Croyances et légendes du centre de la France/Tome 1/Livre 03/03

CHAPITRE TROISIÈME

SORCELLERIE (suite) :
LA MAUVUE[1], OU LE MAUVAIS ŒIL ;
LE SORCIER MALGRÉ LUI.

Quant aux sorciers, on les dict avoir des yeulx offensifs et nuisants.
(Montaigne, Essais, liv. I, ch. xx)

On sait que, d’ordinaire, toutes les espèces de sorciers tiennent directement leur pouvoir de l’éternel ennemi du genre humain, du Diable ; aussi les a-t-on généralement et à bon droit en grande abomination. Cependant, on connaît en Berry une sorte de jetteux de sort, qu’il serait injuste d’envelopper dans le même anathème, car ils n’ont pas toujours la conscience du mal qu’ils peuvent faire à leur prochain. Leur fatale influence gît, assure-t-on, dans leur regard ; ils ont ce que l’on appelle le mauvais œil, ou ce que l’on nomme, dans quelques-uns de nos cantons, la mauvue, c’est-à-dire que sciemment ou à leur insu, leur regard porte malheur.

Ces sorciers-là, avons-nous dit plus haut, ont beaucoup de ressemblance avec les jettatori du royaume de Naples ; ils rappellent aussi ces enchanteurs illyriens dont le regard, suivant Pline (liv. VII, ch. 13), fascinait et même faisait mourir ceux sur lesquels il s’arrêtait trop longtemps. — Au reste, les Illiriens passent encore aujourd’hui pour avoir le regard mortel, parce qu’ils ont, dit-on, deux prunelles dans chaque œil. — John Mandeville, voyageur du quatorzième siècle, parle, de son côté, d’une île « où il y a moult diverses femmes et cruelles, qui ont pierres précieuses dedans les yeux, et ont telle vue que, si elles regardent un homme par dépit, elles le tuent seulement du regard comme fait un coq basilic. » — Ceci rappelle que « l’antiquité a dit de certaines femmes en Scythie, qu’animées et courroucées contre quelqu’un, elles le tuaient du seul regard. » (Montaigne, Essais, liv. 1, ch. xx.)

On peut, à ce qu’il paraît, reconnaître jusqu’à un certain point les individus auxquels le ciel a départi cette funeste faculté. De mœurs sombres et bizarres, ils cherchent constamment la solitude. Autant ils parlent et gesticulent lorsqu’ils sont seuls, autant ils se montrent tranquilles et silencieux lorsqu’ils se trouvent en compagnie. Ils ont l’œil perçant et subtil ; mais, comme si la nature eût voulu atténuer ce que leur regard a de pernicieux, ce n’est que par éclair, disent nos villageois, qu’ils envisagent les gens, car, d’habitude, ils regardent en dedans.

Le mendiant Gilbert Fourneau, qui fut, en 1619, condamné, pendu et brûlé comme sorcier, à Menetou-Salon, en Berry, avait certainement le mauvais œil, car il est dit dans son procès, dont le bailli Jean Chenu, l’un de ses juges, nous a conservé les détails, qu’une femme qui donnait le sein à un enfant et sur laquelle ce sorcier avait jeté sa vue grandement pénétrante, tomba tout à coup sans connaissance, après s’être écriée : « Je suis morte ! tenez mon enfant, je ne puis plus me soutenir ! »

Ce scélérat, assure Jean Chenu, « confessa, à la mort, qu’il avait baillé du sort à cette femme par l’aspect et regard des yeux. » Chose incroyable ! ce même Gilbert Fourneau, qui, comme on le voit, ne péchait pas par ignorance, poussa l’audace jusqu’à chercher à bailler du sort au père jésuite qui l’assistait à ses derniers moments ! Mais, dit M. Raynal[2], il s’attaquait à trop forte partie ; le brave père déjoua sa tentative, le convertit a et sauva cette pauvre âme. »

Une tentative semblable de fascination ou de magnétisme s’est produite, en 1865, dans le département du Var. Un nommé Castellan, après avoir abusé d’une honnête jeune fille qu’il avait préalablement magnétisée, fut traduit devant les assises de Draguignan et condamné à douze ans de travaux forcés. Ce misérable fit preuve, en présence de ses juges, d’une incroyable effronterie. Il poussa l’impudence jusqu’à proposer au président des assises d’expérimenter sur lui son talent magnétique. Il fit plus : pendant le réquisitoire du procureur impérial, il tenta, par la fixité de son regard, de magnétiser ce magistrat, qui dut, à plusieurs reprises, le contraindre de baisser les yeux[3].

