Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/431-440

Fascicules du tome 2
pages 421 à 430

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 431 à 440

pages 441 à 450


Chanoinesses, qu’au neuvième siècle. Le Concile d’Aix-la-Chapelle fit en 816 des réglemens pour des filles qui n’étoient pas soumises à la desappropriation, & que le P. Thomassin croit avoir été ces Chanoinesses que le Cardinal de Vitry dit être tombées en décadence. Sur quoi le P. Thomassin dit que si ces Chanoinesses eussent été de quelque institut régulier, ce Cardinal n’eût pas manqué cette circonstance. Mais ce n’est pas-là une preuve qu’elles fussent séculières, comme elles le sont aujourd’hui ; & les réglemens du Concile sont tels, qu’ils ne conviennent point à des séculiers. En 1549 le second Concile de Cologne fit aussi des réglemens pour elles. Boniface VIII en avoit aussi fait, mais en déclarant qu’il n’approuvoit point par-là leur institut. Clément V déclara la même chose, en les soumettant à la visite des Evêques, si elles ne sont pas exemtes. Honorius IV ayant appris que ces Chanoinesses séculières avoient été autrefois établies à Andennes par Guy, Comte de Flandre, à condition qu’on y feroit des preuves de noblesse, & que sept personnes nobles l’assureroient avec serment, il cassa ce Statut, comme donnant occasion à une infinité de parjures. Il paroît néanmoins par un titre qu’Aubert le Mire a donné, que ce fut Philippe, Marquis de Namur, qui, l’an 1207, ordonna qu’à l’avenir on ne recevroit à Andennes que des Chanoinesses nobles, & qui auront fait preuve de leur noblesse. P. Hélyot, Tom. VI, c. 50.

Les Chapitres des Chanoinesses sont ceux de Remireront, d’Epinal, de Poussay, de Bouxieres en Lorraine, de Saint-Pierre & de Sainte-Marie à Metz, de Cologne, de Lindaw ; de Buohaw en Allemagne, d’Odermunster, de Nidermunster à Ratisbonne, d’Essen, d’Andlaw, de Hombourg, de Saint-Etienne à Strasbourg, de Nivelle, de Mons, de Maubeuge, de Denain, d’Andennes, de Munster-Bellise aux Pays-Bas, de Gendersheim, de Quedlimbourg, de Herford & de Gerenrode en Allemagne. Ces quatre derniers Chapitres de Chanoinesses sont Protestans. Voyez le sixième tome du P. Hélyot, ch. 51, 55.

CHANOINIE. s. f. Titre du Bénéfice de celui qui est Chanoine. Canonici munus, dignitas. On l’appelle ordinairement Canonicat. On distingue la Chanoinie d’avec la Prébende : la Prébende peut subsister sans le Canonicat ; au lieu que la Chanoinie est inséparable de la Prébende, excepté les Chanoinies ou Canonicats honoraires. C’est à la Chanoinie & non pas à la Prébende, que le droit de suffrage & les autres droits sont annexés. Permuter une Chanoinie. Cette Chanoinie est vacante en Régale. Le terme de Canonicat est plus en usage.

Ce mot vient de canonia, qui se trouve en quelques Auteurs Latins, pour signifier la même chose.

☞ CHANONRY. Ville de l’Etoile méridionale, au Comté de Ross, près du Golfe de Murray.

CHANSIR. Voyez Chancir.

CHANSISSURE. Voyez Chancissure.

CHANSON. s. f. Petite pièce de vers aisés, simples & naturels, qu’on met en air pour les chanter, & dont chaque stance s’appelle un couplet. Cantilena, canticum, cantio. C’est proprement une composition de musique où il n’y a que le dessus qui parle, qu’on appelle le sujet ; ou tout ce qu’on met en chant. Le refrain d’une Chanson, c’est la partie qui se répète à la fin de chaque couplet. Pars cantilenæ intercalaria. Nous avons une prodigieuse quantité de chansons toutes pleines de feu & d’esprit ; & si Anacréon les avoit sues, il les auroit plutôt chantées que les siennes. Fonten. Il faut même en chansons, de l’esprit & de l’art. Boil.

La chanson ressemble assez au madrigal ; elle a ordinairement pour objet l’amour ou le vin, si l’on en croit M. le Brun, qui prétend que la chanson n’est aujourd’hui qu’une pensée tendre ou bachique exprimée en peu de mots. C’est la renfermer en des bornes trop étroites ; on en fait de dévotes, qui sont très-belles ; il y en a qui contiennent des éloges ; il y en a sur-tout un grand nombre de satyriques. Quelle que soit la chanson, ses vers doivent être aisés, coulans, naturels, & avoir une certaine harmonie qui ne choque ni les oreilles, ni la raison, & qui marie agréablement la Poësie avec la Musique. On ne conservoit autrefois la mémoire des belles choses & de l’antiquité, que dans des chansons. Il y a encore dans le Nord & en Amérique des peuples qui conservent dans des chansons leur ancienne histoire.

Le mot chanson vient de l’italien canzone, qui veut dire la même chose, ou de cianzone, qui approche encore plus, par la manière dont on le prononce, du mot de chanson.

On appelle chansons spirituelles, celles qui se sont sur des matières pieuses. Pia cantica. Chansons à boire, ou chansons bacchiques, celles qui se font pour se réjouir à table, & se provoquer à boire. Bacchica cantilena. Chansons à danser, celles qu’on chante quand plusieurs personnes dansent en rond. Cantilena saltatoria. Vaudevilles, ou chansons du Pont-neuf, les chansons communes qui se chantent parmi le peuple avec une grande facilité, & sans art. Trivialis cantilena. Les vieux Musiciens ont divisé les chansons en trois genres. L’un est le vaudeville, ou la simple chanson ; l’autre est le motet ou la fantaisie ; & le troisième comprend tous les airs propres aux danses. Les faiseurs de chansons injurieuses sont punis comme les Auteurs des libelles diffamatoires.

On appelle poëtiquement chansons ; toutes sortes de poësie : & en parlant des Muses, on dit les doctes chansons de vos nourrissons ; pour dire, les ouvrages des Poëtes. Carmina, cantica.

Chanson, se dit figurément de toutes sortes de vains propos, des raisons frivoles, des propositions qui n’ont point d’effet. Cantilena. Je ne me paye point en chansons. Tout ce que vous me dites n’a rien de solide ; ce sont des chansons.

Un Amant de son pere écoute les leçons,
Et court chez sa maîtresse oublier ces chansons. Boil.

On le dit aussi de ce qu’on répète plusieurs fois. Eandem cantilenam canere, eandem obgannire. Cet Auteur ne dit rien de nouveau, c’est toujours la même chanson. Il n’a qu’une chanson, il ne sait qu’une chanson.

On dit proverbialement qu’un homme qui recommence toujours à dire, ou à faire la même chose, que c’est la chanson du ricochet, dont on ne voit point la fin. On dit aussi, il n’aura qu’un double, il ne fait qu’une chanson. Expressions populaires.

On dit, voilà bien une autre chanson, pour dire voilà une nouvelle chose, toute différente de la première, & à quoi on ne s’attendoit pas. Les mots font les chansons ; pour dire, qu’il faut s’en tenir à ce qu’on a dit ou écrit, ou pour exciter quelqu’un à s’expliquer.

CHANSONNER. v. a. Faire des chansons contre quelqu’un. Ce Poëte se mit en tête de chansonner tous ceux qu’il crut n’avoir pas pris son parti avec assez de chaleur… Anti-Rousseau.

Le lendemain, sans trop savoir comment,
Dans tout Paris on lui donne un amant.
Roy la chansonne, & son nom par la ville
Court ajusté sur l’air d’un Vaudeville. Voltaire.

Pauvre innocent ! tu ne les voyois pas
Te chansonner au sortir d’un repas

L’enfant Prodigue, Com.

Et se disoient : Oh ! qu’il chansonne bien !
Seroit-ce point Apollon Delphien ? R.

Chansonné, ée. part. Il a été bien chansonné. Cette femme a été chansonnée.

CHANSONNETTE. s. f. Petite chanson, chanson jolie, tendre, amoureuse, pastorale. Cantiuncula.

Chansonnette, se dit par opposition aux airs graves & serieux.

Pour quelques chansonnettes
N’allez pas prendre droit de vous croire Poëtes. Boil.

CHANSONNIER. s. m. Faiseur de chansons. Cantilenarum scriptor, ou cantus modulator. Il y a de deux sortes de Chansonniers. Les uns composent les vers & les airs de leurs chansons ; & les autres se contentent de composer des vers sur les airs que les Musiciens leur donnent. Ce terme n’est que du style familier.

Chansonnier, ère. adj. Propre à faire des chansons. Cantilenis pangendis idoneus. Le génie chansonnier est le partage de la Nation françoise : les Etrangers ne peuvent pas atteindre à cette légèreté & à cette délicatesse qui anime nos chansons. C. De Rior. Un Poëte chansonnier. Id. Le Baron de C. célèbre par son génie chansonnier. Id. Comme adjectif, ce terme n’est pas en usage.

CHANT. s. m. Le chant en général, est l’élévation & l’inflexion de la voix sur différens tons, avec modulation. Cantus. Chant, harmonieux, mélodieux. Chant triste, lugubre. Chant d’alégresse. Chant de triomphe. Chant nuptial. Chant pastoral.

En musique le chant est proprement un air, qui est compose de tons, de demi-tons & de temps, ou de mesures, C’est une modulation de voix qui élève ou qui balise les tons de la prononciation des paroles, en sorte qu’elles rendent un son agréable à l’oreille. Arétin & les anciens divisoient le chant en trois sortes, le chant dural, c’est-à-dire, dur & rude, durus, asper ; le chant naturel qui est entre les deux autres, & qui n’en a point les caractères, naturalis, medius ; & le chant mol, qui est doux, mollis.

