Dictionnaire de Trévoux/5e édition, 1752/Tome 1/061-070


Fascicules du tome 1
pages 051 à 060

Dictionnaire de Trévoux, 1752
Tome 1, pages 061 à 070

pages 071 à 080



ou compresseur de l’anus, ou aux tubérosités de l’os pubis ; car ils s’élevent de la partie supérieure de l’urètre, passent sous les os du pubis, enveloppant la partie extérieure de la bulbe de leurs corps creux. Ils s’unissent tous deux sur la partie intérieure, & vont ensemble le long de la peau du périnée, d’où ils se séparent chacun de son côté.

☞ Ce mot vient du latin accelero, j’accélere. Ces muscles sont ainsi nommés, parce qu’ils accélerent la sortie de l’urine, & l’éjaculation de la semence.

ACCÉLÉRATION. s. f. Action par laquelle on avance une affaire, prompte expédition. Acceleratio. Il a omis plusieurs demandes qu’il avoit à faire pour l’accélération du jugement de son procès.

Accélération, se dit principalement en Physique, de l’accroissement de vitesse dans le mouvement des corps, lorsqu’ils tombent librement, ou qu’ils sont poussés vers le centre de la terre. On recherche avec soin la cause de l’accélération du mouvement des corps qui tombent, & pourquoi ce mouvement, étant fort lent dans son commencement, augmente & devient très-rapide vers la fin. Bern. Galilée est le premier qui a trouvé la proportion de l’accélération du mouvement. Ce n’est point la pesanteur qui fait l’accélération du mouvement des corps dans leur chûte, car on a remarqué qu’un poids d’une livre tombe & descend avec la même vîtesse qu’un poids de cent livres. Bern. Supposant qu’à la même distance du centre de la terre la gravité agit uniformément sur tous les corps, & que le temps qu’un corps met à descendre soit divisé en parties toutes égales ; si après que le grave par son poids est tombé vers le centre de la terre pendant la première de ces parties de temps, sa gravité cesse d’agir. Ce corps tombera également, avec une vîtesse égale à la force de la première impulsion, c’est-à-dire, que pendant chacune de ces parties de temps, il ne parcourra qu’autant d’espace qu’il en a parcouru pendant la première : sa gravité donc ne cessant point, mais agissant toujours, il s’ensuit qu’au second moment ce corps recevra une nouvelle impulsion pour descendre ; sa vîtesse sera donc double de ce qu’elle étoit au premier moment, elle sera triple au troisième, quadruple au quatrième, & ainsi des autres. Par conséquent les vîtesses dans l’accélération sont comme le temps. De plus, parce que l’espace que décrit un mobile dans un temps donné avec une vîtesse donnée, est le rectangle fait du temps & de la vîtesse, un corps grave étant également & uniformément accéléré, l’espace qu’il décrit au commencement du temps de son mouvement, est justement la moitié de celui qu’il auroit décrit, si dans le même temps il s’étoit mû avec une vîtesse égale à celle qu’il a en finissant. De-là il s’ensuit, 1°. Que l’espace parcouru avec la vîtesse de la fin dans la moitié d’un certain temps, est égale à l’espace décrit par un corps accéléré dans ce temps-là tout entier. 2°. Que si un corps en descendant décrit un espace dans un certain temps, dans le double de ce temps-là il en parcourra quatre fois autant, dans le triple neuf fois autant, &c. Ou autrement si les temps sont en progression arithmétique, 1, 2, 3, 4, 5, les espaces seront 1, 4, 9, 16, 25, &c. 3°. Puisque l’espace décrit dans la première partie du temps est 1, dans la seconde 4, dans la troisième 9, &c. si vous considérez séparément l’espace parcouru dans la seconde partie, ce sera 3. Et si de 9, qui est l’espace décrit dans la 3e partie du temps, vous en ôtez 4, qui est l’espace décrit auparavant dans le second moment, il restera 5. Puis donc que les parties du temps sont toutes supposées égales, les espaces décrits par un corps grave dans sa descente, seront comme les nombre impairs dans leur ordre naturel 1, 3, 5, 7, 9, 11, 15, 17, &c. 4°. Puisque les vîtesses acquises dans la chûte sont comme les temps, les espaces parcourus doivent être comme les carrés des vîtesses ; & les temps & les vîtesses pris ensemble seront en raison sous doublée des espaces décrits par un corps qui tombe.

Accélération des étoiles fixes. Terme de l’ancienne Astronomie. Cette accélération est la différence qui se trouve entre la révolution du premier mobile, & la révolution solaire : cette différence est de trois minutes & environ cinquante-six secondes.

☞ ACCÉLÉRATRICE, (force) adj. Terme de Physique. On appelle ainsi la force ou la cause qui accélere le mouvement d’un corps. Tous les corps pris à une égale distance de la terre, ont une égale force accélératrice.

ACCÉLÉRER, v. act. Diligenter, presser une affaire, une entreprise. Accelerare. La succession échue à ce jeune homme fera accélérer son mariage. Il faut s’en servir so-


brement hors la Philosophie. Les corps graves en tombant accélèrent leur mouvement en certaine proportion qu’on fait voir dans la Statique.

Accéléré, ée. part.

ACCENSE. s. m. Accensus. Terme d’Histoire ancienne, qui signifie Huissier, & quelquefois soldat surnuméraire. Car il y avoit chez les Romains deux sortes de gens qu’on appeloit accensi ; les uns étoient des Officiers, des Magistrats subalternes, qui avertissoient le peuple de s’assembler, introduisoient à l’audience du Prêteur & marchoient devant le Consul, lorsqu’il n’avoit point de faisceaux. Accensi forenses. Leurs fonctions répondoient à celles de nos Huissiers. Les autres étoient à l’armée, des soldats surnuméraires, pour remplir la place des morts ou des blessés. Les premiers se nommoient Accensi, ab acciendo, dit Varron, parce que leur emploi principal étoit de convoquer le peuple. Les autres, parce qu’ils étoient ajoutés au nombre compétant ; quia adcensebantur, ou accensebantur ; c’est-à-dire, ad censum adjiciebantur, ainsi que l’explique Asconius Pedianus.

Accense. s. f. Terme de Coutume. On écrit aussi adcense, & accense. Accensa, datio ad censum, locatio accensiva. C’est ce qu’on appelle louage ailleurs.

ACCENSEMENT, ou ADCENSEMENT, ou ACENSEMENT, Terme de coutume. On trouve ce mot dans l’ancienne coutume de Paris, il veut dire la même chose qu’accense, c’est l’action d’accenser.

ACCENSER, ou ACENSER, v. act. C’est ce qu’on appelle louer, Locare, ad censum dare. Il y a encore des Provinces où l’on dit accenser une maison, pour louer une maison. Ce mot vient d’ad censum, en sousentendant dare, donner. Adcense, & adcensement, ont la même origine, aussi bien qu’Accenseur qui suit.

ACCENSEUR & ADCENSEUR, s. m. Terme de coutume. C’est dans la coutume de Berri. Celui qui donne à louage quelque chose. Accensator, qui dat ad censum.

ACCENT, s. m. Inflexion de voix, prononciation qu’on a contracté dans la Province où l’on est né. Sonus vocis. Il faut se garder soigneusement d’un certain accent populaire, qui rend les plus belles choses désagréables. M. Scud. Il est bien difficile de se défaire de l’accent Gascon, ou Normand. On connoît le Pays d’un homme à son accent.

Accent, signifie aussi un certain ton de voix qui est souvent une marque de l’intention de celui qui parle, & qui fait donner une bonne ou mauvaise interprétation à ses paroles. On offense souvent avec des termes flatteurs ; mais l’accent fait tout. Quand on dit les choses d’un certain accent, elles ont un sens bien différent de celui qu’elles ont naturellement.

Accent, signifie en Grammaire, certaine marque qu’on met sur les syllabes, pour les faire prononcer d’un ton plus fort, ou plus foible, & pour marquer les diverses inflexions de la voix. Accentus, voculatio. Les Savans ont observé que l’usage des accens étoit inconnu aux anciens Grecs. Ils ont été inventés par les Grammairiens, pour fixer la prononciation de la Langue grecque. Le Cardinal du Perron dit que les Hébreux appelloient les accens טעם, taham, c’est-à-dire, gustus, parce que c’est comme le goût & le relief de la prononciation.

Il y a trois sortes d’accens. L’aigu, qui relève un peu la syllabe, la bonté. Acutus. Le grave, qui la rabaisse, là. Gravis. Et le circonflexe, qui est composé des deux autres, & qui étend le son, extrême. Circumflexus. On le met sur la plupart des syllabes longues dont on retranche une S, comme trône, pâle, &c. Il y a des Provinces qui ont leurs accens particuliers. Deux des plus marqués sont l’accent Gascon, & l’accent Normand. L’accent Gascon est un accent aigu, qui se fait trop sentir. L’accent Normand est un accent émoussé, grossier & pesant, qui assomme les oreilles. Les Gascons aiment leur accent jusqu’à la folie ; c’est-à-dire, jusqu’à le garder à la Cour même. L’accent Normand est trop grossier pour favoriser la vanité de l’esprit : l’accent Gascon la favorise par je ne sai quelle élevation qui ne déplait pas. Vign. Mar. Il falloit dire plutôt, parce qu’il marque de l’esprit & de la vivacité. M. de Segrais, qui étoit de l’Académie Françoise, & qui avoit passé sa jeunesse à la Cour, a toujours parlé Bas-Normand, & conservé son accent ; ce qui donna lieu à Mademoiselle de Montpensier de dire à un gentilhomme qui alloit faire le voyage de Normandie avec M. de Segrais : vous avez un fort bon guide, il sait parfaitement la langue du pays. Vign. Mar.

