Croyances et légendes du centre de la France/Tome 1/Livre 03/02

CHAPITRE SECOND

SORCELLERIE (suite) :
LE FEU DU TEMPS ; — LES MENEUX DE NUÉES
OU GRÊLEUX.

Quum libet aestivo convocat orbe nives.
(Tibulle.)

Nos paysans sont convaincus que l’incendie qui provient de la chute du feu du temps, — c’est ainsi qu’ils appellent la foudre, le feu du ciel, — ne peut s’éteindre avec, de l’eau. Les personnes qui possèdent le secret de barrer le feu ont seules le pouvoir de mettre fin aux incendies de cette nature[1].

Barrer le feu, c’est, au moyen d’une patenôtre secrète[2], accompagnée de certains gestes, en arrêter subitement les progrès. On cite des exemples prodigieux de cette faculté surnaturelle ; malheureusement, l’on tient pour certain que ceux qui barrent le feu risquent leur âme ; ce qui fait que ces précieux thaumaturges deviennent excessivement rares, et c’est vraiment dommage, car les villes où l’on entretient à grands frais des compagnies de pompiers trouveraient avantage et économie à prendre simplement à louage un ou deux de ces individus, qui savent, sans pompe et sans fracas, maîtriser instantanément l’incendie le plus intense. — Toutefois, nous devons remarquer qu’il est de saintes personnes qui ne risquent rien du tout à barrer le feu. L’événement suivant le prouve de reste : — Une nuit, tout un quartier de Rome était en flammes ; le pape, saint Léon IV, se met à la fenêtre, étend la main et l’incendie s’arrête. C’est ce fait merveilleux qui a inspiré à Raphaël son admirable fresque de l’Incendie del Borgo, que tout le monde peut voir au Vatican, et dont il existe une belle copie dans l’une des grandes salles du Louvre.

Les Scandinaves savaient aussi barrer le feu en employant des paroles secrètes. L’un des personnages des Poëmes d’Odin, dans les Eddas, s’exprime ainsi : « Je sais un chant au moyen duquel, si je vois une haute salle brûler au-dessus des habitants de la maison, je la sauverai, en arrêtant l’incendie ; je sais-ce chant magique[3]. »

On a conservé l’habitude, dans nos campagnes, de sonner les cloches toutes les fois qu’il fait de l’orage, afin que leurs voix bénies, comme on dit aussi en Bretagne, préservent la paroisse du feu du temps et de la grêle, et l’on est persuadé que certaines cloches ont plus de vertu que d’autres pour conjurer ces désastreux fléaux. C’était aussi le sentiment de maistre Janotus de Bragmardo ; rappelez-vous la harangue qu’il adressa à Gargantua pour recouvrer les cloches de Notre-Dame[4].

Par suite de ces croyances, les trois cloches de Saint-Pierre, Saint-Laurian et Saint-Clair, que fit fondre, en juin et juillet 1731, le chapitre de Saint-Laurian, à Vatan (Indre), portent chacune l’une des inscriptions suivantes :

Mitte procul nobis hostiles, Petre, procellas.
Nostras, alme pater, Lauriane, segetes a grandine serva.
Arce, Clare, potens ignitor, fulminis ictus.

On lit sur une autre vieille cloche de l’église de Saint-Genou (Indre), les mots suivants :

Voce mea fugiant pestes, prospera fiant.

De là encore cette inscription que l’on trouve si fréquemment sur les cloches du moyen âge : — « Vivos voco, mortuos plango, fulgura frango. (Je convoque les vivants, je pleure les morts, je brise les foudres.)  » — Le pontifical romain dit positivement, à propos de la bénédiction des cloches, que leur son a le pouvoir d’éloigner la foudre et tous les désastres qu’enfantent les tempêtes : — « Procul recedat… percussio fulminum, læsio tonitruum, calamitas tempestatum, omnisque spiritus procellarum. »

La sonnerie de la Châtre était autrefois célèbre par sa puissance préservatrice ; aussi cette ville avait-elle à sa solde des sonneurs pour les temps d’orage :

« Le 10 novembre 1750, Hubert Fraison est choisi et nommé par messieurs les échevins de la Châtre, pour sonneur au temps des orages, tonnerres et tempêtes, aux gages de cinq livres par année[5]. »

