Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/401-410

Fascicules du tome 2
pages 391 à 400

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 401 à 410

pages 411 à 420


ligne, comme je l’ai reconnu par une expérience très-exacte que j’en ai faite autrefois. De la Hire, Acad des Sc. 1703. Mém. p. 208.

Vers les tropiques, les chaleurs sont plus grandes que vers la ligne. De la Hire, Acad. des Sc. 1703, p. 293.

☞ Selon plusieurs Physiciens, la chaleur n’est point une propriété originairement attachée à une espèce de corps particuliers, mais une propriété méchanique que l’on peut produire dans un corps par un certain mouvement d’extension, violent, rapide & en tout sens, communiqué aux parties insensibles de ce corps. Qu’un ouvrier lime un morceau de fer, la lime & le morceau de fer deviennent excessivement chauds. Cependant on ne voit rien là qui puisse produire cet effet, que le mouvement violent & en tout sens imprimé aux parties insensibles par les frottemens réciproques. Quand l’eau devient chaude sur le feu, ce mouvement devient sensible à proportion du degré de chaleur, & quand elle devient bouillante, cette agitation devient encore plus sensible, par les ondulations, par le bruit, par les vapeurs qui en sortent, &c.

En Médecine on distingue deux sortes de chaleur ; la naturelle, qui est le principe de la vie des animaux ; & l’étrangère, qui leur arrive par accident, ou de dehors, comme par les remèdes, par les alimens : & c’est celle qui cause les maladies, & surtout la fièvre. Dans l’émotion de la crainte, le sang & la chaleur se retirent, & accourent au secours du cœur. Flech. Chaleur vitale, est la même chose que chaleur naturelle. La chaleur vitale se trouve dans les animaux tandis qu’ils sont en vie.

Chaleur se dit figurément ☞ pour passion vive, ardeur, zèle empressé, grande affection, &c. Ardens studium. Cet homme sert ses amis avec beaucoup de chaleur. Il va à l’assaut, parle, dispute avec beaucoup de chaleur. La persuasion qui frappe l’esprit dure davantage, parce que la raison dure toujours, & ce qui touche le cœur se perd à mesure que la chaleur de la passion s’éteint. P. Rap. Les Pères ont poussé avec beaucoup de chaleur & de feu les matières qu’ils avoient à manier, quelquefois ils outrent un peu les choses. Le zèle ne doit pas être une chaleur aveugle. Vill. Il y a des gens que la contestation échauffe & qui tirent de leur esprit plus qu’ils n’y trouveroient sans cette chaleur. Pasc. Quand on propose ses sentimens avec trop de chaleur, on les rend suspects de passion. Nicol. Une heureuse chaleur anime ses discours. Boil. Toute la chaleur que la Religion semble nous inspirer quelquefois, cette chaleur dont nous osons nous faire un mérite aux yeux de Dieu, c’est à nos passions que nous la devons ; & ce mérite dont nous sommes si fiers est peut-être un crime. Il avoit tant de chaleur à la guerre, qu’elle l’empêchoit de faire des réflexions. S. Evr.

☞ On dit figurément dans la chaleur de la dispute, dans la chaleur du combat, dans la chaleur de la composition, pour dire dans le fort du combat, &c. Qui est celui qui, dans la chaleur de la victoire, considère le nombre ? Vaug.

Chaleur se dit encore au figuré pour un mouvement de colère qui dure peu ; & en général, pour un mouvement prompt & passager d’une passion qui est attribuée à l’âge & au tempérament. Æstus, impetus, ardor. On dit en ce sens chaleur de foie. Il a eu querelle avec son ami ; mais ce n’étoit qu’une chaleur de foie. Expression du discours familier. Pour excuser un jeune homme, on dit que c’est la chaleur de l’âge qui lui a fait commettre une faute : & en parlant d’un homme fait, on dit que ses grandes chaleurs sont passées, pour dire que l’âge a ralenti ses passions. Deferbuit adolescentia.

Chaleur se dit aussi de l’ardeur qu’ont les femelles des animaux en certains temps pour rechercher le mâle ; comme des chiennes, des chates, des cavales, des éléphans, &c. Chienne en chaleur. Æstus veneris.

On dit proverbialement, Couvrez-Vous, la chaleur vous est bonne, à ceux qu’on taxe d’incivilité, quand ils mettent leur chapeau à contre-temps.

La Baie des Chaleurs. Elle est ☞ dans la Nouvelle-France, & fait partie du Golfe de Saint Laurent. Elle est située au sud-ouest du Gaspé, & à l’ouest & ouest-nord-ouest du banc des Orphelins.

☞ CHALEUREUSEMENT. adv. vieux mot. Par un prompt mouvement de colère. Subito animi impetu.

CHALEUREUX, EUSE. adj. Qui a de la chaleur naturelle. Fervidus, præfervidus. Il ne se dit guère qu’en cette phrase. Les vieillards ne sont guère chaleureux. On a dit autrefois chaloureux. On ne dit plus ni l’un ni l’autre.

☞ CHALIACRA. Ville de la Turquie en Europe, dans la Bulgarie, avec un port sur la côte de la mer Noire.

☞ CHALIBÉ. Voyez Chalybé. Je préférerois la première orthographe.

CHALINGUE s. f. Petit vaisseau des Indes, qui n’a de membres plats que dans le fond, & qui n’est guère plus long que large. Navicula Indica. On ne se sert point de cloux dans sa construction, & les bordages de ses hauts ne sont cousus qu’avec du fil de caret, fait de cocos, ou d’étoupe de noix de palme.

CHALIT. s. m. Bois de lit. Lectus. Nicot croit que ce mot vient de chassis de lit. Il est vieux : en sa place on dit bois de lit.

CHALLER. v. a. Vieux mot qui signifie écaler, ôter l’écale ou la coque dure des noix. Cependant les métayers qui là auprès challoient les noix, accoururent avec leurs grandes gaules, & frapèrent sur ces fouaciers comme sur seigle vert. Rabelais.

CHALLIVOY. Mouillez les deux ll. Abbaye de l’Ordre de Cîteaux, de la filiation de Pontigny, fondée en 1133, par Guifroy de Magny & d’autres Seigneurs de Berry, dans lequel elle est située proche de Sancerre, faisant une partie de son vignoble. Callovium, collivetum. M. Furetiere, premier Auteur de ce Dictionnaire, étoit Abbé de Challivoy. Voyez sur cette Abbaye, la Thaumassirre, Histoire de Berry, Liv. X, ch. 16, & le nouveau Gallia Christiana.

CHALLUA. s. m. Sorte de poisson sans écaille, qui se trouve dans les rivières du Pérou. Il a la tête longue & plate, comme celle d’un crapaud, & la gueule fort grande ; il est d’un fort bon goût, & de bonne qualité.

CHALOIR v. n. Vieux mot qui signifioit autrefois importer, avoir soin. Curare, sollicitum esse. Il n’est guère en usage qu’à l’impersonnel en cette phrase populaire, il ne m’en chaut, pour dire, il ne m’importe. Il ne m’en peut chaloir, cela ne me peut être important. Marot s’en est servi au subjonctif en disant à son créancier :

Beau Sire, ne vous chaille,
Quand je serai plus garni de cliquaille,
Vous en aurez : mais il vous faut attendre
Vous en aurez : mais ilUn bien petit.

Un Poëte de ce temps a dit aussi dans une Epitre badine,

Peut-être fort peu vous en chaut ;
Mais, ma Chailly, qu’il vous en chaille
Ou qu’il ne vous en chaille pas,
Je vais tacher, vaille que vaille,
De sortir de cet embarras.

☞ CHALON. s. m. Terme de pêche. Filet que les Pêcheurs traînent dans les rivières, Amplum rete.

CHALONGE. s. m. Vieux mot. Tromperie, barguignement. On a dit aussi chalange dans le même sens.

CHALONNOIS. s. m. Nom de deux différentes contrées de France, dont l’une est en Champagne, & l’autre en Bourgogne. Le Châlonnois en Champagne, Catalaunensis ager, ainsi nommé de Châlons-sur-Marne sa capitale, est entre le Rémois, le pays d’Argonne, le Bassigny & la Champagne propre. Le Châlonnois de Bourgogne, Cabillonensis ager, tractus, a le Dijonnois au nord, le Maconnois & la Bresse au midi, la Franche-Comte à l’orient, & à l’occident l’Autunois ; Châlons-sur-Saone, en est la capitale, de laquelle il prend son nom. Ce Châlonnois a eu autrefois ses Comtes particuliers. C’est Louis le Débonnaire qui lui donna le titre de Comté.

Châlonnois, oise. adj. qui est de l’un des deux Châlons, ou des deux Châlonnois. On appelle la Bresse Châlonnoise, la partie de la Bresse qui touche au Châlonnois. Cabillonensis, ou Catalaunensis, selon qu’on parle de l’un ou de l’autre Châlonnois.

CHÂLONS. Catalaunum. Noviomagus Vadicassium. Ville de Champagne en France, qu’on appelle souvent Châlons-sur-Marne, parce qu’elle est sur cette rivière, & pour la distinguer de Châlons-sur-Saone. L’Evêque de Châlons est un des six Pairs Ecclésiastiques du Royaume ; & l’un des trois Comtes & Pairs. Châlons sur la Carte de M. de l’Île est presque sous le 49e degré de latitude, & au 22e quelques minutes de longitude.

Selon M. Cassini, cette ville est plus orientale que Paris de 0d 5′ 26″, ou 2d 2′ 20″. Sa longitude est de 21d 53′ 40″. Sa latitude de 48d 57′ 10″.

L’a est long, & quelques-uns même écrivent ce mot par deux aa, Chaalons. On ne le fait plus. Voyez Valois, Notit. Gall. au mot Catalauni.

