Description de l’Égypte (2nde édition)/Tome 2/Chapitre IX/Section II/Paragraphe 2

§. ii. De l’exhaussement de la plaine de Thèbes.

En considérant avec attention les piédestaux des colosses du nord et du sud, il est facile d’apercevoir les traces que les inondations successives ont laissées de leur séjour sur la plaine de Thèbes : aussi ont-elles été remarquées de beaucoup de voyageurs, parmi lesquels plusieurs ont indiqué ces statues comme des espèces de nilomètres placés là, par les anciens Égyptiens, pour mesurer Les crues du fleuve. Cette opinion, qui paraît d’abord se présenter naturellement, est tout-à-fait inadmissible, si l’on considère le silence des auteurs anciens sur une pareille destination, et si l’on examine la forme qu’ils ont assignée aux nilomètres[1] dont ils nous ont transmis des descriptions. Bruce[2] est un des voyageurs modernes qui l’ont le plus accréditée ; c’est aussi celui qui a nié avec le plus d’assurance le fait de l’exhaussement du sol de l’Égypte. Il était tellement préoccupé du système qu’il s’était fait d’avance, que, trouvant ici de quoi démontrer jusqu’à l’évidence l’exhaussement de la plaine de Thèbes, il n’a vu, dans les faits qui se présentaient en foule à son observation, que des preuves de l’opinion contraire.

Nous ne nous proposons point, dans cet article, de traiter à fond la question vraiment curieuse et importante de l’exhaussement de la vallée de l’Égypte ; question qui a déjà fait la matière de savantes controverses entre des hommes d’un mérite distingué, et le sujet des recherches et des observations de beaucoup de voyageurs anciens et modernes. Nous laissons à d’autres le soin de rassembler Les faits nombreux qui ont été recueillis pendant le cours de l’expédition, pour discuter convenablement cette question. Ici nous avons seulement en vue de réunir ceux qui sont particuliers à la plaine de Thèbes, et que nous ne pouvions passer sous silence dans une description des ruines de cette ancienne capitale ; de les comparer entre eux, et de les faire concourir à prouver ce résultat, qui est pour nous évident ; savoir, que la ville de Thèbes n’a point maintenant le même niveau qu’elle avait dans des temps très-reculés (nous n’entendons parler toutefois que des temps historiques). On pourrait croire, au premier abord, que cette question. n’est qu’accessoire et incidente dans Le plan de notre travail ; mais on verra bientôt qu’elle en est une partie essentielle et principale, touchant les conséquences[3] que nous aurons à tirer, par la suite, sui l’étendue de l’ancienne capitale de l’Égypte, et sur la cause de la disparition d’une grande partie de ses ruines.

Il résulte des faits exposés précédemment, que les piédestaux des colosses sont maintenant, cachés par les dépôts du Nil, jusqu’à un mètre quatre-vingt-neuf centièmes[4] environ, à partir de la base des monumens. Nous avons fait, le 9 fructidor de l’an vii (27 août 1799), sur la rive droite du fleuve, un nivellement qui constate que les monumens de Karnak sont enfouis à peu près de la même quantité. Le résultat de cette opération nous a fait connaître que le terrain est presque horizontal depuis le bord oriental du fleuve jusqu’au pied de la butte des décombres de Karnak, dans une étendue de six à sept cents mètres, tandis que nous avons trouvé à dans une autre opération, une pente d’un mètre soixante-huit centièmes[5] depuis le bord occidental du Nil jusqu’aux colosses de là plaine, dans un intervalle d’à peu près deux mille mètres[6]. Il suit de notre nivellement, que la partie supérieure du socle du piédestal des deux sphinx placés en avant de l’une des principales entrées du vaste palais de Karnak, à l’ouest, est d’un mètre soixante-quatre centièmes[7] au-dessous du niveau moyen de la plaine. On n’apercevait plus que la tête de ces deux sphinx[8] au-dessus des décombres. Nous avons fait creuser à la base de l’un d’eux ; mais les fouilles n’ont point été poussées assez loin pour mettre le socle à nu et arriver à la fondation. Cependant, si l’on admet que ce socle ait une hauteur de vingt-quatre à vingt-sept centimètres[9], ce à quoi nous sommes suffisamment autorisés par l’analogie des autres sphinx, il en résultera que le piédestal, à partir des fondations, est enfoui, sous les dépôts du Nil, d’un mètre quatre-vingt-neuf centièmes[10], de même que les colosses de la plaine.

