Correspondance inédite de Hector Berlioz/115

Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 290).
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CXV.

AU MÊME.


Paris, 12 juillet [1862].

Je t’écris aussi dans un moment de fatigue ; j’éprouve un soulagement si grand à causer un peu avec toi. Oui, j’étais heureux, la nuit, de te savoir là près de moi… Mais je ne veux pas t’attrister, j’aime mieux envisager la nouvelle position où tu te trouves et l’amélioration prochaine de ton sort.

Tu ne feras pas de ces interminables voyages qui t’eussent éloigné de moi si longtemps. Dans quelques années, tu auras de beaux appointements et des bénéfices dans les entreprises navales. Et nous nous verrons plus souvent. Je ne veux voir que cela. J’ai reçu ce matin une lettre du régisseur de Bade, qui m’annonce que mes chœurs sont sus et qu’ils produisent beaucoup d’effet. Il compte sur un grand succès (comme s’il connaissait le reste de la partition !). Tout n’est que prévention dans ce monde-là. Hier, nous avons répété à l’Opéra-Comique ; tout le monde y était par extraordinaire, et nous avons commencé à régler la mise en scène.

Je vais à l’Institut aujourd’hui pour la première fois depuis un mois.

J’ai rendu à Alexis le linge qu’il t’avait prêté. J’espère que ton genou est guéri, tu ne m’en parles pas.

Adieu, cher ami ; je t’embrasse de tout mon cœur. Ma belle-mère te remercie de ton souvenir.