☞ CHÂLONS. Ville Episcopale de France, capitale du Châlonnois, en Bourgogne, sur la Saone. Quelques-uns pour la distinguer de Châlons en Champagne écrivent Chalon, Cabillo Æduorum, Cabillonum, Cabillonia. C’est une ancienne ville dont César, Comm. de Bello Gall. Lib. VII, c. 42. Strabon, Liv. IV. Ammien Marcel. Liv. XV, & l’Itinéraire d’Antonin font mention ; & qui dans la suite fut le séjour des Rois de Bourgogne, & en particulier de Sigismond. Saint Donatien, Evêque de Châlons, se trouva en 346 au Concile de Cologne. Julien Balleure a écrit l’Histoire des Evêques & de l’antiquité de cette ville, qu’Hoffmam, au mot Catalaunum, appelle mal Catalaunum comme la précédente. Il y a en françois une Histoire Civile & Ecclésiastique ancienne & moderne de la ville & cité de Châlons-sur-Saone, par le P. Claude Perry de la Compagnie de Jésus. Long, 22d 31′ 23″ ; lat. 46d 46′ 56″.

CHALOSSE. Pays de France en Gascogne. Calossia. La Chalosse est renfermée dans la Gascogne propre, près de l’Adour, & Saint Sever en est le principal lieu.

CHALOUPE. s. f. petit bâtiment de mer destiné au service des grands vaisseaux, sur lequel on fait aussi de petites traverses. Lembus. On se sauve dans des chaloupes. On a mis la chaloupe en mer. On porte des chaloupes en fagot. Chaque chaloupe est armée, c’est-à-dire, équipée de trois matelots, pour la nager ; savoir du Maître qui la gouverne, du Têtier qui tire la rame devant, & de l’Arrimier qui tire au milieu. Il y a des chaloupes doubles dont les unes sont pontées, & les autres n’ont que des courcives. Chaloupe bonne de nage, est celle qui est facile à manier, & qui passe & marche bien avec les avirons. Chaloupe armée, est celle dans laquelle, outre les matelots dont elle a besoin pour la nager, il y a encore des soldats pour quelques expéditions. On dit, avoir la chaloupe à toue ; pour dire, l’avoir amarrée à bord, & la faire tirer par le vaisseau lorsqu’il est sous voiles. Les gens de mer se servent de chaloupes pour porter des provisions au vaisseau. P. Hoste, Jésuite.

Ce mot vient de chalan, qui est une espèce de bateau de rivière, à l’imitation duquel on fait la chaloupe. Borel croit que l’un & l’autre viennent du grec κᾶλον ; qui signifie lignum.

☞ CHALUC. s. m. Poisson de mer semblable au chabot, mais ayant la tête moins grosse. Labeo ou labrus, ainsi nommé à cause de ses grosses lèvres. Voyez Chabot.

☞ CHALUMEAU. s. m. C’est proprement la tige creuse du froment, des roseaux, &c. Calamus. Ce mot convient aux plantes graminées. Voyez Tige. On le dit aussi d’un tuyau d’or, d’argent ou d’autre matière. Les enfans font de petites bouteilles de savon en soufflant dans un chalumeau. Quand le Pape communie solennellement, il prend le sang dans le calice avec un chalumeau d’or.

Ce mot vient du latin culmus, ou calamus ; Nicot : ou, selon Du Cange, de calamellus, d’où il dérive aussi le mot de chalemie.

Chalumeau se dit aussi d’un instrument de musique champêtre, composé soit d’un, soit de plusieurs tuyaux de blé, soit de quelqu’autre matière déliée. Calamus, fistula pastoritia ; Avena. Jouer du chalumeau. Les chalumeaux ont servi de flûtes à nos anciens, & on en a fait de l’écorce d’un saule levée quand il est en sève. Il étoit ouvert tant en haut qu’en bas. Il s’en fait aussi avec un tuyau de blé bouché par en bas par le nœud du tuyau, avec deux trous & une petite fente au milieu en forme d’une petite languette qui sert à battre l’air. Les Bergers dans les Eglogues chantent les louanges de leur Bergère sur leurs chalumeaux. Sylvestrem tenui musam avenâ meditari.

Viendrai-je en une Eglogue, entouré de troupeaux,
Au milieu de Paris enfler mes chalumaux ? Boil.


Muses, quittons nos prairies,
Et pendons à ces ormeaux
Les rustiques chalumeaux
Qui flattoient nos rêveries. Saras.

On appelle chalumeau, la flûte qui est attachée sur la peau de la musette, Fistula. Chalumeau de musette, de cornemuse.

Chalumeau. Terme d’Emailleurs, de Metteurs en œuvre, &c. C’est un petit tuyau creux, de cuivre, dont ces ouvriers & autres se servent pour diriger la flamme de leur lampe sur les pièces qu’ils veulent souder.

☞ Il y a des occasions où l’on se sert de chalumeau pour communier. A Saint Denis en France, le Diacre & le Sous-Diacre communient avec un chalumeau d’or, sous l’espèce du vin, les Dimanches à la grande Messe. La distribution du sang de notre Seigneur se faisoit avec un petit tuyau, ou chalumeau d’or. Voyez Pipe. Bouteroue.

CHALUMER. Vieux mot. ☞ Jouer du chalumeau ; au figuré, boire avec un chalumeau. Dans l’un & l’autre sens il est hors d’usage.

Esope quelquefois la nuit,
De complot avec la servante,
Chalumoit sans faire de bruit
Les tonneaux de son maître Xante. Furetieriana.

CHALUMET. s. m. Prononcez Calumet. Petit bout d’ivoire, long de quatre ou cinq pouces, & de la grosseur d’un gros tuyau. Le chalumet est percé dans sa longueur, & l’on y emboite les pipes à fumer, pour éviter l’incommodité de la terre ou plâtre de la pipe, qui s’attache aux lèvres, & pour ne pas mettre dans sa bouche le bout d’une pipe qui a été éprouvée par plusieurs autres. L’usage des chalumets n’a pas duré long-temps, parce qu’ils deviennent puants par une forte odeur de tabac qu’ils contractent promptement.

CHALYBÉ, ÉE. adj. Calybé. Chalybatus (le Dictionnaire de l’Académie écrit chalibé.) On donne cette épithète à plusieurs compositions, dont l’acier, en latin Chalybs, fait la base. Tels sont le tartre chalybé, l’eau chalybée, &c. Aqua chalybata. L’eau chalibée est astringente : c’est pourquoi l’on en fait boire à ceux qui sont incommodés du cours de ventre.

CHAM. s. m. Cham, Chamus. Prononcez Cam. Cham est l’un des trois fils de Noé qui repeuplèrent la terre après le déluge, & qui fut maudit de son père pour l’avoir insulté d’une manière peu séante, pendant le sommeil que lui causa l’ivresse, dont il est parlé dans la Genese, IX. Il étoit l’aîné des deux autres : Sem est appelé l’aîné de Japhet seul, non pas de Japhet & de Cham, Gen. X, 21. Et parce que Noé eut l’un de ses trois fils à 500 ans, ce ne fut point Sem, car il ne naquit que l’an 502 de son père Noé, puisqu’il n’avoit que 100 ans, deux ans après le déluge, qui arriva la 609e année de Noé, Gen. XI, 10. Ce fut encore moins Japhet, puisqu’il étoit cadet de Sem. Il faut donc que Cham ait été l’aîné des trois. Sa postérité occupa l’Afrique, l’Egypte, l’Arabie heureuse & la Palestine, ou terre de Chanaan, & régna même à Babylone, comme on le voit par les noms des peuples qui les habiterent, & qui sont les enfans de Cham, Gen. X, 6, 7, 8. L’Egypte même est appelée dans l’Ecriture, les Tentes de Cham, Ps. LXXVII, 51 ; & Terre de Cham, Ps. CIV, 23, 27, CV, 22 ; & dans Plutarque Chemie. De-là encore, selon Bochart, Phaleg, L. IV, c. 1, les noms de Chemmis, Psochemmis, Psittachemmis, donnés à des cantons ou contrées d’Egypte. De-là les noms d’Hammon ; & celui d’Ἡρμοχύμιος, dans Etienne de Byzance. Le P. Lubin s’est trompé, quand il a cru que la terre de Cham dans les Pseaumes n’étoit que la terre de Gessen, petite partie de l’Egypte où habitèrent les Israëlites. C’est toute l’Egypte. Voyez de Muis, Piscator, Gejerus & Bochart, à l’endroit cité ; & en effet David, Ps. CIV, 23, prend ces deux mots מצרים, Egypte, & ארץ חם, Terre de Cham, comme synonymes. Le prétendu Bérose dit que Cham est le même que Zoroastre, l’inventeur de la Magie. L’Arabe Abenephius dit que c’est aussi l’Osiris des Egyptiens, & le feu que les Perses adoroient. Voyez le P. Kirker, Œdip. Ægypt. Tom. I, p. 84.

CHAM. s. m. est le titre qu’on donne aux Princes souverains de Tartarie. Prononcez Kam. Plusieurs même l’écrivent ainsi, comme les Auteurs des Relations de Crimée qui se voient dans les nouveaux Mémoires des Missions du Levant, imprimés en 1715. Chamus Scytharum ad Orientem, Scythiæ ad ortum Imperator. Le grand Cham des Tartares. Le Cham des petits Tartares. Cingis a été le plus fameux des Tartares. Il vivoit du temps de Saint Louis, & est l’auteur de la race des Rois de Perse & des Mogols d’aujourd’hui.

Quand le Cham de Tartarie a dîné, un héraut crie que tous les Princes de la terre peuvent aller dîner, si bon leur semble ; & ce Prince, qui ne mange que du lait, qui n’a pas de maison, qui ne vit que de brigandage, regarde tous les Rois du monde comme ses esclaves, & les insulte régulièrement deux fois par jour. Montesq.

Ce mot, en langue sclavonne, signifie Empereur, comme le dit Vincent de Beauvais. M. Sperlingius, dans sa Dissertation sur la majesté du nom Danois Koning, qui signifie Roi, croit qu’on pourroit tirer de-là le nom de Cham des Tartares, & qu’on a dit dans le Septentrion Kan, Konnen, Konge, Konning.

Cham est aussi le nom que l’on donne en Perse aux grands Seigneurs de la Cour, & aux Gouverneurs des Provinces.

CHAMADE. s. f. Terme de Guerre. C’est un certain son de tambour, ou de la trompette, que donne un ennemi pour signal qu’il a quelque proposition à faire au Commandant, soit pour capituler, soit pour avoir permission de retirer des morts, faire une trêve, &c. Signum buccinæ, tympani ad colloquium.

Ménage dérive ce mot de l’italien chiamada, qui a été fait de clamare.

