Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/721-730

Fascicules du tome 1
pages 711 à 720

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 721 à 730

pages 731 à 740


plaies, & pour plusieurs autres sortes de maux, étant appliquée sur la partie malade.

Arrien rapporte dans les navigations de Néarque, que la flotte d’Alexandre ayant trouvé dans la mer des Indes des baleines qui jetoient beaucoup d’eau en l’air, tout l’équipage fut extrêmement épouvante ; que Néarque ayant appris ce que c’étoit, ordonna qu’on allât droit à ces monstres en ordre de bataille, trompettes sonantes, criant beaucoup, frappant les armes pour faire un grand bruit ; & que cela les fit plonger dans la mer, & les chassa.

Il y a une espèce de baleines qui ont de petites dents plates dans la gueule sans fanon ; & de celles-là les Basques tirent la drogue qu’on nomme sperme de baleine, dont ils remplissent des tonneaux, le puisant dans la tête avec des poilons, ou grandes cuilliers. Les Droguistes l’étreignent, le lavent, & le préparent ensorte qu’ils le rendent blanc comme la neige ou fleur de sel, & sentant l’odeur de la violette. Ils l’ont nommé blanc de baleine, à cause que les femmes s’en servent pour faire un fard excellent. Cette matière blanche & écailleuse se fond comme de la cire. La plûpart de ceux qui tirent cette matière des baleines, assurent que c’est son cerveau, mais il n’y a pas d’apparence, puisque nul cerveau de poisson n’a les qualités du blanc de baleine. Ne pourroit-on pas croire plutôt que c’est une substance moelleuse qui se trouve logée entre les deux tables du crane de ce poisson ? Le blanc de baleine s’appelle sperme, ou la nature de baleine, sperma ceti, parce qu’on a long-temps douté si cette matière n’étoit pas le sperme même de l’animal. On la nomme encore ambre blanc, ambarum album, à cause qu’on en a trouvé des morceaux sur les bords de la mer. Le blanc de baleine sortant du poisson est presque tout en huile. Les Hollandois sont les seuls qui en séparent cette huile ; & on tire d’eux cette matière rafinée & blanchie ; & lorsque cette même matière redevient jaunâtre, il ne faut que changer le papier qui l’enveloppe, & la mettre dans des papiers non collés, qui s’abreuvent de cette partie huileuse, & font que la matière devient blanche.

Il y a une autre espèce de baleine qui a l’ouverture de l’oreille sur les épaules. La queue de la baleine lui sert à nager en frappant l’eau. Elle s’en sert aussi à renverser les barques des pêcheurs qui la poursuivent.

Les pêcheurs appellent bonnes baleines, celles dont ils tirent le plus d’huile. Elles n’ont qu’un seul évent sur le front, d’où sort assez lâchement une bruine d’eau, ressemblant à la fumée : ce qui les fait remarquer, lorsqu’elles viennent en haut pour respirer. Ces bonnes baleines sont femelles, & le plus souvent nourrices ; car c’est alors qu’elles sont les plus grasses. On en prend à la Chine qui rendent plus de 240 barriques d’huile, & dont la seule langue en donne quelquefois 60 barriques. Je ne sais si nos Hollandois en ont jamais tant tiré en leur pêche de Groenlande. Ambass. des Holl. à la Chine, part. II, p. 100.

Les baleines qui font réjaillir leur fumée en l’air, à la hauteur d’une lance, comme par une seringue, se nomment Physetères, ou Souffleurs. Pour celles qui fument & respirent par deux ouvertures posées sur le front, car c’est leur manière de respirer, qui comme on l’a dit, se fait à grand bruit ; pour celles-là, dis-je, je ne trouve pas qu’elles aient de nom particulier. Leurs nageoires sont nommées bras, ou leurs ailes, & sont couvertes de gros cuir noir, aussi-bien que la queue & tout le corps, à la réserve du ventre qui est blanc. Il y a une autre espèce de baleine qu’on appelle Jubartes.

Le passage vient en hiver depuis l’équinoxe de Septembre, & elles s’arrêtent en un lieu nommé la chambre d’amour, proche le mur de l’ancien château de Ferragus à une lieue de Bayonne. Elles s’y viennent engouffrer pour éviter les profondes ténèbres de la mer glaciale du nord, où elles séjournent pendant tout l’été, (car elles aiment la lumière & le soleil) afin de jouir d’un jour continuel de six mois. quand il se retire, elles courent en flotte vers le pôle du sud. Celles des îles de l’Amérique paroissent depuis le commencement de Mars jusqu’à la fin de Mai. Les Pêcheurs conjecturent que le reste du temps elles se retirent dans les antres herbus du golfe de la Floride, parce que l’on a observé que sur leurs ailes & sur leurs queues il y avoit quantité de viscosités gluantes, sur lesquelles il croissoit des rocailles, & qu’on y a même trouvé des coquilles plus grandes que celles des huitres. Elles sont alors en chaleur, & s’accouplent pendant ce temps-là. Quand deux mâles se rencontrent auprès d’une femelle, ils se livrent un dangereux combat, frappant si rudement des ailes & de la queue contre la mer, qu’il semble que ce soient deux navires aux prises à coups de canon.

La baleine suit continuellement son baleinon : ce qui a fait croire à quelques Naturalistes, comme à Ælan, que c’étoit un poisson différent, qu’ils ont nommé musculus, ayant présumé que la nature l’avoit produit exprès pour servir de guide à la baleine. Cardan l’appel Orca, & croit qu4il poursuit la baleine pour la blesser par le foible du ventre : mais au contraire cela n’arrive que quand le baleinon se dresse à la tetine pour prendre son aliment. Ces petits sont toujours sous les ailerons de la mere jusqu’à ce qu’ils soient sevrés. Les femelles n’ont point de pis, quoiqu’elles aient du lait en abondance, & qu’on en ait quelquefois tiré de leurs mamelles jusqu’à deux barriques. Ambass.des Holl. au Japon. P. II, p. 140.

C’est une fable que tout ce que les Anciens ont dit d’un poisson qui sert de guide aux baleines. Jean Cabri, Académicien de Florence, fait mention d’une baleine qui échoua sur les côtes d’Italie en 1624, qui avoit, dit-il, la gueule si large, qu’un homme à cheval y auroit pû entrer commodément. Pour la prise la pêche des baleines, voyez ci-après Harpon, & Harponneur. La manière dont Garcie décrit la pêche des baleines par les Sauvages de l’Amérique, paroît suspecte au P. Du Tertre.

Il y a des baleines si grasses, que vives & mortes elles surnagent. Leur huile sert pour engraisser le brai, pour enduire & espalmer les navires, pour brûler à la lampe ; aux Drapiers pour préparer les laines ; aux Corroyeurs pour les cuirs ; aux Peintres pour certaines couleurs ; Aux Foulons pour faire du savon ; aux Architectes & Sculpteurs, pour faire une laitance ou détrempe avec céruse ou chaux, qui durcit & fait croûte sur la pierre molle, qui en a été enduite, & la fait résister aux injures de l’air. Et les fanons avec le membre génital s’emploient à faire des parasols, des éventails, des baguettes aux Ecuyers & aux Huissiers, des corsets, paniers, buses aux Dames, & à plusieurs ouvrages de Tourneurs, Coutelier, &c. Un bourgeois de Ciboure, nommé François Soupite, a trouvé l’invention de cuire & de fondre les graisses à flot & en pleine mer, bâtissant un fourneau sur le second pont du navire. On se sert des grillons & du marc de la première cuite, au lieu de charbon pour la seconde.

Les baleines sont en si grande abondance au nord de l’Islande & vers le Spisberg, qu’en été ces monstres nagent & s’ébattent en grosses troupes comme des carpes dans un vivier, ou du poisson blanc dans une rivière. En Angleterre les baleines sont des poissons royaux qui appartiennent au Roi, aussi-bien que les éturgeons, ensorte que la tête de baleine appartient au Roi, & à la Reine la queue.

On lit dans la plupart des versions françoises du nouveau Testament au chap. 12 de S. Matth. v. 40, que Jonas fut trois jours & trois nuits dans le ventre de la baleine. M. Simon a cru que cette interprétation n’étoit pas exacte, parce que le mot qui est dans l’original grec, & celui de Ceti qui est dans l’ancienne édition latine, signifie en général un gros poisson. Et en effet, il n’y a point autrement dans le texte hébreu du Prophète Jonas. M. de Saci même, dans son Commentaire sur ce Prophète, dit qu’on croit communément que les baleines, quelques grandes qu’elles soient, ont le gosier trop serré & trop petit pour pouvoir avaler un homme tout entier.

Les ennemis de la baleine sont le Dauphin, le Tonin, l’Orke, & le Poisson noir, lequel tâche de lui ouvrir le ventre avec sa scie, ou bien d’enter dans sa gueule pour lui emporter la langue. Ambass. des Holl. à la Ch. P. II, pag. 99.

Ce mot vient du grec φάλαινα, ou βάλαινα, selon l’ancienne coutume des Grecs, qui disent, par exemple, πύξος, pour βύξος. C’est le sentiment de Festus. On ajoute qu’elles sont appelées de ce nom, à cause qu’elles jettent fort haut l’eau de la mer, car en grec βαλλειν signifie jetter, lancer. D’autres font venir ce mot phalaina de φαλὸς, qui signifie en grec reluisant. La baleine est un animal à poil, & ses poils reluisent de loin sur sa tête. On pourroit encore ajouter que la baleine est appelée par les Geecs phalaina de φαλὸς, reluisant, à cause de certaines taches blanches qu’elle a qui paroissent de fort loin. Selon le P. Pezron balaina, balene est formé du celtique balen, & selon Vossius, de Idol. Lib. IV, cap. 22. φάλαινα vient du chaldéen בלע, avaler, parce que cet animal avale un homme entier.

Une baleine qui reçoit dans sa gueule ses baleinons pour les défendre des tempête, comme le dit Philostrate dans la vie d’Apollonius, Liv. II, ch. 7 & ce mot Quos perdere visa, tuetur, fut la devise qu’on donna à Victor Amedée Duc de Savoie, après son expédition contre le Duc de Nemours.

Baleine. On appelle aussi de ce nom toutes les parties de la baleine qui servent, ou à mettre dans les corps de jupe, ou à faire des parasols, & des éventails, des buses, des baguettes, des paniers, &c.

La chair de baleine est de mauvaise odeur, & très-difficile à digérer, aussi n’en mange-t-on pas : il n’y a que les peuples qui habitent proche le cap de Bonne-Espérance qui en mangent quand ils peuvent en avoir : elle convient assez à leurs estomacs robustes & peu délicats, qui s’accommodent d’intestins crus & puants, & qui les digerent comme les choses les plus tendres & les plus agréables. rondelet dit que la langue de la baleine est d’un bon goût.

