Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8748
À moi les philosophes ! c’est-à-dire les sages et les honnêtes gens. Vous savez quelle peine j’avais prise pour ces Lois de Minos. J’avais vraiment employé près de huit jours pour les faire, et j’en mettais presque autant pour les corriger. Un nommé Valade, libraire de Paris, vient d’imprimer la pièce toute défigurée, toute remplie de mauvais vers que je n’ai pourtant pas faits ; en un mot, toute différente de mon dernier manuscrit, qui était encore tout différent des feuilles imprimées que vous avez entre les mains. C’est quelque bel esprit de comédien[1] qui m’a joué ce tour. Je vous prie d’en parler à M. le maréchal duc de Richelieu, qui a la surintendance du tripot, et qui ne laissera pas un tel brigandage impuni. J’ai d’ailleurs l’honneur de lui en écrire ; tout cela est un fort petit malheur, mais il faut de l’ordre en toutes choses.
Mes respects à Mme Dixneufans et à son digne mari. Je leur serai attaché jusqu’au dernier moment de ma ridicule vie.
- ↑ C’était Marin ; voyez la lettre à d’Argental, du 25 février 1774.