☞ Ce mot ne s’emploie guère que pour exprimer le signal que les assiégés donnent, soit avec la trompette ou le tambour, soit en arborant le drapeau blanc pour demander à capituler.

CHAMÆCERASUS. s. m. Petit arbrisseau qui croît à la hauteur d’un pied & demi, ou de deux pieds. Ses rameaux sont ligneux, fragiles, revêtus d’une écorce blanchâtre, remplis d’une moëlle blanche. Ses feuilles sont faites comme celles du peryclimenum ou du xylosteum, mais plus grandes, plus larges, plus dures, moins vertes, pointues, velues, principalement en dessous, rangées vis-à-vis l’une de l’autre. Ses fleurs naissent deux à deux sur une pédicule qui sort des aisselles des feuilles. Elles sont petites, blanches, formées en tuyaux évasés & découpées en deux lèvres, soutenues chacune par un calice semblable à une petite grenade, lequel devient dans la suite un fruit ou une baie rouge, semblable à une petite cerise, marquée de deux points, remplie d’un suc amer de mauvais goût, & de quelques semences aplaties ; presqu’ovales & blanches. Cet arbrisseau croît aux lieux montagneux, comme les Alpes & les Pyrénées. Ses fruits naissent deux à deux, attachés à la même queue. Ils excitent au vomissement, & purgent aussi par bas, si l’on en avale quatre ou cinq. Son nom vient de χαμαί, humi, à bas, & cerasus, cerisier : comme qui diroit cerisier bas. Lémery, après quantité d’autres Botanistes.

CHAMÆCISSUS. s. m. Plante. Voyez Lierre terrestre. C’est la même chose.

CHAMÆDRIS. Plante. Il faut écrire chamædrys, puisque ce mot vient de χαμαί, humi, à terre, & δρῦς, arbre, petit chêne. On prend des feuilles de cette herbe, comme celles du thé, pour les obstructions des viscères. On l’appelle aussi germandrée. Voyez Germandrée.

CHAMÆLEON BLANC. s. m. Plante médecinale, qu’on appelle aussi Carline. Voyez Carline.

Chamæleon noir. Plante dont la racine est brune par dehors, de la couleur de l’aristoloche, longue en dedans, grosse, charnue, & fort rarement rongée. Chamæleon niger. Sa tige est de couleur de pourpre, de la hauteur d’environ neuf pouces, ses feuilles sont semblables à celles de l’artichaut, marquetées de taches de diverses couleurs ; ses fleurs sont en ombelle, environnées de quantité de piquans : elles sont de couleur de pourpre, oblongues, blanches par dedans, minces, ressemblant à celles de la jacinte.

CHAMÆLEUCÉ. s. f. Plante, dont les feuilles sont rondes, semblables à celles des violettes de Mars, mais plus grandes, un peu dentelées à l’entour, & d’un vert obscur. La tige est rouge & branchue. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges & des branches : elles sont à cinq feuilles, de couleur jaune ; sa graine, qui est menue & oblongue, est renfermée dans de petites siliques. On l’appelle autrement caltha palustris flore simplici.

☞ CHAMÆMELUM. Espèce de plante semblable à l’anthémis. Voyez ce mot.

CHAMÆNERION. s. m. Plante dont la tige est haute de cinq ou six pieds, rougeâtre, rameuse, remplie de beaucoup de moëlle blanche, fongueuse. Ses feuilles sont oblongues, pointues, unies & approchantes de celles du sazue, d’un goût astringent, glutineux, avec quelque légère acrimonie ; ses fleurs sont grandes, belles, ordinairement à quatre feuilles disposées en rose, de couleur bleue, rarement blanche. Il leur succède des siliques longues, taillées chacune à quatre pans, arrondies, divisées en quatre loges, remplies de semences longuettes, menues, cendrées, surmontées d’une aigrette : sa racine qui s’étend en long & en large, est blanche & d’un goût visqueux & insipide. Elle croît dans les lieux montagneux & dans les jardins : ses feuilles sont vulnéraires & détersives. On nomme encore cette plante, epilobion. Chamœnerion vient du grec χαμαί, à bas, & νήριον, laurier-rose : comme qui diroit petit laurier-rose.

CHAMÆPITIS. s. m. Plante. Il faut écrire chamæpitys, parce que ce mot vient de χαμαί, humi, à terre, & πίτυς, pin. Cette petite herbe a les feuilles de pin, & elle est bonne pour la goutte. Voyez Ivette. C’est la même chose.

CHAMÆRHODODENDROS. s. m. Nom d’une plante. Chamærhododendros pontica folio laurocerasi, flore cœruleo purpurascente. Cet arbrisseau s’élève ordinairement à la hauteur d’un homme. On en trouve quelquefois de plus grands, dont le principal tronc est presque aussi gros que la jambe. Sa racine trace jusqu’à cinq ou six pieds de long, partagée d’abord en quelques autres racines grosses comme le bras, distribuées en quelques subdivisions qui ne sont pas plus épaisses que le pouce. Celles-ci diminuent insensiblement, & sont accompagnées de beaucoup de chevelu. Elles sont dures, ligneuses, couvertes d’une écorce brune, & produisent plusieurs tiges de différences grandeurs, qui environnent le tronc. Le bois en est blanc, cassant, revêtu d’une écorce grisâtre, qui tire en quelques endroits sur le brun. Les branches sont assez touffues, & naissent souvent dès le bas ; mais elles sont mal formées, inégales & garnies de feuilles, seulement vers les extrémités. Ces feuilles, quoique rangées sans ordre, sont d’une grande beauté, & ressemblent tout-à-fait à celles du laurier-cerise. Les plus grandes ont sept ou huit pouces de long, sur environ deux ou trois pouces de large vers le milieu ; car elles se terminent en pointe par les deux bouts. Leur couleur est vert-gai, leur surface lisse & presque luisante, leur consistance ferme & solide. Le dos en est relevé d’une grosse côte arrondie ; ce n’est qu’un allongement de la queue, laquelle a presque deux pouces de long, sur une ligne de large. Cette côte qui est sillonnée en devant, distribue des vaisseaux de part & d’autre, qui se répandent & se subdivisent sur ces côtes dans un ordre comme alterne. Les feuilles deviennent moindres, à mesure qu’elles approchent des sommités ; cependant on y en apperçoit assez souvent, qui sont plus grandes que leurs inférieures. Depuis la fin d’Avril jusqu’à celle de Juin, ces sommités sont chargées de bouquets de quatre ou cinq pouces de diamètre, composés chacun de vingt ou trente fleurs, qui naissent chacune des aisselles d’une feuille longue d’un pouce & demi, membraneuse, blanchâtre, large de quatre ou cinq lignes, pointue, creusée en gouttière, & posée en écaille avec ses voisins. Le pédicule des fleurs a depuis un pouce jusqu’à quinze lignes de long ; mais il n’est épais que d’environ demi-ligne. Chaque fleur est d’une seule pièce, longue d’un pouce & demi ou deux, rétrécie dans le fond, évasée & découpée en cinq ou six quartiers. Celui d’en haut, qui est quelquefois le plus grand, est large d’environ sept ou huit lignes, arrondi par le bout, ainsi que les autres, légèrement frisé, orné vers le milieu de quelques points jaunes, ramassés en manière d’une grosse tache. Les quartiers d’en bas sont un peu plus petits, & découpés plus profondément que les autres. A l’égard de leur couleur, le plus souvent elle est violette, tirant sur le gris de lin. On trouve des piés de cette plante à fleurs blanches. Toutes ces fleurs sont marquées de points jaunes, dont on vient de parler, & leurs étamines, qui naissent en touffe, sont plus ou moins colorées de purpurin, mais blanches & cotonneuses à leur naissance. Ces étamines sont inégales, crochues, & entourent le pistil. Leurs sommets sont posés en travers, longs de deux lignes, sur une ligne de large, divisés en deux bourses pleines d’une poussière jaunâtre. Le calice des fleurs n’a qu’environ une ligne & demie de largeur, légèrement cannelé en six ou sept pointes purpurines. Le pistil est une espèce de cône de deux lignes de long, relevé à sa base d’un ourlet verdâtre & comme frisé. Un filet purpurin, & long de quinze ou dix-huit lignes, termine ce pistil, & finit par un bouton vert pâle. Les bouquets des fleurs sont très-gluans, avant qu’elles s’épanouissent. Lorsqu’elles sont passées, le pistil devient un fruit cylindrique, long d’un pouce à quinze lignes, épais d’environ quatre lignes, cannelé, arrondi par les deux bouts. Il s’ouvre par le haut en cinq ou six parties, & laisse voir autant de loges qui le partagent en sa longueur, & sont séparées les unes des autres par les aîles d’un petit pivot qui en occupe le milieu. C’est ce pivot qui est terminé par le filet du pistil, & bien loin de se dessécher, il devient plus long, tandis que le fruit est vert, & ne tombe point. Les graines sont très-menues, d’un brun clair, longues de près d’une ligne. Les feuilles de cette plante sont stiptiques, sans autre saveur. Les fleurs ont une odeur agréable, mais qui se passe facilement. Cette plante aime la terre grasse & humide. Elle vient sur les côtes de la mer Noire, le long des ruisseaux. Tournef.

