De la fréquente Communion.../Partie 1, Chapitre 20

Chez Antoine Vitté (p. 308-311).

Chapitre 20


excellent passage de Gennadius touchant les dispositions requises à la frequente communion, tant au regard des innocens, et qui n’ont commis que des pechez veniels, qu’au regard de ceux qui ont commis des pechez mortels apres le baptesme.

apres avoir épuisé tous vos memoires, vous voulez achever de tromper les ignorans par cette figure de rhetorique. Mais ayant fait voir jusques icy, que tout ce que vous avez rapporté des peres, n’est qu’un ramas de citations fausses, ou prises à contre-sens ; il ne reste plus qu’à monstrer, que l’addition que vous faites en cet endroit, en est le couronnement, et le comble.

Vous abusez si souvent de ce passage, tantost l’attribuant à Saint Augustin, tantost à Gennadius qui en est le veritable auteur ; qu’il est necessaire de le produire tout entier, comme il est dans l’original, sçavoir dans le ch. 53 du livre des dogmes ecclesiastiques. Escoutez-le donc une fois pour toutes, c’est à dire, escoutez l’arrest de vostre condamnation. (...).

J’aurois trop mauvaise opinion de vostre esprit, et de vostre jugement, si je ne croyois, qu’apres la lecture de ces paroles, vous reconnoistrez de vous-mesme, que ce seul endroict est plus que suffisant pour renverser vostre mauvaise doctrine en tous ses chefs, et pour faire voir à tout le monde, que par un estrange aveuglement, au lieu que les payens prenoient les operations des demons agissans dans les idoles comme dans des corps empruntez, pour les operations de Dieu ; vous au contraire, prenez la conduite de Jesus-Christ agissant dans l’eglise, comme dans son veritable corps, pour une conduitte de l’esprit d’erreur, pour un stratageme du diable , et pour le plus grand malheur qui puisse arriver à l’eglise .

Car vous voyez, combien il est necessaire en cette matiere de ne confondre point, comme vous faites tousjours, les innocens, et les pecheurs ; les justes, et les penitens ; ceux qui sont demeurez fermes dans l’alliance contractée avec Jesus-Christ par le baptesme, et ceux qui l’ont violée par des offences mortelles. Il ne faut pas s’estonner, si apres que vous avez renversé ce fondement, vous avez ruïné en suitte les plus saintes maximes de la religion chrestienne : puis que les philosophes sçavent, que d’une erreur dans les principes, il en naist une infinité dans les conclusions ; comme tous les ruisseaux se sentent de la corruption de leur source. Mais ce qu’il y a de plus estrange, c’est que Gennadius protestant en termes clairs, qu’en exhortant de communier tous les huict jours, il n’entend point parler de ceux qui ont commis des pechez mortels depuis le baptesme, vous dissimulez neanmoins une verité si importante, et en laquelle consiste principalement le sujet de nostre dispute.