Nous donnons, dans quelques-unes de nos contrées, le nom de mauveu à tout infortuné sur lequel le mauvais œil ou la mauvue a exercé son fatal pouvoir, et Jean Chenu, qui est fort expert en la matière, interprète ainsi cette expression : — « Nos paysans, en Berry, quand ils veulent signifier être ensorcelés, disent qu’ils sont mauveuz, c’est-à-dire qu’ils ont été mal veuz d’un mauvais regard, et leur bestial, par les bergers sorciers et guenaus[4] que l’on appelle au pays, et desquels le nombre est grand[5]. » — Cette citation nous prouve que le bétail est, tout aussi bien que les chrétiens, exposé aux pernicieuses atteintes du mauvais œil. Les anciens avaient la même croyance ; ce vers de Virgile l’atteste :

Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos.

On prétend que, pour échapper à la maligne influence de la mauvue, il suffit de rompre, par un simple geste de la main, le rayon visuel qui nous met en rapport avec le sorcier. — Les Arabes, en pareil cas, n’emploient pas d’autre expédient. Lors de la grande fête militaire du 14 août 1859, au retour de la campagne d’Italie, on remarquait sur les guidons des turcos (tirailleurs algériens) le croissant de l’Islam accompagné de la main ouverte, préservatif du mauvais œil. Cette main ouverte se voit encore sculptée sur la clef de voûte de la principale porte de l’Alhambra. — C’était également et par un léger mouvement des doigts que les anciens Romains conjuraient les funestes effets de la mauvue. Mais le meilleur préservatif contre ce genre de maléfice est, à ce qu’il paraît, celui dont quelques-uns de nos vieux paysans font encore usage et qui consiste à fixer à son chapeau les cornes d’un cerf-volant (lucanus cervus[6]). C’est ainsi que, de nos jours, les Napolitains et les Florentins se mettent en garde contre la jettatura en portant sur eux un bijou, un objet quelconque, façonné en forme de corne. — Mentionnons encore les recettes suivantes contte la maître ; il est bon de toutes les connaître. Les Juifs, qui désignent le mauvais œil sous le nom de gnayen aragn, en repoussent les atteintes en portant tout simplement sur eux une petite branche de rue. Les Hindous, qui se servent d’un mot qui signifie œilade pour nommer la mauvue, se mettent à l’abri de ce sortilége au moyen d’un cercle magique dont ils se ceignent la tête. Enfin, ils détruisent l’effet de l’œillade en déchirant en deux un morceau d’étoffe devant les yeux du maléficié.

Permettez-nous de vous raconter, lecteur, une aventure qui, dans ces derniers temps, s’est passée presque sous nos yeux et qui semble confirmer de point en point ce que nous venons de dire sur les jettatori berrichons, sur ceux du moins qui le sont sans le savoir.

LE SORCIER MALGRÉ LUI.
I.

S’il vous advient, quelque jour, d’entreprendre le voyage de la Châtre à Bourges, et que vous ayez du temps à perdre, lorsque vous serez parvenu au sommet de la montée d’Étaillé, arrêtez-vous un peu au pied du vieil orme Marmouër, dont le registre-terrier des révérends pères Carmes de la Châtre a seul conservé le nom[7], et, alors, jetant vos regards par delà les mélancoliques pâturages qui bordent la route du côté de l’est, vous apercevrez au penchant d’un riant coteau, et à la distance d’un quart de lieue dans les terres, un petit groupe de maisons rustiques que des noyers séculaires protégent de leurs longs bras feuillus : vieux amis qui, pendant le jour, prodiguent aux enfants du hameau de l’ombre pour leurs jeux, et qui, quand vient le soir, leur murmurent les mille bruits de la brise pour les endormir.

Cosnay est le nom de cette champêtre colonie.

Il y a soixante ans, une chapelle dont vous pouvez encore distinguer les ruines s’élevait en avant du village. Deux élégantes ogives à jour, qui lui servaient de clocher, se miraient alors dans les eaux de l’Igneraie, qui coule au bas du coteau ; aujourd’hui, une touffe vivace d’églantier remplace ces légères et gothiques arcades, et couronne, chaque mois de mai, de ses gracieuses guirlandes, le front ravagé de l’antique édifice.

En face, et sur l’un des côtés de cette humble et sainte ruine, s’étend une vaste pelouse qui, les jours de fête, sert de gymnase au village, et qui, de temps immémorial, porte le nom de Paraquin, mot celtique dont nous serions parfaitement à même, si nous ne craignions de trop vous ennuyer, de vous donner l’explication.

Tout, dans ce petit coin de terre, respire un parfum d’antiquité. Si vous sondez les entrailles du vert Paraquin, vous y trouverez, parmi d’innombrables ossements, la hache en silex de Gaëls, la brique à rebords des Romains et de nombreuses médailles dont les inexplicables empreintes font le désespoir de la numismatique[8].

On retrouve aussi, dans les mœurs des habitants une foule d’usages et de superstitions qui datent des temps les plus reculés. Presque tous, par exemple, croient à l’existence des sorciers ; mais ils n’osent plus guère en convenir qu’entre eux, soit que leur foi en ces êtres diaboliques commence à s’ébranler, soit plutôt parce que toute croyance aveugle a peur de rencontrer le doute.

