Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFRONT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 146).

AFFRONT. s. m. Injure qu’on fait à quelqu’un par paroles ou par voies de fait. Injuria, contumelia. Les affronts à l’honneur ne se réparent point. Corn. Il n’y a que le Christianisme qui puisse nous faire souffrir patiemment un affront. Un démenti est un sanglant affront. ☞ Sénéque dit que la douleur qu’on ressent d’un affront, est la marque d’un cœur foible & bas. S. Evr.

☞ On dit essuyer un affront, le recevoir. Boire, avaler un affront, le souffrir patiemment. Sorbere, contumeliam, ac concoquere. Ne pouvoir digérer un affront, c’est en garder le ressentiment. Comment pourriez-vous digérer un si cruel affront ?

☞ L’affront, dit M. l’Abbé Girard, est un trait de reproche ou de mépris lancé en face de témoins : il pique & mortifie ceux qui sont sensibles à l’honneur. L’insulte est une attaque faite avec insolence ; on la repousse ordinairement avec vivacité. L’outrage ajoute à l’insulte un excès de violence qui irrite. L’avanie est un traitement humiliant qui expose au mépris & à la moquerie du public.

Ce mot vient de l’Italien affronto. Ménage. Pasquier a observé que ce mot n’étoit pas ancien de son temps.

Affront, se dit aussi de la honte que nous recevons nous-mêmes par notre faute ou par celle de ceux qui nous touchent. Un Général d’Armée reçoit un affront, quand il lève le siège de devant une place. Un criminel qu’on exécute, fait un affront à toute sa famille. Sa mémoire lui fait affront.