De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication/Tome I/07
CHAPITRE VII.
RACES GALLINES.
D’après ce que j’ai pu apprendre et voir, des échantillons de races gallines apportés des diverses parties du globe, je crois que la plupart des formes principales ont été importées en Angleterre, bien qu’un certain nombre de sous-races puissent y être encore inconnues. La discussion à laquelle, après avoir brièvement décrit[1] les races gallines principales, nous aurons à nous livrer sur leur origine et leurs différences caractéristiques, aura nous le croyons quelque intérêt pour le naturaliste, quoiqu’elle n’ait aucunement la prétention d’être complète. Autant que je puis le voir, une classification naturelle des races n’est pas possible, car elles diffèrent les unes des autres à des degrés divers, et n’offrent pas de caractères subordonnés les uns aux autres, qui permettent de les classer par groupes sous d’autres groupes. Elles semblent toutes avoir divergé d’un type unique par des voies différentes et indépendantes. Chaque race principale comprend des sous-variétés diversicolores, dont la plupart reproduisent fidèlement leur type, mais qu’il sera inutile de décrire. J’ai groupé sous la race du Coq Huppé, à titre de sous-races, toutes les variétés portant une touffe de plumes sur la tête, mais je doute fort que cet arrangement soit naturel, conforme aux véritables affinités, et indique bien les vrais rapports de parenté. Il est presque impossible de ne pas surévaluer l’importance des races les plus nombreuses et les plus communes, relativement à celles qui sont plus rares, et certaines races étrangères auraient peut-être été élevées au rang de races principales, si elles avaient été plus généralement répandues dans le pays. Plusieurs races offrent des caractères anormaux, c’est-à-dire différant sur certains points de ceux de tous les Gallinacés sauvages. L’essai que j’ai fait d’une division des races en normales et anormales m’ayant donné des résultats tout à fait insuffisants, j’ai dû y renoncer.
1. Race de Combat. — Cette race peut-être regardée comme la race type, car elle ne dévie que très-légèrement du Gallus Bankiva sauvage, ou, comme on l’a nommé plus correctement, ferrugineus. Bec fort ; crête droite et simple ; ergot long et aigu. Plumes serrées au corps. Queue portant le nombre normal de quatorze rectrices. Œufs souvent d’un chamois pâle. Caractère très-courageux, se manifestant même chez la poule et les poussins. Il en existe une infinité de variétés de diverses couleurs, telles que les rouges avec poitrail noir ou brun, les noires, les blanches, les ailes de canard, etc., avec les pattes de couleurs variées.
2. Race Malaise. — Corps grand, tête, cou et jambes allongés ; port redressé ; queue petite, inclinée, formée généralement de seize rectrices ; crête et caroncules petits ; lobe de l’oreille et face rouges ; peau jaunâtre, plumes serrées ; plumes sétiformes du cou étroites, dures et courtes. Œufs souvent chamois pâle. Les poussins prennent tardivement leurs plumes. Naturel sauvage. Originaire d’Orient.
3. Race Cochinchinoise ou de Shangaï. — Taille grande ; rémiges courtes, arquées, cachées dans un plumage doux et duveté ; à peine capable de vol ; queue courte, formée ordinairement de seize rectrices, se développant tardivement chez les jeunes mâles ; jambes épaisses, emplumées. Ergots courts et épais ; ongle du doigt médian aplati et large ; présence fréquente d’un doigt additionnel ; peau jaunâtre. Crête et caroncules bien développés, crâne portant un profond sillon médian ; trou occipital triangulaire, allongé verticalement. Voix particulière. Œufs rugueux, couleur chamois. Naturel très-tranquille. Originaire de Chine.
4. Race Dorking. — Taille grande ; corps carré, compacte ; un doigt additionnel aux pattes ; crête bien développée, mais de forme variable ; caroncules bien développés ; coloration du plumage variable. Crâne remarquablement large entre les orbites. Origine anglaise.
Le Dorking blanc peut être regardé comme une sous-race distincte, car c’est un oiseau moins massif.
5. Race Espagnole (fig. 30). — Taille élevée, port majestueux ; tarses longs ; crête simple, profondément dentelée et de grandes dimensions ; caroncules très-développés ; lobes auriculaires grands et blancs, ainsi que les côtés de la face. Plumage noir, lustré de vert. Ne couve pas. Constitution délicate, la crête étant souvent endommagée par le gel. Œufs blancs, lisses et grands. Les poulets prennent tardivement leurs plumes, mais les jeunes coqs chantent et acquièrent de bonne heure les caractères de leur sexe. Cette race a une origine Méditerranéenne.
On peut regarder la race Andalouse comme une sous-race ; sa coloration est d’un bleu ardoisé, et les poussins sont bien emplumés. Quelques auteurs ont décrit comme distincte, une sous-race Hollandaise, plus petite et à jambes courtes.
6. Race de Hambourg (fig. 31). — Taille moyenne, crête aplatie, rejetée en arrière, et couverte de petits points nombreux ; caroncules de dimensions moyennes ; lobes auriculaires blancs ; jambes minces, bleuâtres. Ne couve pas. Sur le crâne, les extrémités des branches ascendantes des maxillaires supérieurs, ainsi que les os nasaux, sont un peu écartés les uns des autres ; le bord antérieur des frontaux est un peu moins déprimé qu’à l’ordinaire.
Il y a deux sous-races ; celle des Hambourgs pailletés, d’origine anglaise, dont les plumes sont marquées à leur extrémité d’une tache foncée ; et celle des Hambourgs barrés, d’origine hollandaise, qui a le corps un peu plus petit, et des lignes foncées au travers de chaque plume. Ces deux sous-races, comme quelques autres, comprennent des variétés dorées et argentées. On a obtenu des Hambourgs noirs par un croisement avec la race Espagnole.
7. Race Huppée (Polish fowl., fig. 32). — Tête portant une grande touffe arrondie de plumes, supportée par une protubérance hémisphérique des os frontaux, contenant la partie antérieure du cerveau. Les branches ascendantes des maxillaires supérieurs sont très-raccourcies, ainsi que les apophyses internes des os nasaux. Les orifices des narines sont relevés et en forme de croissant. Bec court. Crête absente, ou petite et en forme de croissant ; caroncules présents, ou remplacés par une touffe de plumes semblable à une barbe. Jambes d’un bleu plombé. Ne couve pas. Les différences sexuelles n’apparaissent que tard. Plusieurs variétés magnifiques diffèrent entre elles par la couleur, et légèrement sur quelques autres points.
Les sous-races suivantes ont une huppe plus ou moins développée, et une crête qui, lorsqu’elle existe, est en forme de croissant. Leur crâne offre les mêmes particularités remarquables que celui de la vraie race Huppée.
Sous-race (a) Sultans. — Race turque, ressemblant à la race Huppée blanche, avec une grosse huppe, une barbe, et les jambes courtes et emplumées. La queue porte des pennes en faucille additionnelles. Ne couve pas[2].
Sous-race (b) Ptarmigans. — Race inférieure, voisine de la précédente, blanche, plutôt petite. Pattes très-emplumées, huppe pointue ; crête petite, excavée ; caroncules petits.
Sous-race (c) Ghoondooks. — Autre race turque, d’apparence extraordinaire ; noire et sans queue ; huppe et barbe grandes ; pattes emplumées. Les apophyses internes des os nasaux sont en contact l’une avec l’autre, par suite de l’absorption complète des branches montantes des maxillaires supérieurs. J’ai vu une race voisine provenant de Turquie, blanche et sans queue.
Sous-race (d) Crève-cœur. — Race française de grande taille, à peine capable de vol, à pattes courtes et noires, tête huppée ; crête se prolongeant en deux pointes en forme de cornes, quelquefois un peu branchues comme les bois d’un cerf ; barbe et caroncules. Œufs grands. Naturel tranquille[3].
Sous-race (e) Cornue. — Une petite huppe. Crête prolongée en deux grandes pointes, et supportée sur deux protubérances osseuses.
Sous-race (f) Houdan. — Race française, taille moyenne, à pattes courtes et cinq doigts ; ailes bien développées ; plumage marbré de noir, de blanc et de jaune-paille ; elle porte sur la tête une huppe, et une triple crête placée transversalement. Une barbe et des caroncules[4].
Sous-race (g) de Guelderlands. — Pas de crête, tête surmontée d’une huppe longitudinale de plumes douces et veloutées ; narines en croissant ; caroncules bien développés ; pattes emplumées ; couleur noire. De l’Amérique du Nord. La poule Bréda paraît en être très-voisine.
8. Race Bantam. — Originaire du Japon[5], caractérisée par sa petite taille ; port droit et hardi. Il y en a plusieurs sous-races, telles que les Bantams Cochinchinois, de Combat, et de Sebright, dont plusieurs sont le produit de divers croisements récents. Le Bantam noir a le crâne de forme différente, et le trou occipital comme celui de la poule Cochinchinoise.
9. Races sans croupion. — Trop variables par leurs caractères[6] pour mériter le nom de race ; oiseaux monstrueux par leurs vertèbres caudales.
10. Poules sauteuses ou rampantes. — Sont caractérisées par la brièveté presque monstrueuse de leurs pattes, qui est telle qu’elles sautent plutôt qu’elles ne marchent ; on dit qu’elles ne grattent pas la terre. J’en ai vu une variété de Burmah, dont le crâne présentait une forme inaccoutumée.
11. Poules frisées ou cafres. — Communes dans l’Inde, ont les plumes frisées en arrière ; rémiges et rectrices primaires imparfaites ; périoste noir.
12. Poules soyeuses. — Plumes soyeuses, rémiges et rectrices primaires imparfaites ; peau noire ainsi que le périoste ; crête et caroncules d’un bleu plombé foncé ; lobules auriculaires teintés de bleu ; pattes minces, offrant souvent un doigt additionnel. Taille plutôt petite.
13. Poules nègres. — Race indienne, blanche et comme enfumée ; peau et périoste noirs ; les femelles seules sont ainsi caractérisées.
On voit par ce résumé que les diverses races varient beaucoup, et qu’elles pourraient avoir pour nous autant d’intérêt que celles des pigeons, si nous avions des preuves aussi évidentes de leur descendance d’une espèce primitive unique. La plupart des éleveurs croient à leur provenance de plusieurs souches originelles, opinion que soutient énergiquement le Rév. E. S. Dixon[7]. À l’exception d’un petit nombre, entre autres Temminck, les naturalistes admettent la provenance de toutes les races, d’une espèce unique ; mais en pareille matière, l’autorité d’un nom n’a que peu de poids. Dans leur ignorance des lois de la distribution géographique, les éleveurs cherchent dans toutes les parties du globe les origines possibles de leurs souches inconnues. Ils savent bien que les différentes formes reproduisent exactement leur type, même pour la couleur, et attribuent, mais, comme nous le verrons, sur des bases insuffisantes, à la plupart des races une grande ancienneté. Frappés des différences remarquables qui existent entre les principales formes, ils se demandent si des diversités de climat, de nourriture ou de traitement, ont pu produire des oiseaux aussi dissemblables que le majestueux coq Espagnol noir, le petit et élégant Bantam, le pesant Cochinchinois avec ses particularités, et le coq Huppé avec son immense touffe et son crâne saillant. Mais, tout en reconnaissant et même exagérant les effets des croisements des diverses races, les éleveurs ne tiennent pas assez compte de la probabilité, pendant le cours de plusieurs siècles, de l’apparition occasionnelle d’oiseaux présentant des particularités anomales et héréditaires ; ils méconnaissent les effets de la corrélation de croissance, ceux de l’usage continuel ou du défaut d’usage des organes, et les résultats directs des changements de climat et de nourriture, point qui n’est cependant pas encore démontré d’une manière suffisante. Enfin, autant que je le sache, tous méconnaissent entièrement le fait capital de la sélection inconsciente, non méthodique, quoique sachant fort bien que leurs oiseaux sont individuellement différents, et qu’ils peuvent améliorer leurs produits, en choisissant même pendant un petit nombre de générations, et les réservant pour la reproduction, leurs meilleurs oiseaux.
Voici ce qu’écrit un amateur[8]. « Le fait que les oiseaux de basse-cour n’ont que tout récemment attiré l’attention de l’éleveur, et ne sont restés jusque-là qu’un objet de production pour le marché, suffit pour montrer l’improbabilité qu’on ait dû apporter à leur reproduction, cette attention soutenue et incessante qui est nécessaire pour déterminer, dans la progéniture de deux oiseaux, des formes transmissibles non apparentes chez les parents. » Ceci à première vue, paraît vrai ; mais dans un chapitre futur sur la sélection, nous apporterons des faits nombreux, qui montreront qu’à une époque déjà fort ancienne, des races humaines à peine civilisées ont pratiqué une véritable sélection. Dans le cas du coq, je ne puis pas citer de faits directs prouvant l’emploi ancien de la sélection ; mais on sait qu’au commencement de l’ère chrétienne, les Romains avaient déjà six ou sept races, et Columelle recommande comme les meilleures « les sortes qui ont cinq doigts et les oreilles blanches[9]. » On connaissait en Europe, au xve siècle, plusieurs races qui ont été décrites ; et à peu près à la même époque, en Chine, il y en avait sept portant des noms distincts. Actuellement, dans une des îles Philippines, les naturels, quoique à demi barbares, distinguent par des noms différents non moins de neuf sous-races de volaille[10]. Azara[11], qui écrivait à la fin du siècle dernier, raconte que, dans l’intérieur de l’Amérique du Sud, où on se serait le moins attendu à trouver des soins de cette nature, on élevait une race à peau et os noirs, parce qu’elle était productive, et sa chair bonne pour les malades. Or tous ceux qui se sont occupés de l’élevage de la volaille, savent combien il est impossible de maintenir les races distinctes, sans prendre les plus grandes précautions pour séparer les sexes. Peut-on donc admettre que, autrefois et dans des pays peu civilisés, ceux qui ont pris la peine de conserver distinctes des races qui avaient pour eux une certaine valeur, n’aient pas parfois détruit les oiseaux inférieurs, et conservé les meilleurs ? Il n’en faut pas davantage. Nous ne prétendons pas qu’autrefois, personne ait songé à créer une race nouvelle, ou à modifier une race existante d’après un type de perfection idéal, mais ceux qui s’occupaient de la volaille, devaient chercher à obtenir et à élever les meilleurs oiseaux possibles ; cette marche, dont le résultat était la conservation des oiseaux les plus parfaits, devait à la longue modifier la race aussi sûrement, quoique beaucoup moins rapidement que ne le fait de nos jours la sélection méthodique. Il suffit d’une personne sur cent ou même mille, se livrant à un élevage attentif de cette nature, pour que ses produits deviennent supérieurs aux autres, et tendent à former une nouvelle famille, dont les différences spéciales augmentant lentement et graduellement, comme nous l’avons vu précédemment, finissent par acquérir l’importance de caractères d’une sous-race ou même d’une race. Les races négligées peuvent s’altérer, tout en conservant partiellement leurs caractères, mais revenant ensuite à la mode, elles peuvent être ramenées à un degré de perfection très-supérieur à celui de leur type précédent ; c’est ce qui est arrivé tout récemment aux races Huppées. Une race entièrement négligée disparaît toutefois et s’éteint, comme cela a été le cas pour une sous-race Huppée. Lorsque dans le cours des siècles passés, il est né un oiseau offrant quelque point anomal de conformation, tel qu’une huppe d’alouette sur la tête, il est probable qu’il aura dû être conservé, en vertu de cette passion pour la nouveauté qui a, par exemple, conduit quelques personnes à produire et à élever en Angleterre, des races sans croupion, ou des oiseaux frisés dans l’Inde. De pareilles anomalies sont ensuite conservées avec le plus grand soin, comme indice de la pureté et de la bonté de la race ; c’est d’après ce principe que, il y a dix-huit siècles, les Romains estimaient le plus chez leurs volailles, un cinquième doigt et les lobes auriculaires blancs.
Ainsi, l’apparition incidente de caractères anomaux, même très-légers au premier abord ; les effets de l’usage ou du défaut d’usage ; peut-être ceux de l’influence directe du climat et de la nourriture ; la corrélation de croissance ; le retour occasionnel vers d’anciens caractères depuis longtemps perdus ; les croisements des races, quand il s’en est déjà formé un certain nombre ; mais, par-dessus tout, une sélection inconsciente poursuivie pendant une longue série de générations, sont autant de circonstances qui, à mon avis, lèvent toutes les difficultés qui semblent s’opposer à l’admission de l’opinion, que toutes les races descendent d’une souche primitive unique. Peut-on nommer une espèce qui puisse raisonnablement être considérée comme cette souche ? Le Gallus Bankiva me paraît réunir toutes les conditions requises. Je viens de résumer de mon mieux les arguments favorables à l’origine multiple des diverses races ; je vais maintenant exposer ceux qui militent en faveur de leur descendance commune du G. Bankiva.