Quoi qu’il en soit, il paraît incontestable que Cosnay possédait, il n’y a pas encore fort longtemps, deux ou trois sorciers bien avérés. De ces deux ou trois, il en était un qui le fut pendant bien des années sans le savoir, et c’est de ce dernier que nous allons nous entretenir.

II.

Quand viennent les longues nuits de décembre, lorsque le givre revêt d’un blanc linceul le mystérieux Paraquin, le voyageur attardé qui se trouve traverser ce rustique forum, quelques heures après les derniers tintements de l’Angelus de Thevet, est frappé d’un spectacle aussi étrange que lugubre ; car alors, et presque au même instant, toutes les portes coupées[9] du village s’entr’ouvrent, et de chaque chaumière s’échappent en silence, comme des ombres, les paysans que le froid chasse de leurs foyers, et qui enveloppés, les femmes du chéré antique[10], les hommes de la biaude gauloise[11], se rendent tous, en grelottant, dans les tièdes bergeries de quelque métairie voisine.

Or, c était le soir du 28 décembre, jour des Saints-Innocents. Depuis le premier dimanche de l’Avent, une épaisse couche de neige couvrait la terre, et la misère était d’autant plus grande dans les campagnes, que, la récolte de l’année ayant été mauvaise, les ménageots[12] étaient contraints de se morfondre au logis à ne rien faire, faute de trouver à battre[13] dans les granges d’alentour. Aussi n’avaient-ils guère plus de pain dans leur arche[14] que de bourrées à leur fagotier[15].

Ce soir-là, à l’exception de quelques jeunes mères qui allaitaient et qui s’étaient couchées près de leurs nourrissons pour les préserver du froid, tout le village de Cosnay s’était réfugié, selon sa coutume, dans l’une des étables de Silvain Bonnin, cultivateur et fermier du domaine de la Chaume.

Jamais la réunion n’avait été plus nombreuse ; jamais aussi elle n avait été moins animée et moins bruyante. C’est qu’à aucune autre époque, le fantôme décharné de la misère ne s’était présenté sous des traits plus menaçants à l’esprit effrayé de tous ces pauvres souffreteux, d’ordinaire si résignés, si endurcis !

Ils avaient dit adieu aux branles[16] joyeux et aux dolentes et amoureuses chansons qui, en des temps meilleurs, donnent à ces veillées une physionomie tout originale. Plus de ces vieux et naïfs récits, enfants de l’ignorance, dont notre imagination est toujours si friande. La médisance elle-même était morte, la médisance, si vivace au village ! et c’était là peut-être le signe le plus caractéristique de leur profonde détresse : ils en étaient réduits à n’avoir plus rien à s’envier.

Un morne silence régnait dans la bergerie ; il n’était interrompu que par la crépitation monotone de la pétrille résineuse[17] qui brûlait le long de la muraille, ou bien par la toux cassée de quelque brebis asthmatique.

Les hommes s’occupaient, les uns à tisser des chapeaux, des paniers ou des corbeilles, les autres à tordre des crins de saunées[18] pour prendre des alouettes ; les femmes filaient à la quenouille, ou raccommodaient les hardes de la famille.

— Le père Tiennon Corbois est-il là ? — dit lentement une vieille femme, sans ôter les yeux de dessus un fond de cayenne[19] qu’elle était après piquer.

— Non, non ! répondirent, un moment après, plusieurs voix qui s’élevèrent de différents points de la vaste étable.

— Ah ! reprit la vieille femme, d’un air d’étonnement satisfait, — c’est donc bien vrai qu’il est revenu, dans le jour, tout malade de Champillet ?

— Qu’y allait-il donc faire, à Champillet, un vendredi, et par de pareilles neiges ? demanda François Bléron, dit le Laboureux-fin[20], l’un des garçons de la ferme.

— Ce qu’il y allait faire, répliqua la mère Guite Charôt, un chacun s’en doute bien ici, et toi le premier, maître François. Il y allait pour assister au service mortuaire de ce pauvre Jean Blaisot de Champillet, qui a fait la moisson, l’an passé, pour la dernière fois, chez le père Bonnin.

Ce fut en vain que François Bléron demanda, à plusieurs reprises à la mère Guite pourquoi Tiennon Corbois avait fait deux mortelles lieues par un temps aussi rude pour se trouver au service funèbre d’un homme qui, de son vivant, n’avait eu ni parent, ni ami dans le village. À chaque question, la vieille se contenta de répondre, en hochant la tête, et d’un air de mystère : « Qu’on ne pouvait pas être bien tout à la fois avec le bon Dieu et le Maufait[21], et qu’il y avait toujours plus de profit à avoir affaire à l’un qu’à l’autre. »

— Pour vous prouver ce que je dis, ajouta-t-elle, — sans doute afin de mettre un frein à la curiosité incessante et maligne du garçon de ferme, — je vais vous conter une histoire que je tiens de ma grand’mère, et qui s’est passée, il y a bien longtemps, dans le village même de Cosnay.

