Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/261-270

Fascicules du tome 1
pages 251 à 260

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 261 à 270

pages 271 à 280


l’opposition de douze nouvelles bases aux huit précédentes, il se formera neuf autres bases avec la concavité de l’angle, tournée à l’opposite des douze ; & c’est par cet artifice admirable que se forment les deux ordres d’alvéoles dans les deux faces du rayon. Par cette construction il y a trois ordres de rombes en trois différens plans, si bien suivis, que plusieurs milliers de rombes du même ordre sont tous assez exactement dans le même plan. Ainsi il est étonnant que tant de milliers d’animaux, par le seul instinct naturel, concourent tous ensemble à faire avec tant d’ordre & de régularité un ouvrage si difficile ; & rien ne montre mieux qu’une Sagesse infinie les a formés, & préside à leurs travaux, qui ne peuvent être l’effet du hasard ou d’une cause aveugle.

Cette construction des alvéoles a de grandes conséquences par rapport à tout l’ouvrage. Chaque base a trois rombes, & sur chaque côté de ces trois rombes, il y a un plan qui sert de côté à un alvéole opposé ; or ces trois plans, outre l’usage qu’ils ont de servir de côté à la partie d’un alvéole, servent aussi de soutien & d’appui à la base d’un alvéole opposé,& supléent à ce qui pourroit manquer à cause de la grande délicatesse de l’ouvrage. Secondement la concavité de l’angle solide qui est au milieu de la base, sert, par une providence admirable, à tenir ramassées dans un petit espace les particules de miel que les abeilles fournissent chaque jour au petit ver dont nous avons parlé au mot Abeille, pour sa nourriture, & dont il est environné quelques jours après sa naissance. Sans cette disposition de la base, le miel qui est liquide, en s’écoulant, auroit pu abandonner l’embryon, & le faire périr.

2.o La grandeur des angles des trapèzes dépend de celle des angles des rombes. Or on trouve que les angles aigus des rombes étant de 70 degrés, 32 minutes, & les obtus de 109o, 81’, ceux des trapèzes qui leur sont contigus, doivent être aussi de la même grandeur. De même par cette quantité d’angles des rombes, l’angle solide de la base est égal à chacun des trois angles solides faits par l’angle obtus du rombe avec les deux obtus des trapèzes. Il résulte de cette grandeur d’angles non seulement une plus grande facilité & simplicité dans la construction, à cause que de cette manière les abeilles n’emploient que deux sortes d’angles ; mais il en résulte encore une plus belle symétrie dans la disposition & dans la figure de l’alvéole.

Enfin les abeilles font leurs alvéoles de figure hexagone régulière, par une espèce de connoissance de la Géométrie, comme a remarqué Pappus, célèbre Géomètre du second siècle après Jésus-Christ. Cette figure a la propriété, que plusieurs étant posées les unes auprès des autres, remplissent un espace autour d’un même point, sans laisser aucun vide entre une figure & l’autre. Il y a deux autres figures régulières qui ont la même propriété, le triangle équilatère & le carré ; mais ces deux figures n’ont pas l’avantage d’avoir autant de capacité que l’hexagone.

C’est donc avec sagesse, dit ce Géomètre, que les abeilles se sont servies de l’hexagone préférablement aux autres, puisque si l’on emploie une même quantité de matière dans la construction de chacune de ces figures, l’alvéole hexagone est celui qui contient dans sa capacité une plus grande quantité de miel. Maraldi. Il s’ensuit bien clairement de tout cela, que dans le principe qui l’a réglé, & qui a donné cette industrie à ces animaux, il n’y a ni nécessité, ni hasard : mais qu’il y faut reconnoître une Sagesse admirable, qui a tout dirigé aux fins qu’elle se proposoit de la manière la plus convenable.

Alvéole, se dit aussi en Anatomie, des trous ou cavités où les dents sont enchâssées. Les fosses sont au nombre de seize à chaque mâchoire ; ce sont des alvéoles dans lesquels sont emboîtées seize dents. Dionis.

Alvéole, terme de Botanique. En Botanique on appelle Alvéoles, des cavités formées par l’arrangement de plusieurs écailles pliées le plus souvent en gouttière, & qui séparent les semences les unes des autres. Les semences des soleils, ou Corona solis, & celles du chardon à bonnetier, ou Dipsacus, sont enchâssées dans des alvéoles.

ALVERNO, ou Alverne. Montagne du Florentin, en Italie. Mons Alvernus, Mons Alverniæ. Elle est un peu au septentrion de Borgo-San-Sepolcro. Ce fut sur le mont Alverne que saint François reçut les stigmates de Jésus-Christ.

ALUÉS. Terme de Coutume. Beaumanoir nous apprend ce que c’est, quand il dit : On appelle alués, ce qu’on tient sans faire nulle redevance à nului.

ALVIDONA. Bourg du royaume de Naples. Levidona, Levidonia, Alvidona. Il est dans la Calabre citérieure, aux confins de la Basilicate, sur le golfe de Rossano.

ALVIN. Voyez Alevin.

ALUINE. s. f. Voyez Absinthe ; c’est la même chose. Absynthium. Quelques-uns dérivent ce mot de celui d’Aloès, à cause de son amertume, quasi aloinum, ou alosynum Guichard dérive ces mots de l’hébreu לען, ou לענה, amuritudo, Amertume.

ALVINER. VoyezAlfviner.

ALUMELLE. s. f. C’est la partie tranchante des couteaux, des rasoirs, des canifs, des ciseaux, laquelle est faite de fer & d’acier. Lamina, Lamella. Ce mot commence à vieillir. On dit une lame.

On dit proverbialement, qu’un homme s’est tué de sa propre alumelle, quand il a trop fait la débauche de vin ou de femmes.

Les Maîtres Tabletiers-Peigneurs appellent Alumelle, l’outil d’acier avec lequel ils polissent & achèvent leurs peignes.

Alumelle, s. f. Lance, Fer d’une lance. Hasta, Hastæ Lamella.

Où l’on a vu de guerre mains ébats,
Aventuriers émouvant gros combats,
Pour leur plaisir sur petites querelles,
Glaives tirer, & briser alumelles. Marot.

ALUMIERE. s. f. L’endroit où l’on travaille l’alun. Aluminis Officina. Les Alumières de Civita Vecchia. Géofr. Acad. 1702. Hist.. p. 20. Les Alumières de Solfatara. Voyez ce mot. Il y a aussi des Alumières dans les provinces d’Yorck & de Lancastre, en Angleterre, & en Suède. Les Alumières de Civita-Vecchia sont celles qui fournissent le meilleur alun.

ALUMINEUX, EUSE. adj. Qui est de nature d’alun, qui tient de l’alun. Aluminosus, Aluminatus. Des terres alumineuses, des eaux alumineuses.

ALUN. s. m. Alumen. Sel minéral d’un goût acide, & qui laisse dans la bouche une douceur accompagnée d’une âpreté ou astriction considérable. ☞ Comme cette pierre est pleine de bitume & de soufre, elle s’enflamme aisément. Elle est mêlée avec une base argileuse, qui forme des prismes triangulaires. L’alun se durcit à la chaleur, & se dissout au froid & dans l’eau. On peut établir, avec les anciens Naturalistes, deux sortes d’alun : l’un naturel, & l’autre artificiel. Le naturel se trouve surtout au fond & aux environs des mines d’argent. Ce sont des espèces de plâtras blancs, légers & poreux, chargés de filamens argentés & serrés. On se servoit autrefois de cet alun en Italie, sous le nom d’alun de plume, Alumen plumaceum & scissile. Dioscoride nous en a laissé une bonne description. Cet alun vient de la Laponie & de l’île de Malte. On le nomme quelquefois Trichites, parce qu’il forme une espèce de chevelure soutenue d’une terre brune. Il en vient encore d’Egypte & des îles de Sardaigne. Celui qu’on appelle scissile, parce qu’il est facile à diviser, est de couleur blanche, & vient de l’île de Milo dans l’Archipel. Tournefort, dans son voyage du levant, parle des cavernes d’où on le tire. L’artificiel se prépare de plusieurs manières, suivant les matières dont on est obligé de se servir. En Italie, près de Civita-Vecchia, en un lieu nommé la Toffa, on tire d’une montagne des pierres dures, lesquelles étant cassées, calcinées, & exposées ensuite à l’humidité de l’air, se réduisent en une chaux ou terre qu’on fait lessiver comme les vieux plâtras dont on veut extraire le salpètre. Le reste de la manipulation est semblable à celle du salpètre ; & la manière dont on l’employoit du temps de Matthiole, s’observe encore aujourd’hui. Cet alun se nomme alun de Rome, Alumen Romanum. Alun de roche, Alumem rupeum, parce qu’on le tire de la pierre. Il est de couleur de chair ou rougeâtre, à cause que l’eau dans laquelle les sels étoient en dissolution, s’est trouvée chargée d’une lie rouge qui venoit de la pierre calcinée, & qui s’est unie aux sels dans leur cristallisation. A la Solfarerra, près Pouzzol, dans le royaume de Naples, on ramasse en été une suie fine, qui se forme sur la surface de la terre au haut du Volcan. Cette suie dissoute, évaporée & cristallisée, donne un alun blanc & transparent. En Angleterre, dans la province d’Yorck & de Lancastre, on prépare l’alun avec une espèce de pyrites de couleur d’ardoise ; on le fait calciner aussi-tôt qu’on l’a tiré de sa minière, ensuite infuser & bouillir avec la lessive des cendres des plantes marines. La matière étant reposée, il se précipite une substance saline, sur laquelle on verse une bonne quantité d’urine qui acheve la précipitation des matières terreuses, & sulfureuses. La liqueur qui reste étant transvasée & en repos, donne des cristaux blancs & salins, qu’on lave dans l’eau, & qu’on fait refondre pour les réduire en grosses masses propres à remplir des tonneaux. Cet alun se nomme alun de roche, alun de glace. Alumen commune, alumen glaciale, à cause que ses fragmens ressemblent à des morceaux de cristal de roche. L’alun de Suède se fait avec un minéral, qui contient beaucoup de soufre & de vitriol, qu’on ne peut emporter que par la calcination, ou par des distillations. La matière qui reste dans les vaisseaux de fer dont on s’est servi pour tirer tout le soufre de ce minéral, se réduit, étant exposée à l’air pendant quelques années, en une cendre bleue, qu’on lessive & qu’on fait cristalliser. Ce que les Anciens appeloient alun liquide, ne paroît qu’un alun résous en liqueur : il y a des eaux minérales qui tiennent de l’alun. Si on ajoute du cuivre ou du fer à l’alun, on fera du vitriol. L’alun succharin, ou saccharin Alumen saccharinum, est une composition d’alun, d’eau-rose, & de blancs d’œufs. A l’égard des autres espèces d’alun dont les Anciens ont parlé, on ne les connoît plus, & peut-être n’ont elles que des variétés peu considérables. On ne doit point mettre au nombre des sortes d’alun, ce qu’on nomme alun catin, alumen catinum. Voyez Soude ; ni l’alun scaïole. Voyez Plâtre. Et l’on doit bien distinguer l’alun de plume d’avec l’amiante ou asbeste. Voyez Amiante.

