De la monarchie selon la Charte/Chapitre I-40

Garnier frères (Œuvres complètes, tome 7p. 194).

CHAPITRE XL.
QUE LES MINISTRES DOIVENT TOUJOURS ALLER AUX CHAMBRES.

Autre hérésie : un ministre, dit-on, n’est pas obligé de suivre aux chambres ses projets de loi ; il peut très-bien se dispenser d’y venir.

C’est le même principe qui fait dire aussi qu’un ministre n’est point obligé de donner des éclaircissements que les chambres pourroient désirer ; qu’il ne doit compte de rien qu’au roi, etc.[1].

Tout cela est insoutenable et contraire à la nature du gouvernement représentatif. Si un ministre ne daigne pas défendre le projet de loi qu’il a apporté, comment ses amis le défendroient-ils ? Est-ce avec du dédain et de l’humeur que l’on traite les affaires ? Pourquoi est-on ministre, si ce n’est pour remplir les devoirs d’un ministre ?

Et qu’ont donc les ministres de plus important à faire que de paroître aux chambres et d’y discuter les lois ? Quoi ! ils trouveront plus utile de traiter dans leur cabinet quelques détails d’administration que de veiller aux grandes mesures qui doivent mettre en mouvement tout un peuple !

Si les chambres, à leur tour, alloient suivre la même méthode et ne vouloir pas s’occuper des projets de loi qu’on leur auroit apportés, que deviendroit le gouvernement ?

Suivez la dictée du bon sens et les routes battues, revenez à la majorité, vous n’aurez plus de répugnance à vous rendre à des assemblées où vous serez toujours sûrs de triompher, où vous n’aurez à recueillir que des choses agréables.

Les faux systèmes gâtent et perdent tout.


  1. Voyez le chapitre XV.