Baleine. Terme d’Astronomie. C’est le nom d’une des Constellations méridionales. Elle est composée de vingt-deux étoiles, dont dix sont de la troisième grandeur, huit de la quatrième, & quatre de la cinquième : la principale est dans sa mâchoire. Elle est de la nature de Saturne, & de la seconde grandeur. David Fabricius découvrit, dans le cours de la baleine, une nouvelle étoile qui s’est montrée & cachée plusieurs fois. Elle parut en 1648 & 1662. Ismaël Bouillaud en a décrit le cours & le mouvement. ☞ Selon le catalogue Britannique, la baleine est composée de 78 étoiles.

☞ Dans la Mythologie, Laomedon, pour apaiser Neptune, fut obligé de sacrifier sa fille, & de l’exposer à un monstre marin pour en être dévorée. Hésione fut délivrée par Hercule, & le monstre marin, suscité par Neptune, fut changé en la constellation dont on vient de parler.

BALEINON, ou BALEINEAU. s. m. Ce dernier est plus usité. Petit de la baleine. Balænæ vitulus. Quelques-uns écrivent balenon sans i. Il y a des balenons de 33 pieds de long.

BALENAS. s. m. Le membre de la baleine qui sert à la génération : ce qui est particulier à cette sorte de poisson, qui engendre comme les animaux terrestres.

BALERIE. s. f. Vieux mot. Danse.

BALESTRILLE. Terme de Marine. C’est un instrument avec lequel on prend les hauteurs : on l’appelle autrement arbalête, ou bâton de Jacob.

BALEVER. s. f. Lèvre d’enbas. Labrum inferius. Pasquier dérive ce mot de bis labra. On ne le dit plus en ce sens.

Balaver, en termes d’Architecture, est ce qui excède d’une pierre sur une autre, près d’un joint, dans la douelle d’une voûte, ou dans le parement d’un mur, & qu’on retaille en le ragréant. C’est aussi un éclat d’un joint crevé, parce qu’il est trop serré.

Balevres, en termes de Fonderie, sont des inégalités qui se trouvent quelquefois sur la surface des pièces fondues occasionnées par les cires & les jointures des assises, & qu’il faut ensuite réparer.

BALHOAVA. s. m. Terme de relation. Religieux Pénitent parmi les Arabes. Il y avoit un de ces Calenders que les Arabes nomment Balhoava, que le simple peuple honoroit comme un Martyr qui avoit un cimeterre fiché dans les flancs, qu’il tenoit par la garde, & trois broches de fer comme de grosses lardoires, qui lui traversoient les muscles du bras, avec un panache fiché au milieu du front. P. Roger.

☞ BALI. Ville capitale du Royaume & de l’Île de ce nom, sur une rivière qui a son embouchure sur la côte occidentale de l’Île, dans le détroit de Balambuan.

Bali, (Isle de) que quelques-uns nomment aussi la petite Java, Java minor, est l’île la plus proche de la grande Java à l’orient, dont elle n’est séparée que par le détroit de Balambuan.

Bali. Royaume au midi oriental de l’Abissinie, dont il fait partie, quoiqu’il n’appartienne plus à l’Empereur des Abissins, borné à l’orient & au midi par le royaume d’Adel, à l’occident, par celui de Fatagar, & au nord, par ceux de Gan & de Dawaro.

BALIE. s. f. Quelquefois adj. On dit aussi Bali, s. m. C’est le nom de la Langue savante des siamois. Tous les livres qui traitent de la religion de ces peuples, sont écrits en langue Balie. En cet endroit il est adjectif. Il n’y a que les Docteur Siamois qui entendent la balie : il est ici substantif. La religion des siamois est fort bisarre, & on ne la peut parfaitement connoître que par les livres écrits en langue balie, qui est la langue que personne n’entend, hors quelques-uns des leurs. Le P. Tachard. Le nom de balie vient de bala, mot chaldéen, qui signifie avoir vieilli, parce que c’est une langue morte qui s’est conservée chez les Savans. Il n’y a presque personne dans le royaume de Siam qui ne fasse sa prière tous les jours en langue balie. C’est la langue de leur religion, comme la latine l’est de la religion Romaine. Le Clerc.

Les Talapoins paroissent fort savans dans leurs sermons, quand ils citent quelques passages de leurs livres anciens, qui sont en langue balie. Ce bali est comme le latin parmi nous. Abbé de Choisy. Le Chevalier de Chaumont dit la même chose, & ajoute que cette langue est très-belle & emphatique, & qu’elle a ses conjugaisons comme la latine. Relation du voyage de Siam.

BALIER. v. a. Il ne faut point se servir de ce mot. Voyez Balayer.

BALIEUR. s. m. Ce mot ne vaut rien. Voyez Balayeur.

BALIN. s. m. On appelle de ce nom à la campagne un grand drap qui sert à vanner le grain ; il reçoit le grain qui tombe quand on le vanne ou qu’on le crible.

BALINE. s. f. Espèce de grosse étoffe de laine d’un très-bas prix, qui sert à faire des emballages.

BALISAGE. Voyez Baline.

BALISE. s. f. Terme de Marine. Marque qu’on met pour assurer la navigation sur les côtes ou canaux de la mer, dans les lieux dangereux, & aux havres de barre ou d’entrée où il y a peu de fond. Ce sont ordinairement des tonneaux attachés par une chaine de fer à de grosses pierres qu’on jette au fond. Ils nagent sur l’eau, & marquent le chemin qui est le plus sur. Il y en a beaucoup en Hollande pour arriver à Amsterdam. Il y a quelquefois des mâts dressés, qui servent de balises ou de bouées, qui signifient la même chose. Ce sont quelquefois de grands arbres touffus de feuillages & de branches, hauts élevés, & posés en échauguette à l’embouchure des rivières, au nombre de deux pour le moins, qu’il faut prendre en juste alignement l’un couvrant l’autre, ensorte que tous deux ne paroissent qu’un à l’œil, & il faut entrer en cette posture qu’on nomme travers.

Les Mariniers expliquent cet alignement en ces termes, fermer l’un parmi l’autre pour être dedans.

☞ Dans quelques rivières, dans la Loire principalement, on met des balises pour marquer les endroits où il y a assez d’eau pour le passage des bateaux.

Balise, se dit aussi de l’espace qu’on est obligé de laisser le long des rivages de rivières, pour le halage des bateaux.

☞ BALISER. v. a. Mettre des balises.

BALISEUR. s. m. Celui qui est chargé de veiller aux terres des riverains, qui sont tenus de laisser dix-huit pieds sur les bords de la rivière pour faciliter la navigation.

BALISIER. s. m. ou CANNE D’INDE. s. f. Cannacorus, canna indica. Plante qui vient des Indes, & qui a de ses racines composées de gros nœuds ou tubercules fibreux & chevelus, d’où partent quelques tiges hautes de quatre à cinq pieds, enveloppées de feuilles, qui forment d’abord des cornets très-bien roulés, & qui peu-à-peu se deploient & ont souvent un pied & demi de longueur sur demi-pied ou huit pouces de large : elles sont rayées de plusieurs nervures transversales qui partent de la côte qui sépare la feuille en deux. Ses fleurs occupent le sommet des tiges ; elles sont d’un beau rouge ; chaque fleur est un tuyau découpé profondément en cinq ou six pièces inégales : la pièce du milieu représente une languette, qui est chargée d’un sommet. Le calice, qui est un autre petit tuyau qui enveloppe la fleur dans sa naissance, a à sa base un embryon, qui après que la feuille est passée, devient un fruit qui contient dans ces trois cellules membraneuses des semences brunes, rondes, dures & grosses comme de petits pois : on en fait des chapelets. Il y a plusieurs espèces de balisiers qui different entr’elles par la couleur de leurs fleurs, par la grandeur & par la largeur des feuillets. Comme les feuilles de balisiers sont fermes, elles servent aux Indiens à envelopper plusieurs drogues, & même quelquefois à couvrir leurs cabanes. Les Auteurs Botanistes ont parlé de cette plante sous le nom de canne d’Inde, canna Indica, & de Flos Caneri. Voyez Dalechamp & le P. Du Tertre. Hist. des Antil. T. II, p. 126.

BALISTAIRE. s. m. Balistarius. Nom d’un Officier de guerre de l’Empire Romain et de l’empire Grec. Les Balistaires étoient répandus dans les villes de l’empire, & ils avoient soin d’entretenir en bon état les armes & les machines qui étoient dans les arsenaux. Voyez Guther.

BALISTE. s. f. Balista. Machine de guerre, espèce de fronde dont se servoient les Anciens pour jeter des pierres. La baliste différoit de la catapulte, en ce que les catapultes servoient à lancer des javelots & des dards, au lieu qu’avec les balistes on le lançoit que des pierres. Du reste, elles se bandoient de la même manière. On peut voir les figures dans Juste-Lipse, Vegece, Liv. IV, ch. 22, & autres. Ammien Marcellin l’a décrit fort exactement, Liv. XXIII, ch. 4. On l’appeloit en vieux françois magnonneau. Sanulus, Liv. II, P. IV, chap. 8, en rapporte les différentes espèces. Un Historien contemporain de Philippe auguste, remarque à l’occasion du siège de Boves, que la baliste n’étoit point alors en usage en France, quoique cette machine fut fort ancienne, & assez commune ailleurs. C’étoit une machine avec laquelle on jetoit dans les places assiégées de grosses pierres, des fléches & des feux d’artifice. On se servoit en France de la mine & du belier, pour renverser les murailles, & de quelques autres machines qui approchoient de la baliste. P. Dan.

☞ BALISTIQUE. s. f. Science du mouvement des corps pesans jetés en l’air suivant une direction quelconque. Ce mot vient du grec βάλλω, jacio, je jette. L’art de jetter des bombes est une partie considérable de cette science.

BALIVAGE. s. m. Terme des Eaux & Forêts. Marque des baliveaux qu’on doit laisser sur chaque arpent des bois qu’on a coupés, ou qui sont à couper, pour les laisser croître en haute futaie. Designatæ ad propagationem arbores, relictæ post cæsuram arbores. Les Officiers des Eaux & Forêts font le balivage des bois avant que d’en faire l’adjudication.

BALIVEAU. s. m. Terme des Eaux & Forêts. Jeune arbre au-dessous de 40 ans, qu’on est obligé de reserver dans les coupes. Relicta ad propagationem quercus. Il est enjoint par les Ordonnances des Eaux & Forêts, de laisser seize baliveaux de l’âge du bois danq chaque arpent de taillis qu’on coupe, outre tous les anciens & modernes.