Il est donc bien constant que, depuis l’époque de l’érection des colosses et de l’allée de sphinx de Karnak, le sol de la plaine de Thèbes s’est exhaussé d’au moins un mètre quatre-vingt-neuf centièmes. Mais il est à peu près certain qu’il s’est élevé de beaucoup plus encore : car, si l’exhaussement se bornait à cette quantité, il faudrait admettre que les anciens Égyptiens auraient laissé leurs monumens exposés aux inondations du fleuve, ce qui n’est nullement probable, et ce qu’ils n’ont point fait évidemment ailleurs, comme nous allons en apporter, plus bas, quelques preuves.

Les traces successives que les eaux limoneuses du fleuve ont laissées sur les piédestaux des colosses, donnent le moyen d’apprécier la quantité dont l’inondation s’élève encore actuellement au-dessus de la plaine. Leur hauteur moyenne au-dessus du sol est de plus d’un mètre[11]. Il faut donc ajouter cette hauteur à celle de la portion des piédestaux qui est cachée sous les dépôts du Nil, pour avoir le niveau de la butte factice[12] sur laquelle les colosses ont dû être placés, afin d’être garantis des eaux de l’inondation, au temps de leur érection[13]. Ainsi nous pouvons conclure un minimum de deux mètres quatre-vingt-neuf centième pour l’exhaussement de la plaine de Thèbes, depuis l’époque de la construction des monumens dont nous avons parlé. Nous nous en tiendrons à cette limite inférieure, mais certaine, bien que des hypothèses particulières, plus ou moins fondées, puissent autoriser à admettre un exhaussement plus considérable. Si l’on parvenait à déterminer le temps précis où les monumens ont été construits, on pourrait en tirer quelque conséquence pour la quantité de l’exhaussement par siècle : mais les résultats que l’on admettrait seraient toujours de la plus grande incertitude, si l’on ne connaissait point d’une manière certaine la hauteur exacte, au-dessus de la plaine inondée, de la butte factice sur laquelle ces monumens auraient été construits ; et c’est ce qu’on ne saura probablement jamais.

Ce qui démontre encore incontestablement l’exhaussement du sol de la vallée de Thèbes, c’est l’inscription grecque[14] que l’on trouve sur le côté sud du piédestal du colosse du nord : elle est enfouie d’environ soixante-cinq centimètres[15]. Qu’on y ajoute encore soixante-cinq autres centimètres pour la hauteur d’un homme qui s’assied par terre pour écrire, ce qui est le moins qu’on puisse supposer, on trouvera un mètre trente centièmes pour l’élévation du sol, depuis l’époque où paraît avoir été gravée cette inscription, qui date du règne de l’empereur Antonin[16] ; car on ne peut croire qu’on a fait fouiller la terre pour graver cette inscription dans l’endroit où on la voit maintenant.

