoit autrefois proverbialement, qui n’a point de tête, n’a que faire de chaperon. Deux têtes en un chaperon, dans le même sens qu’on dit aujourd’hui, deux têtes dans un bonnet ; pour signifier deux personnes dans les mêmes intérêts, ou dans les mêmes sentimens. Pasquier.

CHAPERONNER, v. a. Bonneter quelqu’un, lui faire bien des révérences, & des sollicitations. Nudato capite sistere se alicui supplicem. Les Juges veulent être bonnetés & chaperonnés. Ce terme est populaire & inusité aujourd’hui.

Chaperonner, en termes de Fauconnerie, c’est couvrir la tête d’un oiseau de proie de son chaperon. Accipitris caput cucullo instruere.

Chaperonner, terme d’Architecte, signifie poser un chaperon au haut d’un mur de clôture. Murum fastigio suo coronare. Je veux qu’on ne chaperonne cette muraille que de mon côté, car elle est bâtie sur mon fond & à mes dépens.

CHAPERONNÉ, ÉE. particip. en termes de Blason, se dit d’un épervier, ou d’un autre oiseau de proie qui est armé de son chaperon. Cucullo instructus, tectus.

CHAPERONNIER. Terme de Fauconnerie, qui se dit d’un oiseau de proie. Ce faucon est bon chaperonnier, il porte patiemment le chaperon. Accipiter cuculi patiens.

CHAPIER. s. m. Chantre, ou celui qui porte la chape dans une Eglise, pendant qu’on y fait l’Office divin, ou dans quelque cérémonie ecclésiastique. Sacerdos sacrâ trabeâ instructus. A la campagne on se sert quelquefois des paysans pour être Chapiers.

On appelle encore Chapier, une grande armoire où l’on garde dans les Sacristies les chapes tendues ou pliées.

CHAPITEAU. s. m. Ornement d’Architecture : partie supérieure d’une colonne, & qui porte immédiatement sur son fût. Capitulum, capitellum. Chapiteau Toscan, Etruscum. C’est le plus simple. Son tailloir est carré & sans moulure. Chapiteau Dorique, Doricum ; son tailloir est couronné d’un talon, il a trois annelets sous l’ove. Chapiteau Composite, a deux rangs de feuilles du Corinthien, & les volutes de l’Ionique ; Compositum. Chapiteau Attique, a des feuilles de refend dans le gorgerin ; Atticum. Chapiteau Symbolique ; il est orné d’attributs de Divinités, comme les chapiteaux antiques, qui ont des foudres & des aigles pour Jupiter, des trophées pour Mars ; Symbolicum. Les modernes portent la devise, ou les armes d’une nation. Le chapiteau Corinthien est le plus riche de tous ; Corinthiacum. Il est orné de petites volutes & d’oves ; Ionicum.

Chapiteau pilastre, est un chapiteau carré par son plan, ou sur ligne droite. Capitellum quadratum, seu rectà lineà descriptum. Chapiteau angulaire, est un chapiteau qui porte un retour d’entablement à l’encoignure d’un avant-corps ou d’une façade. Angulare, angulo extrorsum saliente. Chapiteau plié est le chapiteau d’un pilastre, qui est dans un angle rentrant droit, ou obtus. Plicatum angulo introrsum recedente, ou retrorsum prominente, ou protenso, ou eminente. Chapiteau galbé, est un chapiteau dont les feuilles ne sont qu’ébauchées. Capitellum foliis rudibus & imperfectis, ou rude. Chapiteau refendu, est un chapiteau dont la sculpture des feuilles est terminée. Capitellum foliis elaboratis ac perpolitis absolutum. Chapiteau écrasé, est un chapiteau trop bas, parce qu’il est hors de la proportion antique. Capitellum depressius. Chapiteau mutilé, est un chapiteau qui a moins de saillie d’un côté que de l’autre. Capitellum alterà parte mutilum. Chapiteau de balustre, est un chapiteau qui couronne un balustre. Capitellum collumellis impositum. Chapiteau de moulin, est la couverture en forme de cône, qui tourne verticalement sur la tour ronde d’un moulin, pour exposer les volans au vent. Moletrinæ fastigium coni in morem & versatile. Chapiteau de triglyphe, est une plate bande sur le triglyphe, Tænia ; c’est aussi quelquefois un triglyphe qui fait l’office de chapiteau à un pilastre Dorique. Chapiteau de niche, est une espèce de petit dais à une niche peu profonde, qui couvre une statue portée sur un cul-de-lampe en encorbellement. Capitellum statuæ loculamento in umbellæ morem impositum.

On appelle aussi chapiteaux de moulure, le Toscan & le Dorique, qui n’ont point d’ornement. Capitellum simplicibus toris ornatum. Et chapiteaux de Sculpture, tous ceux où il y a des feuilles, & des ornemens taillés. Capitellum variis incisum ornatumque soliis. Chapiteau colonne, est celui qui est rond par son plan. Capitellum cylindraceum. Chapiteau de lanterne, est la couverture qui termine une lanterne de dôme. Concamerati fastigii ornamentum, tectum.

Chapiteau, en termes de Menuiserie, se dit de la corniche d’un buffet, ou du petit fronton ou ornement qu’on met dessus, & même de ce qui sert à couvrir quelque chose. Abaci corona, fastigium. On a brisé en déménageant le chapiteau de cette armoire.

Chapiteau. En termes d’Artillerie, ce sont deux ais joints ensemble que l’on met sur la lumière d’un canon, pour empêcher le vent d’emporter l’amorce, ou la pluie de la mouiller.

Chapiteau. Terme de Cirier, est aussi un morceau de carte qu’on met au milieu des torches pour recevoir la cire qui en dégoutte dans les processions. Cucullus cartaceus. Il est taillé en forme de cône renversé.

Chapiteau d’Artifice, est une espèce de cornet ou couvercle conique, qu’on met sur le pot au sommet d’une fusée volante, non-seulement pour le couvrir, mais aussi pour percer plus facilement l’air en s’élevant en pointe.