Baliveau sur souche, ou sur brin est le maître brin d’une souche qui est de belle venue, qu’on a réservé dans les coupes pour croître en haute futaie. Les baliveaux doivent être de chêne, ou de châtaignier, ou de hêtre. Ils prennent le nom d’arbre en quittant celui de taillis, & s’appellent arbres baliveaux, ou lais, ou arbres réservés ; plusieurs les appellent étalons, parce qu’ils repeuplent les ventes, par analogie aux chevaux : ce sont ceux qu’on appelle de l’âge du bois. Primi cæsuræ superstes quercus.

On appelle perots, ceux qui sont laissés de deux coupes, & tayons, les baliveaux ou lais de trois coupes, comme qui diroit, fils, pere & aïeul. Tertia ex cæsura superstes quercus. Les baliveaux modernes sont les réservés des coupes précédentes jusqu’à 60 ou 80 ans. Ensuite ce sont des arbres de haute futaie. Les particuliers ont permission d’en disposer après 40 ans, & non auparavant.

Quelques-uns dérivent ce mot de bacillus, qui signifie bâton. Il y a plus d’apparence qu’on a dit de baliveaux pour boisviaux, & boisviaux pour boisvieux, par opposition aux taillis. On trouve boisviaux dans les chartres. Item, il donnera à l’Empereur au parc de Pisons cent arpens de bois de huit ans, & les boisviaux qui demeureront au parc.

Baliveaux de Tailleurs de pierre. Voyez Echasses.

☞ BALIVERNE. s. f. Discours frivole, inutile, de peu d’importance. Nugæ. Il n’est que du style familier. Je n’entends rien à toutes ces balivernes. Mol. Conter des balivernes. Diseur de balivernes. Ce que vous dites là est une baliverne.

De plus ici n’ai mal’heureusement
Que quelques fous ; mais n’ai point de Poëte
Pour vous rimer baliverne ou sornette. Chaul.

BALIVERNER. v. n. Dire des balivernes, ou s’occuper de balivernes. Nugari, ineptire. Il ne fait que baliverner.

☞ Pris activement, il signifie railler, se mocquer de quelqu’un. Cavillari, illudere. Dans la troisième scène du second acte des Ménechmes de M. Regnard, Finette n’a pas plutôt lâché ces mots :

Voulez-vous de bon sens me dire une parole ?

Que Ménechme répond :

Mais vous-même, ma mie, êtes-vous ivre ou folle,
De me baliverner avec vos contes bleus,
Et me faire enrager depuis une heure ou deux ?

☞ Il est, de même que baliverne, du style familier.

☞ BALKHE, BALCH, BALCK. Ville d’Asie, dans le Corasan ou Korasan, à l’extrémité de cette province.

BALLADE. s. f. Terme de Poësie. On prononce BALADE. La ballade se rapporte au chant royal, comme le triolet au rondeau. Elle n’a que trois couplets, & l’envoi où l’on met quatre ou cinq vers, selon que le couplet est un huitain ou un dixain. Il faut que les mêmes rimes regnent dans tous les couplets chacune à la place qui lui a été réglée dans le premier. Les vers de huit syllabes y viennent fort bien, quand le sujet en est un peu sérieux ; autrement on doit s’en tenir à ceux de dix syllabes comme dans les rondeaux. Les ballades ont été fort en vogue ; elles n’y sont plus tant, mais ce goût ancien peut revenir. Le P. M. Mourgues. Les trois strophes de la ballade sont de huit ou dix vers chacune, dont le dernier vers est répété toujours de même. Genus odes versibus in eosdem rythmos ex euntibus compositæ : Rythmus Gallicus similiter desinens. Dans l’envoi composé de quatre ou cinq vers, on répète encore le refrain. Il y a des exemples de ballades dans Marot, & chez les Poëtes anciens. Il y en a dans Sarasin entre les Modernes. Voyez Pasquier, Recherch. Liv. VII, ch. 5.

La Ballade asservie à ses vieilles maximes,
Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.

Boil.
On appelle figurément le refrain de la ballade, un discours qu’on répète souvent. Regnier a dit des Poëtes importuns à demander, c’est toujours le refrain qu’ils font à leur ballade.

Ballade. En quelques Provinces on appelle de ce nom le jour de la fête du Patron d’une Paroisse de village. Ce mot vient apparemment de ce qu’on y balloit, c’est-à-dire, qu’on y dansoit, qu’on y faisoit des bals.

BALLADIN, ou BALADIN. s. m. Danseur de profession sur les théâtres publics, qui danse à gages & pour de l’argent. On le dit aujourd’hui plus généralement des bouffons & farceurs, qui divertissent le peuple. Saltator. Covarruvias, suivant le sentiment de quelques-uns, tire ce mot de l’arabe beledi, qui signifie bourgeois. Sur quoi il remarque que les Maures de la campagne appeloient de ce nom toutes les marchandises falsifiées qu’ils achetoient des gens de ville qui savoient tromper leur simplicité.

BALLADINE. s. f. Danseuse publique. Saltatrix.

☞ BALLADOIRE. adj. Danse balladoire. Danses licencieuses qui étoient en usage les premiers jours de l’an & le premier jour de Mai, que les danseurs & les danseuses exécutoient avec les pas & les gestes les plus indécens. Le Pape Zacharie en 744, fit un Décret pour les abolir, ainsi que toutes les danses qui se faisoient sous prétexte de la danse sacrée. Plusieurs Ordonnances de nos Rois les défendent, comme tendantes à la corruption totale des mœurs.

☞ BALLAGATE. Voyez Balagate.

BALLARIN. s. m. Espèce de faucon. Voyez Faucon.

BALLASORE. Ville des Indes Orientales, est à 97° 21′ 33″ de longitude, & à 20° 0′ 0″ de latitude nord. Harris.

BALLE. s. f. Petite boule, ou globe à jetter, ou tirer en l’air. Pila. Il s’en fait de plusieurs sortes. Une balle de jeu de paume est faite de petites bandes de laine bien battues, bien liées & bien arondies, & couverte d’une autre bande blanche ou de feutre. Un éteuf est une petite balle couverte de cuir, & pleine de son.

Ce mot est fait de palla, d’où on a fait aussi ballotte, ballon & ballotter. Ménage. Mais Nicot le dérive du grec βάλλω, mitto, j’envoie. Du Cange le dérive de l’Anglois ball.

Balle de mousquet, de pistolet, d’arquebuse à feu ou à vent, & même d’arbalète, se dit de certaines petites balles de plomb, de fer, de pierre, qui servent à charger ces armes. Glans plombea. Une balle de calibre est celle qui est de la même grosseur que le calibre du fusil. Un pistolet chargé de deux ou trois balles. Cette garnison est sortie tambour battant, mèche allumée, balle en bouche, c’est-à-dire, avec le mousquet chargé, & une balle dans la bouche pour recharger prestement.

En Artillerie, quoiqu’on dise ordinairement boulet de canon, néanmoins on dit aussi balle en quelques occasions. Un canon de batterie porte trente-six livres de balle. Dans les saluts de mer, pour faire plus d’honneur, on tire des canons chargés à balle. C’est ce qu’on appelle salve royale.

Balles à feu. Terme d’Artillerie. Elles sont faites de grosse toile remplie de poudre & d’autres matières capables de mettre le feu. Il y en a de plusieurs espèces, selon l’usage auquel on les destine ; les unes sont pour mettre leu feu aux travaux de l’assiégeant, ou aux édifices d’une ville ; les autres pour incommoder les travailleurs : on en fait pour éclairer pendant la nuit, qu’on appelle des balles luisantes. On s’en sert aussi dans les feux d’artifice, d’autres servent à faire une grande fumée ; & d’autres enfin à infecter l’air, ou à répandre de la puanteur ans une mine, ou un souterrain.

Balles luisantes. Terme d’Artillerie & d’Artificier. Voyez Balles à feu.

Balle ramée, se dit à l’égard du mousquet, de deux balles attachées ensemble par un fil de fer : & pour le canon, ce sont deux demi-boulets qui sont joints ensemble par une barre de fer pliée en forme de charnière de compas. Glans veruculo trajecta, glans veruculo cum alia glande trajecta. Ces balles étant sorties s’écartent & coupent des cordes, des voiles, & même des mâts. On les appelle aussi balles à fiches, & anges, ou balles à deux têtes.

Balle, terme de commerce, se dit aussi des marchandises ou meubles qu’on veut transporter au loin, & qu’on empaquette dans de la toile, après les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu’elles ne se mouillent, ou qu’elles ne se brisent. Mercium colligatarum fascis. Toutes les marchandises qui viennent aux Foires sont en balles. Il y a des petits Merciers de campagne qui portent des balles sur leur dos.

On appelle aussi des marchandises de balle, celles qui viennent de loin dans des balles, qui sont d’ordinaire fabriquées avec peu de soin par de méchans ouvriers, ou de méchante matière, à la différence de celles qu’on commande aux ouvriers choisis, & qu’on voit faire devant soi. Les pistolets de S. Etienne en Forez sont des marchandises de balle ; ils sont faits de fer aigre & trop à la hâte.

En ce sens on le dit figurément de toutes les choses qu’on méprise, ou qui ne valent rien. Ce sont des nouvelles, des contes de balle.

On appelle aussi une balle de dez, un paquet de dez où il y en a plusieurs douzaines. On a trouvé autrefois dans la besace d’un Cynique une balle de dez, & le portrait d’une Courtisanne. Balzac.

Balle, en termes d’Imprimerie ; c’est un instrument de bois, qui est creux en forme d’entonnoir, avec une poignée au-dessus qui est aussi de bois. Le creux de cet instrument est rempli de laine, laquelle est couverte d’une peau de mouton qu’on trempe dans l’encre, pour toucher sur les formes ou sur les planches. ☞ Lorsque les cuirs neufs refusent l’encre, faute d’avoir été assez corroyés, ce qui fait paroître sur les balles des taches noires & blanches ; on dit que les balles sont teigneuses. On le dit encore si la laine de dedans sort par les bords. Il se forme alors une espèce de duvet qui se mêle avec l’encre, & introduit sur la forme nombre d’ordures qui remplissent l’œil de la lettre.

Balle, en termes d’Agriculture ; c’est la première écorce du grain, une espèce de capsule où il est enfermé. Gluma, folliculus. L’orge mondé n’a plus de balle. Le grain de l’épeautre est fort difficile à tirer de la balle. Balle se dit même plus particulièrement de l’enveloppe de l’avoine. La balle est appelée autrement dans quelques Provinces barboule & borde. La balle est un bon fourrage pour les bestiaux. Ce blé est encore tout plein de balle. Lig.