S’il fallait de nouveaux faits pour justifier les conséquences que nous avons tirées relativement à l’exhaussement du sol de la vallée de Thèbes, nous ne serions point embarrassés d’en citer. Nous nous bornerons à ceux que nous avons recueillis dans des lieux peu éloignés de Thèbes. À Esné[17], le pavé du petit temple du nord se trouve maintenant au niveau de la plaine ; celui du grand temple est très-inférieur au sol de la ville actuelle, et il s’en faut de bien peu qu’il ne soit au niveau de la plaine environnante. Ces faits sont des indices certains de l’exhaussement du sol ; car on ne peut raisonnablement supposer que les anciens Égyptiens n’aient pas mis ces édifices à l’abri de l’inondation. L’expérience devait certainement leur avoir fait connaître les changemens qu’éprouvait la vallée d’Égypte. On ne peut pas croire qu’ils étaient moins instruits que les habitans actuels du pays, dont la conduite suppose cette connaissance[18]. Mais, sans nous tenir ici dans ce vague d’idées, nous ferons remarquer que les anciens Égyptiens eux-mêmes nous fournissent une preuve non équivoque de l’expérience qu’ils ont eue de l’exhaussement du sol de l’Égypte : nous la trouvons dans un lieu voisin de Thèbes, à Denderah, autrefois Tentyris. La plate-forme sur laquelle s’élève le magnifique temple que l’on y voit, surpasse encore de plus de quatre mètres et demi le niveau de la plaine environnante. Si l’on n’avait eu pour but que de garantir le temple de Denderah des inondations, au temps seulement de sa construction, où était la nécessité de le tenir à une aussi grande élévation au-dessus de la plaine ? Mais les anciens Égyptiens connaissaient le fait de l’exhaussement de la vallée de l’Égypte. Hérodote rapporte[19] que, sous le roi éthiopien Sabacos, on condamnait les coupables à travailler aux levées et aux chaussées près des villes ; qu’elles avaient déjà été rehaussées sous le règne de Sésostris[20], mais qu’elles le furent bien davantage sous la domination de l’Éthiopien. D’ailleurs, les prêtres de Memphis, d’Héliopolis et de Thèbes, avaient fourni d’autres preuves de ce fait à Hérodote, dans les entretiens qu’il avait eus avec eux. Il est extrêmement vraisemblable qu’ils ne mettaient pas moins de soin dans l’observation de ce phénomène terrestre, qui devait singulièrement les intéresser, que dans celle des phénomènes célestes, attestée par l’histoire. On est même bien fondé à croire, d’après le témoignage de Diodore de Sicile[21], que tout ce qui avait rapport à l’exhaussement de la vallée était consigné dans les registres publics, ainsi qu’on le faisait pour les crues du fleuve. Il nous paraît donc incontestable, d’après tous ces faits et tous ces rapprochemens, que les architectes égyptiens, ou les prêtres qui les dirigeaient, ne se bornaient pas à garantir de l’inondation les édifices au temps seulement de leur construction, mais qu’ils voulaient les en préserver pour les siècles à venir, en les établissant sur des plates-formes très-élevées au-dessus du niveau moyen de la plaine. D’ailleurs, les Égyptiens, très-bons observateurs, avaient dû s’apercevoir que les inondations moyennes et les inondations extraordinaires se reproduisant nécessairement à de certains intervalles d’une manière semblable, ou, ce qui est la même chose, le volume des eaux du fleuve étant à peu près invariable, si les traces des inondations s’élevaient, après un laps de temps déterminé, à une plus grande hauteur, cela ne pouvait provenir que de l’exhaussement général du lit du fleuve et de la vallée qu’il arrose. Nous n’avons point eu égard à ce que, par suite de l’élévation même du sol, la vallée s’est étendue, et que les eaux se sont, en conséquence, répandues sur une plus grande surface, et élevées à une hauteur un peu moindre, toutes choses égales d’ailleurs, c’est-à-dire, la distribution des eaux ayant été également favorisée. Cette considération ne contrarierait point les conséquences auxquelles nous sommes conduits.

Il nous reste maintenant à faire voir que tous les témoignages de l’antiquité coïncident avec l’opinion et les faits que nous venons d’exposer sur l’exhaussement de la plaine de Thèbes et de toute la vallée de l’Égypte. Les citations d’Hérodote que nous avons déjà faites y sont entièrement conformes. Mais d’autres passages de cet historien s’y rapportent encore : il dit[22], sur la foi de tous les prêtres du pays, qu’au temps de Ménès, toute la basse Égypte n’était qu’un marais ; et, d’après ce qu’il a observé lui-même, que la plus grande partie de l’Égypte est un présent du fleuve[23].

Aristote[24] énonce la même opinion en parlant de l’Égypte, dont il dit que le terrain est entièrement formé par le limon que le Nil charrie avec ses eaux.

Diodore[25], Strabon[26], Pline[27], Plutarque[28], adoptent tous l’opinion d’Hérodote, qu’ils appuient chacun de raisons qui leur sont particulières. Cette unanimité est extrêmement remarquable, et l’on a peine à concevoir comment un académicien célèbre[29] a pu, d’après les mêmes autorités, avancer une opinion diamétralement opposée. Un des plus forts argumens dont Fréret se sert pour soutenir que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement, consiste en ce que toute l’antiquité et tout les écrivains du moyen âge s’accordent à assigner le même nombre de coudées[30] pour termes d’abondance. C’est ainsi qu’Hérodote, Strabon, Pline, Plutarque, Aristide, Ammien-Marcellin, indiquent, tous, les termes de quatorze à quinze coudées pour les années de fertilité ; il en est de même des écrivains mahométans : d’où Fréret conclut que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement. Encore actuellement même, une crue effective de quatorze, quinze et seize coudées marquées au nilomètre du Kaire, est un indice certain d’une abondante récolte : mais nous n’en tirerons point les mêmes conséquences que l’académicien ; car il est facile de concevoir que le lit du fleuve et des canaux, et le sol de la vallée, peuvent, par l’effet des dépôts qu’y laissent les eaux limoneuses du Nil, augmenter réellement et conserver la même différence de niveau[31]. Alors, si le volume des eaux ne change point, et c’est ce qui arrive au Nil, la crue effective se manifestera toujours la même, toutes choses égales d’ailleurs. Il n’y a point de doute que le nombre de coudées n’indique une crue effective, et non pas la hauteur des eaux, à partir du fond du lit du fleuve ; hauteur que des circonstances particulières rendaient trop variable pour qu’elle pût servir de point fixe de départ et de terme de comparaison. Ainsi, de cette constance dans les crues effectives du fleuve, on ne peut point absolument conclure que le sol de la vallée de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement. Il n’est pas inutile de faire observer que les coudées dont parlent les auteurs que nous venons de citer ont été marquées aux nilomètres de Memphis et du Kaire, nilomètres comparables[32] entre eux à cause de la petite distance qui les sépare.