Cantus Ambrosianus, est un chant composé de quatre tons authentiques des Anciens, le Dorien, le Phrygien, le Lydien & le Missolydien, que S. Miroclet, Evêque de Milan, ou selon d’autres, S. Ambroise, choisit pour en composer et en former le chant de l’Eglise de Milan. On croit que ces quatre tons furent appelés authentiques, parce qu’ils furent approuvés, autorisés, & choisis pour le chant. Voyez M. de Brossart.

Chant. (Plain) Planus ac simplex canendi modus. Dans l’Histoire Ecclésiastique il est fait mention de plusieurs sortes de chants. Le premier est le chant Ambrosien, le second le chant Grégorien qu’on appelle aussi Plain-chant.

Le chant Ambrosien, est une sorte de plain-chant dont l’invention est attribuée à S. Ambroise.

☞ Le chant Grégorien, est une espèce de plain-chant dont l’invention est attribuée à S. Grégoire Pape, & qui a été substitué dans la plupart des Eglises au chant Ambrosien.

La différence qu’il y a du plain-chant avec les autres chants, c’est d’être divisé en parties égales. Dans les vieux livres d’Eglise, on ne faisoit point de notes plus longues les unes que les autres. Depuis quelques temps on y a mis des notes longues & brèves, mais c’est seulement pour marquer les accens. S. Grégoire le Grand a établi dans l’Eglise Latine cette sorte de plain-chant, qu’on appelle de son nom chant Grégorien. Franchin a marqué tous les caractères différens du chant Grégorien. Dans les répons, dit-il, le chant est véhément, & semble réveiller par des sons rompus ceux qui sont assoupis. Dans les Antiennes, le chant est uni & doux ; dans les Introït, il est élevé, pour exciter à chanter les louanges de Dieu. Dans les Alléluia & ses Versets, il est doux & inspire de la joie ; dans les Traits & dans les Graduels, il est allongé, traînant, modeste, humble ; dans les Offertoires & les Communions, il tient un certain milieu. Jean Diacre se plaint dans la vie de S. Grégoire, de ce que les Germains & les peuples de Gaule avoient changé quelque chose au chant Grégorien, & qu’ils en avoient altéré la douceur : la raison qu’il en apporte, c’est que les voix de tonnerre de ces grands corps sortant de leurs gosiers toujours arrosés de vin avec grand bruit, & par des tons élevés, au lieu de former des sons doux & agréables, représentent l’horrible fracas que font des charettes qui roulent confusément ensemble dans des lieux raboteux comme des dégrés. M. Nivers, dans sa Dissertation sur le chant Grégorien, fait voir qu’il a été souvent altéré & corrompu, & qu’on a souvent tâché de lui rendre sa première beauté ; mais qu’on ne pouvoit empêcher qu’il n’y arrivât des changemens avant l’invention des notes, lesquelles avant Arétin, ne consistoient que dans des points, des virgules, des accens, en quoi il est aisé de se tromper. Il ajoûte qu’ayant examiné & comparé les Antiphonaires & les Graduels manuscrits de la Bibliothèque du Roi, de celle de Saint Germain-des-Prez, & de plusieurs autres, & fait consulter les manuscrits de celle du Vatican, il y a trouvé de grandes différences, & même des contradictions. On imprima à Paris en 1713 ou 1714 un livre intitulé, Moyens certains de perfectionner toutes les méthodes de plain-chant, &c.

Jean Bona, Abbé de l’Ordre de S. Bernard, & connu sous le nom de Cardinal Bona, a fait un traité de la divine Psalmodie, où il comprend tout ce qui regarde le chant de l’Eglise. Il est certain par les exemples de l’Ancien Testament, qu’on a dès les premiers temps employé le chant pour célébrer les louanges de Dieu ; & l’on a toujours conservé cette coutume jusqu’à nos jours, quoique le chant n’ait pas toujours été réglé comme il l’est aujourd’hui, & que les persécutions n’aient pas toujours permis de l’employer.

L’usage du chant à deux chœurs, le peuple mêlant sa voix à celle du Clergé, est ancien : Grégoire de Tours en parle, Lib de Glor. Conf. c. 47, quoiqu’à parler exactement, ce fut bien moins un chant les trois ou quatre premiers siècles, qu’une prononciation plus pathétique & plus ferme. S. Grégoire Pape, qui savoit la Musique, corrigea le chant ancien ; le chant réformé s’établit aussi-tôt dans les Eglises d’Italie. Le Gendre. Pepin, pour mettre de l’uniformité dans les Eglises de France, & en signe de l’union, de la concorde qu’il vouloit que ces Eglises eussent avec l’Eglise de Rome, avoit ordonné qu’on établît dans tous les Monastères & dans toutes les Eglises le chant Grégorien, c’est-à-dire, le chant Romain, réformé selon la méthode du Pape S. Grégoire le Grand. Le Clergé avoit eu peine à obéir à cet ordre, & on ne l’observoit pas dans quantité d’Eglises ; on y étoit jaloux des anciennes coutumes, & on s’y piquoit de chanter aussi-bien qu’à Rome. Dans le voyage que Charlemagne fit à Rome en 787, il fut témoin de cette jalousie ; car pendant les fêtes de Pâque, les Chantres de sa Chapelle ayant assisté au service de l’Eglise de Rome, se moquèrent des Chantres Romains ; & ceux-ci ayant entendu chanter ceux du Roi, en raillèrent à leur tour. Charlemagne prit cette occasion pour les engager à un défi, & s’étant fait le Juge du combat, il prononça en faveur des Romains. Il obtint du Pape des Antiphonaires notés à la manière Grégorienne, & deux Maîtres de chant : il en établit un à Mets, & l’autre à Soissons, pour y tenir des Ecoles, où l’on apprît à chanter, & où l’on corrigeât tous les livres d’Eglise. P. Dan. Tom. I, p. 47. Quelques Eglises ne prirent qu’une patrie de ce chant Grégorien, & le mêlèrent avec le leur. Ce chant mi-parti de Grégorien & de François demeura en beaucoup d’Eglises, & on continua de s’en servir pour les Pseaumes & pour les Antiennes, depuis même qu’il y eut musique. Le Gendre.

Chant égal, ou chant en ison. Chant qui ne roule que sur deux sons, & ne forme par conséquent qu’un seul intervalle. Quelques Ordres Religieux se servent de ce chant dans leurs Eglises.

Chant sur le livre. Contre-point à quatre parties, que les Musiciens composent & chantent surr le champ sur le livre qui est au lutrin : en sorte, qu’excepté la partie notée qu’on met ordinairement à la taille, les Musiciens affectés aux trois autres parties, n’ont que celle-là pour guide, & composent chacun la leur en chantant. Ainsi le chant sur le livre demande beaucoup de science, d’habitude, & d’oreille.

Chant figuré en Musique, est ce qu’on appelle supposition. Voyez Supposition.

Chant, est aussi l’air, le récit, le dessus de la Musique, le sujet sur lequel on compose les autres parties. Cantilena, modus, modulatio. Les beaux chants se font moins par art que par génie. Cela est fait sur le chant d’un tel endroit de l’Opéra. Vous ne mettez pas cela en chant.

On dit, qu’une pièce n’a point de chant, pour dire, qu’elle n’a rien d’agréable ni de gracieux, quoiqu’elle soit selon les règles de la Musique.

Quelques vieux Musiciens ont divisé tous les chants en douze ; savoir, les motets, les chansons, ou les airs, les passemezes, les pavanes, les allemandes, les voltes, les courantes, les sarabandes, les canaries, les branches & les ballets. Il y a autant d’espéces de chants que de modes différens. Maintenant on en a inventé une infinité d’autres.

On appelle aussi chant des oiseaux, les différens sons & inflexions de voix que font les oiseaux dans leur ramage. Avium cantus, concentus. Le chant du rossignol, du serein de Canarie, de la fauvette, flate l’oreille. On dit aussi, le chant de la cigale. C’est le seul insecte auquel on applique le nom de chant.

Le chant du coq, se dit pour signifier le grand matin, à cause que le coq chante dès le point du jour. Galli cantus. Horace dit que l’Avocat, doit être éveillé dès le premier chant du coq, pour dire, que le Client vient frapper à sa porte de grand matin.

Chant, signifie aussi la même chose que cantique & chanson, ou une pièce de Poësie qui se peut chanter. Cantilena, canticum.

Cessez, cessez pour moi tous vos chants d’allegresse. Molière.

Puissé-je demeurer sans voix,
Si dans mes chants la douleur retracée
Jusqu’au dernier soupir n’occupe ma pensée. Rac.

Chant, cantus, vient des Celtes, qui disent caû. De même canere, chanter, est pris de cana, & cantare, de chanta, qui est la même chose. Pezron. Chant vient de cantus, en changeant le c en ch. Tout le reste est incertain.

Chant se prend quelquefois pour air ; mais en ce sens il est moins usité & moins bon qu’air. Modus, modulatio.

Chant nuptial, est une pièce de vers composée à l’occasion du mariage de quelques personnes illustres. Carmen nuptiale, epithalamium ; du grec ἐπιθαλάμιον.

Chant de victoire, Chant triomphal. Vers composés ou chantés sur la victoire ou le succès des armes de quelque Prince. Epinicium. Ἐπινίκιον.

Chant funèbre. Chant composé sur le trépas de quelque personne illustre. Epicedium, du grec ἐπικήδιον.

Chant pastoral, est un ouvrage de Poësie où l’on introduit des Bergers qui chantent. Cantus pastoralis.

Chant de Mai. Espèce de ballade qui roule sur le retour du mois de Mai, des beaux jours.

