Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORNU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 925).
CORNUAU  ►

CORNU, UE. adj. qui a des cornes. Cornutus. Le bœuf, le bouc, sont des animaux cornus.

Les forêts en tremblerent ;
Faunes cornus vers leurs trous s’envolèrent. R.

Cornu se dit figurément de plusieurs choses qui ont des ongles ou des pointes. Un pain cornu ; une pièce de terre cornue. Parmi le peuple, on donne quelquefois cette épithète à un cocu.

En Logique, on appelle un dilemme, argument cornu, parce que les deux parties dont il est composé, pressent également l’adversaire. Utroque ferit. Argumentum cornutum. Par exemple, un Général qui a ôté à ses soldats les moyens de s’enfuir, leur dit, pour les engager à se bien battre : il faut vaincre ou mourir.

On dit proverbialement & figurément : à mal enfourner, on fait des pains cornus ; pour dire, qu’il faut bien commencer une affaire, pour en attendre un bon succès. On dit aussi métaphoriquement ; qu’un avis est bien cornu ; pour dire, qu’il n’est guère raisonnable. ☞ Des raisons cornues ; des raisonnemens cornus ; de méchantes raisons ; des raisonnemens qui ne concluent point : des visions cornues, des idées folles & extravagantes. Tout cela est du discours familier, Illepidus, absurdus.

J’aime mieux mettre encor cent arpens au niveau,
Que d’aller follement égaré dans les nues
Me lasser à chercher des visions cornues. Boil.

Cornu. s. m. terme de monnoie. Cornutus. Petit cornu, parvus cornutus. Monnoie de France que l’on battit sous Philippe IV. Il y avoit des cornus parisis. Les premiers pesoient 21 grains, & avoient 3 deniers 18 grains de loi, & valoient 1 denier tournois. Les autres étoient de 20 grains & de 3 den. 12 grains de loi, & valoient un denier parisis. Voyez du Cange, au mot Moneta.