L’exhaussement de la plaine de Thèbes étant bien constaté, pour donner le moyen d’apprécier dans les siècles à venir la quantité dont le sol se sera élevé, nous avons comparé le niveau moyen de cette plaine à des points remarquables et durables des monumens. Nous avons choisi, sur la rive droite du fleuve, le bas de la fenêtre la plus méridionale[33] faisant partie de la seconde rangée d’ouvertures pratiquées dans le premier pylône du palais de Karnak à l’ouest. Cette fenêtre, du côté de la cour, est élevée de seize mètres cent seize millièmes[34] au-dessus du niveau moyen de la plaine environnante. Sur la rive gauche, nous avons choisi pour repère les piédestaux des deux colosses du nord et du sud. À l’époque de notre séjour à Thèbes, le niveau moyen de la plaine était inférieur d’un mètre quatre-vingt-sept centièmes[35] à l’arête supérieure de la face du piédestal du colosse du nord exposée à l’est, et d’un mètre soixante-dix-neuf centièmes[36] seulement, à l’arête pareille du piédestal de l’autre colosse.

  1. Voyez Strabon, Diodore de Sicile, Héliodore.
  2. Voyez le Voyage aux sources du Nil, par Bruce, tome Ier, pag. 133.
  3. Voyez la dissertation à la fin de ce chapitre.
  4. Cinq pieds dix pouces. La fig. 4, pl. 12, A., vol. ii, indique avec exactitude la quantité des dépôts du Nil pour une partie quelconque du piédestal. Ce dépôt est de cinq pieds dix pouces dans la partie où le piédestal est le moins caché.
  5. Cinq pieds-deux pouces.
  6. Mille toises à peu près.
  7. Cinq pieds six lignes.
  8. Voyez la Description de Karnak, section viii de ce chapitre.
  9. Neuf à dix pouces.
  10. Cinq pieds dix pouces.
  11. Trois pieds un pouce.
  12. Il est très-remarquable que toutes les fondations qui ont été découvrtes à Esné, à Louqsor, à Karnak, à Syout et à Héliopolis, sont établies sur un sol de décombres ; d’où l’on peut conclure que, dans les temps anciens, comme actuellement encore, les villes et les édifices étaient bâtis sur des buttes factices.
  13. Nous supposons ici que les eaux s’élèvent maintenant au-dessus de la plaine de Thèbes, de la même quantité dont elles s’élevaient dans les temps les plus anciens. On ne voit pas de raisons pour qu’il en soit autrement, si les causes qui produisent les débordemens du fleuve, c’est-à-dire les pluies périodiques du tropique, sont les mêmes qu’autrefois ; ce qui est infiniment probable. En supposant que l’on puisse admettre une différence, elle ne peut provenir que de l’extension plus ou moins grande et de la répartition des eaux du fleuve, facilitée par des débouchés plus ou moins nombreux.
  14. Voyez la pl. 22, fig. 1 et 6, A., vol. ii.
  15. Deux pieds.
  16. Voy. l’inscription, planche 22, figure 6, A., vol. ii, et l’interprétation d’une partie de cette inscription, no . ii.
  17. Voyez la Description d’Esné, chap. vii.
  18. Tous les villages de l’Égypte sont élevés sur des buttes factices, dont le niveau est bien supérieur aux plus grandes inondations. Pendant la dernière année du séjour des Français en Égypte, la crue du fleuve a été très-considérable, et nous n’avons pas appris qu’aucun village ait été submergé par l’effet de l’inondation.
  19. Herod. Hist. lib. ii, cap. 138, pag. 142, edit. 1618.
  20. Voyez la citation no . ii, à la fin de cette section.
  21. Voyez la citation no . iii, à la fin de cette section.
  22. Herod. Hist. lib. ii, cap. 4, pag. 92, edit. 1618.
  23. Ibid. cap. 5 et seq.
    Hérodote rapporte toutes les raisons qu’on lui a données et qu’il a cherchées lui-même pour motiver cette opinion : mais les conséquences qu’il en tire ne sont pas toujours exactes. Ainsi, par exemple, il suppose que, par suite de l’exhaussement du sol de l’Égypte, ce pays deviendra stérile et absolument inhabitable ; conséquence absurde, qui ne provient que de ce qu’Hérodote ne considère pas que le fond du lit du fleuve et le sol de la vallée s’exhaussent l’un et l’autre dans un rapport tel, que le résultat qu’il annonce ne peut arriver. L’infertilité plus ou moins grande de l’Égypte ne proviendra probablement jamais que de la mauvaise distribution des eaux, de la direction peu favorable des canaux, du défaut de leur entretien, et de l’envahissement des sables du désert.
