Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMENDER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 288).
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AMENDER. v. a. Terme de Palais. Condamner à l’amende. Mulctâ afficere. La Cour prononce souvent, débouté de son appel, & l’amendera, c’est-à-dire, il payera l’amende du fol appel, qui est de 75 livres.

Amender. Corriger, rendre meilleur. Emendare, Corrigere. Il n’y a que Dieu qui puisse nous amender. On dit aussi, amender une besogne ; pour dire, en corriger les défauts. On dit encore, il n’amendera pas son marché à plaider ; pour dire, qu’il ne le rendra pas meilleur par son opiniâtreté.

Amender, se dit particulièrement des terres, & signifie, les engraisser, les améliorer en y mettant du fumier, de la marne, & autres amendemens. Stercorare. Toutes sortes de fumiers pourris, de quelque animal que ce soit, sont bons pour amender les terres employées en plantes potagères. Celui du mouton a plus de sel que tous les autres, ainsi il n’en faut pas mettre en si grande quantité. Il en est à peu près de même de celui de poules & de pigeons ; mais je ne conseille guère d’en employer, à cause des pucerons dont ils sont toujours pleins. La Quint.

Ce mot vient du latin emendare. Nicod. La Quintinie & Liger écrivent amender & amendement par un a. C’est une faute ; il vient d’emendare.

Amender. v. n. Devenir en meilleur état, se mieux porter. Ce malade n’a point amendé malgré tous les remèdes. Convalescere, recreari ex morbo.

Amender, v. n. signifie aussi, diminuer de prix. Le blé amende quand l’argent n’est pas commun, toutes les marchandises amendent. En ce sens ramender est plus en usage.

Amender. Terme de Coutume, signifie aussi, profiter, tirer quelque avantage de quelque chose. Emolumentum consequi. Cet héritier n’a rien amendé de cette succession, il y avoit trop de dettes.

Amender, est aussi réciproque, & signifie, se corriger, se rendre meilleur. Corrigi, emendari. Les Juifs furent exhortés à s’amender pour se rendre dignes du royaume des cieux. Je ne sens qu’une très-foible résolution de m’amender. God.

On dit proverbialement, mal vit qui ne s’amende ; pour dire, que c’est faire un mauvais usage de la vie de ne se point corriger. Jamais cheval, ni mauvais homme, n’amenda pour aller à Rome ; ou bien, bon cheval & méchant homme, n’amende point pour aller à Rome.

AMENDÉ, ÉE. part.