Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉTRAQUER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 290).
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DÉTRAQUER, v. a. (Terme de manège) Faire perdre au cheval ses bonnes allures, ses leçons de manège. Perturbare. Les mauvais Ecuyers détraquent les chevaux, leur font perdre leur train ordinaire.

Détraquer, se dit proprement des machines & des choses artificielles ; & signifie les déranger en sorte qu’elles n’aillent plus comme elles devoient aller, comme elles vont quand elles sont en état. Perturbare. Le corps humain est composé d’un si grand nombre de ressorts qui le font mouvoir, qu’il est surprenant que la machine ne soit pas à tous momens dérangée & détraquée. Ma montre est détraquée, il ne faut pas s’arrêter à ce qu’elle marque. Il faut tant de choses pour bien faire aller une pompe, un jeu d’orgues, qu’il ne faut pas s’étonner s’ils sont souvent détraqués. On dit aussi que l’estomac est détraqué, quand il fait mal la digestion.

Détraquer, se dit figurément pour détourner d’une occupation louable, d’un train de vie réglé. Avertere, avocare, perturbare. Les dévots se mettent en retraite pour n’être point détraqués de la contemplation. La maladie de ce jeune homme l’a fort détraqué de ses études. On y joint aussi le pronom personnel. A rectâ vivendi regulâ deflectere. Ce jeune homme s’est extrêmement détraqué depuis qu’il n’est plus sous la conduite de ce sage gouverneur. Tout cela est familier ou populaire.

Détraqué, ée. part & adj. Il a les significations de son verbe. Cheval détraqué, dont le cavalier a gâté les allures.