Chapiteau, en Botanique. Ce terme est très-commode pour exprimer certaines parties des fleurs & des fruits. Du Hamel.

☞ En Chimie on appelle chapiteau, un vaisseau qu’on place au-dessus d’un autre appelé cucurbite, & dans lequel s’élèvent les vapeurs ou liqueurs que le feu fait monter dans la distillation. Le chapiteau est garni d’un tuyau que l’on nomme bec, par où vont tomber les liqueurs dans le récipient. Les chapiteaux qui n’ont point de bec ou d’issue pour le passage des vapeurs, se nomment chapiteaux aveugles.

CHAPITRE. s. m. Ce mot désigne le corps des Chanoines. La Communauté des Ecclésiastiques d’une Eglise Cathédrale, ou Collégiale. Canonicorum Collegium. Le Chapitre n’a plus de part dans l’administration du Diocèse, pendant la vie de l’Evêque ; mais il succède à toute la Juridiction Episcopale pendant la vacance du Siège. Chaque Chapitre a ses droits & les privilèges particuliers : cela dépend de la possession. Le Chapitre peut conférer, pendant la vacance du Siège, les Bénéfices auquels l’Evêque & le Chapitre avoient droit de pourvoir conjointement ; mais il ne peut pourvoir à ceux qui sont à la nomination de l’Evêque seul ; il faut les réserver à l’Evêque futur. Pour les collations forcées, comme celles qui se font à la nomination des Patrons laïques, ou en vertu des indults, elles appartiennent au Chapitre, sede vacante. Fevret. Les Doyen, Chanoines & Chapitre d’un tel lieu, sont les qualités qu’on donne dans les procès à ces Communautés. L’Archevêque a reçu le Roi à la tête de son Chapitre. Ce Bénéfice est à la collation d’un tel Chapitre. La plupart des Chapitres d’Allemagne se sont rendus fameux, parce qu’on n’y reçoit que des Nobles de quatre races. Il n’y en a en France que trois de cette espèce, celui de S. Jean de Lyon, de S. Pierre de Mâcon & de S. Julien de Brioude. Dans celui de Lyon, il s’est trouvé en même temps un fils d’Empereur, neuf fils de Rois, & quatorze fils de Ducs, comme témoigne le Père Jean de S. Aubin dans l’Histoire de la ville de Lyon. Les noms de Chapitre & de Chanoines n’ont commencé à être en usage que vers le temps de Charlemagne, comme le prouve Marcellus Ancyranus dans le Traité qu’il a fait sur la Decrétale d’Honoré III, super specula de Magistris.

Chapitre, est aussi l’assemblée que tiennent les Chanoines, les Religieux & les Ordres Militaires pour délibérer de leurs affaires, & régler leur discipline. Canonicorum, Religiosorum, Ordinum Militarium conventus. Les Chapitres généraux de Cluni, de Ciseaux. Le Chapitre s’assemble au son de la cloche. Le Chapitre général de l’Ordre. Generalis totius Ordinis conventus. Ce Religieux a été blâmé, châtié en plein Chapitre. Les Chevaliers du S. Esprit ont tenu leur Chapitre un tel jour. Papias dit qu’on les a appelés Chapitres, quod capitula ibi legantur. Le nom de Chapitre autrefois ne convenoit proprement qu’aux Eglises Cathédrales.

J’ai maints Chapitres vûs,
Qui pour néant se sont ainsi tenus ;
Chapitres non de rats, mais Chapitres de Moines,
Voire Chapitres de Chanoines. La Font.

C’est l’Ordre de Citeaux qui a le premier établi des Chapitres généraux, que les autres ensuite ont imités. La fameuse Constitution qu’on nomme dans cet Ordre la carte de charité, qui fut faite en 1219, ordonne que tous les Abbés viendront au Chapitre général qui se tiendra tous les ans. Ce n’est pas cependant par cette carte de charité qu’ils ont été établis, car elle ne fut publiée qu’en 1124 dans le Chapitre général, & le premier s’étoit tenu en 1116, ainsi que nous l’apprend l’Histoire Latine de Citeaux par D. Manrique, à l’an 1116, ch. 1.

On appelle pain de Chapitre, le pain qu’on distribue chaque jour aux Chanoines dans quelques endroits. Panis triticens Canonicis distribui singulis diebus solitus. Il y a aussi une espèce de pain qu’on appelle pain de Chapitre.

Chapitre, se dit aussi de la salle ou du lieu où se tient cette assemblée des Chanoines, Religieux, ou Chevaliers. Locus conventibus habendis destinatus, capitulum, conciliabulum. Chez les Moines le Chapitre est ordinairement au milieu du cloître. Le Chapitre fait partie des lieux réguliers. Le Chapitre de Saint Lazare se tient présentement à S. Jacques de l’Hôpital.

Chapitre, est aussi une division d’un ouvrage, ou d’un livre, afin que les matières soient plus distinguées & moins confuses. Caput. Les anciens ne distinguoient point leurs livres par chapitres & par articles. C’est une grande commodité pour les Lecteurs de faire une table des chapitres. Cette autorité est tirée d’un tel chapitre de la Genèse. Papias dit que ce nom lui a été donné ex eo quòd sit alterius sententiæ caput, vel quòd capiat totam summam. S. Augustin a dit que les chapitres, qui sont le juste partage d’un livre, soulagent les Lecteurs, comme les hôtelleries soulagent les Voyageurs.

