Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIA ou DIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 307).
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DIA, ou DIE. s. f. Nom d’une fausse Divinité des Anciens. Dia. La Déesse Dia étoit honorée chez les Sicyoniens & chez les Philiasiens. Elle étoit aussi connue & honorée des Romains, comme il paroît par le fragment des inscriptions des frères Arvales, qui se voit dans Gruter, p. CXVII, & suiv. où elle est nommée Dea Dia, cinq fois, p. CXX & CXXI. On y voit que les hères Arvales lui font des sacrifices solemnels, qu’elle avoit un bois sacré proche de Rome ; qu’il étoit sur le chemin, ou Campagne d’Italie, Via Campana, à cinq stades de Rome, apud lap. V. que les arbres de ce bois ayant été frappés de la foudre, on y fit des lustrations & des sacrifices pour purger le lieu, & qu’on en planta d’autres. Par une autre inscription rapportée au même endroit, pag. CXXIV, on connoît encore qu’il y avoit un temple, ou une salle, un portique, peut-être un dôme soutenu de quatre colonnes, Tetrastylon, où les Prêtres s’assembloient, & où ils se seyoient & tenoient leurs assemblées.

Quelques-uns de nos Auteurs prétendent que la Déesse Dia fut aussi honorée en Gaule ; qu’elle le fut sur-tout des Vocontiens, qui l’adoroient particulièrement dans leur ville principale, qui pour cette raison fut appelée Dia Vocontiorum, & qui est aujourd’hui Die en Dauphiné, dont le nom s’est formé de Dia : mais il y a d’autres raisons de ce nom comme on le peut voir ci-dessous au mot Die. Ils appuient cette opinion sur ce que l’on trouva, il y a quelques années, à Die, une inscription d’un sacrifice d’un bœuf fait à la Mère des Dieux, Matri Deum magnæ Ideæ. Ils ajoutent que l’on voit à Die, sur l’une des portes qui restent de l’ancienne ville, une tête de bœuf sur la clef de la voûte au-dedans de la ville ; & qu’il y a encore plusieurs bas-reliefs dans la même ville, ou sont représentées des têtes de bœufs & de moutons avec des instrumens pour la culture de la terre. Tout cela rend la conjecture assez plausible.

Du reste on ne sait quelle étoit la Déesse Dia. Quelques-uns disent que c’étoit Hébé, Déesse de la Jeunesse. Je n’en vois point les raisons. Un Docteur en Droit de Bâle, nommé Sébastien Fesch, habile Antiquaire, prétend que Dia est la même qu’Ops, ou Cybèle. Sa conjecture est fondée, sur ce que Cybèle & Saturne son mari passoient pour les inventeurs de la culture de la terre & des fruits, & que les frères Arvales, comme il paroît par le monument que nous avons cité, étoient Prêtres de la Déesse Dia, & que ces Prêtres, comme leur nom semble l’indiquer assez, étoient les sacrificateurs & les Ministres des Dieux, qui présidoient aux biens de la terre, ou aux fruits de la terre. Mais par la même raison on pourroit dire que Dia seroit Cérès, à qui l’Antiquité fabuleuse croyoit devoir l’invention des blés. Il y a plus même ; car les frères Arvales, comme nous l’avons dit en son lieu, étoient Prêtres de Cérès & de Bacchus, & furent institués pour leur offrir des sacrifices, & non point pour le culte de Cybèle.