Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/611-620


Fascicules du tome 1
pages 601 à 610

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 611 à 620

pages 621 à 630



mutuelle, lorsqu’ils tendent à se joindre l’un à l’autre, & lorsque pour en venir à bout, ils sont obligés de faire chacun une partie du chemin qui les sépare.

☞ Les Newtoniens apportent plusieurs preuves de cette gravitation ou attraction mutuelle entre tous les corps qui composent l’univers. Celles qui sont tirées du flux de la mer & des irrégularités que l’on observe dans le mouvement des corps célestes, peuvent passer pour les meilleures.

☞ Ne pas reconnoître que les corps s’attirent mutuellement, & sont portés les uns vers les autres par une loi générale que la nature a établie, c’est vouloir faire revivre les qualités occultes de l’ancienne école, ou adopter les chimères brillantes de l’ingénieux Descartes, qui donne pour cause de la gravité des corps une matière environnant ces corps.

Attraction magnétique. Si l’on présente le pôle boréal d’un aimant au pôle méridional d’un autre aimant, ces deux aimans s’attireront, parce que ces deux aimans ainsi placés, sont chacun entourés d’une atmosphère homogène : leurs atmosphères se touchent, se confondent, prennent la figure ronde, & chassent les deux aimans à leur centre commun. La même chose arrive à deux gouttes d’eau qui ne sauroient se toucher sans se confondre & prendre la figure ronde.

☞ Par une raison contraire, ces deux aimans se fuieroient si l’on présentoit le pôle boréal de l’un au pôle boréal de d’autre, parce qu’alors les atmosphères de ces deux aimans deviennent hétérogènes, non pas quant à la matière dont ils sont composés, mais quant à la direction des corpuscules magnétiques. Ces atmosphères hétérogènes ne sauroient donc se mêler ensemble, lors même qu’elles se touchent, de même que l’eau & l’huile se touchent sans se confondre.

☞ On voit par-là que l’attraction magnétique est bien différente de l’attraction Newtonienne. Celle-ci a pour cause une loi générale du créateur. Celle-là est l’effet d’un fluide magnétique sorti des pôles de la terre, & répandu autour de la pierre d’aimant. Voyez Aimant.

ATTRACTIONNAIRE. s. m. Partisan de l’attraction Newtonienne, qui soutient l’attraction des corps, en avouant que la cause lui est inconnue.

Employez le système de l’attraction au phénomène de l’aimant, où il semble qu’il devroit être de grand usage ; ou à l’électricité, ou à ce qu’on appelle fermentation : vous trouverez que le principe vous abandonnera par-tout, & ne vous donnera l’intelligence de rien… Les Attractionnaires étoient sur-tout enchantés de l’attraction qu’ils voyoient ou croyoient voir dans les corps électriques. On ne pouvoit la méconnoître, & elle agissoit justement comme dans les planètes, en diminuant à la ronde, comme la distance augmentoit. Malheureusement un Philosophe à expériences est venu tout déranger, & en attachant une petite boule de bois à l’extrémité d’une corde de dix ou douze cens pieds, il a trouvé que si on présentoit un tube électrique au milieu, ou même au commencement de cette longue corde, les paillettes d’or, posées à l’autre bout sous la boule de bois, s’y attachoient aussi proprement, que si l’électricité eût agi à un pied près du cube… Spect. de la Nat. T. 4, p. 564, 565.

ATTRACTRICE. adj. f. Qui a la force, la vertu d’attirer. Attrahendi vim habens. La vertu attractrice de l’aimant. La nouvelle Philosophie ne reconnoît point de vertu attractrice, non plus que d’attraction. Newton explique différens phénomènes de la nature, tels que sont la pesanteur, la légèreté, la force élastique, la résistance des fluides, en un mot, toutes les forces qu’il appelle attractrices, ou impulsives. Journal des Sav.

☞ On dit plus communément forces attractives.

ATTRACTYLIS. s. m. Voyez Atractylis.

ATTRAIRE. v. a. Attirer, faire venir à soi par le moyen de quelque appât ou par quelque qualité secrète. Allicere, illicere, allectare. On attrait les poissons avec un appât à l’hameçon. La paille est attraite par l’ambre, le fer par l’aimant.

Attraire, se dit aussi figurément, & signifie attirer par quelque chose qui plaît. Il faut attraire les enfans par la douceur, pour leur faire faire leur devoir. La vertu a le pouvoir d’attraire les esprits les plus sauvages, s’ils la pouvoient connoître. Mézerai s’estservi de ce mot ; mais il n’est presque plus en usage, surtout dans les autres temps que l’infinitif.

ATTRAIT, AITE. part. Illectus.

☞ ATTRAIT. s. m. Ce qui affecte, ce qui attire agréablement. Illecebra, lenocinium, invitamentum. C’est un puissant attrait que la gloire pour les cœurs ambitieux. L’argent a bien des attraits pour les avares. La danse a beaucoup d’attraits pour les jeunes gens. Je me sens beaucoup d’attrait pour la Musique.

☞ Ce mot, employé au pluriel, marque le pouvoir qu’a sur le cœur la beauté, tout ce qui plaît. Les attraits d’une jolie femme : se laisser prendre à ses attraits. Les femmes ne se pardonnent guère sur leurs attraits. La Bruy.

Elle n’a d’autres droits au rang d’Impératrice,
Qu’un peu d’attraits peut-être, & beaucoup d’artifice.
. . . . . . . . . Le destin d’Oreste
Est de venir sans cesse adorer vos attraits,
Et de jurer toujours qu’il n’y viendra jamais. Rac.

Attraits. Appas, charmes, synonymes. Ces mots synonymes par l’idée générale qu’ils présentent ont encore cela de commun, qu’ils n’ont point de singulier quand ils sont employés pour marquer le pouvoir de la beauté, de l’agrément, de tout ce qui plaît sur le cœur : mais ce qui les distingue, c’est qu’il y a quelque chose de plus naturel dans les attraits ; quelque chose qui tient plus de l’art dans les appas ; quelque chose de plus fort & de plus extraordinaire dans les charmes. Les attraits se font suivre. Le cœur de l’homme n’est guère ferme contre les attraits d’une jolie femme. Les Dames sont toujours redevables de leurs attraits & de leurs charmes à l’heureuse conformation de leurs traits. Les attraits viennent de ces grâces ordinaires que la nature distribue aux femmes avec plus ou moins de largesse aux unes qu’aux autres. Des défauts qu’on n’avoit pas d’abord remarqués, & qu’on ne s’attendoit pas à trouver, diminuent beaucoup les attraits. Syn. Fr.

☞ Quand ces mots sont appliqués a ce qui plaît, sans aucun rapport à la beauté & aux agrémens du sexe, alors ceux d’attraits & de charmes, ne s’appliquent qu’aux choses qui sont ou qu’on suppose être aimables en elles-mêmes & par leur mérite, au lieu que celui d’appas s’applique quelquefois à des choses qui sont, & qu’on avoue même haïssables, mais qu’on aime malgré ce qu’elles sont. La vertu a des attraits que les plus vicieux ne peuvent s’empêcher de sentir. L’honneur a de grands attraits pour les belles âmes. Les plus grands attraits se trouvent toujours dans l’objet de la passion dominante. Voyez les autres mots.

☞ On dit aussi, en matière de dévotion, les attraits de la grâce, pour désigner les douceurs intérieures que la grâce fait sentir. Je ne doute point qu’il n’y ait parmi vous bien des âmes que Dieu appelle par un attrait particulier aux plus sublimes exercices de l’oraison. Bourd.

Attrait, est aussi un terme de Coutume. Ce mot veut dire, dans la Coutume de Bretagne, l’attirail, & tout ce qui sert à bâtir, ou à réparer une maison. Instrumenta, ou materia domus ædificandæ, vel reparandæ. Ces mots viennent du latin attrahere.

ATTRAPE. s. f. Piège que l’on tend à quelqu’un pour l’attraper. Tromperie, apparence trompeuse. Tout ce qu’il vous dit là est une attrape. Il n’est que du style familier.

Attrape. Terme de Marine. Corde qui empêche que le vaisseau ne se renverse lorsqu’on lui donne la carène.

Attrape, se dit aussi dans les fonderies de tables en cuivre, d’une pince coudée qui sert à retirer du fourneau les creusets lorsqu’ils se cassent. Encyc.

ATTRAPEMINON. s. m. Ce mot se dit d’un hypocrite, ou d’un cagot ; qui, sous prétexte de douceur & de dévotion, attrape les simples. Dictionnaire des Proverbes.

ATTRAPE-MOUCHES. s. f. Plante dont le fruit est en forme de petite poire renversée, à une seule loge : elle contient une semence avec deux cellules vides. Myagrum, ou Armeria. L’huile qu’on tire de cette plante par expression, est fort bonne pour rendre la peau douce & unie. Hist. des plant. attribuée à Boerhaave.

Attrape-mouches. s. m. Petit oiseau. Voyez Moucherolle, c’est le même.

☞ ATTRAPER. v. a. Prendre à une trape, à un piége, ou à quelque chose de semblable. Attraper un loup, un renard, dans une traînée, dans un piége. Un renard qui est échappé d’un piége n’y est plus attrapé. Voyez Piége.

Attraper, signifie aussi figurément tromper quelqu’un, le surprendre artificieusement, le faire tomber dans quelque piége ou embûche. Fallere, decipere. Ce Provincial a été vilainement attrapé au jeu. Quand on vous a vendu cette terre, on vous a bien attrapé ; on vous l’a vendue trop cher. Il n’y a que les dupes qui se laissent attraper par des filous. J’appréhende le distingo, & j’y ai déjà été attrapé. Pasc. Il ne faut pas se laisser attraper à ce que disent les amans dans leur colère. Voit. Je n’ai garde de me laisser attraper à vos regards trompeurs, & vos souris ambigus. S. Evr.

Attraper, se dit aussi de toutes les choses où on est trompé innocemment, & où on a lieu d’être surpris & étonné. Je croyois aller au sermon, mais j’ai été bien attrapé ; il n’y en avoit point. Vous seriez bien attrapé, si on alloit croire sur votre parole que vous n’avez point d’esprit. M. Scud.