☞ Tournefort dit que pour le distinguer de l’amiante avec lequel on le confond souvent, il n’y a qu’à le mettre sur la langue pour savoir s’il a le goût de l’alun : l’amiante au contraire est insipide.

Le mot alun vient du mot grec ἅλς, qui signifie sel ; il peut aussi venir de lumen ; à cause qu’il donne de l’éclat aux couleurs. On ne sauroit guère teindre ni enluminer sans alun ; car c’est le principal des sels minéraux dont on se sert dans la teinture ; & c’est comme un lien entre l’étoffe & la couleur ; de même que les huiles gluantes & les eaux gommées font un lien à l’égard de la peinture & de l’enluminure. L’alun dispose les étoffes à recevoir la couleur, & à leur donner la vivacité, comme on voit à la cochenille & à la graine d’écarlate, dans lesquelles on mêle aussi quelque acide & même de l’eau forte, pour donner de la vivacité à leur couleur rouge, & leur ôter le violet. L’alun fait ses effets par la stipticité, ou vertu astringente qui lie la matière délicate des couleurs, & empêche qu’elles ne s’évaporent. L’alun empêche que le papier qui en est trempé ne boive. Tout alun dissous dans l’eau qui vient à se coaguler, prend la figure pyramidale, ou le tétraèdre composé de quatre triangles fort égaux. Les anciens Médecins & les plus modernes conviennent assez sur la vertu & l’usage de l’alun, tel qu’on vient de le décrire. Il est astringent, bon pour arrêter les hémorragies & les pertes ; l’alun calciné est employé pour ronger les chairs baveuses des ulcères. Ramusio, dans son Recueil de navigations & de voyages, fol. 236. parle d’un alun appelé en Europe, Alun d’Alexandrie, & qui s’apporte de l’île d’Ormus, dans la mer Rouge.

ALUNER. v. a. Terme relatif à l’opération du Teinturier. Faire tremper dans l’alun, ou dans un bain d’alun. Alumini immergere. Toutes les étoffes qu’on veut teindre en cramoisi, doivent être fortement alunées. Aluner du papier pour l’empêcher de boire.

ALUNÉ, ÉE. part.

ALUS. Lieu du pays des Madianites. Alus. Il étoit dans le désert. Le dixième campement des Israélites, après leur sortie d’Egypte, fut à Alus.

ALUYNE. Voyez Aluine.

ALY.

☞ ALY. Petite ville de la Géorgie, située entre des montagnes, à neuf lieues de Gory.

ALYNE. Lac d’Irlande. Alineus lacus. Il est dans le Comté de Létrim, en Connacie, au nord de la ville de Létrim.

ALYPUM. s. m. La plante que nous connoissons aujourd’hui sous le nom d’Alypum, est fort différente de celle que Dioscoride a décrite sous le même nom, comme tous ceux qui ont écrit après lui en demeurent d’accord. Jean Bauhin lui a cependant conservé ce nom. Gaspard Bauhin, dans le Pinax, la nomme Thymelæa foliis acutis capitulo succisa, seu Alypum Monpelsensium. Clausius la décrit sous le nom d’Hypoglossum Valentinum, & M. Tournefort la place dans la VIe Section de les Institutions, au genre de Globularia, sous le nom de Globularia fruticosa, myrti folio tridendato : mais elle est d’un caractère tout-à-fait différent de celui de Thymelæa & de Globularia, comme on le pourra voir par la description suivante. Voyez Globulaire.

L’Alypum est un arbuste qui s’élève à la hauteur d’environ une coudée. Sa racine, qui est revêtue d’une écorce noirâtre, est longue d’environ quatre ou cinq pouces, & de près d’un pouce de diamètre à son collet. Elle pousse trois ou quatre grosses fibres. Ses branches qui sont couvertes d’une petite pellicule d’un rouge brun, sont déliées & cassantes. Ses feuilles qui sont rangées sans ordre, tantôt par petits bouquets, tantôt seules, ou accompagnées d’une autre petite dans leurs aisselles, sont de différentes figures ; les unes ressemblent assez aux feuilles de myrte ; les autres s’élargissent vers la sommité, & forment trois pointes en trident ; les autres n’en forment qu’une seule ; les plus grandes ont environ un pouce de longueur, sur trois ou quatre pouces de largeur ; elles sont épaisses & d’un vert fort éclatant. Chaque branche ne soutient ordinairement qu’une fleur ; il s’y en trouve quelquefois deux, mais rarement. Ses fleurs sont d’un très-beau violet, & ont environ un pouce de diamètre. Elles sont composées de deux fleurons, du fond desquels s’élèvent quatre petites étamines blanches, chargées d’un petit sommet noirâtre. Elles se terminent en trois pointes, & n’ont qu’environ trois lignes de long, sur une ligne de large. Chaque demi-fleuron porte sur un embryon, qui lorsque la fleur est passée, devient une semence garnie d’une espèce d’aigrette. Toute la fleur est soutenue par un calice composé de feuilles disposées en écailles, chacune desquelles n’a que deux ou trois lignes de long, sur une ligne de large.

Cette plante purge violemment. Des Empyriques & des Charlatans l’emploient contre les maladies vénériennes, & d’autres dans les purgations, à la place du séné ; mais il seroit à souhaiter que leur avarice ne les exposât pas aux fâcheuses suites que la violence de ce remède produit ordinairement, & que le nom de Frutex terribilis leur devroit faire appréhender.

Alypum, est un nom grec composé de l’α privatif, & de λύπη, douleur, comme si l’alypum ne causoit point de douleur. Est-ce par antiphrase qu’on lui a donné ce nom ?

ALYSSON. s. m. Nom que les anciens Botanistes avoient donné indifféremment à plusieurs plantes, qui sont cependant chacune d’un genre particulier. Les Modernes ont attaché ce mot à un seul genre de plantes, dont les fleurs sont en croix, & dont le pistil devient un fruit arrondi, composé de deux panneaux appliqués parallèlement sur une cloison mitoyenne qui divise ce fruit en deux loges remplies de semences menues. Tournefort. Il y a plusieurs espèces comprises sous ce genre ; ce terme d’Alysson n’est pas françois ; les Grecs l’avoient attribué à des plantes qu’ils croyoient bonnes contre les morsures des chiens enragés.

L’alysson de Dioscoride, est une espèce d’un autre genre de plante, qu’on appelle bulbonac. Lunaria. Sa racine est dure, blanche, & d’un goût brûlant. Ses feuilles sont au commencement presque rondes ; ensuite elles deviennent plus longues, & finissent en une pointe obtuse. Elles sont blanches, velues, & rudes. Ses fleurs sont en grand nombre, composées de quatre feuilles disposées en croix, & petites. Sa semence, qui est contenue dans des siliques, est de la figure d’un petit rein, élevée en lentille, & dont les bords sont déliés. L’Alysson de dioscoride s’appelle autrement, Leucoïum, Alyssoides, Clypeatum majus. Il y a une plante qu’on appelle Alysson de Galien, & qui est une espèce de Marrube.

ALYTARCHIE. s. f. Alytarchia. Charge, dignité de l’Alytarque, ou Prêtre d’Antioche. Il y avoit à Antioche des jeux qu’on appelait les jeux de l’Alytarchie : c’étoient des jeux Olympiques institués dans cette ville par Afranius, premier Alytarque l’an 260 de l’ère d’Antioche, & abolis par l’Empereur Justin, l’an 568 de la même ère, comme nous l’apprend Jean Malela dans une chronique Ms. Cet Auteur compte en ce temps 77 Alytarques : ce qui montre que l’Alytarchie duroit quatre ans comme l’Olympiade. Voyez Le Card. Noris Epoc. Syr. p. 220.

ALYTARQUE. s. m. Alytarcha. C’étoit le nom du Pontife de la ville d’Antioche, selon le Cardinal Noris, Epoch. Syr. p. 220. Une Loi du Code Théodosien, ou de Théodose, ordonne qu’il soit permis à l’Alytarque de planter plusieurs cyprès, & d’en couper un. L’Alytarque n’étoit Prêtre que de la ville d’Antioche ; celui de toute la province s’appeloit Syriaque. Voyez le Cardinal Noris à l’endroit que j’ai cité. Tout ceci néanmoins ne prouve pas que cet Alytarque fût un Prêtre, mais un Magistrat, ou Officier de la ville d’Antioche. En effet, Alytarque est un nom grec, composé de ἀλύτες, & ἀρχή. Ἀλύτες, selon l’étymologie, signifie la même chose que ραϐδόφορος, μαστυγοφόρος ; un homme qui porte une verge, une baguette, ou comme nous dirions, un Huissier à verge. Desorte que l’Alytarque, comme le témoigne encore l’Etymologiste, & comme on le voit assez, n’étoit autre chose que l’Officier qui commandoit ces Huissiers à verge.

ALZ.

ALZATO, ou ALZIA. Village du Milanez, en Italie. Alsiatum, Alcia. Il est dans le territoire de Come, au midi de la ville de ce nom. Alzato est la patrie du fameux Jurisconsulte Alcita.

ALZETE. s. m. C’est le nom que l’on donne aujourd’hui à l’ancien Azotus. Voyez Azote.

ALZIRE ou ALCIRE. Ville du Royaume de Valence en Espagne. Alzira. Elle est à six lieues au midi de Valence. Bien des Auteurs croient que c’est l’ancienne Setabicula, ou Sætabicula.

☞ ALZON. Petite rivière de France, dans le bas Languedoc. Elle prend sa source au-dessus d’Usez, & à une lieue au-dessous de cette ville, elle se joint au Gardon, avec lequel elle se perd dans le Rhône.

AMA.

☞ AMA, ou AMAN. Ville de Syrie, autrefois très-belle & très-grande, aujourd’hui à moitié ruinée. On la nommoit anciennement Apamée. Voyez ce mot.

AMAAD, ou AMAD. Ancienne ville de la Terre-Sainte. Amaad. C’étoit une ville de la tribu d’Aser. S. Jérôme l’appelle Amath.

AMABILITÉ. s. f. Qualité dans l’humeur ou dans l’esprit, qui rend une personne aimable ; caractère d’une personne aimable. Amabilitas. Ce mot n’est pas fort usité.

