Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Chinois (Livres)

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 273-274).

CHINOIS (LIVRES). — Il ne faut pas parler de LiTes sacrés de la Chine, aucun livre classique chinois n’exposant une religion. On peut appeler canoniques, les King, ouvrages reconnus par la caste des Lettrés comme contenant leur doctrine, et qui forment le canon dit confucianiste. La formation de ce canon fut lente et laborieuse. Ne furent reconnus d’abord, que deux ouvrages, les Odes et les Annales coUigées par Confucius. Puis on en admit cinq, enfin treize ou plutôt quatorze. Ces livres ne sont pas reconnus et acceptés en entier. Sauf les Odes, presque tous ont été retouchés, interpolés, mutilés, falsifiés. Chaque pièce a son histoire, sa marque, sa cote particulière. Certaines sont rejetées par tous, mais on les laisse en place, le texte étant intangible. Il ne faut donc pas croire qu’on a émis un argument irréfutable, quand on a cité les Annales : car 19 chapitres de cette collection sont notoirement faux. Ainsi des autres livres. C’est là une des grandes difficultés de la sinologie. Aucun index européen, qualifiant individuellcment les textes classiques, n’a été dressé jusqu’ici. — Voici la liste des Livres canoniques. Les renvois 1. c. se rapportent à l’article Chine, religions

ET nOCTRlNES.

1. f-kiug, lesMutations. traité dedivinationbasé SUT les diagrammes ; œuvre de T’chang et Tan de Theou. commentée par Confucius ; 1. c. m. — 2. Che-king, les Odes, chants populaires et rituels des xviii'-viiie siècles avant J.-C. choisis par Confucius. Livre précieux, incomplet, mais authentique, sa forme rytlimée ayant enqx-ché de le falsifier. — 3. Chou-king, les Annales, j)ièces anti « piesdcs xxive-vii'" siècles avant J.-C colligées par (lonfucius, reconstituées de mémoire après la destrmtion des livres. Les 31 j)ièces authentiques sont des documents de la plus haute valeur. Les 19 autres ont été fabriquées au n *= siècle de l'ère chrétienne. — 4- Icheou-li. le Rituel des fonctionnaires, sous la dynastie Tcheou. Inconqilel. interpolé, mais la criticpic a assez bien dt-terminé les textes authenlifpies, lesquels sont importants. — 5. /-//, le Rituel des particuliers, sous la nu’mc dynastie. Intact. Livre très estimé. — 6. /.i-ki, le Mémorial des Rits, compilation faite sous la première dynastie Han. peu avant l'ère chrétienne. Contient de tout, du vrai 531

CIEL

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et du faux. Chaque texte est à contrôler. — 7. T’-choent’sieoii, la Chronique de Lou par Confucius. Traité de machiavélisme (voyez l’article Confucius), rendu intelligible par les trois commentaires suivants. — 8. Tsotio-tcJioan, les Récits de Tsouo-k-iou-ming-, qui fut probablement disciple de Confucius. Livre intact, de la plus haute valeur. — 9. Koiig-Yang-tchoan, les Récits de Kong-yang-Kao. autre commentaire postérieur. — 10. Kou-leang-tchoaiu les Récits de Kouleang-t’che, autre commentaire postérieur. — 11. Iliaokinge le Traité de la piété filiale, opuscule attribué à Confucius, qui n’en fut certainement pas l’auteur. — 1 2. Lucn-yu, Discours et propos, collection de sentences détachées, attribuées à Confucius et à ses principaux disciples, réunies par leurs élèves. On les suppose authentiques. Ce livre est la source principale, poiu* tout ce qui concerne la personne de Confucius et ses idées ;

I. c. v. — 13. Mong-tse, le Livre de Mong-k’o, Mencius, écrit au commencement du m’siècle avant J.-C. Développe au long les principes confucianistes. Intact et authentique. Livre de haute valeur, et pour son contenu, et à cause de la beauté de son style ; 1. c. v.

— 14. Enl-ya, petit Lexique de terminologie et de classification ancienne, attribué à Tse-hia, disciple de Confucius. Il est douteux qu’il en ait été l’auteur.

— Les numéros’j et 8 de cette liste sont réunis en un, dans la collection des Clie-san-king, treize livres canoniques. — Après les canoniques. Aient le manuel des écoles Se-chou, les quatre Livres dits Classiques, que tous les écoliers chinois apprennent par cœur. Il contient les Discours et propos, et le Livre de Mencius (ci-dessus 12 et 13), plus deux chapitres tirés du Li-ki (ci-dessus 6), à savoir : Ta-hiao ; la Grande étude du gouvernement patriarcal, texte de Confucius, développement par son disciple Tseng-tse ; et Tchong-jong, le juste milieu, traité de l’opportunisme confucianiste, par Tse-se, le petit-fils du Maître. Les Lettrés protestent contre l’appellatif Quatre Livres donné à cette collection par les Européens. Ils afiirment que le titre signifie Livres des quatre Maîtres, Confucius, Mencius, Tseng-tse et Tse-se. Ils divisenl de fait le recueil en sept volumes, pas en quatre. — J. Legge a traduit en anglais les numéros i, 2, 3, 6, 7, 8, et les Se-chou en entier. A. Zottoli S. J. a traduit en latin les numéros 2, 3, et les Se-chou en entier ; les numéros i et 6 en partie. S. Couvreur S. J. a traduit en français-latin les numéros 2, 3, 6, et les Se-chou en entier. Ed. Biot a traduit en français le Tcheou-li.

Léon WiEGER S. J.