chez Volland, Gattey, Bailly (p. 154-156).


CHAPITRE XXVIII.

Liberté.



L’amour de la liberté est un sentiment si naturel, que de toutes les injustices auxquelles nous sommes si sensibles, la plus cruelle de toutes est celle qui ose attaquer ce reste de liberté que nous ont laissé nos institutions sociales.

L’esclavage rend l’homme vil ou féroce ; plus cet effet paraît infaillible, et plus on sent combien il est dangereux de faire passer subitement l’esclave à l’état de liberté.

Point d’industrie, point d’activité, point d’énergie morale partout où règne le despotisme : l’amour de la liberté suppose une certaine force d’esprit et de caractère ; lui seul aussi la conserve et l’entretient.

Sous tous les rapports où l’homme est naturellement facile et faible, il est à désirer sans doute qu’il dépende ; sa dépendance alors est un lien sur lequel il s’appuie et se repose. Telle est la dépendance où l’on est d’une loi sage, d’un gouvernement plein de justice et d’équité, d’une amitié fondée sur la confiance et l’estime, d’un amour plein de passion et de respect.

Il est toujours malheureux de dépendre de ses semblables ; mais il est encore plus certain qu’en voulant déchirer des liens qu’on ne saurait rompre, on les resserre davantage. Pour sentir moins vivement la perte de votre liberté, si vous ne pouvez vous rendre nécessaire à ceux dont vous devez dépendre, tâchez au moins de leur plaire ; à force de patience et de douceur, vous vous emparerez de la main qui tient vos chaînes, et le poids vous en semblera plus léger.