AMABLE. s. m. Amabilis. Nom d’homme. Saint Amable. Patron de Riom en Auvergne, vivoit au Ve siècle. Il y a encore un S. Amé, Evêque d’Oléron, Amatus, qu’on nomme quelquefois Amable.

☞ AMABYR, ou AMUABYR. s. m. Ancien mot anglois, qui signifie le prix de la virginité. C’étoit un droit qui se payoit au Seigneur dans quelques provinces d’Angleterre par celui qui épousoit la fille d’un de ses vassaux.

AMACACHE. s. m. & f. Nom de peuple. Amacaxus, a. Les Amacaches habitent au midi du Brésil.

AMACAO. C’est la même chose que MACAO. Ville d’Asie, dans une ile de la Chine. Amacum.

AMACORE, ou AMACURA. Rivière de l’Amérique méridionale. Amacora, Amacura. Elle arrose la Caribane, & se décharge dans la mer du Nord, un peu à l’orient de l’embouchure de l’Orenoque.

AMACOZTIG. s. m. Grand arbre de la nouvelle Espagne, dont les feuilles semblables à celles du lierre, sont larges, épaisses, de couleur de pourpre, & presque faites en cœur. Le fruit qu’il porte ressemble à une petite figue. Il est aussi de couleur de pourpre, & plein de semences petites & rouges. Il y en a qui nomment cet arbre Texcalamalt, & d’autres Tepeamalt.

AMACUSA. Île du Japon. Amacusa. Elle est du royaume de Fingo, & c’est la plus grande de ce royaume. L’île d’Oyanau aboutit à celle d’Amacusa. Le Seigneur d’Amacusa est vassal du Roi de Fingo. Amacusa, dans la carte de Kœmpffer est au sud-ouest de l’île de Kiusis. Elle a au nord la partie de cette île, nommée Sen, & la ville d’Arima ; à l’orient, celle qu’on nomme Satzuma, l’île d’Amaxa entre deux ; à l’occident, Cabaxima & Cosique ; au sud, Kamiaosiki. Trois golfes qui entrent dans les terres, en forment comme trois péninsules. Kœmpffer la met sous le 159e degré de longitude, & entre le 31e 30, minutes, & le 32e de latitude.

On parle aussi d’une ville d’Amacusa, qui est apparemment la capitale de cette île. Kœmpffer ne la marque point dans sa carte.

☞ AMADABAT. Voyez Armadabat.

AMADAG. Montagne de l’Anatolie, ou Asie mineure. Stella. Elle est près de la ville d’Angouri, autrefois Ancyre.

☞ AMADAN. Pays dépendant du Roi de Perse, avec titre de royaume. Il est situé entre le royaume de Casbin & le Curdistan. La capitale, qui porte le même nom, a été autrefois plus considérable qu’elle n’est aujourd’hui. Texeira donne le nom d’Amedon au royaume & à sa capitale.

AMADÉISTE. s. m. Nom d’un Religieux Franciscain, frere Mineur d’une Congrégation particulière. La Congrégation des Amadéistes a retenu le nom de son fondateur le bienheureux Amédée, qui étoit d’une très-noble & ancienne maison de Portugal. Il commença sa réforme dans l’Etat de Milan. Il y bâtit des monastères, & établit une Custodie, dont néanmoins Paul II supprima le titre. Sixte IV, par un bref du 24 Mars 1471, accorda plusieurs priviléges à sa Congrégation. Cette Congrégation ne subsista pas long-temps. Jules Il & Léon X ordonnèrent aux Religieux de se réunir aux Observans ou aux Conventuels à leur choix. Cela n’eut point encore lieu, & ils se soutinrent jusques sous le pontificat de Pie V, qui les supprima entièrement. P. Hélyot. T. VII C. 7, 10, 12.

AMADES, ou HAMADES. s. f. pl. Terme de Blason. Lacinia, Fascia brevior. Ce sont trois listes plates, parallèles, chacune de la largeur d’un tiers de la face traversant l’écu en même situation qu’elle, mais qui ne touchent point aux bords d’un côté ni d’autre : c’est en quoi elles différent des jumelles.

☞ AMADIE. Ville d’Asie, qui n’est qu’à deux journées de Geziré, ville de la Mésopotamie.

AMADIS. s. f. Manche d’une veste d’homme, serrée, & boutonnée sur le poignet. On lui donna ce nom, parce qu’à la représentation de l’Opéra d’Amadis, les Acteurs avoient de ces sortes de manches.

☞ On donne encore le nom d’Amadis aux manchettes, dont les femmes en couche se couvrent les bras.

AMADONTE. Espèce de poire, qu’on nomme petit-oin. Voyez ce mot.

AMADOR. s. m. Ce mot, qui n’est plus d’usage, veut dire Amoureux.Amasius.

 
Ane mays no vie amador,
En sordel de vostre color. Peyre Guillem.

AMADOTE. s. m. Sorte de poirier qui porte des poires qu’on appelle Amadotes.

Amadote. Sorte de poire trouvée premièrement en Bourgogne, & appelée Amadote par abréviation & par corruption ; pour dire, de Dame Oudot, du nom d’une femme qui les aimoit, & qui en eut la première en ce pays-là. Ménage. L’Amadote a un assez grand parfum, mais il est renfermé dans une chair extrêmement dure, pierreuse, pleine de marc. La Quint.

AMADOU. s. m. Espèce de mèche noire qui vient d’Allemagne, & qui se fait avec cette sorte de grands champignons, ou d’excroissances fongeuses, que les vieux arbres produisent. Cette mèche est très-propre à recevoir & à entretenir le feu que l’on tire avec l’acier & le caillou frappés l’un contre l’autre. Le Traducteur du cours de Mathématiques de Wolf, écrit amadoue, & non amadou, & lui donne le genre féminin. T. III, p. 152, mais l’usage est pour amadou, subst. masc.

☞ AMADOUEMENT. s. m. Caresse, flatterie. Delinicio. Ch. Est. Dict. Ce mot n’est presque plus en usage.

AMADOUER. v. a. Flatter avec des paroles douces & attirantes. Blandiri, adulari, assentari. Il n’y a que les enfans & le peuple qui se laissent sottement amadouer. Ménage dérive ce mot de amatutare, inusité, qui a été fait de amatus ; d’autres de la phrase latine & flatteuse, amabo te.

Amadouer, signifie aussi quelquefois, adoucir, appaiser par de belles paroles. Lenire, delinire.

AMADOUE, ÉE. part. Lenitus, delinitus, ou Mollibus verbis captus, illectus. Regnier a dit, je devins aussi fier qu’un chat amadoué.

On dit quelquefois aussi, Amadoueur, de celui qui amadoue, qui flatte par des caresses. Delinitor. Mais ces trois mots ne peuvent passer que dans le discours familier.

AMADOURI. s. m. Sorte de coton qui vient d’Alexandrie par la voie de Marseille.

AMAG, AMAGER, AMACK. Amagria. Petite île de la mer Baltique. Elle est sur les côtes de celle de Zéelande, vis-a vis de Copenhague, dont elle n’est séparée que par un canal étroit qui se passe sur un petit pont levis. On appelle cette île, le jardin potager de Copenhague. Il y a un village hollandois, composé des descendans de ceux qui furent autrefois appelés pour faire du fromage pour la cour.

☞ AMAGOR. Ville d’Afrique, dans la province de Hea, au royaume de Maroc, sur une haute montagne.

AMAGUANA. s. f. Une des Lucayes, îles de l’Amérique septentrionale. Majaguana, Amaguana. Elle est dans la mer du Nord, au nord du détroit qui sépare l’île de Cuba, & celle de Saint Domingue. Les cartes de Delisle l’appellent Mayaguana.

AMAÏA. s. f. Ancienne ville des Cantabres, en Espagne. Amaja, Amagia. On n’en voit plus que les ruines dans la vieille Castille, vers les confins des Asturies, au nord de Diégo.

AMAIGRIR. v. a. Rendre maigre. Emaciare, Macie tenuare. Le vinaigre amaigrit ceux qui en boivent. Il est aussi neutre, & signifie, devenir maigre. Macescere, macrescere, emaciari. Ce malade amaigrit à vue d’œil, sa graisse diminue. Voyez Maigreur.

Amaigrir, ou Demaigrir. En termes de Maçonnerie & de Charpenterie, se dit de la coupe du bois, ou de la pierre qu’on fait en angle aigu. Imminuere, minuere. Et on dit au contraire, engraisser, quand cette coupe se fait en angle obtus.

Amaigrir. Terme d’Architecture. Voyez Demaigrir.

s’Amaigrir. Terme de Sculpteur. Imminui, contrahi. On dit d’une figure de terre, qu’elle s’amaigrit, lorsqu’étant nouvellement faite, elle vient à sécher ; parce qu’alors les parties se resserrent, deviennent moins grosses & moins nourries.

AMAIGRISSEMENT. s. m. Diminution d’embonpoint ; ou plutôt, état d’une personne qui passe de l’embonpoint a la maigreur. Macies, macror. Elle amaigrit tous les jours, & cet amaigrissement fait voir qu’elle se porte mal.

AMAITRE. Voyez Amatre.

AMALARIC. s. m. Amalaricus. Nom d’homme. Amalaric, Roi des Wisigoths, fils d’Alaric, tué par Clovis l’an 507, à la journée de Vouillé. Et par conséquent ce nom est goth, ou gothique ; & ce sont ces peuples qui l’ont apporté en France. Nous en avons fait Amalric, & puis Amauri.

AMALE. s. m. & f. Nom de la famille royale des Ostrogoths. Amalus, a. De même que les Lombards avoient parmi eux une famille appelée les Guningues, d’où ils tiroient leurs Commandans, les Bavarois, dans le même temps, avoient les Agilosingues ou Guelphes ; les Ostrogoths avoient les Amales. M. de S. Aubin. Voyez Jornandez, de rebus Getic. C. 5. Lazius dit que la famille des Amales, célébre parmi les Goths, avoit régné dans la Chersonèse Cimbrique avant J. C. De Migrat. Cent. L. IX. Id.

AMALEC. s. m. AMALÉCITE. s. m. & f. Nom de peuple dont il est parlé dans l’Ecriture. Amalec, Amalecites, Amalecita. Ce peuple habitoit au midi de la Terre promise, & s’étendoit depuis le désert de Pharan, jusque sur les bords de la mer rouge. Amalec se dit du peuple en général. I. des R. XV, 1, 2, 3. Dieu ordonna à Saül de détruire ce peuple. Amalécite se dit du peuple & des particuliers. Dieu réprouva Saül, pour n’avoir pas entièrement détruit les Amalécites. Une femme Amalécite. Le serviteur d’un homme Amalécite.