Balle, ou Ballot de chanvre. L’un & l’autre se dit pour signifier une certaine quantité de queues de chanvre réunies par un lien commun.

On dit proverbialement, au bon joueur la balle lui vient ; pour dire, qu’un homme qui est habile en une profession n’y fait point de fautes, y réussit ordinairement. On appelle Enfans de la balle, les enfans qui suivent la profession de leur pere, & entre autres les enfans d’un Maître de Tripot avec qui il est dangereux de faire partie. On dit aussi prendre la balle au bond ; pour dire, se servir de l’occasion, ne la laisser pas échapper. On dit, la balle cherche le joueur ; pour dire, que les occasions changent d’elles-mêmes pour ceux qui les demandent, & qui en savent profiter. On dit encore, que la balle est en amour ; pour dire, qu’elle est bien renvoyée, qu’elle ne touche pas à terre ; & dans le sens figuré, cela se dit d’une conversation où il y a beaucoup de vivacité. On dit aussi, à vous la balle, ou, à vous le dé ; pour dire, c’est à votre tour à parler, à agir. On dit aussi figurément d’un homme qui s’est saoulé jusqu’à crever, que son estomac est chargé à balle. Il y va balle en bouche, mèche allumée ; c’est-à-dire, qu’il entreprend une affaire ouvertement, & bien résolu de la pousser vigoureusement. Ce sont balles perdues ; c’est-à-dire, ce sont des efforts inutiles. On appelle Rimeur de balle, un Poëte dont les vers sont si mauvais qu’ils ne servent qu’à envelopper des marchandises.

☞ On dit au jeu de paume, la balle la perd, ou la balle la gagne ; pour dire, que celui qui a joué la balle, a gagné ou perdu la chasse.

BALLENJER, ou BALLINJER. s. f. Dans un Traité manuscrit de l’office des Héraults, rapporté par M. Du Cange, il est dit : L’amiral doit avoir l’administration de tous vaisseaux appartenans à la guerre, comme Barges, Galées, Horquées, Ballinjers, & autres. Walfingham, dans son Histoire du règne de Richard III, roi d’Angleterre, parle aussi de ces ballinjers. Froissard en parle aussi, vol. 3, cap. 42. Il écrit balanger. Les ballenjers étoient mis au nombre des vaisseaux. On n’en connoît plus le nom.

BALLER. v. n. Danser. Saltare, choreas, agere. Cette jeunesse a dansé & ballé toute la nuit. Pour être un vrai Galand, il faut toujours babiller, danser & baller. Saras. Cet homme va toujours les bras ballans ; pour dire, en laissant aller ses bras suivant le mouvement de son corps. Il est midi sonné & ballé ; pour dire, midi passé. Ce mot est vieux, & ne peut passer que dans le discours familier.

Ménage dérive ce mot de ballare, fait du grec βάλλειν, dont les Latins & les Grecs se sont servis en la même signification. Du Cange dit qu’il vient de βάλιζω, qui signifie pergo, gradior. De Rubis ; dans son Hist. de Lyon, L. I, pag. 108 & 109, dit, que les anciens Gaulois alloient querir le Gui de chêne, & le portoient dans leurs villes suivis des Prêtres & du peuple, demenants joie avec leurs balations qui étoient des chansons & balades qu’ils alloient chantant avec mouvemens de corps, répondant à la cadence de la voix, & que ces chansons & danses s’appeloient balations, à balatu ovium, duquel elles approchoient fort, & que de-là nous avons retenu le mot baller. L’Auteur du Sermon 215, de temp. dans Saint Augustin, dit, erat Gentilium ritus inter Christianos retentus, ut diebus festis balationes, id est, cantilenas & saltationes exercerent, quod balare, id est, vociferando saltare vocabant.

BALLET. s. m. Représentation harmonique, & danse figurée & concertée qui se fait par plusieurs personnes qui représentent par leurs pas & postures quelque chose naturelle, ou quelque action ; ou qui contrefont quelques personnes. Chorea dramatica, dramatica saltatio.

☞ La danse, le concours de plusieurs personnes, & la représentation d’une action par les gestes, les pas & les mouvemens du corps constituent le ballet. Une personne seule, qui en dansant représenteroit une action ne formeroit par un ballet. Ce ne seroit qu’une sorte de pantomime. Plusieurs personnes qui représenteroient une action sans danse, formeroient une Comédie, non un ballet. Encyc. Le ballet de la guerre. Le ballet des Arts, sc. Ce sont les sujets de ces ballets. Un ballet est composé de plusieurs entrées. On fait des vers de ballet pour expliquer le caractère ou l’action des personnes qui dansent ; & ces vers, qui tous ensemble composent une espèce de Poëme dramatique, portent aussi le nom de ballet. Benserade a fait plusieurs sortes de ballets ; & le P. Menestrier en a fait un Traité.

On dit proverbialement, qu’un homme a fait une entrée de ballet dans une compagnie, lorsqu’il y est entré brusquement, & sans cérémonie, & qu’il en est sorti de même.

☞ BALLINCKIL. Ville d’Irlande, au Comté de la Reine, dans la province de Leinster.

BALLON. s. m. Grosse boule de cuir ronde & creuse, qui couvre une vessie, qu’on remplit de vent par une languette, ou soupape, lequel air faisant ressort, rend le ballon propre à se réfléchir. Follis. On joue au ballon en le frappant avec le poing ou le pied. Il n’y a guère que les écoliers qui s’amusent à jouer au ballon.

On dit d’un hydropique, qu’il est gros, qu’il est enflé comme un ballon.

Ballon de Fer. Le ballon de fer contient seize tables de fer. La table est d’un pied & demi de long, & de trois quarts de pieds de large, c’est-à-dire, de neuf pouces de large, & épaisse d’un grain d’orge. Goullut, Mém. des Bour. L. II, C. 26.

☞ BALLON. Terme de Verreries. Ce sont des mottes de terre à pot, prêtes à être mises en œuvre.

Ballon, en termes de Chimie, est un très-gros matras, ou bouteille ronde de gros verre & à cou court, qui sert de récipient en plusieurs distillations, ou opérations.

Ballon, est aussi un terme de Relation qu’on trouve souvent dans celles de Messieurs de Chaumont, & de Choisi. C’est le nom d’un vaisseau à rames, dont on se sert dans le royaume de Siam, tant pour des voitures, que pour des cérémonies. Il y a des ’ballons doré, & bien parés qui ont jusqu’à 150 rameurs de chaque côté. Il y en a quelques-uns qui ont des clochers d’un ouvrage fort délicat : ce sont de petits bâtimens faits d’un seul arbre d’une longueur prodigieuse. Le roi de Siam a les plus beaux ballons qui soient au monde. Les Siamois donnent à leurs ballons la figure de quelque animal, de quelque oiseau, ou de quelque reptile ; ce qui fait un fort bel effet.

Ballon. Terme d’Artificier. C’est une espèce de bombe de carton qu’on jette en l’air comme une bombe de guerre par le moyen d’un mortier ; l’effet de cet artifice est de monter avec une très-petite apparence de feu, qui en jette cependant subitement une grande quantité, lorsque cette bombe est parvenue au sommet de son élévation, à la différence des bombes de guerre, qui ne doivent crever qu’au moment de leur chûte. On les divise en ballons d’air & ballons d’eau, c’est-à-dire, destinés pour l’un ou pour l’autre.

Ballons à bombes. Terme d’Artillerie. Ils se font de la même manière que ceux à grenades. On met d’abord une bombe au fond du sac, & on fait ensuite alternativement un lit de trois bombes & un lit de poudre. Ces bombes sont de six pouces de diamètre. On en met deux ou trois lits dans le ballon.

Ballon de Cailloux. Ils se font comme les ballons à bombes & à grenades. Au lieu de grenades ou de bombes, on y met des cailloux, & l’on observe de faire ensorte que ces ballons crevent en l’air, afin que les cailloux dont ils sont chargés, tombent en forme de grêle sur les lieux où on veut les faire tomber. Ces ballons font à-peu-près le même effet que les pierriers. Ils sont même plus dangereux pour l’ennemi, parce que le service en est bien plus prompt.

Ballons à Grenades, ne sont en quelque façon que des sacs à poudre, qu’on emplit en mettant d’abord une ou deux livres de poudre au fond du sac avec une grenade. On recouvre ce premier lit de quatre grenades, & l’on remplit de poudre les intervalles qu’elles laissent entre elles. On fait ainsi quatre lits de grenades & de poudre, & après que le sac est entièrement rempli, à l’exception de ce qu’il en faut pour le lier, on introduit une fusée dedans, & on lie fortement le sac avec la fusée, après quoi on le trempe dans le goudron. On le met ensuite dans un autre sac qu’on trempe de même dans le goudron, puis dans l’eau. On doit couvrir d’étoupilles les fusées de grenades enfermées dans ce sac.

☞ BALLON. Petite ville de France, au Diocèse du Mans, sur l’Orne, à cinq lieues du Mans, avec titre de Marquisat.

BALLONNIER. s. m. Ouvrier qui fait des ballons. Follium artifex.

BALLOT. s. m. Petite balle ou paquet de marchandises. Fasciculus, farcinula. On le dit aussi des grosses balles. Il y avoit tant de ballots dans ce vaisseau.

On dit proverbialement & figurément à une homme, voilà cotre vrai ballot ; pour dire, c’est votre fait, ce que vous chercher.

Ballot, ou Ballon, signifie aussi ces sommes ou paniers de verre en tables plates & carrées dont se servent les Vitriers, dont chacun contient vingt cinq liens. & six tables à chaque lien.

Ballot, ou sac de laines. On s’en sert pour former promptement des parapets ou places d’armes. On s’en sert dans les tranchées, lorsque les terres sont pierreuses, sans les sappes, & par-tout où il est besoin de promptitude.

BALLOTADE. s. f. Terme de Manége. C’est un saut qu’on fait faire à un cheval entre deux piliers ; ensorte qu’ayant les quatre pieds en l’air, il ne montre que les fers des pieds de derrière, sans détacher la ruade, & s’éparer. A la capriole il rue, ou noue l’aiguillette ; à la croupade, il retire les pieds de derrière sous lui, au lieu de montrer ses fers. C’est ce qui fait la différence. La ballotade est un saut, où le cheval semble vouloir ruer, mais il ne le fait pas pourtant, ce n’est qu’une demi-ruade, faisant seulement voir les fers des jambes de derrière, comme s’il avoit envie de rue. Newc.