Chant Royal, est en général une espèce de Poësie Françoise qui a la même construction que la ballade. Carmen regium de argumento pio aut serio scriptum. Le Chant Royal est, à l’égard de la ballade, ce que le rondeau est à l’égard du triolet. Le Chant Royal a été ainsi nommé, à cause que le sujet étoit donné par le Roi de l’année courante. Or on appeloit Roi ou Prince, celui qui avoit emporté le prix l’année précédente. C’étoit à lui que s’adressoit l’envoi de la ballade. Le Chant Royal se faisoit à l’honneur de Dieu, ou de la Vierge, ou sur quelque autre grand sujet. Il ne se fait qu’en matière grave & sérieuse. Voyez Pasquier. Quand on dispute des prix à Rouen, il faut faire un Chant Royal.

Le Chant Royal est un fort beau reste d’ancienne Poësie, qui a été retenu en quelques endroits seulement, comme à Toulouse dans l’Académie des Jeux Floraux. Il est composé de cinq couplets d’onze vers chacun, & est terminé par l’envoi, ou explication de l’allégorie, qui est de cinq vers ou tout au plus, de sept. Dans le Chant Royal les rimes du premier couplet règlent celles des couplets suivans, lesquelles y doivent être les mêmes & dans le même ordre ; de sorte que toute la pièce, composée de soixante-deux vers, roule sur cinq rimes ou terminaisons différentes, dont les deux premières reviennent dix fois, la troisième & la dernière douze fois, & la quatrième jusqu’à dix-huit fois. Un Chant-Royal sans défaut devroit être regardé encore aujourd’hui comme un chef-d’œuvre d’application & d’esprit. Mais ce qui rebute de travailler en Chant Royal, c’est que l’Auteur n’est pas sûr que ses lecteurs lui tiennent compte de toute la gêne qu’il s’est donnée. En effet, rien n’est plus gênant que la règle du Chant Royal. 1o. Il faut que le dernier vers du premier couplet serve de refrain ou d’intercalaire pour les suivans, qui doivent finir de la même sorte. 2o. Les vers de l’envoi doivent être unisones, c’est-à-dire, semblables en rimes à autant de vers pris sur la fin des couplets précédens. 3o. On garde dans toute la rigueur les règles de la rime françoise ; ensuite qu’il n’est pas permis de mettre le simple dans une rime, & le composé ou le dérivé dans une autre, quelque éloignées qu’elles soient. 4o. Enfin, tout ce qui sent la licence en est absolument banni. On faisoit autrefois les Chants-Royaux en vers de dix syllabes : on les fait maintenant en vers alexandrins, ou de douze syllabes. Il seroit bon aussi de couper exactement les couplets du Chant-Royal après le quatrième vers & le septième, comme on fait dans les dizains. P. Mourgues.

Chant ☞ se dit aussi d’une des parties dans lesquelles les Italiens, & les François à leur exemple, divisent leurs Poèmes épiques. Dans ce sens, il est synonyme à livre. Cantus. Le Tasse, l’Arioste, ont divisé leurs Poésies en plusieurs Chants. Les Auteurs du Lutrin, de l’Art de prêcher, & du Poëme de l’Amitié, de la Henriade, ont aussi divisé ces Poëmes en plusieurs Chants.

On appelle un langage trompeur, un chant de Sirènes, Sirenum cantus. Et cela se dit sur-tout des femmes, qui emploient divers artifices pour mieux engager leurs Amans.

☞ CHANTABOUN, CHANTEBON ou CHANTEBOUNNE, Ville maritime d’Asie, sur la côte orientale de la baie de Cassomet, sur une rivière qui porte le même nom que la ville.

CHANTANT, ANTE. adj. verbal. Ce mot, qui a la terminaison active, ☞ se prend dans une signification passive, comme quand on dit, cela n’est pas chantant, c’est-à-dire, cela n’est pas bon pour être chanté. Des vers chantans, sont des vers propres à être chantés. Les vers des Opéra doivent être des vers chantans. Versus ad cantum idonei, accommodati.

L’Auteur des principes pour la lecture des Poëtes, appelle Quinaut & Lulli les héros de la Scène Chantante ; pour dire qu’ils ont le mieux réussi dans les Opéra.

CHANTEAU. s. m. ☞ Morceau coupé d’un grand pain. Frustum, panis. Il mange un gros chanteau de pain à son déjeuné.

Ce mot vient de cantellum, diminutif de cantum. Ménage. On disoit autrefois chantel.

On appelle aussi chanteau du pain bénit, ou absolument chanteau, cette partie qu’on coupe en entamant le pain benit, pour envoyer à celui qui le doit rendre au premier jour. Angulatum lustralis panis frustum, segmentum.

On appelle aussi chanteau, une grosse pièce de pâtisserie formée en long, & de même que la bordure de pain benit, qu’on fait faire pour envoyer à ses parens & à ses amis ; c’est pourquoi on l’appelle autrement cousin. Il est plus honnête d’envoyer des brioches.

☞ On appelle encore chanteau un morceau d’étoffe coupé d’une grande pièce. Ce manteau a été coupé en plein drap, il ne sera pas nécessaire d’y mettre de chanteau. Il tant un chanteau à cette robe.

Chanteau est aussi un terme de Tonnelier, qui signifie la dernière pièce du fond d’un muid, qui est faite en portion de cercle. Assis doliarii segmentum angulatum.

On dit proverbialement, qu’on a donné le chanteau à quelqu’un pour dire, que c’est à lui à faire au premier jour & à son tour ce que les autres ont fait avant lui. On dit dans le même sens qu’on lui a donné le bouquet.

☞ CHANTEL le CHASTEL ou le CHASTEAU, ou simplemnt CHASTEL. Petite ville de France dans le Bourbonnois, Election de Gannat,

CHANTELAGE. s. m. Terme de coutumes. Droit qu’on paye au Seigneur pour le vin vendu en gros ou à broche sur le chantier de la cave & du sellier, dans l’étendue de sa Seigneurie. Canteriarium vectigal, tributum, canteriarii vini vectigal. Dans les vieux titres, chantelagium.

☞ CHANTELLE. s. m. Terme de coutumes. Dans quelques Provinces, c’est une taille personnelle due au Seigneur par ses mortaillables, à cause de leur servitude, pour la permission de demeurer dans sa Seigneurie, & d’y posseder certains héritages. Chantel, chantellus, paroît avoir signifié habitation.

CHANTEPLEURE. s. f. Arrosoir de Jardinier, ou entonnoir à longue & étroite queue percée au fond de plusieurs petits trous, pour faire couler quelque chose dans un muid de vin sans le troubler. Caudatum infundibulum, clepsydra doliaria.

En Normandie & ailleurs, on appelle chantepleure, le robinet d’un tonneau de vin, ou de cidre. Une Chantepleure, avec ce mot, Rien ne m’est plus, étoit la devise de Valentine, veuve de Louis Duc d’Orléans. Elle se voit par-tout dans le château qu’elle fit bâtir à Châteauneuf, à cinq lieues d’Orléans. Voyez Champleure.

CHANTEPLEURE ou PATENOTRE, est aussi une espèce de fontaine de bois, composée d’un petit tuyau, & d’une cheville pour le boucher. On s’en sert pour les cuves à fouler la vendange, & pour les cuviers à lessive.

Chantepleure est aussi une fente ou ventouse qu’on laisse dans des murailles qui sont proches des rivières, ou qui soutiennent des terrasses, pour y laisser entrer & écouler les eaux. Rima, apertura. Les chantepleures, ventouses, & autres ouvertures, pour l’écoulement des eaux, sont permises par l’Ordonnance.

CHANTER. v. act. Faire diverses inflexions de voix agréables à l’oreille, suivant les règles de la modulation. Canere, cantare. Cet homme chante bien. N’as-tu point de honte de chanter si bien ? disoit Philippe à Alexandre le Grand, comme étant une des choses qu’un Prince doit ignorer. Ablanc. Les paysans chantent au lutrin. Le Diacre chante l’Evangile. Le Soudiacre chante l’Epitre. Cette Antienne se chante à deux chœurs. Chanter un Te Deum. Solennem hymnum concinere ; on peut ajouter, pro victoria, ou quelque autre mot qui marque le sujet de la joie. Chanter en plain chant. Plane ac simplicibus modulis canere. En Musique, ad harmoniam canere ; musicis modis concinere. En faux-bourdon. Planus simplexque cantus modulis musicis mixtus. Chanter sa partie. Chanter Vêpres. Chanter Matines. Matutinas, Vespertinas horas canere. Chanter un Salve. Salutationem Virgini deiparæ decantare. Chanter des Noëls. Nascenti Christo genethliacon canere. Le Peuple chante dans les Églises avec le Cierge. L’Auteur de la vie de S. Césaire d’Arles, L. I, n. 11, dit que ce fut ce Saint qui commença à faire chanter les Laïques dans l’Eglise, & que même il les y obligea, pour les empêcher de causer dans l’Eglise.

Mes filles, chantez-nous quelqu’un de ces cantiques
Où vos voix si souvent, se mêlant à mes pleurs,
De la triste Sion célèbrent les malheurs. Rac.

On dit qu’un homme chance Messe ; pour dire, qu’il est Prêtre. Sacra facere, rem divinam facere. M. Lancelot a fait un Traité de l’Art de chanter.

Chanter sur le livre, se dit lorsque les Chantres chantent le plain chant, & qu’il y a plusieurs dessus ou autres parties, qui font des accords sur le champ, & forment une espèce de concert ou de musique. Planum simplicemque cantum frequentamentis quibusdam ac modulis variare, ornare. On dit aussi, il chante sa partie à livre ouvert, pour dire, qu’il sait si bien la Musique, qu’il n’a pas besoin d’étudier la note. Canendi peritus.

Chanter se dit aussi de ce qui est simplement contenu en quelque tout. Voyons ce que chante ce livre-La, quid canat, quid ferat ; pour dire, voyons ce qu’il contient. Voyons ce que chante cet exploit. Cela est du style familier.