Chapitres. (Les trois) Cette expression est si fameuse dans toutes nos Histoires Ecclésiastiques, & l’on en parle si souvent dans les disputes de ce temps, qu’il est à propos de l’expliquer. En 436, Théodoret, ami de Nestorius, condamné en 431 au Concile d’Ephèse, crut qu’un moyen sur de soutenir la doctrine & le parti de son ami, & d’accabler saint Cyrille, étoit de lui opposer Diodore de Tarse & Théodore de Mopsueste, qui étoient dans une grande réputation parmi les peuples. Dans ce dessein, il fit des extraits des ouvrages de ces deux Auteurs, dans lesquels ils disoient la même chose que Nestorius, & presque dans les mêmes termes. On fit un volume de ces extraits, dans lequel à chaque proposition des douze anathèmes de saint Cyrille, on opposoit un ou plusieurs chapitres des SS. Pères ; c’est ainsi qu’on appeloit Diodore & Théodore. En même temps Ibas, Prêtre d’Edesse, grand Nestorien & ami de Théodoret, écrivit à Maris, Evêque en Perse, dont il étoit ami, & avec lequel il entretenoit un commerce de lettres ; il lui écrivit, dis-je, une lettre par laquelle, après lui avoir dit que l’affaire de Nestorius étoit finie, & la paix rendue à l’Eglise, il lui faisoit entendre que c’étoit une intrigue de la Cour, qu’il avoit fallu céder au temps, & sacrifier Nestorius à la haine des grands, que la sévérité de sa morale avoir irrités contre lui ; que d’ailleurs, il avoit eu tort de ne pas éviter dans ses Sermons quelques termes nouveaux, dont il avoit usé. On mit cette lettre à la tête des extraits dont j’ai parlé, pour y servir comme de préface ; & après ces mêmes extraits, Théodoret ajouta deux écrits qu’il avoit composés, l’un devant le Concile d’Ephèse, & l’autre après, contre les anathèmes de saint Cyrille. Ce sont ces trois choses, la lettre d’Ibas, les ouvrages ou plutôt les extraits de Diodore & de Théodore, & les écrits de Théodoret contre les anathèmes de saint Cyrille, qu’on appela & qu’on appelle encore aujourd’hui les trois chapitres. Le P. Doucin prétend, dans son Histoire du Nestorianisme, L. III, p. 281, que pour parler plus exactement, il faut dire, les trois articles, au lieu des trois chapitres. Mais outre qu’on ne voit pas trop la différence, ni à quel égard il importe de dire articles, plutôt que chapitres, l’usage est de dire, les trois chapitres ; & en fait de langue, c’est à l’usage qu’il s’en faut tenir.

En 553, le Ve Concile général, qui est IIe de Constantinople, condamna dans sa VIIIe Conférence les trois Chapitres. Le Pape Vigile les condamna aussi. La dispute que le Pape Vigile eut avec l’Empereur Justinien pour les trois Chapitres, c’est-à-dire pour les trois personnes, de Théodore, d’Ibas & de Théodoret, & non pas pour la doctrine de la foi, dont il ne s’agissoit point, fut plus importante & plus aigre. Godeau. Il parle plus exactement encore un peu après, où il dit que dans cette question, il ne s’agissoit pas de la doctrine de l’Eglise, mais seulement des personnes de Théodore de Mopsueste, d’Ibas d’Edesse, & de Théodoret de Cyr, & du fait de leurs écrits. Ce qui montre que la question étoit de savoir si ces trois écrits étoient hérétiques ou non, & qu’on croyoit alors l’Eglise Juge infaillible de ces sortes de faits.

Chapitre, en termes de Palais, se dit seulement des différentes parties dans lesquelles un compte est divisé. Le chapitre de recette, de dépense, de reprise. Le premier article du chapitre de recette a été rayé.

Chapitre ou Capitule, en termes de Bréviaire, est un trait de l’Ecriture, qui se dit par l’Officiant en toutes les heures avant l’hymne, ou avant les répons des petites heures. Capitulum, lectio Breviarii. Saint Benoît appelle le chapitre de l’office, leçon, lectio ; quelques autres anciens Auteurs ecclésiastiques l’appellent collection, collectio, ou petite leçon, lectiuncula ou verset, petit verset, versiculus. Le vénérable Bède prétend que la coutume de réciter plusieurs fois le jour, c’est-à-dire, à toutes les parties de l’office divin, de petits chapitres de la sainte Ecriture, a été établie pour imiter les Israëlites, qui du temps d’Esdras lisoient quatre fois le jour quelque chose des livres de la Loi. Voyez le Cardinal Bona. Les capitules ou chapitres, se doivent chanter tout droit, avec une seule inflexion de la tierce mineure à la fin, conformément & selon l’usage universel de toutes les Eglises cathédrales, collégiales & considérables. Nivers.

Chapitre, se prend aussi, pour sujet, matière. Argumentum. Cette manière de parler & d’user du mot de chapitre est figurée ; mais elle est fort en usage. Chapitre en ce sens, s’exprime quelquefois par la proposition de avec l’ablatif, comme dans les deux premiers exemples suivans. Quand cet homme est sur le chapitre des cagots, il ne se peut taire. N’attaquez pas cet homme sur le Droit, il est plus fort que vous sur ce chapitre-là. Quelquefois on le supprime dans le latin, comme dans les exemples suivans. Ce goinfre entend bien le chapitre des sauces ; c’est-à-dire, il entend bien les sauces. Après qu’on eut parlé de plusieurs choses, enfin on en vint sur son chapitre, c’est-à-dire, à parler de lui, à l’examiner.

On dit proverbialement, qu’un homme n’a point de voix en chapitre ; pour dire, qu’il n’est d’aucune considération dans sa compagnie, dans sa famille. Quand la femme gouverne la maison, on dit, le mari n’a point de voix en chapitre, est sans crédit, sans autorité.

CHAPITRER. v. a. Corriger, châtier un Moine, un Chanoine en plein Chapitre. Aliquem reprehendere. Il n’a guère d’usage au propre.

Ce mot vient de capitulare, qu’on a dit dans la basse latinité dans le même sens.

Chapitrer, au figuré, se dit pour réprimander quelqu’un, lui remontrer sa faute en paroles un peu fortes. Vous faites cela sans en parler à votre femme, vous serez tantôt chapitré. Ce mot figuré est venu du propre ; mais il est du style familier. Je l’ai chapitré sur le peu de respect qu’il portoit à son père. Molière.

Chapitré, ée. part.

CHAPLIS. Vieux mot françois qui signifie, bruit des coups d’épées donnés sans cesse & fort redoublés, particulièrement sur les armes. Armorum ex frequenti collisu strepitus. Il étoit fort en usage dans les romans, aussi-bien que chaple, qui signifie combat, & venoit de chapla, mot de Languedoc, qui signifie frapper.