Les Hébreux ont l’accent de Grammaire, de Rhétorique, & de Musique, ou plutôt, l’accent de Grammaire & de Rhétorique ; car l’accent de Musique n’est point différent de l’accent de Grammaire qu’on appelle aussi accent Tonique, parce qu’il donne le ton à la syllabe ; & l’accent de Rhétorique se nomme Euphonique, parce qu’il sert à rendre la prononciation plus douce & plus agréable. Il y a quatre accens de Rhétorique, ou Euphoniques, & 25 Toniques, ou de Grammaire, dont les uns se placent sur la syllabe, les autres dessous. Les Grammairiens Juifs, suivis des autres qui ont écrit des Grammaires Hébraïques, les distinguent en accens Rois, & en accens Ministres, ou serviteurs. Les premiers sont ceux qui font une distinction grande ou petite. On les appelle Rois, parce que les autres se rapportent à eux, leur servent, & qu’ils sont dans leur Empire ; c’est-à-dire, dans la phrase que ceux-là gouvernent, & qu’ils terminent. Les seconds sont ceux qui ne font point de distinction, mais qui montrent que la phrase n’est pas finie, qu’il faut rapporter le mot ou le membre sur lequel ils dominent à ce qui suit. Parmi ceux qui font distinction, & qu’on appelle généralement Rois, on distingue encore un Empereur, des Rois, des Ducs, ou Chefs. Tous ces noms sont métaphoriques pour marquer une distinction plus ou moins grande. Celui qui domine sur toute une phrase complète, qui termine un sens entier, s’appelle Empereur : cela revient à ce que nous appelons un point. Celui qui domine sur un grand membre de la phrase, qui termine un sens, qui n’est pas cependant tout-à-fait complet, s’appelle Roi : & c’est à-peu-près comme nos deux points, ou notre point avec une virgule. Enfin, celui qui dans un grand membre en gouverne & en coupe un plus petit, qui fait aussi un sens, mais imparfait, se nomme Duc : c’est, si l’on veut, notre virgule. Au reste, l’accent Roi devient quelquefois Ministre, & le Ministre Roi, selon que les phrases sont plus ou moins longues. De plus, l’art & la combinaison des accens est autre dans la poësie hébraïque, que dans la prose. On dispute beaucoup sur l’usage de tous ces accens Toniques, ou de Grammaire. Un grand nombre de Protestans, sur-tout parmi les Luthériens, soutiennent qu’ils servent à distinguer le sens. Le commun des Catholiques, & les plus habiles Protestans, croient au contraire qu’ils ne servent que pour le chant, ou la Musique ; car les Juifs chantent l’Ecriture-Sainte dans leurs Synagogues plutôt qu’ils ne la lisent. Je crois qu’ils sont faits pour marquer ce chant ; mais qu’on a réglé ce chant sur le sens des paroles, & sur l’attention qu’on a voulu qu’on fît à certains mots ; qu’ainsi les accens Hébreux, en marquant le chant, marquent aussi quelque distinction, mais que ces distinctions en si grand nombre sont souvent inutiles ou trop subtiles. Ainsi parmi nos Ecrivains Latins & François, & parmi ceux qui nous donnent des éditions des anciens Auteurs, il y en a qui mettent une fois plus de distinctions de points, de virgules, &c. que les autres. Quoiqu’il en soit, il est certain que les anciens Hébreux n’avoient pas ces accens, qu’ils n’ont été inventés que vers le VIe siècle par les Docteurs Juifs qu’on nomme Massorettes, & qu’ainsi ils n’ont point une autorité divine, quoiqu’en disent quelques Protestans. Les plus judicieux même parmi eux conviennent de ce qu’on vient de dire. Voilà en peu de mots ce que l’on peut dire de plus clair & de plus raisonnable sur une matière fort embrouillée & sur laquelle on a écrit, & l’on écrit encore tous les jours bien des volumes.

Il y a de grandes disputes parmi les Savans sur les accens qu’on trouve depuis plusieurs siècles dans les Livres Grecs, soit imprimés soit manuscrits. Isaac Vossius, qui a composé un discours à ce sujet, prétend que ces accens ne sont point anciens, & qu’autrefois il n’y en avoit point d’autres que de certaines notes qui servent à la Poësie. C’étoient proprement des notes de Musiciens pour chanter les Poëmes, &


non pas des notes de Grammairiens, telles que sont celles qui ont été inventées très-long-temps après. Aristophane le Grammairien, qui vivoit vers le temps de Ptolomée Philopator, fut l’Auteur de ces notes musicales. Aristarque son disciple enchérit dans cet Art par-dessus lui : & tout cela ne servoit que pour apprendre plus facilement aux jeunes gens l’art de faire des vers. Le même Vossius montre par plusieurs anciens Grammairiens, qu’on marquoit en ces temps-là les accens Grecs sur les mots, tout autrement qu’ils ne sont présentement dans les Livres, ce qu’il justifie aussi par des exemples. Voyez sa dissertation De accentibus Græcanicis.

Henri Christian Hennin, dans une Dissertation qu’il a publiée pour montrer qu’on ne doit point prononcer la Langue Grecque selon les accens, a embrassé le sentiment d’Isaac Vossius, qu’il a poussé encore plus loin. Il croit que ce sont les Arabes qui ont été les inventeurs de ces notes, ou pointes, acuminum, qu’on voit sur les mots, & qu’on nomme accens ; & qu’ils ne s’en sont servis que dans la Poësie. Il appuie ce sentiment sur le traité de Samuël Glarck de Prosodiâ arabicâ, imprimé à Oxford en 1661 ; mais il ne paroît pas avoir entendu la pensée de cet Auteur.

Hennin prétend que ces anciens accens, inventés par Aristophane, s’accordoient parfaitement avec la prononciation de la Langue Grecque, au lieu que ceux d’aujourd’hui la détruisent. Il ajoute que les nouveaux Grammairiens Grecs ne les ont inventés, que dans des temps où la Langue Grecque commençoit à tomber, voulant empêcher par-là la mauvaise prononciation que les Barbares y introduisoient ; & il ne leur donne que neuf cens ans d’antiquité, ce qu’il prouve, parce qu’il ne se trouve point de plus anciens Livres manuscrits, où ces accens soient marqués. Lisez sa Dissertation imprimée à Utrecht en 1684, sous le titre de Dissertatio paradoxa, avec celle d’Isaac Vossius qui y est jointe.

Wetstein, Professeur à Bâle, en Langue Grecque, a opposé aux paradoxes de Hennin une savante Dissertation, où il fait voir que les accens qui sont dans les Livres Grecs, soit imprimés, soit manuscrits, ont une bien plus grande antiquité. Il avoue que ces accens n’ont pas toujours été marqués de la même manière que les Anciens, & il en apporte en même temps la raison. Comme la prononciation de la Langue Grecque n’a pas été la même chez tous les peuples, il n’est pas étonnant que les Doriens les aient marqués d’une manière, & les Æoliens d’une autre. De même, ajoute-t-il, un même peuple a prononcé différemment sa Langue en différens temps. Tout ceci se peut confirmer par l’exemple de notre Langue. Il rapporte deux raisons qu’on eut dès ces temps-là de marquer les accens. L’une est qu’on écrivoit alors tout en lettres majuscules, toujours également éloignées les unes des autres, sans distinction de mots, ni de phrases. L’autre est de distinguer les mots ambigus, & qui peuvent avoir deux sens. Il prouve ceci par une dispute sur un endroit d’Homère, rapportée par Aristote dans sa Poëtique, Ch. 25. C’est ainsi que les Syriens, qui ne marquent point les accens toniques, quoiqu’ils aient des accens distinctifs, ont encore inventé certains points, qui se mettent au-dessus ou au-dessous du mot, pour en faire connoître le mœuf, le temps, la personne, ou le sens, & qui étoient très-utiles lorsqu’on écrivoit le Syriac sans voyelles. Cette Dissertation, qui est pleine d’érudition, a été imprimée à Bâle en 1686, sous le titre de Dissertatio epistolica de accentuum Græcorum antiquitate & usu, à la fin de ses Discours apologétiques pour la véritable prononciation de la Langue Grecque.

Il n’est pas possible de fixer exactement le temps auquel les Grecs ont marqué les accens dans leurs Livres. Mais on peut assurer que Hennin & Isaac Vossius ont un peu outré cette matière. Wetstein a aussi trop étendu quelques-unes de ses preuves. De plus, on doit demeurer d’accord que les accens ne sont point marqués dans les Livres Grecs qui ont mille ans d’antiquité. Mais il ne s’ensuit pas de là que ces accens ne fussent point encore dans ce temps-là en usage chez les Grecs. Cela prouve seulement, que la plûpart des Copistes les ont négligés ; & c’est ce qui fait qu’il est très-rare de trouver d’anciens Manuscrits où ils soient marqués. C’est la remarque que M. Simon, qui a lu un grand nombre de Manuscrits Grecs, a faite dans son Histoire critique du Nouveau Testament, où il dit : l’Exemplaire Grec & Latin de Cambridge, qui contient les quatre Evangélistes & les Actes des Apôtres, & qui est au moins ancien de mille ans, n’a aucuns accens. L’Exemplaire Grec & Latin des Epîtres de S. Paul qui est dans la Bibliothèque du Roi, & qui n’est pas moins ancien que celui de Cambridge, a à la vérité des accens ; mais il paroît qu’ils y ont été ajoutés après coup, parce qu’ils ne sont point de la même main que l’écriture de tout le Livre. Georges Syncelle, ajoute M. Simon, fait mention d’un Exemplaire Grec de la Bible, qui étoit écrit avec une grande exactitude, où l’on avoit mis les points & les accens. Syncelle dit que cet Exemplaire lui étoit venu de la Bibliothèque de Césarée en Cappadoce, & qu’on voyoit par l’inscription qui étoit au-devant du Livre, qu’il avoit été copié sur un Exemplaire qui avoit été corrigé par le grand S. Basile.

Hennin ne paroit pas exact, quand il assûre que les accens sont une invention des Arabes, qui fut perfectionnée par Alchalil vers le temps de la mort de Mahomet ; que les Massorettes de Tibériade, au milieu du sixième siècle adopterent cette invention, & que celui qui perfectionna les accens, fut le Rabbin Juda ben David Chiug, natif de Fez, dans l’onzième siècle. Il se peut faire à la vérité, que les Juifs aient emprunté leurs points voyelles des Arabes ; mais comment auroient-ils pris de ces mêmes Arabes leurs accens, puisque la Langue arabe n’a aucuns accens, ni dans la prose, ni dans les vers ? La poësie est très-ancienne chez les Arabes, & long-temps avant Alchalil Eben Ahmed, qui l’a seulement réduite en art, marquant les mesures des vers que nous appelons en Latin pedes, les pieds. C’est ce que Samuël Clarck a fort bien expliqué dans son Livre intitulé, De Prosodiâ arabicâ.

A l’égard des Juifs, on peut croire que les Massorettes de Tibériade ont ajouté les accens au texte Hébreu de toute la Bible. Ceux qui disent que le Rabb. Juda de Fez perfectionna les accens, n’ont avancé cela que parce qu’ils ont crû que ce Rabbin a été le premier Grammairien des Juifs. Mais ils se trompent ; car Rabb. Saadias Gaon, qui vivoit long-temps avant Juda Chiug, a composé une Grammaire hébraïque. On trouve dans l’Histoire Critique de l’Ancien Testament, Chap. 30, un Catalogue des Grammairiens Juifs, à la tête desquels est ce Rabb. Saadias. M. mon dit en ce lieu-là : Après que les Juifs de Tibériade eurent ajouté les points voyelles & les accens au texte de la Bible, les Docteurs des autres Ecoles commencerent à les imiter. Ils mirent ces points & ces accens dans leurs exemplaires, que les particuliers décrivirent ensuite.

