Cours d’agriculture (Rozier)/ŒILLET D’INDE

Hôtel Serpente (Tome septièmep. 159-160).


ŒILLET D’INDE. Tournefort le place dans la seconde section de la quatorzième classe destinée aux herbes à fleurs radiées, dont les semences sont ornées d’un chapiteau de feuilles, & il l’appelle tagetes. Von-Linné lui conserve la même dénomination, & le classe dans la singénésie polygamie superflue.

Œillet d’inde, Passe-Velours, tagetes patula. Lin. Tagetes indicus minor, multiplicato flore. Tourn.

Fleur ; calice très-simple, d’une seule pièce, droit, oblong, à cinq côtés, à cinq dentelures & contourné, fleur radiée ; plusieurs fleurs hermaphrodites, & en forme de tube dans le disque ; les fleurs femelles, au nombre de cinq dans le rayon. Les vraies hermaphrodites plus longues que le calice, à découpures linéaires & velues ; les femelles, plus courtes que les autres.

Fruit ; les semences linéaires, aplaties, un peu plus courtes que le calice, couronnées de cinq écailles droites, aiguës & inégales.

Feuilles ; épaisses, ailées, terminées par une impaire, & cette impaire terminée par un petit prolongement semblable à un fil ; leur couleur d’un vert noir.

Racine, très-rameuse.

Port ; tige herbacée, cylindriques chargée de rameaux depuis sa base, pour peu que la plante soit bien cultivée. Ces rameaux sont chargés de feuilles alternativement placées. Les fleurs naissent au sommet, seule à seule sur chaque pédoncule épais & fistuleux au sommet. Cette plante est nommée passe-velours, à cause de la richesse & du beau velouté de sa couleur jaune foncé & doré.

Telle est l’espèce à fleur simple, dont la richesse de la fleur ne peut être comparée à celle de la fleur double que la bonne culture a produite.

Le Grand Œillet d’Inde. Tagetes erecta. Lin. Tagetes maximus rectus, flore maximo. Tourn. Sa différence spécifique est dans sa tige droite, simple, & du double plus élevée que celle du passe-velours. Ses feuilles sont semblables pour la forme, mais d’un vert plus clair & plus gai. Ses fleurs sont aussi plus grandes, d’un jaune clair & non pas velouté ; la culture a rendu la fleur double ; alors elle forme une belle pomme de couleur jaune très-agréable ; je n’en ai vu qu’une seule fois à fleur blanche.

Ces deux plantes figurent très-bien dans les plates-bandes d’un jardin pendant l’été & pendant l’automne ; la seconde est plus saillante. Il faut être très-près de la première pour bien juger de la beauté du velours de la fleur ; La première a une variété qu’on peut appeler naine, parce qu’elle reste constamment plus basse, & ses fleurs sont toujours très-petites ; comme elles sont nuancées dans leurs couleurs, ces fleurs sont mignones ; c’est bien dommage que leur odeur & celle de la plante soit insupportable.

La plus légère gelée blanche arrête la fleuraison, & une gelée d’un degré tue la plante. Sa beauté, sa prospérité dépend du sol, & sur-tout des fréquens arrosemens, attendu que sa racine est très-chevelue, très-fibreuse, & sa végétation forte & rapide.

On sème la graine dans un terrain bien préparé & contre un bon abri, dès qu’on ne craint plus les effets des gelées tardives. L’époque du semis dépend du climat : sarcler & arroser au besoin, après que la plante est sortie de terre, sont les seules attentions qu’elle demande au cultivateur : on doit semer très-clair & très-clair, afin d’enlever le pied lorsqu’il a gagné quelques pouces de hauteur, avec toute la terre adhérente aux racines. Quoique cet œillet soit peu délicat, il soufre plus ou moins, d’une transplantation mal faite ; aussitôt qu’il est mis en place, on arrose, & la plante est recouverte pendant le gros du jour, avec un pot renversé, ou avec des feuilles de choux, &c., qu’on lève chaque soir après le soleil couché, pour les replacer le lendemain, & jusqu’à ce que la plante soit parfaitement reprise.