☞ BALLOTAGE. s. m. Action de balloter, de donner son suffrage par bulletins, petite boules, ou ballotes. Plusieurs élections se font par le ballotage.

BALLOTE, ou BALLOTTE. s. f. Petit bulletin, ou pois, ou petite balle de diverses couleurs, qui sert à tirer au sort dans les élections qu’on remet au hasard. Calculus. On met dans une urne des ballots de la grosseur d’une fève, & dont le nom répond à celui des combattans. Burette. Acad. des B. L. T. I., Mém. p. 246.

Ballote. Plante. Voyez Marrube ; c’est la même chose.

☞ BALLOTER, ou BALLOTTER. v. n. Il ne se dit point en parlant des joueurs de paume qui ne font que se renvoyer la balle l’un à l’autre, reciprocare pilam : on dit pesotter. Mais on s’en sert, pour dire, se servir de ballotes pour donner les suffrages, ou pour tirer au sort. Pilarum suffragiis uti. Il y a des élections qui se font en ballotant. Dans ce sens il est peu en usage.

☞ BALLOTER, dans le sens figuré, est actif, & s’applique aux personnes & aux choses. Dans le premier cas, balloter quelqu’un, c’est le tenir long-temps en haleine, l’amuser par de vaines promesses, le renvoyer de l’un à l’autre, sans avoir envie de l’obliger. Voyez ces mots. On l’a balloté pendant long-temps.

☞ Appliqué aux choses, il signifie, examiner de part & d’autre, discuter. Voyez Discuter. Cette affaire a été long-temps ballotée.

☞ BALLOTER. Terme de fonderies de fer. C’est mettre la verge fondue en paquets.

BALLOTÉ, ÉE. Part. Il a les signification de son verbe, en latin comme en françois.

BALLOTIN. s. m. Ce mot se trouve dans l’Histoire du Gouvernement de Venise. On appelle ballotins, les enfans dont on se sert pour recevoir les petite boules qu’on emploie pour donner son suffrage lorsqu’on fait l’élection du Doge.

Ballotin, signifie encore un petit ballot.

☞ BALLUCHES (les). Voyez Bulloques.

☞ BALME. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois Grotte. Grotte de Notre-Dame de la Balme. Elle est en Dauphiné, auprès de Grenoble. elle s’ouvre par une voûte assez haute, & mene à un lac renfermé sous la montagne, & qui paroît large d’une lieur. François I étant en Dauphiné, y envoya des gens en bateau, qui allerent plus de deux lieues dans le lac ; mais un grand bruit leur fit peur, & ils n’allerent pas plus en avant, ils mirent sur des planches des flambeaux allumés, qu’ils virent disparoître tout d’un coup en un certain endroit, qui apparemment étoit un gouffre. Un Curé de ce pays-là y est allé depuis, ne vit que des chutes d’eau ; il trouva quelques endroits où l’on étoit à sec, d’autres où la voûte étoit très-basse. M. Dieulamant l’a encore examinée depuis, & il diminue beaucoup le merveilleux. Cette grotte est creusée irrégulièrement dans le rocher, & son entrée peut avoir 4 à 5 toises de largeur, sur 5 à 8 de hauteur. Au bas de cette entrée est un petit ruisseau qui s’écoule dans le Rhône. Il étoit à sec au mois d’Août, & son lit fait juger qu’il est toujours fort petit. La grotte se fourche. Dans la partie qui est à droite, on voit beaucoup de congélations d’eaux, qui se distillent au travers des rochers. Dans la partie qui est à gauche, il se distille des eaux qui font une partie du ruisseau. Elles tombent d’abord dans un assez grand bassin naturel, au-dessous duquel il y en a plusieurs autres petits, qui font une cascade assez agréable. Au fond de cette grotte est une espèce d’ouverture, creusée aussi dans le rocher, au bas de laquelle est l’eau qui forme la plus grande partie du ruisseau. C’est ce qu’on appelle le lac, parce que l’eau est dormante. Il a un demi-pied, ou un pied tout au plus de profondeur. L’allée où est cette espèce de lac parut n’avoir pas plus de 20 toises, & les gens du pays assurent qu’il n’y avoit rien au-delà. Acad. des Sc. 1700. Hist. p. 3, 4, 5.

BALNÉABLE. Adj. f. Epithète que l’on donne aux eaux qui sont propres pour les bains. Balneabilis.

BALOCHE. s. & adj. C’est un nom qu’on donne dans l’Ordre des Capucins & autres Religieux, à ceux qui ne prêchent ni ne confessent. Les Baloches sont dans les Couvens ce que certaines abeilles sont dans les ruches ; elles n’y font ni cire ni miel. Communément les autres Religieux haïssent les Baloches, parce qu’ils consument la substance de la Communauté, sans y avoir contribué. Il y a des Baloches qui se rendent recommandables dans leur Couvent par leur naissance. Ils voient tout ce qu’il y a de bon & de Grands, & par leurs visites & leur manége, ils attirent autant & plus de libéralités, que les autres n’y apportent de profit par leurs sermons ou leurs confessions.

BALOIRE. s. f. Terme de Marine. C’est ainsi que l’on appelle de longues pièces de bois, qui dans la construction donnent au vaisseau la forme qu’il doit avoir. La baloire, selon le P. Hoste, se dit aussi du contour extérieur du vaisseau représenté dans un de ses plans horizontaux.

BALOIRE. Terme de Fleuriste. Tulipe de trois couleurs, rouge, colombin & blanc. Cult. des Fl.

BALONNÉ. Voyez Contretemps Balonné.

BALOTIN. s. m. espèce d’oranger, qui différe des orangers ordinaires, par ses feuilles qui sont plus grandes, plus larges que celles des orangers communs, & dentelées tout à l’entour, & par ses fruits ou ses oranges qui ressemblent presque à des citrons ; c’est-à-dire, qu’elles sont grosses & longues. En certains climats les branches d’orangers, & sur-tout de balotins, reprennsent de bouture ou de marcote, aussi facilement que font ici les groseilers, figuiers, coignassiers, &v. La Quint.

BALOTTES. s. f. pl. Ce sont des vaisseaux de bois dans lesquels on met la vendange, & qu’on charge sur des chevaux. Il y en a qui sont percées vers le haut, pour y passer des cordes & les attacher à d’autres. Il y a des anneaux de fer, dans lesquelles passent des cordes. Les vignerons les portent aussi quelquefois sur leur dos en guise de hottes.

☞ BALOWA. Grande ville de l’Indoustan, au royaume de Decan, à trois lieues de la ville d’Asta, & à pareille distance de celle d’Oeren.

BALOURD, DE. adj. & s. m. & f. Qui est stupide, & grossier. Stupidus, plumbeus. ☞ C’est un franc balourd, une vraie balourde.

Ce mot n’est d’usage que dans le style simple & comique. Il vient de l’italien balordo, qui signifie la même chose.

☞ BALOURDISE. s. f. Ce mot qui n’est que du style familier, signifie une chose dite ou faite sans jugement, ou le caractère de l’homme balourd. Ingenium hebes, naris obesæ homo. Voilà une grande balourdise. Il est d’une balourdise qui ne se conçoit point. Trivelin fait connoître par un à parte qu’il a dessein de se servir de la balourdise d’Arlequin & de son ignorance, pour confirmer tout-à-fait Pantalon dans l’opinion que Lelio est le vrai Mario. Merc. Février 1718.

BALSAME. s. m. Nom d’homme. S. Pierre Balsame, né en Palestine dans le village d’Anée, s’appeloit Abselame, d’où l’on a fait Absalme, & puis par transposition Balsame. Voyez Baillet, T. I ; p. 47.

BALSAMINE. s. f. Balsamina. Plante annuelle qu’on seme dans les jardins, & qui donne des racines fibreuses & chevelues, d’où s’élève une tiche branchue, haute d’un pied, charnue, épaisse, noueuse, couverte d’une écorce verdâtre, quelquefois rougeâtre & pleine de suc d’un goût fade. Ses branches sont garnies de feuilles semblables à celles du pêcher, plus molles, plus succulentes, plus dentelées sur leurs bords, & d’un goût très-amer. De leurs aisselles naissent une ou plusieurs fleurs portées par des pédicules longs de demi-pouce. Elles sont à quatre pétales inégales, dont la supérieurs est voûtée ; l’inférieure est creuse & terminée par un éperon, les deux latérales tombent en devant en manière de tabac, garnies chacune d’une oreillette. Lorsque les fleurs sont à xis pétales, la pétales inférieure qui est creuse, n’a point d’éperon sensible, & il y a quelque changement dans la disposition des autres pétales. Quand la fleur est passée, le pistil devient un fruit fait en poire, composé de pièces assemblées, comme les douves d’un tonneau, & qui en se recourbant par une manière de ressort, découvrent & jettent avec impétuosité ses semences, qui sont rondes, & roussâtres. On croit que son nom vient du mot latin Balsamum, à cause qu’on se servoit du fruit d’une autre plante qui portoit autrefois ce même nom en latin, & qu’on a changé en celui de momordica, en françois, pomme de merveille. La Balsamine qu’on seme dans les jardins, est à fleur purpurine, à fleur mêlée de rouge & de pourpre, à grande fleur, ou à fleur blanche. Elle fleurit en Juillet. Il y en a de simples & de doubles.

BALSAMIQUE. adj. Terme de Médecine. Prononcez balzamique. Il se dit des choses qui ont une propriété, une qualité semblable à celle du baume. On appelle balsamique ce qui est doux, ce qui est médiocrement atténué, qui n’a rien d’acre, ni de trop fort, & de trop violent, qui est lié, coulant dans une juste température par un mélange convenable des principes. Pour qu’une chose soit balsamique, il ne fait pas qu’elle ait trop de flegme, ni des parties trop visqueuse, ni trop d’acides ni des esprits trop violens. On dit, un sang velouté & balsamique. Le ris nourrit beaucoup par ses parties huileuses balsamiques & embarrassantes. Les artichauds contiennent beaucoup de partie huileuses & balsamiques. Lemery.

☞ Il est aussi employé substantivement, faire usage des balsamiques.

☞ BALSAMITE. Voyez Tgnaisie.