Attraper, signifie aussi dans le même sens figuré, gagner par son travail, obtenir par son industrie. Assequi, consequi. Il a si bien fait sa cour, qu’il a attrapé un Gouvernement, un bon bénéfice, une pension.

Attraper, signifie aussi, atteindre quelqu’un qui est parti devant. On a envoyé un courier pour attraper le messager. Allez toujours ; je vous attraperai au gîte. Les femmes fuient devant nous, quand même elles ont dessein de le laisser attraper ; c’est leur rôle. Mont. On dit aussi, qu’un malade ne pourra pas attraper le printemps ; pour dire, parvenir jusque-là. Il faut deux jours & demi à la lune, après avoir fait son tour, pour attraper le soleil.

☞ On le dit dans le même sens pour atteindre celui après lequel on court. La maréchaussée a attrapé les voleurs. Les chiens ont attrapé le cerf.

☞ On l’emploie quelquefois comme synonyme de frapper. Il l’a attrapé à la tête d’un coup de pierre.

Attraper, signifie encore, rencontrer, trouver quelqu’un en quelque lieu, l’y surprendre. Deprehendere. On a attrapé ce jeune homme sur le fait. Vous disiez que vous n’alliez point à la comédie, je vous y attrape. Je n’ai pu encore vous attraper chez vous : j’y irai si matin, que je vous attraperai au lit.

☞ Ce mot a différentes acceptations dans le sens figuré. Attraper la pensée d’un Auteur, le sens d’un passage, c’est le découvrir, le pénétrer. Percipere, intelligere, comprehendere.

☞ En parlant des Orateurs, des Poëtes, des Peintres, on dit attraper le caractère, attraper les manières. Corneille a bien attrapé le caractère des anciens Romains. Molière a bien attrapé le caractère du Misantrope, du Tartuffe. Ce Peintre attrape bien le caractère des passions. Cet autre attrape bien la manière de Raphaël.

☞ On dit aussi qu’un Peintre attrape bien la ressemblance, pour dire, qu’il fait des portraits bien ressemblans. Ce Peintre a bien attrapé votre air, l’air du visage.

On dit aussi, qu’on a attrapé les doigts de quelqu’un dans une porte ; pour dire, qu’ils y sont demeurés engagés. Inserere. On dit encore, on lui a attrapé son manteau ; pour dire, qu’on le lui a pris. Auferre.

On dit dans le style familier, attraper un rhume, une fièvre, attraper un coup de mousquet ; pour dire, prendre un rhume, gagner la fièvre, recevoir un coup de mousquet. Acad. Fr.

Attraper, se dit proverbialement en ces phrases. On dit que les chevaux courent les bénéfices, & que les ânes les attrapent ; ☞ pour dire, que les grâces ne sont pas toujours accordées au mérite. On dit d’une fraude bien subtile, que les plus fins y sont attrapés. Les boiteux attrapent souvent ceux qui courent le mieux ; pour dire, que les plus fins sont quelquefois trompés par les simples.

ATTRAPÉ, ÉE. part. pass. Deceptus, falsus, illusus.

ATTRAPEUR, EUSE. s. m. & f. Qui attrape, qui trompe, trompeur, trompeuse. Deceptor, deceptrix.

Car la plus seure a bien crainte & grand’peur.
De se trouver devant tel attrapeur. Marot.

La plupart des Marchands sont des attrapeurs : c’est aux personnes qui achètent à y prendre garde. Il y a des attrapeurs de succession, qui s’insinuent adroitement dans les maisons de ceux qui n’ont que des héritiers collatéraux, & qui après s’être emparés de l’esprit du maître, disposent de ses biens, & s’en font donner la meilleure partie, quelquefois même la totalité. Il n’est que du style familier.

ATTRAPOIRE. s. f. Terme populaire, qui se dit d’un piège, d’une chose préparée pour attraper, comme une souricière, une trape où l’on attrape des souris, des fouines, des loutres, &c. Decipula.

☞ On le dit au figuré, mais seulement dans le style très-familier des tours de finesse qu’on met en usage pour tromper & pour surprendre. Les Charlatans & les filoux imaginent tous les jours de nouvelles attrapoires. Et en parlant d’un tour mal imaginé, ou aisé à découvrir, on dit ironiquement, voilà une belle attrapoire, une plaisante attrapoire.

ATTRAYANT, ANTE. adj. Qui attire avec douceur, agréablement. Blandus, illecebrosus. Les Sirènes avoient des chants fort attrayans. Les beautés douces & flatteuses sont les plus attrayantes.

L’amour n’a rien de beau, d’attrayant, ni de doux,
Qu’il n’emprunte de vous. Voit.

ATTREMPANCE. s. f. Vieux mot & hors d’usage, qui signifioit autrefois, une certaine modération du feu des passions qui vient avec l’âge. Moderatio, temperatio.

En termes de science hermétique, on appelle attrempance d’Alphidius, le mercure philosophal, parce qu’il contient en soi les quatre élémens tempérés, ou près de le devenir.

Ce mot vient du latin attemperatio, ou attemperantia.

ATTREMPER. v. a. qui signifie, chez les artisans, donner de la trempe au fer. ☞ Dans les Verreries, attremper un pot, c’est le recuire ou lui donner peu-à-peu le degré de chaleur nécessaire, afin qu’il puisse passer dans l’intérieur du four sans risquer de se casser. Encyc. Tremper est le véritable mot. Voyez Tremper.

On dit en Fauconnerie, qu’un bon oiseau doit être attrempé, c’est à-dire, ni gras ni maigre.

☞ ATTRIBUER. v. a. Attacher, annexer un privilége, une prérogative. Tribuere, attribuere. On a attribué plusieurs gages & priviléges aux charges de Secrétaire du Roi.

Attribuer, se dit aussi pour rapporter une chose à celui qui en est l’auteur, la cause ou l’instrument. Adscribere, tribuere. On attribue aux généraux tout l’honneur du gain d’une bataille. Les Historiens attribuent souvent aux événemens d’autres causes que les véritables. Quoiqu’un enfant soit né d’un adultère, la loi l’attribue au mari. attribuer un livre à quelqu’un.

Attribuer, se dit encore pour affirmer qu’une chose a une certaine qualité, une certaine vertu. Attribuer une qualité à un remède, une propriété à une plante, des vices ou des vertus à quelqu’un. Vous lui attribuez des vertus qu’il n’a pas. Les Astrologues attribuent une puissance bienfaisante à la planète de Jupiter.

On le dit aussi avec le pronom personnel. Sibi arrogare, vindicare, sumere. Vous vous attribuez des droits, des honneurs qui ne vous sont point dûs. S’attribuer une gloire qu’on ne mérite pas. Ablanc.

ATTRIBUÉ, ÉE. part. pass. Adscriptus.

ATTRIBUT. s. m. Terme de Philosophie. C’est une propriété qui convient à une personne, ou à une chose ; une qualité qui la détermine à être d’une certaine façon. ☞ La propriété constante de l’Être, qui est déterminée par les qualités essentielles. Attributum. La fluidité, la dureté, la mollesse, le mouvement & le repos, se pouvant séparer de la matière, il s’ensuit que tous ces attributs ne lui sont pas essentiels. Malb. Spinosa constituoit l’ame d’une même substance que le corps, avec cette seule différence, que l’ame est conçue sous l’attribut de la pensée, & le corps sous l’attribut de l’étendue.

On le dit dans le même sens des droits, des privilèges qui sont propres & particuliers à une personne à une chose. Un des principaux attributs de la souveraineté est l’indépendance. Ce droit est un des attributs de ma charge.

Attribut, en termes de Logique, est l’épithète qu’on donne à un sujet, & qui lui est jointe. Attributum. Toute proposition est composée d’un sujet, d’un attribut, & de la particule conjonctive. ☞ L’attribut est ce qu’on affirme ou ce qu’on nie du sujet. Dieu est tout puissant. Dieu n’est pas injuste. Dans ces deux propositions Dieu est le sujet, juste & injuste l’attribut.

Attribut, est aussi un terme de Théologie, qui se dit de toutes les qualités & perfections que nous connoissons être en Dieu, & qui sont de sa propre essence, comme la justice, la sagesse, &c. Divina nomina. Il y a en Dieu des attributs positifs, & des attributs négatifs. Les attributs positifs sont ceux qui expriment une perfection qui est en Dieu, comme la bonté, la science, la justice, la miséricorde. Les attributs négatifs sont ceux qui excluent, qui éloignent de Dieu une imperfection qu’il n’a pas & ne peut avoir, tels sont l’impeccabilité, l’immutabilité, l’indépendance, &c. Il y a aussi des attributs absolus, & des attributs relatifs. Les attributs absolus sont ceux qui ne supposent point de relation à un autre attribut, & qui par là sont communs aux trois Personnes divines ; par exemple, la bonté, l’immensité, la justice. Les attributs relatifs sont ceux qui supposent, ou qui emportent avec eux un autre attribut, auquel ils font relation, ou auquel ils sont opposés, ainsi la paternité, la filiation, la spiration active & passive sont des attributs relatifs, parce que la paternité emporte la filiation, & la filiation suppose la paternité. De même la spiration a rapport à la spiration passive, & l’emporte, & la seconde suppose la première.

Attributs, en Sculpture & en Peinture, sont des symboles qui marquent le caractère & l’office des figures. Symbola. Comme la massue est l’attribut d’Hercule, & la palme l’attribut de la victoire, l’aigle & la foudre les attributs de Jupiter, &c.

ATTRIBUTIF. adj. m. ne se dit qu’à l’égard des droits qui sont attribués par quelque Edit ou privilège. attribuens. Le sceau du Châtelet de Paris est attributif de juridiction ; c’est-à-dire que c’est à cette juridiction qu’appartient la connoissance de l’exécution des actes scellés de son sceau.

ATTRIBUTION. s. f. Action de celui qui attribue. Concession de quelque prérogative en vertu de lettres du Prince. Attributio. Le Roi a fait de nouvelles attributions de gages à plusieurs Offices. Quand le Roi établit des commissions extraordinaires, c’est avec l’attribution de juridiction. Quand je vous donne la qualité d’orthodoxe, je vous avertis que c’est sans attribution de droit. S. Evr.

Il se dit aussi de la chose attribuée. Cet Officier jouit de plusieurs attributions de gages & de privilèges.