À cette annonce, vous eussiez vu ces pauvres diables interrompre leurs divers travaux et bannir de leur esprit toute soucieuse pensée, pour se livrer avidement au plaisir si souvent goûté d’entendre la mère Guite ; car nul, dans les environs, ne devisait mieux que cette femme. Son grand âge, sa voix grave et lente, les vieilles locutions qui lui étaient familières, la tournure un peu mystique de son esprit et surtout sa crédulité presque enfantine, donnaient à ses récits les plus fantastiques une incroyable apparence de vérité. Son talent, au reste, était apprécié dans tous les hameaux d’alentour, et maintes fois les gens des Baudins, de Cremeu, de Fontenay et de Riola, s’étaient rendus aux veillées de Cosnay pour lui entendre raconter les légendes de l’Âme en peine, de l’Oiseau de la mort, de la Chasse à Bôdet, et mille autres traditions plus merveilleuses encore.

Voici quel fut, ce soir-là, le récit de la vieille Guite.

« C’était la veille du bon jour de Noël, au moment de la messe de minuit ; la mère de ma grand[22] sortait de la bergerie où nous voilà tous rassemblés, et s’en retournait chez elle, portant le plus petit de ses enfants à son cou. En passant au coin de la chapelle, elle vit reluire au fond d’un grand trou qui s’enfonçait sous l’un des piliers un gros tas de pièces d’or et d’argent. Elle mit bien vite son petit par terre et devala dans le souterrain.

« Quand elle eut bien rempli d’argent son devanteau[23], elle remonta ; mais elle ne trouva plus son drôle[24]

« Elle alla au Grand Prêtre de la Châtre[25], qui lui dit de porter la pitance et les gages[26] de son petit, tous les jours, à l’endroit où il avait disparu.

« Au bout d’une année, jour pour jour, aussi pendant la nuit de Noël, et au moment où les cloches de la ville sonnaient l’élévation de la sainte messe de minuit, la mère de ma grand, encore plus chagrinée que de coutume, regagnait son logis, au sortir de la veillée, lorsqu’elle rencontra son cher enfant, assis, comme elle l’avait posé, un an auparavant, au coin de la chapelle… mais il n’avait pas produit[27]…. Il était tout maigre et il avait une marque[28] ;… aussi ce ne fut qu’à force de messes, de prières et d’évangiles que le Grand Prêtre parvint à le reprendre[29].

« De tout son argent, il y avait longtemps que la mère de ma grand n’avait plus un sou. »

Depuis un instant, la vieille Guite avait cessé de parler, et son muet auditoire était encore préoccupé du mystérieux récit, lorsque, soudain, une voix étrangement accentuée, et qui certainement ne partait pas de la bergerie, fit entendre ces paroles :

— Mais, mère Guite, dites donc pourquoi Tiennon Corbois a assisté, ce matin, au service mortuaire de défunt Jean Blaisot !…

— Je ne le dirai pas !… s’écria la vieille en se signant.

Elle était debout, et tout son corps tremblait comme sa voix.

Mais l’heure était avancée : l’assemblée se leva en grand émoi et se hâta confusément de sortir de l’étable.

À peine le maître de la ferme venait-il de donner à la porte le dernier tour de clef, que les éclats d’un rire moqueur et prolongé partirent de l’intérieur de la bergerie. — Tout le monde l’entendit, personne n’osa en faire hautement la remarque.

— C’est le Follet ! se dit chacun d’eux mentalement.

Non, ce n’était pas le Follet, mais bien le Laboureux-fin, qui, pendant le récit de la mère Guite, était monté sans bruit se coucher dans le fenil de l’étable, et qui, en ce moment, riait de la frayeur qu’il avait jetée dans l’assemblée et surtout dans l’âme de la vieille Guite, devenue si discrète par la crainte des sorciers. Car ce que cette femme et ses voisines s’étaient conté vingt fois, à voix basse, sous les grands noyers du Paraquin, elle n’avait osé prendre sur elle de le redire à la veillée, devant tout le village réuni.

Or, nous, que ne retiennent pas les mêmes scrupules, nous allons vous dire enfin « pourquoi Tiennon Corbois avait assisté au service funèbre de défunt Jean Blaisot.  »

III.