Maître à chanter, est un Musicien qui enseigne à chanter, qui montre la Musique. Musicus.

Chanter s’emploie aussi comme synonyme de publier, célébrer. Canere, prædicare, celebrare. Toutes les créatures chantent les louanges du Seigneur. On chante par-tout la gloire de ce héros. Quand je chante vos hauts faits, grand Roi, on croit que c’est une fable, & c’est une histoire. S. Evr. Dans l’oisiveté où se trouvèrent les premiers Bergers, ils s’avisèrent de chanter leurs amours. Fonten.

☞ C’est dans ce sens que les Poëtes, principalement les Poëtes épiques, disent qu’ils chantent ; & ils commencent ordinairement leurs Poëmes par ces mots : Je chante. C’est ainsi que Virgile a dit, qu’il chantoit Enée & ses armes. Chapelain a dit :

Je chante la Pucelle & la sainte vaillance, &c.

Scuderi a dit en vers boursoufflés :

Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la terre.

☞ Bien mieux que tout cela, l’incomparable Auteur de la Henriade débute par ces vers.

Je chante ce Héros qui régna sur la France,
Et par droit de conquête, & par droit de naissance.

Le Tasse, Canto l’arme pietose, &c. Le Roman Bourgeois, Je chante les aventures de plusieurs Bourgeois de l’un & de l’autre sexe. Alexandre n’a point d’Historien ni de Poëte, qui puisse assez dignement chanter ses victoires. Ablanc.

Pour chanter un Auguste, il faut être un Virgile. Boileau.

Chanter se dit pareillement d’un Orateur, d’un Déclamateur, d’un Comédien, lorsqu’ils ne varient pas assez leurs voix, ou qu’ils retombent toujours dans une même cadence. Quand ils prononcent d’une manière qui n’est pas naturelle & qui approche du chant. Uno quodam spiritu ac sono vocem saccadere. Quelqu’un disoit à un mauvais lecteur : Si tu veux lire, tu chantes, & si tu veux chanter, tu chantes mal. Ablanc.

On dit en termes de Blason, des armes parlantes, qu’elles chantent.

Chanter se dit aussi des oiseaux. Cantare. Jésus-Christ dit à Saint Pierre, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Le rossignol ne chante qu’au printemps. Il se dit aussi de quelques insectes, comme de la cigale.

La cigale ayant chanté
Tout l’été. La Font.

On dit figurément d’un homme à qui on veut faire faire quelque chose par force, qu’on le fera bien chanter, qu’on l’obligera à payer, à faire ce qu’il doit. Adigere aliquem ad solvendum. On dit qu’un criminel a chanté à la question ; pour dire, qu’il a trop parlé, qu’il a découvert la vérité. Adigere vi tormentorum ad operiendam veritatem. On dit de ceux qui ont découvert quelque secret, il faut que quelqu’un ait chanté, puisqu’on a découvert cette entreprise. Aperire, detegere. On dit aussi d’un homme qu’on a mis prisonnier pour avoir été trop libre en paroles, qu’on l’a mis en cage pour lui apprendre à chanter. Ut prudenter loqui discat. Lorsqu’on est une fois marié, il faut chanter, pour dire, il faut changer de train de vie. Mutanda vitæ ratio. Tout cela est du style très-familier.

Chanter se dit proverbialement en ces phrases. Quand un importun fait plusieurs redites, on dit qu’il chante toujours la même chanson. On dit d’une personne qui dit quelque méchante raison, qui ne satisfait pas, voilà bien chanté. On dit, chanter la palinodie ; pour dire, se rétracter, dire le contraire de ce qu’on avoit dit. Chanter la gamme, reprendre, corriger quelqu’un, le quereller sur quelque action qu’il aura faite. On dit aussi, il faut bien chanter plus haut ; pour dire, il faut enchérir, il en faut offrir davantage. On dit encore, chanter pouille, chanter goguettes, chanter des injures à quelqu’un, pour dire, le quereller en face, lui faire des reproches, l’injurier.

☞ On appelle pain à chanter, un petit pain rond sans levain, dont on se sert pour célébrer la messe, panis azymus, panis sacro celebrando idoneus.

☞ On appelle aussi pain à chanter, celui dont on se sert pour cacheter les lettres. Obsignandis epistolis idoneus.

Chanté, ée. part.

CHANTERELLE. s. f. La corde la plus déliée d’un luth, d’un théorbe, d’un violon & autres semblables instrumens, & qui a le son le plus aigu. Chorda omnium acutissima, tenuissimus idemque acutissimi soni nervus. Hausser, baisser la chanterelle. La chanterelle s’est rompue, il en faut mettre une nouvelle.

Chanterelle se dit aussi des oiseaux que le Chasseur ou l’Oiseleur ont dans une cage pour servir d’appeau, & attirer par leur chant les oiseaux dans les pièges qui leur sont préparés. Avis illex. On appelle sur-tout chanterelle une femelle de perdrix ; que l’on pose au bout des sillons où l’on a tendu des passées & des filets, dans lesquels elle fait donner le mâle qu’elle appelle.

On donne encore le nom de chanterelle à une certaine bouteille de verre qui est si mince, qu’elle fléchit visiblement à la voix. Le fond en est plat & percé, & c’est sur ce fond que l’on chante avec une certaine méthode qui fait paroître qu’il y a un instrument qui accompagne la voix.

Chanterelle. Canterella. C’est un champignon d’un pouce de haut, & d’une ligne ou deux d’épaisseur, qui croît pour l’ordinaire en grappes. Ses tiges sont un peu aplaties & sillonnées d’un côté, & leur superficie en façon de chagrin. Sa tête est ordinairement angulaire, avec un enfoncement dans le milieu qui a la figure d’un nombril, & ses bords, qui sont renversés, sont découpés en trois ou quatre segmens arrondis. La surface supérieure de la tête est jaune, mais plus livide & plus sale que les tiges. Lorsqu’il se pourrit, il se change en une gelée verdâtre. Dict. de James.

Chanterelle. Terme de Chapelier. Cheville de fer ou de bois, qui sert dans l’arçon des Chapeliers, à bander la corde, en la mettant entr’elle & ce qu’on nomme le panneau. ☞ Elle sert à faire resonner la corde, afin d’indiquer à l’ouvrier si elle est suffisamment bandée pour battre & voguer.

Chanterelle, chez les Tireurs d’or, est une petite bobine, sous laquelle passe le battu, en sortant des roues du moulin. On la nomme ainsi à cause du bruit qu’elle fait.

CHANTERES. Vieux mot, qui s’est dit des anciens Ménétriers ou Chantres qui alloient dans les maisons des Grands, chanter avec la viole ou la harpe des compositions des Trouvères, qui étoient les Poëtes Provençaux de ce temps-là. Aulædus. Quelques-uns croient qu’Homère alloit ainsi chantant, & récitant de ville en ville son Iliade.

CHANTEUR, EUSE. s. m. Musicien, celui ou celle qui fait métier de chanter des airs, des chansons. Cantator, cantatrix. Les Chanteurs de l’Opéra. Les chanteurs du Pont-Neuf, de la Samaritaine. C’est une excellente chanteuse.

Chanteur, ne se dit que des chanteurs profanes, Quand on parle de ceux qui chantent dans l’Eglise, dans l’Office divin, principalement s’ils sont Ecclésiastiques, il faut dire Chantre. Les Chantres de Notre-Dame de Paris, de la Sainte Chapelle, &c. & non point les chanteurs. Et au contraire, les Chanteurs de l’Opéra chantoient dans une Eglise à quelque Office ; alors on pourroit se servir du mot de chanteur, & dire, il y aura quatre Chanteurs de l’Opéra à ce salut : mais le mieux & le plus, selon l’usage, est d’éviter ce mot, même en ce cas, & de dire, il y aura quatre voix de l’Opéra à ce salut.

Chanteur. s. m. Asilus. C’est un oiseau qui a le plumage diversifié de belles couleurs, & qui chante à peu près comme le pinçon. Il est bon pour les volières, mais il n’est pas bon en cage. Excepté le roitelet & le poul, il n’y a pas d’oiseau qui soit plus petit. Il chante presque toujours : c’est ce qui lui a fait donner le nom de chanteur. Les Lorrains le nomment chofti, qui signifie la même chose. Les Italiens l’appellent ziolo, & les Grecs οἶστρος. Il a le pli & les extrémités des ailes jaunâtres, ainsi que la queue & le derrière. Ses jambes, ses pieds, ses ongles & son bec, sont noirâtres ; les bords de son bec ont aussi quelque chose de jaune. Il est foible & longuet, très-propre à prendre des vermisseaux. Il se retire dans les hautes futaies & dans les lieux les plus couverts & les plus ombragés.

CHANTIER. s. m. Grosse pièce de bois qui sert de chevalet à un Charpentier pour en élever une autre qu’il coupe ou qu’il façonne. Canterius. On travaille à faire votre charpente, elle est sur le chantier.

Chantier, se dit aussi des pièces de bois de pareille nature, sur lesquelles on pose les tonneaux de vin, afin qu’ils ne se pourrissent point à terre. Tignum. Ce Marchand a cent muids de vin sur l’étape qui sont sur le chantier. Ce Tavernier est riche, il a toujours dans sa cave cent pièces de vin sur le chantier. On le dit aussi des pièces de bois sur lesquelles posent les sacs de blé qui sont dans les ports de Paris.

Chantier, en Marine, se dit de l’endroit où l’on construit un vaisseau. On dit un chantier de construction. On dit qu’un vaisseau est sur le chantier, pour dire qu’on le construit.

Chantier, se dit aussi parmi les Loueurs de carrosse, d’une espèce de grande remise où ils rangent leurs carrosses. Rhedarum receptaculum. Vous pouvez choisir de tous les carrosses de mon chantier celui qui vous accommodera le mieux.