Lettres d’Attribution. Pouvoir donné par le Roi à des Commissaires, ou à une juridiction subalterne, pour juger une affaire en dernier ressort.

Attribution. Terme dogmatique : objet d’attribution. Voyez Objet.

ATTRISTANT, ANTE. adj. Qui attriste. Tristitiâ afficiens. Nouvelles attristantes.

ATTRISTER. v. a. Affliger quelqu’un, lui donner des sujets de tristesse, le rendre triste. Aliquem mœrore, tristitiâ officere ; mœrorem, tristitiam afferre, inferre. Le vin a été donné à l’homme pour le réjouir, & non pas pour l’attrister. Maucroix. La mort de cet ami m’attriste fort. Il se dit aussi avec le pronom personnel. Mœrere, tristitæ se tradere, tristari. Il s’attriste de la moindre chose. Un vrai Philosophe ne s’attriste point, quelque chose qui lui arrive. Il ne faut pas s’attrister avant le temps, Voyez Triste & Tristesse.

ATTRISTÉ, ÉE. part. pass. Mæstus, mœrens.

ATTRIT. adj. Terme théologique. C’est le nom dont on caractérise ceux qui ont regret d’avoir offensé Dieu, à cause de la crainte qu’ils ont de ses châtimens. M. du Pin dit, après M. de Launoy, que c’est une maxime commune en Théologie, qu’en vertu du Sacrement l’homme d’attrit devient contrit.

ATTRITION. Terme de théologie. C’est une douleur d’avoir offensé Dieu, par la honte d’avoir commis le péché, ou par la crainte d’en recevoir le châtiment. Attritio ; dolor post admissum peccatum, ob debitam peccato pœnam. Elle dispose le pécheur à recevoir la grâce de la justification par l’absolution, dans laquelle consiste principalement la force du Sacrement de Pénitence. Pour disposer à la justification il faut, 1o. Qu’elle soit excitée dans le cœur par un mouvement du Saint-Esprit, & non pas seulement par un mouvement de la nature. 2o. Qu’elle exclue la volonté de pécher. 3o. Qu’elle renferme l’espérance du pardon. Catéchisme de Paris. 1740.

Ce mot vient d’atterere.

Attrition, se dit aussi en Physique du frottement de deux corps durs qui se meuvent l’un contre l’autre. Attritus. La destruction des corps se fait par une attrition réciproque.

☞ Ce mot n’est pas usité. Frottement est seul en usage.

☞ ATTRITIONNAIRE. s. m. Nom qu’on a donné aux Théologiens qui soutiennent que l’attrition servile est suffisante pour justifier le pécheur dans le Sacrement de Pénitence. Opinion condamnée.

☞ ATTROUPEMENT. s. m. Assemblée tumultueuse de gens sans autorité & sans aveu. Coitio, concursus. Ces sortes d’attroupemens sont défendus. Les assemblées des revenderesses publiques, des joueurs de merelles, tourniquets, & autres semblables attroupemens, sont défendus. De la Mar.

ATTROUPER. v. a. Assembler plusieurs personnes en troupe. Cogere, congregare. Il attroupa toute la canaille, tous les fainéans, tous les vagabonds, pour faire une sédition. Il se dit aussi avec le pronom personnel, des personnes qui s’assemblent en troupe. Coire, congregari. Le peuple s’émeut & s’attroupe, il faut craindre une sédition. Les Nouvellistes s’attroupent par pelotons pour réformer l’Etat à leur mode. Les soldats s’attroupent & courent à sa tente. Ablanc. Voyez Troupe.

ATTROUPÉ, ÉE. part. pass. Coactus, congregatus.

☞ ATTROUPÉES, ou ASSEMBLÉES. adj. f. pl. Nom que l’on donne à des glandes voisines les unes des autres.

ATTUAIRE. s. m. Les Attuaires, selon Marcellin, sont une partie de l’ancien peuple François. L’autre partie s’apeloit Salies, ou Saliens. Les Attuaires furent placés dans le Laonois. Val. Not. Gal.

☞ Leur première demeure fut, à ce qu’on croit, au-delà du Rhin, dans la Germanie. Elle étoit encore comme du temps de l’Empereur Louis le Débonnaire, & se nommoit Attuariæ, du nom de ses anciens habitans, ou par corruption Atoariæ. C’est ce dernier nom que lui donne ce Prince, dans le partage de ses Etats entre ses enfans. On reconnoît encore aujourd’hui le nom de ces peuples dans celui de Hatterch ou Halteren, ville située au delà du Rhin, sur la rivière de la Lippe : & c’est en effet ce pays-là qui a été l’ancienne demeure des Attuarii, qui dans la suite ont été transportés dans les Gaules, où ils s’établirent & donnèrent leur nom à différens pays ou cantons.

☞ ATTUND, OTTUND, ou OSTUND. Attundia, ou Ostundia. Contrée de Suède, dans l’Uplande, entre Stokolm, Upsal & la mer. Elle contient huit Bailliages, & c’est ce que signifie son nom.

AU

AU, est, selon le langage de la plupart de nos Grammairiens, une diphtongue ; mais c’est une diphtongue très-impropre, & seulement dans l’écriture. Car au vrai & dans la prononciation, c’est un son très-simple, qui ne diffère point de celui de l’o, comme il paroît dans ce mot aurore, où la première syllabe a le même son que la seconde.

Au. Article du datif singulier, dont on use devant les noms masculins qui commencent par des consonnes, & qui ne sont pas des noms propres. Au père & à la mère. Au bois. Au public. Au feu. Au grenier, &c. Assister au sermon. Obéir au Roi. Consacrer ses jours au Seigneur. Arn. Avocat au Parlement, Président au Parlement, & non pas en Parlement. Vaug. Mén.

C’est aussi une particule qui se met tantôt pour la préposition dans. Il est au lit. Bâton durci au feu. Vaug. Tantôt pour la préposition avec. Toucher au doigt. Tableau fait au pinceau. Tantôt au lieu de la préposition pour. Pot au lait. Tantôt au lieu de la préposition selon. Au sentiment de tout le monde. Au sentiment des Philosophes.

Il sert aussi à former une infinité d’adverbes, aussi bien que la particule à. Au prorata. Au fur & à mesure. Au pis aller. Au reste. Au-deçà, & au-delà. Au-devant. Au haut. Au bas. Au contraire. Au moins. C’est tout au plus. Au travers. Au partir de-là. Ils seront expliqué à leur ordre.

Ce qu’on vient de dire est le langage ordinaire de nos Grammairiens ; mais au vrai au n’est ni un article, ni une particule seulement ; mais plutôt une particule, ou, pour parler plus juste, une préposition & un article joints ensemble. Car au équivaut à à le, dont il est formé. Je vais au Palais, comme si je disois à le Palais. Au pluriel, aux, c’est comme si je disois, à les. D’abord on a dit al, que les Espagnols disent encore. Ensuite changeant le l en u, selon notre coutume, nous avons dit au pour al, comme nous disons aube de alba, chevaux pour chevals, &c. Et soit qu’il marque le datif, ou qu’il soit en quelque autre situation, c’est toujours la même chose ; même dans les adverbes qu’il forme, le mot qui suit est considéré comme nom, qui a un article, le pis aller, le reste, le devant, le haut, le bas, le plus, le moins. C’est pour cela que au a tous les sens de la préposition à, comme il les auroit, si à étoit séparé de l’article, & comme il les a devant l’article féminin la, auquel il ne se joint & ne s’incorpore point comme au masculin.

Au. Voyez Aou.

AVA.

AVA. Ava. Capitale du royaume d’Ava, dans la partie septentrionale de la presqu’ile de l’Inde, au-delà du Gange. Ava est aussi une ville de l’île de Niphon, la plus grande du Japon. Elle est dans la partie méridionale du pays d’Ochio, & elle donne son nom à un royaume dont elle est capitale. Il y a encore au Japon une autre Ava, qui est dans la partie orientale de l’île de Xicoco.

Ava, dans le Mogolistan. L’élévation du pôle y est de 210°, 0′, 0″ P. du Chatz.

AVACCARI. Nom d’un petit arbre des Indes, dont les feuilles, les fleurs, & les fruits, sont semblables au myrte, & plus astringens. Il croît sur les montagnes, dans la province de Malavar.

AVACHIR. Qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, des personnes qui deviennent lâches, fainéantes, sans vigueur. S’avachir, v. récip. Flaccescere, mollescere, languescere, marcescere. Cet homme s’est avachi depuis quelque temps, est devenu paresseux, n’est plus bon à rien. Ce mot est populaire. Il vient du latin vacca, vache.

☞ On le dit plus ordinairement des femmes qui deviennent trop grasses. Cette femme a trop d’embonpoint ; elle commence à s’avachir. On veut qu’il soit du discours familier. Il n’est certainement pas noble.

On le dit aussi des étoffes, des garnitures de rubans, lorsqu’elles s’aplatissent, qu’elles ne bouffent plus.

s’Avachir, est proprement un terme de Corroyeur & de Cordonnier, qui se dit des cuirs quand ils s’amollissent trop, & qu’ils cessent d’avoir un certain degré de dureté qu’ils doivent avoir pour être bons. Ce cuir ne vaut rien, il s’avachit trop.

s’Avachir, est aussi un, terme de Jardinage, qui se dit des branches, quand au lieu de se soutenir droites, elles sont penchées par leur extrémité. Les branches de cet oranger s’avachissent.

AVAGE. s. m. se dit d’un certain droit que lève le Bourreau certains jours de marché, sur plusieurs sortes de marchandises. Prendre le droit d’avage. Ce droit n’est connu que dans quelques provinces.

AVAL. adv. Terme de Batelier, ☞ qui signifie, en descendant, suivant le cours de l’eau. C’est l’opposé d’amont. Secundo amni, fluvio. Un bateau qui va sur la rivière, va aval, celui qui va en montant, va amont. Adverso Flumine.

☞ On dit aussi le pays d’aval, par opposition au pays d’amont. Rouen, relativement a Paris, est le pays d’aval ; & Paris relativement à Rouen, est le pays d’amont.

☞ On appelle aussi vent d’aval, le vent du couchant. Favonius. Le vent d’aval est pluvieux.

☞ On dit aussi avau-l’eau, dans le même sens, suivant le courant de l’eau. Aller avau-l’eau, sans ramer.

