Dents et dentistes à travers l’histoire/8

Laboratoire Bottu (1 - 2p. 29-43).

CHAPITRE VIII

L’HYGIÈNE BUCCALE CHEZ LES DIFFÉRENTS PEUPLES

C’est dans les pays où se rencontrent encore des peuples restés à l’état primitif, ou de civilisation ancienne, que s’est perpétué l’usage de plantes et de produits pour l’hygiène de la bouche et la conservation des dents. Ainsi, les Arabes du nord de l’Afrique et d’une partie de l’Asie mineure se servent de souak ; les nègres de la côte occidentale de l’Afrique se nettoient les dents avec des dotions ; les Annamites emploient le bétel, etc.

Le souak, qu’on écrit parfois souhak ou souaq, et que l’on doit prononcer souek, est l’écorce d’une ou de plusieurs espèces de noyers. Les indigènes vendent des racines par petits paquets de 30 grammes environ. Quant aux écorces du tronc de l’arbre ou des grosses branches, elles rappellent celles du bois de réglisse. On a fait subir, au préalable, à ces écorces, une préparation dont un chimiste, M. Camille Guillot, a donné la technique[1]. Il en résulte que le souak constitué par l’écorce de l’arbre contient de la chaux, du tanin en forte proportion, et du fer. L’écorce de racine ne renferme pas de chaux, peu de tanin, mais autant de fer que l’écorce de l’arbre.

Les Arabes, avons-nous dit, font grand usage du souak, mais ce sont surtout les femmes arabes qui emploient cette drogue dans un but de coquetterie. Elles mâchent l’écorce pendant une demi-heure, puis s’en servent pour se frotter les dents et les gencives ; sous l’action de cette substance, les dents deviennent très blanches, les gencives et les lèvres prennent une belle coloration rouge. Pour se parfumer l’haleine, certaines Arabes mastiquent, en outre, durant une partie de la journée, une gomme-résine qu’on a reconnue être de l’oliban.

Si les Arabes se nettoient aussi fréquemment la bouche et les dents, c’est que ces soins font partie des ablutions prescrites par le Prophète. Ces préceptes d’hygiène édictés par Mahomet sont au nombre de dix, qu’il ne sera pas inutile de rappeler : 1° subir la circoncision ; 2° faire la grande ablution pour l’homme ; 3° faire la grande ablution pour la femme ; 4° faire usage du koheul pour les yeux ; 5° faire usage du henné pour la peau ; 6° faire usage du souak pour la bouche ; 7° se couper les ongles ; 8° se raser les parties que la nature a voilées ; 9° s’arracher les poils des aisselles ; 10° se couper les moustaches à la hauteur de la lèvre supérieure.


Le souak est l’objet d’un commerce important dans les pays où règne la religion mahométane, notamment en Tunisie, en Algérie, au Maroc, dans la Tripolitaine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Asie mineure et l’Arabie. Ce sont surtout les autochtones qui se servent de souak, mais, à leur contact, nombre d’Européens les ont imités et déclarent s’en bien trouver.

Le produit désigné sous le nom de bétel, par les Annamites et les Chinois, est un mélange complexe de plusieurs substances, parmi lesquelles figurent les feuilles de bétel. Cette plante, originaire des îles de la Sonde, est très cultivée dans les Indes orientales ; ses feuilles ont une saveur amère et brûlante. La formule des mastications à base de bétel est des plus variables, mais on y rencontre presque toujours des feuilles de bétel, de la chaux et de la noix d’Arec.

En Indo-Chine, l’usage du bétel est très répandu chez les indigènes.


{{taille| Chaque Annamite, nous apprend M. Camille Guillot, a une boîte en métal, qui contient généralement les substances qu’il chique constamment. Voici comment il procède le plus souvent : il prend un morceau de noix d’Arec, l’enveloppe d’une feuille de bétel, préalablement enduite d’une couche de chaux, et il mâche cette préparation jusqu’à ce qu’elle n’ait plus la saveur astringente et brûlante qu’il recherche.|90}}

Les hauts dignitaires annamites sont constamment accompagnés d’un boy qui porte une boîte divisée par petites doses, pour faciliter la préparation du mélange au moment du besoin.