Chantier, signifie aussi, l’attelier d’un Charron, d’un Charpentier, le lieu où ils coupent, façonnent & gardent leur bois. Fabri curruum, plaustorum, carrorum officina. On dit aussi que les pierres sont en chantier, quand elles sont dans le lieu où on les a taillées.

Chantier, se dit aussi d’un magasin, ou des lieux où les Marchands de bois empilent ou serrent leur bois pour le vendre aux particuliers. Strues lignorum, apotheca lignaria, materiaria. Il y a des chantiers de bois de chauffage, d’autres de bois de menuiserie & de charpenterie.

☞ On dit souvent parmi les ouvriers, qu’une chose est sur le chantier, pour dire qu’elle se travaille actuellement. Cette expression a passé des atteliers dans la société, où elle s’applique à d’autres ouvrages qui n’ont rien de méchanique.

CHANTIGNOLE. s. f. Espèce de brique, qui doit avoir huit pouces de long sur quatre de large, qu’on appelle autrement demi-brique, parce qu’elle n’a que la moitié de l’épaisseur des autres. Laterculus.

Chantignoles, en termes de Charpenterie, se dit des petites pièces de bois qui sont au-dessous des tassaux, qui soutiennent les pannes de charpenterie & autres pièces semblables. Elles ont autant en hauteur que les pannes, en grosseur, & sont de la grosseur des jambes de force. Les chantignoles sont encastrées d’un pouce dans le corps de la force, & viennent à mourir à rien, c’est-à-dire, sont coupées & échancrées. On appelle aussi, chantignoles, les pièces de bois qui servent à porter les poaliers sur lesquels roulent les tourillons des cloches.

CHANTILLY. Bourg de l’île de France, à sept lieues de Paris, & à une lieue de Senlis. Cantiliacum. Il y a une maison magnifique qui appartient à M. le Prince de Condé, & qu’on appelle aussi du nom du bourg de Chantilly. Le Prince de Condé, Louis de Bourbon, parut aussi grand, retiré à Chantilly les dernières années de sa vie, qu’il avoit paru à la tête de nos armées & dans les batailles.

☞ CHANTOCÉ. Petite ville, château & Baronie de France en Anjou, près de la Loire, un peu au-dessus d’Ingrande.

CHANTOCEAUX. Bourg, ou petite ville de France en Bretagne, sur la Loire, à trois lieues au-dessus de Nantes.

CHANTOURNÉ. s. m. Pièce d’un lit qui est de bois bien travaillé, ou couvert d’étoffe, & qui se met entre le dossier & le chevet. Chantourné bien fait, mal fait.

CHANTOURNER, v. a. Terme d’Architecture & de Menuiserie. Couper en dehors ou évider en dedans une pièce de bois, de fer, ou de plomb, suivant un profil, ou dessein donné. Extrorsum vel retrorsum incidere.

Chantourner, se dit aussi en Peinture des objets représentés sur la toile, & des bordures auxquelles on a pratiqué des éminences ou contours qui font rentrer & saillir quelques-unes de leurs parties. Encyc.

CHANTRE. s. m. Celui dont la fonction est de chanter dans une Eglise au service divin. On ne dit chanteur que quand il s’agit d’un chant profane. Cantor. Tous les grands Chapitres ont des Chantres & des Chapelains, pour soulager les Chanoines & faire l’Office en leur absence. C’est S. Grégoire, qui a institué les Chantres, & qui en fit un corps qu’on appela l’Ecole des Chantres. Schola Cantorum. Anastase le Bibliothécaire semble cependant l’attribuer au Pape Hilaire, qui vivoit plus de Cent ans avant S. Grégoire. Dans le Concile de Rome tenu en 595, ce Saint se plaint, comme d’une mauvaise coutume, de ce qu’on choisissoit des Chantres parmi les Ministres du saint Autel, & de ce qu’étant Diacres, ils continuoient de chanter ; au lieu de vaquer à la prédication & à la distribution des aumônes. Il le défend, & ordonne qu’il n’y ait point d’autres Chantres que des Soudiacres, ou s’il est besoin, des moindres Clercs, & que les Diacres ne feront que lire l’Evangile à la Messe. Quelquefois les Chantres sont des Séculiers gagés qui portent l’habit ecclésiastique quand ils sont à l’Eglise.

Chantre, se dit par excellence du Maître du chœur, qui est une des premières dignités d’un Chapitre. Chori Cantorum Præfectus, Cantor, Præcentor. Il porte la chape & le bâton dans les fêtes solennelles, & donne le ton aux autres en commençant les Pseaumes & les Antiennes. Le Chantre porte dans ses armoiries un bâton de chœur derrière l’écu, pour marque de sa dignité. On l’appeloit Primicerius ; c’étoit lui anciennement qui dirigeoit les Diacres & les autres Ministres inférieurs, pour le chant & les autres fonctions de leurs emplois.

☞ Dans quelques Eglises le Chantre est la première dignité ; dans d’autres, la seconde, la troisième ou la quatrième. Dans l’Eglise de Paris, le Chantre, qui est la seconde dignité, a une juridiction contentieuse sur les Maîtres & Maîtresses d’école de cette ville.

Chantre, en Poësie, se dit de ceux qui ont excellé dans la Musique & dans la Poësie. On le dit d’Orphée, d’Amphion, d’Homère, de Pindare, &c. Chantre de la Thrace, c’est Orphée ; le Chantre Thébain, c’est Pindare, &c.

On appelle les Poëtes Chantres, Chantres d’Apollon, Chantres du Parnasse, divins Chantres des Muses.

On appelle aussi figurément & poëtiquement les rossignols, & les autres oiseaux, les chantres des bois.

Chantre, est aussi un méchant Musicien. Cantor. Les Chantres du Pont-Neuf, de la Samaritaine. Chanteur est mieux. On doit dire chanteur, quand il s’agit d’un chant profane ; & on ne dit Chantre que quand il s’agit d’un chant d’Eglise.

Chantre, est aussi un substantif féminin. Il se dit d’une Religieuse qui a bonne voix, qui sait le chant & les rubriques de l’Office, afin de redresser les manquemens qui se font au chœur. Cantatrix. La Chantre dira tout haut ce qui regarde l’Office du lendemain. Const. de Port-Royal.

Chantre, est un nom de dignité dans quelques Chapitres de filles. Les principales dignités du Chapitre d’Andennes, sont celles de Prévôté, de Doyenne, d’Ecolâtre & de Chantre. P. Hélyot, Tome VI, p. 438.

CHANTRERIE. s. f. Est la dignité, l’office ou le bénéfice du Chantre dans une Eglise Cathédrale ou Collégiale. Chori, Cantorum Præfectura. La chantrerie d’une telle Eglise vaut tant.

CHANVRE. s. m. Cannabis sativa. Plante qui porte le chénevis, & dont l’écorce sert à faire la filasse. Elle est annuelle, & on en sème des champs entiers dans plusieurs endroits du Royaume. La récolte du chanvre est d’un grand profit pour certaines Provinces, & la culture est beaucoup plus utile que celle du lin. Sa racine est longue d’un demi-pié, blanchâtre, ligneuse, fibreuse, épaisse de demi-pouce au plus à son collet, d’où part une tige carrée, velue, rude au toucher, creuse, ligneuse & tendre, couverte d’une écorce verdâtre & filamenteuse. Cette tige est rarement branchue, si ce n’est à son extrémité. Elle est haute ordinairement de 5 à 4 piés : dans les bonnes terres elle devient plus grande : elle est chargée de feuilles coupées en quatre ou cinq segmens longs de deux à trois pouces, sur un demi-pouce de largeur, disposées en main ouverte ; rudes, d’un vert brun, relevé de quelques veines sur la surface, dentelées à leurs bords, & d’une odeur forte & qui entête. Ses fleurs naissent sur des piés séparés de ceux qui portent les semences. Elles sont disposées en manière de grappe, & opposées en manière de croix de S. André. Chaque fleur est penchée en bas, & composée de cinq étamines jaunâtres, entourées de cinq feuilles longues de deux à trois lignes sur moins d’une ligne de largeur, purpurines en dehors & blanches en dedans. Ces fleurs ne sont suivies d’aucun fruit. Ce n’est que sur les individus femelles, appelés mâles improprement, qu’on trouve les fruits qui naissent par paquets le long des tiges. Ce fruit est terminé d’un style fourchu lorsqu’il n’est qu’embryon, & il est enveloppé d’une membrane qui le garantit jusqu’à ce qu’il ait acquis sa maturité. Pour lors il est arrondi, un peu comprimé, lisse & glabre, & composé d’une coque grisâtre qui renferme une semence tendre, douce & d’un goût d’amande. La même semence donne les deux individus mâles & femelles.

On se sert en Médecine principalement de la semence, dont la décoction faite dans du lait est très-bonne contre la toux & contre la jaunisse. Les feuilles sont bonnes aussi contre la brûlure : on en tire un suc qui est propre pour la surdité.

Chanvre bâtard. Galeopsis. Sa fleur est une espèce de tuyau découpé par le haut en deux lèvres, dont la supérieure est exposée en cueilleron & l’inférieure, divisée en trois parties, dont celle du milieu est la plus grande : son calice est comme un entonnoir fendu en cinq pointes. Boerhaave fait mention de quatorze espèces différentes de galeopsis, entre lesquelles il n’y en a que quatre qui aient des propriétés médicinales connues. Voyez le Dict. de James, au mot Galéopsis.