Les accens des Hébreux ont quelque chose de commun avec les accens des Grecs & des Latins, & ils ont en même temps quelque chose de particulier, & qui ne se trouve que dans la Langue hébraïque. Ce qu’ils ont de commun, c’est qu’ils marquent les tons, quand il faut élever, ou abaisser la voix sur certaines syllabes. Quand un Juif habile lit le texte Hébreu de la Bible, il chante plutôt qu’il ne lit, parce qu’il le prononce selon les tons qui sont marqués par les accens. Ce que les accens ont de particulier dans cette Langue, c’est qu’ils y font la même chose que les points & les virgules dans le Latin, dans le Grec & dans le François : ils distinguent les sections, les périodes, & les membres des périodes. Le mot accent vient d’accentus ; & ce dernier mot, selon Covarruvias, vient d’accento, verbe fréquentatif dérivé d’accino.

Accent, en Musique, est une inflexion, ou modification de la voix, ou de la parole, pour exprimer les passions & les affections, soit naturellement, soit par artifice. L’accent oratoire se dit de même du ton qui accompagne les mots avec lesquels on exprime telle ou telle affection de l’ame. Chaque passion, chaque sentiment a un ton qui lui est propre.

Les Poëtes se servent quelquefois du mot d’accens au pluriel pour signifier la voix, ou les cris. Les accens plaintifs. Les derniers accens. Il expliqua sa passion par ces tristes accens.

Loin d’ici, profane vulgaire,
Apollon m’inspire & m’éclaire :
C’est lui, je le vois, je le sens :
Mon cœur cede à sa violence.
Mortels, respectez sa présence,
Prêtez l’oreille à mes accens. R.


Rien n’empêche même de s’en servir en prose, & M. Pelisson a dit fort élégamment aux Réfugiés : Pendant que toute la terre pleine de son nom (du Roi) & des charmes de votre Patrie, apprend à parler François, vous tâcherez de vous former avec peine aux accens de quelque Langue étrangère, qui ne laissera pas de vous faire entendre à toute heure ce que vous avez perdu.

ACCENTUER. v. a. Marquer les syllabes avec des accens, pour avertir comment il les faut prononcer. Syllabæ accentum apponere. Les Romains n’accentuoient point leurs syllabes en écrivant.

ACCENTUÉ, ÉE. adj. & part. pass. Cet é est accentué, il le faut prononcer plus fortement.

ACCEPTABLE. adj. m. & f. Ce qu’on ne peut raisonnablement refuser. Accipiendus, quod potest accipi. On le dit au palais, des offres, des propositions qui sont raisonnables, & concilient, autant qu’il est possible, les droits & prétentions respectives des parties.

ACCEPTANT, ante. adj. Terme de Pratique. Celui qui accepte, qui agrée ce qu’on fait en sa faveur. Dans tous les Contrats on dit, qu’un acquéreur, ou donataire, est présent & acceptant. Dans les cessions à un absent, le Notaire prend qualité d’acceptant pour le cessionnaire.

ACCEPTATION. s. f. Consentement de celui qui accepte, action par laquelle on reçoit volontairement, on agrée ce qui est proposé, offert. Acceptio. L’acceptation d’une donnation est nécessaire pour sa validité : c’est une formalité essentielle. L’acceptation est le concours de la volonté du donataire, qui donne la perfection à l’acte ; sans quoi le donateur peut révoquer son don. Si le porteur d’une lettre de change n’en fait point faire l’acceptation dans un certain temps, il n’a plus de garantie sur le tireur. Savary.

En matière bénéficiale, l’acceptation doit être faite au temps même de la résignation, & non ex intervallo. L’acceptation est réputée faite par un Gradué, nommé, quand il a demandé à l’ordinaire qu’il lui confère le Bénéfice. Bouchel.

Acceptation, en termes de Théologie, se dit de la manière de recevoir les Constitutions des Papes, ou de l’acte par lequel on les reçoit. Il y a deux sortes d’acceptations, l’une solennelle, & l’autre tacite : l’acceptation solennelle est l’acte par lequel on reçoit, & on accepte une Constitution, en condamnant ce que le Pape condamne. L’acceptation solennelle se pratique plus ordinairement dans les lieux où les erreurs condamnées se sont élevées, dans ceux où elles se sont répandues, où elles ont causé du scandale, où les Livres condamnés ont été imprimés ; dans les pays où sont ceux à qui la Constitution est adressée en particulier, quand elle ne l’est pas à tous les Fidèles. Quand une Constitution a été acceptée expressément par ceux qu’elle regarde d’une manière particulière, elle est censée acceptée tacitement par les autres Prélats du monde Chrétien qui en ont connoissance ; & cet acquiescement est ce qu’on appelle acceptation tacite. Ainsi la France, la Pologne, &c. ont accepté tacitement la Constitution contre la Doctrine de Molinos ; & l’Allemagne, la Pologne, &c. ont accepté tacitement les Constitutions contre la Doctrine de Jansénius, Evêque d’Ypres. Enfin, quand la plus grande partie des Evêques a accepté une Constitution expressément, ou tacitement, les autres sont obligés de l’accepter & d’y adhérer, en ce qui regarde la foi & les mœurs ; & il n’est point nécessaire que l’acceptation du Corps des Pasteurs soit solennelle, pour que les Constitutions du Saint-Siége soient des règles du sentiment des Fidèles. Procès verbal de l’Assemblée du Clergé en 1705.

Acceptation d’une lettre de change, est la promesse par écrit de l’acquitter dans le temps de son échéance.

ACCEPTER. v. a. Agréer ce qui est offert. Accipere. Il a accepté une charge difficile à remplir. La loi est censée accepter pour les mineurs, & elle supplée à leur intention dans les choses favorables. Courtin. Accepter un combat sur un défi. Accepter la paix, les conditions d’un traité. Il faut remarquer que ce mot est moins étendu que recevoir ou agréer, & qu’il suppose quelque traité ou négociation. On le dit pourtant quelquefois lorsqu’il ne s’agit point d’affaires. Les Juges ne doivent accèpter aucuns présens des Parues ; pour dire simplement, Recevoir.

Elle venoit, Seigneur, fuyant votre courroux,
A la face des Dieux l’accepter pour époux.

Ragin.

On dit, j’en accepte l’augure ; pour dire, je souhaite que cela arrive comme on le fait espérer.

Accepter se dit des Constitutions, Bulles, ou Brefs des Papes, comme on l’a expliqué au mot acceptation. Un arrêt du Conseil du cinquième Juillet 1714, le Roi y étant, déclare un Mandement d’un Evêque comme non fait, & non advenu, parce qu’il introduit une nouvelle manière d’accepter les Constitutions du Pape. Il y a cette différence entre accepter & acceptation pris en ce sens, que l’on dit également bien accepter ou recevoir une Bulle, ou Constitution, au lieu qu’on ne dit point réception, mais toujours acceptation d’une Bulle ou Constitution.

On dit aussi, accepter une lettre de change, pour en empêcher le protêt, lorsqu’on la souscrit, & qu’on promet de la payer.

On dit aussi au Palais, Accepter les offres de sa partie.

Accepté, ée. part. Qui a les mêmes sens que son verbe. Les offres qui ne sont point acceptées sont sujètes à révocation. En matière de Bulles & de Constitutions du Saint-Siége, quoiqu’on dise acceptation, & non pas réception, on dit cependant reçu, & non pas accepté. Cette Constitution est reçue en France. On n’encourt point en France l’excommunication, & les autres peines portées dans cette Bulle, parce qu’elle n’y a point été reçue, & non pas acceptée, au moins dans l’usage ordinaire.

ACCEPTEUR. s. m. Terme de commerce. Acceptor. L’Accepteur est celui qui a accepté une lettre de change. L’Accepteur devient débiteur personnel après l’acceptation, est obligé de payer, quand même le tireur viendroit à manquer.

ACCEPTILATION. s. f. Acceptilatio. Terme de Jurisprudence Romaine. Remise verbale qu’on donne à un débiteur sans aucun payement de sa part ; déclaration qu’on fait en faveur de son débiteur, qu’on ne lui veut plus rien demander, qu’on a été satisfait d’une dette, ou qu’on la lui remet. On trouve dans le droit une certaine forme prescrite pour l’acceptilation. Ulpien a cependant décidé que l’acceptilation n’est point aux paroles ; & qu’étant de droit naturel que chacun remette ce qui lui est dû, en la manière qu’il lui plaît, elle ne dépend point des formalités.

ACCEPTION. s. f. Considération, sorte de préférence qu’on a pour quelqu’un plutôt que pour un autre. Respectus, discrimen, delectus. Les bons Juges ne font aucune acception des personnes. Cette expression nous est venue de l’écriture, où le Traducteur Latin rend par accipere personam, & personarum acceptio, ce que l’Hébreu exprime par גקר פנים connoître, ou considérer le visage, y faire attention, ou par משא פנים, assumptio facierum, ce qui signifie faire distinction des personnes, avoir des égards, des considérations pour les unes, qu’on n’a pas pour les autres. On s’est servi autrefois aussi en ce sens du mot d’acceptation ; mais acceptation est plus propre pour les affaires, & acception pour les personnes.

Acception. Terme de Grammaire. Sens dans lequel on prend un mot. Significatio, notio, intellectus. Ce mot a plusieurs acceptions. Dans sa première & plus naturelle acception, il signifie, &c.

ACCÈS, s. m. Abord, entrée ; facilité d'approcher de quelque personne, ou de quelque chose. Aditus. Heureux celui qui a accès auprès du Roi. Cet homme cherche quelque acces dans cette maison, quelque connoissance qui lui en facilite l'entrée. C'est un homme dans l'esprit duquel il est impossible de trouver aucun accès. S. Evr. L'accès de cette côte est difficile à cause des rochers. Le facile acces est une partie du devoir du Prince. Louis XI. donnoit des audiences publiques à tous ses Sujets ; son accès étoit doux & charmant, sa présence étoit agréable, Matthieu en sa vie L. 3. Deroch.

Accès. s. m. Se dit dans les Conclaves, à l’élection des Papes, lorsque les voix se trouvant toujours trop partagées pour que l’élection se puisse faire, des Cardinaux se désistent de leur premier suffrage, & joignent leurs voix à celles qui ont été données à un autre Cardinal. Corradini eut trente voix au scrutin, mais à l’accès il n’en eut que vingt-huit.


Les billets du scrutin, les billets de l’accès. Après le scrutin, on alla à l’accès. Il fut fait Pape à l’accès. On dit aussi Accessit. Voyez ce mot. Accès vient du latin accessus, d’accedo, j’accède, je me joins.

Accès. Terme du Droit Canon, qui signifie la faculté qu’on accordoit à quelqu’un pour posséder un bénéfice après la mort du titulaire, ou parce que celui à qui on accordoit cette faculté, n’avoit pas encore l’âge compétent. En attendant, on donnoit le bénéfice à un autre ; & lorsqu’il avoit atteint l’âge requis, il entroit dans son bénéfice sans nouvelle provision. Le Concile de Trente, par le chapitre septième de la vingt-cinquième session, a abrogé les accès. Il réserve seulement au Pape la faculté de nommer des Coadjuteurs aux Archevêques & Evêques, pourvu qu’il y ait nécessité pressante, & que ce soit en connoissance de cause. La différence que les Canonistes mettent entre l’accès & le regrès, c’est que les regrès habent causam de præterito, parce qu’il faut avoir eu droit au bénéfice ; & l’accès, habet causam de futuro. Rassicot.

