Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Synchrétisme

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 4 – de « Persécutions » à « Zoroastre »p. 797-798).

SYNCRÉTISME. — Le mot syncrétisme évoque immédiatement l’idée de mélange. Appliqué à l’histoire religieuse, il désigne moins un système défini qu’une tendance : tendance naturaliste à p : ésenter l’unique vraie religion, révélée de Dieu, comme un simple résidu des diverses religions historiques. Il s’attaque d’ailleurs soit au dogme et au culte, soit au culte seulement.

Le syncrétisme dogmatique, méconnaissant le caractère transcendant de la doctrine révélée, substitue aux symboles de foi, garantis par l’autorité de l’Eglise, des pièces de marquetterie où figurent, en proportions variables, les vérités divines et des inventions humaines. On comprend aisément que cette voie mène à l’hérésie. Car le dépôt de la révélation doit être gardé pur de tout alliage ; si la foi chrétienne fait volontiers appel à la philosophie rationnelle pour développer le contenu de la tradition divine authentique, elle repousse tout accroissement parle dehors. La doctrine chrétienne est, selon le mot 1583

TEMPLIERS

158’.

de l’Apôtre I, Cor., i, 23-2’( ; II, 7), scandale pour les Juifs, folie pour les Gentils, mais pour les élus, puissance de Dieu et sagesse de Dieu ; sagesse mystérieuse, venue d’en haut. — Sur l’indépendance du Nouveau Testament à l’égal de la philosophie antique, on trouvera un bon chapitre dans le livre du K. P. A. Allô sur Le Scandale de Jésus, ch. ix, Paris, 1927.

Le syncrétisme liturgique incline à voir, dans les rites chrétiens, soit des legs de la Synagogue, soit des emprunts aux divers cultes païens. Accidentellement, il pourra rencontrer certaines vérités de détail ; car si l’on met a part le sacrifice de la Nouvelle Loi, institué par Jésus-Christ, et les Sacrements, pareillement institués par lui, la liturgie de l’Eglise est le produit d’une élaboration séculaire ; elle a pu s’inspirer soit du rituel mosaïque, soit de coutumes universelles, et’parfois démarquer certaines formes extérieures du culte qu’elle devait faire oublier. Mais il va sans dire que de tels faits durent être rares et que, pour avoir le droit d’y croire.il faut les avoir démontrés. Loin de montrer aucun empressement à s’enrichir de dépouilles étrangères, l’Eglise ne cessa de veiller, avec un soin jaloux, sur la pxireté de son culte original.

Il y a d’ailleurs, dans le syncrétisme religieux, bien des nuances, depuis les affirmations catégoriques du naturalisme intégral jusqu’aux insinuations plus ou moins ouvertes du modernisme. A tous les degrés, il constitue un dissolvant énergique de la croyance catholique. 1

Cette matière essentiellement diffuse ne comportait guère, dans le Dictionnaire Apologétique, un développement distinct ; mais elle y affleure en maintes pages. Le lecteur désireux d’en relever les traces pourra consulter en particulier les articles Culte chrétien, Dogme, Eucharistie, Evolution, Expérience religieuse, Gnose, Initiation chhétibnnk, Jésus-Christ, Mitbra, Modernisme, Mystères païens, Paulinismb, Rédemption, Reliques, Sacrements, Saints, Sibyllb, Sylladus, Tradition, Trinité ; enfin les nombreux articles consacrés à l’histoire des Religions. Pour plus ample information, consulter les tables de IL Pinard de la Boullaye, L’Etude comparée des Religions, t. II.

A. d’ALÈs.