☞ On dit figurément & familièrement, qu’une affaire, une entreprise est allée avau-l’eau, pour dire, qu’elle a manqué, qu’elle n’a pas réussi.

Aval. s. m. Terme de Commerce, est une souscription qu’on met au bas d’une lettre, ou billet de change, par laquelle on s’oblige d’en payer le contenu, en cas qu’ils ne soient pas acquittés par les personnes sur lesquelles ils sont tirés : c’est proprement une caution pour faire valoir une lettre de change. Cautio, vas. Si un tel marchand a donné son aval, cette lettre est bonne. Et on appelle ces cautions, donneur d’aval, qu’on peut contraindre par corps, de même que les tireurs de lettres de change.

AVALAGE. s. m. Terme de Tonnelier. Action d’avaler. Action par laquelle les Tonneliers descendent les vins dans les caves des particuliers. Demissio. On doit tant au Tonnelier pour l’avalage de tant de muids dans la cave.

AVALAISON, ou AVALASSE. s. f. Chute d’eau impétueuse qui vient des grosses pluies qui le forment en torrens. Præceps aquarum lapsus. Ce moulin a été ruiné par les avalaisons, par les chutes d’eau. Voilà un rat, un canal qui s’est fait depuis peu par les avalaisons de cette montagne.

On dit encore avalaison, ou avaleson, en parlant des poissons qui suivent le cours de l’eau, ou qui étant emportés par la rapidité, tombent dans les nasses que l’on prépare pour cela.

AVALANGES. s. f. Chute de neiges détachées des hautes montagnes dans les vallées : ce n’est quelquefois qu’un peloton de neige, qui en roulant devient d’une grosseur prodigieuse. Nivium lapsus. Les avalanges sont fort dangereuses quand on voyage dans les vallées durant le dégel.

Ce mot qui a vieilli, vient de tomber en aval. Le peuple dit les lavanges, & quelques-uns avalanches. On dit plus communément lavanches dans le Dauphiné, & avalanges vers Briancon & Pignesol.

AVALANT, ANTE. adj. Terme de Batelier, c’est-à dire, qui descend, qui va en aval. On ne mettra aucun empêchement au passage des bateaux montans, ou avalans. Ord. de Louis XIV. Il se prend aussi substantivement. Le montant doit céder à l’avalant. Ibid.

AVALE-DRU. s. m. Terme populaire, qui se dit d’un homme qui mange vite, dans la bouche de qui un morceau n’attend pas l’autre. C’est un avale dru, Il avale-dru comme mouches. Dict. Com.

AVALLÉE. s. f. Terme de Manufacture. C’est la même chose que levée ; c’est-à-dire, ce que l’Ouvrier peut travailler sur son métier, sans être obligé de rouler & dérouler ses ensuples, pour mettre sur l’une son ouvrage, & pour lâcher de l’autre, de la chaîne.

Avalée de chardon, se dit chez les Ouvriers Laineurs de draps, de chaque espèce d’étoffe qu’ils lainent sur la perche avec le chardon, à prendre cet espace depuis la perche, qui est le haut, jusqu’au faudet, qui est le bas.

☞ AVALER. v. a. Faire descendre le boire & le manger par le gosier dans l’estomac.Voyez Déglutition. Sorbere , haurire. Alexandre prit d’une main la lettre & de l’autre le breuvage qu’il avala. Vaug. Avaler les morceaux sans mâcher. Avaler un os, une arrête.

J’avalois par hasard
Quelque aile de poulet dont j’arrachais le lard.

Boil.

Avaler, signifioit autrefois, vider. Avaler un étang, faire écouler les eaux.

Avaler, sur les rivières, v. n. Aller suivant le courant de l’eau. Ce bateau avale, va en avalant. Voyez Aval.

Ce mot vient de avallare, qui a été fait de ad, & de vallis, comme qui diroit, mettre aval. Ménag.

Avaler une oreille, avaler un bras à quelqu’un, signifie, les couper avec une arme tranchante, & les faire choir à terre. Abscindere, amputare. Ce mot est populaire. L’Abbé Talleman s’en est cependant servi dans sa Traduction de Plutarque. Il lui avala l’épaule d’un coup d’épée. Tail. vie de César. Il n’en vaut pas mieux.

Avaler, en termes de Jardinage, c’est couper une branche près du tronc. Rescindere. On dit mieux, ravaler, ou abaisser, dans le même sens.

Avaler, signifie aussi, descendre quelque chose. Demittere. Avalez la lampe. Avalez le crochet à la viande. On dit d’un Tonnelier, qu’il avale le vin dans la cave, lorsqu’il le descend. Il est populaire.

Avaler la ficelle. Terme de Chapelier. C’est la faire descendre depuis le haut de la forme du chapeau, jusqu’au bas, qu’on appelle le lien. L’instrument avec lequel se donne cette façon, le nomme une avaloire.

Avaler, s’emploie quelquefois au figuré, dans des phrases proverbiales. Sa valeur est alors déterminée par les mots auxquels il est joint. Avaler le calice, c’est se soumettre à quelquechose de fâcheux, malgré la répugnance qu’on peut avoir. On dit dans le même sens, avaler le morceau. Dorer la pilule pour la faire avaler. Avaler des couleuvres, recevoir des mortifications qu’on est obligé de dissimuler, sans oser s’en plaindre.

Avaler, en termes de Banque, c’est répondre d’un billet, ou d’une lettre de change qu’on négocie, & qu’on certifie bon & exigible. Cautionem, vadem dare. Donner son aval, sa souscription. Avaler un billet, une lettre de change.

Avaler, se dit aussi souvent avec le prénom personnel, & signifie descendre dans l’estomac. Sorberi, hauriri, &c. Morceau qui s’avale. Cela s’avale à merveille. Sorbilis.

s’Avaler, se dit aussi pour pendre trop bas, descendre trop bas. Pendere. Le ventre de ce cheval s’avale. Populaire.

Avaler, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu’un homme ne fait que tordre & avaler, qu’il avaleroit la mer & les poissons ; pour dire, qu’il mange goulûment, que rien ne peut le rassasier. Avaler sans corde & sans poulain, c’est faire volontiers & facilement une chose. On dit en ce sens, avaler un verre de vin sans corde & sans poulain. Quand on a avalé le bœuf, il ne faut pas s’arrêter à la queue. De Roch. C’est-à-dire, que dans une entreprise, quand on a fait la plus difficile, ou la plus grande partie, il ne faut pas se rebuter, ni être arrêté par ce qui reste à faire.

AVALÉ, EE. part. pass. Sorptus, haustus.

AVALESSON. s. f. Voyez Avalaison.

AVALEUR. s. m. Qui avale quelque aliment, solide ou liquide. C’est un avaleur de tisane. On dit d’un glouton, d’un gourmand, que c’est un avaleur de poids gris. On dit d’un capitan, d’un fanfaron, que c’est un mangeur, un avaleur de charrettes ferrées. Mais tout cela ne se dit que dans le style comique & burlesque.

AVALIES. s. f. pl. Terme de Négoce. Ce sont des laines qui proviennent des peaux de moutons, de l’abattis des Bouchers, lorsqu’ils les vendent aux Mégissiers. Il faut faire les trames des étoffes d’avalies, car les laines de toison ne sont propres que pour faire les chaînes.

AVALOIRE. s. f. Gosier. Guttur, sauces. Terme de plaisanterie & familier, qui se dit d’un goulu, à qui on reproche qu’il a une belle avaloire, un grand gosier. On dit d’un homme qui a la bouche grande ou qui mange beaucoup, que son père étoit bâtier, qu’il lui a fait une belle avaloire.

Baraton a donné ce nom burlesque à un valet dans cette épigramme.

Albert à bien trinquer mettoit toute sa gloire,
Et disoit, en buvant sans cesse de grands coups ;
Je veux noyer mon corps de ce nectar si doux,
Et mourir à force de boire.

Mon cher Maître, lui dit son valet l’Avaloire,
Si vous mourez ainsi, que je meure avec vous.

Avaloire, chez les Bourreliers, est une pièce d’un harnois de cheval de trait, qui est sur le derrière, sur les cuisses & la troupe, & qui sert à l’arrêter, & à faire reculer la voiture ; comme qui diroit marcher en avalant.

C’est aussi chez les Chapeliers un outil dont ils se servent pour faire couler la ficelle du chapeau au bas de la forme.

AVALON. Ville du duché de Bourgogne, en France. Aballo. Elle est dans l’Auxois, sur la rivière de Cousin, à sept lieues d’Auxerre. Avallonois, oise. Qui est d’Avalon. Aballonensis, e.

☞ AVALLON. Province de l’Amérique septentrionale, dans la partie méridionale de l’île de Terre-Neuve.

☞ AVALLOS. Province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, & dans la nouvelle Galice.

AVALURE. s. f. Terme de Manège. C’est la défectuosité d’une nouvelle corne molle & raboteuse, qui croît au pied d’un cheval quand il fait quartier neuf.

Avalure, terme d’Oiselier, est une maladie qui vient aux serins, & que l’on connoît, lorsqu’ils deviennent fort maigres, & que leur ventre est clair, très-gros & fort dur, tout plein de petites veines rouges.

AVANAZE. s. m. C’est le nom d’un des meilleurs fruits du Brésil. Il vient à un arbrisseau, aux branches duquel il est attaché. Ce sont comme des noix, ou noisettes très-douces. On les met en morceaux en un certain temps, & non-seulement elles ont un excellent goût, mais elles sentent encore très-bon, & elles se conservent long-temps, si on les confit dans du sucre. Thomas Tamago de Vargas Restauration de la Ciudad del Salvador.

☞ AVANCE. s. f. Ce terme a plusieurs acceptions. Il se prend pour l’espace de chemin qu’on a devant quelqu’un. Antecessio. Quoiqu’il ait deux journées d’avance sur moi, je l’aurai bientôt rattrapé.

Avance, se dit aussi de ce qui se trouve déjà de fait, de préparé dans une affaire, dans un ouvrage. C’est une grande avance dans un procès, que d’avoir tous ses titres en main.

Avance, dans le commerce. Anticipation de temps. Payer un billet d’avance, c’est en compter la valeur avant le temps de son échéance. Pecuniæ, representatio. Payer les ouvriers d’avance.