Accès, se dit aussi en Médecine des retours périodiques de certaines maladies, qui laissent quelques bons intervalles. Accessio, accessus. Il a eu un accès de fièvre, de goutte. Il lui prend quelquefois un accès de folie. En ce sens il se dit aussi seul, & sans ajoûter le nom de la maladie. L'accès a été long & violent.

Accès, se dit aussi au figuré & dans les choses morales. Il signifie alors, mouvement intérieur & passager, en conséquence duquel on agit. Il a des accès de dévotion, des accès de libéralité.

ACCESSIBLE. adj. m. & f. Ce qui peut être approché. Ad quem facilis est aditus. On le dit des lieux & des personnes. L’humeur farouche de ce Juge fait qu’il n’est accessible qu’à peu de gens. Il étoit accessible à toute heure & à tout le monde. Le Gend. Cette place n’est accessible que par un seul endroit.

ACCESSION. s. f. Terme de pratique. L’action d’aller dans un lieu. Accessio. Le Juge a ordonné une accession de lieu, pour dresser procès verbal de l’état des choses. Il signifie aussi l’union d’une chose à une autre que l’on possédoit déjà ; en ce cas c’est la même chose qu’accroissement : s’approprier un fonds par droit d’accession. Le droit explique diverses sortes d’accessions, en vertu desquelles une chose jointe à une autre accroît au profit du propriétaire de la chose à laquelle l’autre a été unie. La pourpre par voie d’accession appartient au maître du drap avec lequel elle a été confondue par la teinture. Inst. P. 2, T. i.

Accession. L’action d’accéder à un traité. Il sera permis aux autres Puissances d’entrer dans ce traité : le terme d’accession sera d’une année. Merc.. Juin 1725..

ACCESSIT, Terme de Collége. Récompense qu'on donne aux écoliers qui ont composé presqu'aussi-bien que celui qui a emporté le prix. Un tel a eu le premier prix des vers, & un tel le premier accessit ; c'est-à-dire, qu'il est celui qui a approché le plus près des prix.

Ce mot est Latin, & vient de ce qu'après avoir donné les prix on nomme ceux qui en ont approché le plus près, en disant : Ad hos proximè accesserunt. Il se dit & de la personne & de la chose ; c'est-à-dire, de l'honneur d'être ainsi nommé, & aussi de la récompense qu'on donne à ceux qui sont ainsi nommés, car on dit : Il est le premier ou le second accessit, il a eu le premier accessit ; &,;voilà mon accessit, en montrant le Livre qu'on a reçu.

Accessit, se dit dans le Conclave, d’un scrutin dans lequel des Cardinaux quittent le parti qu’ils avoient suivi jusque-là, & joignent leurs voix à celles d’un autre parti pour le fortifier. Le Cardinal Polus n’eut que vingt-six voix, tant au scrutin qu’à l’accessit. Dupin. Le Cardinal eut dix-huit voix au scrutin, & vingt-six à l’accessit. Id. On dit aussi Accès. Voyez ce mot.

ACCESSOIRE, s. m. Dépendance du principal, suite de quelque chose qui est plus considérable. Accessio. Les depens, qui ne sont qu'un accessoire, montent souvent plus haut que le principal. L'accèssoire doit céder au principal. Persée fut le principal acteur de la guerre, & Gentius n'en étoit que comme l'accèssoire. Ablanc. La caution dans le contract est un accèssoire qui fortifie le contract, & par cette raison il est condamné comme le principal obligé, parce que l'accèssoire tient de la nature du principal. ☞ M. l’Abbé Fleury dans le discours qui est à la tête du treizième tome de son Hist. Eccles. dit, en parlant des Pélerinages, que sur la fin de l’onzième siècle, on préféra ce petit accessoire à l’essentiel de la Religion.

Accessoire, se prend figurément pour un état fâcheux. Status acerbus. Il étoit dans un étrange accessoire. On ne s’en sert plus en ce sens.

Accessoire, pris pour adjectif, se dit de ce qui n’est point de l’essence d’une chose, mais que l’on y joint comme un accompagnement, comme une dépendance ou une suite. Adscitus, adventitius. Une dette accessoire, une idée accessoire.

Accessoire, en matière de Pharmacie, veut dire un changement qui arrive au médicament par des causes extérieures, & qui augmente, ou diminue sa valeur, son action.

l’Accessoire du long extenseur des orteils, en termes d’Anatomie, est une masse charnue, longuette & plate, située obliquement sous la plante du pied. Ce muscle a été autrefois appelé la chair carrée de la plante du pied, à cause de sa situation & de sa figure. Winslow.

Accessoire de Willis ; Accessorius Willisii, est, en termes d’Anatomie, un nerf, que nous appelons le Spinal. Voyez ce mot. Les nerfs accessoires appartiennent à la huitième paire, & naissent par plusieurs filets des deux côtés de la moëlle de l’épine du cou, quelquefois plus haut, quelquefois plus bas. Ils montent chacun entre les plans nerveux qui sortent latéralement de la moëlle de l’épine pour former les nerfs vertébraux ; & à mesure qu’ils montent, ils grossissent par les filets qu’ils reçoivent des plans nerveux postérieurs.

ACCHO. Accho. Ville de Phénicie. Elle fut donnée à la Tribu d’Aser ; mais cette Tribu n’en chassa point les Chananéens, ou Phéniciens, non plus que de quelques autres lieux dont il est parlé au Ch. i du Liv. des Juges v. 31. Quelques-uns veulent que ce soit la même qu’Acé, ou Ptolémaïs. Bochart, Chanaan, C. 2, dit que c’est Acon, que Jacques de Vitry, dans son Histoire d’Orient, C. 25 écrit Accon. Voyez sur cet endroit les notes d’André Hojux, p. 461, de l’édition de Douai 1597, & Fuller. Miscell. Liv. iv, C. 15.

Etienne a tort de chercher dans la langue grecque l’étymologie de ce nom ; encore plus Josephe de le faire venir d’ἀρχή, principium. C’est un mot purement Hébreu, ou Phénicien, עכו, que quelques-uns interpretent compressus, ou consractus ; mais dont nous ne savons pas la vraie signification.

☞ ACCIA. Ville de Corse, autrefois épiscopale. Accia. Elle est au nord de l’Île, entre la rivière de Golo, & celle de Tavignano. Accia ayant été ruinée, son évéché a été uni à celui de Mariana.

ACCIDENT, s. m. Terme de Philosophie, propriété accidentelle, ce qui survient à la substance, & qui ne lui est pas essentiel ; qui peut y être, ou n’y être pas, sans qu’elle périsse. Accidens. Un accident, ou un mode, c’est ce que nous concevons nécessairement dépendant de quelque substance. Roh. La blancheur est un accident dans une muraille, parce que cette muraille peut subsister sans la blancheur : au lieu que la blancheur ne peut naturellement subsister sans qu’elle soit soutenue par quelque substance. Les Cartésiens disent que l’extension constitue l’essence de la matière, & que les accidens ne sont que des modifications, qui n’en sont point distinctes réellement. Ces sentimens sont rejettés par les Théologiens, comme contraires à ce que la Foi nous enseigne touchant l’Eucharistie. Ce n’est pas nous, Nos très-chers frères, qui avons imaginé cette distinction de substance & d’accident ; c’est Platon, c’est Aristote, qui n’avoient aucune part à nos disputes : nous ne faisons qu’emprunter leurs termes, pour mettre hors de tout équivoque les termes communs. Peliss.

On distingue en Philosophie des accidens logiques, des accidens physiques, des accidens métaphysiques. L’accident logique est tout ce qui peut être conçu être ou n’être pas dans le sujet, sans qu’il cesse d’être ce qu’il est. La blancheur, par exemple, est un accident logique d’une muraille, ou de quelque autre corps que ce soit qui est blanc, parce qu’elle peut être dans la muraille, ou n’y être pas, sans que la muraille cesse d’être muraille. L’Accident métaphysique est tout ce qui n’est point l’essence première d’une chose ; & en ce sens les propriétés sont des acci-


dents. L’Accident physique est opposé à la substance, & on en distingue de deux sortes, l’Accident physique absolu, & l’accident modal. Par accident physique absolu, ou simplement accident absolu, accidens absolutum, on entend celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du pain & du vin dans le Sacrement de l’Eucharistie, suivant le grand nombre des Théologiens. Par accident physique modal, on entend toute modification réelle, inséparable absolument de son sujet, quoique le sujet puisse être sans elle, ou en avoir une différente. Ainsi la rondeur, la carrure, &c. sont des accidents physiques modaux. Voyez Mode. C’est la même chose.

Accident, Evènement fortuit, hasard, coup de fortune. Casus. Malheur imprévu. Casus adversus. Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident, ils en sont surpris les premiers. La Bruy. C’est par un heureux accident que cet homme a été garanti du naufrage. Quand il est mis seul, & sans adjectif qui en détermine le sens, il se prend presque toujours en mauvaise part. Il arrive quelquefois des accidens d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer. Rochef. C’est dans les hôpitaux que se rassemblent toutes les infirmités, & tous les accidens de la vie humaine. Flech. Je suis fâché de l’accident qui vous est arrivé : cela s’entend de quelque avanture désagréable.

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. Regnier.

Accident, signifie aussi les circonstances, & les incidens d’une action. Quand Sapho veut exprimer les fureurs de l’amour, elle ramasse de tous côtés les accidens qui suivent, & qui accompagnent cette passion : & remarquez que de tous ces accidens, elle choisit ceux qui marquent davantage l’excès & la violence de l’amour. Boil.

