Cours d’agriculture (Rozier)/POULE D’EAU


POULE D’EAU, (Fulica chloropus Lin., et gallinula chloropus Lath) M. Latham, dont la méthode ornithologique n’est qu’une modification de celle de Linnæus, a fait des poules d’eau un genre particulier, sous le nom de gallicole, dans l’ordre des échassiers. (Grallæ.)

Caractères des échassiers : Le bec presque cylindrique, de grands pieds, et les jambes nues en partie ; le corps comprimé, à peau très-mince ; la queue courte.

Caractères génériques des gallinules : Le bec droit, épais à sa base, se terminant en pointe aiguë, et s’avançant sur le front à la base de sa pièce supérieure ; le front dénué de plumes et recouvert d’une membrane épaisse ; les ailes courtes, et concaves en dessous ; trois doigts devant et un en arrière, tous divisés à leur origine.

Caractères spécifiques : Le front de couleur fauve, avec une membrane rouge à la tête, le corps noirâtre et le croupion blanc ; les doigts allongés, et garnis, dans toute leur longueur, d’un rebord membraneux.

Cet oiseau n’a de commun avec la poule que son nom, et quelque légère conformité dans le bec. Du reste, c’est un habitant des eaux : on le trouve sur le bord des étangs et des rivières, quelquefois aussi dans les marais. Quoique ses pieds ne soient point munis de cette membrane que la nature a donnée comme une rame naturelle aux oiseaux aquatiques, la poule d’eau ne laisse pas de nager, lorsqu’elle veut traverser d’une rive à une autre ; mais ses mouvemens indiquent ses efforts ; elle frappe sans cesse l’eau avec sa queue, et elle se repose souvent sur les touffes de plantes qui croissent dans les eaux. Son vol n’a guères plus d’aisance ; ses ailes courtes et bombées ne lui permettent pas de s’élever beaucoup, ni de se soutenir longtemps en l’air : pendant la durée du vol, elle tient ses jambes pendantes.

Cachée durant la journée sous les plantes qui bordent les rivières et les étangs, ou qui s’élèvent au dessus des marécages, la poule d’eau ne quitte guères sa retraite qu’aux approches de la nuit. Elle cache son nid et ses petits avec le plus grand soin ; elle fait deux couvées par an, composées chacune de sept à huit œufs oblongs, et tachés de brun rougeâtre, sur un fond blanc teinté de jaune.

Quoique la poule d’eau ne soit pas un excellent gibier, sa chair n’est pas néanmoins sans qualité savoureuse ; d’ailleurs, elle présente l’avantage de fournir un mets de carême, sous les dehors et même un peu de la réalité du gras.

Chasse de la poule d’eau. On peut surprendre cet oiseau vers le soir, lorsqu’il quitte son asile pour se promener sur les eaux et leurs bords. On parvient aussi quelquefois à le faire lever pendant le jour, et à le tirer avec le fusil.

La pince d’Elvaski est employée avec succès pour prendre les poules d’eau. (Voyez la description de ce piège à l’article Canard.) Mais une chasse plus considérable qu’on leur fait avec plus de fruit, est celle où l’on se sert du tramail ou hallier, de même que pour les Râles. Voyez ce mot, aussi bien que ceux de Tramail et de Hallier. (S.)