Cours d’agriculture (Rozier)/POUMONS (supplément)

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 706-707).


POUMONS. Médecine Rurale. Ce que nous dirons sur les poumons sera presque une copie de ce que Winslou a écrit sur cette matière. Nous ne pouvons puiser dans une meilleure source.

Les poumons sont deux grosses masses spongieuses, rougeâtres dans l’enfance, grisâtres dans l’âge moyen, & bleuâtres dans la vieillesse ; répandues dans toute la poitrine, de manière que l’une en occupe la cavité du côté droit, & l’autre celle du côté gauche ; séparées l’une de l’autre par le médiastin & par le cœur, convexes du côté des côtes, concaves sur la voûte du diaphragme, & inégalement aplaties & enfoncées vers le médiastin & le cœur.

Quand on regarde les poumons hors de la poitrine, on voit qu’ils représentent en quelque manière l’extrémité d’un pied de bœuf, dont la face antérieure seroit tournée vers le dos, la postérieure vers le sternum & l’inférieure vers le diaphragme.

On les distingue en poumon droit, & en poumon gauche. Il sont encore divisés chacun en deux ou trois portions, qu’on appelle lobes. Le poumon droit en a souvent trois ou deux & demi, & le poumon gauche n’en a ordinairement que deux. Le poumon droit est pour l’ordinaire plus grand que le gauche, conformément à cette cavité de la poitrine & à l’obliquité du médiastin.

Le poumon gauche a cela de particulier, qu’au bas du bord antérieur il y a une grande échancrure dentelée vis-à-vis la pointe du cœur, de sorte qu’il ne couvre jamais cette pointe, même dans la plus forte inspiration : ainsi la pointe du cœur avec le péricarde peuvent toujours frapper immédiatement contre les côtes, & le poumon n’enveloppe pas le cœur comme on le dit vulgairement.

La substance du poumon est presque toute spongieuse, composée d’une infinité de différentes cellules membraneuses, & de plusieurs sortes de vaisseaux qui se répandent parmi les cellules par des ramifications sans nombre.

Tout cet amas est revêtu d’une membrane qui est la continuation de chaque plèvre particulière. On fait cette membrane du poumon double, mais ce qu’on prend pour membrane interne, n’est que l’expansion & la continuation d’un tissu cellulaire.

Les vaisseaux qui composent en partie la substance du poumon, sont de trois à quatre sortes ; savoir, les aériens, les sanguins, & les lymphatiques, auxquels on peut ajouter les nerfs. Les vaisseaux aériens en sont la principale partie, & sont nommés Bronches.

Les poumons sont les deux organes du corps les plus exposés aux maladies, tant à cause de leur structure, que des fonctions qui leur sont propres, & qu’ils doivent nécessairement exécuter pour entretenir le mouvement de respiration : ils se ressentent ordinairement beaucoup plus de l’impression d’un air vif & trop froid, que les autres viscères ; aussi s’enflamment-ils plus aisément, & les autres maux dont il sont quelquefois affectés, deviennent le plus souvent incurables. Voyez Catarrhe, Pthisie, Pulmonie, Suffocation M. AMI.