CHAPON. s. m. Poulet mâle qu’on châtre pour l’engraisser. Capo, capus.

Ce mot vient de capus ou capo, qui en latin signifie la même chose, & qui vient du grec κάπτειν, qui signifie la même chose qu’ἐσθίειν, manger, ainsi il paroit par ses dérivés, κάπη, præsepe, une auge, κάπηλος, caupo, un homme qui donne à manger, un hôtelier, un cabaretier. On a donc ainsi nommé ces animaux parce qu’on les engraisse. Vossius, De Idolol., Lib. III, c. 91. Le P. Pezron dit que le grec κάπος, d’où sont dérivés le latin capo, & le françois chapon, vient du celtique cabon, qui a le même sens. ☞ La chair du chapon, soit bouillie, soit rôtie, est nourrissante & de facile digestion. C’est pourquoi elle convient aux convalescens.

Chapon, se dit figurément d’un morceau de pain qu’on met bouillir dans le pot. Immersum ollæ panis frustulum.

On appelle en termes de Palais le vol du chapon, une pièce de terre qui est autour d’une maison noble, d’aussi grande étendue que pourroit avoir le vol d’un chapon. Prærogative juris prædium.

L’aîné, dans le partage d’une maison noble, a le principal manoir, ou le vol du chapon. Suivant la coutume de Paris, ce vol de chapon est estimé à un arpent de 72 verges, ou 1580 pieds, ou 316 pas.

Chapon, se dit proverbialement en ces phrases. Qui chapon mange, chapon lui vient, pour dire, que le bien vient plutôt dans la maison de ceux qui en ont déjà, que chez ceux qui n’en ont point. On appelle aussi deux chapons de rente, deux choses, ou deux personnes d’inégale valeur, de taille différente, parce que de ces chapons il y en a d’ordinaire un gras, & l’autre maigre. On dit aussi d’une terre usurpée par quelqu’un, que ce n’est pas celui à qui elle appartient qui en mange les chapons. On dit aussi d’un homme qui est sujet à dérober, qu’il a les mains faites en chapon roti. On appelle aussi quelquefois ironiquement un châtré, un chapon, & on dit qu’il a été chaponné.

Chapon, terme de Vigneron, se dit en quelques endroits, comme synonyme de crossette. Ce n’est pas précisément comme le disent les Vocabulistes, un sarment que le Vigneron détache pour en faire du plant ; (& non pas du plan) mais une branche de vigne ou un sarment de l’année, où on laisse un peu de bois de l’année précédente, que l’on détache pour en faire une bouture. Ces branches ont le nom de chapon, à cause qu’en leur extrémité d’enbas il y a ordinairement de vieux bois, qui fait comme un cul de chapon. On se sert de ce mot en Bourgogne, & sur-tout aux environs d’Auxerre, au lieu qu’ailleurs on appelle ce plant des crossettes. Ainsi on dit, voilà de beaux chapons. Ces chapons sont tous altérés. Liger.

Chapon. On appelle ainsi les plus grandes peaux des élans. Pellis alces maxima. On employé les chapons à faire des bufles.

CHAPONNEAU. s. m. Diminutif du chapon. Coq nouvellement châtré. Junior capo.

CHAPONNER. v. a. Châtrer un poulet mâle pour le faire engraisser. Pullum gallinaceum castrare. Les Coquetiers de Délos sont les premiers qui aient chaponné les coqs, comme l’a remarqué Vossius sur un passage de Pétrone. Voyez De Vossius, Idol. Lib. III, c. 91.

Chaponné, ée. part. Castratus.

CHAPONNIÈRE. s. f. Vaisseau d’argent ou de cuivre étamé, pour mettre un chapon en ragoût. Vas coquinarium coquendis caponibus idoneum.

CHAPPAR. s. m. Terme de relation. Courier du Roi de Perse, portant les dépêches de la Cour dans les Provinces ; & les lettres des Gouverneurs à la Cour. Cursor. Les postes ne sont point établies ni réglées en Perse comme nous le voyons en France ; mais si l’on en croit M. Tavernier, quand la Cour y fait partir un Chappar, on ne lui fournit qu’un cheval, quelque long que soit son voyage. C’est l’Ecuyer du Sophi qui le lui donne. Il y joint un homme qui court après lui. Quand son cheval est las, il prend celui du premier Cavalier qu’il rencontre, & qui n’oseroit le lui refuser ; & il renvoie le sien à l’Ecuyer qui le lui a fourni, par l’homme qui le suivoit. Pour le maître du cheval nouveau qu’il a pris, il faut qu’il courre après le Chappar, ou qu’il envoie quelqu’un courir après lui pour ravoir son cheval, quand le Chappar démontera quelqu’autre Cavalier pour en changer.

CHAPPE. s. f. Voyez Chape.

CHAPPIN. s. m. Ëspece de chaussure dont on se sert en Espagne, & qui sert de surtout au soulier. Les chappins sont à peu près comme nos galoches, excepté qu’on ne se sert de galoches en France que pour tenir les souliers plus propres & plus nets, & pour éviter le froid en hiver ; en sorte qu’on les ôte en entrant dans l’Eglise, dans les maisons distinguées ; & qu’au contraire en Espagne les chappins des Dames sont des chaussures de cérémonie & de respect. Si les Dames avoient paru devant la Reine sans chappins, elle le trouveroit fort mauvais. Mad. Daunoy. Cotgrave est le seul Lexicographe qui parle des chappins. On peut dire que le déguisement d’Aurore (en Cavalier) la changeoit à un point, qu’Aurore & Don Félix paroissoient deux personnes différentes. Il sembloit même qu’elle fût beaucoup plus grande en femme qu’en homme. Il est vrai que ses chappins, car elle en avoit d’une hauteur excessive, n’y contribuoient pas peu. Gil. Blas, tom. II, p. 100.

CHAPTEL. Voyez Chepteil.

CHAPUCIER. s. m. Nom usité dans quelques Chapitres, comme dans celui de Reims. C’est un Officier qui a soin des chappes. Capparum custos.