Tout à fait à l’orée de la verdoyante oasis que forme, vers l’orient, le massif de hauts noyers qui ombrage les humbles habitations de Cosnay, à l’entrée de l’une de ces antiques et larges voies de communication qui, dans les plus grasses parties du Berry, servaient jadis de routes royales à nos pères, il existe, isolée de ses sœurs, et comme proscrite de la famille, une vieille chaumine dont les mousses et les joubarbes ont depuis longtemps envahi la toiture délabrée. Vis-à-vis cette masure, et de l’autre côté du grand chemin, se trouve la chènevière, compagne inséparable de toute habitation rurale. Entouré de vigoureux pieds de vigne, dont les longs bras tortueux s’appuient sans façon sur de pauvres pruniers qui souffrent un peu de cette familiarité, ce petit enclos, quand vient la belle saison, est sans contredit l’un des plus riants, l’un des plus coquets du hameau.

Parfois, un murmure de paroles confuses et inintelligibles frappe l’oreille du passant qui côtoie cette chènevière. Si ce passant est un habitant du village, il hâte le pas en dépêchant un signe de croix ; si, au contraire, il est étranger au pays, et que la curiosité le porte à regarder à travers les pampres, il ne manque pas d’apercevoir, dans quelque coin du verger, un homme de stature moyenne, aux membres amaigris par le travail et dont le regard vif et tant soit peu ironique indique l’intelligence et l’activité.

Cet homme singulier, cet homme aux paroles mystérieuses, n’est autre que Tiennon Corbois.

Près de lui se tient d’ordinaire une grande chienne maigre, au poil fauve et hérissé, à l’œil inquiet et sauvage, et qui, malgré son aspect repoussant, n’en porte pas moins le doux nom de Charmante[30].

Or, le 15 août 18.., une bande de varinaux-tâcherons[31], auxquels Silvain Bonnin avait donné ses blés à moissonner en gros, venaient de terminer leur rude corvée. Malgré la fatigue et la chaleur accablante de cette jounnée, ils escortaient en chantant, au son de la musette, la dernière charretée de froment qui rentrait au village et que surmontait une énorme gerbe ornée de rubans, de fleurs et de vertes ramées.

Tous se proposaient de passer une bonne partie de la nuit à faire la gerbaude, réjouissance traditionnelle et gastronomique qui, dans nos campagnes, couronne tout labeur d’une certaine importance[32].

Jean Blaisot, le roi[33] ou le chef des tâcherons, celui qui, durant la moisson, avait mené la rége[34], marchait, ce soir là, toute besogne faite, à la suite de ses gais compagnons.

C’était un homme d’une trentaine d’années à peine, robuste et patient comme un bœuf. La lenteur un peu pesante de sa démarche et le calme puissant de son regard lui donnaient même quelque ressemblance avec cet honnête animal ; ce qui, au demeurant, ne l’empêchait pas d’être un fort beau garçon.

Comme il longeait la chènevière du vieux Tiennon, il avança machinalement la main et détacha quelques feuilles de la treille qui bordait le chemin. Au même instant, le propriétaire de l’enclos, qui était aux aguets, pensant qu’on lui dérobait quelque fruit, se dressa derrière la haie, et fixant ses yeux flamboyants de colère sur le moissonneur :

— Tu t’en repentiras !… lui dit-il, d’une voix sourde et brève.

— Il y a bien de quoi, — lui répondit tranquillement le varinau, en lui montrant les deux ou trois feuilles de vigne qu’il plaçait au fond de son chapeau pour se rafraîchir le front.

IV.

— Vous serez bien heureux d’en être quitte pour la fièvre, mon pauvre Blaisot, disait en entrant dans la cour de la ferme le Laboureux-fin, qui avait été témoin de cette scène.

— Comment cela ? — demanda le moissonneur.

— Ma foi ! parce que le vieux Tiennon n’a pas son pareil pour jeter un sort.

— Bah ! — fit le varinau d’un air quelque peu troublé.

— Oh ! il y est mauvais[35] !… — dit, en s’éloignant, le Laboureux-fin.

Cependant, une longue table, garnie de larges gamelles, était dressée dans la cour du domaine. Tous les moissonneurs y prirent place, Jean Blaisot comme les autres. Mais il avait à peine porté quelques morceaux à sa bouche, qu’il se leva en disant :

— Je suis malade… il y a encore une heure de soleil, je vais aller coucher à Champillet… Adieu, vous autres !

Il jeta sa faucille en sautoir sur son épaule et s’éloigna.

— Tiens !… fit entre ses dents François Bléron, le Laboureux-fin.

V.

Huit jours après, le père Bonnin apprenait au marché de la Châtre que Jean Blaisot était dangereusement malade.

Six semaines plus tard, Jean Blaisot était recommandé aux prières de sa paroisse.

Bref, il resta ainsi quatre grands mois, gisant sur son lit, toujours en délire, et parlant sans cesse, dans son égarement, du vieux Corbois, de feuilles de vigne et de sort jeté.

Enfin, le 28 décembre 18.., il passa de vie à trépas.