Trente ans plus tard, un arrêt du parlement ayant fait défense de sonner les cloches pendant les orages, à cause des inconvénients qui en résultaient, les échevins de la Châtre cessèrent, en 1781, de payer des sonneurs pour les temps d’orage ; mais le hasard ne tarda pas à donner tort au bon sens contre la superstition, car, l’année suivante, le 22 août 1782, le feu du temps tomba sur le clocher de Saint-Germain et détruisit la haute et belle spirale en pierre qui le surmontait. — Au reste, il est bon de savoir qu’à peu près à la même époque « en 1785, un savant allemand publia une dissertation sur l’attraction de la foudre et le danger de sonner les cloches pendant l’orage, et qu’il établit que, dans l’espace de 33 ans, le tonnerre était tombé sur 386 clochers et avait tué 120 sonneurs[6]. »

Mais, de toutes les sonneries du Berry, les cloches de saint Phalier, patron de Chabris, étaient sans contredit celles qui avaient le plus de vertu. Il ne s’agit, pour s’en convaincre, que de lire le livre du prêtre François Bruneau, intitulé : Vie admirable du glorieux saint Phalier[7]. Ces cloches avaient un tel pouvoir « à l’encontre des diables, tempêtes et orages », qu’on les avait surnommées les chiens de saint Phalier. Voici une curieuse anecdote que raconte à ce sujet, d’après le prêtre Bruneau, M. Just Veillat, à la page 212 de ses Pieuses légendes du Berry :

« Dans un pèlerinage que Louis XI accomplissait à Chabris, il y arriva par un orage épouvantable, et tandis que les cloches étaient toutes en branle pour conjurer la tempête :

» — Brave homme, dit-il à un vieux pâtre qui était sur la route, quel est ce clocher qu’on voit là-bas et d’où vient cet assourdissant carillon ?

» — Messire, répondit le paysan, ce clocher est celui de Chabris, et vous entendez les aboiements des bons chiens de saint Phalier lâchés sur le Diable.

» — Qu’appelles-tu les chiens de saint Phalier ?

» — Nous nommons ainsi les cloches de la paroisse, qui, mieux que limiers suivant la piste, savent chasser les démons et les tempêtes. Aussi, chaque fois qu’un orage éclate, on les met en branle, et l’on voit aussitôt les nuages se crever et se disperser, comme vous avez pu en juger vous-même…

» Non-seulement les cloches ou les chiens de saint Phalier dissipaient par leurs sons ou leurs abois la grêle et la tempête, mais elles prévalaient encore contre toutes les malices du démon. Après avoir parlé d’un possédé qui dut sa délivrance au son des cloches de Chabris, et par la bouche duquel le Diable, qu’il avait au corps, s’écria : « Oh ! oh ! les gros mâtins de saint Phalier !… arrêtez-les ! arrêtez-les !… », le prêtre Bruneau fait cette sage réflexion : « Les philosophes, qui attribuent tout à la nature, diront icy que c’est la véhémence du son qui, esbranlant l’air, dissipe ou destourne les nues… mais vous voyez que cet ennemy de l’honneur de Dieu et des saincts est icy contraint d’advouer cette seule raison, sçavoir : que ce sont les chiens de saint Phalier, c’est-à-dire les cloches, qui repoussent ce désastre. »

Cette coutume de sonner les cloches aux approches de l’orage, a donné lieu, chez nous, à une plaisante locution proverbiale encore fort usitée dans le sud-est du département de l’Indre. Lorsque, dans ces contrées, une réunion de personnes est surprise par un contre-temps subit, par une alerte quelconque, il n’est pas rare d’entendre l’une d’elles s’écrier en riant : Aux riotes ! Guersaut, le temps s’effoire !

Les anciens expliquent ce dicton de la manière suivante :

Il fut une époque où la fabrique de l’église de la Buxerette, dans le canton d’Aigurande (Indre), avait si peu de ressources, que la corde de son unique cloche était composée de riotes (menues branches d’arbre tordues) ; or, aussitôt qu ’un nuage d’une mauvaise nature lâchait sur la paroisse ses premières bordées, le curé de l’endroit avait coutume de crier à son sacristain, nommé Guersaut : Aux riotes ! Guersaut, le temps s’effoire ! c’est-à-dire : L’orage est prêt à fondre.