CHAPUIS. s. m. Charpentier. Carpentarius. Ce mot se disoit autrefois, il est aujourd’hui hors d’usage. De chapuis, on avoit fait chapuiser, pour dire, travailler du métier de Charpentier. Ce verbe étoit actif, on disoit chapuiser des engins, pour dire, faire des machines.

☞ CHAPUT. s. m. Espèce de billot pour travailler l’ardoise & lui donner telle figure qu’on veut.

CHAQUE. Pronom m. & f. qui sert à singulariser les choses & les personnes. Quisque, quæque, quodque, quidque. A chaque Saint sa chandelle. Il mandie à chaque porte. Il étudie dix heures chaque jour. C’est la même chose que chacun ; mais il ne s’emploie pas indifféremment. Par exemple, on dit chaque langue. Vaug. N. Rem. On dit au contraire chacun en parle, chacun en cause. En général, chaque se met avec un substantif, c’est-à-dire, avec le nom de la chose dont on parle, & chacun se met absolument & sans substantif. Chaque se place toujours avant le substantif auquel il se rapporte.

Depuis cinq ans entiers chaque jour je vous vois,
Et crois toujours vous voir pour la première fois. Racine

☞ CHAQUI, CHUQUISACA ou la PLATA. Capitale de la Province de Los-Charcas au Pérou, le siège d’une audience royale & d’un riche Archevêché.

☞ CHAR. s. m. Espèce de voiture à deux roues, dont les anciens se servoient dans les triomphes, dans les cérémonies publiques, dans les jeux, dans les combats, &c. Currus. Il étoit monté sur un char, brillant. Plutarque a observé que Camille étant entré triomphant dans Rome, monté sur un char traîné par quatre chevaux blancs, cela fut regardé comme une innovation trop superbe. Pontanus ; L. III, De Stellis, dit qu’Erichthonius fut le premier qui attela les chevaux & les joignit à un char. L’usage des chars à la guerre étoit très-commun, dès le temps de Moïse ; les Egyptiens & les Chananéens en avoient grand nombre. Cyrus est le premier qui les a armés de faux.

.....Et tel que sur son char
Victorieux dans Rome entre notre César. Corn.

Voilà donc le triomphe où j’étais amenée !
Moi-même à votre char je me suis enchaînée. Rac.

On dit poëtiquement le char du Soleil, de la Lune. On le dit de même d’un carrosse magnifique.

☞ Ce mot est ancien gaulois, & vient de carr, vieux mot celtique, dont il est fait mention dans les Commentaires de César. Carrus.

Sur les médailles un char traîné, soit par des chevaux, soit par des lions, soit par des éléphans, signifie, ou bien le triomphe, ou l’apothéose des Princes. Pour le char couvert traîné par des mules, il ne marque que leur consécration, & l’honneur qu’on leur faisoit de porter leur image aux jeux du Cirque. P. Jobert. Ce char des femmes se nommoit pilentum, carpentum ou basterna. Voyez Basterne. Le char attelé de deux, de quatre, ou de six chevaux, ne marque pas toujours la victoire, ou le triomphe. Il y a d’autres cérémonies où l’on se servoit de chars : l’on y portoit les images des Dieux dans les supplications ; l’on y mettoit les images des familles illustres aux funérailles, & de ceux dont on faisoit l’apothéose. Enfin, l’on y conduisoit les Consuls qui entroient en charge, comme nous l’apprenons par les médailles de Maxence & de Constantin. L’une & l’autre portent, Felix processus Consulis Augusti nostri. P. Jobert.

Char de Junon. Cette Déesse avoit deux chars, l’un pour traverser les airs, qui étoit tiré par des paons ; & l’autre pour combattre sur la terre, attelé de deux chevaux. Celui-ci étoit à Carthage, ville favorite de la Déesse.

Char, se dit de semblables voitures dont on orne les carrousels, dont en se sert aux courses de prix, & autres semblables fêtes.

☞ On appelle char à l’Opéra, une espèce de trône dans lequel descendent les divinités, les magiciens, les génies & autres personnages, par le moyen des cordes auxquelles cette machine est suspendue.

Char, se dit aussi d’une grande charrette à quatre roues qui porte quantité de marchandises tout à la fois. Carrus, plaustrum. Ce char porte tout d’un coup 400 de foin. Il est de peu d’usage en ce sens. On appelle en Flandre Carton, celui qui conduit un char, ou chariot. Auriga. Ce mot vient de char, qui se prononce car en ce pays-là.

Char pour Chair, étoit, il y a 250 ans, le mot d’usage. Glossaire Bourguignon. Ce mot, ainsi que beaucoup d’autres, s’est conservé parmi le menu peuple de Bourgogne & de Champagne, qui sont deux Provinces contigues. L’Auteur du Glossaire du Roman de la Rose, dit qu’il se prononce encore ainsi en quelques Provinces.

Char (le) Petite rivière de France en Saintonge, qui a sa source à Paillé, & se jette dans la Boulonne à Saint Jean d’Angeli.

CHARA. s. f. C’est le nom d’une des constellations informes. C’est un chien de chasse qui est sous la queue de la grande Ourse.

CHARADE. s. m. Terme de relation. C’est le nom d’une des sept principales Sectes idolâtres de l’Inde. La principale occupation des Charades est le métier de la guerre, à laquelle ils s’appliquent, comme les Raspoutes ; mais les Charades, qu’on appelle autrement Soudras, ne servent que dans l’Infanterie,

CHARADRIOS. s. m. Nom d’oiseau, que je trouve employé par quelques habiles Fauconniers. On l’appelle aussi hiaticula, & oiseau de roche. Voyez ce dernier mot, qui est françois, dans l’article de Roche.

CHARAG. s. m. Terme de relation, C’est le tribut que les Chrétiens & les Juifs payent au Grand-Seigneur. Vectigal à Christianis Judæisve Turcarum Imperatori pendi solitum. Les femmes en sont exemtes. Les Prêtres, les Religieux Chrétiens, & les Rabbins des Juifs sont dispensés de le payer. Les hommes commencent à le payer à 9 ou à 16 ans. Il est de 10, de 12, de 15 francs, selon la richesse & l’ordonnance des lieux.