Il paraît que les personnes qui ne sont pas habituées à cette mixture, éprouvent, au début, certains désagréments, tels que des vertiges, et elles ont de la peine à s’y habituer. De plus, celles qui en font un usage régulier ont la bouche et l’arrière-gorge irritées, le sens du goût atrophié ; les dents vacillent dans leurs alvéoles. Et, néanmoins, dès que celui qui s’est créé ce besoin supprime brusquement ce masticatoire, il devient maussade et coléreux, ne peut plus supporter aucune fatigue, éprouve un affaiblissement général de l’organisme, une sensation de vide, des nausées fréquentes, etc. Aussi se passerait-il de boire et de manger, plutôt que de se priver de son habituel stimulant.

Les deux tiers environ de la population asiatique mâchent le bétel ; mais l’usage tend à diminuer dans les pays où la civilisation pénètre.

Le masticatoire préféré des noirs est la noix de kola, qui constitue pour eux une véritable friandise, pour l’achat de laquelle ils dépensent toutes leurs économies, qu’ils gagnent peu ou beaucoup.

La noix de kola dépose sur les dents une matière colorante rouge brique très tenace et qu’on fait disparaître par une friction vigoureuse ; les dents prennent alors une blancheur éclatante. Pour cette opération, les noirs emploient une sorte de brosse à dents naturelle à laquelle ils ont donné le nom de sotiou.

Ce sotiou n’est autre chose qu’« un petit tronçon de branche ou de racine, fourni par certains arbres ou arbustes du pays… On enlève l’écorce sur une partie de la longueur du tronçon et on mâchonne l’extrémité ainsi bien nettoyée, de façon à avoir une sorte de pinceau à fils très courts, mais très raides, avec lesquels on se frotte vigoureusement les dents, de droite à gauche et de haut en bas ».

Les plantes qui fournissent le sotiou sont riches en silice, ce qui en fait de véritables limes naturelles. C’est la famille des légumineuses qui fournit le plus grand nombre de plantes à sotious.

Le sotiou ne serait pas seulement une brosse à dents, mais aussi un masticatoire, un dentifrice. Les Malgaches lui préfèrent une poudre dentifrice obtenue avec… le riz. Ils calcinent le riz et réduisent le produit de cette calcination en poudre très fine, à l’aide d’un pilon et d’un mortier. À défaut de cette poudre, ils se servent de charbon de bois, finement pulvérisé. Ceci se passe ainsi au centre de l’île de Madagascar, dans la région des Hauts-Plateaux. Dans d’autres parties de l’île, les Malgaches se servent de sable provenant des rivières ou de la mer. Ils n’emploient pas de brosse ni de bâtonnets ; ils se frottent vigoureusement les dents avec l’index recouvert de poudre, et se rincent ensuite la bouche avec de l’eau de rivière ou de l’eau de mer suivant l’endroit où ils se trouvent.

Les Hindous font, eux, usage de bétel, mais ils se servent, en outre, de branchettes, fraîches ou sèches, de certains acacias, auxquels ils attribuent des propriétés digestives et antiseptiques. Tantôt ils se servent de ces petits bâtonnets pour détacher le tartre des dents ; tantôt ils en font des espèces de brosses à dents, analogues aux sotious décrits plus haut, mais après avoir ramolli l’extrémité par la mastication.

Les nègres des Antilles se servent également, pour l’entretien de leur denture, de branchettes ou de racines de certaines plantes, qu’ils emploient indifféremment fraîches ou sèches, mais fraîches de préférence. Les citronniers servent surtout à cet usage ; les branches, plutôt que les racines.

Un des peuples qui ont le plus grand soin de la bouche est le peuple japonais. Le Dr Matignon[2], qui a longtemps habité le pays, nous apporte à cet égard toutes les précisions que nous pouvons souhaiter :


En se levant, le Japonais se lave la bouche et les dents. Beaucoup se nettoient la langue, en la râclant avec une petite lame de corne souple. Dans les stations de chemins de fer, le matin, on trouve des réservoirs d’eau chaude, où vont puiser, pour se laver la bouche, les voyageurs des trains de nuit.

