Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CYRÉNAÏQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 80).

CYRÉNAÏQUE. Nom d’une ancienne province de la Lybie propre, ainsi nommée, parce que Cyrène en étoit la capitale. Cyrenaïca. La Cyrénaïque avoit la Marmatique au levant, la Lybie intérieure au midi, la province Tripolitaine avec la grande Syrte au couchant, & la mer Méditerranée au nord. Vossius, dans ses Notes sur Mela, L. I. C. 8, remarque que les Anciens ne donnent pas tous les mêmes bornes à la Cyrénaïque ; que ce nom se prend même tantôt pour la contrée appelée Pentapole, & quelquefois qu’il s’étend beaucoup plus loin ; que ceux qui lui donnent plus d’étendue la continuent depuis la grande Syrte jusqu’à l’Egypte.

Cyrénaïque. n m. Nom d’une secte d’anciens Philosophes, Cyrenaïcus. Le Chef des Cyrénaïques fut Aristippe de Cyrène, disciple de Socrate. C’est de-là qu’ils furent appelés Cyrénaïques. Aristippe qui vivoit en la 96 Olympiade, c’est-à-dire près de 400 ans avant J. C. Aristippe, dis-je, & ses disciples, faisoient consister la fin de l’homme & sa félicité dans le plaisir ; & ils n’estimoient la vertu louable qu’autant qu’elle pouvoit servir à la volupté, comme on n’estime une médecine, qu’autant qu’elle est utile à la santé. C’étoit-là leur comparaison ordinaire. Ils entendoient par plaisir, ou volupté, non pas seulement la privation de la douleur & la tranquillité de l’ame ; mais l’assemblage de toutes les voluptés particulières, tant de l’ame que des sens, & sur-tout celle-ci. Trois disciples d’Aristippe diviserent dans la suite sa secte en trois branches, qui convinrent cependant toutes trois de ce principe. L’une fut appelée Hégésiaque, Hegesiaca, l’autre Annicérie, & la troisième Théodorie, du nom de leurs Auteurs. Cicéron parle souvent de l’Ecole d’Aristippe, & dit qu’il en sortoit des débauchés.