AMALES. f. plur. Amali. C’est le nom d’un des peuples qui composoient la Nation Gothique. M. Du Cange croit que du nom des Amales sont venus les noms d’Amalasunte, d’Amalafred, d’Amalaburge, d’Amalaric, &c. Jornandez parle des Amales comme d’un peuple considérable.

☞ AMALFI. Voyez Amalphi.

AMALGAMATION. s. f. Terme de Chimie. C’est la calcination de quelque métal, par le moyen du mercure. Action de dissoudre ou d’incorporer un métal avec le mercure. Elle se fait en mettant rougir dans un grand feu les lames de métal les plus déliées qu’on peut ; puis on verse dessus du vif-argent ; on remue la matière avec une petite verge de fer ; & quand on voit qu’il commence à s’élever une fumée, on jette le mélange dans un vaisseau plein d’eau, qui se coagule & devient maniable. Cette calcination est en usage parmi les Orfévres & les Doreurs, qui par ce moyen rendent l’or fluide & extensible sur les ouvrages qu’ils veulent dorer. Tous les métaux s’amalgament, excepté le fer & le cuivre. L’or retient environ trois fois son pesant de mercure. Les Chimistes dénotent cette opération avec une marque AAA. Boizard, dans son Traité des Monnoies, ne dit point Amalgamation, mais toujours Amalgame. Amalgame de l’or & de l’argent avec le mercure. Amalgame de l’or en chaux pour le vermeil doré ; ce qui fait croire qu’amalgame, au moins en termes de monnoie, est le seul, ou le plus en usage, ou que Boizard a tort. Voyez l’article suivant :

AMALGAME. s. m. Terme de Chimie. Matière calcinée par le moyen du mercure. Combinaison ou alliage du mercure avec quelqu’un des métaux. Hoffman dans ses notes sur Potier, se vante d’avoir le secret de dissoudre dans de l’eau commune un amalgame d’or & de mercure, par le moyen de la seule trituration, ensorte que tout l’amalgame se distribue dans les pores de la liqueur. Journal des S. Faites un amalgame de trois livres de mercure commun ressuscité du cinnabre. Homberg. Acad. des S. 1700. Mém. p. 191. Mettez cet amalgame en digestion pendant huit jours dans un matras. Id. Il est clair qu’amalgame, sur-tout dans ce second exemple, n’est pas la même chose qu’amalgamation, mais que c’est la matière amalgamée ; & de même dans les suivans. Distillez cet amalgame. Id. p. 192. Les eaux dans lesquelles on lave les amalgames, ne cessent d’être troubles & noires qu’après la sixième amalgamation.

AMALGAMER. v. a. Faire une amalgamation. Amalgamer de l’or. Ce mot vient du grec ἅμα, simul, ensemble, & γαμεῖν, jungere, joindre ensemble. Quand on veut employer l’or à dorer les ouvrages qu’on appelle de vermeil doré, on l’amalgame avec du mercure, & on l’emploie ensuite à ces sortes d’ouvrages. Boizard. On amalgame l’or en chaux dans un fourneau à vent ; on y met un creuset ; on charge le creuset de l’or en chaux, & on fait grand feu : quand l’or est en pâte, on jette dans le creuset deux fois autant de mercure qu’il y a d’or, on le couvre, & on retire aussi-tôt le creuset du fourneau. Lorsque le creuset est un peu réfroidi, on verse l’or & le mercure dans un vaisseau plein d’eau commune, d’où on le retire en pâte blanche, & on l’étend sur l’ouvrage à dorer. On met après cela l’ouvrage au feu sur une plaque ou grille de fer, où le mercure s’évapore, à mesure que l’ouvrage se recuit & rougit. Id.

AMALPHI. Malphi. Petite ville de la Principauté Citérieure, au royaume de Naples. Amalphis. Elle est sur le golfe de Salerne, au couchant de la ville de Salerne. Amalphi est la patrie de Flavio di Gioja, inventeur de la boussole. Amalphi a un archevêché. Voyez Francesco Pausa, Istoria d’Almafi. Les Italiens écrivent Amalfi. La côte d’Amalphi s’étend depuis le cap de Minerve, jusqu’à la ville de Salerne. Ora Amalphitana.

AMALTHÉE. s. f. Amalthea. Nom propre, 1.o d’une fille de Mélisse, Roi de Grèce, qui selon Lactance fut nourrice de Jupiter. 2.o Selon d’autres, d’une chèvre qui fut nourrice de ce Dieu. La corne d’Amalthée est la même chose que la corne d’abondance, si célébre chez les Poëtes, parce qu’ils feignent que Jupiter donna aux Nymphes qui avoient eu soin de son enfance une corne de la chèvre Amalthée, & que cette corne avoit la vertu de produire sur le champ tout ce que les Nymphes vouloient. On a pris pour cela une corne dans l’antiquité, pour signe d’abondance, de richesse & de fertilité. On en voit sur une infinité de médailles grecques & latines de tous pays : l’abondance, la fertilité, la fortune, & cent autres Divinités, ou Génies, portent aussi d’une main une corne d’Amalthée sur les médailles. Ces cornes d’Amalthée sont représentées pleines de feuilles, de fleurs, de fruits, & avec une pointe qui en sort.

Amalthée ; est encore le nom de la Sybille de Cumes.

Amalthée. s. m. Amaltheus. Nom d’homme.

Amalthée. s. m. Amaltheum, est un nom ou titre de différens livres. Il y a Amalthea Onomastica, Amaltheum Ciceronianum, &c. On a voulu signifier par-là des recueils abondans, par allusion à la corne d’Amalthée ou d’abondance.

AMAM. Ville de la Terre-Sainte. Amam. Elle étoit au midi de la tribu de Juda. Adrichomius l’appelle Aman ; mais le texte hébreu montre qu’il faut dire Amam, & qu’il faut la distinguer de Samaa. Jos. XV, 26.

AMAN. s. m. Terme de Coutume. Amanuensis. Voyez les Ordonnances de Metz. A Metz il y a des Notaires & des Amans : les Amans sont les Gardenotes. Bertram, cinquante-neuvième Evêque de Metz, y institua les Amans. De Lauriere.

Aman. Le mont Aman. Grande chaînes de montagnes, en Asie. Amanus mons. Ces montagnes s’étendent depuis la Méditerranée jusque vers l’Euphrate. Elles séparent la Syrie de la Cilicie & d’une partie de l’Arménie mineure. Du temps de Jules-César elles étoient habitées par les Cappadoces. Lucain, L. I. Venére feroces Cappadoces, duri populus nunc cultor Amani. Les portes du mont Aman sont le détroit ou le cou qui donne entrée dans la Cilicie. Amanicæ portæ. Portæ Syriæ. Portæ Cilicæ. Il est entre Ajazzo & Alexandrette. Allocan, Montcadi Scandérona, Monte Nécroth, ou Nécros, sont les différens noms que l’on donne aujourd’hui à ces montagnes. Le dernier leur a été donné de l’hébreu ou syriac נהר nahar, qui signifie, fleuve, parce qu’il y a dans ces montagnes grande abondance d’eaux.

Aman. Port de Barbarie, en Afrique. Amana. Il est sur la côte de l’Océan Atlantique, entre le cap de Ger & celui de Canthin. Il y a apparence que c’est le Missocaras de Ptolémée.

Aman. s. m. Terme de Relation. Nom d’une des ablutions en usage chez les Turcs. L’aman est le bain ordinaire. Ils le font dans des bains publics, dont l’entrée est permise aux Chrétiens mêmes & aux Juifs. Les hommes y vont le matin, & les femmes l’après midi. Bruyn. Ce mot est arabe : Hhaman, bain.

Aman. Voyez Amam.

AMANA. Montagne de Syrie, au nord de la Terre-Sainte. Amana. On dit que les rivières de Damas, Abana & Pharphar sortent de la montagne Amana.

Amana. C’est une des îles Lucayes. Amana. Elle est dans la mer du Nord ; c’est la plus orientale des Lucayes ; elle a au midi la partie orientale de Saint Domingue. M. de Lisle, dans ses cartes de l’Amérique, l’appelle Aumane, & la place sous le 310e degré de longitude, & au 20e degré, 20 à 30 minutes de latitude nord.

AMANBLUCÉE. s. f. Sorte de toile de coton que l’on tire du Levant par la voie d’Alep.

AMANCE. Bourg de Lorraine, en France. Amantia, Almantia, Almentia. Il est au nord de Nanci, sur une petite rivière qui porte son nom.

AMAND. s. m. Amandus. Nom d’homme.

AMANDE. s. f. Semence de tous les arbres à noyau, qui est enfermée dans une écorce fort dure, qu’on casse quand on la veut manger. Amygdala. Amande d’abricots. Amande de cerises. Amande de prunes. Le composé de ces deux parties, de la semence & de l’écorce ligneuse, s’appelle noyau.

Amande, est aussi un fruit particulier, qui est enfermé dans un gros noyau, & sous une écale. C’est le fruit de l’amandier. Il y a des amandes vertes ; des amandes confites, pelées. On fait du lait d’amandes, du massepain avec des amandes ; & de la pâte d’amandes, pour blanchir les mains. Le Médecin de Drusus, grand buveur au rapport de Plutarque, prenoit à chaque coup cinq amandes amères, pour appaiser les fumées du vin. L’huile d’amandes douces tirée sans feu est fort estimée. Voyez l’Histoire des Indes d’Acosta sur les amandes du Pérou. Ménage dérive ce mot de amandala, qui se trouve dans les Capitulaires. D’autres croient qu’elles sont ainsi nommées pour être venues d’Allemagne, à cause que Perceval en son Roman les nomme Allemandes. Il vaut mieux tirer ce mot du grec ἀμυγδαλον. Quelques-uns disent que les amandes amères concassées endorment les poules, ou les tuent, en sorte qu’on les prend facilement à la main ; & que c’est un secret de Bohémiens, aussi-bien que le marc d’amandes dont on a tiré l’huile, qui leur est un poison dangereux, quoiqu’il ne nuise point aux autres animaux. Il y a aussi de certaines dragées qu’on nomme amandes lissées, qui sont des amandes couvertes de sucre fondu ; des amandes à la prâline, qui sont fricassées au sucre en conserve avec la peau. On les appelle Prâlines, d’un sommelier du Maréchal du Plessis-Prâlin, qui le premier s’est avisé de les préparer de cette façon. Quand on fait des amandes à la prâline, il les faut remuer toujours avec une spatule, jusqu’à ce qu’elles aient bien pris tout le sucre, & qu’elles soient bien prâlinées. On pèle les amandes vertes pour en faire des compotes, ou confitures, de la même manière que les abricots, excepté qu’il faut se servir de lessive, & non point de sel. La compote d’amandes vertes se fait comme celle d’abricots ; & quand elles ont pris leur vert, il faut les achever promptement, de peur qu’elles ne noircissent. Chom. La pâte d’amande sert à décrasser les mains. A l’égard des amandes amères, on prétend qu’elles empoisonnent les renards, les poules, & les écureuils : on la donne dans les coliques néphrétiques, & dans la pleurésie. Extérieurement on s’en sert pour les maux d’oreilles. Amygdalus vient du mot grec ἀμύϰα qui signifie une gersure, à cause que la première écorce, ou le bon fruit de l’amandier, se gerse & se fend.

