chez Volland, Gattey, Bailly (p. 151-153).


CHAPITRE XXVII.

Inégalité des conditions.



L’enfant qui arrange sa toupie, celui qui joue avec sa poupée, le héros méditant de vastes conquêtes, la femme voulant captiver l’hommage et les vœux de tout ce qui l’entoure, le philosophe assignant aux planètes leur cours, l’administrateur serrant dans ses mains les rênes d’un grand empire, le magistrat croyant résister à l’autorité, le pauvre empressé de prodiguer sa vie pour conquérir la subsistance de quelques journées, le riche plus tourmenté du besoin de grossir son trésor, tous sont conduits par le même penchant, tous cèdent au même attrait, celui d’essayer leur pouvoir. Qui l’exerce assez facilement, jouit ; trop facilement, s’ennuie ; trop difficilement, souffre : c’est à ces trois manières d’être qu’on peut réduire, ce me semble, la fortune de tous les hommes, l’inégalité réelle de toutes les conditions.

Sous ce point de vue la première de toutes les conditions est celle des hommes sains et robustes de corps et d’esprit. Toutes les autres lui sont inférieures, car toutes les autres en sont plus ou moins dépendantes.