Accident absolu. Accidens absolutum. C’est celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du Pain & du Vin dans le Sacrement de l’Eucharistie : car l’Eucharistie étant un Sacrement ; c’est-à-dire, un signe visible, de la Grace invisible, il faut nécessairement qu’il y ait quelque chose de sensible. Ce ne peut être aucune substance, il faut donc que ce soient des accidens. De plus il se fait dans l’Eucharistie une véritable conversion ; c’est la Foi de l’Eglise Catholique, la Doctrine des Pères, & la décision des Conciles de Rome, sous Grégoire VII. de Latran, sous Innocent III. & de Trente, Sess. XIII. Chap. 6. Or en toute conversion il doit y avoir quelque chose de commun, qui demeure après le changement le même qu’il étoit avant le changement ; autrement ce ne seroit qu’une simple substitution d’une chose à la place d’une autre. Comme donc il n’y a aucune substance qui demeure, il faut que ce soient de purs accidens. Enfin, le Concile de Constance a condamné comme hérétique cette proposition, qui est la seconde de Wiclef, dans la Sess. VIII. Les accidens du Pain ne demeurent point sans sujet dans le même Sacrement (de l’Eucharistie). Et quoique le Concile de Trente ne se soit point servi du mot d’accident, il a néanmoins défini la même chose au regard des espèces, qui dans le langage de tous les Théologiens ne signifient autre chose que les accidens du Pain & du Vin. Car que sont autre chose les especes après la consecration, que des espèces sacramentelles & des accidens sans sujet ? dit le Concile de Cologne en 1539. Part. VII. §. 15. On peut voir encore dans le Concile de Basse le discours de Jean de Ragusio, Procureur général des Dominicains. Quelques Théologiens ou Philosophes reconnoissent pour accidens absolus tous ceux qui restent dans le Sacrement après la consécration ; la quantité, la couleur, la saveur, &c. D’autres disent qu’il n’y a proprement que la quantité qui soit un accident absolu & sans sujet, que les autres ont pour sujet la quantité. Le premier sentiment est plus conforme à celui des Pères, & à l’ancienne Doctrine ; car les Pères ont reconnu des accidens absolus autres que la quantité, & ailleurs que dans le Sacrement de l’Eucharistie. S. Basile, dans son Homélie VI. sur la création, enseigne, que la lumière ou plutôt la splendeur, la lueur de la lumière, , est différente de son sujet, comme la blancheur du corps blanc, & qu’elle a été au commencement sans ce sujet, ayant été créée quatre jours auparavant, ce qu’il regarde comme un miracle de la toute-puissance de Dieu. S. Grégoire de Nazianze dit la même chose. Orat. 43. Nicétas aussi-bien que Procope sur la Genèse approuvent ce sentiment de S. Basile. Les Cartésiens ont imaginé tout ce qu’ils ont pu pour détruire cette Doctrine des accidens absolus ; mais ils n’ont rien inventé qui satisfasse. Ils disent que sans qu’il reste rien, Dieu fait sur nos sens les mêmes impressions que faisoient le Pain & le Vin avant la consécration. Mais c’est là rejetter la Doctrine de l’Eglise, & au lieu d’une vraie conversion, ne reconnoître qu’une simple substitution. D’autres soutiennent que tous les corps ont beaucoup de matière hétérogène, d’air & d’autres corpuscules renfermés dans leurs pores ; que quand le Pain est détruit, cette matière, qui n’est point du Pain, subsiste ; que Dieu par miracle la conserve dans le même arrangement, qu’elle avoit dans les pores du Pain, avant qu’il fût détruit ; qu’ainsi elle doit produire les mêmes sensations que produisoit le Pain. Mais on répond à cela que c’est encore là n’admettre qu’une pure substitution, & non point une véritable conversion ; que d’ailleurs dans les principes mêmes des Cartésiens toute cette explication doit être fausse ; que l’espace qu’occupoient avant la consécration les parties solides de la substance du Pain & du Vin, ou demeure vuide après la consécration, ou se remplit de quelque autre substance, qui n’est pas du Pain, ni du Vin ; que soit qu’il demeure vuide, soit qu’il se remplisse de quelque autre substance, ce n’est plus le même tissu, ni le même arrangement de parties, puisque ce n’est plus du Pain ni du Vin ; qu’ainsi selon les Cartésiens mêmes ce ne doit plus être les mêmes sensations. De plus, que les parties du Pain n’étant point disposées, ni figurées de la même manière que celles du corps de Jesus-Christ, les pores ne peuvent être non plus disposés de même ; que cela étant il ne se peut faire que la matière interceptée dans les pores du Pain & du Vin, & conservée après la consécration dans la même situation, réponde exactement aux pores du Corps de Jesus-Christ ; qu’en plusieurs endroits elle tombera sur des parties solides ; qu’alors il faut de deux choses l’une ; ou que pour conserver toujours le même arrangement de cette matière, il y ait pénétration de plusieurs de ses parties avec des parties solides du Corps de Jesus-Christ, ce qui n’est pas possible dans les principes de Descartes ; ou que la disposition & l’arrangement se change, & que ce ne soient plus les mêmes sensations, ou impressions sur nos sens, ce qui est faux. Voyez la lettre d’un Philosophe à un Cartésien de ses amis. La substance corporelle ne se peut séparer de ses accidens. Qui vous l’a dit ? Etiez-vous du Conseil de Dieu, quand il tiroit du néant les substances & les accidens ? Peliss.

☞ Il est donc évident qu'on ne peut soûtenir aucun des sentimens rapportés ci-dessus. Car l'Eucharistie est un Sacrement, c'est-à-dire un Signe sensible où on ne peut pas dire, 1°. que cette sensibilité vienne du Corps de Jesus-Christ immédiatement, puisque la foi de l'Eglise est que J. C. n'est présent dans l'Eucharistie, que d'une maniére insensible par rapport à nous ; à la maniére des esprits. De plus, on ne rompt point le Corps de J. C. on ne le brise point avec les dents, &c. cependant si la sensibilité qui paroît dans l'Eucharistie, vient du Corps de J. C. immédiatement, il faut le dire nécessairement. 2°. Elle ne vient point non plus de la substance hétérogène qui étoit cachée dans les pores du pain & du vin avant la Consécration, & que Dieu conserve après dans le même arrangement & la même situation ; car il ne paroît pas le moindre changement à nos sens après la Consécration, or suivant cette explication, il faudroit nécessairement qu'il nous parût un changement très-grand après la Consécration : car avant la Consécration cette matiére hétérogène jointe avec le pain, n'excitoit dans nous qu'une certaine sensation : donc après la Consécration la sensation doit être différente, puisque par la Consécration on ôte ce qu'il y a de plus sensible, & ce qui fait incontestablement le plus d'impression sur nous. En effet, ou les petits espaces qu'occupoient les parties du pain & du vin demeurent vuides, ou ils sont remplis d'une autre matiére ; s'ils demeurent vuides, la sensation doit être différente ; s'ils sont remplis par une autre substance,


il faut encore qu'il y ait du changement, puisque cette substance étrangère n'aura pas le même arrangement de parties qu'avoient le pain & le vin ; que si elle avoit précisément le même arrangement, ce seroit pour-lors, comme en conviennent tous les Philosophes, du pain & du vin, puisque les corps ne diffèrent entr'eux que par le différent arrangement de leurs parties. 3°. Enfin on ne peut pas dire que cette sensibilité vienne de Dieu : car l'Eucharistie est en elle-même un Sacrement, & par conséquent un Signe sensible ; donc elle a sa sensibilité indépendamment de nos sens : donc sa sensibilité ne vient point des impressions que Dieu exciteroit dans nos sens. D'ailleurs l'Eucharistie est un Sacrement, ou un signe sensible tout comme les autres Sacremens : or il est certain que ces autres Sacremens sont sensibles en eux-mêmes. De plus, il est de foi que J. C. est réellement présent sous les espéces du pain & du vin, que le corps de J. C. n'est point rompu quand on divise l'Hostie, mais seulement les espéces : or y a-t-il du sens à dire que J. C. est caché sous les impressions de nos sens ; ce mot sous marque un voile à parte rei ? Et qui est-ce qui oseroit dire que nos sensations sont rompues ? Il faut donc conclure nécessairement que l'Eucharistie n'est un signe sensible ou Sacrement, que pour les espéces ou accidens ; que l'Eucharistie nous oblige donc d'en admettre. On peut ensuite, si l'on veut, prouver par l'autorité des Conciles & des Théologiens cette même vérité.

☞ S'il y a des accidens absolus dans l'Eucharistie, donc le pain & le vin les avoient ces mêmes accidens avant la Consécration, donc tous les autres corps en ont pareillement : donc dans tous les corps il y a une quantité, ou grandeur ou extension qui n'est pas matiére, & qui peut être sans la matiére.

Accident, en termes de Médecine, est la même chose que symptome, & se dit de tout ce qui arrive de nouveau à un malade, soit en bien, ou en mal. Symptoma. Le remède travailla de telle sorte, que les accidens qui s’ensuivirent fortifierent l’accusation. Vaug. Cette plaie se pourra guérir, s’il ne lui arrive point d’accident ; c’est-à-dire, de fièvre, d’inflammation, ou d’autre symptome.

Par Accident, manière de parler adverbiale. Fortuitò. Elle marque une chose arrivée par malheur, ou un évènement qu’on ne devoit pas naturellement attendre. Le Prince a l’humeur bienfaisante, & s’il fait du mal, ce n’est que par accident. En termes de Philosophie, par accident, per accidens, signifie ce qui ne suit pas de la nature d’une chose, mais de quelque qualité accidentelle qu’elle a, & il est opposé à de soi ; per se, autre manière de parler semblable qui marque ce qui suit de l’essence & de la nature d’une chose. Ainsi le feu brûle de soi, per se, & entant qu’il est feu, & non pas par accident ; mais un fer, même chaud, ne brûle que par accident, par une qualité accidentelle qui lui est ajoûtée ; & non pas de soi & entant qu’il est fer.

ACCIDENTEL, ELLE. adj. Qui n’est pas de l’essence d’une chose, ce qui est indifférent à un sujet. Adventitius. La blancheur est accidentelle au marbre, la chaleur au fer.

Point Accidentel. Terme de Perspective, c’est un point dans la ligne horizontale, ou les projections des lignes parallèles entr’elles, mais non perpendiculaires à la Peinture, se rencontrent. Accidentale punctum. Harris.

ACCIDENTELLEMENT. adv. Par accident. Ce n’est qu’accidentellement qu’un homme est blanc ou noir, grand ou petit. On ne s’en sert guère qu’en termes de Philosophie.

ACCISE. s. f. Terme de Relation. C’est une certaine taxe, ou impôt qu’on leve dans les Provinces-Unies sur le vin, la bière, & sur la plûpart des choses qui se consument. On condamne à de grosses amendes ceux qui fraudent les accises. Ce mot vient du Latin, disent les Jésuites d’Anvers, Acta. Sanct. April. T. iii. p. 738, de accidere, tailler, parce que c’est une taille, un retranchement. On trouve en Latin moderne Accisia, pour la taille.

ACCISME. s. m. Terme proverbial, qui signifie le refus dissimulé des choses dont on a le plus d’envie. Les filles répondent ordinairement par un accisme, lorsqu’on leur parle de mariage. Ce mot vient d’une femme nommée Acco, qui avoit accoutumé de refuser les choses dont elle avoit le plus d’envie. Moreri, au mot Acco.

