Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Lièvre biblique

Dictionnaire apologétique de la foi catholique

LIÈVRE BIBLIQUE. — Moïse déclare, à deux reprises (Levit., xi, 5 et Deutcr., xiv. 7) que le lièvre rumine et qu’il n’a pas le pied fendu. Or, en réalité, le lièvre nr rumine pas et il a le pied fendu. Moïse a donc fait erreur, et, par conséquent, n’est pas inspiré.

A cette difficullc, on j)iut d’abord répondre qu’il n’est pas certain que l’animal dont parle Moïse soit bien le lièvre, puisque certains hébraïsants nient que le mot hébreu arnelieth signilie lièvre ; la controverse sur ce point n’est pas encore dclinitiverænt

tranchée. Schœfer, dans son livre Bibel und Wissenschaft, propose une solution d’une portée plus générale. La voici : L’analomie nous apprend à la vérité que, dans le squelette du lièvre, les doigts ne sont pas soudés ; mais, à considérer l’apparence extérieure du pied, revêtu de ses muscles, de sa peau et de son poil, nous voyons les quatre doigts dont il se compose se confondre sous un pelage dont les quatre ongles sortent à peine. L’ex[)ression de Moïse est conforme à cet aspect et, par là, beaucoup plus intelligible à ses lecteurs que celle qui désignerait la structure révélée par la dissection. Il en est à peu près de même au sujet de la rumination. Le mode particulier de digestion que l’on désigne aujourd’hui par ce terme n’est passcientiûquement connu depuis bien longtemps, mais ce qui a toujours sauté aux yeux, c’est ce jeu des mâchoires et de toute la bouche, qu’on observechez les ruminants quand ilsremàchent leur nourriture. Or, sans la remâcher, le lièvre màclionne ; c’est en sens qu’il est qualifié de ruminant, non dans le sens physiologique d’animal à quatre estomacs. Si cette qualification implique une erreur, c’est au point de vue de la langue scientifitjue actuelle, mais ce point de vue était fort étranger aux préoccupations de Moïse et de son peuple. Il s’agissait, pour Moïse et pour Dieu, de former ce peuple à l’école de la mortification etde l’obéissance, de lui prescrire à cet effet certaines règles d’abstinence ; la seule volonté de Dieu trace une ligne de démarcation entre les viandes permises et les viandes défendues, et, pour la renilre claire à tous les yeux, Dieu fait reposer la distinction sur des signes extérieurs et facilement observables : le pied fendu, le mouvement des mâchoires ; peu importe que la division ainsi élalilie concorde plus ou moins exactement avec les groupes zoologiques de Cuvier ou de Blainville. — Voir les principes généraux posés dans l’article Inerrance biblique, t. II, col. 774 sqq.

[.I. B. Jaugry.]