Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8851

Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 384).
8831. — À M. CHRISTIN.
20 mai.

Vous êtes, mon cher ami, meilleur citoyen que les anciens Romains ; ils étaient dispensés d’aller à la guerre pour le service de la république, et vous, à peine êtes-vous marié que vous faites la campagne la plus vive en faveur du genre humain contre les bêtes puantes appelées moines. Tout ce que je peux faire à présent est de lever les mains au ciel pendant que vous vous battez.

Il y a des choses qui m’ont paru fort équivoques dans le mémoire de l’avocat de Besançon. Je tremblerai toujours jusqu’au jour de la décision. Ce serait au roi à terminer ce grand procès dans toute la France. L’abolissement du droit barbare de mainmorte serait encore plus nécessaire que l’abolissement des jésuites. Puisse le roi jouir de la gloire de nous avoir délivrés de ces deux pestes ! Bonsoir, mon cher philosophe ; soyez le plus heureux des maris et des avocats.