Il y a une autre espèce de Chamærhododendros, qui s’élève quelquefois plus que la précédente. Chamærhododendros Pontica maxima, mespili folio, flore luteo. Elle produit un tronc de même grosseur, accompagné de plusieurs tiges plus menues, divisées en branches inégales, foibles, cassantes, blanches en dedans, couvertes d’une écorce grisâtre & lisse, si ce n’est aux extrémités, où elles sont velues & garnies de bouquets de feuilles assez semblables à celles du néflier des bois. Ces feuilles sont longues de quatre pouces, sur un pouce & demi de largeur vers le milieu, pointues par les deux bouts, & sur-tout par celui d’enbas, vert-gai, légèrement velues, excepté sur les bords, où les poils forment comme une espèce de sourcil. Leur côte est assez forte, & se distribue en nervure sur toute la surface. La queue des feuilles n’a souvent que trois ou quatre lignes de longueur, sur une ligne d’épaisseur. Les fleurs naissent dix-huit ou vingt ensemble, ramassées en bouquets à l’extrémité des branches, soutenues par des pédicules d’un pouce de long, velues, & qui naissent des aisselles des petites feuilles, membraneuses, blanchâtres, longues de sept ou huit lignes, sur trois lignes de large. Chaque feuille est un tuyau de deux lignes & demie de diamètre, légèrement cannelé, velu, jaune, tirant sur le verdâtre. Il s’évase au-delà d’un pouce d’étendue, & se divise en cinq quartiers, dont celui du milieu a plus d’un pouce de long, sur presque autant de largeur, réfléchi en arrière aussi-bien que les autres, & terminé en arcade gothique, jaune-pâle, quoique doré vers le milieu. Les autres quartiers sont un peu plus étroits & plus courts, d’un jaune pâle aussi. Cette fleur est percée par sa partie postérieure, & s’articule avec le pistil qui est pyramidal, cannelé, long de deux lignes, vert blanchâtre, légèrement velu, terminé par un filet courbe, long de deux pouces, lequel finit par un bouton vert-pâle. Des environs du trou de la fleur sortent cinq étamines plus courtes que le pistil, inégales, courbes, chargées de sommets longs d’une ligne & demie, remplie de poussière jaunâtre. Les étamines sont de la même couleur, velues dès leur naissance, jusque vers le milieu : toutes les fleurs, ainsi que celles de l’espèce précédente, sont penchées sur les côtés, de même que celles de la fraxinelle. Le pistil devient dans la suite un fruit d’environ quatre lignes de long, du diamètre de six ou sept lignes, relevé de cinq côtes, dur, brun & pointu. Il s’ouvre de la pointe à la base en sept ou huit parties, creusées en gouttière, lesquelles assemblées avec le pivot cannelé, qui en occupe le milieu, forment autant de loges. Je n’en ai pas vu la graine mûre.

Les feuilles de cette plante sont stiptiques. L’odeur des fleurs approche de celle du chèvrefeuille ; mais elle est plus forte, & porte à la tête. Le miel que les abeilles tirent de ces fleurs rend insensé. Voyez Dioscoride, L. II, c. 103. Pline, Hist. Nat. L. XXI, c. 13. Xénophon, à la fin du quatrième siècle, livre de l’Expédition des Grecs, ou de la Retraite des dix mille ; & Tournefort, ib. p. 348 & suivantes.

CHAMÆSYCE. s. m. Espèce de tithymale. Chamæsyssus. Sa racine est fort petite, longue d’environ quatre doigts. Elle a plusieurs branches de la même longueur, rouges, un peu velues, couchées par terre, pleines d’un suc semblable à du lait. Ses feuilles sont un peu rondes, rouges par dessous, vertes par dessus. Il y en a quelques-unes au bout des branches, qui sont rouges des deux côtés. Ses fleurs viennent entre les feuilles, & sont de couleur de pourpre.

Le nom de chamæsyce est grec, & vient de χαμαί, humi, à terre, & συκῆ, peplus qui est une sorte de tithymale.

CHAMAILLER, v. n. Se battre contre un ennemi armé de toutes pièces, frapper réciproquement sur les armes les uns des autres. Inter se confligere. Ces deux Chevaliers ont long-temps chamaillé l’un contre l’autre.

Nicot croit que ce mot vient de maille, à cause que les anciens Chevaliers en se battant frapoient sur des hauberts faits de mailles de fer. Il dit aussi qu’il pourroit venir de malleus, ou de malleare.

Chamailler, se dit aussi des autres batteries, des querelles & disputes qui durent long-temps, soit à coups de mains, soit de paroles. Inter se confligere verbis, pugnis. Ces écoliers ont long-temps chamaillé ensemble à coups de poing. Ces Docteurs ont longtemps chamaillé en disputant sur cette question.

☞ Ce mot ne peut s’employer que dans le style familier, tout au plus, & se dit de plusieurs personnes qui se battent avec grand bruit ; & figurément, de ceux qui disputent ou contestent de même. Il s’emploie aussi avec le pronom personnel. Ces femmes chamaillèrent ou se chamaillèrent pendant une heure.

CHAMAILLIS. s. m. Mêlée, dispute où l’on chamaille. Conflictus. Ce mot n’est plus guère en usage, pas même dans le style familier.

CHAMANT. s. m. Nom d’homme. Amantius. St Amant, que nous appelons plus communément S. Chamant, étoit citoyen de la ville de Rodez, dont il fut le premier Evêque. Il mourut vers la fin du Ve siècle. Baillet. Ce nom montre que nous avons ajoûté quelquefois ch au commencement des mots, dont la première lettre est une voyelle, & peut servir à vérifier quelques étymologies.

CHAMARAZ. s. m. Nom de plante. Quelques-uns écrivent Chamarax. On l’appelle aussi la Germandrée d’eau. Ces mots se sont formés de Chamædris parce qu’on a appelé cette plante Chamædris palustris, à cause de la ressemblance de la feuille avec celle de la véritable chamædris. C’est le Scordium. Voyez ce mot, qui en grec signifie ail. Ses feuilles sechées & cuites dans le vin, fournissent un antidote contre la morsure des serpens. On prend les feuilles du scordium infusées dans de l’eau chaude, à la manière du thé, pour fortifier l’estomac. Ces mêmes feuilles dans le vinaigre ou dans l’eau, & appliquées extérieurement, soulagent les douleurs de la goutte. Cette plante est un remède excellent contre les vers. Elle résiste à la gangrène & à la pourriture.

CHAMARIER. s. m. Dignité de l’Eglise de Lyon ; c’est ce qu’on nomme ailleurs plus communément Chambrier.

CHAMARRE. s. m. Vieux mot qui signifioit autrefois un hoqueton, ou habit de berger, fait de peau de mouton ou de chèvre, sur les coutures duquel il y avoit plusieurs bandes en guise de passement. Rheno pastoritius virgatus.

☞ CHAMARRER, v. a. Orner un habit, un meuble de passemens de dentelles, de galons, de bandes de velours, &c. Vestem transversis segmentis describere, distinguere. Habit chamarré de galons, de bandes de velours, &c. Ce Seigneur fait chamarrer son habit de passemens d’or, de broderie. Chamarrer en quille, chamarrer à bâtons rompus.

Ce mot vient de l’ancien gaulois chamarré, qui étoit un habit décrit ci-dessus.

Chamarré, ée. part. & adj. Virgatus, segmentatus. Habit chamarré.

Chamarré, se dit de même au figuré.

Et d’un pédant chamarré de latin
Elle fabrique un nouvel Augustin. R.

CHAMARRURE. s. f. Ornement d’habits avec des passemens, broderies, galon, &c. Virgata vestis, segmentata. La chamarrure de cet habit a coûté plus que l’étoffe. Il se dit aussi de la manière de chamarrer. Chamarrure à ondes, en bracelets, à bâtons rompus.

☞ CHAMB. Ville du Cercle de Bavière, capital du Comté de Chamb, à l’embouchure de la rivièrs de même nom, dans le Regeu. Le Comté, qui a eu ses Comtes particuliers, a été uni au haut Palatinat.

CHAMBAY ou XAMBAY. Ville de la Chine. Elle est du troisième ordre, sur la côte orientale de la Chine, & sur une rivière nommée Hoampou, à 4 petites lieues de la mer. Latitude septentrionale 31d 16′. Les observations sur lesquelles on a tiré cette latitude, ne sont pas entièrement sûres : il peut y avoir deux minutes de différence. La longitude est 141d 41′ 45″. Gouye.

CHAMBELLAGE ou CHAMBRELLAGE. s. m. Terme de Coutumes. C’est un droit que le vassal doit au Seigneur féodal en certaines mutations, qui est différent suivant les lieux. Il y a aussi un droit de chambellage qui est dû au premier Huissier de la Chambre des Comptes par ceux qui y font la foi & hommage : ce qui vient de ce que le Chambellan du Roi avoit un droit sur les vassaux qui relevoient nuement de la couronne, en considération de ce qu’il les introduisoit dans la chambre du Roi, pour faire la foi & hommage : il se tenoit à côté du Roi, & disoit à ceux qui se présentoient : Vous devenez homme du Roi, de tel fief, que vous connoissez tenir de sa couronne. Pour cela on lui faisoit un petit présent, qui a été depuis convent en droit & en obligation. Les Rois, pour se délivrer de l’importunité de recevoir les hommages de leurs vassaux, ayant renvoyé cette cérémonie à la Chambre des Comptes, lorsqu’elle fut établie à Paris, le droit de Chambellan passa en même temps au premier Huissier de la Chambre, lequel introduit les vassaux du Roi. Il est taxé à un écu par la Coutume de Mante, & à vingt sous par celle de Senlis. C’est ce que devoit donner le moindre vassal par l’Ordonnance du Roi Philippe le Hardi, de l’an 1271. Jus cubicularis magisterii in regis beneficiarios.

☞ On a encore appelle autrefois chambellage, le droit que les Bénéficiers, Evêques & Archevêques payoient au Roi, en lui prêtant le serment de fidélité.

☞ CHAMBELLAN. s. m. C’est ainsi qu’on appelle les Officiers de la Chambre de quelques Princes les Gentilshommes qui les servent dans la Chambre, en l’absence du premier Gentilhomme de la Chambre.

Grand Chambellan, chez le Roi. Grand Officier de la Couronne, premier Officier de la chambre du Roi. Cubiculo regio Præpositus, Cambellanus, Cambalarius, Camerarius, Cubicularius. On l’a appelé aussi autrefois Grand Chambrier ; & sa charge, grande chambrerie. C’étoit la seconde dignité du Royaume. Il est d’ordinaire nommé après le Chancelier. On n’expédioit guère de lettres-patentes qu’en la présence du Grand Chambellan : cela se faisoit encore du temps de Philippe Auguste. Il avoit alors juridiction sur la friperie & sur les marchandises, comme le Grand Pannetier l’avoit sur les Boulangers. Il introduisoit dans la Chambre du Roi les vassaux qui venoient faire hommage, qui lui faisoient un présent qu’on appeloit le droit de Chambellage. Il gardoit le trésor du Roi, faisoit l’office de Maître d’hôtel, d’Ecuyer tranchant, & de Gentilhomme servant. Géliot, en son Indice Armorial, dit que le Grand Chambellan, pour marque de sa charge, met derrière l’écu de ses armes deux clefs d’or passées en sautoir, dont les anneaux sont terminés par une couronne royale, & qu’il reçoit le serment de tous les Officiers de la Chambre du Roi. Il dit aussi qu’autrefois la dépouille & les habits du Roi lui appartenoient, lequel en devoit avoir neuf par jour. Mais comme il étoit incommode de le déshabiller si souvent, on en faisoit une estimation qui se convertissoit en argent. Le jour du sacre il tire la botte, & déchausse le Roi ; & il est assis à ses pieds, lorsqu’il tient les Etats ou son Lit-de-Justice. Voyez aussi Du Tillet.

