Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORNOUILLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 925).
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CORNOUILLER. s. m. arbre qui porte des cornouilles. Cornus. Il y en a un mâle & un femelle, ☞ suivant le langage ordinaire ; mais il est évident que cette distinction est mal appliquée ici, puisque chaque espèce, comme on va le voir, est mâle & femelle tout ensemble.

Le cornouiller mâle est un arbre assez haut & fort branchu ; son écorce est rougeâtre, cendrée, son bois est blanc, ferme, solide & dur ; ses fleurs viennent par petits bouquets, elles sont petites, toutes jaunes, composées de quatre à cinq pétales pointues ; ses fruits qui viennent ensuite sont ovales, approchant des olives, verts au commencement, & d’un goût acerbe ; mais en mûrissant, ils deviennent rouges comme du sang, & aigre-doux : ils renferment un noyau osseux qui est très-dur, divisé en deux loges, qui renferment chacune une semence ou amande oblongue ; ses feuilles ressemblent à celles du pommier commun, ou du coignier ; elles sont fort dessicatives, & propres à sonder les plaies. On emploie le bois de cornouiller, à cause de sa dureté, à faire des roues de moulin. Il faut prendre garde à ne pas mettre des ruches de mouches à miel auprès de cet arbre ; car si elles goûtent sa fleur, elles prennent un flux de ventre dont elles meurent. Ce mot vient de cornu, corne, à cause que le noyau de cornouiller est très-dur.

Le cornouiller femelle a ses feuilles semblables à celles du mâle : son bois est dur & osseux, ne cédant point à celui du mâle ; ses verges sont plus minces, fortes & nouées ; ses fleurs sont en ombelles odorantes, blanches, composées de quatre pétales ; ses fruits sont des baies grosses comme des pois, vertes d’abord, puis noirâtres. Elles sont de très-mauvais goût. Cornus femina ou virga sanguinea.

☞ On distingue plusieurs autres espèces de cornouillers, qui diffèrent, ou par la culture, ou par leurs fleurs, ou par leurs fruits.