Une description préalable de toutes les espèces connues du genre Gallus me paraît ici nécessaire. Le G. Sonneratii ne s’étend pas dans les parties septentrionales de l’Inde ; d’après le col. Sykes[12], il offre à différentes hauteurs des Ghauts, deux variétés bien marquées, méritant peut-être le nom d’espèces. Cet oiseau a été regardé longtemps comme la souche de nos races domestiques, preuve qu’il s’en rapproche beaucoup par sa conformation générale ; mais ses plumes sétiformes consistent en lames cornées très-particulières, transversalement barrées de trois couleurs, caractère qui, à ma connaissance, n’a été observé chez aucune race domestique[13]. Cette espèce diffère aussi beaucoup de nos races communes par la fine dentelure de sa crête, et par l’absence de vraies plumes sétiformes sur les reins. Sa voix est toute différente. Elle se croise aisément avec la poule domestique dans l’Inde ; M. Blyth[14] a obtenu une centaine de poussins métis, mais fort délicats, et qui périrent presque tous jeunes. Ceux qu’on put élever demeurèrent entièrement stériles, tant entre eux qu’avec l’un et l’autre des parents. Quelques métis ayant la même origine, élevés au Jardin zoologique, se sont cependant montrés moins inféconds. M. Dixon m’informe que, d’après quelques recherches sur ce sujet faites par lui avec le concours de M. Yarrell, il a pu, sur une cinquantaine d’œufs, obtenir cinq ou six poulets. Quelques-uns de ces métis, recroisés avec un de leurs parents, un Bantam, ont donné quelques poulets extrêmement faibles. Des croisements semblables, opérés de diverses manières par M. Dixon, lui ont donné des produits plus ou moins inféconds ; il en a été de même d’expériences qui ont été entreprises sur une grande échelle au Jardin zoologique[15]. Sur cinq cents œufs, produits de croisements variés entre les G. Sonneratii, Bankiva, et varius, on n’a obtenu que douze poussins, dont trois seulement provenaient d’hybrides appariés inter se. Ces faits, joints aux différences marquées dont nous avons parlé plus haut, entre le G. Sonneratii et la poule domestique, doivent donc nous faire rejeter l’opinion que cette espèce soit la souche d’aucune race domestique.
On trouve à Ceylan un oiseau indigène, le G. Stanleyii, espèce qui, à l’exception de la crête, est si voisine des formes domestiques, que MM. E. Layard et Kellaert[16] l’auraient regardé comme une de leurs souches parentes, sans une différence très-singulière de sa voix. Comme le précédent, cet oiseau se croise avec les poules domestiques, et visite et ravage les fermes solitaires. Deux métis, mâle et femelle, produits d’un pareil croisement, se sont, d’après M. Mitford, montrés stériles, et avaient tous deux hérité de la voix particulière du G. Stanleyii. On ne peut donc encore pas regarder cette espèce comme une des souches des races domestiques.
À Java et dans les îles qui sont à l’est jusqu’à Flores, habite le G. varius (ou furcatus), mais qui est si distinct par plusieurs de ses caractères, — plumage vert, crête non dentelée, caroncule médiane unique, — que personne n’admet qu’il ait pu être une des souches de nos races domestiques. Cependant, d’après M. Crawfurd[17], on élève à cause de leur grande beauté, des métis du G. varius mâle et de la poule domestique, mais ils sont invariablement stériles. Il paraît pourtant qu’il n’en a pas été ainsi pour des métis obtenus au Jardin zoologique. Ces métis ont autrefois été regardés comme une espèce distincte, qu’on nommait G. æneus. M. Blyth et quelques autres, croient que le G. Temminckii[18], dont l’histoire est inconnue, est aussi un métis. Parmi quelques peaux de volailles domestiques que Sir J. Brooke m’avait envoyées de Bornéo, il s’en trouvait une dont la queue portait des bandes transversales bleues, semblables à celles qu’il avait remarquées sur les rectrices d’un métis du G. varius, élevé au Jardin zoologique. Ce fait semblerait indiquer que quelques oiseaux de Bornéo ont été affectés par un croisement avec le G. varius ; mais ce peut être aussi un cas de variation analogique. Je dois mentionner le G. giganteus, si souvent indiqué dans les ouvrages sur les Gallinacés comme une espèce sauvage ; mais Marsden[19], qui l’a décrit le premier, en parle comme d’une race apprivoisée ; et l’échantillon du British Museum a évidemment tout l’aspect d’une variété domestique.
Il nous reste à parler de la dernière espèce, le G. Bankiva, dont la distribution géographique est beaucoup plus étendue que celle des trois précédentes. Elle habite l’Inde du Nord jusqu’à Sinde à l’ouest ; l’Himalaya jusqu’à une hauteur de quatre mille pieds ; Burmah ; la péninsule Malaise, les pays Indo-Chinois, les îles Philippines ; et à l’est, l’archipel Malay jusqu’à Timor. Elle varie beaucoup à l’état sauvage. D’après M. Blyth, les échantillons venus de l’Himalaya, sont plus pâles de coloration que ceux des autres parties de l’Inde, tandis que ceux de la péninsule Malaise et de Java ont des couleurs plus éclatantes que les Indiens. Dans les exemplaires de ces pays que j’ai vus, la différence de nuance des plumes sétiformes était très-apparente. Les poules Malaises ont le poitrail et le cou plus rouge que les Indiennes. Les coqs Malais ont généralement le lobule de l’oreille rouge, tandis qu’il est blanc chez l’Indien ; cependant M. Blyth a vu un de ces derniers sans le lobule blanc. Les pattes sont d’un bleu plombé dans les échantillons Indiens, elles sont plutôt jaunâtres dans les exemplaires Malais et Javanais. M. Blyth trouve le tarse très-variable de longueur chez les premiers. D’après Temminck[20], les échantillons de Timor sont, comme race locale, différents de ceux de Java. Ces diverses variétés sauvages n’ont pas encore été classées comme espèces distinctes, mais dussent-elles l’être par la suite, comme cela est probable, cette distinction spécifique n’aurait aucune portée, en ce qui concerne la question de leurs relations de parenté avec nos races domestiques. Le G. Bankiva sauvage ressemble beaucoup, par la couleur et sous d’autres rapports, à notre race de Combat rouge à poitrine noire, sauf qu’il est plus petit et porte la queue plus horizontale. Mais le port de la queue est très-variable dans nos races ; elle est très-inclinée dans les Malais, relevée dans les races de Combat et quelques autres, et plus que redressée dans les Dorkings, Bantams, etc. Une autre différence, d’après M. Blyth, est que, chez le G. Bankiva, après la première mue, les plumes sétiformes du cou sont pendant deux ou trois mois, remplacées non par d’autres plumes semblables, comme dans nos formes domestiques, mais par de courtes plumes noirâtres[21]. D’après les observations de M. Brent, ces plumes noires persistent dans l’oiseau sauvage après le développement des plumes sétiformes inférieures, et apparaissent dans l’oiseau domestique en même temps qu’elles ; la seule différence gît donc dans le remplacement, plus tardif chez l’oiseau sauvage que chez le domestique, des plumes sétiformes inférieures, fait qui n’a aucune importance, car on sait d’ailleurs que la captivité a souvent pour effet d’affecter le plumage des oiseaux mâles. Un point essentiel, noté par M. Blyth et d’autres, est la ressemblance de la voix du G. Bankiva, mâle et femelle, avec celle des deux sexes de nos oiseaux domestiques, la dernière note du chant de l’oiseau sauvage étant un peu moins prolongée. Le capitaine Hutton, connu par ses recherches sur l’histoire naturelle de l’Inde, a observé plusieurs croisements de l’espèce sauvage avec le Bantam chinois ; ces métis reproduisaient librement avec les Bantams, mais on n’a pas essayé de les croiser inter se. Le même observateur s’est procuré des œufs de G. Bankiva, et en a élevé les poulets, qui d’abord très-sauvages, s’étaient ensuite complètement apprivoisés. Il n’a pas réussi à les conserver jusqu’à l’état adulte, et remarque à ce propos, qu’aucun Gallinacé sauvage nourri de grains durs ne prospère bien dans les commencements. M. Blyth a eu également beaucoup de peine à conserver en captivité le G. Bankiva. Les naturels des îles Philippines paraissent cependant mieux réussir, car ils gardent des coqs sauvages pour lutter avec leurs coqs de Combat domestiques[22]. Je tiens de Sir W. Elliot qu’il existe à Pégu une race domestique indigène, dont la poule ne peut pas être distinguée de celle du G. Bankiva ; et les naturels attrapent constamment des coqs sauvages en les faisant combattre dans les bois avec des coqs apprivoisés[23]. M. Crawfurd a fait la remarque que, d’après l’étymologie, on pourrait conclure à la domestication première du coq sauvage par les Malais et les Javanais[24]. M. Blyth m’a signalé le fait curieux, que les individus sauvages du G. Bankiva, provenant des pays à l’est de la baie du Bengale sont beaucoup plus faciles à apprivoiser que ceux de l’Inde ; ce fait n’est du reste pas sans exemple, car, ainsi que Humboldt l’a remarqué, il y a longtemps, une même espèce peut offrir plus de dispositions à l’apprivoisement, dans un pays que dans un autre. En admettant le fait de la première domestication du G. Bankiva dans la Malaisie, nous pouvons nous expliquer une autre observation de M. Blyth, que les races domestiques de l’Inde ne ressemblent pas au G. Bankiva, plus que ne le font celles de l’Europe.
D’après l’extrême ressemblance qui existe dans la couleur, la conformation générale et surtout la voix, entre le G. Bankiva et nos races ordinaires ; d’après leur fertilité dans les croisements, autant qu’on a pu la vérifier ; d’après la facilité de l’apprivoisement de l’espèce sauvage, et ses variations dans cet état, nous pouvons sûrement la considérer comme la souche primitive et l’ancêtre de la forme la plus typique de toutes nos races domestiques, le coq de Combat. Il est à remarquer que presque tous les naturalistes de l’Inde, tels que Sir W. Elliot, M. S.-N. Ward, M. Layard, M. J.-C. Jerdon, M. Blyth[25], auxquels le G. Bankiva est familier, sont d’accord pour le regarder comme l’ancêtre de la plupart, sinon de toutes nos races domestiques. Mais même en admettant que le G. Bankiva soit l’origine de nos races de Combat, on peut encore se demander si les autres races ne peuvent pas descendre de quelques autres espèces sauvages, qui existent peut-être encore quelque part inconnues, ou se sont éteintes. Cette extinction de plusieurs espèces est une hypothèse improbable, si nous considérons que les quatre espèces connues ne se sont pas éteintes dans les régions si anciennement et si fortement peuplées de l’Orient. On ne connaît réellement qu’une seule espèce d’oiseau domestique, dont la souche primitive sauvage soit encore inconnue ou éteinte, c’est l’oie de Chine, ou Anser cygnoïdes. Ce n’est pas, comme le font les éleveurs, dans le monde entier, que nous devons chercher à découvrir de nouvelles, ou à retrouver d’anciennes espèces de Gallus ; car, ainsi que le fait remarquer M. Blyth[26], les grands Gallinacés ont généralement une distribution restreinte. Nous le voyons très-nettement dans l’Inde, où le genre Gallus, qui habite le pied de l’Himalaya, est remplacé plus haut par le Gallophasis, et plus haut encore par le Faisan. Comme patrie d’espèces inconnues du genre, l’Australie et ses îles sont hors de question. Il serait encore aussi peu probable de trouver des Gallus dans l’Amérique du Sud[27], que de rencontrer des oiseaux-mouches dans l’ancien monde. D’après les caractères qu’offrent les autres Gallinacés africains, il est aussi fort peu probable que le genre Gallus puisse se trouver en Afrique. Il est inutile de chercher dans les parties occidentales de l’Asie, car MM. Blyth et Crawfurd, qui se sont occupés de cette question, doutent que le genre Gallus ait jamais existé à l’état sauvage aussi loin vers l’ouest que la Perse. Il est probable que, bien que les premiers auteurs grecs parlent du coq comme d’origine persane, il n’y a là qu’une indication de la direction générale de sa ligne d’importation. C’est vers l’Inde, l’Indo-Chine, et les parties nord de l’archipel Malais, que nous devons diriger nos recherches pour découvrir des espèces inconnues. Les parties méridionales de la Chine semblent les plus favorables, mais, ainsi que le remarque M. Blyth, on a depuis fort longtemps importé de Chine bien des peaux, et on conserve dans ce pays trop d’oiseaux vivants, pour qu’une espèce indigène de Gallus ait pu nous rester inconnue. D’après des passages d’une encyclopédie chinoise publiée en 1609, mais compilée d’après des documents plus anciens, et dont je dois la traduction à M. Birch, du British Museum, il résulte que les coqs sont des oiseaux venus de l’ouest, et introduits dans l’est (c’est-à-dire la Chine) sous une dynastie régnant 1400 ans avant Jésus-Christ. Quoi qu’on puisse penser de cette date reculée, nous voyons que les Chinois regardaient autrefois, comme la patrie des Gallinacés domestiques, les régions indiennes et indo-chinoises. C’est donc, d’après ces diverses considérations, vers les parties sud-est de l’Asie, la patrie actuelle du genre, que nous devrions chercher les espèces qui, actuellement inconnues à l’état sauvage, auraient été autrefois domestiquées ; mais les ornithologistes les plus expérimentés ne regardent pas cette découverte comme probable.
Dans ces considérations sur la possibilité de la provenance des races domestiques d’une espèce unique, le G. Bankiva, ou de plusieurs, il ne faut ni méconnaître ni exagérer l’importance de la fertilité comme critère de spécificité. La plupart de nos races ont été si fréquemment croisées, et leurs métis si abondamment produits, qu’il est presque impossible que le moindre degré d’infertilité eût pu passer inaperçu. D’autre part, nous avons vu que les quatre espèces connues de Gallus, croisées entre elles ou avec les races domestiques, ont, à l’exception du G. Bankiva, donné des métis inféconds.
Finalement, nous n’avons pas, pour le coq, une démonstration aussi évidente que pour le pigeon de la provenance de toutes ses races d’une souche primitive unique. Dans les deux cas, l’argument tiré de la fertilité a quelque valeur ; pour les deux, il y a la même improbabilité que l’homme ait anciennement réussi à domestiquer à fond plusieurs espèces supposées, — la plupart de ces espèces supposées devant d’ailleurs être fort anomales, comparées aux formes naturelles dont elles sont voisines, — et qui toutes seraient inconnues ou éteintes, tandis que presque pas une des souches primitives d’aucun autre oiseau domestiqué ne s’est perdue. Mais si nos recherches, sur les souches parentes supposées des races du pigeon, ont pu être restreintes à l’examen de quelques espèces caractérisées par des habitudes particulières, il n’en est pas de même pour les coqs, rien dans leurs habitudes ne les distinguant d’une manière marquée des autres Gallinacés. Nous avons montré que, dans les pigeons, les oiseaux purs de toutes les races, ainsi que les produits du croisement de races distinctes, ressemblent souvent ou font retour au Bizet sauvage, par leur coloration générale et certaines marques caractéristiques. Nous verrons chez les races gallines des faits analogues, mais moins prononcés, et que nous allons discuter.
Retour et variations analogiques. — Chez les races pures, de Combat, Malaise, Cochinchinoise, Dorking, Bantam, et d’après M. Tegetmeier, chez la poule Soyeuse, on peut rencontrer occasionnellement, des individus dont le plumage est identique à celui du G. Bankiva sauvage. Le fait est digne d’attention, car les races que nous venons d’énumérer comptent parmi les plus distinctes. Les oiseaux ainsi colorés sont désignés par les éleveurs comme étant rouges à poitrine noire. Les Hambourgs ont un plumage fort différent, et cependant j’apprends par M. Tegetmeier, qu’une des grandes difficultés qu’on rencontre dans la production des coqs de la variété pailletée dorée, est la tendance qu’ils ont à revêtir la poitrine noire et le dos rouge. Les mâles Bantams et Cochinchinois blancs prennent souvent, en atteignant l’état adulte, une teinte jaunâtre de safran, et les longues plumes sétiformes des coqs Bantams noirs[28], deviennent fréquemment rouges lorsqu’ils ont deux ou trois ans ; ces mêmes coqs prennent les ailes bronzées, ou même rouges à la mue. Ces divers cas montrent donc une tendance évidente au retour vers les nuances du G. Bankiva, même pendant la vie de l’individu. Je n’ai eu connaissance d’aucun cas d’oiseau rouge à poitrine noire, chez les races Espagnole, Huppée, Hambourg pailletée d’argent, Hambourg rayée, et quelques autres races moins communes.
L’expérience que j’avais des pigeons m’a conduit à essayer les croisements suivants. Après avoir détruit tous les oiseaux de ma basse-cour, je me suis procuré, par l’intermédiaire de M. Tegetmeier, un coq Espagnol noir de premier ordre, et des poules des races suivantes parfaitement pures, — poule de Combat blanche, Cochinchinoise blanche, Huppée pailletée d’argent, Hambourg pailletée d’argent, Hambourg argentée rayée, et une Soyeuse blanche. Aucune de ces races, conservée dans toute sa pureté, n’a jamais, à ma connaissance, présenté une plume rouge, fait qui ne serait pas improbable chez les races de Combat blanches et les Cochinchinois de même couleur. La majorité des poussins obtenus de ces six croisements furent noirs, le duvet aussi bien que le premier plumage ; quelques-uns furent blancs, fort peu furent marbrés de noir et de blanc. Dans un lot de onze œufs mélangés, provenant de la poule de Combat et de la Cochinchinoise par le coq Espagnol noir, sept poulets furent blancs et quatre seulement noirs. Je mentionne ce fait, pour montrer que le plumage blanc est fortement héréditaire, et que l’opinion admise de la prépondérance qu’a le mâle de transmettre sa couleur n’est pas toujours exacte. L’éclosion des poussins eut lieu au printemps, et, à la fin d’août, plusieurs des jeunes coqs commencèrent à manifester des changements qui continuèrent, chez quelques-uns, pendant les années suivantes. Ainsi un jeune coq provenant de la poule Huppée pailletée d’argent, eut son premier plumage d’un noir de jais, et par sa crête, sa huppe, ses caroncules et sa barbe, réunissait les caractères des deux parents ; à l’âge de deux ans, les rémiges secondaires devinrent fortement et symétriquement marquées de blanc, et partout où, chez le G. Bankiva, les plumes sétiformes sont rouges, elles furent, dans cet oiseau, d’un noir verdâtre sur la tige, étroitement bordées de noir brunâtre, puis largement bordées d’un brun jaunâtre pâle ; de sorte que, par son apparence générale, le plumage était devenu pâle au lieu de rester noir. Ce cas a donc présenté un grand changement avec l’âge, mais aucun retour vers la coloration rouge du G. Bankiva.