P. Bardin imprima en 1615 un livre intitulé, le Grand Chambellan de France, où il est amplement traité des honneurs, droits & pouvoirs de cet office. Il prétend au c. 3, p. 6, que l’office de Grand Chambellan est presque aussi ancien en France que la Monarchie ; car, dit-il, si nous ne voulons pas ajouter foi à un Historien (Nicolas Gilles), en la vie de Clovis, qui dit qu’Aurélien député par Clovis vers Gombaut, Roi de Bourgogne, pour aller rechercher sa nièce Clotilde en mariage, étoit Chambellan de ce premier Roi Chrétien ; au moins sommes-nous obligés de croire à Guaguinus, Liv. II ; à Nicolas Gilles, en la vie de Clotaire ; & à Faucher, Liv. III, c. 8, qui ont assuré que Gautier de Calez ou de Caux, Seigneur d’Ivetot, l’étoit de son fils Clotaire.

Il y en a qui croient que le Grand Chambrier & le Grand Chambellan, sont deux offices séparés de pouvoir & de dignité, & que le Chambrier étoit proprement celui que l’on appelle Domestique du Roi ; mais ce sont deux noms que le même office a eu en différens temps. L’on trouve néanmoins en la Chambre des Comptes deux titres de ces Officiers ; & nous voyons que sous un même Roi, & en un même temps, deux sont pourvus des Etats de Chambellan & de Chambrier. Toutefois cela ne s’est fait que dans la dernière race, dit Bardin, quand nos Rois ne voulant point mécontenter les grands Seigneurs qui demandoient cette charge, la divisèrent ainsi, donnant à l’un le nom de Grand Chambellan, & à l’autre celui de Grand Chambrier ; & peut-être servoient-ils alternativement par semestre ou par quartier. Plusieurs raisons, continue-t-il, m’autorisent en cela, & entr’autres que nous voyons les noms de Grands Chambellans & Chambriers souscrits indifféremment aux chartes qui n’étoient signées que par les cinq grands Officiers de la Couronne ; mais l’on ne trouve point que ces deux Officiers aient soussigné les mêmes Lettres. Au ch. VI, il fait une liste des Grands Chambellans, jusqu’à Charles IX ; & au ch. VII, des Officiers & Domestiques établis sous le Grand Chambellan.

Le Grand-Chambellan, le jour du sacre du Roi, a soin de faire tenir la porte fermée, attendant que les Pairs & Seigneurs frappent. Alors il leur demande ce qu’ils cherchent, & eux répondant, notre Roi, il leur ouvre, afin qu’ils l’aillent quérir pour le conduire à l’Eglise. Là le Grand-Chambellan reçoit les bottines royales que l’Abbé de S. Denys lui met en main, pour les chausser au Roi, & à lui seul appartient de lui vêtir la Dalmatique de bleu azuré, & par-dessus le manteau royal, les oraisons étant achevées.

Par les Etats des Hôtels des Rois Philippe le Bel, & Philippe le Long, en toutes autres cérémonies royales il a toujours la préséance. S’il porte sa bannière de France, il est entre le Grand-Maître, qui tient son bâton, & le Grand-Ecuyer, qui porte l’épée. Aux entrées de ville, il est à sa main droite, & la tête de son cheval vis-à-vis la jambe droite du Roi. Aux cérémonies à pied il marche un peu derrière, à sa main droite. Quand le Roi tient son Lit-de-Justice en ses Cours de Parlement, par Arrêt de l’an 1451, 22 Avril, il a séance à ses pieds sur un carreau de velours violet couvert de fleurs-de-lis d’or. Il couchoit anciennement dans la chambre du Roi, quand la Reine n’y étoit point ; & lorsqu’il couche chez le Roi, tous les matins un Valet de Chambre le doit aller avertir, quand le Roi est éveillé, afin qu’il lui présente la chemise & sa robe de nuit ; honneur qu’il ne défère qu’aux enfans de France, & au premier Prince du Sang. Aux grands hommages que l’on rendoit au Roi, le Grand Chambellan parloit pour lui, & faisoit faire aux Seigneurs les protestations de leur fidélité & du devoir de l’hommage. Il avoit l’œil à ce que ceux qui étoient sous sa charge fissent nettoyer & tapisser magnifiquement le Palais Royal, prissent garde aux habillemens du Roi, donnassent ordre que son lit fût honnêtement & richement paré, son linge bien blanc, & ses meubles bien propres : soin qui lui étoit commun avec la Reine. Il disposoit des présens qu’il falloit donner aux Ambassadeurs Etrangers. Il a pouvoir de commettre un Lecteur pour le Roi, ce qui vient apparemment de ce qu’anciennement, lorsque nos Rois & nos Reines prenoient leurs vêtemens, & pendant leur repas, on avoit coutume de leur lire quelques histoires & faits héroïques des Princes.

Il avoit anciennement la garde du trésor du Roi. Il a encore celle de ses ornemens royaux, couronne, sceptre, main de justice, anneau, manteau royal, scel de secret, ; celle des étalons des poids & mesures. Depuis Philippe I, qui l’ordonna, il a toujours soussigné avec les quatre grands Officiers de la Couronne aux chartes & lettres de conséquence. Il assiste au jugement des Pairs, & y a voix délibérative. Cela fut jugé l’an 1224 sous Louis VIII. Voyez Pasquier, Liv. IV, des Rech. ch. 9. Philippe le Bel défendit qu’aucun ne prît vivres à Paris aux taux du Roi, excepté la Reine, les enfans, le Grand-Chambellan, &c. Il avoit autrefois sa table entretenue chez le Roi. Il étoit exemt de payer aucun sceau. Lorsque le Roi est en campagne, les Maréchaux des Logis doivent marquer pour le Grand-Chambellan la première chambre après celle du Roi. Cela fut jugé au voyage de Louis XIII, en Languedoc, en faveur de M. le Duc de Chevreuse ; & la raison est qu’anciennement il couchoit dans la chambre du Roi. Enfin la marque & enseigne de la Charge de Grand-Chambellan est la bannière de France. Tout ceci est tiré de Bardin. On peut voir encore Du Tillet, P. I, p. 415 & suivantes.

Le Prevôt de Paris prend le titre de Chambellan ordinaire du Roi. Cela vient de ce que nos Rois voulant être informés exactement par ce Magistrat de tout ce qui concernoit leur service, ou le bien public, arrachèrent à son office celui de leur Chambellan ordinaire, pour avoir accès à toute heure auprès de leur personne. De La Mare, Traité de la Police, Liv. I, Tit. VII, ch. 3.

Le Grand-Chambellan est, à Rome, celui qui a soin du gouvernement de la ville, qui préside au Patrimoine de l’Eglise & au Fisc, & qui fait les aumônes du revenu de l’Eglise : c’est comme le Préfet du Trésor Romain, ou le Surintendant des Finances. Ærario Romano præfectus, præpositus. Il a aussi le soin des édifices publics, comme les Ediles. Le siège vacant, il loge à l’appartement du Pape, marche avec sa Garde-Suisse, & ordonne de l’assemblée du Conclave. Il y a aussi à Rome une charge de Chambellan du Sacré Collège, qui s’exerce tour-à-tour pendant un an par les plus anciens Cardinaux. Il a soin du revenu du Sacré Collège, & en sortant de charge, il distribue à chacun des Cardinaux ce qui lui appartient. Il est différent du Camerlingue ou Chambellan du Pape. Ærario sacri Cardinalium Collegii præfectus.

Chambellan, se dit aussi d’une des deux grandes tables que le Roi tient pour les Courtisans, qui étoit autrefois tenue par le Grand-Chambellan, & que le premier Maître d’Hôtel tient aujourd’hui. Aller dîner au Chambellan.

Dans l’Abbaye de S. Claude en Franche-Comté, le Chambellan étoit un des offices claustraux. Le Chambellan de S. Claude devoit faire les affaires de l’Abbé, fournir des essuie-mains ou serviettes, pour le lavement des pieds du Jeudi-Saint, & servir les soixante pauvres à qui on devoit les laver. Il étoit encore obligé de fournir de la paille pour les lits des Novices & des autres Religieux. P. Hélyot, T. V, p. 172.

CHAMBELLANIE. s. f. Charge, dignité, office de Chambellan. Camerarii, ou Cubicularii dignitas. Du Tillet se sert de ce mot, Part. pag. p. 415. Aujourd’hui il faut dire charge de Chambellan.

☞ CHAMBELLENAGE. C’est ainsi qu’on appelle en Bretagne le droit de chambellage.

☞ CHAMBERLAIN. s. m. C’est en Angleterre ce que nous appelons en France Chambellan.

CHAMBERLAN, se disoit autrefois proprement d’un Gentilhomme dormant dans la chambre du Roi au pied de son lit en l’absence de la Reine, comme dit Ragueau. Magister thalami regii Regis ad pedes cubans absente Reginâ. Chamberlanus. Il y avoit aussi de petits Chamberlans qui mettoient la nappe, comme témoigne Borel. Le même rapporte que Chamberlan, Chambrelan, & Chambellan est la même chose. Voyez Chambrelan.

Ces mots viennent du latin camerâ, chambre, & l’on devroit dire Chambrelan pour Chambellan, dit de Saint-Julien, Antiq. de Châlons, p. 384. L’usage l’a adouci en retranchant l’r. Camera, Chambre, est formé sur le celtique Cambr. Pezron. Ce prétendu celtique n’est-il point un mot roman, ou romanesque, que les Gaulois ont fait du latin ou du grec ?