Avance, signifie aussi argent prêté, ou marchandises fournies à crédit. Je suis en avance avec lui. Je lui ai prêté une somme considérable, ou fourni beaucoup de marchandises.

On dit, en termes de lettres de change, avance pour le tireur, lorsque d’une lettre négociée, celui qui la négocie, en reçoit plus que le pair, c’est-à-dire, plus que la somme portée par la lettre. On appelle au contraire, avance pour le donneur, & perte pour le tireur, lorsque par la négociation, celui à qui appartient la lettre, n’en reçoit pas l’entière valeur.

Le Cap d’Avance est le Cap de l’Amérique méridionale le plus avancé dans le détroit de Magellan, ce qui lui a donné son nom. Promontorium prominens.

Avance, se dit encore de l’anticipation de temps, lorsqu’on fait une chose en prévenant le temps ou l’on a accoutumé de la faire. Se réjouir par avance, s’affliger par avance, condamner par avance, justifier par avance ; goûter par avance, faire du bien à quelqu’un par avance. Scar. In antecessum. Par avance s’exprime encore beaucoup mieux en latin par certains verbes, qui sont la plupart composés de la prépofition præ, se réjouir par avance. Prægestire, prægustare gaudia. Goûter par avance. Prægustare. Avertir par avance. Præmonere, &c.

Avance, en Architecture, synonyme à saillie. Voyez ce mot.

Avance, projectura, signifie aussi ce qui sort de l’alignement d’un bâtiment, & qui anticipe sur un terrain quelconque, sur une rue, sur un jardin. L’avance de ce bâtiment sur la rue est contre les règlemens de la Police ; le Voyer la fera abattre.

Avance, se dit figurément de certaines démarches, de certaines propositions que l’on fait le premier, soit pour gagner l’amitié de quelqu’un, soit pour se raccommoder avec lui. Provocare officiis. Dans les accommodemens c’est toujours la partie la plus foible qui fait les avances. Il est honteux à une femme de faire des avances. J’ai fait toutes les avances pour rechercher son amitié, pour me remettre bien avec lui.

AVANCEMENT. s. m. Ce qu’on donne par anticipation, ou auparavant le temps. Pecuniæ repræsentatio. Dans ce sens, on appelle avancement d’hoirie, tout ce qui est donné aux enfans par avance, & en attendant le surplus de la succession, quand elle sera ouverte.

Avancement, se prend aussi pour progrès, & se dit des personnes & des choses. Progressus, profectus. Cet homme travaille de toutes ses forces à son avancement spirituel. Il fait tout ce qu’il peut pour son avancement dans la vertu, dans les belles lettres, &c. Ce bâtiment, cet ouvrage ne s’achèvera pas sitôt, je n’y vois pas un grand avancement. Si on n’augmente pas le nombre des ouvriers, on ne verra pas un grand avancement en ce travail.

Avancement, se dit aussi d’un établissement avantageux, d’un établissement de fortune. Procurer l’avancement de quelqu’un. Etre cause de son avancement. Employer toutes choses à l’avancement de sa fortune. Rei familiaris accretio.

☞ AVANCER. v. a. Pousser ou porter en avant. Porrigere, extendere, prætendere. Avancer une chaise, un fauteuil. Avancer le bras, la main, le pied. Avancer la tête hors du carrosse.

Avancer, désignant l’anticipation du temps où l’on devoit faire une chose, prévenir le temps, hâter, presser. Properare, accelerare. Avancer son départ. Properare, proficisci. Avancer le diner, la comédie, l’horloge. Avancer le temps à quelqu’un pour pouvoir entrer dans une charge. Accelerare alicui Magistratum. C’est lui donner une dispense d’âge. Avancer le supplice. Supplicia repræsentare.

☞ On dit dans le même sens, avancer un payement, repræsentare pecuniam, le faire avant que le terme soit échu. Avancer de l’argent aux ouvriers, c’est payer leur salaire par avance, avant qu’il soit dû, repræsentare mercedem. Avancer des gages à ses valets.

Avancer, dans le commerce. Faire les frais d’une entreprise, avant que le temps de s’en rembourser soit arrivé. Il a avancé tous les frais de cette manufacture.

☞ C’est encore fournir des marchandises à crédit, ou débourser du sien pour quelqu’un. Mon marchand m’a avancé mille écus en marchandises. Un tel n’étoit pas sur les lieux, j’ai avancé cent écus pour lui. Se rembourser de ce qu’on a avancé.

Avancer, servant à marquer les progrès des choses qui sont commencées, ou qui ne sont pas encore achevées. Avancer un ouvrage, un bâtiment. J’ai bien avancé le discours que je dois prononcer.

Avancer, terme de Jardinage & d’Agriculture. Voyez plus bas.

Avancer, chez les Tireurs d’or. Donner au fil d’or le quatrième tirage, pour le mettre en état d’être fini dans la dernière opération qui se fait par les tourneuses.

Avancer, dans le sens figuré. Mettre en avant, proposer quelque chose comme véritable. Aliquid proferre in medium. Vous avancez là un fait que vous ne pourrez jamais prouver. Ce Docteur avance une proposition bien hardie. Avancer une nouvelle incertaine.

Avancer quelqu’un, dans le même sens, procurer son avancement, faire sa fortune, le pousser dans les emplois, dans les charges. Rem augere, promovere, provehere ad honores, dignitates. Il a trouvé un protecteur qui l’a avancé dans peu de temps. Avancer un Officier, un Commis.

Avancer, faire réussir. Avancer ses affaires. Adoptatos exitus provehere, perducere. Le moyen que vous proposez, est admirable pour avancer ses affaires.

Avancer, v. n. Aller en avant. Procedere, progredi. Vous reculez au lieu d’avancer. L’armée avance dans le pays.

Avancer, en parlant des instrumens qui marquent l’heure, signifie aller trop vite. Votre montre avance, il faut la retarder.

Avancer, synonyme d’anticiper. Occupare, invadere. Usurper sur autrui. Mon voisin avance tous les ans sur mon terrain.

Avancer, être en saillie, sortir d’alignement. Prominere, extare. Ce bâtiment avance trop sur la rue. Cet arbre avance hors de l’allée. Cette gouttière avance trop.

Ce verbe est aussi employé neutralement au figuré, pour marquer le progrès des choses & des personnes. Avancer dans l’étude, dans la piété. Proficere, progressus facere. Le Sage avance beaucoup, parce que le droit chemin est toujours le plus court : au contraire le méchant politique arrive plus tard, parce qu’il marche par des routes écartées & par des chemins détournés. Maxime de Confucius. J’ai beau travailler, mon ouvrage n’avance point. Ce bâtiment n’avance point, faute d’ouvriers.

Avancer, terme d’Agriculture, se dit des fruits, & signifie, croître. Crescere, maturescere. Le pur froment & les blés ne furent point gâtés, parce qu’ils n’étoient point avancés. Port-R. La vigne avance.

Quelquefois en parlant des plantes & des fruits on emploie ce verbe en signification active, & il signifie, hâter l’accroissement des plantes ou leur fruit. Il y a trois différens moyens d’avancer les plantes & les fruits. Le premier est le fumier, dont le sel éveille la vertu générative de la terre. Le second est de remuer la terre, ou bien de changer la plante de place, d’autant que par ce moyen la nourriture se porte plus facilement dans les racines, & le mouvement excite les esprits de la terre. Ces deux moyens sont communs. Le troisième, moins en usage, est d’arroser les graines avec des essences chaudes. On a souvent éprouvé que des laitues, ou d’autres herbes arrosées d’eau-de-vie, ou d’essence de cannelle, croissent plus en un jour, qu’elles ne font en huit par les voies ordinaires. Chom. On a vu en Angleterre des laitues semées en se mettant à table, être non-seulement levées, mais avoir poussé quand on en sortoit.

☞ Il y a encore un moyen de hâter l’accroissement & la maturité des plantes & des fruits. C’est la chaleur artificielle des serres chaudes, ou étuves. Voy. Serre chaude.

Avancer, se dit aussi avec le pronom personnel, au propre & au figuré pour dire, aller en avant, faire des progrès, s’approcher. Accedere, accelerare, approperare. L’armée s’avançoit au petit pas. Ablanc. La victoire s’avancoit à grands pas. Vaug. Il fait voler les éclats de la foudre par-tout où s’avancent ses pas. Tristan. Il se dit aussi pour faire du progrès. S’avancer dans le chemin de la vertu. Procedere. Il se dit encore pour aller loin. Vous vous avancez trop sur les terres de l’ennemi ; & figurément, il s’est trop avancé en faisant ces offres ; il a excédé son pouvoir, il s’est trop engagé.

☞ Enfin on le dit toujours au figuré, pour faire fortune, parvenir aux emplois, aux honneurs, aux dignités. Pervenire, provehi ad. Avec de la naissance, on peut s’avancer en peu de temps : il suffit de ne rien gâter. La Bruy.

On dit proverbialement, il ressemble au Cogne fétu. il se rue, & n’avance rien ; pour dire, qu’un homme prend bien de la peine, & que rien ne lui réussit.

AVANCÉ, ÉE. part. Il a la signification de son verbe, en latin comme en François. On dit d’un jeune homme qui a fait de bonne heure un grand progrès dans ses études, un jeune homme avancé, un esprit avancé. Acad. Fr.

On dit en termes de guerre, un corps de garde avancé ; pour dire, qui est fort avant vers l’ennemi, qu’on a mis allez loin du camp pour empêcher les surprises. Progressum, antegressum agmen. Un corps avancé.

Avancée. s. f. La même chose que travail avancé, en parlant d’une pièce de fortification qui est faite pour couvrir les autres. Mém. sur le serv. de l’Infant.

Avancée. s. f. Se dit souvent par les gens de guerre seul & substantivement, pour garde avancée. L’Officier qui commandera l’avancée de la dernière barrière, doit recevoir les ordres de l’Officier Major de la place, afin de détacher un ou plusieurs Sergens avec des fusiliers, pour aller faire la découverte. Bombelles. La découverte faite, & tous les ponts baissés, l’Officier qui commande l’avancée, doit faire ouvrir le guichet de la barrière, & laisser entrer un à un ceux qui viendront de dehors. Id.

