De la monarchie selon la Charte/Chapitre I-10

Garnier frères (Œuvres complètes, tome 7p. 169).

CHAPITRE X.
OÙ CE QUI PRÉCÈDE EST FORTIFIÉ.

Voilà les inconvénients de la proposition secrète de la loi par les chambres et de l’initiative par la couronne ; en voici les absurdités :

Si la proposition passe aux chambres, elle va à la couronne ; si la couronne l’adopte, elle revient aux chambres en forme de projet de loi.

Si les chambres jugent alors à propos de l’amender, elle retourne à la couronne, qui peut à son tour introduire de nouveaux changements, lesquels doivent encore être adoptés par les deux chambres pour être présentés ensuite à la sanction du roi, qui peut encore ajouter ou retrancher.

Il y a dans le Kiang-Nan, province la plus polie de la Chine, un usage : deux mandarins ont une affaire à traiter ensemble ; le mandarin qui a reçu le premier la visite de l’autre mandarin ne manque pas par politesse de l’accompagner jusque chez lui ; celui-ci à son tour, par politesse, se croit obligé de retourner à la maison de son hôte, lequel sait trop bien vivre pour laisser aller seul son honorable voisin, , lequel connoît trop bien ses devoirs pour ne pas reconduire encore un personnage si important, lequel… Quelquefois les deux mandarins meurent dans ce combat de bienséance, et l’affaire avec eux[1].

  1. Lettres édif.