CHARAMEIS. s. m. Arbre des Indes, dont il y a deux espèces. L’un est grand comme un néflier, & ses feuilles sont semblables à celles du poirier, & d’un vert clair. Son fruit naît en grappes, il ressemble à une aveline : il se termine en plusieurs angles de couleur fort jaune, d’un goût stiptique, accompagné d’une acidité très-agréable. Les Indiens le mangent mûr & non mûr, confit avec du sel, pour exciter l’appetit. Ils en mêlent aussi dans leurs sauces. L’autre espèce est de la même grandeur, mais son fruit est plus gros. Ses feuilles sont plus petites que celles du pommier. Sa racine est laiteuse. Ces arbres croissent dans les forêts & sur les montagnes éloignées de la mer, en Canada & en Decan. Les habitans s’en servent en décoction contre les fièvres. Ils broient l’écorce de la racine de la première espèce avec de la moutarde, & en donnent aux asthmatiques, que cela purge vigoureusement par haut & par bas. Lémery.

CHARANSON ou CHARANÇON. s. m. Espèce de petit ver qui ronge le blé dans les greniers. Curculio. Le charanson qui se met dans les pois, est un peu plus gros que ceux qui se mettent dans le blé. Il ne faut point écrire charenson. Ce mot vient de χαρασσειν, sculpere, excavare.

CHARANTE. s. f. Quelques-uns écrivent Charente. Rivière de France. Carantonus, Caranthonus. La pénultième est brève dans ce mot latin. La Charante prend sa source aux confins de la Marche & du Limosin, traverse une petite partie du Poitou, l’Angoumois & la Saintonge, & se jette dans la mer de Gascogne, vis-à-vis de l’Ile d’Oleron.

☞ CHARAPETI. Voyez Chupiri.

☞ CHARBON. s. m. Bois à demi-brulé, corps noir, léger, provenu de la combustion du bois, qui ne va point jusqu’à la destruction. Carbo. Ce bois ne fait point de charbon, il ne fait que de la cendre. On se sert de charbon dans les cuisines, & par-tout où l’on ne veut point de feu qui fasse de la fumée. Les Physiciens disent que le charbon est noir, parce qu’il ne renvoie presque point de lumière, ce qui vient de la quantité prodigieuse de pores qu’il a, & qu’on y remarque avec le microscope. Le charbon ne fait presque point de fumée, parce que la plus grande partie de l’humidité du bois a été dissipée par le feu quand on a fait le charbon.

C’est une chose surprenante de voir la quantité de petits pores que le microscope découvre dans le charbon. Ils sont disposés par ordre, & traversent toute sa longueur, de manière qu’il n’y a point de charbon, quelque long qu’il soit, au travers duquel on ne puisse aisément soufler ; & si l’on en rompt un morceau un peu court, on voit le jour au travers avec le microscope. Dans un rang long de la dix-huitième partie d’un pouce, M. Hooka compté jusqu’à 150 pores, d’où il conclut que dans un charbon d’un pouce de diamètre, il n’y en doit pas avoir moins de cinq millions sept cens vingt-quatre mille. C’est à cette grande quantité de pores qu’il attribue la noirceur du charbon ; car il dit que quand un corps a beaucoup de pores, dans lesquels la lumière n’est point refléchie, il paroît nécessairement noir ; la noirceur n’étant autre chose qu’une privation de lumière, ou un défaut de réflexion. Voyez la Micrographie de cet Auteur. Les charbons servoient autrefois de bornes pour les juridictions & héritages, à cause qu’ils sont incorruptibles : on les mettoit bien avant dans la terre. De Rochef. Ils se conservent en effet si long-temps, qu’on en trouve de tout entiers dans les anciens tombeaux des peuples du Septentrion.

Il y a aussi un charbon artificiel, qu’on fait exprès dans les forêts de plusieurs moyennes branches d’arbres qu’on arrange en pyramide dans une grande fosse faite exprès, où on ne laisse qu’une petite ouverture par où on met le feu, & qu’on bouche quand le bois est assez consumé. Les forges ne se servent que de ce charbon. Le feu de charbon est très-violent. ☞ La vapeur insensible qui s’en exhale est très pernicieuse, & capable d’affecter dans un moment le cerveau & le genre nerveux. C’est pour cela qu’il est dangereux de se trouver dans un endroit fermé où l’on brûle beaucoup de charbon ou de braise. Ces vapeurs invisibles répandues dans l’endroit, causent des étourdissemens, des défaillances, des maux de tête accompagnés d’une privation de sentiment & de mouvement, & dans peu la mort, si on n’est pas promptement secouru. Le moyen le plus sur est d’exposer sur le champ le malade au grand air, & de lui faire respirer & avaler du vinaigre, dont l’acide est apparemment capable d’arrêter & de brider l’action de ces matières inflammables très-volatiles. M. Dodard dit qu’il y a du charbon de blé, qui est probablement du temps de César, qui s’est si bien conservé, qu’on distingue le froment d’avec le seigle, ce qui fait qu’il le croit incorruptible.

Charbon, est aussi une espèce de terre minérale, fossile & fort noire, qui sert aux forges des ouvriers qui travaillent en fer ; & on l’appelle charbon de terre. Carbo fossilis. Il y a des mines de charbon de terre à S. Etienne en Forêt, en Nivernois, en Bourgogne. Presque toute l’Angleterre est pleine de cette sorte de charbon. Voyez l’Histoire de Northampton, par M. Morthon. Il y a des mines de charbon de terre dans les côtes de l’Acadie.