En termes d’Agriculture, on dit, des fruits avancés ; pour dire, des fruits précoces. Præcox, maturus. En ce même sens on dit que la saison est fort avancée, que l’année est fort avancée, pour dire, qu’on est déjà fort avant dans la saison, ou que les productions de la terre ont fait plus de progrès que dans les années ordinaires. On dit, un âge avancé ; pour dire, un grand âge.

Avancé. s. m. Terme de Palais, qui se dit en cette phrase : le Président a donné un avancé sur le rôle ; pour dire, qu’il a ordonné qu’on appeleroit la cause avant son tour de rôle. Causa extra ordinem evocata.

AVANCHE, ou AVENCHE. Village de Suisse. Aventicum. Il est dans le pays de Vaux, près du lac de Morat. Les Suisses l’appellent Wiflispurg. Ce fut autrefois une ville considérable. Elle étoit capitale de la Suisse. Plus anciennement elle fut Colonie Romaine, & porta les noms de Colonia Pia Flavia Constans Emerita, Aventicum, comme on le voit dans Gruter, p. 427, n. 11. L’inscription est faite sous Trajan, & conséquemment elle a eu ces titres de Vespasien, ou de l’un de ses deux fils, sous lesquels, sans doute, la Colonie y fut conduite.

☞ AVANIE. s. f. Terme particulièrement usité dans les états du Grand Seigneur, où il signifie les présens ou les amendes que les Bachas ou les Douaniers Turcs exigent des Marchands Chrétiens, ou leur font payer injustement & sous prétexte de fraude & de contravention. Les Turcs prononcent avan, qui vient de l’hébreu ava, iniquè agere, ou de aven, qui signifie iniquité, comme témoigne Ménage. M. Huet croit que ce mot vient de l’arabe havana.

☞ Chez nous, on entend par avanie, un traitement humiliant, qui expose au mépris & à la moquerie du public. Quand on est en bute au peuple, il faut s’attendre aux avanies, ou ne se point montrer. Syn. Fr. Voyez Affront.

☞ AVANT. Préposition qui marque la priorité du temps. Ceux qui ont été avant nous. J’ai vu cela avant vous. Avant Pâque. Ac. Fr. Il ne faut pas demander un payement avant le temps.

Avant, marque aussi priorité d’ordre ou de rang. Il faudroit mettre les Histoires générales avant les particulières. Il ne faut pas qu’un inférieur marche avant son supérieur.

Suivant la remarque de M. l’Abbé Girard, avant est pour l’ordre du temps, & devant est pour l’ordre des places. Le plutôt arrivé se place avant les autres. Le plus considérable le met devant eux. On est exposé à attendre devant la porte, quand on s’y rend avant l’heure.

Avant, est aussi une préposition inséparable qui entre dans la composition de plusieurs mots. Par préposition inséparable, on entend une préposition qu’on ne peut séparer du mot avec lequel elle fait un tout, sans changer la signification de ce mot. Cette préposition est le plus souvent opposée à arrière, l’avant-corps, l’arrière-corps d’un bâtiment. Ac. Fr. Avant-garde. Avant-bras. Avant-cour. Avant-hier. Avant-propos, &c.

Avant, est aussi adverbe. Et alors il est précédé d’autres adverbes. Il faut pousser ce corps-de-logis plus avant. Il lui planta la javeline fort avant dans la gorge. Vaug.

On l’emploie figurément dans ce dernier sens, il est : bien avant dans les bonnes grâces du Prince. Cet Historien a fouillé plus avant que tous les autres dans les Mémoires de l’antiquité.

Vos bontés, Madame,
Ont gravé trop avant ses crimes dans mon ame.

Racin.

En avant. Au-delà du lieu où on est. Pousser en avant. Aller en avant.

En avant, est aussi adverbe de temps, & signifie ensuite, après. De ce jour là en avant. Ac. Fr. Il fut malheureux jusqu’à un tel jour ; mais de-là en avant il fit bien les affaires.

On dit figurément, mettre en avant ; pour dire, alléguer quelque fait ; faire quelque proposition ; affirmer une proposition. In medium ponere. Vous mettez en avant un principe très-dangereux. Ac. Fr. A-t-il les preuves des faits qu’il a mis en avant.

Aller en avant, terme de Pratique, usité singulièrement dans les avenirs, qui se signifient de Procureur à Procureur. Il signifie poursuivre le jugement d’une affaire.

En termes de Manége, on dit, qu’un cheval est beau de la main en avant ; pour dire, qu’il est beau du devant.

Avant que. Conjonction qui régit le subjonctif. Antequam. Avant que Rome eût détrôné les Rois. Quand cette conjonction régit l’infinitif, il faut toujours mettre que & de après avant. Plusieurs auteurs veulent supprimer le que, & dire avant de se mettre à table, &c. Mais je crois que c’est une faute contre le bon usage ; car avant étant une préposition, doit avoir un complément ou régime immédiat ; or une préposition ne peut-être ce complément ? Voyez Ac. Fr. Obser. sur cette remarque, & les doutes du P. Bouhours.

Avant que de vous voir tout flattoit mon envie.

Quinault.

Avant. s. m. Terme de Marine. Prora. L’avant du vaisseau ou la proue. C’est la partie du vaisseau qui s’avance la première en mer.

On entend aussi par l’avant toute la partie du vaisseau comprise entre le mât de misaine & la proue. Le château d’avant, ou le gaillard d’avant.

On dit, vaisseau trop sur l’avant, c’est-à-dire, qui a la proue trop enfoncée dans l’eau.

On dit aussi être de l’avant, se mettre de l’avant ; pour dire, qu’un vaisseau qui va en Compagnie, avance des premiers. Être de l’avant, se dit aussi lorsqu’on se trouve arrivé à la vue d’une terre, quand par l’estime de ses routes on croit en être encore éloigné. Encycl. Voyez Estime.

Le vent se range de l’avant, c’est-à-dire, qu’il prend par la proue, & devient contraire à la route.

☞ AVANTAGE. s. m. Terme relatif au bien-être que nous tirons des choses extérieures. Cette sorte de bien-être nait de l’honneur ou de la commodité qu’on y trouve. Commodum. Une grande maison a son avantage. L’argent donne beaucoup d’avantage dans les affaires ; il en facilite le succès. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Profit, Utilité.

Avantage. Ce qui lait préférer quelque chose à une autre, ce qui la met au-dessus. Præstantia, excellentia. Il y a des avantages naturels, d’autres qui sont acquis. La beauté, la force du corps, la naissance, sont des avantages de la nature. Un aîné a l’avantage de la naissance. L’avantage de la taille est considérable. Ablanc Elle avoit tous les avantages de l’esprit & de la beauté. Rochef. Ceux qui ont la facilité de parler, entraînent toujours la multitude, parce qu’elle ne manque pas de donner la victoire à ceux qui ont l’avantage de la parole. Nicol.

Avantage, se prend aussi pour une sorte de prérogative, ou de supériorité. Il a montré les avantages que son art avoit sur les autre. Ablanc. Les avantages des Juifs sur tous les autres peuples de la terre étoient bien considérables.

Avantage, se dit aussi pour grâce, faveur, bienfait, gratia, favor, beneficum. Procurer de grands avantages à quelqu’un. Voit.

Avantage, signifie encore gloire, honneur. Honor, gloria, commendatio. La fortune tournoit à son avantage les obstacles qui lui arrivoient. Vaug. On peut dire à votre avantage, que vous avez été plus loin que lui. Boil.

On dit, être habillé à son avantage, être coiffé à son avantage ; pour dire, être habillé, être coiffé d’une manière qui relève la bonne mine & la bonne grâce. Acad. Fr.

avantage, se dit aussi de la victoire, & de ce qui sert à l’obtenir. Victoria, Palma. César eut l’avantage sur Pompée. Ce Général sait bien ménager l’avantage du terrain. Opportunitas loci. Il a pris l’avantage de cette colline. Ils attendoient que les ennemis entrassent dans l’eau, pour les charger à leur avantage. Ablanc.

Ce mot est dérivé de avant, & par conséquent c’est mal-à-propos que quelques-uns l’écrivent avec un d.

En termes de Jurisprudence, on appelle avantage, ce qu’on donne à quelqu’un de plus qu’à un autre en succession, ou autrement, Præcipuum quid, jus prærogativum. Et généralement tout ce qui est donné à quelqu’un au-delà de ce que l’usage ou la loi lui attribuent. Ce pere a fait beaucoup d’avantage à ses cadets au préjudice de l’aîné. Les avantages tant directs qu’indirects que les mariés se font l’un à l’autre, sont défendus, quant aux biens régis par la Coutume de Paris. Mais les conjoints pourroient disposer à Paris des biens situés en pays de droit écrit.

Avantage, en termes de Pratique, est un jugement obtenu par défaut, ou congé. Obtentum ex deserto vadimonio judicium. Si la partie ne comparît pas, je prendrai mon avantage’ contre elle, c’est-à-dire, j’obtiendrai un jugement par défaut.

En termes de Manège, on dit qu’un homme est monté à son avantage ; pour dire, qu’il monte un bon cheval. Expeditus in equi, generoso equo insidens. Il est honteux à un Cavalier de prendre l’avantage pour se mettre en selle ; c’est-à-dire, de monter sur quelque pierre, sur une petite hauteur, ou de se servir de quelqu’autre moyen pour monter plus facilement à cheval.

Avantage, en termes de Marine, c’est la partie de l’avant du vaisseau, qui fait une grande saillie, qu’on appelle autrement, éperon, cap, poulaine.

Avantage du vent, en termes de Marine, se dit du dessus du vent, relativement à un autre vaisseau. Avoir l’avantage du vent.

Avantage, en matière de jeu. On appelle ainsi ce qu’un joueur plus fort donne au plus foible pour rendre la partie à peu près égale. Vous savez mieux le jeu que moi ; je ne puis jouer avec vous, si vous ne me donnez de l’avantage. Quel avantage voulez-vous me donner ? Aux dames, qu’on appelle polonoises, on donne le pion, deux pions, la remise. Aux échecs, une pièce quelconque, un pion, une tour, &c. Au piquet, la main, dix points, &c. A la paume on dit qu’on a l’avantage, quand après que les joueurs sont devenus égaux, ou à deux, l’un d’eux gagne un coup : il a l’avantage, c’est 45. L’avantage des jeux, c’est le premier jeu qu’on gagne quand on a été à deux, quand on a eu autant de jeu l’un que l’autre. Antecessio. On dit aussi qu’un courier a de l’avantage sur un autre, quand il est parti avant lui.

