Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DILEMME

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 350-351).
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☞ DILEMME. s. m. Terme dogmatique, espèce d’argument composé de deux ou plusieurs propositions, qui pressent également l’adversaire & le convainquent, soit qu’il accorde l’une, soit qu’il accorde l’autre. Dilemma. C’est pour cela qu’en Logique on appelle le dilemme, argument cornu, argumentum cornutum, utroque cornu feriens, parce que les deux parties donc il est composé, portent contre l’adversaire, de façon que s’il évite l’une, il ne peut éviter l’autre. Tel est le dilemme par lequel Cicéron prouve qu’il faut supporter toutes les peines avec patience. Si la douleur est légère, ou n’aura pas de peine à la supporter ; si elle est violente, elle ne sera pas de longue durée. Un Philosophe vouloit prouver par ce dilemme qu’il ne se falloit point marier : Si la femme que l’on épouse est belle, elle donnera de la jalousie ; si elle est laide, elle déplaira : donc il ne se faut point marier. Port.-R.

☞ Pour qu’un dilemme soit exact, il faut une parfaite énumération des parties. C’est en cela que celui par lequel Aristippe dissuadoit du mariage, est défectueux, parce qu’il y a un milieu entre la beauté & la laideur.

☞ Il faut encore, pour la bonté du dilemme, qu’il ne puisse pas être rétorqué contre celui qui le fait.