Amande. s. f. Les Lapidaires & Miroitiers appellent aussi Amandes, les morceaux de cristal de roche, ou de cristal fondu, qu’ils ont taillés au rouet, d’une figure approchante de ce fruit. On s’en sert dans la monture des lustres de cristal à en faire des pendans qu’on mêle avec les boules.

Amande, en terme de Fourbisseur, est cette partie de la branche d’une garde d’épée qui en occupe le milieu, de figure un peu ovale, comme la poignée & enrichie de divers ornemens.

Amandes. C’est aussi un fruit qui sert de basse monnoie dans plusieurs endroits des Indes orientales, particulièrement où les Cauris, ces petites coquilles qui viennent des maldives, n’ont point de cours. Ces amandes croissent dans les déserts du royaume de Lar, autrement dans la Caramanie déserte ; d’où elles sont transportées à Ormus, île du golfe Persique : & de-là elles se répandent dans une grande partie des Indes.

Amande. Sorte de peine pécuniaire. Voyez Amende.

AMANDEMENT. Voyez Amendement.

AMANDER. Voyez Amender.

AMANDÉ. s. m. Terme de Médecine. ☞ Boisson fort agréable au goût, propre à adoucir les âcretés du sang, à humecter la poitrine, à procurer le sommeil. Elle est composée de deux onces d’amandes dépouillées de leur écorce, qu’on pile & qu’on dissout dans huit ou dix onces de décoction d’orge mondé, ou dans de l’eau de veau ou de poulet, qu’on passe dans un linge, & où on mêle un peu de sucre & d’eau-rose. Potio Amygdalina. Les Dames s’en servent pour conserver leur santé & leur embonpoint.

AMANDELIER. s. m. Autrefois on appeloit ainsi l’arbre que nous nommons maintenant amandier. Borel.

AMANDIER. s. m. Amygdalus. Arbre qui s’élève assez haut & qui devient gros à proportion : il est branchu : son tronc est assez droit, & revêtu d’une écorce un peu raboteuse, sur-tout dans les vieux pieds. Ses feuilles sont alternes, longues comme le doigt, étroites, terminées en pointe, dentelées légérement sur les bords, d’un vert un peu brun & luisant par-dessus, plus pâles par-dessous, & d’un goût amer. Ses fleurs sont à cinq pétales, disposées en rose dans les échancrures du calice, qui est un godet découpé en cinq pointes. Le pistil devient un fruit charnu, renfermant un noyau dans lequel se trouve l’amande qui est la semence. La partie charnue & extérieure, est celle où le brou de ce fruit s’entrouvre dans sa maturité selon sa longueur. Alors le noyau paroît & s’en échappe. Entre les Amandiers, les uns sont à semences douces, les autres à semences amères : on en remarque encore certaines espèces, dont les semences sont plus grosses ou plus menues, ou dont les noyaux sont plus ou moins durs. Les amandes douces sont incrassantes & adoucissantes : on les met dans les émulsions. Leur huile nouvellement tirée sans feu est employée pour purger les enfans, pour appaiser les coliques, les vomissemens, & pour arrêter les mauvais effets des poisons corrosifs. Extérieurement on en frotte les parties où l’on sent de la douleur. ☞ L’amandier sert à recevoir les greffes du pêcher & de l’abricotier.

☞ AMANDOURI. Sorte de coton venant d’Alexandrie par la voie de Marseille.

AMANG-BASSI. s. m. Terme de Relation. C’est un Officier du Grand-Seigneur. Lavator & Extersor. C’est un des Agalaris du Grand-Seigneur, qui se tiennent dans la quatrième chambre du sérail, & qui sont immédiatement destinés pour le service de sa personne. Son office est de le laver & de le frotter fort proprement lorsqu’il sort du bain. A. D. S. M.

AMANGUCHI. Ville du Japon. Amangucium. Elle est dans l’île de Niphon, & elle a un bon port sur la côte orientale d’une contrée appelée Jamaysoit. Amanguchi est la capitale du royaume de Naugato, & une des plus riches villes du Japon, non-seulement par le trafic des étrangers, qui y abordent de tous les côtés ; mais aussi par les mines d’argent qui y sont en abondance, & par la fertilité du terroir. Bouhours, Xav. L. V. Amanguchi est à cent lieues de Firando. Id.

AMANSE. C’est un terme barbare, inventé par quelques Chimistes, pour signifier des pierres précieuses contrefaites. Harr. Le même Auteur dit aussi Amonse.

☞ AMANT, ANTE. s. Celui ou celle qui témoigne de l’amour. Amator, Amatrix. Tous les pas d’un Amant content sont des démarches languissantes. S. Evr. Dans les premières passions les femmes aiment l’Amant, & dans les autres elles aiment l’amour. Ne désespérez point une Amante en furie. Rac. Entre Amans tout plaît, tout est parfait. La Font. Est-il rien de plus divertissant que toutes les grimaces & les diverses postures d’un Amant qui cherche à plaire.

☞ AMANT, Amoureux, synonymes. Il suffit d’aimer, dit M. l’Abbé Girard, pour être Amoureux. Il faut témoigner qu’on aime pour être Amant. On devient amoureux d’une femme dont la beauté touche le cœur. On se fait Amant d’une femme dont on veut se faire aimer. On est souvent très-Amoureux sans oser paroître Amant. Quelquefois on se déclare Amant sans être Amoureux. Il est difficile d’être Amoureux de deux personnes en même temps ; il n’y a que la Philis de Siro qui se soit trouvée dans le cas d’être Amoureuse de deux hommes, jusqu’à ne pouvoir donner ni de préférence, ni de compagnon à l’un des deux. Mais il n’est pas rare de voir un Amant servir tout à la fois plusieurs maîtresses ; on en a vu qui ont poussé le goût de la pluralité jusque dans le mariage. On peut encore être Amoureux d’une personne & Amant de l’autre. On parle à celle que l’intérêt engage à rechercher, tandis qu’on soupire pour celle qu’on ne peut, ou qu’il ne convient pas d’épouser.

☞ Ajoutez à ces différences que le mot d’Amant est substantif, au lieu que celui d’Amoureux est adjectif. Ce n’est que parmi le peuple qu’on dit mon Amoureux, pour dire, mon Amant.

Amant & Galant, synonymes, Voyez au mot Galant les idées accessoires qui caractérisent ces deux synonymes.

On appelle un Amant transi, un Amant langoureux, qui porte sur le visage toutes les marques d’une violente passion, & que les rigueurs d’une maîtresse font languir.

On le dit aussi dans la spiritualité, de l’amour de Dieu. On appelle les âmes saintes, les chastes amantes de Jesus-Christ. Magdeleine, l’une des plus illustres pénitentes de l’Eglise de Dieu, & si j’ose user de cette expression, l’une des plus saintes amantes de Jesus-Christ. Bourdal. Exhort. I, p. 138.

O toi, céleste Amant, objet de leur ferveur,
Dieu devenu mortel, adorable Sauveur ! Anonyme.

L’esprit prend sur la chair un souverain empire.
Et va légérement, déchargé de son poids,
Par les âpres chemins des amans de la Croix. Id.

Amans, se dit au pluriel, de deux personnes de différent sexe, qui s’aiment. Le mariage entre ces deux amans est résolu.

Où sont ces deux amans, pour couronner ma joie,
Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie. Rac.

AMANTÉA, Amanthéa. Petite ville du royaume de Naples. Amantea, Amantia, Adamantia. Elle est sur la côte de la Calibre citérieure, à l’embouchure de la petite rivière d’Oliva, vers les confins de la Calabre ultérieure. Il croît quantité de cannes à sucre dans le territoire d’Amantéa.

AMANTER & AMANTEVOIR. v. a. Vieux mot, qui veut dire raconter. Narrare, referre.

☞ AMANUENSIS, ou Servus à manu, chez les Romains, Secrétaire. Et ad manum servus, esclave qui étoit propre à tout, & employé à toutes sortes d’usages.

AMANSIRIFDIN, ou Zirifdin. Ville de l’Arabie heureuse. Amanzirifdinum. Elle est dans la principauté d’Oman, dont elle est capitale, & à la source du Prim.

AMAPAIA. Contrée de l’Amérique méridionale. Amapaia. Elle est dans la partie méridionale de l’Andalousie nouvelle, près de l’Orénoque ou fleuve de Paria.

AMARA, ou Amahara. Amahara. Il y a Amara, ville capitale du royaume d’Amara, située sur la montagne d’Amara. Le royaume d’Amara est dans l’Abissinie, en Afrique, au midi de ceux de Bagamédri & de Beleguanze ; c’est un pays fort montagneux. La montagne d’Amara est une montagne de ce royaume, extrêmement haute & de très-difficile accès. Au sommet de la montagne il y a une belle & grande plaine, dans laquelle est la ville d’Amara.

☞ AMARACINON. Onguent, ou plutôt baume précieux, préparé avec des huiles essentielles & des substances aromatiques, dont on faisoit autrefois usage. Amaracinum. (Sous entendu) oleum ou unguentum. Amaracum. Plante, Marjolaine.

AMARA-DULCIS. s. f. C’est une plante qui pousse des sarmens longs ordinairement de deux ou trois pieds, grêles, ligneux & fragiles, qui montent & embrassent les arbrisseaux voisins, ou rampent par terre, couverts d’une écorce verte pendant qu’ils sont encore jeunes, mais qui en vieillissant devient blanchâtre & rude par dehors, & d’un très-beau vert au-dedans. Son bois est fragile & moelleux. Ses feuilles sont rangées alternativement le long des branches, &c. Ses fleurs naissent en ombelles au sommet des branches ; elles sont petites & de mauvaise odeur, mais agréables à la vue, de couleur bleue tirant sur le purpurin, rarement blanches. Chacune de ces fleurs est une rosette découpée en cinq parties étroites & pointues, qui se recourbent en dehors, du milieu desquelles s’élevent des étamines jaunes. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succède des baies ovales, molles, pleines de suc, rouges comme du corail lorsqu’elles sont mûres, d’un goût désagréable, & remplies de petites semences plates & blanchâtres. Sa racine est fibreuse.