Cette mort et les particularités qui raccompagnèrent eurent du retentissement dans la contrée. À Cosnay, les commères du village en firent d’interminables récits. Elles se rappelèrent une foule de circonstances qui ne laissaient dans leur esprit aucune incertitude sur le pouvoir diabolique de Tiennon. La mère Guite fut jusqu’à dire que, partant un jour à deux heures du matin pour se rendre à la loue[36] des vendanges de la Châtre, elle avait rencontré sur son chemin, près de la Croix-Mort, le père Corbois qui revenait du Moulin-Barbot, ayant à sa suite une nombreuse troupe de loups[37].

La vieille Guite, selon sa coutume, était de bonne foi tout en se trompant. Son dire, au reste, était trop plausible pour qu’il vînt à l’idée de ses voisines de lui opposer le moindre doute ; et puis, elles n’étaient pas obligées de savoir que la peur seule avait fait prendre à la mère Guite pour une bande de loups, la meute villageoise que les corpuscules amoureux de la vieille Charmante, compagne fidèle de son maître, avaient attirée, ce matin-là, sur ses traces.

À force de courir par le village, ces bruits étranges finirent par arriver, nous ne savons comment, à l’oreille de Tiennon Corbois’. Il s’attendait si peu à cette accusation, qu’il se contenta, dans le premier moment, de lever les épaules en souriant à sa manière. Il ne chercha pas à se disculper autrement ; les protestations verbeuses étaient peu, d’ailleurs, dans son caractère : silencieux et réservé, même avec les siens, il n’était bavard que lorsqu’il se trouvait seul à son travail.

Mais quand cet homme eut acquis la certitude que de la menace sortie de sa bouche était réellement résultée la mort de l’un de ses semblables, son cerveau si actif ne fut plus préoccupé que de ce fatal événement.

Bientôt, un doute affreux, un doute vraiment satanique, obséda son esprit.

— Si j’étais sorcier !…. en vint enfin à se dire ce pauvre songe-creux.

Oh ! ce fut là pour lui, je vous assure, une effrayante pensée. Ce fut une cruelle torture pour cette imagination aussi effrénée qu’aveugle.

Dès ce moment, le jour, durant son travail ; la nuit, dans ses veilles, il ne cessa de murmurer ce sinistre refrain : « Si j’étais sorcier !… »

Il chercha longtemps dans la prière quelque allégement à son supplice, mais l’idée dont sa pauvre tête était emplie ne lui permettait même pas de saisir le sens des mots sacrés.

Un soir, qu’entouré de sa vieille mère, de sa femme et de ses enfants il s’efforçait de prendre part à la prière commune, on le vit tout à coup bondir comme un possédé, et, l’œil hagard, la chevelure hérissée, il s’écria en se heurtant la poitrine : « Je suis sorcier !… je suis sorcier !!… »

Ce fut en hurlant ces lugubres paroles qu’il franchit le seuil de sa chaumière et disparut dans les ténêbres qui couvraient déjà le village.

On ignora longtemps ce qu’il était devenu. Sa famille, désolée envisageait déjà l’avenir avec effroi ; car trop souvent dans ces pauvres ménages, l’existence d’un grand nombre d’individus dépend du travail d’un seul, espèce de machine vivante qui fonctionne incessamment pour subvenir aux besoins de la communauté. Encore si cette précieuse machine ne se détraquait jamais ! si les infortunés auxquels le sort a départi cette voie de douleur étaient assurés de verser leurs sueurs chaque jour de leur vie !

L’indigence avait donc pénétré sous le toit du père Tiennon. — Depuis sa disparition, la porte de la cabane était restée constamment fermée, et les souffrances de ses habitants étaient un secret pour tout le village.

Vers la fin du sixième jour qui suivit le départ de Tiennon, au moment où toute la famille, sans doute pour tromper la faim, venait de se coucher plus de bonne heure que de coutume, on entendit au dehors les aboiements d’un chien.

— C’est Charmante qui revient !… dit l’un des enfants, le père n’est pas loin !…

Tout le monde aussitôt se leva ; le chalin[38] fut allumé, et un instant après, le vieux Tiennon était au milieu des siens, et s’écriait en les pressant tour à tour dans ses bras :

— Que le bon Dieu et la bonne sainte Solange[39] soient bénis ! j’ai enfin retrouvé le repos que j’avais perdu !…

À son chapeau brillait un énorme bouquet composé de fleurs artificielles bizarrement coloriées, de globules métalliques et de petits miroirs aux rayonnantes facettes. Il était facile de reconnaître, à ce signalement classique, un pèlerin de sainte Solange, et de deviner à quelle source cet homme avait puisé les puissantes consolations qui avaient si miraculeusement rasséréné son âme.