☞ Ce charbon nommé aussi Lithautrax ne s’enflamme pas aisément, mais il brûle long-temps & rend une chaleur plus vive que toute autre matière inflammable : il est engendré par un suc bitumineux, ainsi que le Jayet. Sa couleur noire le fait nommer charbon ; ce n’est cependant qu’un limon noir, dont les parties se durcissent en pierres. Il ne laisse point de cendres après qu’il est brûlé, mais une matière noire, nommée mache-fer. On en fait un grand usage en Angleterre, à cause de la disette du bois. Quand on l’emploie à cuire les viandes, il leur communique une mauvaise odeur. On peut même croire que sa fumée est très-pernicieuse à la santé. Ne causeroit-elle point la consomption, maladie si commune en Angleterre. Il y en a qui est mêlé d’asphalte & de Jayet, d’autre mêlé d’un bois plein de bitume, d’autre rempli de souffre & de pyrites, d’autre alumineux, &c.

Charbon de pierre. Ce charbon, que quelques-uns confondent mal-à-propos avec le charbon de terre, quoiqu’ils n’ayent rien de commun que leur qualité inflammable, est une pierre minérale, sêche & sulfureuse, dont il se trouve diverses carrières dans plusieurs Provinces de France, particulièrement dans le Nivernois & le Bourbonnois.

Charbon de saule, est celui dont les Peintres & les Graveurs se servent pour faire des esquisses de leurs desseins. Pictoris carbo linearis. On le fait dans un canon de pistolet qu’on met au feu, pour faire brûler du bois de saule, & le convertir en charbon. Le charbon dont on se sert pour faire la poudre à canon, est de bois de bourdaine, autrement pevine, ou noir-prun.

Les Chimistes appellent charbon, ce qui reste des plantes dans le vaisseau distillatoire, lorsque le feu ne peut plus rien pousser dans le récipient.

Charbon, est aussi une tumeur maligne qui survient dans différentes parties du corps. Carbunculus. Elle est accompagnée d’une chaleur très douloureuse, de mortification, de lividité, & enfin de noirceur ; elle commence par une ou plusieurs pustules, sous lesquelles on trouve un ulcère putride couvert d’une croûte noire : elle commence aussi quelquefois par une croûte sans aucune pustule, & l’ulcère se forme sous cette croûte. Autour de cette tumeur il y a un cerne fort douloureux, quelquefois rouge, & quelquefois livide ou noirâtre. Le charbon est causé par un sel extrêmement âcre, caustique & malin, qui ronge & corrompt en peu de temps la partie sur laquelle il se décharge. Il est ainsi appellé de cette croûte noire qui ressemble à un charbon ; les Grecs l’appellent ἄνθραξ. Le charbon est quelquefois pestilentiel, & quelquefois il ne l’est pas. Lorsqu’il vient sans pustules, on le nomme pruna ou charbon ; lorsqu’il a des pustules, on le nomme feu persan, ignis persicus.

Charbon, en termes de Haras & de Maréchallerie, signifie une petite marque noire qui reste à la fève qui n’est pas encore toute effacée. Ce cheval prend huit ans, il n’a plus qu’un petit charbon : ce terme n’est en usage que dans quelques Provinces. Dict. de Manège.

On dit proverbialement, il y a bien du charbon de rabais, pour dire, que quelque chose a bien diminué de prix. On dit d’un homme qui a une fièvre ardente, qu’il brûle comme un charbon.

On dit figurément dans le style de l’Ecriture, amasser des charbons sur la tête de son ennemi pour dire, le rendre plus inexcusable, & attirer sur lui la vengeance de Dieu, en lui rendant le bien pour le mal. Acad. Fr.

CHARBONNÉE. ☞ Petit morceau de chair de porc ou de bœuf, sans graisse, qu’on fait ordinairement griller. Tostæ carnis offella, frustulum. Il signifie encore un petit aloyau, ou une côte de bœuf

CHARBONNER. v. a. Gâter, salir avec du charbon. Carbone denigrare. On le dit aussi de ceux qui dessinent avec du charbon. Carbone describere, delineare.

Charbonner une figure, une esquisse, une muraille : c’est y tracer des figures avec du charbon. Les Peintres emploient aujourd’hui le charbon de saule pour leurs esquisses. ☞ Quand un dessein est trop chargé de crayon, quand les traits ne sont pas nets, quel que soit le crayon, on dit qu’il est charbonné. Alors il est synonyme à barbouillé, & se prend toujours en mauvaise part.

Charbonner, se dit aussi au figuré, pour noircir la réputation d’une personne, la déchirer par quelque sanglante raillerie ; mais ce n’est que du style bas & comique. Alicui infamiam inferre, aliquem infamam facere. Il me sollicite de la charbonner dans mes vers. Main.

Charbonné, ée. part.

☞ Blé charbonné. Celui qui est attaqué par une maladie qui rend la farine noire & de mauvaise odeur. Voyez Charbouiller.

Charbonné, en Peinture. Voyez Carbonner.

CHARBONNEUX, EUSE. adj. Terme de Médecine. Qui tient du charbon pestilentiel, qui y ressemble en quelque manière. Anthracodes. Des pustules charbonneuses sont des signes de la peste. Astruc.

CHARBONNIER. s. m. Celui qui fait ou qui vend le charbon. Carbonarius. On le dit aussi de ceux qui portent le charbon, dont les uns sont Maîtres créés en titre d’Office, & ainsi Officiers de Ville : les autres sont valets, & servent sous eux ; & ils les appellent Plumets & Garçons de la pelle.

Charbonnier, est aussi un petit lieu où on serre le charbon dans les maisons. Conclave Carbonarium.

