Cours d’agriculture (Rozier)/LIERRE

Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 261).


LIERRE. Tournefort le place dans la seconde section de la vingt-unième classe destinée aux arbres à fleurs en rose, dont le double pistil devient une baie, & il l’appèle hedera arboreta Von Linné le nomme hedera hélix ; il le classe dans la pentandrie monogynie.

Fleurs. Rassemblées en manière d’ombelle, dont l’enveloppe est dentelée ; les fleurs composées de cinq pétales disposés en rose, oblongs, ouverts, courbés à leur sommet ; renfermés dans un calice très-petit, à cinq dentelures posées sur le germe.

Fruit. Baie noire dans sa maturité, ronde, à une seule loge renfermant cinq grosses semences arrondies d’un côté, anguleuses de l’autre.

Feuilles. Portées sur de longs pétioles, fermes, luisantes, ovales ; celles de l’extrémité des branches quelquefois absolument ovales, les inférieures presque triangulaires : toutes varient beaucoup dans leur forme.

Racine. Ligneuse, fibreuse, & presque traçante.

Port. Grand abrisseau qui s’élève à des hauteurs considérables, dont le bois est tendre & poreux ; ses tiges sont sarmenteuses & grimpantes ; elles s’attachent aux arbres, aux vielles murailles, par des vrilles rameuses qui s’y implantent comme des racines, & absorbent la substance des arbres ; les fleurs vertes, rassemblées à l’extrémité des tiges, & disposées en espèces de grappes rondes ; les feuilles alternativement placées sur les tiges, quelquefois panachées ; ce qui constitue des variétés.

Lieu. Toute l’Europe ; fleurit en juin, juillet, août, suivant les climats.

Propriétés. Les feuilles ont une saveur un peu âcre ; les baies un goût acidule. Il découle du bois un suc qui s’épaissit, qu’on nomme gomme de lierre, dont la saveur est âpre & âcre. Les feuilles sont astringentes & détersives ; les baies purgatives par le haut & par le bas ; la racine très-détersive & résolutive.

Usages. Avec les feuilles, on fait des décoctions & des cataplasmes ; avec les baies, des infusions dans du vin. L’usage intérieur de cette plante est dangereux.

Culture. Les lierres panachés en jaune ou en blanc, ne sont que des variétés. Les amateurs peuvent les greffer sur le lierre ordinaire. On multiplie celui ci par semences, & encore mieux par drageons enracinés. Il suffit de coucher une branche en terre, elle y prend aussitôt racine. Le lierre épuise les arbres qui lui servent d’appui ; cependant dans les bosquets toujours verds, on peut en sacrifier quelques uns, afin d’avoir des effets pittoresques. Les lierres tapissent très-bien les vieux murs, & figurent agréablement sur ces prétendues vieilles masures, faites depuis peu, dont on décore ce qu’on appelle les jardins anglois.