ACCLAMATION, s. f. Clameur, bruit confus, cri de joie, par lequel le public témoigne de l’applaudissement, de l’estime, ou son approbation par quelque chose. Acclamati. Le Roi entra dans la ville parmi les applaudissemens & les acclamations du peuple. Ablanc. Les soldats ne purent retenir les pleurs, ni les acclamations par lesquelles une multitude exprime ses mouvemens. Vaug. Aux avénemens des Princes, & à leurs premières entrées dans les villes, les peuples ont accoutumé de faire des acclamations & des réjouissances publiques. Dans le Code Théodosien, L. vii, il est fait mention des acclamations du peuple Romain, aux entrées des Empereurs Auguste & Constantin. De Roch. Voici quelques formules de ces acclamations, que l’Antiquité nous a conservées : Que les Dieux vous conservent pour nous, votre salut, notre salut : Dii te, nobis servent, vestra salus, nostra salus. En vous, ô Antonin, & par vous, nous avons tout. In te omnia, per te omnia habentur, Antonine. Lamprid. Lorsqu’Agripprine entra dans Rome, les peuples crioient qu’elle étoit l’honneur de la patrie, le seul sang d’Auguste, le seul modèle de l’antiquité, & faisoient des vœux pour ses enfans. Tacit. Annal. L. iii. C. 4. Lampridius dit qu’à l’entrée d’Alexandre Sévère les peuples crioient Salve, Roma, quia salvus Alexander ! O Rome, soyez sauve, puisqu’Alexandre est sauf. Les Hébreux crioient Hosanna. Les Grecs Ἀγαθὴ τύχη, c’est-à-dire, bonne fortune. De Roch. Voyez Juste. Lipse, Elect. L. 11. C. 10, & Lymneus, Jus Public. Imper. L. 11. C. 5. Anciennement on se servoit d’acclamation & d’applaudissement dans les églises, comme dans les théâtres : les Magistrats, les Evêques, étoient élus autrefois par les suffrages, & les acclamations publiques. Dans les Conciles on s’en est aussi souvent servi, soit pour souhaiter de longues années aux Empereurs, soit pour opiner.

☞ On dit, élire par acclamation, quand les voix se réunissent tout d’un coup pour l’élection d’un Sujet. Acad. Fr. Un avis, une loi passent par acclamation, quand l’avis ou la loi sont reçus & approuvés dès qu’ils sont proposés.

ACCLAMPER. v. a. Terme de Marine. C’est fortifier un mât par des clamps, qui sont des pièces de bois qu’on y lie, qu’on y attache pour opposer plus de résistance au vent.

☞ ACCOIL, ou ACCUEL. s. m. Vieux mot s. m. Accueil.

☞ ACCOILLIR. Vieux v. a. Accueillir quelqu’un, le bien recevoir.

ACCOINTABLE. adj. Vieux mot. Gracieux, accostable.

A lui se tint ung Jouvencel
Accointable, très-gent & bel.

Gloss. du Roman de la Rose.Ësc

ACCOINTANCE. s. f. Vieux mot. Habitude, commerce, ou familiarité qu’on a avec une personne. Commercium, consuetudo. Il ne faut avoir aucune accointance avec des gens de mauvaise vie.

Le bel esprit au siècle de Marot,
Des grands Seigneurs vous donnoit l’accointance.

Des Houl.

ACCOINTER. v. act. Vieux mot, & hors d’usage qui signifioit, Hanter quelqu’un, faire société avec lui. Habere commercium, inire consuetudinem. Il s’est accointé de cette fille, pour dire, il la voit un peu trop familièrement.

ACCOISEMENT. s. m. verb. Calme. Terme de Médecine. Il n’est d’usage que dans cette phrase, l’Accoisement des humeurs.

ACCOISER, v. act. Vieux mot, qui signifioit, Adoucir, appaiser. Placare, mulcere. La tempête après avoir duré


six heures, s’accoisa un peu. La sédition fut accoisée par l’adresse d’un tel Magistrat. Ce terme est usité en Médecine, où l’on dit accoiser les humeurs. On le dit aussi avec le pronom personnel. Les humeurs s’accoisent.

Accoisé, ée, part. pass. & adj.

ACCOLLADE, ou Accolade. s. f. Embrassement, caresse qu’on fait en sautant au cou de quelqu’un en l’embrassant. Amplexus, complexus. Les amis qui ont été long-temps sans se voir, se font mille embrassades & accollades.

Accolade, se dit aussi de l’embrassade, & d’une cérémonie dont on use quand on fait un Chevalier, lequel on embrasse en signe d’amitié ; & en ce cas on dit, donner l’accolade aux Chevaliers. Grégoire de Tours rapporte que les Rois de la première race donnoient le baudrier & la ceinture dorée aux Chevaliers, & les baisoient à la joue gauche. Après l’accolade le Prince donnoit un petit coup du plat d’une épée sur l’épaule du Chevalier, qui entroit par là dans la profession de la guerre.

Accolade, dans un compte, c’est un trait de plume qui joint plusieurs articles pour n’en faire qu’un.

Accolade, se dit aussi de deux lapereaux qu’on sert, qu’on présente joints ensemble.

☞ On dit en plaisantant : Donner l’accollade à une bouteille, à un flacon.

Accolade, Ordre Militaire, ou de Chevalerie, en Angleterre. Autrefois il n’appartenoit qu’aux Chevaliers de l’Accolade de porter l’épée & les éperons dorés. Justiniani ne dit rien de cet Ordre dans ses deux volumes des Ordres de Chevalerie.


ACCOLLER, ou Accoler. v. act. Embrasser quelqu’un en lui mettant les bras sur le cou pour le baiser, le caresser. Amplecti, complecti. Ce mot est composé de col, & vient de ad, & de collum. Il se dit le plus souvent en riant.

Accoler, Embrasser le cou.

Psycharpax sur son dos légérement s’élance,
l’accole, & de ses bras le serre étroitement.

Accoler la cuisse, accoler la botte, signifie, Saluer quelqu’un avec grande soumission, avec respect, comme quand on va au devant d’un homme qui arrive, jusqu’à l’endroit où il descend de cheval, & qu’on s’y trouve pour l’y saluer:ce qui est une marque d’infériorité. Ad genua advolvi.

Accoler, en termes de Pratique, signifie, Faire un trait de plume en marge d’un compte, d’un mémoire, d’une déclaration de dépens, qui marque qu’il faut comprendre plusieurs articles sous un même jugement, & les comprendre dans une même supputation pour n’en faire qu’un seul. Multa in unum redigere.

Accoler, en termes de Jardinage, se dit des branches d’arbres, des séps de vigne qu’on attache à des espaliers, à des échalas. Alligare. Il est temps d’accoler la vigne. Les vignes ont besoin d’être accolées, afin que par ce travail donnant plus d’air aux raisins, & empêchant qu’ils ne penchent trop à terre, ils puissent parvenir à une maturité parfaite. Accoler la vigne, est un terme fort bien inventé, car en la liant, il semble qu’on l’arrête par le cou. Liger. Cet Auteur fait entendre que ce mot ne se dit que de la vigne; & en effet je ne l’ai jamais oui dire d’autre chose.

Accoler, signifie aussi, Joindre deux lapereaux ensemble pour en servir une accolade. Componere.

ACCOLLÉ, ou Accolé, ée. part & adj. En termes de Blason, se prend en quatre sens différens. On le dit des animaux qui ont des colliers ou des couronnes passées au cou. Torquatus. Ainsi on dit, un lion de sable armé, lampassé, & accolé d’or. On s’en sert aussi en blasonnant les armes de Navarre, qui sont de gueules aux rais d’escarboucle accolés & pommetés d’or.

Accolé, se dit aussi des choses entortillées à d’autres, comme d’un serpent à un arbre, ou à une colonne, ou de toute autre chose qui est entourée de lierre ; d’un sep de vigne à un échalas ; d’une givre, Alligatus.

Accolé, se dit encore de deux écus qui sont joints ensemble, & attachés par les côtés. Scutum scuto annexum, adjunctum. Ainsi les écus de France & de Pologne étoient accolés sous une même Couronne du temps de Henri III, ceux de France & de Navarre depuis Henri IV. Les écus de Léon X & de François I. sont en tête du Concordat en deux Ecussons accolés : ils le sont pareillement dans le sceau dont il est scellé. Les femmes accolent aussi leurs écus à ceux de leurs maris.

On dit aussi que des fusées, des losanges & des macles sont accolées, quand elles se touchent de leurs flancs, ou de leurs pointes sans remplir tout l’écu. On se sert aussi de ces termes pour les clefs, bâtons, masses, épées, bannières, & autres choses semblables qu’on passe en sautoir derrière l’écu.

ACCOLURE. s. f. Terme de jardinage. Lien de paille, ou d’autre chose, dont les vignerons se servent pour accoler les vignes. L’accolure n’est pas une marchandise bien chère.

Ce mot signifie aussi l’action d’accoler.

☞ ACCOMBA. Ville du Péloponèse, ou de la Morée. Hypania. Elle est dans le Belvédère, au quartier que l’on nommoit autrefois l’Elide, près de la rivière de Diagon, qui, quelques lieues au-dessous, se décharge dans l’Alphée.

ACCOMMODABLE. adj. m. & f. se dit en matière de différent ; qui se peut terminer, ajuster, pacifier. Quod componi, conciliari facilè potest. Cette querelle est venue de rien, elle est accommodable. Les différens en matière de Religion ne sont guère accommodables.

ACCOMMODAGE. s. m. Travail ou salaire de ceux qui apprêtent, qui accommodent les viandes. Operæ, laboris merces. Quand on porte des viandes au cabaret, il en faut payer l’accommodage, les sauces, l’apprêt. On a tant payé au Tapissier pour l’accommodage des chambres, quand on a déménagé.

ACCOMMODANT, ante. adj. Qui est facile, complaisant, qui veut bien ce que les autres veulent, avec qui l’on peut traiter aisément. Commodus. Vous aurez bientôt conclu votre marché avec cet homme-là, il est fort accommodant. Votre humeur si égale, sociable, & si accommodante me charme. Cost.

Accommodant, signifie aussi, Ce qui nous fait grand bien, qui établit nos affaires. Un gros billet de lotterie, une succession inesperée, sont des choses fort accommodantes.

ACCOMMODATION. s. f. Terme de Palais. Accord qui se fait à l’amiable. Compositio. Ce procès est si embrouillé, qu’il n’y a pas moyen d’en sortir que par voie d’accommodation. On ne s’en sert plus. Il faut dire, accommodement.

On le dit aussi figurément de la conciliation des Loix, des passages des Auteurs qui semblent être contraires. Conciliatio. Le plus grand soin des Commentateurs est de trouver l’accommodation des textes de leurs Auteurs qui se contrarient. Conciliation est meilleur.

Accommodation. Terme de Philosophie. Accommodatio. Connoître par accommodation, c’est connoître une chose par l’idée d’une autre.

ACCOMMODEMENT. s. m. Ajustement, ce qui rend une chose plus commode, ou qui la met en meilleur ordre. Conveniens rerum dispositio, collocatio. Je ne louerai point votre maison, que vous n’y ayiez fait tels & tels accommodemens.