CHAMBÉRY. Ville capitale de Savoie. Cameriacum. Chambéry est situé au confluent des deux petites rivières de Laise & d’Albans, ou Albane. Il y a un Parlement que l’on appelle Sénat composé de quinze Sénateurs, & quatre Présidens ; & une Chambre des Comptes. Paradin, dans sa Savoie, dit que cette ville est dans le territoire des anciens Antuates, Antuates. Cenalis & quelques autres prétendent que c’est l’ancienne Civaro, ville des Allobroges, que d’autres mettent à Civron, village situé sur l’Isère à trois lieues de Chambéry long. 23d 30′ ; lat. 45d 35′.

☞ CHAMBLY. Petite ville de France, dans le Beauvaisis, à quatre ou cinq lieues de Senlis.

☞ CHAMBON. Petite ville de France en Auvergne, sur la Voise, à quatre lieues de Mont-Luçon.

CHAMBORD. Maison Royale, dans le Blaisois, à trois ou quatre lieues de Blois, de l’autre côté de la Loire. Camboritum. Chambord a été bâti par François I, & Henri II. C’est dans cette retraite que le Héros de notre siècle mourut en 1750.

CHAMBOURIN. s. m. Espèce de pierre qui est à faire des verres, qu’on appelle verres de cristal.

CHAMBRANLE. s. m. Terme d’Architecture & de Menuiserie. Bordure, ornement de menuiserie, ou de pierre, qui borde les côtés des portes des chambres, des fenêtres, des cheminées. Antepagmentum. Il est différent selon les ordres & quand il est simple & sans moulure, on le nomme bandeau. Le chambranle a trois parties : les deux côtés qu’on appelle montans, Scapi cardinales ; & le haut qu’on appelle traverse. Supercilium. Le chambranle à crû, est celui qui porte sur l’aire du pavé, ou sur un appui de croisée sans plinthe. Le chambranle à crossettes est celui, qui a des crossettes ou oreillons à ses encoignures. On se contente maintenant d’un seul chambranle pour faire un manteau de cheminée, avec un tableau au-dessus.

☞ CHAMBRE. s. f. Membre, partie d’une maison, d’un appartement. Ce mot se dit de la plupart des pièces d’une maison, mais particulièrement de celle où l’on couche. La chambre à coucher, ou chambre du lit, est celle où l’on couche ordinairement. Elle est dans l’appartement d’usage. Cubiculum. Chambre lambrissée, parquetée, boisée, planchetée, carrelée. Chambre à feu, sans cheminée. Chambre à alcove, chambre en niche.

☞ On appelle chambre de parade, la plus belle chambre d’un appartement, où sont les meubles les plus riches, destinée à recevoir les visites de cérémonie.

☞ Il y avoit autrefois des chambres en estrade, où le lit étoit élevé sur des gradins séparés de la pièce par une balustrade. Chambre en galetas. On appelle ainsi celle qui est prise dans une partie du toit d’un bâtiment. Ces chambres servent aux principaux domestiques de la maison.

☞ Ce mot s’emploie aussi en parlant des choses qui servent à la chambre. Valet de chambre. Cubicularius. Premier Valet de chambre. Cubiculariorum decurio. Fille de chambre. Famula cubicularis. Robe de chambre, robe qu’on porte quand on garde la chambre. Toga domestica. Pot de chambre.

Ce mot vient, selon Nicot, du latin camera, qui a été dérivé du grec καμάρα, signifiant voûte, ou courbe ; parce qu’originairement l’on ne donnoit le nom de chambre qu’aux places qui étoient voûtées en arc de cloître. Les Espagnols disent aussi camara, d’où on a fait camarade. Du Cange. Dans camera l’e devenant muet, ou se retranchant, l’m n’a pu se prononcer immédiatement devant l’r ; il a fallu ajouter un b entre deux, selon les remarques & les principes de M. l’Abbé Dangeau, dans ses excellens Essais de Grammaire.

Chambre garnie. C’est une chambre qu’on loue fournie de toutes les choses nécessaires. Quand on n’a point de meubles, on se met en chambre garnie. Par un règlement de Police du 20 Mars 1635, il est défendu aux loueurs de chambres garnies de loger, ni recevoir, ni jour ni nuit, que personnes de bonne vie, & bien famés, ni leur administrer vivres ni alimens à peine de punition exemplaire. Et leur est enjoint de s’enquérir de ceux qui logeront chez eux, de leurs noms, surnoms, qualités, conditions, demeurances, du nombre de leurs serviteurs, chevaux, le sujet de leur arrivée, & le temps de leur séjour ; en faire registre, & le porter le même jour au Commissaire de leur quartier, lui en laisser autant par écrit, & s’il y a aucuns de leurs hôtes soupçonnés de mauvaise vie, en donner avis audit Commissaire ; & de bailler caution de leur fidélité au Greffe de la Police. De la Mare. Traité de la Police, Liv. I, T, VIII, ch. 3.

☞ Dans les Couvens on appelle chambre noire, une chambre qui n’est point éclairée, où l’on enferme ceux qu’on met en pénitence. Conclave piacularibus pœnis destinatum. On peut aussi s’y retirer pour faire des retraites volontaires.

☞ Garder la chambre, c’est être indisposé à ne pouvoir sortir de sa chambre. Tenir une fille en chambre, c’est l’y entretenir. Au figuré tenir quelqu’un en chambre, c’est l’obséder pour le faire jouer, & le tromper.

☞ Travailler en chambre, en parlant des Ouvriers, c’est ne pas tenir boutique. Privatos intra parietes artem exercere. Cet Ouvrier ne peut tenir boutique ; il travaille en chambre.

☞ On dit proverbialement & figurément d’un homme un peu fou, qu’il y a bien des chambres à louer dans sa tête.

Chambre obscure, en terme d’Optique, est une chambre ou un vaisseau bien fermé de toutes parts, à la réserve d’une petite ouverture par où on laisse entrer les rayons du Soleil, qui vont peindre sur le mur opposé, sur un papier, les images de tout ce qui est au-dehors. ☞ Par le moyen du verre lenticulaire, que l’on met au petit trou pratiqué à la fenêtre, les objets de dehors, suivant les principes de la dioptrique, se peindront renversés sur le carton blanc que l’on place au foyer du verre lenticulaire.

☞ On redresse les images, en plaçant au dessus du verre lenticulaire un miroir plan extérieur incliné de 45 degrés sur la boîte. L’expérience nous apprend qu’un miroir plan incliné de 45 degrés représente un objet horisontal dans une situation perpendiculaire.

☞ Par ce moyen on se procure un spectacle fort amusant, & l’on peut dessiner les objets avec la plus grande exactitude. Daniel Barbaro, Patriarche d’Aquilée, a été le premier qui a écrit de cette invention, ensuite A. Porta, & Cardan dans sa Subtilité.

Chambre, se dit par excellence de la chambre du Roi, des Officiers qui y servent, & des meubles qui y sont destinés. Cubiculum regium. Les quatre premiers Gentilshommes de la Chambre ont chez eux les Pages de la Chambre, & servent par année ; les Valets de Chambre, les Huissiers de Chambre, par quartiers. La Musique de la Chambre ou autrement du petit coucher. On appelle aussi la Chambre, le lit & la Chambre du Roi, qui marche toujours quand le Roi va en campagne. On appelle aussi la Chambre du Roi, les plus belles chambres des châteaux ou des hôtelleries où le Roi a une fois couché allant par pays. On appelle enfin chambre du Roi, certains Officiers de la Chambre ou qui y ont rapport, & quand le Roi Louis XIV, le matin après être levé, pendant qu’on l’habilloit, demandoit sa Chambre, alors les Huissiers de la Chambre prenoient la porte de la Chambre, & avec eux entroient les Valets de Chambre, les Porte-manteaux, les Porte-arquebuses & autres Officiers de la Chambre. ☞ Avoir les entrées de la Chambre, c’est avoir le privilège d’entrer avec les Officiers de la Chambre.

Chez le Roi il y a aussi la Chambre aux deniers. Instituta moderandis regiæ domûs sumtibus præfectura : & trois Maîtres de cette Chambre servent chacun leur année, & règlent la dépense de la Maison du Roi dans un bureau établi pour cela, où ils président. Regio patrimonio tuendo tribunal.

Autrefois on appeloit Chambre, le lieu où l’on gardoit le Trésor-Royal, comme on voit dans les Capitulaires de Charles le Chauve. On dit encore à Rome des ducats de la Chambre ; pour dire du Trésor des Papes.

Chambre, se dit aussi de plusieurs Juridictions où l’on rend la justice. En chaque Parlement il y a une Grande-Chambre, qu’on appelle autrement la Chambre des Audiences. Et il faut prononcer Gran-Chambre & non pas Grande-Chambre, qui ne se dit, que lorsque l’on veut exprimer la grandeur, l’étendue de la pièce d’un appartement que l’on appelle chambre. C’est ainsi que l’on dit gran, ou grand’mère, & non pas grande-mère. Voyez le mot Grand. ☞ Grand’Chambre, se dit par extension des Magistrats qui ont séance à la Grand’Chambre.

Dans la première institution du Parlement il n’y avoit que deux Chambres, & deux sortes de Conseillers : l’une étoit la Grand-Chambre pour les audiences, dont les Conseillers s’appeloient Jugeurs, qui ne faisoient que juger, Primarium cemtumviralis Primatûs tribunal ; l’autre des Enquêtes, dont les Conseillers, s’appeloient Rapporteurs, qui ne faisoient que rapporter les procès par écrit. Inquisitorum curia. Des Chambres des Enquêtes, qui jugent des procès par écrit : il y en a cinq à Paris, ailleurs moins. Une Chambre de la Tournelle, ou Chambre Criminelle, se jugent les procès criminels, qui est ainsi appelée, parce que les Conseillers des autres Chambres y vont tour à tour. Capitalium judicum tribunal.

Chambre de la Tournelle Civile. On appeloit ainsi une Chambre qui a été créée plusieurs fois pour juger certaines affaires quand la Grand’Chambre étoit surchargée : elle jugeoit à l’Audience les affaires au dessous de mille écus, ou de cent livres de rente & au dessous. Elle étoit composée comme la Tournelle Criminelle, des Conseillers de la Grand’Chambre, & des Enquêtes, qui y alloient alternativement.