Dans nos bourgs, les sacristains remplissent tous l’office de sonneurs pour les temps d’orage. Ils n’ont point de traitement fixe comme en avaient ceux de la Châtre, mais leurs émoluments n’en sont que plus beaux.

Lorsque toutes les récoltes sont rentrées, ils parcourent les hameaux et les métairies de la paroisse et perçoivent en nature leurs appointements de l’année. Ils acceptent tout ce qu’on peut leur offrir : blé, vin, laine, chanvre, œufs, fromages, noix, pruneaux, etc., etc., tout leur est bon.

Dans la commune de Cluis, où l’on n’a cessé de sonner les cloches par les temps d’orage qu’en 1858, on permettait au sacristain, dans chaque domaine, de se composer une gerbe de blé aussi grosse qu’il le jugeait à propos.

Cette fructueuse tournée des sacristains dure quelquefois plus de quinze jours pendant lesquels ils reviennent, chaque soir, au logis, en poussant devant eux un cheval ou un âne chargé de denrées de toute nature, car personne ne les refuse. — Quel audacieux oserait ne pas accueillir la demande d’un homme qui croit et qui est réputé faire la pluie et le beau temps dans sa commune ?

N’est-ce pas le sacristain qui, lorsqu’un orage point à l’horizon, devine, à l’instant même, s’il part de la main de Dieu ou s’il est l’œuvre d’un sorcier ? — N’est-ce pas le sacristain qui, à mesure que le météore grandit, s’élève et s’avance, reconnaît à sa couleur, à sa forme et à la nature de ses rugissements, si de ses flancs doivent sortir la pluie et l’abondance, ou la grêle et la ruine ? — Car tout le monde sait qu’il n’est guère de canton où il n’existe quelques-uns de ces êtres malfaisants qui, par suite de leurs accointances avec Georgeon, ont le pouvoir de faire les nuées et de diriger la tempête et le feu du temps au gré de leur caprice. Personne n’ignore, dans nos campagnes, que lorsque les gréleux ont quelque vengeance particulière à exercer, ils enfourchent la plus noire de leurs nuées, et, chevauchant par les airs, la lancent à toute vapeur sur les récoltes de leurs ennemis. — Henri Boguet, le grand dénicheur de sorciers, connaissait parfaitement toutes ces manœuvres. Il savait bien « qu’après avoir battu l’eau, les gréleux sont guindés en l’air avec les vapeurs et les fumées qui s’en élèvent et que, par après, ils se trouvent couverts de nuées épaisses et obscures d’où se fait une grêle qui tombe en quel endroit qu’il plaît à tels sorciers, lesquels sont toujours assistés de leurs maîtres démons, en cette moyenne région de l’air[8]. »

Or, le sacristain peut, seul, grâce à son expérience et à sa cloche, déjouer à propos les infernales machinations des grêleux et des meneux de nuées.

Cette croyance aux promoteurs d’orages et à la puissance des cloches est générale en France. — Les meneux de nuées, désignés sous le nom de tempestarii, dans les Capitulaires de Charlemagne, étaient bien connus de nos pères. — Dans un vieux code espagnol du treizième siècle, sorte de compilation des lois des Goths, appelée Fuero juzgo, on trouve des peines contre ceux qui font tomber la grêle sur les vignes et les moissons. — Enfin, la magicienne dont parle Tibulle, dans les vers suivants, était certainement une meneuse de nuées :

Quum libet haec tristi depellit nubila cœlo
Quum libet sestivo convocat orbe nives[9]

C’est ainsi que les Gaulois étaient persuadés que les druidesses ou vierges de l’île de Sein pouvaient, par leurs chants, soulever ou apaiser les tempêtes.