AMARAJAPUR. Ville autrefois célébre, à présent ruinée, dans l’île de Ceilan.

AMARAND. s. m. & nom d’homme. Amarandus, Amaranthus. S. Amarand, autrement appelé Amaranthe, est célébre parmi les Martyrs qui ont honoré l’Eglise des Gaules. Baill.

AMARANTE, ou Amaranthe. (L’Académie écrit Amaranthe.) s. f. Amarantus, ou Amaranthus. Plante annuelle qu’on nomme autrement Passe-velours, & Fleur d’amour, & que l’on cultive dans les jardins, à cause des belles variétés de ses fleurs, qui sont tantôt couleur de feu, tantôt cramoisi, tantôt pourpre, tantôt jaune doré ou jaune pâle, & quelquefois blanches ou argentées, disposées en épi dans la plupart des espèces, dans d’autres en panicule ou crête de Coq. Chaque fleur est composée de plusieurs pétales disposées en rond autour du pistil, qui devient une coque membraneuse, arondie, qui s’ouvre transversalement en deux, & qui renferme quelques semences menues, arondies, tantôt blanches, tantôt carnées, & le plus souvent noires ; ses feuilles sont oblongues, pointues, vertes, & quelquefois teintes d’un rouge brun. On nomme Amarante tricolor une espèce qui est remarquable par des taches rouges, jaunes & vertes, qui sont assez également répandues sur ses feuilles. Ses fleurs qui sont verdâtres, naissent par paquets dans les aisselles des feuilles.

En latin, amarantus, qui vient du Grec ἀμάραντος, qui est composé de l’α privatif, & de μαραίνω, qui signifie flétrir. C’est pourquoi Ménage & le P. Tachard ont raison de dire qu’il faut écrire amarante & amarantus sans h. Ce mot signifie une fleur qui ne se flétrit point : en effet les épis de la plupart de ces espèces ne perdent pas en se séchant toute la vivacité de leurs couleurs ; on diroit souvent que ce sont des morceaux de panne ou de velours ; & c’est aussi de-là que leur vient le nom de Passe-velours, que les Fleuristes leur ont donné. L’Amarante & l’immortelle sont deux genres de plantes bien différens ; & on ne doit point les confondre. On dit l’Amarante à crête de Coq.

Amarante. Couleur d’Amarante, ou Amarante ; car il est aussi adjectif en ce sens. Un tafetas amarante, comme un tafetas cramoisi. On le dit des étoffes de couleur d’amarante. L’Amarante est le symbole de l’immortalité chez les Poëtes.


Ta louange dans mes vers
D’Amarante couronnée,
N’aura sa fin terminée
Qu’en celle de l’Univers.


Les Amarantes veulent être semées & élevées sur une couche modérément chaude, avec les cloches de verre, au commencement d’Avril. Quand elles auront deux pouces de haut, & quatre ou cinq feuilles, il faut leur donner de l’air, en élevant les cloches sur des fourchettes. Lorsque les nuits seront chaudes, on ôtera entièrement les cloches, & on les mettra le matin sur les fourchettes. Tout cela se fait durant un mois ou six semaines. Quand les Amarantes sont fortes, & le temps doux, c’est-à-dire, environ la fin de Mai, ou le commencement de Juin, on les transplante où l’on veut avec leur motte, en temps de pluie, s’il se peut. C’est ainsi qu’il faut les gouverner, quand on veut les avoir de bonne heure, c’est-à-dire, au mois de Juillet. Si l’on ne veut les avoir qu’au mois d’Août, il faut les semer en pleine terre bien amendée, & composée d’un tiers de sable, mis dans des pots au commencement de Mai. Chom. Les Persans appellent l’Amarante, Rostanafruz, la lumière des jardins, à cause de sa couleur de pourpre. D’Herb.

AMARANTE. Espèce d’Ordre de Chevalerie institué en Suède par la Reine Christine, en 1653, après une fête qui se fait tous les ans en Suède, & qui s’appeloit Wirtschaft ; c’est-à-dire, divertissement de l’Hôtellerie, & qui consistoit en repas, en bals, en mascarades, & autres divertissemens semblables, qui duroient depuis le soir jusqu’au matin. La Reine, qui trouva ce nom trop bas, le changea en celui de Fête des Dieux, parce que chacun représentoit quelque Divinité, selon que le sort en décidoit. La Reine prit le nom d’Amarante ; c’est-à-dire, immortel, & se mêla parmi la jeune noblesse, qui, habillée en Nymphes & en Pasteurs, servoit les Dieux à table. A la fin de la fête, la Reine changea tout à coup d’habit, & ordonna que celui qu’elle quittoit, & qui étoit tout couvert de diamans, fut mis en pièces & donné aux masques ; & en mémoire d’une fête si galante, elle institua une espèce de Chevalerie nommée en Suédois Geselchafft. Tous ceux qui avoient été de cette fête, y furent admis ; c’est-à-dire, seize Seigneurs & autant de Dames, sans compter la Reine. Elle leur donna pour marque le Chifre d’Amarante, composé d’un double A, l’un droit & l’autre renversé, & entrelacé l’un dans l’autre, & enfermé dans une couronne de laurier, avec ces mots Italiens, dolce nella memoria, qui signifient, le souvenir en est agréable. Ashmole Anglois, dans son traité de l’Ordre de la jarretière, parle de celui de l’Amarante, mais peu exactement, & se trompe dans l’époque de son origine, qu’il place à l’an 1645, au lieu de 1653. Voyez Bernard Justiniani, dans son Histoire Italienne des Ordres Militaires, Ch. 85, 9.

AMARANTE. s. m. Nom propre. Voyez Amarand.

AMARANTE. s. f. Terme de Fleuriste. Tulipe qui a un fond blanc, sur lequel s’étendent des panaches amarantes.

On appelle aussi Amarante, la teinture qui imite la couleur de cette fleur. Amaranti color.

Amarante, est aussi un nom que les Poëtes donnent à leurs maîtresses dans les vers qu’ils leur adressent.

AMARANTE. s. m. Peuple ancien de la Colchide qui habitoit une montagne de même nom. Amaranti. Le Mont Amarante. Mons Amarantius.

Amarante. Petite ville de Portugal. Amaranthus. Elle est dans l’Entre Douro & Minho, près de la province de Tra-los-Montes, sur le Lamégo, entre Braca & Lamégo.

AMARANTINE. s. f. Terme de Fleuriste. Sorte d’anémone dont les grandes feuilles sont d’un rouge blafard : c’est encore, en termes de Fleuriste, une tulipe panachée de pourpre, sur du blanc, & la peluche d’une amarante brune, sur laquelle vient quelquefois une houppe ou floquet incarnadin. Morin.

AMARILLIS. s. f. Nom de femme. En termes de Fleuriste, c’est une espèce des œillets piquetés. L’Amarillis, l’Agréable, la belle Amynte, & l’Etoile du jour, sont quatre piquetés à peu près de même sorte, & ne different que par leur couleur & leur feuillage ; mais non pas en largeur, ni en grosseur. C’est aussi une Tulipe qui a trois couleurs, rose sèche, pourpre foncé & blanc.

AMARINER. v. a. Terme de Marine. C’est envoyer dans un navire pris, des officiers, des soldats & des matelots à la place de ceux qui y étoient, & qu’on a faits prisonniers. J’eus une peine infinie à amariner ces deux vaisseaux. Du Gué Trouin. Le troisième se rendit à la fin, & nous les amarinâmes tous trois d’une façon à se défendre, s’il en étoit besoin. Id. Je chargeai le Chevalier de Nesmond & mon frere, d’achever d’amariner le vaisseau pris. Id.

AMARITUME & AMARITUDE. s. f. Ce mot n’est plus d’usage, il veut dire Amertume. Borel.

AMARMOCHDI. Ville du Zenguebar, en Afrique. Amarmochedum. Elle est dans le royaume de Mélinde, à la source de Quilimanco.

AMARQUE. s. f. Autrement, Bouée, ou balise. Marque, signal, soit par un tonneau flottant, soit par un mât élevé, pour avertir les vaisseaux qui font route, de s’éloigner pour ne pas échouer, & pour éviter les bancs, ou les rochers. Signum.

AMARRAGE. s. m. Terme de Marine. C’est l’ancrage, ou le mouillage des vaisseaux. La science d’un Pilote est de bien faire ses amarrages. Ancoræ jactus, appulsus, c’est-à-dire, d’ancrer en bon lieu. ☞ C’est aussi l’attache des agrès avec des cordages. Faire un amarrage, pour exprimer qu’on attache, ou qu’on arrête quelque chose. On appelle ligne d’amarrage, une petite corde goudronnée. Toutes sortes de cordages sont propres à cet usage.

Amarrage, signifie aussi l’endroit où deux grosses cordes, ou la même mise en double, est liée par une petite. Nodus, vinculum.

☞ AMARRE. s. f. Terme de Marine. Cordage servant à attacher un vaisseau, ou diverses choses dans le vaisseau. Les amarres d’un vaisseau. Retenir le canon avec des amarres. Funis nautricus, rudens. On lie un cable avec des amarres. On dit qu’un vaisseau a toutes ses amarres dehors, pour dire, qu’il a mouillé toutes les ancres.

Amarre-de-bout. Cable ou grelin qui est au-devant du vaisseau avec son ancre.

Amarre. Commandement à un matelot de ne plus tirer une manœuvre, mais de la tourner ou attacher à un endroit désigné. Amarre stribord, amarre bas bord, pour commander de lier ou attacher une manœuvre à droite ou à gauche.

AMARRER. v. a. Terme de Marine. C’est lier ou attacher fortement avec une amarre, un cordage, soit un vaisseau, soit quelqu’une de ses parties, ou de ses agrès. Rudente, fune nautico ligare navim. Dans la pêche des perles, chaque plongeur porte un grand rets en forme de sac, suspendu à son cou par un long cordage, dont l’extrémité est amarrée sur le bord de la barque. P. Le C. Ce mot vient d’amarr mot bas breton, qui signifie lien.

Amarrer, a les mêmes significations sur les rivières. C’est toujours attacher par le moyen d’un cable ; mais fermer est plus usité. Les voituriers par eau entendent par amarrer, s’approcher de terre.

AMARRÉ, ÉE. part. Ligatus.

AMARRES, en Architecture, sont deux morceaux de bois qui ont une ouverture dans le milieu, pour y faire passer le bout d’un moulinet. Chelonia. On les appelle hoches ou boîtes ; & les Charpentiers de Paris jouières.

AMARUMAIA. Rivière de l’Amérique méridionale. Amarumaia. Elle a sa source près de Cusco, dans le Pérou ; elle entre dans le pays des Amazones, & va se joindre au fleuve de ce nom, un peu au-dessous des Hamagues ou Homagues.