Il y a aussi des Chambres de Requêtes du Palais. Institutum libellis supplicibus judicandis tribunal, où l’on juge en première instance les affaires des Officiers du Roi, qui sont privilégiés, & qui ont droit de Committimus. Il y en a deux à Paris, & une dans les autres Parlemens.

On appelle Chambre du Conseil, la Chambre où les Conseillers jugent les Procès par écrit. Interius consilii conclave.

La Chambre des Vacations, est celle qu’on établit pour juger des matières provisoires & criminelles, pendant que le Parlement vaque. Tribunal dicendi juris per statos vacationum forensium dies.

La Chambre de la question, est celle où on donne la question. Tribunal tormentorum.

Chambre de l’Edit ou Chambre mi-partie, est une Chambre établie en vertu des édits de pacification en faveur de ceux de la Religion Prétendue-Réformée, dans laquelle il y a autant de Juges d’une Religion que de l’autre. Tribunal mixtorum ex Catholicis & Calvinianis judicum. La Chambre de l’Edit du Parlement de Toulouse étoit à Castres, celle de Bourdeaux à Agen. Elles ont été supprimées. Les Chambres de l’Edit jugeoient toutes les affaires auxquelles ceux de la Religion Prétendue-Réformée étoient intéressés, ou comme parties principales, ou comme garans, soit en demandant, soit en défendant, tant en matière civile qu’en matière criminelle. On en avoit excepté les causes où il s’agiroit du possessoire des bénéfices, des dîmes non inféodées, du patronage Ecclésiastique, des droits & des devoirs du domaine de l’Eglise. A l’égard des appellations comme d’abus interjettées des Jugemens ecclésiastiques par ceux de la Religion Prétendue-Réformée, si elles étoient fondées sur entreprises faites par des Ecclésiastiques contre la Juridiction Royale, contraventions aux Droits & Ordonnances du Roi, & Arrêts des Cours Souveraines, elles étoient traitées & jugées par les Chambres de l’Edit : mais si elles étoient fondées sur une contravention aux saints Décrets, Sanctions & Constitutions canoniques, les Chambres de l’Edit n’en pouvoient connoître ; cependant le Clergé avoit obtenu plusieurs Déclarations & Edits, pour que les appellations comme d’abus des Jugemens ecclésiastiques, fussent toutes traités dans les Parlemens. Voyez Fevret, de l’Abus, Liv. I, ch. 2.

Chambres assemblées, se dit de l’assemblée de toutes les Chambres du Parlement. Coactum ex universo Senatu consilium.

☞ En matière criminelle, on entend par Chambres assemblées, la Grand’Chambre seulement, jointe à la Tournelle. Les Prêtres, les Gentils-hommes, les Officiers Royaux ont le droit de faire juger les procès criminels par les Chambres assemblées, c’est-à-dire, par la Grand’Chambre & la Tournelle réunies, sans y comprendre les autres Chambres.

Chambre des Comptes, est une Cour souveraine où se rendent tous les comptes de tous les deniers royaux où l’on enregistre les aveus & dénombremens qu’on donne au Roi, les sermens de fidélité, & les autres choses qui regardent les Finances du Roi, ou son domaine, Rationum regiarum curia. Cette Chambre fut rendue sédentaire à Paris sous le règne de Philippe le Bel, & fut nommée Chambre, comme le Parlement. Les Avocats & Procureurs-Généraux du Parlement & de la Chambres des Comptes, furent communs jusqu’à l’an 1454. Elle avoit une plus grande autorité qu’elle n’a aujourd’hui. C’étoit toujours un Archevêque ou un Evêque qui y présidoit. La charge de second Président fut pendant quelque temps affectée au grand Bouteillier de France. Ce fut Louis XI qui nomma un Laïque pour premier Président : Louis XII donna cette charge à Jean Nicolaï, dont les descendans en ligne directe ont rempli la même place jusqu’à présent. Elle est composée de Présidens, de Maîtres, Correcteurs & Auditeurs ; d’un Avocat & d’un Procureur Général. Voyez Pasquier.

Il y a quinze Chambres des Comptes en France, Paris, Rouen, Nantes, Montpellier, Pau, Grenoble, Aix en Provence, Dole, Dijon, Aire en Artois, Lille, Blois, Metz, Nancy & Bar.

Chambre des Monnaies, érigée en Cour Souveraine sous Henri II. Monetalium judicum curia. ☞ Elle étoit exercée par les Généraux des Monnoies, qui jugeoient en dernier ressort de tout ce qui avoit rapport au monnoies.

Chambre du Trésor, est une Juridiction où l’on juge en première instance les affaires qui regardent le Domaine du Roi, & dont l’appel ressortit au Parlement. Ærarii regii tribunal.

Chambre Ecclésiastique, est une Chambre où l’on juge par appel les différens qui arrivent sur la levée des décimes, don-gratuit, & autres impôts sur le Clergé. Tribunal Ecclesiasticum. Il y en a de subalternes en chaque Diocèse. On les appelle Bureaux Ecclésiastiques. Voyez Bureau, bureau des décimes.

Il y a en France neuf Chambres Ecclésiastiques, savoir, Paris, Rouen, Lyon, Tours, Toulouse, Bourdeaux, Aix, Bourges & Pau. Elles sont ordinairement composées de l’Archevêque du lieu où est établie la Chambre, qui en est le Président, des autres Evêques du ressort, d’un Député de chacun des Diocèses du ressort, de trois Conseillers du Parlement, ou du Présidial où se tient l’assemblée. La Chambre les choisit, & prend, autant qu’il se peut, des Conseillers Clercs : elle choisit aussi un Promoteur. On s’assemble tous les huit jours : quand il ne s’y trouve point d’Evêques pour y présider, c’est un des Conseillers qui préside. Pour rendre un arrêt, il faut qu’il y ait au moins sept personnes, & qu’il se trouve un Evêque ou un Conseiller pour Président. Le Receveur général du Clergé a ses causes commises à la Chambre Ecclésiastique de Paris, qui se tient dans le Palais. Quoique les villes d’Avignon, de Carpentras, de Cavaillon & de Vaison, appartiennent au Pape, leurs ressorts sont compris dans le ressort de la Chambre Ecclésiastique d’Aix, parce qu’il y a quelques Paroisses de ces Diocèses qui, étant dans les terres du Roi, sont sujettes aux impositions comme les autres lieux du Royaume. L’Assemblée du Clergé tenue à Melun en 1579 ayant révoqué les Syndics généraux du Clergé, qui jugeoient en dernier ressort avec deux ou trois Conseillers du Parlement de Paris les disputes qui arrivoient à l’égard des impositions sur le Clergé, elle demanda au Roi l’établissement de quelques Chambres, où l’on jugeât sans appel ces matières, & le Roi l’accorda par le contrat du 20 Février 1580 : ce qui fut suivi d’un Edit qui érigeoit les Chambres de Paris, Rouen, Lyon, Tours, Toulouse, Bourdeaux, Aix, & qui marquoit l’étendue du ressort de chacune de ces Chambres. Cet établissement a été confirmé de temps en temps par les Rois, ordinairement pour dix ans chaque fois, mais avec quelque changement ; car en 1596 le Roi Henri le Grand ajouta la Chambre de Bourges à celles qui étoient déjà établies : & en 1633, le Roi Louis le Juste, après avoir rétabli les Ecclésiastiques de Béarn dans leurs biens, créa une Chambre Ecclésiastique à Pau pour les Diocèses de Lescar & d’Oleron, qui jusques-là avoient dépendu de la Chambre Ecclésiastique de Bourdeaux. Par l’Edit de 1596, Gap fut ôté du ressort de Lyon, pour être mis en celui d’Aix ; & par un Réglement de l’Assemblée fait le 28 Janvier 1606, Nevers fut ôté du ressort de Lyon pour être mis en celui de Paris. Voyez M. l’Abbé de Dangeau, les Mémoires du Clergé, les Procès-verbaux des Assemblées du Clergé, &c.

Chambre, se dit aussi des Juridictions extraordinaires, établies par des Commissions du Roi pour un certain temps, comme la Chambre de Justice, ou la Chambre ardente, pour la recherche des criminels d’Etat, ou de ceux qui ont malversé dans les Finances. Capitales judices extraordinarii. On appela d’abord Chambre ardente, une Chambre que François II érigea dans chaque Parlement pour faire le procès aux Luthériens & aux Calvinistes, parce qu’on les faisoit brûler sans miséricorde dès qu’ils étoient convaincus de n’être pas bons Catholiques. Mez. En 1679, on appela aussi Chambre ardente, la Chambre qui fut établie pour la poursuite des empoisonneurs. La Chambre Royale, pour la réformation des Maladreries. ☞ Il y a eu plusieurs Tribunaux extraordinaires établis en différens temps, sous le titre de Chambre Royale, qui ont tous été suprimés. La Chambre du Domaine, pour les affaires extraordinaires du Domaine.

Chambre, se dit aussi en parlant des juridictions étrangères. La Chambre Apostolique, est celle où l’on traite les affaires qui regardent le Trésor ou le Domaine de l’Eglise & du Pape, ses parties casuelles. Camera apostolica. Les expéditions qui doivent passer par la Chambre, sont taxées à tant de ducats de la Chambre. La Chambre haute & la Chambre base, sont les deux Chambres qui composent le Parlement d’Angleterre. Tribunal superius, Tribunal inferius. La Chambre haute, est la Chambre des Seigneurs : le nombre est arbitraire, & dépendant du Roi. L’Etat d’Angleterre imprimé en 1692, en compte 188. La Chambre basse, est celle des Communes, composée des Députés des Provinces, des Villes & des Bourgs, qui montent à 510 lorsqu’ils sont tous présens. Dans la réunion qui s’est faite de l’Angleterre & de l’Ecosse en un seul Royaume, & en un seul Parlement, le nombre des Députés de la Chambre haute a augmenté de 16 Pairs d’Ecosse, & celui de la Chambre basse de 45 membres Ecossois.

