Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8909

Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 439-440).
8909. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU[1].
À Ferney, 13 auguste.

Je vous supplie instamment, monseigneur, de lire et de faire lire cet écrit sur une affaire[2] qui me paraît intéresser la plus saine partie de l’État. Je m’en rapporte à votre jugement. J’ose même ajouter que voilà une des occasions où les pairs du royaume devraient rendre la justice.

Souffrez que je vous représente encore qu’un des comptoirs de ma colonie a bientôt achevé la montre que vous avez permis qu’on vous envoyât pour les noces de Mme la comtesse d’Artois. Ayez la bonté de me dire si vous voulez qu’on vous l’envoie. Je la ferai partir sous le couvert de M. le duc d’Aiguillon. Il est important pour ces pauvres artistes d’être sûrs de vos ordres, pour ne se pas consumer en frais inutiles.

Je vous réitère que vous pourriez faire l’acquisition de trois acteurs que sûrement l’envie de vous plaire rendrait excellents, et peut-être un jour supérieurs à Lekain. Je suis consolé dans mes souffrances continuelles par l’espérance que vous avez bien voulu me donner de prendre sous votre protection Sophonisbe et les Lois de Minos. Je me console surtout par l’idée d’aller vous faire ma cour à Bordeaux, si vous y faites un voyage, et si je ne fais pas celui de l’autre monde.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’affaire Lally.