  24. Aristot. Meteorolog. l. i, c. 14.
  25. Diod. Sic. Biblioth. hist. l. iii, pag. 175, edit. 1746.
  26. Strab. Geogr. lib. xii, p. 536, edit. 1620.
  27. Plin. Hist. nat. lib. xiii, c. 11.
  28. Plutarch. de Iside et Osiride, pag. 367, edit. Francofurt. 1599.
  29. Voyez un mémoire de Fréret, ayant pour titre, De l’accroissement ou élévation du sol de l’Égypte par le débordement du Nil, tom. xvi de l’édition in-4o  des Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, pag. 333.
  30. Hérodote (Hist. liv. ii, ch. 13, pag. 94 de l’édition de 1618) indique seize ou au moins quinze coudées.
    Strabon (Geogr.’liv. xvii, p. 788 de l’édition de 1620) indique quatorze coudées.
    Plin. (Hist. nat. lib. v, cap. 9) s’exprime ainsi Justum (Nili) incrementum est cubitorum sexdecim. Minores aquæ non omnia rigant ; ampliores detinent, tardiùs recedendo. Hæ serendi tempora absumunt solo madente ; illæ non dant sitiente. Utrumque reputat provincia : in duodecim cubitis famem sentit, in tredecim etiamnum esurit ; quatuordecim cubita hilaritatem afferunt, quindecim securitatem, sexdecim delicius.
    Plutarque, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, et Aristide, dans son Discours sur l’Égypte, indiquent l’un et l’autre quatorze coudées.
    Un grand nombre de méadilles d’empereurs marquent seize coudées.
    Ammien-Marcellin, dans le cha- pitre 15 du livre xxii de son Histoire, s’exprime ainsi : Abundè itaque luxurians ita est noxius, ut infructuosus, si venerit parcior : gurgitum enim nimietate humectans diytiùs terras, culturas moratur agrorum ; parvitate autem minatur steriles segetes. Eumque nemo aliquando extolli cubitis altiùs xvi possessor optavit.
    Kalkashendi, d’après le témoignage d’al Kodaï, indique quinze et seize coudées ; Maçoudy, quinze, seize et même dix-sept coudées ; l’Edriey, seize coudées.
    Quelques voyageurs modernes indiquent des crues de vingt-deux à vingt-trois coudées ; mais il n’y a point de doute qu’ils ne fassent mention de toute la hauteur du fleuve, à partir du fond de son lit.
    Notre objet n’est point de discuter tous ces témoignages, qui nous conduiraient à examiner si la coudée dont il est fait mention est toujours restée la même depuis Hérodote jusqu’à ces derniers temps ; ce travail sera entrepris par quelques-uns de nos collègues. Il nous a suffi de rassembler ici tous ces témoignages, pour en conclure seulement que la quantité à peu près invariable des crues effectives, exprimée en coudées, ne peut conduire à cette conséquence, que le sol de l’Égypte n’a éprouvé aucun changement.
  31. Pour mieux faire sentir la conséquence à laquelle nous voulons arriver, nous supposons ici que le fond du Nil et le sol de la vallée s’exhaussent également ; ce qui n’est point cependant rigoureusement vrai. Il ne faut considérer ce rapport que comme une sorte de limite autour de laquelle oscille sans cesse le vrai rapport d’exhaussement, que l’on ne pourra probablement jamais apprécier, tant il y a de causes différentes qui contribuent à sa détermination pour un lieu donné.
  32. On sait que la crue effective des eaux du Nil n’est point la même dans toute l’étendue de l’Égypte. Elle est bien plus considérable à Éléphantine qu’au meqyâs de l’île de Roudah, et les eaux s’élèvent de moins en moins à mesure que le fleuve s’approche de la mer.
  33. Voyez la pl. 21, fig. 3, A, vol. iii.
  34. Huit toises un pied sept pouces quatre lignes.
  35. Cinq pieds neuf pouces.
  36. Cinq pieds six pouces.