chez Volland, Gattey, Bailly (p. 80-82).


CHAPITRE IX.

Persuasion.



Une persuasion vive, habituelle, peut seule influer sur nos sentimens et sur nos actions.

Comme il ne dépend pas de nous de croire ou de ne pas croire, la persuasion n’est pas sans doute, à proprement parler, une disposition d’ame que nous puissions nous donner à volonté. En est-il moins vrai qu’à force d’étude et de méditation, nous parvenons à découvrir plus ou moins clairement les vérités qu’il nous importe de connaître ? En est-il moins vrai que lorsque nous avons reconnu une vérité quelconque, c’est l’intérêt que nous y attachons, c’est le soin que nous prenons de nous la rappeler, c’est enfin l’attention soutenue avec laquelle nous en faisons l’objet de notre application, de nos pensées, de notre amour, qui nous la fait embrasser avec une confiance plus ou moins vive, plus ou moins profonde ?

Ainsi, sans entreprendre vainement d’enchaîner notre opinion, d’exercer sur notre pensée un pouvoir chimérique, il n’est pas impossible de disposer notre ame à la persuasion, encore moins de porter la persuasion que nous ont acquise et nos lumières et nos réflexions, à un plus haut degré d’énergie et d’activité, et lui donner par-là même une influence plus réelle et plus durable.

Que la distance est encore immense, de l’homme qui connaît le mieux la vertu à celui qui s’est fait une douce habitude de l’aimer et d’y croire !