AMAS. s. m. Multitude de choses, soit de même nature, soit d’une nature différente, assemblées en un même lieu. Acervus, cumulus. Il faut faire un grand amas de matériaux avant que de commencer à bâtir. L’alluvion se fait par un grand amas de gravier, de limon, qui s’arrête en quelque lieu. Colluvies. L’amas de mauvaises humeurs dans le corps cause les abscès, les maladies. Collectio. Que sert à un avare l’amas de tant de richesses qu’il faut qu’il quitte ? La plus grande partie de la Philosophie humaine n’est qu’un amas d’obscurités, d’incertitudes, ou même de faussetés. Nicol. La vie n’est qu’un amas de craintes, de douleurs, de travaux, de soucis, de peines. M. Desh.

Tout ce pompeux amas d’expressions frivoles.
Sont d’un déclamateur amoureux de paroles. Boil.

Ce long amas d’aïeux que vous diffamez tous,
Sont autant de témoins qui parlent contre vous. Id.

Un long amas d’honneurs rend Thesée excusable. Rac.

Il se dit aussi des personnes. Collectio. Ce Prince fait un grand amas de troupes, de soldats, pour faire la guerre.

AMASÉE. Ville du Pont. Amasia, en grec Ἀμασία. Elle étoit dans le nord du Pont, comme le témoigne Strabon dans le XIIe livre de sa Géographie. Il est d’autant plus croyable, qu’il étoit d’Amasée, comme le dit Etienne de Bysance, & comme Strabon lui-même l’insinue à l’endroit que l’on vient de citer, en l’appelant notre ville. Il dit que c’étoit une des meilleures villes du Pont & des plus peuplées. Gélase de Cyzique, dans son Histoire du Concile de Nicée, L. I. C. 10, dit qu’elle fut ruinée par Licinius, comme toutes les autres villes du Pont. Ce fut dans cette persécution que saint Balise, Evêque d’Amasée, souffrit le martyre. Dans le Concile de Calcédoine, Act. I., Eusébe, Evêque d’Amasée, dans la traduction latine est dit, Amasiæ civitatis Metropolitanæ ; mais dans le grec il y a seulement, Ἀμασείας.

AMASÉEN, ENNE. s. m. & f. Qui est d’Amasée. Amaseus, a, um. Strabon le Géographe, Philosophe Stoïcien, étoit Amaséen. On disoit aussi, Amaséote, Amaseotis. Voyez Etienne de Bysance.

AMASEMENS. s. m. pl. Terme de quelques Coutumes. Edifices, bâtimens, maisons.

AMASEN. Ville de la Nigritie, en Afrique. Amasenum. Elle est dans le désert, sur le lac de Botno, & est capitale du royaume qui porte son nom.

AMASIE. Ville ancienne de l’Anatolie, ou Asie mineure. Amasia, Amasea. Elle est sur le Casalmalch, dans l’Amasie, ou Beglierbelik de Siwas, contrée de l’Anatolie. Amasie a eu un archevêché. Le Martyrologe Romain, au 13 Janvier & 26 Avril, la met dans le Pont, sous l’empire de Licinius. C’est apparemment la même qu’Amasée.

☞ AMASSER. v. a. Faire un amas. Voyez ce mot. Colligere. On le dit des choses & des personnes. Appliqué aux choses, il désigne une quantité de choses assemblées dans un même lieu. On amasse des matériaux pour bâtir. Un avare amasse de l’argent. En parlant des personnes, c’est en assembler beaucoup. Un Charlatan amasse la canaille autour de lui. On amasse des troupes pour faire la guerre. Quand amasser est mis sans régime, on sous-entend toujours argent. Cet avare ne fait qu’amasser.

La vieillesse chagrine incessamment amasse. Boil.

☞ On dit figurément amasser des preuves dans une affaire, amasser des matériaux pour un ouvrage ; pour dire, rassembler.

Amasser, signifie encore relever de terre ce qui y étoit tombé. On amasse les fruits qui tombent des arbres. Plutarque n’amasse que les fleurs qui se trouvent sous ses pas, & ne se détourne point de son chemin pour en aller chercher d’autres. Les Glaneurs vont amasser les épis qui sont restés sur le champ, après qu’on a enlevé les gerbes. On amasse ses gants, son chapeau.

☞ Cependant on se sert ordinairement du mot ramasser dans ce sens ; & il est beaucoup plus en usage, quoiqu’en dise Ménage, qui prétend qu’on dit à la cour, amassez mes gants, & non pas ramassez mes gants. Si c’étoit l’usage de son temps, l’usage a changé.

Amasser, est aussi réciproque. Le peuple s’amasse autour des charlatans. Confluere. Le sable qui s’amasse peu-à-peu dans le port, le comblera un jour. Toutes les eaux s’amassent en cet endroit. Les maladies viennent des mauvaises humeurs qui s’amassent dans le corps. Nicod dérive ce mot du grec ἀμάω, accumulo ; ou de l’hébreu massach, qui signifie mêler. Ménage le dérive du latin admassare, fait de massa. Cependant il vaut mieux tirer ce mot du grec ἀμάω, colligo, qui vient de l’adverbe ἅμα, simul, ensemble.

AMASSÉ, ÉE. part.

AMASSETTE. s. f. Petit outil de bois, ou de corne, qui sert aux Peintres & à ceux qui broient les couleurs, à amasser les couleurs sur la pierre quand ils les broient. Cornu pigmentis legendis.

AMASTRIS. Ancienne ville de Paphlagonie. Amastris. Elle étoit sur la côte méridionale du Pont-Euxin, un peu à l’orient de l’embouchure du Lycus. Les médailles d’Amastris ne sont pas communes. La seule que j’ai vue porte d’un côté un bouclier en écailles, au milieu duquel est une tête de Méduse. Au revers une victoire, qui de la main droite tient une couronne, & de la gauche une palme, qui porte sur son épaule, avec ce mot ΑΜΑΣΤΡΕΩΝ. Il en est d’ΑΜΙΣΟΥ, qui ont précisément les mêmes types. On l’appelle aujourd’hui Tamastro. Elle s’appelle aussi, Amastre, Amastrum. Elle est au 60 d. 43 m. de longitude, & 44 d. 25 m. de latitude. Elle a eu un Evêque.

Il y a aussi un fleuve de ce nom, Amastris, qui arrose la Bithynie & le Pont.

AMATALIDE. s. f. Nom de femme. Amatalis. Ce mot est syriac, composé de amma, ou ama, qui signifie mere ; & de Talis, nom propre. Ainsi Amatalide, c’est la mere, ou l’abbesse Talide. Voyez Aimée. M. Buleteau la nomme Sainte Amme Talide, à la marge de son Histoire Monastisque d’Orient, comme si c’étoit un nom & un surnom. Chast. 5. Févr. C’est une faute.

AMATELOTER. v. a. Terme de Marine. C’est donner un compagnon à chaque homme de l’équipage, ou associer les matelots deux à deux, afin qu’ils se soulagent l’un & l’autre, & qu’ils servent chacun à leur tour. Nautas binos componere.

AMATEUR. s. m. Qui aime quelque chose. Amator. Il ne se dit point de l’amitié, ni des personnes. Ce terme est propre pour désigner les personnes des belles-lettres, qui ont du goût pour les Sciences, qui s’y appliquent & les cultivent. Il est amateur de l’étude, des curiosités, des tableaux, des coquilles. Amateur de la musique, des beaux arts. Il nous manque de voir manier la science de l’éducation des enfans par un amateur qui puisse pénétrer le lecteur des sentimens dont il est animé. Merc. Avril 1736. Le peuple est amateur de nouveautés. Les Indiens sont fort amateurs de la Poësie. Lettr. Ed.

On donne particulièrement ce nom aux curieux de tableaux, de desseins, d’estampes, de pierres gravées, de coquilles & autres raretés. M. Quentin de l’Orangère a mérité à juste titre la qualité d’Amateur. Gersaint. Lorsque cette curiosité va jusqu’à troubler le repos de l’amateur, jusqu’à devenir le terme de tous ses désirs, & l’objet de toutes ses dépenses ; je ne sais si cette passion ne tient pas de la cupidité & de l’avarice. Des Fontaines. La recherche des tableaux n’est, à proprement parler, que ce que les amateurs appellent la petite curiosité. Idem. Un homme d’esprit connoisseur & amateur a publié depuis peu l’éloge de M. Lancret son ami, Peintre du Roi. Jugemens sur quelques ouvrages nouveaux. Dans l’Académie de Peinture & de Sculpture, il y a des Académiciens auxquels on donne la qualité d’Amateur. Ils ont rang après le directeur, le chancelier, le recteur & les adjoints au recteur. Ils ne sont ni Peintres, ni Sculpteurs, mais amateurs de ces arts, & répondent en quelque sorte aux honoraires des autres Académies.

Amateur, est aussi un nom d’homme. Saint Amateur, dit vulgairement saint Amatre, ou Amaitre, Evêque d’Auxerre. Baill. I. Mai.

AMATHÉEN, ENNE. s. Habitant de la ville ou de la région d’Emath, ou d’Amath. Amatheus. Voyez Émath.

AMATHITE. Région que l’on croit être la même qu’Emath. Voyez ce mot. Amathites. Il sortit de Jérusalem, & les rencontra dans la contrée Amathite. I. Mach. XII, 25.

AMATHUS, ou AMATHONTE. Amathus. Ville de Chypre, où Vénus étoit honorée. ☞ Elle y avoit un superbe temple où l’on sacrifioit d’abord les étrangers sur ses autels. Cette cruauté irrita tellement la Déesse, qu’elle changea tous les habitans en taureaux, afin qu’ils servissent eux-mêmes de victimes dans ses sacrifices. Elle ôta même toute pudeur à leurs femmes, pour les punir du mépris qu’elles avoient témoigné pour ses mystères, ensorte qu’elles se prostituoient au premier venu. Quelques-uns croient que c’est aujourd’hui Limisso.

AMATHYSTE. Voyez Améthiste.

AMATIQUE. Ville autrement nommée Saint Thomas de Castille. Amatiqua, Fanum Sancti Thomæ Castellani. Elle est dans la province des Honduras, dans l’Amérique méridionale, à quelques lieues de la mer du Nord.

AMATIR. v. a. Terme d’Orfévre. C’est rendre mat, ôter le poli, laisser l’or ou l’argent sans le polir, ou le brunir. Aurum impolitum reddere. Amatir se dit proprement de l’or : à l’égard de l’argent, on dit plus souvent blanchir.

☞ AMATI, IE. part.