Sur le transmandchourien, aux gares importantes, on avait organisé des réservoirs identiques. Un matin, j’étais en gare de Liao-Yang, au moment où arrivait le train venant de Dalny, qui apportait des troupes. Dès que le train eut stoppé, les hommes coururent aux réservoirs d’eau chaude, et, tirant de leur poche leur brosse à dents, commencèrent leur toilette.

Chaque soldat japonais avait dans son sac sa brosse à dents et sa poudre dentifrice. Poudre et brosse figuraient, d’ailleurs, parmi les objets les plus fréquemment envoyés à l’armée par les sociétés patriotiques.

Le Japonais a grand soin de sa mâchoire. Un fait m’avait déjà frappé au cours de mes voyages antérieurs au Japon : le nombre considérable de gens du peuple qui avaient les dents aurifiées. Chez nous, la classe aisée seule — et encore — fréquente chez le dentiste et se nettoie les dents.


Ceux qui ont pénétré dans l’intimité de la vie coréenne, ont pu constater, chez ce peuple, la subsistance d’une coutume que nous avons signalée dans ces régions restées arriérées : la recette populaire, en Corée, pour se conserver les dents blanches et vierges de carie, est encore de recourir à l’urine. On s’en rince la bouche !

Ce n’est pas dans le jeune âge que l’on recourt à cet étrange procédé, mais quand arrive la vieillesse et que les dents commencent à se gâter. Lorsque le vieillard va aux lieux d’aisance, il recueille son urine, puis s’en gargarise, pour se laver les dents. À trois reprises il recommence cette opération, en la prolongeant chaque fois un peu plus longtemps.

Hasardez-vous à faire une promenade dans la campagne coréenne et regardez autour de vous. Vous y verrez des vieillards marchant gravement, avec une gourde suspendue à la ceinture. Les Japonais, comme les Chinois, mettent dans cette gourde leur boisson alcoolique (le saké) ; les Coréens, eux, portent de l’urine dans leur gourde.

Enfin, lorsque l’estomac se porte très mal, le patient avale tout simplement les matières fécales qui avaient été enveloppées dans des morceaux d’étoffe. Dans les familles même très aisées, on emploie constamment, comme médicament, l’urine des enfants ; cette urine a nom tong-peng.

D’après le British Journal of Dental Science, le peuple hindou a de meilleures dents que le peuple anglais, parce que les Hindous ont une nourriture plus simple et ne mangent pas en grande quantité du sucre et autres mets, dont l’action est des plus destructives pour les dents. Ils ont, en outre, l’habitude de les nettoyer avec de petites baguettes en bois souple provenant de certains arbres sacrés.

Les Hindous chiquent le bétel ; cette habitude, prise dès le jeune âge, conserve les dents, et, ajoutée au végétarisme, fait que ce peuple a les plus jolies dents du monde. Il existe surtout, dans ce pays, une habitude impérative qui consiste à ce que les enfants et les adultes soient soumis, avant le mariage, à la plus minutieuse inspection physique, particulièrement pour les dents et les ongles qui, suivant la tradition des Hindous, correspondent aux bras, aux jambes et à la tête. Ils estiment de belles dents et de beaux ongles, comme les preuves les plus irréfutables d’une constitution bonne, vigoureuse, offrant les garanties les plus heureuses pour les descendants mâles. Leur soin des dents étant le résultat d’une pratique de plus de 3.000 ans de rites religieux, il s’ensuit que les mariages n’ont lieu qu’autant que les parents y consentent. Conséquemment, les descendants ont généralement de bonnes dents.

Si, en Angleterre, des parents refusent à leur fille le mariage avec l’homme de son choix, à cause de sa défectuosité dentaire, elle peut néanmoins se marier avec lui et constituer une famille avec de mauvaises dents, tandis que, d’après les rites hindous, cette chose est impossible.

Mondière, dans sa monographie de la femme cochinchinoise, a consacré quelques pages à l’état du système dentaire.