La Chambre Impériale, est une Juridiction qui se tenoit à Spire : elle a été depuis transférée à Vetzlar. On y juge les différens des Princes & Villes de l’Empire d’Allemagne. Tribunal Imperiale. Cette Chambre étoit au commencement ambulatoire. Elle fut formée l’an 1473 à Augsbourg, par Frideric IV. Elle y fut continuée l’an 1495 par une nouvelle constitution de Maximilien I, du consentement de tous les Ordres de l’Empire. Nonobstant cette institution cette Chambre fut envoyée à Francfort, & de là à Wormes l’an 1497. Ensuite après avoir été transportée en divers lieux, comme à Nuremberg, à Ratisbonne, puis encore à Wormes & à Nuremberg, & de cette dernière ville à Eslingen, on la transfera enfin l’an 1527 à Spire, où Charles V la rendit sédentaire l’an 1530 par une Déclaration qui fut expliquée en 1548 par une autre plus ample, avec la clause que cette Chambre ne pourroit plus être transférée ailleurs sans le consentement des Etats de l’Empire, à moins que ce ne fût en cas de guerre ou de peste. Heiss. Il n’y avoit que 16 Assesseurs dans son institution ; mais à cause du changement de Religion dans une partie de l’Allemagne, le traité de paix fait à Osnabrug en 1648 en augmenta le nombre. Outre cinq Présidens, on y établit 50 Assesseurs, dont sont 26 Catholiques & 24 Protestans. Entre les Présidens il y en a aussi deux Protestans, afin de tenir la balance plus égale entre les deux Religions. Cette Chambre a le pouvoir de juger par appel en dernier ressort de toutes les affaires civiles de tous les sujets de l’Empire ; de même que le Conseil Aulique, qui réside à la Cour de l’Empereur. Les Procès n’y sont presque jamais jugés, par le nombre presqu’infini de formalités dont on les embarasse. D’ailleurs, la Chambre Impériale n’ose pas bien souvent prononcer, de peur d’exposer ses arrêts à quelque disgrace ; parce qu’il arrive quelquefois que les Princes ne permettent pas qu’on exécute les arrêts de la Chambre qui ne leur plaisent pas. Comme les Princes, ou les Cercles de l’Empire, ne remplissent pas toujours exactement les places vacantes, le nombre des Assesseurs est présentement réduit à 15.

Chambre des assurances, c’est une Cour de Justice & le lieu où l’on juge en Hollande les affaires que les assurances font naître.

Chambre des Tiers, est une Chambre qui tient au Palais, & qui est composée de dix Procureurs, qui sont nommés de temps en temps d’entre ceux qui ont dix ans de postulation, pour régler les différens qui naissent dans les taxes de dépens, quand les parties ne s’en tiennent pas à ce que le Procureur tiers a arrêté.

Chambre à sel, sont des chambres établies dans les lieux dont les Greniers à sel sont éloignés.

Chambre du plaidoyer, qui n’est aujourd’hui connue que sous le nom de Grand’Chambre, connoît des appellations verbales, interjetées des autres Juges ordinaires ou extraordinaires, dont l’appel ressortit au Parlement.

Chambre dorée du Palais. On appeloit ainsi la Grand’Chambre, à cause de son plafond qui est doré. Elle a été aussi nommée la grande voûte, parce qu’elle est voûtée dessus & dessous & que la voûte supérieure a beaucoup de portée.

Chambre Royale de Médecine. C’étoit une espèce de seconde Faculté de Médecine que Théophraste Renaudot & quelques Médecins des Facultés étrangères avoient voulu établir à Paris vers l’an 1670. S. Germain, qui avoit été Carme Déchaussé, & qui étoit à la tête de cette affaire, obtint de M. le Chancelier d’Aligre des Lettres-Patentes ; mais le même Chancelier, par un Arrêt du 17 Juin 1675 ordonna le rapport de ces Lettres-Patentes, & défendit à ceux qui les avoient surprises de s’en servir. Enfin, une Déclaration du 3 Mai 1694 cassa cette Chambre.

Chambre, ou Commanderie Magistrale. Terme en usage dans l’Ordre de Malte. On le dit des Commanderies qui sont assignées au grand Maître : car les Statuts de l’Ordre portent que, pour soutenir le poids de la dignité de Maître de l’Ordre avec plus de magnificence & de commodité, on lui assigne une Commanderie dans chaque Prieuré. On les nomme Magistrales, & elles ne peuvent plus en être séparées : le Maître a cependant coutume de les donner à bail ou à pension à des Frères qu’il aime. Les Commanderies, ou Chambres magistrales en France, sont celles de Pézénas, de Puibran, de Salins, d’Itennut, du Temple, de la Rochelle, & celle de Metz. Il y a aussi des Chambres Prieurales.

Chambre Royale, ou Chambre Syndicale des Marchands Libraires de Paris. C’est une Chambre établie pour y tenir des assemblées, & y délibérer des affaires du Corps de la Librairie.

Chambre, (Maître de) ou Camérier, c’est le premier Officier de la Chambre du Pape, ou d’un Cardinal. Camerarius.

En termes de Fonderie, on appelle chambre, un vide ou concavité qui demeure dans un canon ou une cloche qu’on a fondue, où le métal n’a pas coulé, interior cavus. Il faut refondre un canon lorsqu’il y a une chambre ; il pourroit crever, parce que cet endroit est plus foible. On appelle aussi chambre, un endroit au fond de l’ame de certaines pièces de canon & certains mortiers de nouvelle invention, qui est concave, & que l’on fait exprès, en les fondant pour y mettre la poudre, & où se va terminer la lumière.

Chambre, terme de Selier, qui se dit du vide qu’on pratique dans une selle de cheval, un bât, un collier, en retirant un peu de la bourre, lorsque le chenal est foulé ou blessé en quelque endroit, pour empêcher que la selle ne porte dessus. Pars Ephippii camerata.

Chambre de mine. C’est l’endroit où l’on met la poudre quand on fait une mine. Cavus pulverarius. La chambre d’une mine est un vide de cinq à six piés cubes, & se charge d’un millier de poudre ou environ. On l’appelle autrement fourneau. C’est là qu’aboutit la faucille à laquelle le Mineur met le feu pour faire sauter la mine.

En termes de Marine, chambres des vaisseaux, sont les lieux où couchent les Officiers Majors. Cupribicula. On appelle grand’chambre, celle qui est prise sur l’arrière du second pont du vaisseau ; & Chambre de Conseil, celle qui est au-dessus de la grand’chambre, dans laquelle se tient le conseil. La chambre des Canoniers, est l’étage ou retranchement de l’arrière vaisseau au-dessus de la soute, & au-dessous de la chambre du Capitaine : les vaisseaux de guerre y ont ordinairement deux sabords. Chambres aux voiles ; c’est le lieu où l’on tient les voiles de rechange, pour en changer quand il en est besoin.

Chambre, dans les Relations, se dit des logemens de la Milice Turque. Hospitium militare. Un peu au-delà de Sainte Sophie (à Constantinople) sont les logemens des Dgebedgis, c’est-à-dire, des Cuirassiers, qu’ils appellent Chambres, comme tous les autres quartiers de la milice. Duloir, p. 50. De l’autre côté de la Mosquée de Chahzade, sont les vieilles chambres des Janissaires, qui sont les logemens de ceux qui demeurent dans Constantinople, &, qui ne sont pas mariés. Id. p. 60.

On appelle aussi chambre, la partie intérieure la plus profonde d’un port, qu’on nomme autrement paradis, & darcine ou bassin, où l’on retire les vaisseaux désarmés, pour les calfater. Statio.

Chambre d’écluse. C’est l’espace du canal compris entre les deux portes d’une écluse.

Chambre, en termes de Tisserand, est l’espace qui se trouve entre deux lames du peigne, & dans lequel passe une partie des fils qui forment la chaîne.

Les Vitriers appellent aussi chambre, le creux qui est dans la verge de plomb, où ils placent le verre lorsqu’ils font des panneaux de vitres.

Chambre de l’œil, en Anatomie, c’est l’espace compris entre le cristallin & la cornée, lequel contient l’humeur aqueuse qui remplit l’œil.

Chambres dans les Verreries. Ce sont des ouvertures particulières pratiquées dans les murailles du four, & au niveau des siéges, afin de pouvoir manœuvrer plus facilement sur les pots, quand il leur arrive de casser.

Chambre du cerf, en Vénerie, est l’endroit où le cerf repose pendant le jour.

☞ On donne aussi le nom de chambre à une espèce de piège préparé, pour prendre des loups & des renards.

CHAMBRÉE. s. f. Nom collectif, qui se dit de ceux qui occupent une chambre, qui logent ensemble dans une même chambre. ☞ On le dit particulièrement d’un certain nombre de Soldats qui logent ensemble, soit dans le camp, soit en garnison. Contubernium. Ces trois Soldats sont d’une même chambrée. Contubernales.

Chambrée se dit à la Comédie & à l’Opéra, pour désigner le nombre des spectateurs & le produit de la recette. Ainsi l’on dit bonne ou mauvaise chambrée. La chambrée a été forte, médiocre, foible.

Dans les ardoisières, on appelle chambrée, les différentes profondeurs auxquelles la carrière a été percée. La bonne chambrée est celle où le trouve l’ardoise de bonne qualité.

CHAMBRELAN. s. m. Ouvrier qui travaille en chambre, qui n’est pas Maître, qui ne peut ouvrir boutique. Qui privatos inter parietes opus exercet.

Il se dit aussi d’un Locataire qui n’occupe qu’une chambre dans une maison. Il est populaire en ce sens.

CHAMBRER, v. n. Terme de guerre. Loger ensemble sous une même tente, ou dans une même chambre. Eodem uti contubernio. Les Fantassins chambrent six à six, les Cavaliers trois à trois ordinairement.

☞ On dit aussi à l’actif, chambrer quelqu’un, le tenir enfermé par une sorte de violence ou de séduction ; le tirer en particulier dans une assemblée. Acad. Fr.

On dit aussi en termes de Sellier, chambrer une selle : pour dire, y faire une chambre, y faire de petits trous & tirer la bourre, quand le cheval est blessé, de peur que la selle, en posant dessus, ne le blesse encore davantage : alors le mot de chambrer est encore actif. Camerare.

Chambrer, est aussi un terme de Verrerie. Voyez Chambres.

Chambré, ée. Il n’est guerre en usage qu’en parlant des armes à feu, où il y a des chambres. Cameratus. On rebute les canons chambrés, parce qu’ils sont sujets à crever. Un fusil dont le canon est chambré, se salit & repousse, & crève facilement.