AMATITUE. Rivière de la nouvelle Espagne, dans l’Amérique septentrionale. Amatitucus. Elle arrose la province de Soconusco, & se jette dans la mer du Sud, entre la rivière de Colalte, & celle de Quicatian.

AMATO, ou LAMATO. Rivière de la Calabre ultérieure, au royaume de Naples. Amatius, Lametus. Elle sort de l’Apennin, baigne la ville de Nicastre, & se décharge dans le golfe de Sainte-Euphémie, un peu au midi du bourg de ce nom.

AMATRE. s. m. Nom d’homme qui s’est fait par corruption d’Amator, latin. Voyez Amateur. Saint Amatre, connut par révélation que sa fin étoit proche, & que Germain devoit lui succéder. Fleury.

AMATRICE. Ville de l’Abruzze ultérieure, au royaume de Naples. Amatricium, Amatrice, Amatricæ. Elle est à la source du Tronto, peu éloignée d’Aquila.

AMATZQUITL. s. m. Plante dont la substance est légère comme celle du figuier. Ses feuilles ressemblent à celles du citronnier, mais elles sont velues & plus pointues. Son fruit est aussi gros qu’une noix, divisé en graines blanches de la même figure que celles de la figue. Cette plante croît dans les pays chauds, comme à Chietla. L’écorce de sa racine en décoction, est extrêmement salutaire dans les maladies fébriles.

AMAURI. s. m. Nom d’homme. Amalaricus, Amalricus. Ce mot nous est venu des Goths, qui disoient Amalaric, comme je l’ai dit ailleurs. Nous en avons fait Amalric : puis changeant al en au, comme il arrive souvent, nous avons dit Amauric, & enfin Amauri. Et en effet on dit Amalaric, ou Amauri, Roi des Visigoths au VIe siècle. Amauric, ou Amauri, est donc en françois la même chose qu’Amalric en langage gothique. Mont-fort l’Amauri. Un Professeur de l’Université de Paris, nommé Amauri, natif de Béne, au diocèse de Chartres, après avoir enseigné la logique & les arts libéraux avec réputation, se crut en état de passer à la théologie. Il aimoit les opinions qui frappent par leur singularité & leur nouveauté. Il forma une secte assez ressemblante à celle des Albigeois. Il ne fut pourtant attaqué juridiquement pendant sa vie que sur une proposition, dans laquelle il enseignoit que tout Chrétien, pour être sauvé, doit se croire aussi fermement membre de Jesus-Christ, qu’il est obligé de croire que Jesus-Christ est né & a opéré pour lui le mystère de la rédemption. Ce nouvel article de foi souleva tous les docteurs de Paris, contre la doctrine d’Amauri. Ils le condamnerent dans une assemblée solennelle, tenue en 1204. La sentence en fut confirmée à Rome, & Amauri en mourut de chagrin. On le trouva après sa mort coupable de bien d’autres erreurs, que ses disciples semerent. Voyez l’Histoire de l’Église Gallic. L. XXIX. Voyez encore Aymeric.

AMAUROSE. s. f. Terme de Médecine. C’est une privation entière de la vue, qui arrive sans qu’il y ait aucun vice sensible dans les yeux. Oculorum obscuritas. Elle est causée par l’obstruction des nerfs optiques. Ce mot vient du grec ἀμαύρωσις, & signifie obscurcissement. C’est le gutta serena des latins. Voyez Goutte-sereine.

☞ AMAUTAS. s. m. Philosophes du Pérou, fondés, à ce qu’on croit, par l’Inca Rocca, pour enseigner à Cusco les Sciences aux Princes & aux Gentilshommes. Ils étoient chargés d’apprendre à leurs disciples les cérémonies & les préceptes de leur religion, les lois, la politique, l’art militaire, l’histoire, la chronologie, la poësie, même la philosophie, la musique & l’astronomie. Ils composoient avec facilité des tragédies & des comédies qu’ils représentoient devant leurs Rois & les Seigneurs de la cour, aux fêtes solennelles. Les sujets de leurs tragédies étoient des actions militaires, les triomphes de leurs Rois, ou d’autres hommes illustres. Dans leurs comédies ils parloient de l’agriculture, des affaires domestiques, & des divers événemens de la vie humaine. Tout y étoit grave, honnête & sententieux. Les acteurs étoient des personnes qualifiées, & quand la pièce étoit jouée, ils venoient s’asseoir à leurs places, chacun selon son rang & sa dignité. Ceux qui avoient mieux joué leur rôle, recevoient pour prix des joyaux ou d’autres présens considérables. Leur poësie étoit composée de vers courts & longs, où ils observoient la mesure des syllabes. On dit qu’ils n’avoient pas encore l’usage de l’écriture, & qu’ils se servoient de signes ou d’instrumens sensibles pour expliquer ce qu’ils entendoient dans les sciences qu’ils apprenoient. Mor. qui cite Garcilasso de la Véga.

AMAXOBIEN, ENNE. s. m. & f. Amaxobius. Ancien peuple de Sarmatie, qui n’avoit point de maisons, ni de tentes, mais qui vivoit dans des charriots, dans lesquels il erroit sans cesse çà & là. Ce nom est grec, & vient de ἄμαξα, charriot, & βίος, vie.

AMAYA. Bourg du Royaume de Léon, en Espagne. Amagia, Aregia. Il est entre la ville de Léon & celle de Burgos.

AMAZONE. s. f. Femme ou fille courageuse, & guerrière. Amazon. C’étoit autrefois des femmes de Scythie qui habitoient près du Tanaïs, & du Thermodoon, qui ont conquis une partie de l’Asie, qui vivoient sans hommes, & qui s’abandonnoient aux étrangers ; mais elles faisoient périr tous les enfans mâles, & elles brûloient la mammelle gauche des filles pour les rendre plus propres au combat : d’où on dit qu’est venu leur nom, de α privatif, & de μάζος, qui signifie Mammelle. Dans les médailles, le buste des Amazones est ordinairement armé d’une petite hache d’armes qu’elles portoient sur l’épaule, avec un petit bouclier fait en croissant, que Les Latins nomment pelta.

Strabon & Palæphatus, & d’autres encore, nient qu’il y ait eu autrefois des Amazones. On leur oppose Hérodote, Pausanias, Diodore de Sicile, Trogue-Pompée, & Justin son abréviateur, Plutarque, &c. Pline & Méla font mention de celles de Scythie. Hippocrate dit qu’il y avoit une loi chez elles qui condamnoit les filles à demeurer vierges jusqu’à ce qu’elles eussent tué trois hommes du pays ennemi. Il dit aussi qu’elles retranchoient la mammelle droite, afin que le bras droit en devînt plus robuste, en profitant de la nourriture que le teton auroit emportée. On dit aussi qu’elles tordoient les jambes à leurs enfans mâles, afin d’être toujours les maîtresses. On dit qu’en Afrique il y a un royaume composé de seules femmes, qui tuent les garçons qui naissent du commerce qu’elles ont avec les peuples voisins, comme témoigne Jean de Los Sanctos, Jacobin Portugais, dans la Description de l’Ethiopie orientale. Æneas Silvius rapporte qu’on a vu dans la Bohème pendant sept ans une république toute semblable à celle des Amazones, fondée par la valeur d’une fille nommée Valasca. M. Petit, Médecin, a fait une Dissertation latine pour montrer qu’il y a eu véritablement un état d’Amazones. Elle fut imprimée en 1685, chez Cramoisi. Il y fait plusieurs recherches curieuses sur leurs vêtemens, leurs armes, les villes qu’elles ont bâties ou habitées, &c.

La rivière des Amazones, Fluvius Amazonius, est une grande rivière qui arrose la partie méridionale de l’Amérique ; & la vaste région qui lui donne ce nom, est à deux degrés & demi de hauteur méridionale proche la nation des Topinambous. Cette région est bornée au nord de la Guiane, & la terre ferme, au couchant, par le Pérou, au midi par le Paraguay, & à l’orient, par le Brésil. Ce pays s’étend depuis le 1 degré de latitude nord, jusqu’au 15 de latitude sud, & depuis le 300e jusqu’au 327 ou 328e de longitude. Cette rivière a plus de 80 lieues de large à son embouchure ; & dans le reflux elle pousse son eau douce plus de 30 lieues dans la mer. Le P. Christophe d’Acunna en a écrit une Relation, & le sieur de Villarmond une autre. Voyez aussi le Pere Alfonse d’Ouaglie, dans son Historica relatione del Regno di Cile, Liv. IV, Ch. 12. Et le Pere Alfonse Rodriguès, dans son Livre intitulé, El Maranon y Amazonas. Les lettres édifiantes & curieuses des Jésuites missionnaires, Tome X, p. 241, portent qu’il y a en effet dans l’Amérique méridionale une nation de femmes belliqueuses ; qu’à certain temps de l’année elles reçoivent des hommes chez elles ; qu’elles tuent les enfans mâles qui leur naissent ; qu’elles ont grand soin d’élever les filles ; & que de bonne-heure elles les endurcissent aux travaux de la guerre. Le Pere Lamberti, dans sa Relation de la Mingrelie, dit, qu’en ce pays-là on voit encore à présent des Amazones. Les plus fameuses ont été Marthésie, Orythie, Pentésilée qui fut tuée par Achille, &c.

Amazone, se dit aussi en général d’une femme courageuse, & capable d’une entreprise hardie. La Pucelle d’Orléans a passé pour une Amazone. Vous êtes l’une & l’autre, deux franches Amazones. Scar. Ce mot se dit d’une Princesse courageuse, qui soutient ou entreprend des guerres pour la défense de ses états.

Amazones. (la pierre des) Que plusieurs confondent avec le jade, en a assez la couleur. On peut la distinguer en levantine, qui est verdâtre, & qui approche du jade. L’autre qui se nomme orientale, est plus bleue, & ressemble à l’émeraude. Venette, dans son traité des pierres, dit que le limon vert de la rivière des Amazones est fluide, & devient si dur, après avoir été exposé à l’air, que l’on en fait des haches dans le pays. On s’en sert effectivement pour faire des poignées de sabres, des manches de couteaux ; & en les perçant, on en fait des amulettes qu’on porte au cou, aux bras & sur les reins. La pensée où l’on est que c’est un reméde spécifique pour l’épilepsie, & pour chasser les sables des reins, occasionne ces usages.

AMB.

AMBA. C’est un fruit qui vient dans le Calécur sur un arbre appelé Manga. Il est vert, semblable à nos noix, plus gros qu’une pêche ; son écorce est amère, quand elle est mûre. Elle est jaune & lustrée. Elle renferme un os comme une amande ; ce qui est dedans est doux comme du miel. Quand ce fruit est mûr, on le met dans l’eau, & on le conserve comme nous