A l’Avantage. Vieille phrase adverbiale. Très, beaucoup. Admodum.

Quel est ce Duc venu nouvellement,
En si bel ordre & riche à l’avantage ?

Marot

Avantage, utilité, profit, considérés comme termes synonymes.

☞ L’utilité, dit M. l’Abbé Girard, naît du service qu’on tire des choses. Le profit naît du gain qu’elles produisent. L’avantage naît de l’honneur ou de la commodité qu’on y trouve. Un meuble a son utilité. Une terre apporte du profit. Un grande maison a son avantage. Les richesses ne sont d’aucune utilité quand on n’en fait point usage. Les profits sont plus grands dans les finances, &plus fréquens dans le commerce. L’argent donne beaucoup d’avantage dans les affaires ; il en facilite le succès. Je souhaite que cet ouvrage soit utile au Lecteur ; qu’il fasse le profit du Libraire ; & qu’il me procure l’avantage de l’estime publique.

AVANTAGER. v. a. Donner plus à l’un qu’à l’autre, donner des avantages à quelqu’un par-dessus les autres. Aliquid præcipui dare, tribuere. Ceux que la nature a aantagés de ses dons, en doivent rendre grâces à Dieu. Une femme convolant à de secondes nôces, ne peut de droit avantager son mari plus que celui de ses enfans qui aura le moins. La coutume de Caux, en Normandie avantage fort les aînés. ☞ Un pere ne peut avantager aucun de ses enfans d’une certaine portion de ses biens.

AVANTAGÉ, ÉE. part. A naturâ prœditus, infructus.

AVANTAGEUSEMENT. adv. D’une manière avantageuse. Utiliter. Les cadets ont été partagés aussi avantageusement que l’aîné. Commodè. On doit parler avantageusement de ses amis en toutes rencontres. Honirificè. On dit aussi, être habillé avantageusement. Pulchrè & eleganter. Scar. Se poster avantageusement. Opportunè. Être pourvû avantageusement des biens de l’esprit & de la fortune. Amplissimis ingenii fortunaque muneritus ornatus.

AVANTAGEUX, EUSE. adj. Qui contient en soi, qui produit quelque avantage. Commodus. Un Général doit toujours se camper dans un lieu avantageux, choisir un poste avantageux. Opportunus. Ablanc. Il a des sentimens de moi très-avantageux. Honorificus. Il nous sera avantageux de nous rendre. Vaug. La taille avantageuse est ce qui donne la majesté. On appelle taille avantageuse, une grande taille, avec une mine haute & noble.

☞ Les Néologues ont employé ce mot depuis quelque temps dans une signification toute particulière. Un homme avantageux, disent les Vocabulistes, est un homme présemptueux, qui se prévaut de la facilité des autres, qui prétend exceller sur les autres en quelque chose que ce soit. Gr. Vocab. On sent assez combien cela est vague. C’est, suivant l’Académie, un homme confiant, présomptueux, qui cherche à prendre avantage sur les autres, qui se prévaut de la facilité des autres, & qui en abuse. Quelque idée qu’on y attache, c’est toujours prendre ce mot dans une signification bien détourner. Il est fort avantageux d’avoir un grand nom, de grandes dignités, une fortune considérable, plus encore d’avoir de grands talens & de la vertu. Mais avec tout cela en devient-on un homme plus avantageux ? Cependant comme ce mot s’établit & s4accrédite dans la signification qu’on lui donne ici, il faut au moins essayer de déterminer l’idée accessoire qui lui constitue un caractère propre & singulier, en le distinguant des autres mots qui lui ressemblent : & il me paroît qu’on rencontre assez juste, en disant que l’avantageux est celui qui abuse de la moindre déférence qu’on a pour lui. Voyez les autres synomymes.

☞ On dit d’un homme qui cherche à prendre toutes sortes d’avantages au jeu & à profiter de tout, qu’il est avantageux au jeu. sc|Acad. Fr.}}

AVANT-BEC. Terme d’Architecture, qui se dit des pointes ou éperons qui avancent au-delà des piles des ponts de pierre pour les soutenir ou pour fendre l’eau. Anteridis, idis. Il y a l’avant-bec d’amont, & l’avant-bec d’aval. Le premier est opposé au fil de l’eau, & le second est au-dessous.

☞ Je ne sais pourquoi on ne donne ce nom dans le grand Vocabulaire, qu’à l’éperon qui sert à fendre l’eau. Il est commun aux deux angles des piles, dont l’un sert à soutenir & à fendre, & l’autre à soutenir seulement.

AVANT-BRAS. s. m. Terme d’Anatomie. La partie du bras qui est depuis le coude jusqu’au poignet. Cubitus, lacertus. On le dit aussi de la partie de l’armure d’un Gendarme qui couvre cet endroit-là. Bracchiale. On trouve dans d’anciens titres Antebracchia, pour signifier cette partie de l’armure. Histoire de Bretagne, de Dom Lobineau, Tome II, pag. 566. Voyez Bras.

Avant-bras, est aussi une partie du métier à faire des bas, à laquelle il y a une éminence qu’on appelle oreille.

AVANT-CHEMIN COUVERT. s. m. C’est un chemin couvert qu’on fait au pied du glacis. Il sert à éloigner l’ennemi, & à le chicaner sur ses approches.

AVANT-CŒUR. Voyez Anti-cœur, c’est la même chose.

☞ Les Maréchaux appellent aussi avant-cœur, une tumeur contre nature, qui se forme à la poitrine du cheval, vis-à-vis du cœur. On dit aussi anti-cœur.

AVANT-CORPS. s. m. En Architecture, se dit des parties d’un bâtiment qui ont de la saillie sur la face, à l’égard des autres qui sont plus retirées, comme un pilastre. Pars ædificii eminens, prominens. On appelle arrière-corps la partie reculée qui lui sert de fond.

Avant-corps, se dit aussi en Serrurerie, des morceaux qui sont saillie sur le nu de l’ouvrage, qui excèdent.

AVANT-COUR. s. f. Première cour qui est avant la principale cour du logis. Vestibulum, atriolum.

☞ AVANT-COUREUR. s. m. Celui qui va devant quelqu’un, & qui en marque par avance l’arrivée. Les Tartares sont ordinairement les avant-coureurs de l’armée des Turcs. Acad. Fr. Prodomus præcursor.

☞ Figurément, les Prophètes qui ont prédit la venue de Jésus-Christ, sont appelés les avant-coureurs du Messie.

Avant-coureur, se dit aussi figurément de tout ce qui précède ou présage quelque événement, quelque mal prochain. Præsagus. Le peuple croit que les monstres, les prodiges, les comètes, sont des avant-coureurs des grands événemens. Les lassitudes spontanées sont les avant-coureurs des maladies. L’écriture dit qu’il y aura plusieurs signes avant-coureurs du jugement dernier.

Jupiter les seconde, & du milieu des airs
Fait gronder son tonnerre, & briller ses éclairs,
Avant-coureurs affreux des sanglantes batailles,
Et présages certains d’illustres funérailles.

Avant-coureur, n’a pas au féminin avant-coureuse, selon l’analogie, mais avant-courrière, comme si c’étoit le féminin d’avant-courrier, qui ne se dit point. On ne dit point avant-coureuse, apparemment parce que coureuse a un mauvais sens en françois.

La synagogue étoit la figure & l’avant-courrière de l’église chrétienne. Bouh. Vie de S. Ign. Liv. V. Les Poëtes appellent l’Aurore, l’avant-courrière du soleil, du jour.

Du jour & du travail la belle avant-courrière
Se leve cependant & rentre en sa carrière ;
Dans un globe de feu le grand astre la suit,
Et chasse devant soi les restes de la nuit.

P. le Moine.

AVANT-DERNIER. adj. Pénultième, ou qui est immédiatement avant le dernier. Les voyelles longues ne se trouvent ordinairement que dans les dernières, ou dans les pénultièmes ; c’est-à-dire, dans les avant-dernières syllabes des mots ; ou si elles se trouvent dans la syllabe qui précède la pénultième, comme au mot entêtement, on coule si légérement sur les deux dernières, qu’on ne met presque pas plus de temps à les prononcer, que s’il n’y en avoit qu’une. Les voyelles des syllabes précédentes sont toujours brèves. Restaut.

AVANT-DUC. s. m. C’est un pilotage qui se fait de plusieurs jeunes arbres sur le bord, & à l’entrée d’une rivière, où on les enfonce très-avant avec des moutons ou de grosses masses de fer, pour en former un plancher égal sur lequel on établit des dosses, ou grosses planches bien clouées, pour commencer un pont, & à l’endroit où l’avant-duc finit on place des bateaux. Cela se fait quand une rivière est trop large, & qu’on n’a pas suffisamment de bateaux pour en faire un pont tout entier : on en fait autant de l’autre côté de la rivière.

AVANT-FAIRE-DROIT. s. m. Terme de Palais. On appelle ainsi un arrêt ou une sentence interlocutoire. Decretum judicis interpositum, interlocution decretoria, sententia disceptatonis interposita. Ce procès n’a pas été jugé définitivement, on n’a prononcé qu’un avant-faire-droit.

AUANTE. s. f. On peut traduire ce mot par maladie sèche. Αὐαντή, d’αὔω, je desseche. Voyez dans le Dict. de James la description qu’en donne Hippocrate, liv. second, de Morbis.

AVANT-FOSSÉ. s. m. Terme de fortification. Fossa prior. Est un fossé creusé au-delà de la contrescarpe, & qui règne le long du glacis : il est d’ordinaire plein d’eau.

AVANT-GARDE. s. f. Terme de Guerre. C’est la première ligne d’une armée rangée en bataille, la première division d’une armée, celle qui marche à la tête. Prima acies, prima fons. Tout corps d’armée est composé d’avant-garde, d’arrière-garde, & de corps de bataille. Mener, conduire, commander l’avant-garde. Ablanc. Ce mot avant-garde est déjà ancien dans la langue françoise. Il y a une histoire de france manuscrite entre les rares manuscrits de la bibliothèque de M. de Mesmes, premier Président du Parlement de Paris, où on lit ces paroles : le Comte du Perche, qui étoit Chévetin de l’avant-garde & l’arrière-garde ; mais d’autres attribuent cet honneur au Maréchal, suivant ces deux vers d’un Poëte (Willelmus Brito).