Un coq, provenant d’une des poules Hambourg, fut aussi d’abord tout noir, mais en moins d’une année les plumes sétiformes du cou devinrent blanchâtres, et celles des reins prirent une teinte marquée d’un jaune rougeâtre ; voilà donc un premier symptôme de retour ; le même fait s’est présenté chez plusieurs autres jeunes coqs, mais qu’il est inutile de décrire. Un éleveur[29] a obtenu, du croisement de deux poules de Hambourg argentées et d’un coq Espagnol, un grand nombre de poulets noirs, dont les mâles eurent les plumes sétiformes dorées, et les poules brunes, présentant donc encore une tendance évidente au retour.
Deux jeunes coqs provenant de ma poule de Combat blanche, furent d’abord d’un blanc de neige ; par la suite, l’un prit des plumes sétiformes de couleur orangée pâle, surtout sur les reins, et chez l’autre, elles devinrent d’un rouge-orange sur le cou, les reins et les tectrices alaires supérieures. Ici encore il y a un retour partiel mais décisif aux couleurs du G. Bankiva. Ce second coq était par le fait coloré comme un coq de Combat inférieur de la variété Pile ; sous-race qui peut être obtenue, d’après M. Tegetmeier, en croisant un coq de Combat rouge à poitrine noire avec une poule blanche ; la sous-race Pile ainsi produite peut ensuite se propager par elle-même. Nous avons ainsi le fait curieux que le coq Espagnol, qui est d’un beau noir, et le coq de Combat, qui est rouge à poitrine noire, donnent l’un et l’autre des produits à peu près de même couleur, lorsqu’on les croise avec des poules de Combat de la variété blanche.
J’ai élevé plusieurs oiseaux, provenant de la poule Soyeuse blanche par le coq Espagnol ; tous furent d’un noir de jais, et tous accusèrent leur parenté maternelle par leurs crêtes et os noirâtres, mais aucun ne présenta les plumes soyeuses ; d’autres ont déjà remarqué que ce caractère n’était pas héréditaire. En avançant en âge, chez un de ces coqs, les plumes sétiformes devinrent d’un jaune blanchâtre, ce qui le fit ressembler beaucoup au produit du croisement de la poule Hambourg ; un autre devint un oiseau splendide, à tel point qu’une de mes connaissances l’a conservé et fait empailler uniquement pour sa beauté. Il ressemblait beaucoup par ses allures au G. Bankiva, mais il avait les plumes rouges plus foncées, et en différait assez fortement par ses rémiges primaires et secondaires, qui, au lieu d’être bordées de teintes rouges ou jaunes, comme dans le G. Bankiva, l’étaient de vert noirâtre. La partie du dos qui porte des plumes d’un vert foncé, était plus large, et la crête noirâtre ; mais du reste, sous tous les autres rapports, jusque dans des détails insignifiants du plumage, la ressemblance était complète. C’était tout à fait curieux de comparer cet oiseau avec le G. Bankiva d’abord, puis avec son père, le brillant coq Espagnol d’un beau vert noir, et enfin avec sa mère, la petite poule Soyeuse blanche. Ce cas de retour est d’autant plus remarquable, que la race Espagnole se reproduit exactement depuis fort longtemps, et qu’on ne connaît aucun cas de réapparition chez elle, d’une seule plume rouge. La poule Soyeuse se reproduit également d’une manière constante, et paraît ancienne, car avant 1600, Aldrovande fait probablement allusion à cette race, qu’il décrit comme couverte de laine. Les particularités de plusieurs de ses caractères l’ont fait regarder, par plusieurs auteurs, comme une espèce distincte ; cependant, comme nous venons de le voir, croisée avec la race Espagnole, elle donne des produits très-voisins du G. Bankiva sauvage.
M. Tegetmeier ayant, à ma demande, répété le croisement entre la poule Soyeuse et le coq Espagnol, a obtenu des résultats semblables ; il a produit ainsi, outre une poule noire, sept coqs qui tous avaient le corps foncé, mais les plumes sétiformes d’un rouge plus ou moins orangé. L’année suivante, il apparia la poule noire avec un de ses frères, et en obtint trois coqs colorés comme le père, et une poule noire marbrée de blanc.
Dans les six croisements décrits ci-dessus, les poules n’ont montré aucune tendance à revenir au plumage marbré de brun de la femelle du G. Bankiva ; toutefois l’une d’elles, provenant de la Cochinchinoise blanche, devint légèrement brune, comme enfumée, après avoir été d’abord d’un noir de jais. Plusieurs poules, après avoir été longtemps d’un blanc de neige, ont pris en vieillissant quelques plumes noires. Une poule provenant de la poule de Combat blanche, fut d’abord, pendant assez longtemps, entièrement noire et lustrée de vert, puis, à l’âge de deux ans, prit quelques rémiges primaires d’un blanc grisâtre, et une grande partie des plumes de son corps devinrent symétriquement et fortement piquetées de blanc. J’avais pensé que, pendant qu’ils avaient leur duvet, quelques-uns des poulets auraient présenté les raies longitudinales qui sont si générales chez les jeunes gallinacés ; mais cela n’est pas arrivé une seule fois. Deux ou trois étaient d’un brun rougeâtre autour de la tête. Ayant malheureusement perdu presque tous les poulets blancs des premiers croisements, la couleur noire a prévalu dans les produits de la seconde génération, mais avec beaucoup de variété ; quelques-uns étaient enfumés, d’autres marbrés ; un poulet noirâtre avait entre autres ses plumes bizarrement terminées et barrées de brun.
J’ajouterai quelques faits mélangés se rattachant soit au principe du retour, soit à celui des variations analogiques. Ce dernier, comme nous l’avons déjà indiqué précédemment, en vertu duquel les variétés d’une espèce, ressemblent souvent à d’autres espèces voisines mais distinctes, s’explique, d’après ma manière de voir, par le fait que les espèces d’un même genre proviennent d’une forme primitive unique. La poule Soyeuse, à peau et os noirs, dégénère dans nos climats, comme l’ont observé M. Hewitt et M. Orton, c’est-à-dire, que sa peau et ses os reviennent graduellement à la couleur ordinaire des races communes, tout croisement ayant d’ailleurs été évité avec soin. On a observé en Allemagne[30] la même dégénérescence chez une race distincte à os noirs, et dont le plumage est noir, mais non soyeux.
M. Tegetmeier m’apprend, que lorsqu’on croise des races distinctes, il se produit fréquemment des individus, dont les plumes sont marquées de lignes transversales étroites d’une couleur plus foncée. Ce fait peut s’expliquer par un retour direct vers la forme souche, la poule Bankiva, chez laquelle tout le plumage supérieur est finement marbré d’un brun foncé ou rougeâtre, les marbrures étant en partie et obscurément disposées suivant des lignes transversales. Cette tendance est probablement renforcée par la loi des variations analogiques, car, chez les poules de plusieurs autres espèces de Gallus, le rayage transversal est beaucoup mieux marqué, et les femelles d’un grand nombre de gallinacés appartenant à d’autres genres, comme la Perdrix, ont leurs plumes transversalement rayées. M. Tegetmeier m’a aussi fait remarquer, que bien que nous voyions chez le pigeon domestique la plus grande diversité de colorations, nous n’y rencontrons jamais des plumes rayées ou pailletées, ce qui se comprend d’après le principe des variations analogiques, puisque ni le bizet, ni aucune des espèces qui en sont voisines, n’offrent de plumes ayant ce caractère. L’apparence fréquente des plumes barrées dans les oiseaux croisés, rend probablement compte de l’existence, dans les races de Combat, Huppées, Dorkings, Cochinchinoises, Andalouses et Bantams, des sous-races dites « Coucou ». Les oiseaux Coucous ont le plumage gris ou bleu ardoisé, et chaque plume est transversalement barrée de lignes plus foncées, ce qui fait que leur plumage ressemble à un certain point à celui du Coucou ; il est curieux de remarquer que le plumage des mâles n’étant jamais barré dans aucune espèce du genre Gallus, ce caractère se soit cependant transporté sur quelques coqs, et particulièrement sur celui de la variété Coucou des Dorkings ; ce fait est d’autant plus singulier que dans les Hambourgs rayés, tant dorés qu’argentés, chez lesquels le rayage est caractéristique de la race, le mâle n’en offre presque pas, cette particularité du plumage étant spéciale à la femelle.
L’apparition de sous-races pailletées, dans les races de Hambourg, Huppées, Malaises et Bantams, est encore un cas de variation analogique. Les plumes pailletées ont, à leur extrémité, une marque foncée en forme de croissant, tandis que les plumes barrées sont marquées de plusieurs raies transversales. Le pailletage ne peut pas être attribué à un retour vers le G. Bankiva ; il ne se manifeste pas non plus souvent à la suite des croisements de races distinctes, comme me l’apprend M. Tegetmeier ; mais c’est un cas de variation analogique, car, un grand nombre d’oiseaux gallinacés ont les plumes pailletées, le Faisan commun, par exemple. Aussi, donne-t-on souvent aux races pailletées, le nom de races « Faisanes » ( pheasant-fowls). On rencontre dans quelques races domestiques un cas de variation analogique embarrassant ; les poussins des races noires suivantes, Espagnoles, de Combat, Huppées et Bantams, ont tous, pendant qu’ils sont encore couverts de duvet, la gorge et le poitrail blancs, et souvent un peu de blanc sur les ailes[31]. L’éditeur du Poultry Chronicle[32], fait remarquer que toutes les races qui ont normalement les lobules auriculaires rouges, produisent occasionnellement des oiseaux avec ces mêmes lobules blancs. Cette observation s’applique plus spécialement à la race de Combat, de toutes, celle qui se rapproche le plus du G. Bankiva. Nous avons vu qu’à l’état de nature, les lobules auriculaires varient de couleur dans cette espèce, étant rouges dans les contrées Malaises, et généralement, quoique pas invariablement, blancs dans l’Inde.
Pour résumer cette partie de mon sujet, il existe donc une espèce de Gallus, le Gallus Bankiva, qui est commune, largement répandue, variable, d’un apprivoisement facile, féconde dans ses croisements avec les races ordinaires, et ressemble, par toute sa conformation, son plumage et sa voix, à la race de Combat ; on peut donc sans hésitation, la regarder comme la souche de celle-ci, le type par excellence des races domestiques. Nous avons vu les difficultés qui s’opposent à ce qu’on admette que d’autres espèces, actuellement inconnues, aient pu être les formes parentes des autres races domestiquées. Nous savons que toutes nos races sont très-voisines, comme le prouvent la similitude de la plupart des points de leur conformation, de leurs habitudes, et les analogies de leurs variations. Nous avons encore vu que plusieurs des races les plus distinctes peuvent, habituellement ou occasionnellement, ressembler de très-près au Gallus Bankiva par leur plumage, et que les produits croisés d’autres races qui n’ont pas cette coloration, manifestent une tendance plus ou moins prononcée à faire retour à ce même plumage. Quelques races fort distinctes, dont on pourrait le moins soupçonner la descendance du Gallus Bankiva, telles que la race Huppée, avec son crâne protubérant et mal ossifié ; la Cochinchinoise, avec sa queue imparfaite et ses petites ailes, accusent fortement par ces caractères leur origine artificielle. Nous savons que, dans ces dernières années, la sélection méthodique a été considérablement améliorée, et a fixé bien des caractères ; et nous avons toute raison de croire que la sélection inconsciente, poursuivie pendant une longue suite de générations, a dû sûrement augmenter toute particularité nouvelle, et donner ainsi naissance à de nouvelles races. Deux ou trois races étant une fois formées, l’intervention de croisements divers entre elles, aura encore eu pour résultat, en modifiant leurs caractères, d’en augmenter le nombre. D’après une publication récente faite en Amérique, la race Brahmapoutra offre un cas intéressant d’une race provenant d’un croisement récent, et se conservant par elle-même. Les Bantams-Sebright en sont un autre exemple analogue. Nous pouvons donc conclure que, non-seulement la race de Combat, mais toutes nos autres races, descendent de la variété Malaise ou Indienne du Gallus Bankiva. Cette espèce aurait donc considérablement varié depuis sa première domestication ; mais, comme nous allons le montrer, elle a eu bien amplement le temps de le faire.
Histoire des races gallines. — Rütimeyer n’en a pas trouvé de restes dans les anciennes habitations lacustres de la Suisse, et ces oiseaux ne sont ni mentionnés dans l’Ancien Testament, ni figurés sur les antiques monuments égyptiens[33]. Ni Homère ni Hésiode n’en parlent (environ 900 ans avant J.-C.) ; mais Théognis et Aristophane en font mention (de 400 à 500 ans avant J.-C.). Il en est de figurés sur quelques cylindres babyloniens, dont M. Layard m’a envoyé une empreinte (vie ou viie siècle avant J.-C.), et sur la tombe des Harpies en Lycie (environ 600 ans avant J.-C.). Nous pouvons donc fixer à peu près vers le vie siècle avant J.-C., l’époque de l’arrivée en Europe de l’espèce galline. Au commencement de notre ère, elle devait déjà avoir voyagé plus à l’Ouest, car Jules César l’a trouvée en Bretagne. Elle devait déjà être domestiquée dans l’Inde, lorsque les institutions de Manou furent écrites, c’est-à-dire d’après Sir W. Jones 1200 ans, mais d’après l’autorité plus récente de M. H. Wilson, seulement 800 ans avant J.-C., — car l’usage de la volaille domestique y est défendu, tandis que celui de l’oiseau sauvage y est permis. Si, comme nous l’avons déjà remarqué, on peut se fier à l’ancienne Encyclopédie chinoise, l’époque de la domestication de l’espèce galline, serait de plusieurs siècles antérieure, puisqu’il y est dit qu’elle fut importée en Chine, venant de l’Ouest, 1400 avant J.-C.
Les matériaux qui se trouvent à notre disposition, sont insuffisants pour retracer l’histoire des diverses races. Au commencement de l’ère chrétienne, Columelle parle d’une race de combat à cinq doigts, et de quelques races de province, mais nous ne savons rien de plus sur leur compte. Il fait aussi allusion à des formes naines, mais qui ne peuvent être les mêmes que nos Bantams, car celles-ci, comme l’a montré M. Crawfurd, ont été importées du Japon, à Bantam dans l’île de Java. J’apprends de M. Birch que, dans une ancienne Encyclopédie du Japon, il est question d’une race naine, qui est probablement la vraie Bantam. Dans une Encyclopédie chinoise, publiée en 1596, et compilée de sources diverses, dont quelques-unes remontent à une haute antiquité, il est fait mention de sept races, comprenant des formes comme celles que nous appelons rampantes ou sauteuses, et aussi des oiseaux à plumage, os et chair noirs. Aldrovande, dans son ouvrage publié en 1600, et qui est le plus ancien document qui soit à notre disposition pour déterminer l’âge de nos races gallines européennes, en décrit sept ou huit. Le Gallus Turcicus semble être certainement un Hambourg barré ; mais M. Brent croit qu’Aldrovande a évidemment figuré ce qu’il a rencontré par hasard, et non ce qu’il y avait de mieux dans la race. Il considère même tous les oiseaux d’Aldrovande comme étant de race impure ; mais il est plus probable que toutes nos races ont, depuis cette époque, été considérablement modifiées et améliorées, car, puisqu’il s’est donné la peine de réunir autant de figures, il doit probablement avoir cherché à se procurer des échantillons caractéristiques. Quoi qu’il en soit, la poule Soyeuse existait déjà alors dans l’état où elle est aujourd’hui, ainsi que la race frisée ou à plumes renversées. M. Dixon[34] regarde la variété de Padoue d’Aldrovande, comme une variété de la race Huppée ; mais M. Brent croit quelle était plus voisine de la race Malaise. En 1656, P. Borelli a signalé les particularités anatomiques du crâne de la race Huppée. Je puis ajouter qu’une sous-variété de cette race, celle à plumage doré et pailleté, était connue en 1737 ; mais, à en juger par la description d’Albin, la crête était alors plus grande, la huppe beaucoup plus petite, la poitrine plus grossièrement tachetée, et l’abdomen et les cuisses plus noirs. Dans ces conditions, un coq Huppé pailleté-doré serait aujourd’hui sans valeur.