À partir de ce moment, le calme ne quitta plus l’esprit du vieux Tiennon, et il reprit ses anciennes habitudes sans s’inquiéter désormais des propos de ses voisins. Seulement chaque fois que revenait le 28 décembre, il ne manquait pas de se rendre à Champillet pour « assister au service funèbre du défunt Jean Blaisot. »

  1. Mauvue, pour mauvaise vue ou mauvais œil : — « Mon bétail dépérit, il a la mauvue, c’est-à-dire il est ensorcelé.  » — Voy. le mot Mauvue dans le Glossaire du Centre. Voy. aussi, plus haut, p. 179, note 2, ce qui concerne la signification de la syllabe mau, lorsqu’elle entre dans certains mots composés.
  2. Histoire du Berry, t. IV, p. 300.
  3. Voir les journaux du commencement d’août 1865.
  4. Guenaus, c’est-à-dire : gueux, mendiants. Ce mot a formé le nom propre Guénaud, Guénot. Il se trouve dans Rabelais : — « Les guenaulx de Sainct-Innocent se chauffoient des ossements des morts. » (Pantagruel, liv. II, ch. vii.) — Voy. plus loin, table des matières : Guenillière.
  5. Jean Chenu, bailly de Brécy, Recueil d’arrêts ; — Procès des sorciers. — Voy. les mots Bestial, Mauveux et Guenaus dans le Glossaire du Centre.
  6. Voy., sur cet amulette, la page 285.
  7. On nommait autrefois marmau, marmentau, des arbres que l’on n’abattait jamais et qui servaient d’ornement à une terre seigneuriale. — Voy. ces mots dans le Glossaire de la langue romane de Roquefort.
  8. Nous nous décidons à donner ici, pour les curieux, l’étymologie du mot Paraquin : — Parc, que nos paysans prononcent par, est un terme d’origine celtique par lequel on désigne une enceinte, un enclos, un champ. — Haken, aussi en langue celtique, signifie hoquet, dernier soupir des agonisants. (Voy. le t. II, 1re série des Mémoires de l’Académie celtique, p. 136.) Or, d’après ces indications, Par-haken ou Paraquin voudra nécessairement dire champ du hoquet ou champ des agonisants.
    Ce qui nous porte à regarder cette interprétation comme très-vraisemblable, ce sont les fouilles exécutées par nous, à plusieurs reprises, sur différents points du Paraquin. En 1854, nous y avons découvert, sous des espèces de tumulus peu élevés et tous composés de pierres mélangées de terre, un certain nombre de squelettes et, entre autres, celui d’un jeune homme couché la face contre la terre. Cette position, tout à fait insolite, ne saurait s’expliquer que par la précipitation ou le sentiment de haine qui aurait présidé à l’ensevelissement. — Un large anneau d’ivoire, de neuf centimètres d’ouverture, entièrement carbonisé, mais encore très-solide, entourait l’humérus gauche de ce squelette. Un second bracelet de cuivre, revêtu d’une belle couverte, un débris de hache en silex et une monnaie gauloise furent également trouvés parmi les décombres. Tous ces objets ont été envoyés, en 1863, au Musée de Bourges. — En général, le désordre avec lequel furent accomplies la plupart de ces inhumations semblerait indiquer qu’elles durent être faites à la hâte et après un combat dont le Paraquin fut le théâtre. — Ajoutons encore comme renseignements archéologiques, qu’il existe dans un petit enclos situé derrière l’abside de la chapelle de Cosnay, une mardelle considérable dont l’entrée est aujourdhui comblée et qui n’a jamais été qu’imparfaitement explorée. — À un kilomètre de cette chapelle, près du village des Pialets, et dans une pièce de terre appelée le Champ de la Cave, se trouve une autre mardelle.
  9. Portes à deux vantaux superposés, dont le plus élevé sert de fenêtre, lorsqu’il est ouvert. Ces sortes de portes sont encore très-communes dans nos campagnes.
  10. On appelle chéré une espèce de petit manteau de couleur brune, composé d’une pièce de drap, carrée, plus longue que large, que nos bergères portent au champ, et qui joint à la cape ou au capot, sorte de têtière qui pend sur les épaules, forme leur surtout d’hiver. — Le chéré est le sagum des Celtes Ibériens. — Le capot est l’antique bardocucullus des Gaulois, dont il est tant question dans quelques auteurs latins. — Le chéré et le capot deviennent excessivement rares. — (Voy. le mot Capot dans le Glossaire du Centre.)
  11. C’est le mot blaude dont nous mouillons le l à l’italienne, ce qui nous arrive toutes les fois que cette lettre se présente après une consonne.
  12. Journaliers. — Voy. la note 1 de la page 61.
  13. Nous employons ce mot absolument pour dire battre le blé.
  14. Espèce de coffre long où l’on fait et serre le pain. — Du latin, arca (voy. à la table des matières, le mot : Arche.)
  15. Endroit où l’on range les fagots, bûcher.
  16. Airs de danse. — Voy. à la table des matières, le mot : Branles.
