Dernier Amour/Quand je ne la vois pas


X.

QUAND JE NE LA VOIS PAS.


Sais-tu ce que je fais les jours où ta présence
Manque à mon pauvre cœur navré de ton absence ?
Je cherche tous les lieux de nos chers rendez-vous,
Où l’amour nous combla de ses biens les plus doux.
J’erre le long des murs de l’Église sacrée,
Je passe palpitant dans la rue ignorée,
Où, charmante, tu vins hâtant tes pas craintifs ;
D’où nous nous élancions comme deux fugitifs,
Par le char emportés loin des murs de la ville !
Et je devine au loin le beau fleuve et son île,
Les saules jaunissants sur les ondes penchés,
Et nos pins éclatants et nos sentiers cachés ;
J’arrive frémissant sur la longue terrasse,
Aux beaux tilleuls ! partout je retrouve ta trace,
Ton souvenir, ta voix qui passe dans les airs,
Et j’écoute, et j’attends ! Le vent froid des hivers
Répond seul à mon rêve, et je reviens plus sombre
Au foyer solitaire, où près de moi ton ombre
S’assied, et me regarde avec des yeux émus
Qui se plaignent à moi de tant de jours perdus !
Alors, perçant des nuits l’humide et sombre voile,
À travers mes rideaux j’aperçois ton étoile
Qui semble nous prédire un plus heureux destin,
Et trace en doux rayons ce mot charmant : Demain !


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