Cours d’agriculture (Rozier)/OREILLES

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 317-318).


OREILLES, Médecine rurale. Tout le monde sait qu’elles sont au nombre de deux, qu’elles sont situées sur les parties latérales de la tête, & qu’elles sont l’organe de l’ouie. On distingue ordinairement l’oreille en externe & interne. Par oreille externe, on entend tout ce qui se trouve hors du conduit auditif de l’os des tempes. Par oreille interne, on comprend tout ce qui est renfermé dans la cavité de cet os & ce qui y a quelque rapport. Comme leur description anatomique ne peut être d’aucune utilité aux personnes qui cultivent les champs & vivent à la campagne, on fera seulement observer que les oreilles sont sujettes à une infinité de maladies. On renvoie le lecteur au mot otalgie ; on y traitera de celles qui attaquent le plus ordinairement cet organe. M. AMI.


Oreilles. Médecine vétérinaire. Entrons dans le détail de ces parties, & considérons-en 1°. la situation qui est assez connue. Mais elle doit être telle, que leur origine, ni trop en avant ni trop en arrière, soit près du sommet de la tête, dont elles font partie. Sont-elles sur le même sommet ? elles sont trop élevées ; cette difformité rend le cheval oreillard, comme lorsqu’elles sont trop basses. On le regarde aussi comme tel, quand elles sont trop larges, trop épaisses, trop longues & pendantes.

1°. La distance. Placées près du sommet de la tête, leur distance n’a rien qui blesse les yeux : placées trop haut, elles sont trop rapprochées ; placées trop bas, elles sont incontestablement trop éloignées & visiblement difformes.

3°. L’épaisseur. Elles doivent être minces & déliées.

4°. La largeur. Elle doit être proportionnée à la longueur.

5°. La hardiesse & les mouvemens. Nous appelons oreilles hardies celles dont les pointes se présentant fermes & en avant, lorsque l’animal est en action, semblent s’unir l’une & l’autre, & se rapprochent beaucoup plus toutes les deux à cette extrémité qu’à leur naissance & à leur origine. Ces parties battent-elles, pour ainsi dire, sans cesse, & ont-elles un mouvement continuel de haut en bas & de bas en haut, dans le cheval qui marche, elles sont appelées oreilles de cochon. Le cheval accompagne-t-il chaque pas qu’il fait d’une action par laquelle il baisse & retire sa tête continuellement ? on dit très-improprement que l’animal boite de l’oreille, puisque cette même action n’a aucune sorte de rapport avec ces parties. Couche-t-il les oreilles en avant ? ce mouvement annonce la volonté dans laquelle il seroit de mordre ou de frapper avec le pied. Porte-t-il en cheminant, tantôt une oreille & tantôt l’autre, en avant ? l’animal projette quelque défense. Il arrive très-souvent aussi que cette action est un indice de la foiblesse & de l’incertitude de sa vue.

Le cheval est appelle moineau, quand on lui a coupé les deux oreilles ; courteau, quand, outre les deux oreilles, la queue a été coupée aussi.

Quelquefois on rapproche les oreilles, & quelquefois on les diminue, soit de longueur, soit de largeur.

Cette opération imaginée par les maquignons, est aisément décelée & reconnue par les points de suture que l’on remarque entre la nuque, & par le défaut de poil à l’endroit où le cartilage a été coupé, ainsi que par le cartilage qui demeure souvent à découvert lorsque cette section a été mal faite.

Maladies des oreilles.

On observe quelquefois au dedans de la conque de l’oreille des grosseurs qui en remplissent toute la cavité. Ces tumeurs sont la suite d’un coup ou d’une morsure ; elles sont ordinairement remplies d’une eau rousse, jaunâtre.

Ce mal n’a pas de suite ; dès qu’on s’aperçoit de la tumeur, on l’ouvre, afin de donner issue à l’eau, & on panse la plaie avec des étoupes sèches.

Les oreilles du cheval ne sont pas sujettes au chancre, comme celles du chien. Comme nous avons traité au long cette maladie au mot chancre, nous croyons devoir dispenser le lecteur d’une répétition qui seroit tout à fait inutile. (Voyez Chancre) M. T.