Différences dans les conformations externes et internes des diverses races : Variabilité individuelle. — Les races gallines ont été soumises à des conditions extérieures très-diverses, et nous venons de voir que le temps pendant lequel elles ont pu subir leur action, jointe à celle de la sélection inconsciente, a été amplement suffisant pour déterminer une variabilité considérable. Comme il y a de fortes raisons pour croire que toutes les races descendent du G. Bankiva, une description détaillée des principaux points de différence qu’on peut constater entre elles, ne sera pas inutile. Après les œufs et les poulets, nous examinerons les caractères sexuels secondaires, et ensuite les divergences dans la conformation extérieure, et dans celle du squelette. Les détails qui suivent, ont surtout pour but de montrer à quel point, sous l’influence de la domestication, presque tous les caractères ont pu devenir variables.
Œufs. — D’après les observations de M. Dixon[35], à chaque poule correspondent quelques particularités individuelles dans la forme, la couleur ou la grandeur de son œuf, qui ne changent pas sa vie durant, tant qu’elle est en bonne santé, et qui sont aussi familières à ceux qui s’occupent de l’élevage de ces gallinacés, et se reconnaissent aussi facilement qu’on reconnaît l’écriture d’une personne de connaissance. Je crois ceci généralement vrai, et qu’on peut, en effet, presque toujours distinguer les œufs de différentes poules, lorsqu’elles ne sont pas trop nombreuses. La grosseur des œufs varie naturellement avec la taille de la race, mais cependant pas toujours dans une proportion rigoureusement exacte. Ainsi la race Malaise est plus grande que l’Espagnole, mais elle fait généralement des œufs moins gros ; les œufs des Bantams blancs sont plus petits que ceux des autres Bantams[36] ; par contre, d’après M. Tegetmeier, les poules Cochinchinoises blanches pondent des œufs plus grands que les Cochinchinoises blondes. Les œufs des diverses races offrent des caractères très-différents ; ainsi, M. Ballance[37] raconte que de jeunes poules Malaises de l’année précédente avaient pondu des œufs égaux en grosseur à ceux d’une cane, tandis que d’autres poules de même race, et âgées de deux ou trois ans, n’avaient donné que des œufs à peine plus gros que ceux d’une Bantam ordinaire. Les uns étaient aussi blancs que ceux d’une poule Espagnole, d’autres variaient d’une couleur crème claire, au chamois foncé ou même au brun. La forme varie aussi : dans les Cochinchinoises, les deux pôles de l’œuf sont plus également arrondis que dans les races de Combat ou Espagnole. Les œufs de cette dernière sont plus lisses, ceux de la Cochinchinoise sont généralement grenus, et leur coquille est, ainsi que celle des œufs de la race Malaise, plus épaisse que celle des races de Combat et Espagnole ; on assure qu’il en est de même pour une sous-race de cette dernière, celle de Minorque[38]. Les œufs varient beaucoup par la couleur : — ils sont chamois chez les Cochinchinoises, un peu plus pâles chez les Malaises, et encore plus pâles chez les poules de Combat. Il paraîtrait que les œufs de coloration plus foncée caractérisent les races récemment importées d’Orient, ou celles qui sont encore très-voisines des races vivant actuellement dans cette région. D’après Ferguson, la couleur du jaune ainsi que celle de la coquille diffèrent un peu dans les variétés de la race de Combat et paraissent être, à quelque degré, en corrélation avec la couleur du plumage. Je tiens de M. Brent que les poules Cochinchinoises, dont le plumage est sombre comme celui de la perdrix, pondent des œufs plus foncés que les autres variétés de la même race. La richesse et le goût de l’œuf diffèrent certainement, et la productivité varie aussi beaucoup suivant les races : les poules Espagnoles, Huppées et de Hambourg ont perdu l’instinct de l’incubation.
Poulets. — Comme tous les jeunes gallinacés, pendant qu’ils sont encore revêtus de leur duvet, portent des bandes longitudinales sur le dos, — caractère dont, à l’âge adulte, aucun des sexes ne conserve la moindre trace, — on pouvait s’attendre à trouver de semblables marques sur les poulets de toutes nos races domestiques[39], en exceptant cependant celles dont le plumage adulte a, dans les deux sexes, subi un assez grand changement pour être devenu noir ou blanc. Dans les variétés blanches des diverses races, les poussins sont uniformément d’un jaune pâle, passant au jaune-canari vif chez la race Soyeuse à os noirs. C’est aussi généralement le cas pour les poussins des Cochinchinoises blanches, mais je tiens de M. Zurhost, qu’ils ont quelquefois une coloration chamois ou brune, et que tous ceux présentant cette couleur, et qui ont été suivis, ont donné des mâles. Les poussins des Cochinchinois chamois sont d’un jaune doré, très-distinct de la nuance plus pâle des Cochinchinois blancs, et sont souvent longitudinalement rayés de nuances foncées ; ceux des Cochinchinois de coloration cannelle argentée sont presque toujours chamois. Les poussins des races de Combat et Dorking blanches montrent parfois, sous certaines incidences de lumière (d’après M. Brent), de faibles traces de raies longitudinales. Dans les variétés noires des races Espagnole, de Combat, Huppée et Bantam, les poussins présentent un caractère nouveau, car ils ont la poitrine et la gorge plus ou moins blanches, et quelquefois un peu de blanc ailleurs. On remarque aussi parfois chez les poulets Espagnols (Brent) que les premières plumes qui occupent les points où le duvet était blanc, sont pendant quelque temps terminées de blanc. Les poussins de la plupart des sous-races de Combat (Brent, Dixon), des Dorkings, présentent le caractère primitif des raies longitudinales sur le duvet ; il en est de même dans les sous-races Cochinchinoises à plumage de perdrix ou de coq de bruyère (Brent), mais pas dans les autres ; et enfin dans la sous-race Faisane, à l’exclusion des autres sous-races, de la race Malaise (Dixon). Dans les races et sous-races suivantes, les poussins sont à peine, ou pas du tout rayés longitudinalement ; les Hambourgs barrés, dorés et argentés, qu’on peut à peine distinguer les uns des autres lorsqu’ils sont en duvet, ont tous deux, sur la tête et le croupion, des taches foncées, et parfois une raie longitudinale sur la partie postérieure du cou (Dixon). Je n’ai vu qu’un seul poussin de la variété Hambourg pailletée argentée, et il portait des raies longitudinales obscures. Les poussins de la variété Huppée pailletée dorée (Tegetmeier), sont d’un brun roux chaud ; ceux de la variété argentée sont gris, quelquefois tachés d’ocre sur la tête, les ailes et le poitrail (Dixon). Les poussins Coucous, ont le duvet gris (Dixon), ceux des Sebright-Bantams (Dixon), sont d’un brun foncé uniforme, tandis que ceux des Bantams rouges à poitrail brun sont noirs avec un peu de blanc sur le poitrail et la gorge. Nous voyons par là que les poussins des différentes races, et même ceux d’une même race principale, diffèrent beaucoup par leur duvet, et que les raies longitudinales, qui caractérisent les jeunes de tous les gallinacés sauvages, disparaissent dans plusieurs races domestiques. On peut admettre comme règle principale, que plus le plumage de l’adulte diffère de celui du G. Bankiva, plus la disparition des raies chez les poussins est complète.
Quant à l’époque à laquelle apparaissent les caractères propres à chaque race, il est évident que des conformations, telles que des doigts supplémentaires, doivent se former longtemps avant la naissance. Dans la race Huppée, la protubérance remarquable de la partie antérieure du crâne est bien développée chez le poulet avant sa sortie de l’œuf[40] ; mais la huppe qui repose sur cette protubérance est très-petite, et ne prend son développement complet qu’à la seconde année. Le coq Espagnol est remarquable par sa magnifique crête, qui se développe de très-bonne heure, ce qui permet déjà de distinguer les jeunes mâles à l’âge de quelques semaines seulement, par conséquent beaucoup plus tôt que dans les autres races ; ils commencent aussi à chanter de très-bonne heure, à six semaines environ. Dans la sous-variété Hollandaise, les lobules auriculaires blancs se développent plus tôt que dans la race Espagnole ordinaire[41]. Les Cochinchinois sont caractérisés par une petite queue, qui ne se développe chez les jeunes coqs qu’excessivement tard[42]. La race de Combat est connue pour son humeur querelleuse, et on voit les jeunes coqs chanter, frapper des ailes, et se battre entre eux avec obstination, pendant qu’ils sont encore sous la surveillance maternelle[43]. « J’ai vu souvent, dit un auteur[44], des couvées entières à peine emplumées, complètement aveuglées par le combat, et les couples rivaux réengager la lutte, aussitôt qu’après un temps de repos, ils commençaient à revoir la lumière. » Les mâles des gallinacés se livrent leurs combats pour la possession des femelles, de sorte que cette propension qu’ont les poulets de se battre aussi jeunes est non-seulement sans objet, mais leur est nuisible, parce qu’ils souffrent beaucoup de leurs blessures. Il se peut que cette disposition querelleuse dès le jeune âge, soit naturelle chez le G. Bankiva ; mais comme depuis bien des générations, l’homme a constamment choisi les coqs les plus belliqueux, il est plus probable que cette aptitude a été augmentée artificiellement, et transmise de même, et d’une manière précoce, aux jeunes mâles. Il est probable aussi que le développement extraordinaire de la crête du coq Espagnol a été, de la même manière, inintentionnellement transmis aux jeunes coqs, car les éleveurs n’ont pas dû s’inquiéter de la grosseur de la crête chez les jeunes oiseaux, mais choisir pour la reproduction les adultes qui avaient la plus belle crête, quelle qu’ait pu être d’ailleurs la précocité de son développement. Nous devons encore signaler le fait que, quoique les poulets Malais et Espagnols soient bien couverts de duvet, ils ne prennent leurs plumes définitives qu’assez tard, de sorte qu’à un certain moment, les jeunes oiseaux sont partiellement nus, et souffrent alors du froid.
Caractères sexuels secondaires. — Dans la forme parente, le Gallus Bankiva, les deux sexes diffèrent beaucoup par leur coloration. Dans nos races domestiques, la différence entre les deux sexes n’est jamais plus grande, mais elle est quelquefois moindre, et varie beaucoup quant au degré, même dans les subdivisions d’une race principale. Dans certaines races de Combat, la différence est aussi grande que dans la forme parente ; dans les sous-races blanches et noires, elle est nulle. M. Brent a observé deux familles de la race de Combat rouge à poitrail noir, chez lesquelles les coqs étaient identiques ; mais dans l’une, le plumage des poules était d’un brun-perdrix, et dans l’autre, d’un brun fauve. Un cas semblable a été remarqué dans des familles de la race de Combat rouge à poitrail brun. La poule de la race de Combat à « aile de canard, » est extrêmement belle, et diffère beaucoup de celles de toutes les autres sous-races de Combat ; mais généralement, on peut observer dans la plupart d’entre elles une certaine relation dans la variation des plumages des mâles et des femelles[45] ; cette relation se voit aussi très-bien, dans diverses variétés de la race Cochinchinoise. On remarque une ressemblance générale des couleurs et des marques du plumage, dans les deux sexes des variétés chamois, pailletées, dorée et argentée de la race Huppée, en exceptant bien entendu les plumes sétiformes, la huppe et la barbe. Dans les Hambourgs pailletés, il y a également une grande similitude entre les deux sexes. Dans les Hambourgs barrés, par contre, c’est l’inverse ; les barres transversales, qui caractérisent le plumage de la poule, manquent presque complètement chez les coqs des deux variétés, dorée et argentée. Mais, comme nous l’avons déjà vu, on ne peut pas dire qu’en général, les mâles n’aient jamais les plumes barrées, car les Dorkings Coucous sont précisément remarquables par le fait que les deux sexes présentent presque les mêmes marques.
Il est fort singulier de voir, dans certaines sous-races, les mâles perdre quelques-uns de leurs caractères secondaires masculins, et ressembler beaucoup à leurs poules par le plumage. Les avis sur la fécondité de ces mâles sont très-partagés ; il paraît positif qu’ils sont quelquefois partiellement stériles[46], mais ceci peut être le résultat de croisements consanguins. Il est d’autre part évident qu’ils ne sont pas complètement inféconds, et que le cas n’a aucune analogie avec celui des vieilles femelles, acquérant des caractères masculins, puisque plusieurs de ces sous-races poules se sont propagées longtemps. Les mâles et les femelles des Sebright Bantams, dorés et argentés, ne se distinguent les uns des autres que par la crête, les caroncules et les ergots, car ils ont la même couleur, et les mâles n’ont pas de plumes sétiformes, ni de pennes caudales en forme de faucille. Une sous-race de Hambourg à queue de poule, était récemment fort estimée. Il y a aussi une race de Combat, dont les mâles et les femelles se ressemblent tellement, que des coqs ont souvent, dans l’arène, pris leurs adversaires à plumage féminin pour des poules, erreur qui leur a coûté la vie[47]. Quoique revêtus d’un plumage de poule, ces coqs sont des oiseaux pleins d’ardeur, et qui ont souvent fait leurs preuves de courage ; on a même, une fois, publié la gravure d’un vainqueur à queue de poule célèbre. M. Tegetmeier[48] rapporte le cas remarquable d’un coq de Combat rouge à poitrail brun, qui, après avoir revêtu son plumage masculin parfait, prit à l’automne de l’année suivante un plumage de poule, mais sans perdre sa voix, ses ergots, sa force, ni ses qualités prolifiques. Cet oiseau a conservé ce même caractère durant cinq saisons successives, et a, pendant ce temps, procréé des mâles, les uns à plumage masculin, les autres à plumage féminin. M. Grantley F. Berkeley raconte le fait encore plus singulier, d’une famille de la race de Combat de la variété putois, dans chaque couvée de laquelle, se trouvait un unique coq à plumage de poule. Un de ces oiseaux offrait une singularité bizarre, car suivant les saisons, il n’était pas toujours coq à plumage féminin, ni toujours de la couleur dite putois, qui est noire. Pendant une saison, ayant le plumage féminin et putois, il revêtit, après la mue, le plumage masculin parfait rouge à poitrine noire, et l’année suivante, revint à son plumage précédent[49].
Dans mon Origine des espèces, j’ai déjà fait remarquer que les caractères sexuels secondaires sont sujets à de grandes variations dans les espèces d’un même genre, et sont extraordinairement variables dans les individus d’une même espèce. C’est, comme nous venons de le voir, ce qui arrive aux races Gallines pour la coloration du plumage ; il en est de même pour les autres caractères sexuels secondaires. La crête diffère beaucoup dans les diverses races[50], et sa forme est tout à fait caractéristique de chaque type, en exceptant toutefois les Dorkings, chez lesquels les éleveurs n’ont encore fixé par sélection, aucune forme de crête déterminée. La forme typique, et la plus commune, est celle d’une crête simple et profondément dentelée. Elle est très-développée dans la race espagnole ; dans une race locale nommée « Bonnets-rouges, » elle a quelquefois plus de trois pouces de largeur dans sa partie antérieure, et plus de quatre pouces de longueur[51]. La crête est double dans quelques races, et, lorsque ses deux extrémités sont soudées ensemble, elle forme une « crête en coupe » ; la « crête en rose » est aplatie, couverte de petites saillies, et très-développée en arrière ; elle porte deux cornes dans la race à cornes et celle de Crèvecœur ; elle est triple dans une race de Brahmas ; courte et tronquée chez la race Malaise, et manque dans celle de Guelders. Dans une variété de la race de Combat, quelques plumes allongées, prennent naissance à la partie postérieure de la crête, et dans un grand nombre d’autres, une huppe de plumes remplace celle-ci. Cette huppe est implantée sur une masse charnue, quand elle est petite ; mais lorsqu’elle est forte, elle part d’une protubérance hémisphérique du crâne. Dans les beaux coqs Huppés, elle est si développée, que j’en ai vu qui pouvaient à peine picoter par terre leur nourriture, et un auteur allemand assure que cette particularité les expose beaucoup aux attaques des oiseaux de proie[52]. Des conformations monstrueuses de ce genre seraient donc promptement supprimées à l’état de nature. Les caroncules varient aussi beaucoup de grandeur ; ils sont petits dans les races Malaises et quelques autres, et sont remplacés, dans certaines sous-races Huppées, par une forte touffe de plumes qu’on appelle une barbe.
Les plumes sétiformes ne diffèrent pas beaucoup dans les diverses races, mais sont courtes et roides chez les Malaises, et manquent dans les mâles à plumage féminin. Dans quelques ordres d’oiseaux, les mâles portent quelquefois des plumes de formes assez extraordinaires, telles que des plumes à tiges nues terminées par des disques, etc. ; or, dans le G. Bankiva sauvage et dans nos races domestiques, les barbes qui partent de chaque côté des extrémités des plumes sétiformes, sont nues ou dépourvues de barbules, ce qui les fait ressembler à des soies. M. Brent m’a communiqué quelques plumes sétiformes scapulaires de la variété « aile de canard » du coq de Combat, dans lesquelles les barbes nues étaient fortement garnies de barbules à leurs extrémités, de sorte que celles-ci, d’une couleur foncée et brillant d’un éclat métallique, séparées des parties inférieures, par la portion nue et transparente des barbes, paraissaient autant de petits disques métalliques distincts.
