IX.

ADIEU.


Donne encor un baiser ! le dernier, mon amour,
Je veux le conserver ensuite tout le jour.
Sentir son doux parfum, renouveler mon âme,
Mon cœur se consumer à sa divine flamme,
Y rêver ta présence avec son souvenir !
Céleste bien d’aimer, je te sens revenir !
Félicité du cœur que je croyais perdue,
Avec tous vos trésors, vous m’êtes donc rendue !
Comme frémit ma lèvre à toucher cette fleur !
C’est un rêve du ciel, et c’est tout son bonheur.
Adieu donc ! reprenons la chaîne de la vie,
Notre joie, un destin contraire nous l’envie,
Mais on peut le combattre alors qu’on est aimé :
Dis-moi, comme le mien ton cœur est-il charmé,
Et de ce qu’il emporte avec lui de caresses,
Fera-t-il vivre aussi ta fidèle tendresse ?
Femme ! puis-je te croire, et quel orgueil à moi
De le penser ! Allons, je m’abandonne à toi !
J’ai ma part, et c’était toute ma destinée
Qu’une heure dans tes bras ! et tu me l’as donnée,
Et ne l’ai-je pas dit, quand le Ciel vint t’offrir
À moi : La voir, l’aimer, être aimé, puis mourir ?


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