BALSARA, BALSERA, ou plus communément BALSORA. Balsora, anciennement Térédon. M. Corneille dit Balsera. Ni l’un ni l’autre n’est d’usage en France. Plusieurs écrivent Balsra. Bassora est le plus autorisé par l’usage. Bassora est une ville d’Asie, située près du fleuve Sehat el Arab, qui est le Trigre & l’Euphrate joints ensemble. Quelques cartes la mettent dans l’Yrak, partie du Diarbeck, à l’Orient de ce fleuve, & d’autres à son Occident dans l’Arabie déserte. Elle est à une demi-lieue du fleuve, & à deux du lieu où étoit l’ancienne Térédon. Les Transactions philosophiques, T. I, p. 656 & 657, donnet à Balsora 21°. 21’ de latitude, & sur deux observations de l’immersion de l’œil du Taureau, elles déterminent sa longitude la première fois à 86°. 20’ de différence avec celle de Londres, & la seconde fois à 86°, 14’ seulement. D’où il s’ensuite que la longitude de Londres étant, selon l’Académie des Sciences, différente de celle de Paris de 2°. 18’. Occident, & par conséquen de 17°. 42’ celle de Balsora est de 103°. 56’ selon le second calcul, & de 104°. 2’ suivant le premier.

BALSANE. Voyez Balzane.

BALSE. s. f. Espèce de radeau, dont les Indiens de la côte du Pérou, se servent sur la mer du sud. Les Balses sont faites de grandes gaules ou mats liés les uns avec les autres : il y en a de différentes grandeurs, suivant le nombre des gaules dont elles sont faites, & qui sont toujours à nombre impair ; ensorte que celle du milieu avant plus que les autres, & que celles des deux côtés aillent toujours en diminuant, comme un jeu d’orgues, & qu’elles fassent ensemble une pointe. Il y a dessous des planches pour les contenir. Les plus grandes portent la pesanteur de plus de 60 hommes.

Il y en a aussi faites de deux peaux de loups marins, bien cousues, & remplies d’air, comme deux outres, longs & plus gros par un bout que par l’autre. On les joint par des traverses qui servent aussi à soutenir assis, ou plutôt accroupi l’homme qui conduit la barque avec un aviron double.

BALTADGY. s. m. Terme de Ralation. Officier Turc, qui commande les Bostangis dans les maisons du Grand-Seigneur, & qui est comme le Gouverneur & le Concierge. Baltadgius Castellanus, Castello Præfectus. Le Sérail de Scutari n’est gardé que par des Bostangis, & un baltadgy qui les commande. Du Loir. p. 69.

BALTAGI. s. m. Terme de Relation. Les Baltagis du Sérail, ainsi nommés de balta, qui signifie coignée, sont des esclaves qui coupent les bois pour l’usage du sang Ottoman, & des sultanes. Volt.

☞ BALTIMORE, ou BALATIMORE. Ville d’Irlande, dans la Province de Munster, au Comté de Cork, à quatorze milles de Ross. Il y a aussi une baye de ce nom.

☞ BALTINGLASS. Petite ville d’Irlande, dans la province de Leinster, au Comté de Wicklow.

BALTIQUE. adj. Epithète qui se donne à une mer du Nord en Europe. La mer Baltique, Balticum mare, Balticus sinus. La mer Baltique est un grand golfe entre l’Allemagne, le Dannemarck, la suède & la Pologne. C’est le sinus Codanus des Anciens. Pline dit que Philémon l’appeloit Morimarhuse, & Hécathæus Amalchium. Tacite l’appelle mer de Suède, mer paresseuse. Mare Suevicum & pigrum. Les Allemands l’appellent Oorzée, mer du couchant, & Die Belk, d’où s’est formé le nom Baltique. La mer Baltique entre dans les terres, ou commence au détroit de la Sonde, par lequel elle tient à l’Océan, ou mer d’Allemagne. Elle forme deux grands golfes principaux. Le golfe de Boddes, ou de Bothnie, sinus Bodnicus, & le golfe de Fines, ou de Finlande ; en langage du pays Bothenzée, ’ Finniezée. On trouve de l’ambre dans la mer Baltique.

BALTRACAN. s. m. Herbe qui croît dans la Tartarie, & que les Tartares mangent pour se soutenir, quand ils voyagent dans leurs déserts. Josaphat Barbaro, Marchand Vénitien, dit en avoir usé dans son voyage de Tartarie, & la décrit ainsi dans une lettre à Pierre Parocci, Evêque de Padoue. Le baltracan a la feuille semblable à celle des raves. Au milieu naît une tige plus grosse que le doigt, & qui dans le temps de la semence est de la longueur du bras ; cette tige pousse des feuilles éloignées l’une de l’autre de sa quatrième partie. La semence est semblable à celle du fenouil ; mais plus grosse, & d’une bonne odeur, quoique forte. Quand c’est la saison il se rompt, & l’écorce se sépare jusqu’à ce qui est tendre, comme au pampre de la vigne. Il a l’odeur de l’oranger, même un peu plus douce. Il n’a point besoin d’assaisonnement, ni même de sel, pour être mangé. On peut le semer comme toute autre semence, sur-tout dans un lieu tempéré, & dont le fonds soit bon. La tige est un peu creuse, & son écorce est verte, tirant sur le jaune. Il dit que depuis sont retour de Tartarie, &tant Provéditeur en Albanie, il y trouva du baltracan proche de Croia, & encore après dans le Padouan. Ramuzio, T. II, p. 112.

☞ BALVE. Petite ville d’Allemagne, dans le duché de Westphalie, sur les confins du Comté de la Marck, à trois lieues d’Areusperg.

BALUSTRADE. s. f. Terme d’Architecture. Rang de petits piliers façonnés, de pierre, ou de fer, ou de bois qui sont à hauteur d’appui, qu’on met sur des terrasses, ou au haut des bâtimens, pour faire quelque clôture, ou séparation. Clathratum septum, columellarum septum. On enferme les autels par une balustrade de marbre, de bois, &c. Chez les Princes, le lit est environné d’une balustrade.

BALUSTRE. s. m. Se dit dans ce même sens de ces clôtures de petits piliers qui se mettent autour du lit des Princes, ou dans une chambre de parade, pour fermer les alcoves, ou le cancel du chœur d’une église, ou d’une chapelle, ou les balustres d’escaliers entre l’appui & le limon. Columellæ, clathri, cancelli. Il y a un balustre de marbres à la Chapelle de Notre Dame.

Du Cange dérive ce mot de balustrum, & balustrium, qui étoit un lieu chez les Anciens, où étoient plusieurs bains apparemment fermés de balustres. Selon d’autres il vient de balustrum, qui signifie le calice de la fleur de grenade, auquel le balustre ressemble.

On le dit aussi de chaque pilier en particulier. Il faut tant de balustres pour faire la fermeture de cette Chapelle. Les balustres du grand escalier de Versailles sont de bronze massif. Les Orfévres appellent balustres, les parties de leurs ouvrages qui sont taillées ou façonnées en balustres, comme le pilier d’un guéridon, la tige d’un flambeau, ou d’un chandelier, d’un bénitier, &c. On appelle encore balustre, la petite colonne ou le pilastre orné de moulures, pour remplir un appui à jour sous une tablette. Les Tourneurs appellent aussi balustre, la petite colonne de bois qu’ils mettent au dossier d’une chaise tournée.

On dit figurément que les dais & les balustres ne rendent pas un homme plus heureux ; pour dire, que l’éclat & les honneurs de la Cour ne sont pas capables de satisfaire le cœur de l’homme.

Balustre du chapiteau de la colonne ionique, est la partie lattérale du rouleur qui fait la volute.

Balustres de serrure, sont de petites pièces de fer en forme de balustres, qui tombent sur l’entrée de la clef, & servent à la couvrir.

BALUSTRÉ, ÉE. adj. Orné d’une balustrade. Ornatus pilarum ordine. Ils traversent une galerie ornée de peintures très-belles ; & descendant dans le parterre par une terrasse balustrée, ils gagnerent une allée faite en berceau, d’où l’on découvroit dix ou douze jets d’eau de diverses formes, qui faisoient un objet très-agréable. Mad. de Villedieu, Journal amoureux, t. 10, p. 7. C’est un mot hasardé.

BALUX. s. m. C’est le nom que l’on donne au sable de quelques rivières qui est mêlé avec de l’or. Dictionnaire de James.

BALZANE. s. f. Terme de Manége. C’est la marque de poil blanc qui vient aux pieds de plusieurs chevaux, depuis le boulet jusqu’au sabot devant & derrière. Albedo in equino pede, nota alba. On dit qu’un cheval est chaussé trop haut, quand ses balzanes montent trop haut.

Ce mot vient de l’italien balzano.

On appelle un cheval balzan, celui qui a des balzanes à quelques-uns de ses pieds, ou à tous les quatre. Equus quaturo pedibus albis. On juge de la bonté & de la nature des chevaux selon les pieds où les balzanes se rencontrent.

BAM

☞ BAM. Ville d’Asie, dans la province de Kerman ou Caramanie Persique. Lng. 94’. Lat. sept. 28d. 30’.

☞ BAMBA. Province d’Afrique, au royaume de Congo, la plus grande & la plus opulente des cinq qui font la division de ce royaume.

Bamba. Province de l’Amérique méridionale, au royaume de Popeian, & vers la ville de même nom. Les Espagnols en sont maîtres.

BAMBERG. Bamberga, ou Babenberga. Ville épiscopale d’Allemagne, en Franconie, située sur une colline, au confluent du Mein & du Réduits. Quelques-uns croient que c’est le Bergium des Anciens. Il faudroit dire plutôt que Bamberg a été bâti à la place de Bergium. Car Bamberg ne fut bâti que vers le Xe siècle. C’est Babe, fils de l’Empereur Othon, qui lui a donné son nom, qui joint à celui de berg, colline, montagne, a formé Babeberg, d’où s’est fait Babberg, & ensuite Bamberg. C’est l’empereur Henri II, qui y fit établir un Evêque, qui bâtit la Cathédrale, qui est une des plus magnifiques d’Allemagne. Ce saint Empereur désirant ériger un Evêché à Babenberg, ou Bamberg en Franconie, qui étoit de son patrimoine, pria l’Evêque de Wirsbourg, dans le Diocèse duquel étoit Bamberg, de la lui céder avec son territoire, lui offrant d’autres terres en échange. L’Evêque y consentit, à condition qu’il seroit fait Archevêque, & que l’Evêque de Bamberg seroit son suffragant. On en convint dans l’Assemblée de Mayence, l’an 1007, & le Pape fit cette érection la même année au mois de Juin. Voyez encore Imhoff, Notit. Imp. Liv. 3, c. 3. L’Evêque de Bamberg est Acéphale, & dépend immédiatement du Pape. La Longitude de Bamberg est 32d. 49′ & sa latitude 49d. 51′.

☞ BAMBERG. Petite ville de la Bohême propre, sur les frontières de la Moravie, au pied des Monts, sur une colline.

