Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COLLINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 690).
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COLLINE, s. f. petite côte élevée au dessus de la plaine. ☞ La colline n’est pas assez élevée pour mériter le nom de montagne, & l’est trop pour être appelée tertre ou éminence. Collis. Les vignobles sont ordinairement sur les collines. On a fait ce bâtiment sur la colline, pour avoir l’avantage de la vue, & le moyen d’y faire des terrasses.

Ce mot vient de collina, diminutif de collis. Ménage.

Les Poëtes appellent le Parnasse, la double colline.

On dit proverbialement & figurément, qu’un homme a gagné la colline ; pour dire, qu’il a pris la fuite, qu’il s’est mis en lieu de sûreté.

Colline, s. f. nom d’une fausse divinité chez les anciens Païens. Collina. C’étoit la Déesse qui présidoit à toutes les collines. S. Augustin l’appelle, Collatine ; ☞ mais c’est une faute, & il faut lire colline. Cette Déesse étoit adorée avec un culte fort religieux, puisqu’au commencement, les collines même étoient adorées, & que leur nom, selon Varron, ne venoit que du culte qu’on leur rendoit. Postea quam superiora loca colere cæperunt, a colendo colles appellarunt.

Colline étoit le nom de l’une des quatre portes dans lesquelles la ville de Rome étoit divisée au commencement. On l’appeloit Collina regio, le quartier des Collines, parce que de sept qui étoient renfermées dans l’enceinte de Rome, il y en avoit cinq dans ce quartier-là, savoir ; la Virginale, la Quirinale, la Salutaire, la Mutiale & la Latiale.

☞ La Tribu qui demeuroit dans ce quartier, s’appeloit aussi Colline, Tribus collina. On sait que chacun de ces quartiers étoit occupé par une tribu particulière.

Colline étoit encore le nom d’une porte de Rome, située au pié du mont Quirinal. Elle s’appela dans la suite, Porte du sel, quand on donna le même nom à la rue qui y conduisoit, Via salaria. Ce changement de nom vint de ce que les Sabins, qui portoient du sel à Rome, entroient par cette porte. C’est à la porte Colline qu’on enterroit les Vestales.

Colline des jardins, petite montagne de la ville de Rome, où étoient les jardins de Saluste. Elle fut renfermée dans l’enceinte de la ville, par l’Empereur Aurélien. Le sépulchre de Néron la rendit célèbre. Il y avoit une loi qui ordonnoit à tous ceux qui aspiroient aux charges de la République, de monter sur cette colline pour être apperçu par le peuple assemblé dans le champs de Mars, pour l’élection des Magistrats. Voyez Candidat.