Les plumes de la queue, recourbées en forme de faucille, qui sont au nombre de trois paires, et sont éminemment caractéristiques du sexe mâle, varient beaucoup suivant les races. Au lieu d’être longues, et flottantes, comme dans les races typiques, elles sont en forme de cimeterre dans quelques Hambourgs. Elles sont très-courtes chez les coqs Cochinchinois, et manquent chez les coqs à plumage de poule. Les coqs de Combat et Dorkings les portent relevées, comme la queue entière ; elles sont tombantes dans les coqs Malais, et quelques Cochinchinois. Les Sultans sont caractérisés par un nombre supplémentaire de plumes latérales en faucille. Les ergots varient par leur position sur la jambe ; ils sont longs et acérés chez les coqs de Combat, courts et mousses chez les Cochinchinois. Ces derniers paraissent avoir la conscience de l’insuffisance de leurs ergots comme armes, car bien qu’ils s’en servent quelquefois, ils combattent le plus souvent en se saisissant et se secouant mutuellement avec leurs becs. M. Brent a reçu d’Allemagne quelques coqs de Combat indiens, qui portaient sur chaque patte, trois, quatre et même cinq ergots. Quelques Dorkings ont aussi deux ergots sur chaque patte[53], et dans les oiseaux de cette race, l’ergot est souvent placé presque à l’extérieur de la jambe. Les doubles ergots sont mentionnés dans l’ancienne Encyclopédie chinoise. Ce fait des ergots doubles peut être considéré comme un cas de variation analogique, car quelques gallinacés sauvages, le Polyplectron par exemple, en portent aussi deux.
À en juger d’après les différences qui distinguent généralement les sexes dans les gallinacés, il semble que, dans nos races domestiques, certains caractères aient été transférés d’un sexe à l’autre. Dans toutes les espèces (le Turnix excepté), lorsqu’il y a une différence considérable entre le plumage du mâle et celui de la femelle, c’est toujours celui du mâle qui est le plus beau. Dans la variété Hambourg pailletée dorée, la poule est aussi belle que le coq, et incomparablement plus élégante qu’aucune femelle de quelque espèce naturelle de Gallus que ce soit ; il y a donc eu là, transport à la femelle d’un caractère masculin. D’autre part, dans les variétés Coucou des Dorkings et autres races, le rayage des plumes qui, dans les Gallus, est l’attribut de la femelle, se trouve transféré aussi aux mâles ; d’après le principe des variations analogiques, ce transport n’a rien de surprenant, puisque, dans un grand nombre de genres de gallinacés, les mâles ont les plumes rayées en travers. Les ornements de toute nature sont généralement plus développés dans le mâle que dans la femelle ; mais, dans la race Huppée, la touffe qui, chez le mâle, remplace la crête, est également développée dans les deux sexes. Dans quelques sous-races, dont les poules portant une petite huppe, une crête droite et simple remplace quelquefois complètement la huppe chez le mâle[54]. D’après ce dernier fait, et quelques autres que nous allons signaler à propos de la protubérance du crâne de la race Huppée, on doit peut-être regarder, dans cette race, la huppe comme un caractère féminin transporté au mâle. Dans la race Espagnole, le mâle a, comme nous le savons, une crête énorme, caractère qui a été partiellement transmis à la femelle, laquelle porte aussi une crête d’une grandeur inusitée, quoique non droite. Le naturel hardi et sauvage du coq de Combat est aussi celui de sa femelle[55], chez laquelle, on trouve même quelquefois le caractère éminemment masculin des ergots. On connaît un grand nombre de cas d’existence d’ergots chez les poules, et en Allemagne, d’après Bechstein[56], ceux de la poule Soyeuse sont quelquefois très-longs. Il mentionne aussi une autre race offrant le même caractère, et dont les poules sont d’excellentes pondeuses, mais sujettes à déranger et à briser leurs œufs avec leurs ergots.
M. Layard[57] nous a fait connaître une race de Ceylan à peau, os, et caroncules noirs, et dont il compare le plumage à celui d’une poule blanche qu’on aurait fait passer dans une cheminée sale. Un fait curieux, ajoute le même auteur, c’est qu’il est aussi rare de rencontrer un oiseau mâle de cette variété à plumage enfumé, qu’il le serait de trouver un chat tricolore mâle. M. Blyth confirme le même fait pour cette race à Calcutta. D’autre part, les mâles et femelles de la race européenne à os noirs et à plumes soyeuses, ne diffèrent pas les uns des autres ; de sorte que, dans une des races, la peau, les os noirs, et un plumage identique, sont communs aux deux sexes, tandis que dans l’autre, les mêmes caractères appartiennent exclusivement aux femelles.
Actuellement, dans toutes les races Huppées, la protubérance osseuse du crâne, qui porte la huppe et renferme une partie du cerveau, est également développée dans les deux sexes. Mais il paraît qu’autrefois en Allemagne, cette particularité ne se rencontrait que sur la poule. Blumenbach[58], qui a étudié d’une manière spéciale les anomalies des animaux domestiques, a constaté, en 1813, ce fait que Bechstein avait déjà observé en 1793. Ce dernier a décrit avec soin les effets causés par la présence de la huppe sur le crâne, non-seulement des poules, mais aussi sur celui des Canards, des Oies et des Canaris. Il a reconnu que chez les poules, la huppe, lorsqu’elle est peu développée, repose sur une masse de graisse, mais toujours sur une protubérance osseuse, lorsqu’elle atteint des proportions un peu considérables. Il décrit bien les particularités de cette excroissance osseuse, et quant aux effets qui résultent de la modification dans la forme du cerveau sur l’intelligence de l’oiseau, il conteste l’assertion de Pallas, qui dit qu’ils sont stupides. Il constate ensuite qu’il n’a jamais observé cette protubérance chez les coqs. Il est donc certain, qu’autrefois, en Allemagne, ce caractère remarquable du crâne de la race huppée était propre à la femelle, et ne s’est transmis aux mâles que depuis.
La taille varie beaucoup. M. Tegetmeier a vu un Brahma pesant dix-sept livres, et un coq Malais dix, tandis qu’un Sebright Bantam pèse à peine plus d’une livre. Dans ces vingt dernières années, on a considérablement augmenté par sélection méthodique, la grosseur de quelques-unes de nos races, et diminué celle de quelques autres. Nous avons déjà vu combien la couleur varie dans la même race ; nous savons que le G. Bankiva sauvage varie légèrement sous ce rapport, et qu’il en est de même pour tous les animaux domestiques ; et cependant quelques éleveurs ont si peu de foi dans la variabilité, qu’ils soutiennent sérieusement que les principales sous-races de Combat, qui ne diffèrent que par la couleur, sont les descendants d’espèces sauvages distinctes. Le croisement cause souvent d’étranges modifications dans la couleur. D’après M. Tegetmeier, lorsqu’on croise des Cochinchinois blancs et chamois, quelques poulets viennent presque invariablement noirs. D’après M. Brent, le croisement des Cochinchinois noirs et blancs, produit parfois des poulets d’une teinte bleu ardoisé, teinte qu’on obtient aussi par le croisement de Cochinchinois blancs avec la race Espagnole noire, ou de Dorkings blancs avec les Minorques noirs[59]. Un bon observateur[60] raconte qu’une poule Hambourg pailletée argentée perdit peu à peu les marques caractéristiques de sa race, car le galonnage noir de ses plumes disparut, et ses pattes passèrent du bleu plombé au blanc ; une autre poule, sœur de la première, changea d’une manière analogue, mais moins fortement, et les poulets qu’elle produisit furent d’abord d’un blanc presque pur, mais acquirent en muant des colliers noirs, et quelques plumes pailletées de marques peu prononcées ; c’est un cas intéressant d’apparition d’une nouvelle variété. Dans les diverses races la peau est très-variable de couleur ; elle est blanche dans les variétés communes, jaune dans les Malaises et Cochinchinoises, et noire dans la poule Soyeuse ; reproduisant ainsi, comme le remarque M. Godron, les trois principaux types de la peau des races humaines[61]. Le même auteur ajoute que, puisque différents oiseaux, vivant dans différentes parties du globe, distantes et isolées les unes des autres, ont la peau et les os noirs, cette variation doit avoir apparu à diverses époques et dans divers endroits.
La forme de la tête, celle du corps et le port général de ce dernier, diffèrent considérablement. Le bec varie un peu par sa longueur et sa courbure, mais infiniment moins que dans les pigeons. Dans les races les plus fortement huppées, les narines offrent la particularité d’être en forme de croissant. Les rémiges primaires sont courtes dans les Cochinchinois ; dans un mâle de cette race, qui pesait plus du double d’un G. Bankiva, elles égalaient en longueur celles de ce dernier. J’ai compté avec M. Tegetmeier les rémiges primaires de treize coqs et poules de diverses races ; dans quatre, savoir, deux Hambourgs, un Cochinchinois et un Bantam de Combat, il y en avait dix, au lieu du nombre ordinaire de neuf ; mais j’ai, en comptant ces plumes, suivi l’usage des éleveurs, et n’ai pas compris la première penne primaire, qui est petite, et n’a que trois quarts de pouce de longueur. Ces plumes diffèrent beaucoup par leur longueur relative, le quatrième, cinquième ou sixième étant les plus longues, et la troisième étant tantôt égale à la cinquième, tantôt plus courte qu’elle. Dans les Gallinacés sauvages, le nombre des rémiges et rectrices principales est extrêmement constant, ainsi que leurs longueurs relatives.
La queue diffère beaucoup par sa position et sa grandeur ; elle est petite chez les Malais, et très-petite chez les Cochinchinois. Sur treize oiseaux de diverses races que j’ai examinés, cinq avaient le nombre normal de quatorze rectrices, y compris les deux plumes en faucille médianes ; six autres (un coq Cafre, un coq Huppé pailleté d’or, une poule Cochinchinoise, une poule Sultane, une de Combat et une Malaise) en portaient seize ; enfin deux (un vieux coq Cochinchinois et une poule Malaise) en avaient dix-sept. La race sans croupion est privée de queue ; j’en ai gardé un individu vivant, dont la glande huileuse était atrophiée, mais qui, bien que son coccyx fût excessivement imparfait, avait encore un vestige d’une queue représentée par deux plumes un peu longues, occupant à peu près la situation des caudales externes. Cet oiseau provenait d’une famille dont la race s’était conservée intacte depuis vingt ans ; mais les races sans croupion produisent souvent des poulets ayant une queue[62]. Un physiologiste éminent[63] a récemment parlé de cette race comme étant une espèce distincte, conclusion à laquelle il ne serait jamais arrivé, s’il eût examiné les déformations du coccyx ; il a été probablement trompé par une assertion qu’on trouve dans quelques livres, sur l’existence, à Ceylan, de gallinacés sauvages sans queue, mais que M. Layard et le Dr Kellaert, qui ont étudié d’une manière approfondie les oiseaux, de cette île, déclarent être absolument fausse.
Les tarses sont de longueur variable ; dans les races Espagnole et Frisée, ils sont, relativement au fémur, beaucoup plus longs, et dans les races Bantam et Soyeuse, beaucoup plus courts, que dans le G. Bankiva sauvage, chez lequel du reste, comme nous l’avons vu, les tarses varient de longueur. Ils sont souvent emplumés. Dans plusieurs races, les pattes portent des doigts additionnels. Les individus de la race Huppée pailletée d’or[64], ont la peau interdigitale très-développée ; M. Tegetmeier a observé ce fait sur un oiseau, mais il n’en était pas de même dans celui que j’ai examiné. On dit que dans les Cochinchinois, le doigt médian[65] a à peu près le double de la longueur des doigts latéraux, et serait par conséquent bien plus long que dans le G. Bankiva ou dans d’autres races, mais je ne l’ai pas trouvé ainsi dans deux cas que j’ai pu observer. Dans cette même race, l’ongle du doigt médian est remarquablement large et aplati, quoiqu’à un degré variable ; chez le G. Bankiva on ne trouve qu’une légère trace de cette structure de l’ongle.
D’après M. Dixon, la voix diffère légèrement dans presque chaque race. Les Malais[66] ont un cri fort profond et un peu prolongé, mais présentant beaucoup de différences individuelles. Le colonel Sykes fait remarquer que le coq domestique Kulm de l’Inde n’a pas le cri perçant et clair du coq anglais, et que l’étendue de son clavier semble plus restreinte. Le Dr Hooker a été frappé de la nature du cri hurlant et prolongé des coqs de Sikhim[67]. Le chant du Cochinchinois est notoirement et comiquement différent de celui du coq commun. Les dispositions des différentes races sont fort semblables, et varient du naturel défiant et sauvage du coq de Combat, à celui très-pacifique des Cochinchinois. Ces derniers, à ce qu’on assure, broutent beaucoup plus que les autres variétés. La race Espagnole souffre davantage du gel que les autres races.
Avant d’arriver au squelette, étudions l’étendue des différences qu’on peut constater entre les diverses races et le G. Bankiva. Quelques auteurs considèrent comme une des plus distinctes, la race Espagnole, ce qui est vrai pour son aspect général, mais ses différences caractéristiques ne sont pas importantes. La race Malaise paraît être plus distincte, par sa haute taille, par sa petite queue tombante, formée de plus de quatorze rectrices, et par la petitesse de sa crête et de ses caroncules ; il y a cependant une sous-race Malaise qui est colorée presque exactement comme le G. Bankiva. Quelques auteurs regardent la race Huppée comme très-distincte ; mais c’est plutôt une race semi-monstrueuse, comme le prouvent la protubérance et les perforations irrégulières de son crâne. La race Cochinchinoise, avec ses os frontaux fortement sillonnés, la forme particulière de son trou occipital, ses rémiges courtes, sa queue formée de plus de quatorze rectrices, l’ongle large de son doigt médian, son plumage, ses œufs rugueux et foncés, et surtout sa voix toute particulière, est probablement la plus distincte de toutes. Et si une de nos races devait être considérée comme descendant d’une espèce inconnue et différente du G. Bankiva, ce serait la Cochinchinoise, bien que les preuves à l’appui de cette supposition nous fassent défaut. Toutes les différences qui caractérisent la race Cochinchinoise sont variables, et peuvent être reconnues dans les autres races, à un degré plus ou moins prononcé. Une de ses sous-races est colorée, comme le G. Bankiva. Leurs pattes emplumées, pourvues souvent d’un doigt supplémentaire, leurs ailes impropres au vol, leur naturel tranquille, témoignent d’une domestication très-ancienne ; enfin ces oiseaux viennent de la Chine, où nous savons que plantes et animaux ont été l’objet de grands soins dès une époque fort reculée, et où, par conséquent, nous devons nous attendre à trouver des races domestiques profondément modifiées.
Différences ostéologiques. — J’ai examiné vingt-sept squelettes et cinquante-trois crânes de diverses races (y compris ceux de trois G. Bankiva), dont je dois environ la moitié à l’obligeance de M. Tegetmeier, et trois squelettes à celle de M. Eyton.
Le Crâne diffère beaucoup par sa grosseur, suivant les races. Dans les plus grands Cochinchinois il est double en longueur, mais pas en largeur de celui des Bantams. Les os de la base du crâne, depuis le trou occipital jusqu’à l’extrémité antérieure (y compris les os carrés et ptérygoïdiens), sont identiques par la forme dans tous les crânes. Il en est de même de la mâchoire inférieure. On distingue souvent sur la partie frontale du crâne de légères différences entre les mâles et les femelles, dues évidemment à la présence de la crête. Je prendrai dans tous les cas comme terme de comparaison le crâne du G. Bankiva. Je n’ai pas trouvé de différences dignes d’être notées dans quatre poules de Combat, une Malaise, un coq Africain, un coq Frisé de Madras et deux poules Soyeuses à os noirs. Dans trois coqs Espagnols, la forme du front entre les orbites était très-différente ; il était fortement déprimé sur l’un, plutôt saillant chez les deux autres, et portant un profond sillon médian ; la poule avait le crâne lisse. Dans trois crânes de Bantams de Sebright, le vertex est plus globuleux et descend plus brusquement vers l’occiput que dans le G. Bankiva. Dans un Bantam de Burmah, ces caractères sont encore plus fortement prononcés, et la partie sus-occipitale du crâne est plus pointue. Moins globuleux dans un Bantam noir, le crâne avait un trou occipital très-large, et un contour presque triangulaire comme celui que nous allons décrire chez les Cochinchinois ; les deux branches ascendantes des maxillaires supérieurs étaient singulièrement recouvertes par les apophyses des os nasaux, mais comme je n’ai eu à ma disposition qu’un seul exemplaire, il est possible que quelques-unes de ces différences aient pu être individuelles. J’ai examiné sept crânes de Cochinchinois et de Brahmas, (cette dernière étant une race croisée très-voisine de la Cochinchinoise). Au point où les branches montantes des maxillaires supérieurs s’appuient contre l’os frontal, la surface du crâne présente une forte dépression, de laquelle part un profond sillon médian, qui se prolonge en arrière à une distance variable ; les bords de cette fissure sont très-saillants, ainsi que le sommet du crâne en arrière et au-dessus des orbites. Ces caractères sont moins développés chez les poules. Les ptérygoïdiens et les apophyses de la mâchoire inférieure sont, relativement à la grosseur de la tête, plus larges que dans le G. Bankiva, ce qui a lieu aussi chez les Dorkings de forte taille. La bifurcation terminale de l’hyoïde est, chez les Cochinchinois, deux fois aussi large que dans le G. Bankiva, tandis que la longueur des autres os de l’hyoïde n’est que dans le rapport de trois à deux. Mais le caractère le plus remarquable est celui de la forme du trou occipital : chez le G. Bankiva (fig. 33, A), sa largeur horizontale excède sa hauteur verticale, et son contour est à peu près circulaire ; tandis que dans les Cochinchinois (B), son contour est triangulaire, et sa hauteur est plus grande que sa largeur. On rencontre aussi cette forme chez les Bantams noirs, certains Dorkings et quelques autres races s’en approchent quelquefois à un faible degré.