L’huile de chanvre est recommandée pour les pommades dans les petites véroles. Sa graine, qu’on nomme chénevis, sert à nourrir les oiseaux. Les feuilles de chanvre sèches, ou sa farine mêlée dans la boisson, rendoient ceux qui en usoient ivres, stupides & hébétés. Les Arabes néanmoins s’en servent ; ils en font une espèce de vin qui enivre. De la Mare, Traité de la Police, L. V, T. II, c. 3, où il cite Siméon Sethi, de aliment. facult. Cœlius Apitius, de re culinar. L’Auteur du Traité de la Police appelle chénevis, plante d’où l’on tire le chanvre : mais cela est contre l’usage constant & universel. Il n’y a que la semence de cette plante qui s’appelle chénevis, la plante se nomme chanvre. Chanvre mâle, cannabis sativa mas fructifera, sæcunda. Chanvre femelle, cannabis sativa femina, florifera, sterilis.

Teiller ou tiller, broyer le chanvre. Voyez ces mots. Rouir le chanvre, c’est le faire tremper quelque temps dans l’eau pour le faire sécher & tiller plus facilement. Cannabim rivo macerare, aquâ subigere. Il est défendu de faire rouir le chanvre dans des eaux vives où il y a du poisson. L’eau où a croupi le chanvre pour se rouir, est très-pernicieuse pour la santé ; & l’on remarque que les fièvres en automne sont fort fréquentes dans les pays où le chanvre est commun. Aussi l’on y défend de mettre tremper les chanvres dans les rivières & les eaux courantes qui sont bonnes à boire. On fait avec le chanvre de la toile & des cordes. Le plus gros chanvre, dont l’écorce est plus rude, est employé aux cordes ; & celui qui est plus fin fait du linge fin.

On nomme chénevotte les fragmens des tiges du chanvre dépouillées de leur écorce. On dit, j’en fais autant de cas que de chénevottes, pour dire, j’en fais peu de cas : il n’est bon qu’à brûler.

Chanvre. s. m. se prend souvent en françois pour la filasse qu’on tire des tiges de la plante du chanvre après qu’elles ont été rouies. On dit, voilà du chanvre, du chanvre peigné, du chanvre fin prêt à filer. Cannabini corticis filamenta. Des cordes de chanvre. Funes cannabini. Il a vendu tant de chanvre. De la toile de chanvre. Tela cannabina.

Chez les Romains, le chanvre nécessaire aux emplois de la guerre, s’amassoit par les ordres des Empereurs, seulement en deux villes de l’Empire d’Occident, à Ravenne en Italie, & à Vienne dans les Gaules. Celui qui en avoit l’Intendance au deçà des Alpes, étoit appelé le Procureur du Linifice des Gaules, & avoit son établissement à Vienne.

Κάνναϐις, cannabis, chanvre, vient du celtique Canab. Pezron.

CHANVRIER. s. m. Ouvrier qui habille, prépare & vend du chanvre.

☞ CHANVRIÈRE, s. f. Lieu semé de chanvre. La Fontaine s’est servi de ce mot.

Quand la chanvrière fut verte.

☞ On dit plus communément Chenevière. Voyez ce mot.

☞ CHAO, Ville de la Chine dans le Pekeli, du département de Chinting, Lat. 38d 10′.

☞ Chao. Autre ville de la Chine dans la Province de Justnan, département de Tali. 26d 46′.

☞ CHAOCHEU, Grande ville de la Chine dans la Province de Quanton, sur les frontières de celle de Fokien, Par les 23d 30′ de lat. Son département comprend dix villes.

☞ CHAOCHING. Ville de la Chine au département de Pingyang, par les 37d 27′ de latitude.

☞ Il y a une autre ville de ce nom dans la Province de Channton, département de Tungchang. Lat. 37d 44′.

☞ CHAOGAN. Ville de la Chine dans la Province de Fokien, département de Changchar, Lat. 24d.

CHAOHOA. Ville de la Chine dans la Province de Soutchouen, département de Paoning. Lat. 33d 10′.

☞ CHAOKING. Grande ville de la Province de Quanton dans la Chine, capitale d’un territoire de même nom. Elle a dix cités dans son ressort. Le Viceroi fait sa résidence dans cette ville. Lat. 23d 30′.

CHAOMANTIE. s. f. Parmi les Alchimistes, c’est l’art de prédire l’avenir par le moyen des observations que l’on fait sur l’air. Chaos, dans le style de Paracelse, signifie l’air. Dict. de James.

CHAOS, On prononce Caos. s. m. Masse informe, grossière ; mélange confus de tous les élémens. Chaos. Les Poëtes ont feint qu’il a servi de matière première à la production du monde, & qu’il subsistoit avant que toutes les choses fussent rangées dans l’ordre où elles sont. Comment la matiere s’est-elle trouvée dans le degré de mouvement nécessaire pour former un monde, plutôt qu’un chaos ? Vall. La terre est sortie d’un chaos noir, ténébreux & indigeste ; & le monde s’est développé de cette masse informe & confuse. S. Evr.

Chaos, dans l’Ecriture, est appelé un espace immense & impénétrable, tel que celui qui est entre le lieu des bienheureux & l’enfer. Luc, XVI, 26. Le Port-Royal a traduit un grand abyme. Le P. Bouhours un gouffre très-vaste. Il y a un gouffre très-vaste entre vous & nous. Le P. Simon l’a suivi. Il y a de plus un grand gouffre entre vous & nous. Les Grecs anciens entendoient l’air par le chaos. Vossius, De Idolol. L. II, c. 25.

Ce mot est purement grec, χάος, qui vient de χαίνω, dehisco.

Le chaos des Poëtes n’est autre chose que l’état où toutes choses étoient dans l’instant de la création, avant que Dieu les eût arrangées dans l’ordre où elles sont. Voyez les notes de Grotius sur son premier livre de la Vérité de la Religion Chrétienne. Hésiode, dans la Théogonie, v. 116 & suiv. & Ovide au commencement de ses Métamorphoses, ont décrit le chaos. Jean André d’Anguillara a traduit la Description d’Ovide en vers italiens. Gasparo Murtola le décrit dans le premier chant de son Poëme della Creatione del Mondo, n. 23 & suiv. De Bartas l’a aussi décrit dans Le premier Jour de la première Semaine, & il commence ainsi :

Ce premier monde étoit une forme sans forme,
Une pile confuse ; un mélange difforme,
D’abymes un abyme, un corps mal compassé,
Un chaos de chaos, un tas mal entassé, &c.

D’Assouci décrit ainsi le chaos en vers burlesques :

Alors il n’était point de monde,
Point de miroir ni de rotonde,

D’heures, de jour, de mois, ni d’an,
Point d’horloge, ni de cadran.
............
............
La, le chaud puissant Margajat
Chassoit le froid pauvre Goujat,
Et le froid l’aggrippant aux quilles,
Lui faisoit aussi faire gilles.
Ici le mol choquant le dur
Se cassoit le nez contre un mur ;
Là, le sec, comme un autre Alcide,
Combattant la puissance humide,
Ne s’épargnait ni prou, ni peu,
La terre & l’air crioient au feu ;
Et le feu dessous Amphitrite,
Comme au cul de notre marmite,
Surmonté par son propre essort,
Crioit à son tour, je suis mort.

Les Poëtes firent un Dieu du Chaos, qui fut le premier, le plus ancien, & le père des tous les autres. Voyez Hésiode, cité.

Chaos, se dit figurément de ce qui est confus & brouillé. Rerum confusio. Les affaires de cette maison sont si brouillées, & il y a tant de procès, que c’est un chaos ; on n’y voit goûte. Qui peut débrouiller cette confusion & ce chaos ? Arn. Son discours est pour moi un chaos impénétrable. S. Evr. La Comédie demeura dans son premier chaos, pendant que la Tragédie fit de grands progrès. Dac.

☞ CHAOURCE ou CHAOURS. Petite ville de Champagne, Diocèse de Langres, Election de Bar-sur-Aube.

CHAOURI. f m. qu’on nomme aussi SAIN. Monnoie d’argent qui a cours à Téflis, capitale de Géorgie. voyez Sain.

☞ CHAOYANG. Ville de la Chine, dans la Province de Quanton, département de Chaocheu. Latit. 23d 20′.

☞ CHAOYVEN. Ville de la Chine, dans la Province de Channton, département de Tengcheu. Latit. 36d 6′.

CHAPE. s. f. ☞ Ornement d’Eglise qui va jusqu’aux talons, & s’agraffe par devant, & que portent l’Evêque, le Prêtre officiant, les Chantres, &c. Sacra trabea, vestis pluvialis. Les Anciens l’appeloient pluvial. A la Procession du Saint Sacrement tout le chœur est en chape. Les Officiers avoient des chapes en broderies d’or & de perles. La chape rouge n’appartenoit autrefois qu’aux Papes. La chape de S. Martin étoit autrefois une précieuse relique que nos Rois portoient à la guerre. ☞ C’étoit un voile de taffetas, sur lequel ce saint étoit peint & qui avoit été un jour ou deux sur son tombeau. Ce voile étoit gardé avec respect sous une tente. Avant que d’en venir aux mains, on le portoit comme en triomphe autour du camp. Le Gend. A la chape de S. Martin, qui fut en vogue pendant six cens ans, succeda au XIIe siècle une autre bannière non moins fameuse, que l’on appela Oriflamme. Quelques-uns ont cru que la chape de saint Martin étoit l’oriflamme ; mais Borel prétend que c’étoit l’étendard de France, dont les Ducs d’Anjou étoient Gardiens, comme Grands Sénéchaux de France : c’étoit une espèce de rochet assez court, sans manches. Or prétoit autrefois le serment sur la chape de S. Martin. Voyez Etendard & Oriflamme. Ce mot vient du latin capa.

Chape, se dit aussi de l’habit que portent les Cardinaux, qui a un capuce doublé d’hermine. Chape rouge, chape violette.

Chape, est aussi le vêtement de dessus que portent les Chanoines & quelques Religieux, & particulièrement les Chanoines Réguliers. C’étoit le vrai usage du pluvial, parce qu’ils s’en servoient en hiver pour se défendre contre la pluie, & conserver leur linge ou rochet.