BAMBIAYE. s. m. Oiseau de l’île de Cuba. Il ne s’éleve presque point de terre, & on le prend à la course. Sa chair est d’un bon goût.

BAMBIN. s. m. Terme du discours familier qui signifie un enfant. Dans la Tragédie d’Œdipe on met en culotte les deux bambins, qui dans Inès ne s’étoient montrés qu’en jaquette. Merc. Avril 1766.

Un loup entre dedans, & jetant de fort loin
Ses regards dans un coin,
Y vit la louve charitable
Qui tenoit deux petits bambins
Comme deux louveteaux pendus à ses tetins,
Et courut, la prenant pour louve véritable.

Ecole du Monde
.

Jouissez de votre innocence,
Tandis qu’il en est temps encor ;
Cher Bambin, l’âge de l’enfance
Est le véritable âge d’or. Du Cerceau

BAMBOCHADE. s. f. On appelle bambochades certains tableaux dans le grotesque, qui représentent des sujets populaires, bas & ignobles. L’étymologie de ce mot vient de Bamboche, fameux Peintre Flamand, qui s’est particulièrement adonné à ce genre ; son nom de famille étoit Pierre de Laar : mais les Italiens lui donnerent le nom de Bambocio, à cause de la singularité de sa taille. Il étoit de Harlem.

BAMBOCHES. s. f. Figures en forme de Marionnettes, plus grandes qu’à l’ordinaire, auxquelles on fait représenter des ballets, ou des Comédies. Alienis nervis lignum mobile, sigillum automatum. On a vû à Paris une troupe de Comédiens qui faisoient jouer des bamboches, mais qui n’ont pas eu grand succès. Nous avons aujourd’hui des Comédiens de bois.

Ce mot vient de l’Italien. On appelle aussi une femme de fort petite taille, une bamboche. On le dit aussi d’un homme. Cet homme est proprement une bamboche.


Bamboche. s. f. Petite canne qui vient des Indes, & qui est pleine de nœuds. Les Bamboches ont été fort à la mode quelque temps.

Ce mot vient de bambous qui suit, que l’on a pris des Indiens, qui appellent bambu, ou mambu, le roseau dont on fait ces sortes de cannes.

BAMBOU. s. m. Arundo tabaxifera, spinosa. Plante des Indes que Pison dit être une espèce de roseau. Il part de sa racine plusieurs jets beaucoup plus considérables que ceux de nos roseaux ordinaires, branchus, creux, noueux, & séparés d’espace en espace par des cloisons. Ces cavités au lieu de moelle sont remplies d’un suc doux, fort agréable, & qui s’épaissit ensuite par la chaleur, & devient ce qu’on appelle sacchar. Ce suc dans les Indes est fort estimé. Ses feuilles naissent de chaque nœud, & sont accompagnés d’épines. Elles sont longues de quatre à cinq pouces au plus, sur un bon doigt de largeur, terminées un peu en pointe, cannelées par des nervures qui suivent toute leur longueur, vertes, rudes & âpres au toucher. Ses fleurs naissent en épics écailleux, & semblables à ceux de blé de froment. Il s’est élevé beaucoup de disputes entre les Naturalistes sur le Sacchar & Tabaxer ; la plûpart prétendent que ces noms étoient propres à la canne de sucre & au sucre qu’on en tire. Les autres au contraire soutiennent que c’est mal-à-propos, puisqu’ils sont encore usités dans les Indes, & consacrés pour signifier le suc du Bambou. Les jets de Bambou viennent souvent si pressés qu’on ne sauroit pénétrer une forêt de cette plante ; son suc est très-vanté dans les Indes pour plusieurs maladies. Il y a trois espèces de Bambou dans l’Hortus Malabar.

On l’appelle aussi Mambou & Voulu. Voulou est une espèce de canne d’Inde, qui tient de l’arbre appelé par Linschot & Acosta Mambu & Bambu, à l’imitation des Indiens, d’où est venu le nom de bamboche, que nous lui donnons dans ce pays-ci. La moelle humide approchante du lait qui se trouve dans le Bambou est nommée par les médecins Arabes Tabaxir, & par les Indiens Sacar Mambou ou Bambou, c’est-à-dire, sucre de Mambou, dont les Arabes, les Persans, & autres Orientaux, sont un cas tout particulier. Dapper.

BÂME, pour BAUME. Voyez Ambroise.

☞ BAMFÉ. Petite province de l’Ecosse Septentrionale, dans le province de Buchan.

☞ BAMFÉ. Capitale de la province de même nom, à l’embouchure de la Doverne.

BAMIA, ou Kermia d’Egypte. C’est une plante haute comme la guimauve : ses feuilles sont larges & semblables à la vigne, découpées & dentelées, attachées à la tige par des queues longues : ses fleurs sont petites, semblables à celles de la mauve, de couleur jaune. Il leur succède des fruits longs, pointus, qui s’ouvrent en plusieurs loges, garnies de semences presque rondes & noirâtres, contenant une pulpe douce. Les Egyptiens la cultivent & la mangent. Dapper écrit Bammia, & dit que cette plante a quatre ou cinq coudées de haut ; que ses fleurs & ses feuilles ressemblent à peu-près à celles de mauve, si ce n’est que ses feuilles ne sont pas si petites ni si douces au toucher, mais rudes & tant soit peu velues, pendantes à de longues tiges, & presque aussi grosses que celles de la courge ; que la fleur est de cinq feuilles d’un jaune pâle ; que le fruit a cinq & quelquefois dix angles, & qu’il ne ressemble pas mal aux concombres sauvages.

Bamia-Moschata, est une plante presque semblable. Sa graine est gris-brun, d’une odeur de musc. On en fait de petits chapelets. On la met dans la bouche pour donner une odeur agréable. Elle vient de l’Amérique.

☞ BAMIAN. Ville d’Asie, dans le province de Khorassan, ruinée par Gengizkhan.

☞ BAMOTH. Ville des Moabites, sur l’Amon.

☞ BAMOTH-BAAL. Ville de la Tribu de Ruben, au-delà du Jourdain.

BAN.

BAN. s. m. Publication à haute voix, au son du tambour, ou de la trompette, ou des tymbales, par l’ordre d’un Supérieur, ou de la part du Roi & de la Justice. Rei cujuspiam præconis voce denunciatio. On a fait un ban portant défenses de sortir du camp, d’aller à la petite guerre. Pasquier a observé que ce mot est fort ancien dans la langue pour signifier une proclamation publique. Aussi trouve-t-on ces phrases dans les Coutumes, crier au ban ; cas de ban ; a peine de ban ; procéder à ban, &c. On appelle aussi ban, la publication & le cri que fait faire le Seigneur féodal pour se faire rendre les hommages, ou lui payer les redevances, & le venir reconnoître. De Hauteserren Orig. feud. c. 9, observe qu’anciennement on appeloit Herbanum l’obligation des vassaux d’aller à la guerre, que leur Seigneur levoit des troupes, ou d’y envoyer quelqu’un à leur place, ou de lui payer une certaine somme, & que ce mot venoit de here, qui en allemand signifie armée ; que depuis on l’a nommé bannum, ban, & retrobannum, arrière ban. Il définit le ban, un Edit, une levée de gens d’armes qui tiennent des fiefs sujets au service noble des armes. Il remarque encore que le ban, ou service du ban, ne duroit que 40 jours, ou comme comptoient les François, 40 nuits. C’étoit autrefois privilége des Ducs d’Autriche de ne servir qu’un mois. Il ajoute qu’aujourd’hui le service du ban ne dure encore que 40 jours, quand c’est dans le Royaume, & trois mois quand on sert hors du Royaume. Voyez encore les remarques du même Auteur sur le Ve L. de Grégoire de Tours, p. 184, 185, & sur le XIe Liv. p. 386.

On dit aussi ban de vendanges, ouverture de ban, &c. pour dire, la publication de la permission des vendanges. Le Duc Odes en 1210, se trouvant à Beaune environ le temps des vendanges, fit présent aux Maires & Echevins de la Ville du ban des vendanges, qui étoit un de ses principaux droits. Parad.

Du Cange dit qu’on a appelé aussi l’Excommunication, le ban de l’Evêque. Voyez encore dans les Acta Sanct. Mart. Tom. I, p. 217, F.

Ménage dérive ce mot de l’allemand ban, qui signifie proprement publication, & ensuite proscription, parce qu’elle se faisoit à son de trompe ; d’où sont venus les mots de bannir, ban, bannissement, de bandi, de ban, & arrière-ban, banlieue, bannière, bannal, abandonner, &c. Nicot le dérive d’un autre mot allemand ban, qui signifie champ, & territoire, d’autant que c’est en vertu de ce qu’on tient des fiefs, champs & héritages qu’on est obligé au ban & arrière-ban ; & que le four à ban est le four du territoire de la Seigneurie. Borel le dérive du grec πἄν, qui signifie tout, parce que la convocation est générale. Les Châtellenies ou Prévôtés de Lorraine ont sous elles certain nombre de bans ; & chaque ban a sous soi un certain nombre de bourgs. Le Duché de Limbourg est divisé par bans. Le mot de banlieue a sans doute pris son origine du ban. P. Lubin dans son Merc. Géogr.

Ban, se dit aussi des publications qui se font aux prônes des Paroisses des noms de ceux qui veulent se marier, ou prendre les Ordres. Solemnis futurarum nuptiarum proclamatio. La publication des bans n’est pas de nécessité du Sacrement, mais de nécessité de précepte. Elle a été mise en usage par la Police Ecclésiastique de France, & confirmée par les Ordonnances de Blois, de Melun, & de Louis XIII, en 1639. Le Concile de Latran a rendu cet usage général. C’étoit pour prévenir les abus, & les inconvéniens qui résultent des mariages clandestins. Le Concile de Trente a ordonné la publication de trois bans pour empêcher les mariages clandestins. Par l’Ordonnance de Blois, nul ne pouvoit valablement contracter mariage sans proclamation précédente des trois bans ; & aucun ne pouvoit être dispensé que des deux derniers, & seulement pour cause légitime, ou pour urgente nécessité. Mais on s’est fort relâché là-dessus. Il n’y a que les mineurs qui soient soumis nécessairement à cette formalité, quoique le défaut de la publication des bans ne rende pas leurs mariages nuls : car le défaut de la publication des bans ne rend par le mariage clandestin, s’il a d’ailleurs tout ce que l’Eglise demande. A l’égard des majeurs, on en dispense plus aisément, & même le défaut de bans n’emporte point de nullité. On achète les deux derniers bans, quand le premier a été publié. Quand un mineur veut se marier, les bans doient être publiés à la Paroisse du domicile de son pere, ou de son tuteur, ou de son curateur.