Les Annamites ont les dents larges, droites, colorées en rouge par la mastication du bétel, dont l’usage est à peu près général, et en noir brillant par le laquage. Cette pratique est beaucoup plus répandue en Annam et au Tonkin qu’en Basse-Cochinchine ; elle est commune aux deux sexes, mais plus fréquente dans le sexe féminin.

Toujours, d’après Mondière (Monographie de la femme cochinchinoise), les jeunes filles se font noircir les dents après le mariage[3].

Le laquage des dents se pratique de préférence en hiver, au Tonkin tout au moins, chez les sujets, garçons ou filles, de 10 à 13 ans, mais cette pratique tend de plus en plus à disparaître, parce que les Européens n’ont pas paru goûter ce genre de beauté ; par contre, les indigènes l’estiment fort.

Le vernissage ou laquage des dents comporte une série d’applications dont l’ensemble exige une semaine environ. Un vernissage bien fait persiste pendant la vie entière et dispense l’opéré de recourir à de nouvelles manipulations. Voici, par exemple, un procédé qui donnerait, à croire celui qui nous le fait connaître[4], les meilleurs résultats.


De la gomme laque, réduite en poudre fine, est délayée avec du jus de citron, de manière à obtenir une pâte ferme qu’on étend sur une bandelette, de longueur et de largeur au moins égales à celles d’une arcade dentaire, découpée dans une feuille de bananier. Deux bandelettes sont nécessaires : l’une pour les dents supérieures ; l’autre, pour les dents inférieures. On applique les emplâtres le soir, en se couchant, la face laquée contre les dents, et on les conserve jusqu’au lendemain matin ; la pression des lèvres suffit à les maintenir en place. La face postérieure des dents ne reçoit aucune préparation, mais elle se laque aussi bien que l’antérieure au cours du traitement.

On fait, par nuit, une ou deux applications qu’on réitère pendant cinq ou six nuits consécutives, en renouvelant chaque fois le mélange de laque et de jus de citron.

Dans la matinée du sixième jour, deux nouveaux emplâtres, fraîchement préparés, sont étendus sur la lame d’un couteau, où on les abandonne jusqu’à la nuit, le côté enduit touchant le fer de la lame. Ce contact leur communique une teinte noirâtre.

Le septième jour, on pulvérise ensemble de la galle de Chine, de l’écorce de grenade et du sulfate de fer, avec un peu d’eau. Quand ce mélange présente une belle teinte noire on en confectionne deux nouvelles bandelettes, qu’on maintient sur les dents pendant une nouvelle nuit. Cette dernière application termine le vernissage. Toutes les dents présentent alors une teinte noire, très foncée et très uniforme, quand l’opération a été soigneusement effectuée. Après un rinçage sommaire de la bouche, il ne reste plus qu’à frotter légèrement les dents au moyen de la pulpe du doigt enduite de graisse de porc fondue.

{{taille|Pendant toute la durée du traitement, il est indispensable de {{Corr| s’abtenir|s’abstenir}} d’aliments durs, acides, salés ou gras, sous peine de compromettre la solidité de l’enduit. Une semaine après sa terminaison, l’alimentation habituelle peut être reprise sans inconvénient.|90}}


Les Cambodgiens, comme tous les Indo-Chinois et une partie des Hindous, se font teindre les dents par des professionnels, qui procèdent à cette opération à peu près de la même façon que les cireurs de bottes, avec cette seule différence, naturellement, que les instruments dont ils se servent sont moins volumineux. Une élégante de Pnôm-Penh reçoit deux ou trois fois par semaine la visite de sa teinturière buccale, comme nos petites-maîtresses celle de leur manucure, car le dernier cri est, là-bas, d’avoir les dents d’un noir impeccable, qui ne laisse même pas soupçonner que les dents ont pu être blanches.

Le P. Tachard dit que la coutume de se noircir les dents, chez les Siamois, vient de l’idée qu’ils ont qu’il ne convient point à des hommes d’avoir les dents blanches comme les animaux ; que c’est pour cela qu’ils se noircissent avec une espèce de vernis, qu’il faut renouveler de temps en temps, et que, quand ils appliquent ce vernis, ils sont obligés de se passer de manger pendant quelques jours, afin de donner le temps à la drogue de se fixer.