Mais il existe de nos grêleux ou meneux de nuées des traces encore plus anciennes. Nos plus lointains ancêtres, les Aryas, les appelaient asouras. Tantôt les asouras passaient pour engendrer les mauvaises nuées et pour les habiter ; tantôt ces mauvaises nuées personnifiaient les asouras eux-mêmes : « L’Arya, dit M. Alfred Maury, se représentait les nuées épaisses, qui portent souvent dans leur flanc l’orage, comme des êtres méchants, des esprits malfaisants, s’efforçant d’éteindre la lumière du jour, comme des agents de destruction par lesquels la nature était mise en péril et qu’Indra (le soleil) avait incessamment à combattre[10]. »

On raconte, dans nos villages, à propos des meneux de nuées, des histoires bien extraordinaires ; nous nous contenterons de rapporter celle qui suit :

LES MENEUX DE NUÉES.

Au temps où le bourg de Thevet, près la Châtre, comptait deux paroisses, l’une sous l’invocation de saint Julien, l’autre sous celle de saint Martin[11], souvent il arriva que la première fut ravagée par la grêle et le feu du temps, tandis que sa voisine n’éprouvait aucun dommage.

Ce phénomène, croyaient les uns, tenait au pouvoir du desservant de Saint-Martin, qui, maintes fois, avait hautement annoncé que, pourvu qu’il eût un pied sur le territoire de sa paroisse, au moment de l’orage, il était certain de la préserver de tout désastre. D’autres pensaient que ce miracle devait tout simplement être attribué à la puissance de Martin ; c’est ainsi que l’on appelait la plus grosse des deux cloches de l’église de ce nom, parce que, lors de son baptême, on lui avait donné pour parrain le patron de l’endroit ; et les partisans de cette opinion rapportaient à l’appui de leur dire une foule de particularités dont voici la plus significative :

Par une chaude et étouffante journée de mois de juin, les habitants de Thevet virent s’élever dans la direction de la Châtre deux nuages énormes, aux flancs cuivrés, qui, lentement poussés par le vent d’ouest, se dirigeaient vers les hauteurs que couronne leur bourg.

À cet aspect, les sacristains des deux paroisses coururent à leur poste, et bientôt les cloches de Saint-Julien et de Saint-Martin, sonnant à toutes volées, donnèrent l’alarme au pays d’alentour et réveillèrent les voix argentines des clochers de Vic-sur-Aubois, de la Berthenoux, de Verneuil et de Lourouer.

Cependant les deux nuées, se suivant de près, s’avançaient de plus en plus menaçantes, et semblaient braver cet assourdissant carillon, lorsque, parvenues au-dessus des limites de la commune de Thevet, on les vit tout coup s’arrêter.

Alors, et pendant un de ces silences pleins de solennité, qui parfois précèdent les grandes crises de l’orage, une voix, sortie des profondeurs du dernier des nuages, fit entendre ces paroles :

— Nous arrivons !… Avance ! avance !…

— Pas possible, Martin parle ! répondit une autre voix qui partait du nuage le plus avancé.

— Eh bien, prends sur la gauche et écrase tout ! reprit la première voix, en accompagnant ces mots d’un blasphème effroyable.

Aussitôt, les deux météores, s’illuminant de tous les feux de l’enfer et retentissant de tout le fracas de la tempête, firent un brusque détour, cernèrent peu à peu la paroisse de Saint-Martin, et, planant, immobiles, sur la contrée environnante, l’assaillirent d’un torrent de feu et de grêle, et anéantirent en moins d’un quart d’heure toutes les récoltes de l’année.

Pas un épi ne resta debout sur le territoire de Saint-Julien ! — Pas un grain de grêle n’était tombé sur celui de Saint-Martin !

On avait parfaitement reconnu, du reste, les voix sorties du sein des nuages : c’étaient celles de deux grêleux ou meneux de nuées des environs, le père et le fils, qui moururent de male mort dans le cours de l’année.


On vous montrera, en Sologne et dans la Brenne, certains étangs sur les bords desquels ont l’habitude de se rendre les fabricateurs d’orages, pour battre la grêle et procéder à leurs infernales machinations. Souvent des familles entières se vouent à ce genre d’industrie, qui ne s’exerce guère qu’au sein des plus profondes ténèbres. — Armés de longues perches ou d’énormes pelles de bois, les grêleux, toujours au nombre de trois, battent vigoureusement et en cadence la surface du liquide. Bientôt, sous l’action frénétique de leurs bras, qu’accompagnent d’horribles imprécations entrecoupées de cris sauvages, l’eau du lac s’élance en sifflant dans les airs ; ses parties les plus ténues se volatilisent, gagnent les hautes régions de l’atmosphère, s’y rassemblent, s’y condensent, et, quand paraît le jour, l’ouragan, le fléau, est enfanté.