Chape, se disoit autrefois de toutes sortes de robes ou capes, ou de manteaux dont on se couvroit la tête pour se défendre des injures du temps. Trabea ; & on appeloit Porte-chape chez le Roi, celui qu’on appelle maintenant Porte-manteau. Quelques-uns font venir ce mot de capella ou capra, parce qu’anciennement les étoffes étoient de poil de chèvre. De chape, pris en ce sens, on a formé chapeau & chaperon.

Chape, se dit aussi de plusieurs choses qui servent à couvrir ou à mettre sur une autre. Operculum. Ainsi on appelle la chape d’un alembic, sa couverture, & autrement, chapelle ; & on appelle chape aveugle, celle qui n’a point d’autre ouverture que le trou par où elle reçoit la vapeur. ☞ Dans ce sens l’a de chape est bref, au lieu que la prononciation en est longue en parlant de la chape d’un Evêque. Le mouffle d’une poulie s’appelle aussi chape. Le chapiteau creux fait en forme de cône concave, & qui couvre le pivot sur lequel roule l’aiguille aimantée, se nomme de même chape. Les Maîtres Cuisiniers prennent la qualité de Porte-chapes de la ville, fauxbourgs & banlieue de Paris, parce qu’ils appellent chape ☞ le couvercle d’argent ou de fer blanc dont ils couvrent les plats pour les transporter chaudement & proprement.

On nomme aussi chapes, les planches dans lesquelles se fichent les tuyaux d’orgues, qui servent en effet de couverture au sommier, où se fait la distribution du vent. Operculum.

Chape. Terme d’Horlogerie. C’est la monture d’une ou de plusieurs poulies.

Chape, on appelle encore chape, le bout des mitaines des femmes, ce qui couvre le dos des doigts de la main. La chape est arondie & doublée ordinairement de taffetas.

Chape, en termes de Monnoyage, signifie le dessus des fourneaux où se fondent les métaux, & où l’on fait les affinages.

Chape, se dit pareillement dans le commerce de la poudre à canon, & dans les moulins où on la fabrique, d’un double baril que l’on met ordinairement aux poudres qui sont destinées pour l’artillerie de terre, afin de les garantir de l’humidité des souterrains où l’on a coutume de les conserver.

☞ On met aussi des chapes aux vins qu’on transporte, non-seulement pour que le vin ne s’évente point, mais encore pour empêcher les Voituriers de le voler.

Chape. Terme de Marine. On appelle sur mer faire chape, ou l’on dit qu’un navire fait chape, lorsqu’il tourne toujours & revient dans la même situation, & qu’au lieu de virer, il vient arrière.

Chape, en Architecture, est l’enduit sur l’extrados d’une voûte, ou lunette gothique, fait de bon mortier, & quelquefois de ciment. Inducta arenato extima cameræ superficies.

Chape, en termes de Fondeurs se dit aussi des creux de plâtre qui enferment les plus petites pièces d’un moule dont on forme quelque figure.

Chape, en termes d’Orfévre, est la partie de la boucle où est le bouton, & qui est un peu plate & large. On fait aujourd’hui plusieurs sortes de boucles, dont les chapes n’ont point de bouton. Extrema pars quâ fibula inseritur & adhærescit. Ce sont les chapes mêmes qui étant par le bout en forme de deux crochets, entrent dans la fente de l’oreille du soulier où la boucle est attachée. Chape à l’Angloise.

Chape. Terme de Ceinturier. Morceau de cuir qui soutient les boucles de devant & celles du remontant d’un baudrier.

On dit proverbialement, se débattre de la chape à l’Evêque ; pour dire, contester sur une chose où on n’a ni on ne peut avoir d’intérêt. Ce proverbe est fort ancien, & on dit en latin de capa Episcopi. Du Cange. Il signifie, se débatre de quelque chose, contester pour en tirer chacun ce que l’on pourra. Ce proverbe est très-ordinaire en Berry, où subsiste encore l’ancienne coutume, qui apparemment lui a donné le commencement ; car lorsque l’Archevêque de Bourges met pour la première fois le pied dans la Cathédrale, pour en prendre possession, le peuple qui est à la porte se jette sur la chape dont le Prélat est revêtu, & qui ne tient qu’à un fil de soie ; & on la met en pièces, chacun se battant à qui en aura un morceau, & à qui en emportera davantage. On dit aussi, qu’un homme cherche chape-chute ; pour dire, qu’il cherche, ou qu’il trouve quelque occasion, quelque hazard, quelque rencontre avantageuse, parce qu’autrefois chape signifioit un manteau. ☞ Mais aujourd’hui on dit plus communément, chercher & trouver chape-chute, pour dire, quelque chose de desagréable, à la place de ce qu’on cherchoit d’avantageux.

Je lui dis que ce n’est point là la vie d’un honnête homme, qu’il trouvera quelque chape-chute, & qu’à force de s’exposer, il aura son fait. Mde de Sev.

CHAPÉ, adj. En termes de Blason, se dit d’une pièce faite en figure de chevron, mais qui est pleine au-dedans & massive, en sorte que le champ de dehors qui est dans l’écu semble lui servir de chape, ou de manteau : & en ce cas on l’appelle écu chapé, parce qu’il s’ouvre en chape ou en pavillon, depuis le milieu du chef jusqu’au milieu des flancs. Trabeatus. Telles sont les armoiries des Dominicains & des Carmes ; & c’est l’image de leurs robes & de leurs chapes. Il s’en trouve de plusieurs sortes, un écu chapé losangé, un écu chapé enté, un écu chapé crénelé, un écu chapé écartellé, suivant les figures ou les ornemens qu’on met en ces chapes. Son oppose est chausse.

Chapé. adj. m. Revêtu d’une chape. L’Evêque va se revêtir des ornemens pontificaux dans la Chapelle paroissiale qui est au bas de la nef, où le chœur tout chapé le va querir. Voyages Liturgiques de France. Ce mot n’est pas d’usage dans cette acception.

CHAPEAU. s. m. Habillement ou couverture de tête, ☞ qui est ordinairement d’étoffe foulée, de laine ou de poil, & qui a une forme avec des bords. Petasus, causia. On met des bords au chapeau pour garantir le haut du corps de la pluie. Un chapeau de laine. Petasus laneus. Un chapeau de castor, de vigogne. Fibrinus. Un chapeau des sept sortes. Un chapeau de paille. Stramineus. La forme, les bords d’un chapeau. Testudo, cavum pilei, pilei margines. On a dit autrefois, un chapel orfroifié de bisettes d’or & de grosses perles, c’est à-dire, bordé de passemens & de perles. On a appelé aussi un heaume, chapel de fer à visière. Naudé appelle, dans son Mascurat, les anciens chapeaux des Espagnols, des chapeaux en pot à beurre.

On ne voit point de chapeau avant le règne de Charles VI. On commença de son temps à en porter à la campagne : on en porta sous Charles VII dans les villes en temps de pluie, & sous Louis XI en tous temps. Louis XII reprit le mortier. François I s’en dégoûta, & porta toujours un chapeau. Le Gendre. Quand Charles VII fit son entrée dans Rouen le 10 Novembre 1449, il avoit un chapeau de castor doublé de velours rouge surmonté d’une houpe de fil d’or. C’est dans cette entrée, ou du moins sous ce règne, qu’on commença à voir en France l’usage des chapeaux & des bonnets, qui s’introduisit depuis peu-à-peu, à la place des chaperons, desquels on s’étoit servi de tout temps P. Daniel, Tom. II, p. 1204.

On regardoit comme un très-grand désordre en 1495, que les Ecclésiastiques commençassent, à la manière des séculiers, de porter des chapeaux sans cornettes. Il fut ordonné qu’ils auroient des chaperons de drap noir avec des cornettes honnêtes ; & que s’ils étoient pauvres, ils auroient du moins des cornettes attachées à leurs chapeaux, & cela sous peine de suspension, d’excommunication, & de payer cent fois d’amende. L’usage des chapeaux étoit plus ancien en Bretagne de plus de deux cents ans parmi les Ecclésiastiques, principalement parmi les Chanoines : mais ces chapeaux étoient comme des bonnets, & c’est d’où sont venus les bonnets carrés des Ecclésiastiques. Un Evêque de Dol, du XIIe siècle, zélé pour le bon ordre, permit aux Chanoines seulement de porter de ces sortes de chapeaux, & voulut que si d’autres en portoient dans l’Eglise, l’Office divin cessât aussitôt. Lobineau, Tome I, p. 845.

Ce mot vient de cape & de capellum, selon Ménage, ou de capellut, que l’on trouve dans la basse latinité, synonyme de caputium, capuce, habillement de tête. Voyez Act. SS. April. T. II, p. 51. On a dit autrefois capel, que l’on dit même quelquefois encore en badinant, & dans le style burlesque :

Mais je jugeai portant sous mon capel,
Tout bien compté, qu’il étoit bon d’attendre.

D’autres le dérivent de l’allemand, schapel, signifiant un chapeau de fleurs. Joannes de Janua, dit que c’est parva capa, eò quod capillos tegat, & est quasi capitis pellis.

On dit, mettre la main au chapeau. Pasquier remarque en ses Recherches, qu’en beaucoup d’Universités d’Allemagne, lorsque les Professeurs nomment Turnèbe ou Cujas, tous les Auditeurs ne manquent jamais de mettre la main au chapeau ; tant est grand l’honneur & le respect qu’ils portent à leur mémoire. J’ai oui dire que dans l’Université de Bourges on fait la même chose pour Cujas. Donner un coup de chapeau, ôter le chapeau à quelqu’un, être devant lui chapeau bas. Caput aperire, petasum ponere ; pour dire, se découvrir, être tête nue devant lui, pour le saluer, ou lui témoigner du respect. Esse aperto capite.