Accommodement, signifie aussi, Réconciliation, accord, traité pour finir un procès, ou un différend à l’amiable. Compositio, reconciliatio. Ces parties sont en voie, en termes d’accommodement. Cet homme n’est point chicaneur, il est homme d’accommodement ; il est porté naturellement à l’accommodement ; il entre volontiers en accommodement ; il écoute tous les moyens d’accommodement. Dans les accommodemens l’on cherche d’ordinaire des termes foibles, pour l’honneur de celui qui fait satisfaction. Bouh. Cet acte d’hostilité a rompu l’accommodement qu’on avoit ménagé. Ils ont fait un accommodement plâtré. [Acad. Fr. Il se prend encore pour un tempérament, & pour un biais de parvenir à un accommodement. Il y auroit un accommodement à proposer, si les intéressés y vouloient consentir ; c’est-


à-dire, un moyen, & un adoucissement pour les concilier.

Le ciel défend de vrai certains contentemens.
Mais on trouve avec lui des accommodemens.

Moliere.

Un négociateur qui a ses ordres de la Cour, feint cependant quelquefois de se relâcher de lui-même, & comme par un esprit d’accommodement. La Bruy.

On dit proverbialement, que le meilleur procès ne vaut pas le plus mauvais accommodement.

ACCOMMODER. v. a. Rendre une chose facile, commode, la réparer. Aptare, reparare, reficere. On a donné ordre pour accommoder les chemins. Il faut accommoder cette selle, la rembourer, la rendre moins dure, & plus commode.

Accommoder, signifie aussi, arranger, mettre en ordre, en bon état. Componere, concinnare. Il a pris grand soin d’accommoder sa chambre, son cabinet ; d’orner, d’accommoder son jardin, sa maison.

On le dit aussi des choses qui regardent l’ornement de la personne. Comere. Cette femme est toujours deux heures à s’accommoder ; c’est-à-dire, à s’ajuster & à se parer. Ce Barbier accommode bien la perruque, les cheveux.

Accommoder, signifie aussi, préparer, apprêter, assaisonner. Parare, apparare, instruere, condire. Ce Cuisinier accommode fort bien à manger. On est fort bien accommodé dans cette hôtellerie ; c’est-à-dire, on y est bien traité, & bien servi. A quelle sauce voulez-vous qu’on accommode ce poisson.

Accommoder, se dit aussi en parlant de ce qui est à la bienséance, au voisinage de quelqu’un. Convenire. Cette terre accommoderoit bien cette Seigneurie, parce que l’une releve de l’autre. Vous ferez aisément marché avec ce curieux, tout l’accommode.

Accommoder, signifie, presqu’en même sens, traiter, acheter, prêter, permuter. Si vous voulez m’accommoder de cette terre, je l’acheterai. Si vous voulez m’accommoder de quelque argent, vous me ferez plaisir.

Accommoder, signifie aussi débrouiller ses affaires, les rétablir, faire fortune, gagner du bien, reparare, restituere, rem facere. Cet homme s’est bien accommodé dans cette charge:il étoit gueux, il a bien accommodé ses affaires.

Accommoder, signifie aussi terminer un procès, une querelle. Componere, controversiam dirimere. Quand les gens sont las de plaider, c’est alors qu’ils sont disposés à s’accommoder. Ces jeunes gens étoient prêts à se battre ; mais on les a accommodes. Acad. Fr.

On le dit aussi des Loix, des passages des Auteurs & autres choses qui semblent se contrarier, & que l’on cherche à concilier. Conciliare. Comment accommodez-vous cette Loi du Digeste avec cet autre du Code ? Comment accommodez-vous la dévotion avec la coquetterie ? Il y a des dévots qui accommodent la Religion à leur intérêt.

Accommoder, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie être facile, commode dans la négociation, dans la manière de vivre. Fingere, accommodare se ad voluntatem, &c. Il y a plaisir de traiter avec cet homme-là; c’est un homme d’un esprit aisé, & d’une humeur agréable, qui s’accommode à tout. En ce sens on dit aussi, qu’un homme sage doit s’accommoder au temps. Servire tempori, &c. C’est-à-dire, se conformer à l’usage, aux lieux, aux humeurs, à la volonté, à la capacité des personnes à qui il a affaire, pour vivre en repos, & dans l’estime publique. La science d’un homme sage est de s’accommoder au temps. Le Gend. Il faut que la raison s’accommode à la sensibilité de la nature, & que dans les extrêmes déplaisirs elle lui laisse verser des pleurs. Cail. Pour être heureux par les passions, il faut que toutes celles que l’on a s’accommodent les unes avec les autres. Fonten. Les soupirs & les langueurs ne s’accommodent point à la fierté d’un Héros. Cail. C’est-à- dire, qu’ils ne compatissent point ensemble. Il faut s’accommoder aux choses, quand les choses ne s’accommodent pas à nous. Un sage s’accommode aux vices de son siècle. Mol. ☞ S. Ignace disoit qu’il ne faut pas accommoder les affaires à soi, mais qu’il faut s’accommoder aux affaires. Bouh. Quand on n’a pas de quoi s’accommoder, il faut s’accommoder de ce qu’on a. R.

s’ACCOMMODER, avec la particule de, signifie trouver une chose bonne, commode, ou du moins ne la trouver pas mauvaise, s’en servir, en user volontiers. Convenire, uti, adhibere. Je ne saurois m’accommoder de ce valet, pour signifier, je ne puis m’en servir. On dit qu’un homme ne s’accommode pas de toutes sortes de personnes, pour dire, que toutes personnes ne lui plaisent pas ; qu’il s’accommode dans un lieu, pour exprimer qu’il s’y trouve bien. Je ne m’accommode point de la solitude, ce genre de vie est trop ennuyeux. Le P. Malebranche pensoit trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. La Bruy. Socrate, dont la vertu n’étoit point farouche, s’accommodoit de l’innocente joie des festins. M. Scud.

Accommoder, avec le nom personnel, signifie encore prendre sans façon, s’approprier les choses un peu hardiment. Usurpare, vindicare. Cet homme s’accommode de tout ce qu’il trouve ; c’est-à-dire, il s’en saisit, il s’en empare. On dit aussi, voyez comme il s’accommode ; pour exprimer, qu’il prend ses commodités avec beaucoup de liberté.

Accommoder, se prend quelquefois à contresens, & en mauvaise part, & signifie maltraiter, ou de paroles, ou de coups ; gâter, mettre en désordre & en mauvais état. Malè habere. Il est tombé entre les mains de voleurs, d’assassins, qui l’ont accommodé d’une étrange manière. Il est tout couvert de boue, le voilà mal accommodé. Bon Dieu ! comme il s’est accommodé. En quel état il s’est mis. Expressions familières. On dit populairement, je vais l’accommoder de toutes pièces. Ablanc. Dans le jugement de ce procès il a été mal accommodé ; il y a eu de sévères condamnations contre lui.

On dit aussi par raillerie, d’un homme qui s’est enivré, qu’il s’en est donné, qu’il s’est accommodé de la belle manière ; pour dire, qu’il en a pris avec excès.

Accommoder, se dit proverbialement dans ces phrases. On l’a accommodé tout de rôti, pour dire, on l’a fort maltraité. On dit aussi, accommodez-vous, le pays est large ; pour se moquer d’un homme qui se met à son aise, qui prend ses commodités sans beaucoup de cérémonie.

{{scAccommodé, ée}}. part. Compositus. Un procès accommodé. Un homme assez accommodé des biens de la fortune. Dives. Masc.

ACCOMPAGNATEUR. s. m. Celui qui dans un concert joue de quelque instrument de Musique, en accompagnant la voix des chanteurs. A l’aide de cette nouvelle méthode on peut devenir sçavant Compositeur & habile Accompagnateur, même sans savoir lire la Musique. M. Rameau. Merc. Fév. 1732.

ACCOMPAGNEMENT. s. m. Action par laquelle on accompagne. Comitatus. L’accompagnement du Saint Sacrement, quand on le porte aux malades, est une action pieuse, & qui édifie. Dans ce sens l’on ne s’en sert guère que pour des cérémonies. Le Prince de C. fut chargé de l’accompagnement de la Princesse. Ac.

Accompagnement, se dit aussi de choses qui en accompagnent une autre, & qui en sont regardées comme une suite nécessaire, ou pour l’ornement, ou pour l’agrément, ou pour la symétrie. Adjuncta. Il ne manque à cette maison qu’un bois de haute futaie pour son accompagnement. Cette chambre est belle, mais elle n’a pas ses accompagnemens. S. Evr.

Accompagnement, en termes d’Organiste, se dit de divers jeux qu’on touche pour accompagner le dessus, comme le bourdon, la montre, la flûte, le prestant, &c Concentus.

Accompagnement, est aussi un terme de Blason, & se dit de tout ce qui est autour de l’Ecu pour lui servir


d’ornement, le pavillon, le cimier, les supports, &c. Stipatio.

Accompagnement. s. m. L’action d’accompagner dans la Musique. Apprendre l’accompagnement, savoir l’accompagnement.

ACCOMPAGNER. v. a. Marcher de compagnie avec un autre. Comitari. Un Religieux doit être toujours accompagné d’un Frère. Cette femme jalouse accompagne par-tout son mari.

Accompagner signifie aussi, Conduire quelqu’un par civilité, & pour lui faire honneur. Delucere. Le Président a accompagné cette Dame jusqu’à son carrosse. On envoie des gens de qualité aux Ambassadeurs pour les accompagner à l’audience du Roi, pour les y conduire.

Accompagner, se dit aussi de la suite, du cortége, de l’escorte qu’on donne à quelqu’un, ou pour l’observer, ou pour lui faire honneur, ou pour l’assurer en sa marche. C’est en ce sens qu’on dit accompagner le S. Sacrement, quand on le porte aux malades. Rodolphe, Comte de l’Hapsbourg, rencontrant à la campagne un Curé, qui portoit le S. Viatique à un malade par des chemins très-fâcheux, lui donna son cheval, & accompagna le S. Sacrement à pied. C’est à cette action de piété qu’on attribue son élévation, & celle de la maison d’Autriche, dont il est le Chef. On a remarqué que le Roi fit quelque chose de semblable peu de temps avant que le Duc d’Anjou parvînt à la Couronne d’Éspagne. Ce Seigneur marche toujours accompagné de six Gentils-hommes, &c. Les Maréchaux de France envoient un Garde à ceux qui ont querelle, pour les accompagner par-tout. Quand le Roi alla à la conquête de Flandre, il étoit bien accompagné, il avoit une nombreuse armée. On envoya un corps de cavalerie pour accompagner ce convoi, c’est-à-dire, pour l’escorter.

Accompagner, se dit aussi de ce qui orne ou décore quelque chose, & qui lui sied bien. Condecorare. Ces deux pavillons accompagnent bien ce bâtiment, ils font une belle symmétrie. Cette garniture accompagne bien son habit, cela est bien assorti. Lorsqu’elle joue, le thuorbe accompagne parfaitement son chant ; mais sa personne accompagne encore mieux le thuorbe. Le Ch. d’H.