Ces étangs de la Brenne et particulièrement de la Sologne, que fréquentent les grêleux, rappellent la fontaine d’Armorique dont il est question dans les Romans de la Table Ronde[12], ainsi qu’un certain lac de Catalogne dont parle Gervasius Tilberiensis[13] ? Il suffisait, paraît-il, d’en troubler les eaux pour qu’à l’instant même il éclatât une effroyable tempête suscitée par la colère des génies aquatiques de l’endroit. Chez les Gallois, ce sont des fées qui, lorsque l’on trouble les eaux qui leur sont consacrées, font surgir de violents orages ; ce qui doit nous remettre en mémoire que près d’Henrichemont (Cher), se trouve le lac aux Fées et que l’un des nombreux étangs de la Brenne porte le nom d’Effe à la Dame, c’est-à-dire d’Eau à la Fée[14].

  1. Voy. la page 229.
  2. Les Etrusques inscrivaient sur les portes de leurs maisons, comme un préservatif infaillible contre le feu, en général ; ces deux mots : Arse verse. (Festus.)
  3. Les Eddas, traduction de Mlle du Puget, p. 180.
  4. Rabelais, Gargantuas liv. Ier, ch. xix
  5. Registres de l’hôtel de ville de la Châtre.
  6. Eugène d’Auriac.
  7. Paris, Michel Blageart, 1643 ; — Voy. aussi la Nova bibliotheca, {{t.|II, p. 435.
  8. Discours des sorciers.
  9. Elegiar. liv. I, eleg. II. v. 51.
  10. Croyances et Légendes de l’antiquité, p. 96, 97 et 100.
  11. Les églises de Saint-Martin et de Saint-Julien existent encore ; mais on ne célèbre plus le service divin que dans cette dernière. — Voici quelques petits faits d’histoire locale qui concernent l’église de Saint-Martin et qui, tombés depuis longtemps dans l’oubli, n’ont été relevés par aucun des historiens du Berry.
    En 1410, Marie de la Châtre, dame de Breuilbault, fit son testament devant l’autel de la Vierge de Saint-Martin de Thevet. — Son fils, Philippe de la Châtre, seigneur de Breuilbaut et de Fontancier, grand fauconnier de France (de 1429 à 1452), choisit sa sépulture (par testament du 14 juillet 1456) dans l’église de Saint-Martin, au tombeau de ses prédécesseurs, et ordonna à Georges, son fils et son successeur dans la charge de grand fauconnier, de faire mettre sur sa tombe cette épitaphe : — Cy gisent noble homme, messire Jean de la Chastre, chevalier, et dame Marie de la Chastre conjoints, et Philippe de la Chastre, écuyer, grand fauconnier de France. — Il ordonna de plus que l’on convertît en chasuble la robbe verte (insigne de son office de grand fauconnier) que le roi Charles VII lui avait donnée, et que l’on en fit présent au prieuré de Thevet. — (Voy. la Généalogie de la maison de France, par le père Anselme, t. VII, p. 364 et suivantes.)
    On voit encore dans le petit vallon de l’Igneraie, à l’ouest du bourg de Thevet, les ruines de la Tour et seigneurie de Breuilbault, dont le nom s’écrivit d’abord Breuil-Ebbo, puis Brueilbaut, Bruilbaud, et enfin Brillebaud. — Les seigneurs de Brillebaud formaient l’une des nombreuses branches de la célèbre maison de la Châtre. Plusieurs d’entre eux furent pourvus par les rois et les princes du temps d’éminentes dignités, ce qui ne paraît pas leur avoir jamais fait oublier le modeste berceau de leur famille.
  12. Publiés par M. de la Villemarqué.
  13. Apud Leibnitz, t. I, p. 782.
  14. Voy. plus haut, page 117 et 118.