  17. On appelle pétrille, pétrelle ou pétrole une grossière bougie de résine avec laquelle s’éclairent les pauvres gens. On la fixe à la cheminée ou contre le mur avec un morceau de bois fendu. Son nom lui a été donné par onomatopée, parce qu’elle pétille en brûlant.
  18. Piège à prendre les petits oiseaux, composé d une longue ficelle à laquelle sont attachés des milliers de crins à nœuds coulants, et que l’on tend à quelques pouces de la surface du sol, en temps de neige :
    « Ils faisaient saulnées à prendre petits oiseaux. »
    (George Sand, la Petite Fadette.)
  19. Espèce de calotte piquée qui sert de charpente à la coiffe de nos villageoises. — Voy. à la table des matières, le mot : Cayenne.
  20. Fin est là pour adroit, habile. — Lorsqu’un individu excelle dans un art, dans un métier quelconque, on le désigne volontiers, dans les environs de la Châtre, par le nom de sa profession, auquel on joint cette épithète.
  21. Le Démon. — Voy. page 127.
  22. Nos paysans disent toujours mon grand, ma grand, pour mon grand-père, ma grand’mère.
  23. Devanteau pour tablier. — Ce mot est dans Rabelais :
    « Elle mist son devanteau sur sa tête, comme les prebstres mettent leur amict… » (Pantagruel.)
    Les Espagnols disent devantal, dans le même sens.
  24. Ce mot s’emploie généralement pour enfant, jeune garçon, et sans aucune idée dépréciante. — (Voy. à la table des matières le mot : Drôle.)
  25. Aux environs de la Châtre, nos paysans désignent toujours ainsi le curé de cette ville.
  26. Gages est là pour hardes, vêtements. — Cette expression date, selon toute apparence, des temps où le salaire des serviteurs d’une maison consistait uniquement ou principalement en vêtements. — De là l’usage où l’on est encore, dans nos domaines, de comprendre, dans le loyer des domestiques, une certaine quantité de laine, de toile, de paires de sabots, etc. — Cette acception du mot gages indique l’étymologie du français gages, pris dans le sens de salaire.
  27. Grandi, profité.
  28. Cette marque qui, au dire de nos commères de village, ressemble ordinairement à l’empreinte d’une griffe de chat, est celle que porte tout individu tombé en la puissance du Diable.
  29. C’est-à-dire : à ravoir, à sauver son âme.
  30. Les noms de chiens sont très-variés dans nos villages ; en voici quelques-uns : Bas-blancs, Bas-rouges, Petit-loup, Tantbelle, Parpilton (Papillon), sont des appellations primitives ; — Taupin, Mauret, Maurette, datent peut-être du temps de l’invasion des Maures ou Sarrasins (voy. à la table des matières, le mot : Maures) ; — Truc (Turc), Surtaine, Sultaine (Sultane), rappellent l’époque des croisades ; — Marche-à-terre, selon MM. Pérémé et Jaubert, est le nom défiguré du chef des cotereaux, Marchader. (Voy. à la table des matières, le mot : Marchader) ; Muscadin est un souvenir de la révolution.
  31. Varinaux, habitants du pays de Varenne, du pays maigre. (Voy. la note 2 de la page 236.) — Tâcherons, — gens qui travaillent en gros, à la tâche.
  32. Voy. à la table des matières le mot : Gerbaude.
  33. Voy. à la table des matières, le mot : Roi des moissonneurs.
  34. Mener la rége, c’est conduire le sillon ou marcher à la tête des moissonneurs pendant le travail. (Voy. le mot Rége dans le Glossaire du Centre.)
  35. Locution très-employée pour dire : Il y est habile, il y est passé maître.
  36. Lieu où se louent les gens de journée.
  37. Les meneux de loups passent essentiellement pour sorciers. Le fameux enchanteur Merlin était habituellement suivi de l’un de ces animaux. (Vita Merlini, éd. de 1837, page 2.)
  38. La lampe. — Nous disons chale, échale, pour écale, coquille. De là le mot chalin, que nous employons à désigner une lampe rustique qui quelquefois consiste en une simple coquille fossile que l’on suspend à la poutre ou à la cheminée. — Nos voisins de la Marche disent châle, chaleu, au lieu de chalin.

    Peut-être le chalé, dans l’obscure chaumière,
    Fera briller pour moi sa mèche en coton blanc…

    (Alfred Rousseau, un An de poésie, 2e éd., p. 108.)


    — Notre chalin est le caleil ou calel des Languedociens, qui appellent le soleil, le grand calel del cel, la grande lampe du ciel.

  39. Sainte Solange, patronne du Berry, est en grande vénération dans nos contrées. Sa fête, qui se célèbre le 10 mai, dans un village situé près de Bourges, et qui porte son nom, attire, dit M. Raynal, beaucoup d’habitants des provinces voisines. — (Voy. pour plus de détails l’Histoire du Berry de M. Raynal, t. I, p. 311 et suiv. ; voy. aussi, plus haut, la page 92 de ce recueil.)