J’ai examiné trois crânes de Dorkings, dont un, appartenant à la sous-race blanche, m’a présenté le caractère remarquable d’une grande largeur des os frontaux, n’ayant sur leur partie médiane qu’un sillon médiocrement profond.
Ce crâne, qui n’avait qu’une fois et demie la longueur du crâne du G. Bankiva, était, comme largeur entre les deux orbites, exactement du double. J’ai examiné quatre crânes de Hambourgs (mâles et femelles), de la sous-race rayée, et un (mâle) de la sous-race pailletée ; les os nasaux sont très-écartés, mais d’une manière variable ; de sorte qu’il reste, entre les extrémités des deux branches ascendantes des maxillaires supérieurs, qui sont un peu courtes, et entre elles et les os nasaux, des intervalles étroits couverts d’une membrane.
La surface du frontal, sur laquelle s’appuient les extrémités des branches des maxillaires supérieurs, est très-peu déprimée. Ces particularités sont, sans aucun doute, en quelque corrélation étroite avec la large crête aplatie et en forme de rose, qui caractérise la race de Hambourg.
J’ai eu à ma disposition quatorze crânes de diverses races Huppées. Leurs différences sont extraordinaires. Neuf crânes de quelques sous-races anglaises portaient les protubérances hémisphériques des os frontaux[68] représentées dans les figures ci-jointes (fig. 34), dans lesquelles B est une vue oblique, et d’en haut, du crâne d’un coq Huppé blanc, et A celle d’un crâne du G. Bankiva, dans la même situation. La figure 35 représente les coupes longitudinales des crânes d’un coq Huppé, et comme comparaison, d’un coq Cochinchinois de même taille. Dans tous les individus huppés, la protubérance occupe la même situation, mais varie pour la grosseur. Sur un de mes neuf exemplaires, elle était très-faible. Le degré d’ossification de la protubérance est très-variable, des portions plus ou moins grandes d’os étant souvent remplacées par une membrane. Dans un exemplaire, il n’y avait qu’un seul trou béant ; mais généralement, il y en a plusieurs d’ouverts et de formes diversifiées, l’os formant comme un réseau irrégulier. Il subsiste ordinairement une espèce de ruban osseux longitudinal et voûté, qui occupe le milieu de la protubérance, mais dans un cas je n’ai trouvé aucune portion osseuse recouvrant celle-ci, et le crâne nettoyé était largement ouvert en dessus. La forme de la boite crânienne étant considérablement changée, le cerveau est modifié d’une manière correspondante, comme le montrent les coupes longitudinales ci-jointes, qui méritent toute notre attention. Des trois cavités qu’on peut distinguer dans l’intérieur du crâne, les plus grandes modifications portent sur la cavité antéro-supérieure. Elle est évidemment plus considérable que celle du crâne Cochinchinois de même grandeur, et s’étend beaucoup plus en avant, au-dessus de la cloison interorbitaire, mais elle est moins profonde latéralement. Il est douteux que cette cavité soit entièrement remplie par le cerveau. Dans le crâne du Cochinchinois et de tous les individus ordinaires, une large lame osseuse interne sépare la cavité antérieure de la centrale ; cette lame manque complètement dans le crâne du coq Huppé que nous avons figuré. La cavité centrale, qui dans ce crâne est circulaire, se trouve allongée dans celui du Cochinchinois. La forme de la cavité postérieure, ainsi que la grandeur, la position et le nombre des trous servant au passage des nerfs, diffèrent beaucoup dans ces deux crânes. Une fosse qui pénètre profondément dans l’occipital du Cochinchinois, manque complètement dans le crâne huppé, mais je l’ai trouvée bien développée, dans un autre exemplaire, qui différait d’ailleurs du premier, par l’ensemble de la forme de sa cavité postérieure. Des coupes de deux autres crânes, — l’un provenant d’un individu Huppé, dont la protubérance était très-peu développée, l’autre d’un Sultan chez lequel elle était un peu plus saillante, — placées entre les deux figurées ci-dessous (fig.35), montrèrent une parfaite gradation dans la configuration de la surface intérieure. Dans le crâne huppé à protubérance faible, la cloison qui sépare la cavité antérieure de la médiane, était visible mais basse ; et dans le Sultan elle était remplacée par un sillon étroit, porté sur une éminence large et élevée.
On doit naturellement se demander si ces modifications dans la forme du cerveau, affectent l’intelligence des oiseaux qui portent ces huppes ; quelques auteurs ont dit qu’ils étaient très-bêtes, mais Bechstein et M. Tegetmeier ont montré que cela n’est nullement général. Toutefois, Bechstein[69] assure avoir eu une poule Huppée qui était comme folle, et errait toute la journée d’une manière inquiète. Une poule que j’ai eue en ma possession, était solitaire et souvent absorbée dans une rêverie continue qui permettait de l’approcher et même de la toucher ; elle manquait à tel point de la faculté de retrouver son chemin, que, si elle s’éloignait d’une centaine de pas de l’endroit où était sa nourriture, elle ne savait pas se retrouver, et se dirigeait toujours avec obstination dans une fausse direction. J’ai eu aussi beaucoup de renseignements analogues sur l’apparence idiote et stupide des coqs Huppés[70].
Revenons au crâne. Sa partie postérieure vue du dehors, diffère peu de celle du G. Bankiva. Dans la plupart des individus, l’apophyse postéro-latérale de l’os frontal et celle de l’os écailleux, marchent ensemble et se soudent près de leurs extrémités ; la réunion de ces deux os n’est cependant constante dans aucune race, et dans onze sur quatorze crânes huppés, j’ai trouvé les apophyses parfaitement distinctes. Lorsqu’elles ne se réunissent pas, au lieu d’être inclinées en avant comme dans les races ordinaires, elles descendent perpendiculairement à la mâchoire inférieure, et, dans ce cas, le plus grand axe de la cavité osseuse de l’oreille est également plus perpendiculaire que dans les autres races. Lorsque l’apophyse de l’os écailleux est libre, son extrémité, au lieu d’être élargie, devient fine et pointue et de longueur variable. Les os ptérygoïdiens et carrés n’offrent pas de différences. Les palatins sont un peu plus recourbés à leur extrémité postérieure, et les frontaux sont, au devant de la protubérance, très-larges comme chez les Dorkings, mais à un degré variable. Les os nasaux peuvent tantôt, comme chez les Hambourgs, être séparés, tantôt être en contact ; dans un cas, je les ai trouvés soudés ensemble. Chaque os nasal se prolonge en avant, par deux apophyses égales en forme de fourchette ; mais dans tous les crânes huppés, à l’exception d’un seul, le prolongement interne était passablement raccourci et un peu retroussé. Dans tous, un seul excepté, les deux branches ascendantes des maxillaires supérieurs, au lieu de remonter entre les apophyses des os nasaux, et de s’appuyer sur l’ethmoïde, étaient raccourcies et se terminaient en pointe mousse, un peu relevée. Dans les crânes où les os nasaux sont très-rapprochés ou soudés ensemble, il serait impossible aux branches ascendantes des maxillaires supérieurs, d’atteindre les ethmoïdes et les frontaux, de sorte que, dans ce cas, même les connexions réciproques des os se trouvent changées. Le relèvement des branches ascendantes des maxillaires supérieurs et des apophyses internes des os nasaux, paraît être la cause de la saillie des orifices externes des narines, et de leur forme en croissant.
J’ajouterai encore quelques mots sur quelques races Huppées étrangères. Le crâne d’un individu d’une race Turque, blanche, huppée et sans croupion, était peu saillant et ne présentait que peu de perforations ; les branches ascendantes des maxillaires supérieurs étaient bien développées. Dans une autre race Turque, celle des Ghoondooks, le crâne était très-proéminent et perforé ; les branches ascendantes des maxillaires supérieurs étaient si atrophiées, qu’elles ne s’avançaient que de 1/15me de pouce ; il en était de même des apophyses internes de l’os nasal. Ces deux os ont donc été extrêmement modifiés. J’ai pu examiner deux crânes de Sultans (encore une race Turque), chez lesquels la protubérance était beaucoup plus forte chez la femelle que chez le mâle. Dans les deux crânes, les branches montantes des maxillaires supérieurs étaient très-courtes, et les portions basilaires des apophyses internes des nasaux étaient soudées ensemble. Ces crânes Sultans différaient de ceux de la race Huppée anglaise, par une largeur moindre des os frontaux, en avant de la protubérance.
Je décrirai un dernier et unique crâne qui m’a été prêté par M. Tegetmeier ; il ressemble, par la plupart de ses caractères, au crâne de la race Huppée, mais n’offre pas la grande protubérance frontale ; il porte deux grosseurs arrondies d’une nature différente, et placées plus en avant, au-dessus des os lacrymaux.
Ces mamelons singuliers, dans lesquels le cerveau ne pénètre pas, sont séparés par un profond sillon médian, sur lequel se trouvent quelques petites perforations. Les os nasaux sont un peu écartés, et leurs apophyses internes, ainsi que les branches ascendantes des maxillaires supérieurs, sont raccourcies et relevées. Les deux saillies supportent très-probablement les deux prolongements en forme de cornes de la crête.
Nous voyons donc par ce qui précède, combien quelques-uns des os du crâne peuvent varier dans les races gallines Huppées. La protubérance, ne ressemblant à rien de ce qu’on observe dans la nature, peut certainement être sous ce rapport, considérée comme une monstruosité ; mais comme d’autre part, elle n’est pas nuisible à l’oiseau, et qu’elle est rigoureusement héréditaire, on peut à peine lui donner ce nom. On peut établir une série, commençant par la poule Soyeuse à os noirs, qui n’a qu’une huppe très-petite, et la partie du crâne qui la porte, percée de quelques minimes ouvertures seulement ; la série continue par les oiseaux dont la huppe moyenne, d’après Bechstein, repose sur une masse charnue, et dont le crâne ne présente aucune protubérance. J’ai vu une masse charnue ou fibreuse analogue au-dessous de la huppe d’un canard Huppé, dont le crâne n’offrait point de protubérance, mais était devenu un peu plus globuleux. Enfin nous arrivons aux individus à huppe fortement développée, chez lesquels le crâne devient extrêmement saillant, et présente une foule de perforations irrégulières. Il est encore un fait qui prouve les rapports intimes existant entre la huppe et la protubérance osseuse du crâne, et que m’a signalé M. Tegetmeier ; c’est que si, dans une couvée récemment éclose, on choisit les poussins qui ont la plus forte saillie du crâne, ce sont précisément ceux qui, à l’état adulte, présenteront la huppe la plus développée. Il est évident qu’autrefois, les éleveurs de cette race n’ont porté leur attention que sur la huppe et non sur le crâne ; néanmoins, en développant la huppe, ce à quoi ils ont merveilleusement réussi, ils ont, sans intention, augmenté à un haut degré la protubérance crânienne et ont, par corrélation de croissance, agi en même temps sur la forme et les connexions réciproques des os maxillaires supérieurs et nasaux, sur la largeur des frontaux, la forme de l’orifice des narines, celle des apophyses latérales postérieures des os frontaux et écailleux, sur la direction de l’axe de la cavité osseuse de l’oreille, et enfin sur la configuration interne de la boîte crânienne, et la forme générale du cerveau.
Vertèbres. — Le G. Bankiva a quatorze vertèbres cervicales, sept dorsales à côtes, quinze lombaires et sacrées, et six caudales[71] ; mais les vertèbres lombaires et sacrées sont si fortement soudées, que je ne suis pas certain de leur nombre ; aussi la comparaison du nombre total des vertèbres est-elle, par ce fait, très-difficile à faire dans les diverses races. J’ai dit qu’il y avait six vertèbres caudales, parce que la vertèbre basilaire est presque entièrement soudée au bassin ; mais si nous en admettons sept, leur nombre concorde dans tous les squelettes. Les cervicales paraissent être au nombre de quatorze ; mais, sur vingt-trois squelettes en état d’être examinés, dans cinq d’entre eux, appartenant à deux individus de Combat, deux Hambourgs rayés et un Huppé, la quatorzième portait des côtes qui, quoique petites, étaient bien développées avec une double articulation. La présence de ces petites côtes n’est cependant pas un fait bien important, car toutes les cervicales portent les représentants des côtes ; mais leur développement sur la quatorzième cervicale, réduisant la dimension des passages dans les apophyses transverses, rend cette vertèbre analogue à la première dorsale. Cette addition de petites côtes n’affecte pas seulement la quatorzième cervicale, car les côtes de la première dorsale vraie sont dépourvues d’apophyses ; mais dans quelques squelettes, dont la quatorzième cervicale portait de petites côtes, la première paire de vraies côtes avait des apophyses bien développées. Mais lorsque nous voyons que le moineau n’a que neuf vertèbres cervicales, tandis que le cygne en a vingt-trois[72], il n’y aurait rien d’étonnant à ce que, dans les races gallines, le nombre en fût variable.
Il y a sept vertèbres dorsales pourvues de côtes ; la première n’est jamais soudée aux quatre suivantes, qui sont généralement ankylosées entre elles. Dans un Sultan, cependant, les deux premières étaient libres. Dans deux squelettes, la cinquième était libre ; la sixième est ordinairement libre (comme dans le G. Bankiva), mais quelquefois seulement à son extrémité postérieure, par laquelle elle s’articule à la septième. Celle-ci était, dans tous les squelettes, un coq Espagnol excepté, soudée aux vertèbres lombaires. Il y a donc des variations quant à la manière dont les vertèbres dorsales médianes sont soudées entre elles.
Le nombre normal des vraies côtes est de sept, mais, dans deux squelettes de Sultans (chez lesquels la quatorzième cervicale était dépourvue de
petites côtes), il y en avait huit ; la huitième semblait portée par une vertèbre correspondant à la première lombaire du G. Bankiva ; la portion terminale des septième et huitième côtes n’atteignait pas le sternum. Dans
quatre squelettes chez lesquels les petites côtes existaient sur la quatorzième
cervicale, il y avait huit paires de côtes, en comprenant les petites cervicales ; mais dans un coq de Combat, ayant également les côtes cervicales,
il n’y avait que six paires de vraies côtes dorsales ; et dans ce cas la sixième
paire, n’ayant pas d’apophyses, ressemblait à la septième des autres squelettes ; dans ce coq, autant qu’on pouvait en juger par l’aspect des vertèbres lombaires, il manquait donc une dorsale entière avec ses côtes. Nous
voyons ainsi que, suivant que l’on compte ou non la petite paire attachée à
la quatorzième cervicale, le nombre des côtes varie de six à huit paires. La
sixième est fréquemment dépourvue d’apophyses. La portion sternale de
la septième paire, est très-large et complètement soudée chez les Cochinchinois. Il n’est guère possible de compter les
Fig. 37. Sixième vertèbre cervicale, grandeur naturelle, vue de côté. — A. G. Bankiva sauvage. — B. Cochinchinois.vertèbres lombaires et sacrées ; mais il est certain
que, par la forme et le nombre, elles ne se correspondent pas dans les divers squelettes. Les vertèbres caudales se ressemblent dans tous, sans
autre différence que la vertèbre basilaire est tantôt
soudée au bassin, tantôt libre ; elles varient même
à peine de longueur, car elles ne sont pas plus petites dans les Cochinchinois, qui ont la queue si
courte, que dans les autres races ; je les ai cependant trouvées un peu plus longues dans un coq
Espagnol. Dans trois individus sans croupion, les
vertèbres caudales étaient en petit nombre, et
soudées ensemble en une masse informe. Dans les
vertèbres prises individuellement, les différences
de structure sont légères. Dans l’Atlas, la cavité du condyle occipital forme
parfois un anneau ossifié, ou est, comme dans le Bankiva, ouverte à son
bord supérieur. L’arc supérieur du canal spinal est un peu plus voûté
dans les Cochinchinois, (en conformité avec la forme de leur trou occipital),
qu’il ne l’est dans le G. Bankiva. J’ai pu observer dans plusieurs squelettes, une particularité, de peu d’importance d’ailleurs, qui commence
à la quatrième, se montre plus prononcée sur la sixième, septième ou
huitième vertèbre cervicale, et qui consiste en une apophyse inférieure
fixée par une sorte d’arc-boutant à la vertèbre. Cette conformation, qui
peut se rencontrer chez les races Cochinchinoises, Huppées, quelques
Hambourgs et probablement d’autres, manque ou se voit à peine chez
les races de Combat, Dorking, Espagnole, Bantam et quelques-unes encore.
Dans les Cochinchinois, la surface dorsale de la sixième cervicale porte
trois points saillants, plus développés qu’ils ne le sont dans la vertèbre
correspondante de la poule de Combat ou du G. Bankiva.
