Correspondance inédite de Hector Berlioz/116

Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 291).
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CXVI.

AU MÊME.


Bade, dimanche 10 août [1862].

Cher Louis,

Grand succès ! Béatrice a été applaudie d’un bout à l’autre, on m’a rappelé je ne sais combien de fois. Tous mes amis sont dans la joie. Moi, j’ai assisté à cela dans une insensibilité complète ; c’était un de mes jours de souffrance et tout m’était indifférent.

Aujourd’hui, je suis mieux, et les amis qui viennent me féliciter me font grand plaisir. Madame Charton-Demeur a été admirablement charmante, et Montaubry nous a présenté un Bénédict élégant et distingué. Le duo, que tu connais, chanté par mademoiselle Montrose et madame Geoffroy dans une jolie décoration et sous un clair de lune très habilement fait par le machiniste, a produit un effet monstre, on ne finissait pas d’applaudir. Allons, je t’embrasse, tu dois être content. Mais tu es demeuré bien longtemps sans m’écrire. Pourquoi donc te fait-on ainsi courir de navire en navire ? Je tâcherai de retourner à Paris ces jours-ci ; alors ne m’écris plus à Bade.

Je n’ai que le temps de t’embrasser ; on me tiraille de tous côtés. Il faut que j’aille remercier mes acteurs qui sont, eux aussi, tout joyeux.