Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COADJUTORERIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 654).
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COADJUTORERIE, s. f. qualité ou charge de Coadjuteur ou de Coadjutrice. Dignitas designati successoris. Episcopo alicui. Les Bulles de Coadjutorerie portent provision, & collation du Bénéfice par expectative, en sorte qu’il n’est point besoin de nouveau titre pour succéder à l’ancien Evêque, ou à l’ancienne Abbesse.

Il y avoit autrefois un grand abus dans ces coadjutoreries, que les Papes accordoient à des enfans & à des jeunes gens, avec la clause, donec ingressus fuerit, jusqu’à ce qu’il puisse entrer dans l’administration du Bénéfice : on les donnoit à des personnes qui n’étoient point encore dans les Ordres, avec la clause, donec accesserit, & même à des personnes absentes & éloignées avec cette clause, cum regressus. La restriction que le Concile de Trente fait des Evêchés & des Abbayes pour les coadjutoreries est si claire, qu’il est surprenant que quelques Canonistes aient voulu étendre son décret aux autres Bénéfices. Ceux qui ont appuyé les coadjutoreries des Canonicats & des Dignités dans la trois Evêchés, ont prétendu qu’elles étoient plus souhaitables en ces lieux-là que les résignations, parce qu’on envoyoit moins d’argent à Rome, on ne tolère point en France ces sortes de coadjutoreries, qui sont un abus manifeste. Les Romains ont beau dire que Metz, Toul & Verdun, étant une partie de la Lorraine où le Pape a tout pouvoir sur les Bénéfices, il doit avoir aussi le pouvoir d’y faire des Coadjuteurs ; on n’écoute point ces raisons dans les Parlemens, & celui de Paris prononça en 1642, un Arrêt contre un Pourvû par coadjutorerie, d’un Canonicat de l’Eglise Cathédrale de Metz.