Accompagner, se dit figurément en choses morales, de ce qui est joint ensemble. Consociare, Conjungere. Il accompagne tout ce qu’il dit de tant de graces, & de tant d’honnêtetés, que cela gagne les cœurs. La colère & l’emportement accompagnent d’ordinaire le jeu. St Evr. L’admiration qu’on a pour les actions glorieuses, est souvent accompagnée d’un secret dépit de n’en pouvoir faire autant. Cost. Il a accompagné le compliment qu’il lui a fait faire, d’un present considérable. La fortune a accompagné Alexandre en toutes ses entreprises ; elle l’a suivi par-tout. La vieillesse, par les infirmités qui l’accompagnent, ressemble plus à la mort qu’à la vie. Ablanc.

Accompagner, en terme de Musique, se dit de celui qui joue du clavecin dans un concert, ou de celui qui joue de la flûte, ou du violon, ou de quelque autre instrument, pendant que quelqu’un chante. C’est une science particulière, de bien accompagner une voix. ☞ Un habile Musicien accompagne de génie, & sur le champ toutes sortes d'airs.

s’Accompagner, v. n. p. Mener quelque gens avec soi pour quelque dessein. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il s’accompagna de gens de main pour faire ce coup-là.

Accompagné, ée. part. pass. & adj. Comitatus.

Accompagné, en termes de Blason, se dit lors qu’autour d’une pièce principale, comme le sautoir, la bande, la fasce, le chevron, le croissant, le lion, l’aigle, &c. il y a plusieurs autres pièces qui sont auprès en séantes partitions. De Neufville Villeroi porte d’azur au chevron d’or, accompagné de trois croix ancrées de même. On le dit particulièrement des croix, sautoirs, chevrons, pairles, &c. quand ces choses sont également disposées dans les quatre cantons de l’Écu qu’elles laissent vuide.

ACCOMPLIR, v. act. Faire entièrement, mettre une chose en un état où il n'y ait plus rien à desirer ; lui donner sa perfection. Perficere. Notre Seigneur a accompli toutes les prophéties ; il a fait tout ce qu'elles avoient prédit. Cet Officier a bien accompli son devoir. Dieu lui donna des enfans pour accomplir ses desirs, & les lui ôta pour éprouver sa résignation. Felib. Il a accompli sa promesse, ou son vœu ; c’est-à-dire, qu’il a exécuté tout ce qu’il avoit promis. Promissa exsolvere.

Accomplir, se dit aussi de ce qui est fini & achevé. Absolvere. Ce garçon a accompli le temps de son apprentissage. Cet exilé a accompli le temps de son bannissement.

Accompli, ie. part. & adj. Achevé, parfait. Perfectus, absolutus. Le temps est accompli. Il a fait un ouvrage accompli. Ce Seigneur est accompli, pour dire, il a toutes sortes de perfections & de bonnes qualités. Il faut avoir 25 ans accomplis pour être en majorité.

ACCOMPLISSEMENT, s. m. Exécution, succès, ce qui rend la chose accomplie. Perfectio, absolutio. Nous avons l’accomplissement de nos vœux ; c’est-à-dire, tout ce que nous avons souhaité. Les instructions de l’Eglise tendent à porter les fidèles à l’accomplissement de la Loi de Dieu. Port-R. Lycurgue ordonna que les nouveaux mariés ne se vissent qu’à la dérobée, afin d’empêcher le dégoût qui suit l’entier accomplissement de nos desirs. Ablanc. Voyez un heureux, & quelle sérénité l’accomplissement de ses desseins répand sur son visage. La Bruy.

ACCON. Terme de Marine. Petit bateau à fond plat, dont on se sert pour aller sur les vases, lorsque la mer est retirée.

ACCONDUIRE. verbe act. Amener. Adducere. Il ne se dit plus.

ACCOQUINANT, ante. adj. verbal. Qui accoquine, qui attire. Le feu est accoquinant. Une vie accoquinante.

ACCOQUINER, v. act. amuser, attacher, s’accoquiner, v. n. p. Se plaire, s’attacher à une vie coquine, fainéante, & libertine ; s’amuser, s’accoutumer à quelque chose d’indigne. Tradere se inertiæ, ludo, voluptati, &c. Il ne se dit que dans le style bas & satyrique. Il s’emploie plus souvent avec le pronom personnel. Cet homme s’est accoquiné au jeu, s’est accoquiné avec cette femme débauchée. Un artisan qui s’accoquine au cabaret est toujours gueux. Depuis qu’on s’est accoquiné à gueuser, on est fainéant toute sa vie.

Mon Dieu, qu’à ses appas je suis accoquiné !

Moliere. Dépit amoureux.

La lecture des Romans accoquine l’esprit ; pour dire, elle l’amuse, elle l’attache. Nous verrions les femmes courir après nous, sans tous les respects où nous les accoquinons. Mol. Le feu accoquine, il rend les gens paresseux & fainéans. On le dit aussi de quelques animaux domestiques. Il ne faut pas qu’un chien de chasse s’accoquine à la cuisine. Ce mot, quand il est joint avec le pronom personnel, régit le verbe à l’infinitif avec la particule à : Quand on s’est une fois accoquiné à faire des vers, l’on ne peut plus s’appliquer à autre chose. St. Evr. Ce mot vient de coquus, parce que les fainéans se plaisent fort à la cuisine, ou plutôt de coquin, dont nous donnerons l’étymologie en son lieu, & signifie proprement devenir coquin, soit en général, soit à l’égard de quelque chose en particulier.

Accoquiné, ée. part. & adj.

ACCORD, s. m. Consonnance ou union de deux sons agréables à l’oreille. Consentus, consonantia. L’octave, la quinte, sont de bons accords. Ce Musicien ne joue pas une pièce, il fait seulement des accords. L’Organiste joue le plein chant du petit doigt, & des autres il fait des accords. On dit aussi, qu’un luth ou un autre instrument n’est pas d’accord, quand il ne fait pas les consonnances justes qu’on desire, & que les cordes ne sont pas montées justes au ton qu’elles doivent être.

Accord, s. m. Se dit aussi de la Poësie & des Vers.

En ce temps d'or & de délices,
Racan, dont les charmans accords
Obtiendroient du Prince des morts
Le retour de mille Eurydices. P. le M.

Accord, signifie aussi cette union & cette proportion qui est entre toutes les parties de l’Univers, qu’on appelle l’Harmonie du monde, qui en établit le repos & la stabilité. Consensus & convenientia.


Accord, signifie encore, Paction, convention entre les personnes qui traitent, qui conviennent de quelque chose. Conventum, pactio. Ces parties ont fait, ont passé, ont signé un bon accord. Ce changement s’est fait d’accord de parties, de concert. Un bon accord vaut mieux qu’un méchant procès. Il faut remarquer qu’on ne dit un accord, que des affaires légères & particulières ; & que dans les grandes on se sert du mot de transaction ou de traité : & accommodement est le genre qui se dit de tout cela. L’accord diffère de la transaction, en ce que les transactions se font moyennant quelque chose donnée, promise, ou retenue ; & l’accord, qu’on appelle en Droit nudum pactum, se fait sans se rien demander l’un à l’autre.

Accord, se dit aussi de l’union & de la bonne intelligence qui se trouve entre ceux qui vivent ensemble : en ce cas, il signifie une conformité d’esprits & de volontés. Concordia. Ce mari & cette femme sont bien d’accord.

Accord, se dit aussi de l’accommodement qui se fait entre des personnes qui étoient mal ensemble. Reconciliatio. Un accord se doit faire sans tant d’exactitude & de chagrin ; on le rend plus assuré. Bellum finire cupienti opus erat decipi, dit un Ancien. Il faut souvent se laisser tromper pour sortir d’affaire. De Roch. Les accords qui se font par nécessité ne durent pas ; le repentir les suit, & fait renouveller les querelles en peu de temps. Id.

Accord, signifie aussi, Consentement. Consensio. J’en suis d’accord. Les Protestans sont d’accord avec nous qu’au moins à l’égard des vérités Chrétiennes, & des promesses générales de Dieu, il faut avoir une certitude entière & parfaite ; être au moins infailliblement assuré qu’on est dans la voie du Salut ; autrement ce ne seroit pas Religion & Loi Divine, mais opinion & connoissance humaine. Peliss. Tout le monde demeure d’accord, tombe d’accord, est d’accord de cette vérité. Ils demeurerent aussi d’accord avec nous, que, &c. Peliss. J’en tombe d’accord. Je ne voudrois pas me servir de cette manière de parler. J’aimerois mieux dire : J’en demeure d’accord, qui me paroît plus propre & plus en usage : Suite des Mots à la mode C’est aussi le sentiment de Mr Andry, qui reprend le P. Bouhours du trop fréquent usage de, Je tombe d’accord, dans sa manière de bien penser. Réflexions sur l’usage présent de la Langue Françoise. Il faut, dit Mlle de Scudery, que vous demeuriez d’accord que la critique en général a fait mille biens au monde pour perfectionner les Sciences & les Arts, & qu’elle est aussi ancienne que lui. Conversations morales. On dit absolument, d’accord ; pour dire, J’y consens ; cela est vrai ; Je l’avoue. C’est ainsi que dans un Dialogue avec Pégase on a dit :

A. Tu suivis toutefois le diligent Achille.
Dans le cours glorieux de ses hardis exploits,
P. D’accord : mais en dix ans il prenoit une Ville :
Il n’en prit jamais quatre en la moitie d’un mois.

Accord, signifie encore, Conformité de sentimens, Consensus. Tous les Philosophes ne sont pas d’accord sur cette matière ; c’est-à-dire, qu’ils ne sont pas du même avis, ni dans le même sentiment là-dessus. Toute puissance est établie de Dieu, vous en êtes d’accord. Peliss.

Iris, dans notre querelle
Je n’examine pas qui de nous deux a tort :
De tout ce qu’il vous plait je demeure d’accord ;
Et vous avez raison puisque vous êtes belle. La Sabl.

Tout d’un accord, adv. Tout d’un consentement, d’un même avis.

On dit proverbialement d’un homme facile & de bonne humeur, qui consent à tout ce qu’on veut, qu’il est de tous bons accords.

Accords, ou étais, en termes de Marine, sont de grandes pièces de bois dont on se sert pour soutenir le Navire que l’on construit tant qu’il est sur le chantier. Tigna.

ACCORDABLE. adj. Qui se doit ou peut s’accorder. Dignus venia. Cette grâce n’est pas accordable, le crime est trop énorme. Il est peu en usage.

ACCORDAILLES. s. f. Il n’a point de singulier. Cérémonie qui se fait pour la lecture des qualités, ou pour la signature d’un contrat de mariage en présence des parens,