Bassin. — Cet os diffère sur quelques points dans les divers squelettes. Le bord antérieur de l’ilion paraît varier beaucoup par son contour, ce qui est principalement dû au degré de l’ossification de la partie du bassin qui est
soudée à la colonne épinière ; dans les Bantams l’os est plus tronqué, et il est plus arrondi dans certaines races, comme les Cochinchinois. Le contour du trou ischiatique est très-variable, il est
Fig. 38. Extrémité de la fourchette, vue latérale, grandeur naturelle. — A. G. Bankiva sauvage. — B. Race Huppée pailletée. — C. Race Espagnole. — D. Dorking.
circulaire dans les Bantams, ovoïde dans
le Bankiva, et plus régulièrement ovale
dans quelques autres, comme dans le
coq Espagnol. Le trou obturateur est
moins long dans quelques squelettes.
Mais la plus grande différence porte sur
l’os pubien, qui est peu large chez le
Bankiva, s’élargit graduellement chez les
Cochinchinois, un peu moins chez d’autres
races, et très-brusquement chez les
Bantams ; cet os, chez un oiseau de cette
race, dépassait de très-peu l’extrémité
de l’ischion, et le bassin tout entier du
même oiseau était, par toutes ses proportions,
fort différent de celui du Bankiva,
surtout par l’augmentation de sa
largeur relativement à sa longueur.
Sternum. — Cet os est si considérablement déformé qu’il est presque impossible de comparer rigoureusement sa forme dans les diverses races. Celle de l’extrémité triangulaire des apophyses latérales peut varier beaucoup. Le bord antérieur de la crête est plus ou moins perpendiculaire, et varie ainsi que la courbure de son extrémité postérieure et de sa surface inférieure. Le profil du manubrium diffère aussi ; il est cunéiforme dans le Bankiva et arrondi dans la race Espagnole. La fourchette, diffère aussi par son degré de courbure, et, comme on peut le voir dans la fig. 38, par la forme de ses palettes terminales ; dans deux squelettes du Bankiva sauvage, j’ai trouvé ces parties un peu différentes. Il n’y a pas de différences appréciables dans les coracoïdiens. Les omoplates varient de forme ; elles ont une largeur à peu près uniforme dans le Bankiva, sont un peu élargies vers leur milieu dans les oiseaux Huppés, et brusquement rétrécies vers leur sommet dans deux Sultans.
J’ai comparé avec soin les os séparés de la jambe et de l’aile, aux mêmes os du Bankiva sauvage, dans les races suivantes, que je pensais devoir sous ce rapport présenter le plus de différences : à savoir, les Cochinchinoises, Dorkings, Espagnoles, Huppées, Bantams de Burmah, Indiennes frisées, et Soyeuses à os noirs ; et j’ai été étonné de voir combien tous ces os, quoique différant beaucoup par leurs dimensions, se ressemblaient dans les détails de leurs apophyses, surfaces articulaires, perforations, et cela d’une manière beaucoup plus rigoureuse que pour les autres parties du squelette. Cette ressemblance ne s’étendait pas cependant à l’épaisseur relative ou à la longueur des différents os, car, sous ces deux points de vue, les tarses présentaient de notables variations ; mais quant à leur longueur proportionnelle, les autres os des membres différaient fort peu.
En somme, je n’ai pas examiné assez de squelettes pour pouvoir affirmer que les différences que nous venons de voir, à l’exception de celles des crânes, soient caractéristiques des diverses races. Il en est qui paraissent plus fréquentes dans certaines races que dans d’autres, telles qu’une côte supplémentaire à la quatorzième vertèbre cervicale chez les races de Combat et de Hambourg, et l’élargissement de l’extrémité de l’os pubien chez les Cochinchinois. Les deux squelettes de Sultans avaient huit vertèbres dorsales, et les sommets des omoplates un peu atténués. Le profond sillon médian des os frontaux, ainsi que l’allongement du diamètre vertical du trou occipital, paraissent caractériser les Cochinchinois ; la grande largeur des os frontaux, les Dorkings ; les espaces vides entre les extrémités des branches montantes des maxillaires supérieurs, et entre les os nasaux, ainsi que la faible dépression de la partie antérieure du crâne, les Hambourgs ; la forme globuleuse du derrière du crâne, certains Bantams ; et enfin la grande protubérance du crâne, l’atrophie partielle des branches montantes des maxillaires supérieurs, et quelques particularités déjà indiquées, sont essentiellement caractéristiques des races Huppées.
Le résultat le plus frappant de notre étude du squelette est la grande variabilité de tous ses os, ceux des extrémités exceptés. Nous pouvons jusqu’à un certain point, comprendre pourquoi le squelette présente dans sa structure autant de fluctuations ; les races gallines ont été soumises à des conditions extérieures artificielles, ce qui a dû rendre l’ensemble de leur organisation fort variable ; mais l’éleveur est toujours resté complètement indifférent aux changements du squelette, et ce n’est jamais à ce dernier qu’il a intentionnellement appliqué la sélection. Si l’homme ne fait aucune attention à certains caractères externes, tels que le nombre et les longueurs relatives des rémiges et rectrices, qui, chez les oiseaux sauvages, sont généralement des parties très-constantes, nous les voyons subir, chez nos oiseaux domestiques, autant de fluctuations que les diverses parties du squelette. Le doigt additionnel qui, chez les Dorkings, est un « point recherché », est devenu dans cette race un caractère fixe, mais est resté variable chez les rares Cochinchinoise et Soyeuse. Dans la plupart des races, et même des sous-races, la couleur du plumage et la forme de la crête sont éminemment fixes ; dans les Dorkings, chez lesquels on n’a pas recherché ces caractères, ils sont variables. Lorsqu’une modification du squelette s’est trouvée liée à quelque caractère externe apprécié par l’homme, elle a pu, dans ce cas, et sans intention de la part de l’éleveur, subir l’action de la sélection, et devenir plus ou moins fixe. C’est ce que nous montre très-évidemment l’étonnante protubérance crânienne, qui porte la touffe de plumes des races Huppées, et a, en même temps, par corrélation, affecté d’autres parties du crâne. Nous voyons un résultat analogue dans les deux protubérances osseuses qui supportent les deux prolongements de la crête dans la race Cornue, ainsi que dans le front déprimé de la race de Hambourg, qui est lié à l’aplatissement de leur large crête en forme de rose. Nous ne savons nullement si les côtes supplémentaires, les changements dans la forme du trou occipital, dans celle de l’omoplate ou de la fourchette, sont en corrélation avec d’autres points de conformation, ou s’ils sont le résultat des modifications dans les conditions extérieures et les habitudes, auxquelles nos races ont été soumises par la domestication, mais nous ne pouvons point douter que ces changements divers apportés à certaines parties du squelette, n’eussent, par sélection directe, ou par sélection d’autres points de conformation en corrélation avec elles, pu être rendus aussi constants et caractéristiques de chaque race, que le sont actuellement la taille ou la forme du corps, de la crête, et la couleur du plumage.
À en juger par les habitudes de nos gallinacés européens, le G. Bankiva, à l’état sauvage, doit se servir de ses pattes et de ses ailes, plus que ne le font nos oiseaux domestiques, qui ne prennent guère leur vol que pour monter à leur juchoir. Les races Soyeuse et Frisée ne peuvent pas voler du tout, à cause de l’état incomplet de leurs rémiges ; et tout nous porte à croire que ces deux races sont assez anciennes, pour que, depuis bien des générations, leurs ancêtres n’aient pu voler davantage. Il en est de même des Cochinchinois, qui, grâce à leurs ailes courtes et leur corps pesant, peuvent à peine atteindre un perchoir placé très-bas. On devait donc, chez, ces races, et surtout chez les deux premières, s’attendre à trouver une diminution notable des os des ailes, ce qui n’est cependant pas le cas. Après avoir, sur chaque oiseau, désarticulé et nettoyé les os, j’ai comparé entre elles les longueurs relatives des deux os principaux de l’aile, et celles des os des jambes, puis aux mêmes parties du G. Bankiva ; et, à l’exception des tarses, j’ai trouvé exactement les mêmes proportions relatives. Le fait est curieux en ce qu’il montre, combien les proportions d’un organe peuvent se conserver par hérédité, quoique non exercé pendant une longue série de générations. Ayant ensuite comparé les longueurs du fémur et du tibia, avec celles de l’humérus et du cubitus, puis ces os avec les correspondants du G. Bankiva, je trouvai comme résultat que, dans toutes les races (la Sauteuse de Burmah, dont les pattes sont monstrueusement courtes, exceptée), les os de l’aile étaient un peu raccourcis relativement aux os de la jambe ; mais cette diminution était si faible que, comme il est possible qu’elle fût due à ce que l’exemplaire de G. Bankiva qui m’a servi de terme de comparaison, ait pu peut-être avoir les ailes un peu plus longues qu’à l’ordinaire, je crois inutile de donner les résultats des mesures. Mais je dois faire remarquer que les races Soyeuse et Frisée, auxquelles tout vol est impossible, sont de toutes celles chez lesquelles la réduction des ailes relativement aux jambes était la moindre. Dans les pigeons domestiques, nous avons vu que les os de l’aile sont un peu diminués quant à la longueur, tandis que les rémiges primaires ont augmenté suivant cette dimension, et il serait possible, quoique peu probable, que chez les deux races Soyeuse et Frisée, la tendance au décroissement de longueur des os de l’aile, résultat du défaut d’usage, ait pu, en vertu de la loi de compensation, être contrebalancée par la diminution des rémiges. Dans ces deux races, les os de l’aile se trouvent cependant un peu réduits en longueur, lorsqu’on les mesure en prenant pour termes de comparaison les longueurs du sternum ou de la tête, relativement aux mêmes parties du G. Bankiva.
La table suivante donne dans les deux premières colonnes, les poids des os principaux de l’aile et de la jambe dans douze races. La troisième colonne renferme les rapports calculés des poids des os de l’aile à ceux de la jambe, comparés à ceux du G. Bankiva, dont le poids est représenté par cent[73].
RACES. | POIDS du fémur et du tibia. |
POIDS de l’humérus et du cubitus. |
POIDS des os de l’aile relativement à celui des os des jambes comparés au G. Bankiva. | ||
Grains. | Grains. | ||||
Gallus Bankiva |
mâle. | 86 | 54 | 100 | |
1 | Cochinchinoise |
— | 311 | 162 | 83 |
2 | Dorking |
— | 557 | 248 | 70 |
3 | Espagnole (Minorque) |
— | 386 | 183 | 75 |
4 | Huppée pailletée dorée |
— | 306 | 145 | 75 |
5 | Combat (poitrine noire) |
— | 293 | 143 | 77 |
6 | Malaise |
femelle. | 231 | 116 | 80 |
7 | Sultane |
mâle. | 189 | 94 | 79 |
8 | Indienne frisée |
— | 206 | 88 | 67 |
9 | Sauteuse de Burmah |
femelle. | 53 | 36 | 108 |
10 | Hambourg (rayée) |
mâle. | 157 | 104 | 106 |
11 | Idem |
femelle. | 114 | 77 | 108 |
12 | Soyeuse (os noirs) |
— | 88 | 57 | 103 |
Dans les huit premiers oiseaux, appartenant à des races distinctes, nous remarquons une réduction très-notable dans les poids des os de l’aile. Dans la race Indienne Frisée, qui ne peut voler, la réduction est la plus forte et se monte à trente-trois pour cent de leur poids proportionnel. Dans les quatre suivants, comprenant la poule Soyeuse, qui ne peut également pas voler, nous voyons que relativement aux jambes, les ailes ont légèrement augmenté de poids. Mais remarquons que dans ces oiseaux, si, par une cause quelconque, les jambes se trouvaient avoir subi une réduction, il en résulterait la fausse apparence d’une augmentation relative dans le poids des ailes. Or, c’est certainement ce qui est arrivé chez la poule Sauteuse de Burmah, qui a les pattes monstrueusement courtes, et chez les Hambourgs et la poule Soyeuse, dont les pattes, bien que non raccourcies, sont formées par des os remarquablement minces et légers. Je n’avance pas ces assertions simplement d’après le coup d’œil, mais sur les calculs des rapports des poids des os de la jambe à ceux du G. Bankiva, et d’après les seuls termes de comparaison que j’eusse à ma disposition, les longueurs relatives du sternum et de la tête, ne connaissant pas le poids du corps du G. Bankiva. D’après ces termes de comparaison, les os des jambes de ces quatre races sont beaucoup plus légers que dans toutes les autres. On peut donc conclure que, dans tous les cas où les pattes n’ont pas été, par une cause inconnue, fortement réduites en poids, les os de l’aile, comparés à ceux du G. Bankiva, ont, relativement aux os de la jambe, subi une réduction de poids, qu’on peut certainement attribuer à un défaut d’usage.
Pour rendre la table ci-dessus tout à fait satisfaisante, il aurait fallu montrer que dans les huit premiers oiseaux, les os des jambes n’avaient pas réellement augmenté de poids, hors de proportion avec le reste du corps ; mais je n’ai pu le faire, comme je l’ai déjà dit, ne connaissant pas le poids du Bankiva sauvage[74]. Je suis disposé à croire que dans le Dorking no 2, les os de la jambe sont proportionnellement trop pesants, mais l’oiseau était très-grand, car quoique maigre il pesait 7 livres 2 onces. Les os de ses jambes étaient plus de dix fois aussi pesants que ceux de la poule Sauteuse de Burmah. J’ai cherché à obtenir les longueurs des os de l’aile et de la jambe, relativement à celle d’autres parties du corps et du squelette, mais dans ces oiseaux, toute l’organisation est devenue si variable par suite de leur longue domestication, qu’on ne peut arriver à aucune conclusion certaine. Ainsi dans le coq Dorking, dont il est question plus haut, les jambes étaient, relativement à la longueur du sternum, de trois quarts de pouce trop courtes, et relativement à celle du crâne, de trois quarts de pouce trop longues, comparées aux mêmes parties du G. Bankiva.
RACES. | LONGUEUR du sternum. |
HAUTEUR de la crête sternale. |
HAUTEUR de la crête relativement à la longueur du sternum, comparée au G. Bankiva. | ||
Pouces. | Pouces. | ||||
Gallus Bankiva |
mâle. | 4.20 | 1.40 | 100 | |
1 | Cochinchinoise |
— | 5.83 | 1.55 | 78 |
2 | Dorking |
— | 6.95 | 1.97 | 84 |
3 | Espagnole |
— | 6.10 | 1.83 | 90 |
4 | Huppée |
— | 5.07 | 1.50 | 87 |
5 | Combat |
— | 5.55 | 1.55 | 81 |
6 | Malaise |
femelle. | 5.10 | 1.50 | 87 |
7 | Sultane |
mâle. | 4.47 | 1.36 | 96 |
8 | Frisée |
— | 4.25 | 1.20 | 84 |
9 | Sauteuse de Burmah |
femelle. | 3.06 | 1.85 | 81 |
10 | Hambourg |
mâle. | 5.08 | 1.40 | 81 |
11 | Id. |
femelle. | 4.55 | 1.26 | 81 |
12 | Soyeuse |
— | 4.49 | 1.01 | 66 |
Dans la table II qui précède, les deux premières colonnes nous donnent en pouces et décimales la longueur du sternum, et la hauteur de sa crête, sur laquelle s’attachent les muscles pectoraux. Dans la troisième, sont inscrites les hauteurs de la crête du sternum, calculées d’après la longueur de l’os entier, et comparées à ces mêmes parties dans le G. Bankiva[75].
La troisième colonne nous montre que partout, le rapport de la hauteur de la crête à la longueur du sternum, a subi une diminution de 10 à 20 pour cent, de ce qu’il est dans le G. Bankiva, mais sa valeur varie beaucoup, probablement à cause de la fréquente déformation du sternum. Dans la poule Soyeuse, qui ne peut pas voler, la crête sternale est de 34 % moins haute qu’elle ne devrait l’être. On doit probablement attribuer à cette réduction de la crête dans toutes les races, la grande variabilité que nous avons déjà constatée dans la courbure de la fourchette, et dans la forme de son extrémité sternale. Les médecins attribuent la forme anormale de l’épine dorsale qui s’observe si fréquemment chez les femmes des hautes classes, au défaut d’exercice suffisant des muscles qui s’y attachent. Il en est de même de nos poules domestiques, dont les muscles pectoraux ne travaillent que fort peu ; car sur vingt-cinq sternums que j’ai examinés, je n’en ai vu que trois qui fussent parfaitement symétriques, dix étaient un peu tordus, et les douze derniers extrêmement difformes.
Nous devons, en résumé, et pour ce qui concerne les diverses races gallines, conclure que les principaux os de l’aile ont éprouvé un faible raccourcissement ; que dans toutes les races où les os des pattes ne sont pas devenus anormalement courts ou délicats, les os de l’aile se sont relativement à eux un peu allégés ; que la crête sternale, surface d’attache des muscles pectoraux, a invariablement diminué de hauteur, le sternum entier devenant aussi très-sujet à des déformations. Tous ces résultats peuvent être attribués au défaut d’usage des ailes.