S’il est une idée admise par les odontologistes, c’est que les nègres sont peu prédisposés à la carie dentaire, et l’on attribue cette immunité à une influence ethnique. Or, d’après une communication du Dr Charézieux, d’après des observations faites par lui au Soudan, en 1902-1903, cette immunité n’est pas aussi absolue qu’on le croit, ou qu’on l’a cru longtemps.

Si les dents antérieures sont généralement saines chez les nègres, par contre, dans le fond de la bouche, les dents sont recouvertes fréquemment de tartre, présentent des caries à tous les degrés, ou sont déchaussées comme dans la gingivite expulsive.

Cela paraît tenir à une pratique que notre confrère nous signale[5].

Hommes et femmes de ces pays se frottent presque constamment les dents avec un morceau de bois tendre ; ils fendillent l’une des extrémités ou la mâchent simplement ; et, la tenant par l’autre extrémité, ils frottent leurs dents. Les dents antérieures étant les plus accessibles sont, par suite, les mieux et les plus souvent frottées ; et c’est pourquoi ce sont elles qui sont, presque toujours, préservées de la carie.


{{taille|Toutes les fois que le noir ne fume pas ou ne mange pas de noix de kola, il se frotte ainsi et cette occupation devient une sorte d’attitude de maintien, comme la cigarette pour certains fumeurs de nos pays ; et les femmes coquettes en ces régions, c’est-à-dire toujours femmes quelles que soient les latitudes, ne négligent pas, bien au contraire, cette toilette dentaire, qui a l’avantage de ne pas provoquer l’usure imputée à nos poudres et à nos brosses employées avec excès.|90}}

Outre ces soins mécaniques, M. Charézieux fait jouer un rôle important au genre d’alimentation, à la qualité de l’eau de boisson dans le bon état de la dentition des nègres du Soudan.

L’alimentation des indigènes est presque exclusivement végétale. Le riz, le mil sont la base de leur nourriture ; la viande n’est consommée qu’exceptionnellement ; aussi, les fermentations buccales sont-elles réduites à leur minimum, la putréfaction des résidus alimentaires d’origine animale est nulle et insignifiante. Ce sont là des conditions favorables à la préservation de l’individu qu’il importait de signaler.


En ce qui concerne la qualité de l’eau de boisson, dès 1867 ou 1868, Maurel, alors médecin de la marine, plus tard professeur à la Faculté de Toulouse, avait remarqué que les indigènes de la Guyane française présentaient des caries dentaires multiples, coexistant avec un retard du développement général du système osseux, en même temps que Chalmé, pharmacien en chef de la marine, dans ses analyses chimiques, notait que la teneur de l’eau en sels calcaires était très faible, très au-dessous du taux normal. M. Charézieux n’a pas fait d’analyse de l’eau consommée dans la région de Tombouctou, mais il a constaté que l’eau des puits était fortement chargée de sels de magnésie, au point qu’elle était désagréable au goût pour les Européens.

Ainsi, habitudes d’hygiène, nature de l’alimentation et qualité de l’eau de boisson, sont les trois facteurs auxquels les noirs de la boucle du Niger doivent leur belle apparence dentaire. L’influence ethnique n’y est pour rien ; car des blancs Berbères qui appartiennent à une race toute différente, mais vivent de la même vie, c’est-à-dire se nourrissent de la même façon, boivent la même eau, pratiquent la même hygiène locale et buccale, ont les dents aussi belles et présentent la même proportion relativement faible de carie dentaire que les nègres même.

  1. Cf. Bulletin des Sciences pharmacologiques, t. XIX.
  2. V. La Presse médicale, n° 63 (7 août 1907).
  3. Cf. La Criminalité en Cochinchine, thèse du Dr Lorion (1887).
  4. M. Laurent (Annales d’hygiène et de médecine coloniales, 1er oct. 1910).
  5. Dans la Médecine moderne.