On dit proverbialement, la foi du charbonnier, quand on parle de la foi d’un homme simple qui croit bonnement & sans examen tout ce que l’Eglise croit. Ce qui tire son origine de ce qu’on dit que le Diable tenant un Charbonnier, lui demanda quelle étoit sa croyance. Il répondit : je crois tout ce que l’Eglise croit. Et étant pressé par le même Esprit de lui dire ce que croyoit l’Eglise, il répliqua, elle croit ce que je crois. Et ayant toujours persévéré dans les même réponses, il rendit le Diable confus. M. Drelincourt a dit là-dessus que c’étoit quelque pauvre jeune Diable qui n’étoit pas des plus fins ; parce qu’autrement il auroit demandé au Charbonnier, qu’est-ce que toi & l’Eglise croyez ? & alors le Charbonnier n’auroit su que répondre. La raillerie de ce Ministre Calviniste est fade ; car en supposant que l’histoire qui a donné lieu au proverbe est véritable, le Charbonnier étoit très-sage de ne répondre qu’en général au Diable qui vouloit l’embarrasser, & lui faire perdre la foi : & M. Drelincourt qui blâme la réponse du Charbonnier, & qui rit de la prétendue simplicité du Diable, ne blâmeroit pas apparemment la conduite d’une Dame de qualité, qui étoit Huguenote, & qui répondoit à Rouen à peu-près la même chose à un Catholique, il auroit appréhendé qu’en venant au détail elle n’eût reconnu la vérité. De plus, le Charbonnier eût répondu à la question du Diable de Drelincourt, s’il l’avoit faite, je ne suis pas obligé de savoir en détail tout ce que l’Eglise croit. J’en sais ce que j’en dois savoir, & pour le reste je le crois dans la foi de l’Eglise, disposé à faire un acte de foi sur chaque article en particulier, quand il me sera proposé à croire ; & le Diable de Drelincourt, quelque fin qu’il eût été, n’eût pas eu un mot à répliquer.

On dit aussi proverbialement que le Charbonnier est maître en sa maison. Ce proverbe vient de ce que le Roi François I, s’étant égaré à la chasse, fut contraint de passer la nuit dans la loge d’un Charbonnier, comme un Chasseur inconnu. Le Charbonnier s’assit le premier à la table, en disant que chacun étoit le maître en sa maison. Cependant il servit le Roi d’un morceau de venaison, en le priant de n’en rien dire au grand nez : c’est ainsi que le peuple nommoit le Roi. Le lendemain pour recompenser son hôte, le Roi octroya à sa considération que le trafic du charbon seroit exemt pour lui de tous impôts, tant par eau que par terre.

CHARBONNIER. s. m. C’est une espèce de mézange qui est plus noire que les mézanges ordinaires : ce qui lui a fait donner ce nom.

CHARBONNIÈRE. s. f. Est une place qu’on marque dans le bois pour faire le charbon. Carbonarii fornax. L’Ordonnance ne permet en coupant les bois, qu’un certain nombre de charbonnières.

Charbonnière est aussi, celle qui fait ou vend du charbon, ou la femme d’un Charbonnier.

Charbonnière. s. f. Prison à l’hôtel de ville où l’on enferme ceux qui ont commis quelque délit sur la rivière, quais, ports & autres lieux dont la Juridiction appartient aux Prévôt des Marchands & Echevins.

☞ Il y a de même dans quelques maisons royales, au Luxembourg & ailleurs, des prisons ainsi nommées à cause de l’obscurité de ces endroits.

Le mot de charbon & ses dérivés viennent du latin carbo, qui vient du grec κάρφειν, siccare, arefacere.

Charbonnières, en Vénerie. Terres rouges où les cerfs vont fraper leurs têtes, après avoir touché aux bois ; ce qu’on appelle brunir. Elles en prennent la couleur.

CHARBOUILLER. v. a. Terme d’Agriculture, pour exprimer les effets de la nielle. La nielle charbouille les blés, elle les rouille, & remplit quelques grains de chaque épi de froment, d’une certaine poussière noire, au lieu de farine, qui noircit tout l’autre blé. Pour préserver les blés de la rouille, laquelle charbouille, comme on dit, plusieurs grains de chaque épi de froment, on secoue la rosée du matin avant le lever du soleil, par le moyen d’une corde qu’on tend des deux côtés du blé, qu’on touche par-dessus avec violence. Journ. des Sç. du 4 Janvier 1677. On est obligé de laver dans des cuves le blé qui a été charbouillé par la nielle, & de l’étendre sur des draps au soleil, pour le faire sécher.

CHARBUCLE. s. f. Voyez dans le Dictionnaire Economique la manière d’empêcher les charbucles au blé.

CHARCANAS. s. m. Etoffe de soie & de coton, qui se fabrique aux Indes Orientales.

☞ CHARCAS. Province du Pérou avec une Audience Royale, dont la capitale est Chuquisaca ou la Plata, Archevêché très-riche.

CHARCUTER. v. a. Hacher, ou tailler de la viande, comme font les Charcutiers ; parce qu’on disoit autrefois char pour chair. Concidere minutim, minutatim concidere. ☞ Il n’est plus d’usage au propre ; mais figurément on le dit de ceux qui coupent mal-adroitement les viandes à table. Malé, imperitè concidere. Il a charcuté cette longe de veau.

☞ On le dit dans le même sens d’un Chirurgien mal-adroit, qui dans une opération, taillade les chairs d’un malade ou d’un blessé. Au reste tout cela est du discours familier.

☞ Si on le dit des autres choses taillées mal-proprement, ou défigurées ; d’un Tailleur, qu’il a charcuté une étoffe ; d’un Menuisier, qu’il a charcuté, gâté une pièce de bois : cela est du style bas.

Charcuté, ée. part. pass. & adj.

CHARCUTERIE. s. f. Ce mot se trouve dans Pomey pour signifier le peu d’adresse avec laquelle on taille, on fait quelque chose. Faciendi tractandique operis inscitia.

CHARCUTIER. s. m. On écrivoit & on disoit autrefois Chaircutier, ou plûtôt Chaircuitier, comme fait M. de la Mare dans son Traité de la Police. Dans les Statuts qui leur furent donnés en 1475, on écrit Charcutier. On devroit dire & écrire chaircuitier ; car ce mot est composé de chair & de cuire, & signifie un Cuitier de chair, c’est-à-dire, un homme qui cuit de la chair, qui vend de la chair cuite, & non pas crue, comme les Bouchers. Mais l’usage y est contraire. Carnium coctarum propola. C’est un Marchand de chair de pourceau. C’est aussi celui qui la sale, qui la hache, qui l’assaisonne, & qui en fait divers ragoûts, comme saucisses, saucissons, cervelas, boudins, andouilles, &c. Il est ainsi nommé, parce qu’il fait cuire les chairs, & qu’il vend non-seulement de la chair de pourceau cuite, mais aussi des langues de bœuf,