Cujus era primum gestare in prælia pilum,
Quippe Marescali claro fulgebat honore.

Avant-garde, se dit aussi en Marine, d’une des divisions d’une armée navale, qui fait l’avant-garde dans la route.

☞ AVANT-GOÛT. s. m. Goût qu’on a par avance d’une chose qui plaît, ou qui est agréable. Perceptum specimen. Ces caresses furent l’avant-goût du plaisir qui lui étoit préparé. Ce n’est ici qu’un avant-goût des fruits de la paix. Que cet avant-goût que vous me donnez, mon Dieu, de votre Paradis dans l’adorable Eucharistie, corrige en moi tous les goûts dépravés de mes passions. Bourdal. Exh. II, p. 465. Un avant-goût de la joie des Saints. Bouh.

AVANT-HIER. adv. de temps. Le pénultième jour avant celui ou l’on est. Nudius-tertius. Ce n’est que d’avant-hier que je vous aime. Voit.

AVANTIN. s. m. C’est un brin de sarment courbé en forme de petite crosse, qu’on coupe pour lui faire prendre racine. Tradux. Les vignerons disent ordinairement crossette.

AVANT-LOGIS. C’étoit chez les Anciens le corps de logis de devant. Vestibulum, prothyrul. Atrium. Ch. Est. Dict.

☞ AVANT-MAIN. s. m. Terme de jeu de paume, par lequel on désigne un coup poussé du devant de la raquette ou du battoir. Impactus interiori, observâ manuictus. C’est l’opposé d’arrière-main. Un coup d’avant-main.

Avant-main. Terme de Manége. C’est le devant du cheval. La tête, le cou, le poitrail & les épaules. Partes equi anteriores. Ce cheval a un très-bel avant-main. J’ai connu plus de chevaux légers à la main, ayant la tête, le cou, & les épaules épaisses, que de ceux qui étoient bien faits, & avoient l’avant-main délié & mince. Newc. Dans les sauts, croupades, balotades & caprioles, parce qu’il a l’avant-main serré & la croupe en liberté. Au terre-à-terre, il faut aider de la rêne de dedans de la bride, parce qu’alors la croupe est serrée, & l’avant-main au large. Id.

AVANT-MUR. s. m. Terme de Blason, se dit d’un pan de muraille joint à une tour. Murus turri præstructus.

Avant-mur. Terme de fortifications. C’est autour d’une ville qui a plus d’une enceinte de murailles, celle qui est la plus éloignée du corps de la place, ou la plus avancée dans la campagne.

AVANT-NEF. s. f. Partie des anciennes églises dans l’église grecque : elle se trouvoit à l’entrée, avant que d’entrer dans la nef. Pronaon. On l’appeloit autrement premier portique. Prior porticus. Les Energumènes & les Pénitiens qui étoient au premier degré de la pénitence publique, se tenoient dans l’avant-nef.

☞ AVANT-PARLIER. s. m. Vieux mot qui s’est dit autrefois pour avocat, ainsi que parlier & amparlier.

AVANT-PART. s. f. Terme de Coutume. Préciput, portion que quelques Coutumes accordent par privilége à l’aîné. Pars prior.

AVANT-PÊCHE. s. m. Malum persicum præcox. Espèce de pêche qui vient des premières, un mois avant les bonnes pêches : elle est petite, rondelette, avec une petite tête au bout ; elle est tellement blanche qu’aucun soleil ne la sauroit colorer : elle a la chair assez fine ; mais sujette à être pâteuse. On en fait cas, parce qu’elle est la première qui paroisse. On ne s’en sert guère qu’à faire des compotes. Sa fleur est grande, & tellement blafarde, qu’elle en paroît presque blanche : ce pêcher pousse peu de bois, & ne fait pas un bel arbre.

AVANT-PIED. s. m. En termes de Médecine, & d’Anatomie, c’est le métatarse, ou la seconde partie du pied. Pars pedis posterior.

☞ En termes de Bottier, c’est le dessus du soulier, que les Cordonniers appellent empeigne.

AVANT-PIEU. s. m. Terme d’Architecture. Bout de poutrelle qu’on met sur la couronne d’un pieu pour le tenir a-plomb quand on le bat à la sonnette.

On nomme aussi avant-pieu une espèce de pince de fer pointue, qui sert à faire des trous pour planter des jalons, des piquets, & des échalas de treillage.

AVANT-POIGNET. s. m. Est la paume de la main, qu’on appelle aussi métacarpe. Palma.

AVANT-PORTAIL. s. m. On dit que le portail des Libraires à la Cathédrale de Rouen, a été enrichi d’un avant-portail en 1481. Descript. Geogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, pag. 24.

AVANT-PROPOS. s. m. Préface d’un livre, ou discours ☞ qui se met au-devant de quelque ouvrage pour en faciliter l’intelligence, pour annoncer ce qu’il contient & quel a été le dessein de l’Auteur. præfatio. Il y a un long avant-propos à la tête de ce livre. Cette pièce est une espèce de préface, ou d’avant-propos. Ablanc. Pasquier dit que ce mot est nouveau, & que le premier qui s’en est servi, a été le nommé louis Charron, en ses Dialogues, dont on se moquoit alors.

Il se dit aussi dans la conversation, de ce qu’on dit avant que de venir au fait, quand on entreprend de raconter quelque chose. Il a fait un avant-propos bien inutile. Acad. Fr.

AVANT-QUART. s. m. Terme d’Horlogerie. Prodromus. Coup que certaines horloges sonnent avant le quart, la demie, les trois quarts, & l’heure. Ce petit coup s’appelle avant-quart, parce qu’il frappe avant les quarts. Ainsi on dit l’avant-quart du quart, ou pour le quart, l’avant-quart de la demie, ou pour la demie, & de même pour les trois quarts, pour l’heure. Le P. le Comte s’est aussi servi de ce mot, pour exprimer une division des cadrans solaires. Les Chinois sur les cadrans solaires (car ils en ont de très-anciens) marquoient de quatre en quatre diminutions une espèce d’avant-quart, qui tous ensemble faisoient 24 petites parties, dont la somme étoit égale à quatre divisions générales, afin que tout le cercle fût partagé en cent parties égales. P. le Comte.

AVANT-SCÈNE. s. m. Proscenium. C’étoit chez les Anciens la partie du théâtre, sur laquelle les Acteurs paroissoient. D’autres disent que c’étoit l’endroit où ils se préparoient, & d’où ils s’avançoient sur celle qu’on appeloit pulpitum, d’où ils parloient. Pour le lieu de la Scène, il ne faut que lire le Rudens de Plaute, avec son Curculio, les Grenouilles d’Aristophane, l’Ajax de Sophocle, toutes les autres, où, par une infinité d’adresses, les singularités du lieu représenté par l’avant-scène sont clairement désignées. D’Aubignac.

AVANT-TOIT. s. m. Toit avancé. Compluvium.

AVANT-TRAIN. s. m. Terme d’Artillerie. Nom qu’on donne aux deux roues qu’on ajoute avec celles de derrière à l’affût d’un canon, pour le faire marcher en campagne. Rotæ priores.

Avant-train, chez les Charrons, signifie la partie antérieure d’un carrosse ; le train qui comprend les deux roues de devant & le timon. Partes anteriores.

AVANT-VEILLE. s. f. Mot qui signifie la même chose que surveille ; jour qui précède immédiatement la veille de celui dont on parle. Il se trouva l’avant-veille de la Pentecôte à la vue de Constantinople. Mém. de Trév. Juin 1722.

AVANTURE. Voyez Aventure.

L’Île de Bonne AVANTURE. Voyez l’Île de Bonne Aventure.

AVANTURÉ, ÉE. Voyez Aventuré.

AVANTUREUX, EUSE. Voyez Aventureux.

AVANTURIER. Voyez Aventurier.

AVANTURINE. Voyez Aventurine.

☞ AVARE. adj. m. & f. Avarus}}. Un homme qui aime la possession, & ne fait aucun usage de ce qu’il a, qui se prive de tout ce qui coûte. Ce mot convient lorsqu’il s’agit de l’habitude & de la passion de l’avarice. M. l’Abbé Girard. Syn. Voyez Avaricieux, Intéressé. ce mot se prend quelquefois comme substantif, par exemple, c’est un grand avare.

L’avare ne se repaît que de l’espérance de jouir de ses richesses, c’est-à-dire de sentir le plaisir qu’il y a à les posséder. Il est vrai qu’il n’en use point ; mais c’est que son plaisir est de les resserrer, c’est pour lui le sentiment de leur possession. Abad.

L’avare est toujours pauvre au milieu de l’abondance : toujours agité, toujours alarmé, toujours consumé de frayeur & de crainte, désirant toujours, ne jouissant jamais, toujours emprisonné dans sa turpitude, comme dans un cachot noir, où il se refuse l’aumône à lui-même.

Henri Estienne, pour faire valoir l’abondance de la langue, a fait une liste des mots françois qui signifient avare. Il en compte jusqu’à onze ou douze, qui sont avaricieux, échars, taquin, tenant, trop-tenant, chiche, chiche-vilain, pince-maille, racle-denare, serre-denier, pleure-pain, serre-miette. Plusieurs de ces mots ne sont plus en usage. Un avare ne possède point ses richesses, il en est possédé ; elles le tyrannisent. Claud. Un avare est toujours gueux ; il a également besoin de ce qu’il a, & de ce qu’il n’a pas. Voit. Un avare n’a rien laissé à faire à la mauvaise fortune, elle ne lui pouvoit faire pis. Voit. Il n’est pas croyable combien les Auteurs de l’Anthologie ont rafiné sur les avares. Selon eux, un avare se pendit pour avoir songé la nuit qu’il faisoit de la dépense ; & un autre avare ne se pendit pas, parce qu’on vouloit lui vendre trop cher la corde qu’il marchandoit. Bouh. Horace parle d’un avare qui ne put se résoudre à prendre une tisane faite avec du ris, laquelle coûtoit trois sous. Idem