On dit, mettre chapeau bas, pour dire, ôter son chapeau, & absolument, chapeau bas, pour dire, découvrez-vous, ôtez votre chapeau. Oter son chapeau à quelqu’un, pour dire, le saluer, en se découvrant la tête. Acad. Fr.

On dit d’une querelle qui s’est passée sans beaucoup de désordre : tant de tués que de blessés, il n’y a qu’un chapeau de perdu.

On dit familièrement & populairement que le père d’un enfant nouveau né va tourner son chapeau, pour prier un parrein & une marreine.

Les Chapeliers appellent chapeau en blanc, un chapeau qui n’est pas encore teint. Petasus nullo coloro imbutus, tinctus.

Chapeau, signifie quelquefois un homme. Il y avoit plusieurs femmes à cette assemblée, mais il n’y avoit pas un chapeau. Cela est du style familier.

On appelle chapeau de fleurs, une couronne de fleurs qu’on met sur la tête des filles, lorsqu’on les épouse. Florea corolla.

Chapeau de roses, ou chapel de roses, signifie aussi un léger don que les peres & meres font à leur fille, quand ils la marient ; de manière qu’ils ne lui donnent pas tout son advenant & légitime portion.

☞ Il y a quelques coutumes où la fille mariée par ses pere & mère avec un chapeau de roses, ne peut plus venir à leur succession. Voyez la Coutume de Tours & celle d’Auvergne. C’est une disposition introduite en faveur des mâles, pour leur conserver les biens des familles. La Coutume de Normandie a une disposition semblable. Si rien n’a été promis à la fille, rien n’aura.

Cette disposition a aussi lieu entre nobles dans la Coutume de Touraine. Suivant toutes ces Coutumes, les filles doivent se contenter de ce qui leur a été donné en mariage par leurs peres & meres, fussent-elles mariées avec des chapeaux de roses ; en sorte qu’étant une fois mariées, elles ne peuvent plus prétendre à leurs successions.

Chapeau de fleurs, se dit aussi pour la couronne de fleurs que le Clergé porte sur la tête aux processions du saint Sacrement, ou dans d’autres cérémonies.

☞ On appelle chapeau de Cardinal, une sorte de chapeau rouge, qui a la forme très-plate & les bords très-grands, & d’où pendent de grands cordons de soie rouge.

Chapeau de Cardinal, & absolument chapeau, se dit aussi de la dignité de Cardinal & de la promotion à cette dignité. Prétendre au chapeau, attendre, recevoir le chapeau. Les Cardinaux portent le chapeau rouge à Rome dans les cérémonies. C’est Innocent IV qui établit cet usage l’an 1245, pour leur apprendre qu’ils doivent être prêts à répandre leur sang pour Jesus-Christ.

Le Roi ne put jamais se résoudre a permettre que l’Evêque reçut le chapeau. Bouh. Vie de S. Ign. L. IV. Le Cardinal Bellarmin fut le second de la Compagnie de Jésus, que le Pape Clément VIII obligea, sous peine de péché, à recevoir le chapeau. Id. L. VI.

Chapeau, en termes de Blason, se dit d’une marque de dignité ecclésiastique, petasus, & principalement de celui des Cardinaux, qu’on appelle absolument chapeau rouge. Petasus purpureus. Voyez Chapeau de Cardinal. Il est garni de longs cordons de soie entrelacés, qui pendent du dedans & aux côtés avec cinq rangs de houpes, que les Italiens appellent fiocchi, qui croissent en nombre à mesure qu’elles descendent, & font jusqu’à quinze houppes dans cet ordre, 1, 2, 3, 4 & 5. Ce chapeau leur fut donné par Innocent IV, l’an 1250, comme disent Volaterran & Polydore Virgile. D’autres disent que ce fut l’an 1246, au Concile de Lyon, mais on ne les a mis sur le timbre des Armoiries que depuis l’an 1300. Auparavant les Cardinaux étoient représentés avec des mitres. Les Patriarches & les Archevêques ont le chapeau vert, avec quinze houpes comme les Cardinaux. Les Eveques l’ont de même couleur, avec dix houpes.

Les Abbés & les Protonotaires le portent noir avec deux rangs de houpes : 1, 2. Ces chapeaux se mettent par ornement au-dessus de l’écu, comme les mitres & les couronnes. Le P. Menestrier, dans l’Origine des Ornemens des Armoiries, dit que l’usage du chapeau pour tous les Prélats vient d’Espagne, où on le voit dès l’an 1400, & que Tristan de Salazar, Espagnol de nation, Archevêque de Sens, semble être le premier qui l’a introduit en France pour les Archevêques.

Il y a des Ecus qui portent aussi des chapeaux de divers émaux. Dans un des bas-reliefs de la tour située au côté méridional de l’Eglise Cathédrale de Nantes, il y a un écusson d’hermines, ou de Bretagne moderne, couché & timbré d’un casque fermé, couvert d’un lambrequin d’hermines, & d’un chapeau fourré & rebrassé de même. On croit qu’il est de Jean V, Duc de Bretagne, qui fit construire la façade de cette Eglise, où il posa la première pierre au mois d’Avril 1434.

Les Anciens ont pris le chapeau pour un symbole de liberté, comme on voit dans plusieurs médailles, avec cette légende, Libertas publica. La raison est que les Romains, en affranchissant leurs Esclaves, leur donnoient le chapeau.

☞ Les Armuriers appellent chapeau à l’épreuve du mousquet, une espèce de coëffe de fer que les Soldats mettent dans la coëffe de leur chapeau. Cassis ferrea plumbo missili impervia.

Chapeau, en termes de Charpenterie, se dit d’une espèce de petit fronton qui fait la couverture d’une lucarne sur un pan de bois. On le dit aussi de la plus haute pièce de charpente qui assemble des poteaux corniers dans un clocher, ou un pan de bois, &c.

Chapeau se dit aussi de la pièce de bois qu’on met au-dessus des étaies pour soutenir des poutres & des solives. On l’appelle chapeau d’étaie.

On appelle encore chapeau, la pièce de bois qui sert d’appui tout au haut d’un escalier de charpente.

En Mâçonnerie, l’on appelle chapeau, le couronnement, le chaperon, ou le haut d’une muraille en talut, pour donner l’égoût aux eaux.

Chapeau, terme d’Horlogerie. C’est une pièce faite en cône, dont la baie couvre, par exemple, une roue que l’on veut serrer sur un des arbres d’une machine à fendre : le sommet du chapeau entre dans un petit trou fait au bout d’une vis qui le serre fortement contre la roue.

Chapeau. On nomme ainsi en Hollande une certaine mesure de compte, sur laquelle s’évaluent les droits d’entrée & de sortie qui se payent pour le thon.

Chapeau. C’est encore une mesure pour les grains, dont on se sert à Delft. Le chapeau contient treize viertels de Breda, ou quatorze d’Anvers.

Chapeau de Maure, en termes de Commerce de mer, signifie un certain droit, ou présent, que les Maîtres des vaisseaux marchands se font donner pour chaque tonneau de marchandise qui se charge dans leurs bords. Ainsi un Maître de navire dit : Il me faut tant pour le fret, & tant pour mon chapeau.

Chapeau de fil de pieux. C’est une pièce de bois que des chevilles de fer tiennent attachée sur les couronnes d’un fil de pieux, soit dans un batard’eau, soit dans une chaussée.

Chapeau de roses. Terme de Pharmacie, qui se dit des roses amassées en forme de gâteau au fond d’un alembic, après en avoir fait distiller l’eau. On s’en sert en fomentation, en le faisant bouillit dans du vin pour fortifier.

☞ On donne en général le nom de chapeau, au marc qui reste au fond des alembics, après certaines distillations de végétaux.

Chapeau, chez les Tireurs d’or, espèce de bobine, sur laquelle ils roulent l’or avant qu’il soit dégrossi, ainsi nommée à cause de sa ressemblance avec un chapeau dont les bords seroient abattus.

On dit proverbialement d’une personne à qui il est arrivé quelque sujet de honte, ou de qui on a fait quelque médisance : voilà un beau chapeau que vous lui mettez sur la tête ! On dit aussi, qu’elle a perdu la plus belle rose de son chapeau, pour dire, qu’elle a fait quelque perte considérable, sur-tout en ce qui regarde l’appui & la protection.

Chapeau-Cornu. Petite ville de France, dans le Dauphiné, aux frontières du Bugei.

CHAPEL. s. m. On a dit autrefois ce mot pour chapeau. Un chapel de roses, c’est un chapeau ou une couronne de roses. Capellus, capellum, capitellum, pileus. Froissard, Joinville, de Villehardouin, &c. appellent chapel de fer, une espèce de casque fait en forme de chapeau à petits bords, duquel les Chevaliers se servoient hors le combat pour prendre haleine, à cause de la trop grande pesanteur des heaumes, qui leur accabloient la tête, & que Nicetas dit avoir été à guise de tours. Du Cange.

CHAPELAIN. s. m. C’est proprement celui qui est pourvu d’une Chapelle ou Chapellenie, formant un titre de Bénéfice. Sacrario præfectus, Capellanus.

On appelle aussi Chapelain, un Prêtre qui vient dire ordinairement la Messe dans les maisons particulières, ou qui dessert une Chapelle dans une Eglise.

Chapelain, dans l’Ordre de Malte, autrement Diaco, & Clerc Conventuel. C’est le nom qu’on donne au second ordre de l’Ordre de Malte. Les Chevaliers font le premier, & les Servans-d’Armes le troisième.

On appelle aussi Chapelains les Officiers Ecclesiastiques de la Maison du Roi & des Princes, qui servent à leurs Chapelles. Il y a huit Chapelains de l’Oratoire du Roi servans par quartier. Les premiers Chapelains ont été ceux qui gardoient la