Corrélation de croissance. — Voici quelques faits que j’ai pu recueillir sur ce sujet important, mais obscur. Chez les poules Cochinchinoises et de Combat, il y a quelque relation entre la couleur du plumage et l’intensité de la teinte de la coquille de l’œuf et même de celle du vitellus. Dans les Sultans, les pennes caudales supplémentaires en forme de faucille sont apparemment en relation avec l’abondance générale du plumage, se manifestant par une huppe et une barbe touffues, ainsi que par l’emplumage des pattes. J’ai remarqué l’atrophie de la glande huileuse dans deux oiseaux sans queue. D’après les observations de M. Tegetmeier, une huppe très-développée concorde toujours avec une diminution considérable, ou même l’absence presque totale de la crête ; il en est de même pour les plumes sétiformes, en présence d’une barbe touffue. Ces cas paraissent rentrer dans la loi de compensation ou de balancement de croissance. Une grande barbe suspendue à la mâchoire inférieure, et une touffe sur la tête, vont souvent ensemble. Lorsque la crête présente des formes particulières, comme chez les races Cornue, Espagnole, ou de Hambourg, elle paraît affecter d’une manière correspondante la partie sous-jacente du crâne, ainsi que nous l’avons déjà constaté chez la race Huppée, dont la touffe de plumes est si développée. La saillie des os frontaux modifie beaucoup la forme de la boîte crânienne et celle du cerveau. La présence d’une huppe a aussi une influence inconnue sur le développement des branches montantes des maxillaires supérieurs, des apophyses internes des os nasaux, et sur la forme de l’orifice externe des narines. Une corrélation très-apparente et singulière existe entre la huppe de plumes et l’état d’ossification incomplet du crâne, et le fait est non-seulement vrai pour les races gallines Huppées, mais s’observe aussi chez les canards huppés, et d’après le Dr Günther, chez les oies huppées en Allemagne.
Enfin, dans les coqs Huppés, les plumes qui constituent la huppe ressemblent aux plumes sétiformes et diffèrent beaucoup, par leur forme, de celles des huppes de la poule. Le cou, les tectrices alaires, et les reins sont chez le mâle bien recouverts de plumes sétiformes, et il semblerait que les plumes de cette nature se soient, par corrélation, étendues jusque sur la tête du coq. Ce petit fait à de l’intérêt, parce que, quoique certains gallinacés sauvages portent dans les deux sexes les mêmes ornements céphaliques, il y a souvent une différence dans la dimension et la forme des plumes qui constituent leurs huppes. Dans quelques cas en outre, tels que dans les faisans mâles (Phasianus pictus et Amherstiæ), il y a de grands rapports de couleur et de structure entre les plumes de la tête et celles des reins. Il semblerait donc que l’état des plumes de la tête et du corps soit soumis à la même loi, aussi bien dans les espèces vivant dans leurs conditions naturelles, que dans celles qui ont varié sous l’action de la domestication.
- ↑ J’ai puisé à diverses sources les éléments de ce court synopsis ; mais j’en dois la plus grande partie aux renseignements que m’a fournis M. Tegetmeier, qui a revu ce chapitre en entier, et dont les connaissances sur le sujet sont une garantie de l’exactitude de son contenu. M. Tegetmeier m’a également aidé de toutes manières pour me procurer des informations et des échantillons. Je saisis cette occasion pour témoigner à M. B. P. Brent, l’auteur bien connu d’ouvrages sur les oiseaux de basse-cour, toute ma reconnaissance pour son infatigable assistance, et pour ses dons d’un grand nombre de spécimens.
- ↑ On trouve la meilleure description des Sultans dans The Poultry Yard, 1856, p. 79, par Mlle Watts. — M. Brent a eu l’obligeance d’examiner pour moi quelques exemplaires de cette race.
- ↑ Décrite et figurée dans Journal of Horticulture, 10 juin 1862, p. 206.
- ↑ Journal of Horticulture, 1862, p. 186. Quelques auteurs décrivent la crête comme bicorne.
- ↑ Crawfurd, Dict. of Indian islands, p. 113. J’apprends par M. Birch, du British Museum, que les Bantams sont mentionnés dans une ancienne Encyclopédie japonaise.
- ↑ Ornamental and domestic Poultry, 1848.
- ↑ Ornamental and dom. Poultry, 1848.
- ↑ Ferguson, Illustrated series of rare and prize Poultry, 1854. Préface, p. vi.
- ↑ Rev. E. S. Dixon, Ornamental Poultry, p. 203, analyse de l’ouvrage de Columelle.
- ↑ M. Crawfurd, On the relation of domesticated Animals to civilization, p. 6 ; lu à British Association à Oxford ; 1860.
- ↑ Quadrupèdes du Paraguay, t. II, p. 324.
- ↑ Proc. zoolog. Soc., 1832, p. 151.
- ↑ J’ai examiné les plumes de quelques métis d’un mâle G. Sonneratii et d’une poule rouge élevée au Jardin zoologique, qui possédaient tous les caractères de celles des G. Sonneratii, les lames cornées étaient seulement plus petites.
- ↑ Lettre de M. Blyth sur les oiseaux de basse-cour dans l’Inde, dans Gardener’s Chronicle, 1851, p. 619.
- ↑ Mr S. J. Salter, Nat. Hist. Review, avril 1863, p. 276.
- ↑ Mr Layard, Annals and Magaz. of Nat. Hist. (2e série), t. XIV, p. 62.
- ↑ Crawfurd, Descriptive Dict. of Indian islands, 1856, p. 113.
- ↑ G. R. Gray, Proc. zool. Soc., 1819, p. 62.
- ↑ Cité par M. Dixon dans Poultry Book, p. 176. — Aucun ornithologiste ne regarde actuellement cet oiseau comme une espèce distincte.
- ↑ Coup d’œil général sur l’Inde Archipélagique, t. III (1849), p. 177. — Voir aussi M. Blyth dans Indian Sporting Review, t. II, p. 5, 1856.
- ↑ M. Blyth, Ann. and Mag. of Nat. Hist. (2e série), t. I, 1818, p. 133.
- ↑ Crawfurd, O. c., p. 112.
- ↑ À Burmah, d’après M. Blyth, les formes sauvages et domestiques se croisent continuellement ensemble ; il en résulte une foule de formes de transition très-irrégulières.
- ↑ O. c., p. 113.
- ↑ Jerdon, dans Madras Journal of Litt. and Science, v. XXII, p. 2, parlant du G. Bankiva, dit : « La souche incontestable de la plupart des variétés de nos races communes. » — Pour M. Blyth, Gardener’s Chron., 1851, p. 619 ; et Ann. and Mag. of Nat. Hist., v. XX, 1847, p. 388.
- ↑ Gardener’s Chronicle, 1851, p. 619.
- ↑ M. Sclater, une autorité dans la matière, que j’ai consulté à ce sujet, pense que je ne me suis point trop fortement prononcé sur ce fait. Un ancien auteur, Acosta, parle de coqs ayant habité l’Amérique du Sud lors de sa découverte, et plus récemment, en 1795, Olivier de Serres signale des Gallinacés sauvages dans les forêts de la Guyane, mais qui étaient probablement des oiseaux marrons. Le Dr Daniell croit qu’il y a des coqs redevenus sauvages sur la côte occidentale de l’Afrique équatoriale ; mais il est possible que ce ne soient pas de vrais coqs, mais des Gallinacés appartenant au genre Phasidus. L’ancien voyageur Barbut dit que les coqs ne sont pas indigènes en Guinée. Le capitaine W. Allen (Narrative of Niger expedition, 1848, vol. II, p. 42) décrit des coqs sauvages à Ihla dos Rollas, une île près de Saint-Thomas, sur la côte occidentale d’Afrique, et qui, d’après le dire des naturels du pays, provenaient d’un navire naufragé longtemps auparavant. Ils étaient très-sauvages, leur cri était fort différent de celui des races domestiques, et leur apparence était quelque peu changée, de sorte que, malgré l’assertion des indigènes, il y a doute si ces oiseaux étaient réellement redevenus sauvages. Il est certain que, dans plusieurs îles, les coqs d’origine domestique sont redevenus sauvages. D’après un juge compétent, M. Fry, ceux qui sont marrons dans l’île de l’Ascension ont repris leurs couleurs primitives, les coqs rouges et noirs, et les poules d’un gris enfumé. Nous ne connaissons malheureusement pas les couleurs des oiseaux qu’on y a rendus à la liberté. Il y en a aussi dans les îles Nicobar (Blyth, Indian Field, 1858, p. 62) et dans les Ladrones (voyage d’Anson). Ceux qu’on a trouvés dans les îles Peliou (Crawfurd), sont supposés être redevenus sauvages ; enfin on assure qu’il en est de même dans la Nouvelle-Zélande ; mais je ne sais si cette affirmation est exacte.
- ↑ M. Hewitt, dans Poultry Book, par W. B. Tegetmeier, 1866, p. 218.
- ↑ Journal of Horticulture, 1862, p. 325.
- ↑ Die Hühner- und Pfauenzucht, Ulm, 1827, p. 17. — Pour M. Hewitt, Poultry Book, par W. Tegetmeier, 1806, p. 222. — M. Orton m’a transmis sa communication par lettre.
- ↑ Dixon, Ornamental and domestic Poultry, p. 253, 324, 335. — Pour la race de Combat, Ferguson, Prize Poultry, p. 260.
- ↑ Vol. II, p. 71.
- ↑ Le Dr Pickering, dans Races of Man, 1850, p. 374, dit qu’on portait la tête et le cou d’une volaille dans une procession à Thoutmousis III (1445 av. J.-C.) ; mais M. Birch, du British Museum, doute qu’on puisse affirmer que la figure représente bien une tête de volaille. En ce qui concerne l’absence de figures de ces oiseaux sur les monuments égyptiens, il faut tenir compte du préjugé très-répandu dont ils étaient l’objet. Sur la côte orientale de l’Afrique, du 4e au 6e degré au sud de l’Équateur, la plupart des tribus païennes ont encore aujourd’hui une aversion profonde pour la volaille. Les naturels des îles Peliou refusent d’en manger, ainsi que les Indiens de certaines parties de l’Amérique du Sud. Pour l’histoire ancienne de l’espèce galline, voir Volz, Beiträge zur Culturgeschichte, 1852, p. 77 ; — I. Geoffroy Saint-Hilaire, Hist. nat. gén., t. III, p. 61. — M. Crawfurd en a donné une histoire remarquable dans Relation of domesticated Animals to civilisation, lu à la British Association, Oxford, 1860, et depuis publié à part. C’est d’après ce travail que je cite Théognis, le poëte grec, et la description de la tombe des Harpies de Sir C. Fellowes. Ce qui est relatif aux institutions de Manou est tiré d’une lettre de M. Blyth.
- ↑ Ornamental and domestic Poultry, 1847, p. 185 ; — Passages traduits de Columelle, p. 312. — Pour les Hambourgs dorés, voir Albin, Natural History of Birds, 3 vol., avec planches ; 1731–38.
- ↑ Ornamental and domestic Poultry, p. 152.
- ↑ Ferguson, Rare Prize Poultry, p. 297. D’après ce que j’apprends, on ne peut pas, généralement, se fier à cet auteur. Il donne toutefois des figures et beaucoup de renseignements sur les œufs. Voir p. 34 et 235 sur ceux de la poule de Combat.
- ↑ Poultry Book, 1866, p. 78, 81.
- ↑ The Cottage Gardener, octobre 1855, p. 13. — Pour la minceur des œufs de la poule de Combat, voir Mowbray, On Poultry, 7e édit., p. 13.
- ↑ Les renseignements sur les poulets en duvet sont principalement extraits du livre de M. Dixon, Ornamental and domestic Poultry, et de communications par lettre que je dois à MM. B. P. Brent et Tegetmeier. J’indiquerai donc par le nom entre parenthèses mon autorité dans chaque cas. — Pour les poulets de la race Soyeuse blanche, voir Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 221.
- ↑ Voir Proc. Zoolog. Soc., 1856, p. 366. — Pour le développement tardif de la huppe, voir Poultry Chronicle, vol. II, p. 132.
- ↑ Poultry Chronicle, III, p. 166 ; et Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 105 et 121.
- ↑ Dixon, Ornamental, etc., p. 273.
- ↑ Ferguson, On rare and Prize Poultry, p. 261.
- ↑ Mowbray, On Poultry, 7e édit., 1834, p. 13.
- ↑ Voir la description complète des variétés de la race de Combat, dans Tegetmeier Poultry Book, 1866, p. 131. — Pour les Dorkings Coucous, p. 97.
- ↑ M. Hewitt, dans Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 156 et 246. — Voir p. 131, pour les coqs de Combat à queue de poule.
- ↑ The Field, 20 avril 1861. L’auteur dit avoir vu une demi-douzaine de coqs ainsi perdus.
- ↑ Proc. of Zoolog. Soc., 1861, p. 102. La figure du coq à plumage de poule dont il est question, a été montrée à la société.
- ↑ The Field, 20 avril 1861.
- ↑ Je dois à M. Brent la description, accompagnée de dessins, de toutes les variations qui lui sont connues de la crête, ainsi que celles de la queue, qui vont être indiquées.
- ↑ The Poultry Book, etc., 1866, p. 234.
- ↑ Die Hühner- und Pfauenzucht, 1827, p. 11.
- ↑ Poultry Chronicle, vol. I, p. 595. — M. Brent m’a signalé le même fait. — Voir Cottage Gardener, Sept. 1860, p. 380, pour la situation des ergots chez les Dorkings.
- ↑ Dixon, Ornamental, etc., p. 320.
- ↑ M. Tegetmeier dit que les poules de Combat sont devenues si belliqueuses, qu’actuellement on est obligé de les exposer toujours dans des compartiments séparés.
- ↑ Naturg. Deutschlands, vol. III (1793), p. 339, 407.
- ↑ Ornithology of Ceylon, dans Annals and Mag. of Nat. Hist. (2e série), XIV (1854), p. 63.
- ↑ Je cite Blumenbach d’après M. Tegetmeier, qui a donné quelques détails fort intéressants sur le crâne des races Huppées dans Proc. Zoolog. Soc. 25 Nov. 1856, mais l’auteur ignorant les assertions de Bechstein, conteste l’exactitude de celles de Blumenbach. Pour Bechstein, voir Naturg. Deutschlands ; vol. III, p. 399, 1793, note. — J’ajouterai qu’à une exposition d’oiseaux de basse-cour au Jardin Zoologique en mai 1845, j’ai vu quelques oiseaux, dont les poules étaient huppées, mais dont les coqs portaient une crête.
- ↑ Cottage Gardener, 3 Janv. 1860, p. 218.
- ↑ M. Williams, cité dans Cottage Gardener, 1856, p. 161.
- ↑ O. C. p. 442. — Pour les races à os noirs de l’Amér. du Sud, voir Roulin, Mém. sav. Étrangers, t. VI, p. 351 ; et Azara, Quadr. du Paraguay, t. II p. 324. J’ai reçu de Madras une poule Frisée dont les os étaient noirs.
- ↑ M. Hewitt, dans Poultry Book de M. Tegetmeier, 1866, p. 231.
- ↑ Dr Broca, Journal de Physiologie de Brown-Séquard, t. II, p. 361.
- ↑ Dixon ; Ornamental Poultry, p. 325.
- ↑ Poultry Chronicle, v. I, p. 485. — Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 41, 46.
- ↑ Ferguson, Prize Poultry, p. 187.
- ↑ Col. Sykes, Proc. Zoolog. Soc. 1832, p. 151. — Dr Hooker, Himalayan Journals, v. I, p. 314.
- ↑ Voir Tegetmeier, Proc, zoolog. Soc. 25 Nov. 1856 ; description, avec figures, du crâne des races Huppées. — Pour d’autres renseignements, voir Isid. Geoff. Saint-Hilaire, Hist. gén. des anomalies, t. I, p. 287. — M. C. Dareste, Recherches sur les conditions de la vie, etc. Lille, 1863, p. 36, soupçonne que la protubérance est le résultat de l’ossification de la dure-mère, et n’est pas formée par des os frontaux.
- ↑ Naturgeschichte Deutschlands, vol. iii, p. 400, (1793.)
- ↑ The Field, 11 Mai, 1861. — J’ai reçu de MM. Brent et Tegetmeier plusieurs communications analogues.
- ↑ Il paraît que je n’ai pas désigné bien correctement les divers groupes de vertèbres, car une grande autorité, M. W. K. Parker, Transact. zool. Soc. vol. v, p. 198, admet pour ce genre 16 vertèbres cervicales, 4 dorsales, 15 lombaires et 6 caudales. J’ai du reste employé les mêmes termes dans toutes mes descriptions.
- ↑ Macgillivray, British Birds, vol. I, p. 25.
- ↑ Voici comment j’ai établi le calcul pour les chiffres de la troisième colonne. Dans le G. Bankiva, les os de la jambe sont à ceux de l’aile comme 86 : 51 ; ou comme (négligeant les décimales) 100 : 62 ; — dans les Cochinchinois, comme 311 : 162 ; ou comme 100 : 52. — Dans les Dorkings, comme 557 : 248 ; ou comme 100 : 44 ; et ainsi de suite pour les autres races. Nous avons ainsi la série de 62, 52, 44, pour les poids relatifs des os de l’aile des G. Bankiva, Cochinchinois, Dorkings, etc. Maintenant, en prenant 100 au lieu de 62, pour le poids des os de l’aile du G. Bankiva, une règle de trois nous donne 83 comme poids de ceux des Cochinchinois ; 70 pour les Dorkings, et ainsi de suite pour le reste de la troisième colonne.
- ↑ M. Blyth, Ann. and Mag. of nat. Hist. 2e série, v. i, p. 456, 1848, donne comme poids d’un mâle adulte de G. Bankiva 3 liv. 1/4 ; mais d’après ce que j’ai pu voir des peaux et squelettes de diverses races, je ne puis croire que mes deux échantillons aient pu peser autant.
- ↑ Cette troisième colonne est établie sur les mêmes calculs que ceux expliqués dans la note 73.