Le Conseiller Argant eut la même furie :
Il vit Cloris, l’aima ; pressé de son amour,
On publia ses bans & sa honte en un jour. Vill.

On prétend que la publication des bans est très-ancienne dans l’Eglise ; il y avoit du moins quelque chose de semblable dès le commencement de l’Eglise, & c’est des bans de mariage qu’on entend ce que Tertulien appelle trinundina promulgatio. Ces publications de bans ont été établies pour prévenir les abus qui pourroient se commettre dans le mariage à cause des empêchemens. Il est vrai qu’avant que ces sortes de publications fussent en usage, on prévenoit les inconvéniens autrement. Les hommes s’adressoient aux Diacres, & les veuves ou les filles aux Diaconesses, & proposoient le dessein de se marier : si les parties étoient sortables, les Diacres & les Diaconesses avertissoient l’Evêque, lequel après en avoir communiqué au Clergé, faisoit la bénédiction du mariage. Fevret.

Ban, se dit aussi de la publication qui se fait pour convoquer tous les Nobles d’une Province, pour servir le Roi dans ses armées, suivant qu’ils y sont obligés par la loi des fiefs. Principis edictum primariæ clientelæ nobilitatem ad militaria munera convocantis. On a publié le ban & l’arrière-ban. Ban en ce sens signifie la convocation des vassaux qui tiennent du Roi immédiatement, & arière-ban de ceux qui tiennent médiatement. On confond aujourd’hui ces deux mots ; desorte que ban & arière-ban, est un mandement à tous Gentilshommes & autres tenans fiefs & arrière-fiefs de venir à la guerre pour le service du Prince.

Ban, est aussi l’assemblée de ces Nobles en corps d’armée. Primariæ clientelæ nobilitas armata. Le ban & arière-ban est long-temps à se mettre en campagne. L’Abbé de la Roque a fait un Traité du ban & de l’arière-ban, avec plusieurs anciens rôles, où sont les noms & qualités des princes, Seigneurs & Gentilshommes qui s’ sont trouvés. Les François ont servi leurs Rois dans leurs armées par manière de ban et d’arrière-ban dès le commencement de la Monarchie ; mais on peut dire que ces convocations n’ont été bien réglées que dans le temps qu’il s’est fait des investitures des fiefs. Dès-lors les Laïques, Seigneurs de fiefs, ont rendu un service personnel dans les armées. Les Ecclésiastiques mêmes qui en possédoient, étoient contraints de s’y trouver avec leurs vassaux ; ce qui a donné lieu à l’institution des Vidames, & des Avoués, pour la défense des évêchés & des abbayes. Ces Avouées en temps de guerre conduisoient les vassaux des églises ou abbayes, à la place des Seigneurs Ecclésiastiques. Mais parce que pendant les guerres saintes, ou contre les Anglois & les Flamands, la plupart des Gentilshommes qui alloient à ces expéditions, manquoient d’argent pour les frais de leur voyage, ils furent contraints de supplier les Rois de permettre aux Roturier & aux gens de main-morte d’acheter des fiefs, lesquels étant ainsi tombés entre les mains de personnes peu propres pour les armes, on vit bientôt les bans & les arrière-bans peu fournis d’hommes capables des exercices militaires. C’est pourquoi les Rois ordonnerent d’abord la levée du droit des franc-fiefs sur les Roturiers, pour subvenir au payement des gens de guerre, & pour confirmer la permission de tenir des fiefs & arrière-fiefs à la manière des Nobles. Outre ce droit ils furent encore obligés à servir de leurs personnes ; ce qui s’exécute encore aujourd’hui.

Ban, se dit aussi des assignations qui se font à cri public aux vassaux pour comparoir devant leurs souverains en certaines occasions, & pour rendre compte de leurs actions. Edictum Principis beneficiaros clientes evocantis. Les Princes d’Allemagne sont souvent assignés, sont mis au ban de l’Empire, & on confisque leurs fiefs, faute de rendre l’hommage & le service dont ils sont tenus.

Ban, signifie aussi, bannissement. Exilium. Et on dit en termes de Palais, il lui est enjoint de garder son ban, à peine de la hart. Il a obtenu un rappel de ban.

Petit Ban. Il étoit en usage en Dauphiné, & les petits bans étoient différens des condamnations de justice. Celles-ci ne sont que les amendes ordinaires portées par les sentences des Juges, au lieur que par les autres on entend les peines pécuniaires imposées par les status des lieux pour des contraventions. Valbon. p. 120.

Ban, signifie encore, un endroit & un lieu public qu’ont les Seigneurs des grands fiefs, pour obliger tous les Habitans d’une Seigneurie de venir cuire au four du Seigneur, de moudre à son moulin, ou d’apporter leur vendange à son pressoir. Jus indictivæ moletrinæ, jus indictivi furni, jus indictivi torculi vinarii. Ainsi on dit un four à ban, un pressoir à ban ; & on appelle sujets banniers, & droits de bannée, ceux qui sont obligés à ce droit. En quelques Coutumes on appelle four bandier, moulin bandier, ce qu’on appelle ailleurs bannal.

Ban à vin. Jus prælationis in vendendo vino. C’est le droit que quelques Seigneurs ont de vendre leur vin à l’exclusion des habitans qui sont dans leur territoire : ce droit n’est que pour quarante jours au plus, & en quelques endroits pour un mois seulement. Le droit de ban de vin ne peut être transporté au Fermier, pour jouir par lui de l’exemption du huitième. Ce droit de ban de vin est appelé quelquefois ban de Mai, ou ban d’Août. Le Roi, par un Edit du mois d’Avril 1702, a établi un droit de ban de vin dans tous les lieux où les droit d’Aides n’ont point de coutume : il permet à toutes personnes d’acquérir ce droit, & leur donne de grands priviléges.

On dit proverbialement d’un homme qui a la bouche trop fendue, qu’elle est grande comme un four à ban.

Ban, est quelquefois une dignité ; c’est ainsi qu’on appelle le Gouverneur de Croatie. Banus, Gubernator, Præfectus. M. Du Cange remarque que les Hongrois l’appelent Isban en leur langue : il ajoute que ce nom de dignité vient du mot band, pris pour étendard, parce que c’est sous le band (bandum) ou sous les enseignes de cet Officier, que les Peuples de la Provinces doivent se ranger pour combattre.

M. d’Herbelot, Bibl. Orient. p. 183, prétend que ban est un mot esclavon, dont les Turcs se servent aussi, & qu’il signifie, celui qui commande des troupes ou des milices dans les Provinces dépendantes du royaume de Hongrie. Il est aussi, selon d’autres, en usage en Dalmatie. C’est ce que les Grecs modernes appellent Βοονος, & Μπάνος, dont l’un se trouve dans Constantin de Administ. Imper. cap. 30 & 31, & l’autre dans Cinname. On croit même que c’est ce que Hésychius appelle Βάννας, & qu’il dit signifier Roi, ou bien Grand Prince. Voyez J. Selden, de Titul. honorar. P. II, ch. 2, n. 5. Joan. Lucius, de Regno Dalmat. Lib. VI, cap. 1, les Décrets d’André roi de Hongrie, ch. 5, & Du Cange. Le Lieutenant ou Vicaire du ban s’appelle Viceban, Vicebannus ; & l’on trouve Bannatus, Bannat, pour signifier la dignité de Ban.

Ban. s. m. Est le nom d’une plante d’Egypte, que l’on appelle aussi Calaf.

Ban. Sorte de mousseline unie & fine que les Anglois rapportent des Indes orientales.

Ban, ou Bon. voyez Bon.

Bans, au pluriel, en termes de chasse, sont les lits des chiens. Salnove.

BANAL, ALE. adj. Voyez Bannal, ale.

BANALITÉ. s. f. Voyez Bannalité.

BANANE. s. f. C’est le fruit du bananier.

BANANIER. s. m. Musa arbor. Plante qui est fort commune dans les Indes Orientales & Occidentales. C’est un gros roseau spongieux au-dedans, qui vient dans les terres grasses, près des ruisseaux, ou dans des vallées qui sont à l’abri des vents. Il croît de la hauteur de douze ou quinze pieds. Sa tige est verte, luisante, spongieuse, & remplie d’eau : elle sort d’un gros oignon en forme d’une poire, qui a plusieurs petites racines blanches, qui le lient avec la terre. Ses feuilles viennent au haut de la tige au nombre de huit, de neuf & même de douze : elles sont longues d’environ quatre, cinq ou huit pieds, & larges de quinze ou dix-huit pouces : elles peuvent servir de napes & de serviettes, & étant sèches tenir lieu de matelats & de lits pour coucher mollement . Le nerf qui est tout le long de la feuille, est gros comme le petit doigt. Son fruit est au sommet de la tige en forme de grosse grappe, ou de gros bouquet : il est gros comme le bras, long de douze à treize pouces, un peu courbé vers l’extrémité : sa chair est ferme & solide, propre à être cuite ou sous la cendre, ou au por avec la viande, ou à être confite é séchée au four, ou au soleil pour être gardée plus facilement. Dans chaque bouquet il n’ a que vingt cinq ou trente bananes au plus, qui ne sont point trop serrées les unes près des autres. Ses fleurs sont d’un jaune blanc, d’une odeur douce, & longues d’environ deux travers de doigt. Lorsque les fruits sont mûrs, on coupe toute la plante ; car elle ne porte qu’une fois du fruit, & ne vit qu’une année ; mais avant qu’elle vieillisse il sort de la racine un ou deux rejetons qui lui succèdent, & qui par ce moyen la perpétuent.

Dans la province de Machicore, en Afrique, il y a des bananes aussi longs & aussi gros que le bras, que l’on appelle Outsi, & dans la province de Mangabei foutsi ; il y en a d’autres qui portent des fruits gros comme la moitié du bras, d’autres qui ne sont pas plus gros que le pouce ; & d’autres qui sont plus petits, & sont nommés acoudres, dont il y en a bien cent à chaque grappe, qui sont de couleur verte, soit qu’ils soient récens, soit qu’ils soient gardés. Les bananes sont un bon manger dans ce pays-là, & fort nourrissantes : on les fait rôtir comme des pommes, quand elles sont mûres. On cueille bien souvent les grappes qui ne sont pas mûres, & on les pend au plancher, où elles mûrissent en moins de quinze jours. On file dans le province d’Eringrane, l’écorce de cet arbre, & l’on en fait des habits. Dapper. Cet Auteur fait bananes masculin, nom du fruit du bananier. Mais il se trompe, c’est un Hollandois qui ne sait pas le