De la monarchie selon la Charte/Chapitre II-28

Garnier frères (Œuvres complètes, tome 7p. 221).

CHAPITRE XXVIII.
DERNIER FAIT QUI PROUVE QUE LES INTÉRÊTS NE SONT PAS RÉVOLUTIONNAIRES EN FRANCE.

Faisons la contre-épreuve du tableau. Si les intérêts étoient révolutionnaires en France, toutes les fois qu’il y a un mouvement politique, ce mouvement seroit infiniment dangereux. Aussi à chaque conspiration ne manque-t-on pas de s’écrier : « Voilà ce que vos paroles imprudentes ont fait ! les intérêts révolutionnaires se sont crus menacés : à l’instant la tranquillité a été troublée. Cette étincelle peut produire un vaste incendie. »

On regarde, et cette étincelle ne produit rien ; personne ne remue. On voit avec indifférence et mépris quelques jacobins isolés tomber dans le gouffre qu’ils ont tenté de rouvrir. Ce parti, sans force, n’a aucune racine dans l’opinion : il n’est dangereux (mais alors il l’est beaucoup) que quand on a l’imprudence de l’employer. La vipère est foible et rampante ; vous pouvez l’écraser d’un coup de pied, mais elle vous tuera si vous la mettez dans votre sein.